Risques Hydroclimatiques Et Géomorphologiques Au NE Marocain: Aléas, Vulnérabilités Et Aménagements
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Colloque national sur les risques hydroclimatiques et géomorphologiques au NE Marocain: aléas, vulnérabilités et aménagements. Oujda le 26 décembre 2017. Axe 1: Risques hydroclimatiques et géomorphologiques au NE marocain 1 Colloque national sur les risques hydroclimatiques et géomorphologiques au NE Marocain: aléas, vulnérabilités et aménagements. Oujda le 26 décembre 2017. Réflexions préliminaires sur les risques hydroclimatiques et géomorphologiques au Nord-Est Marocain Abderrahmane EL HARRADJI FLSH, Université Mohammed Premier, Oujda, Maroc [email protected] ; [email protected] La géomorphologie est souvent confondue avec la géologie, d’où une ambigüité de la perception des risques géomorphologiques : un géologue n’est pas forcément un géomorphologue pour se substituer à celui-ci dans l’étude des phénomènes en question. Perçue sur une échelle temporelle géologique, la géodynamique externe est souvent située tout simplement en amont de la production des matériaux qui alimentent les bassins sédimentaires, la géotechnique se limite souvent à la nature et à l’état des matériaux rocheux et à leur capacité à supporter tel ou tel ouvrage, alors que les menaces de la morphodynamique sont toutes autres. Les phénomènes hydroclimatiques à risque ne sont ni nouveaux ni réellement amplifiés, alors qu’implicitement, on laisse souvent entendre qu’ils le sont par le biais du « changement climatique » en cours depuis l’avènement de la révolution industrielle, voire depuis seulement quelques décennies. Les occurrences des catastrophes qui y sont liées ne seraient en fait que des récurrences d’évènements similaires connus durant la période historique et n’ont donc rien de nouveau. La mémoire des gens et de la nature en enregistre des cas représentatifs et expressifs, avec une répétitivité aléatoire et irrégulière. Les aléas hydroclimatiques sont donc structurels, faisant partie de la variabilité naturelle du climat qui se traduit par des sécheresses et par des crues comme phénomènes extrêmes, qu’ils soient habituels ou inhabituels. La « lutte contre le changement climatique » doit donc se calquer sur la lutte contre les effets de la sécheresse, au lieu de lutter contre celle-ci. Ainsi, il faut donc se focaliser sur l’adaptation, non pas aux changements climatiques, mais au climat lui-même que peu de ceux qui en parlent connaissent suffisamment la réalité des fluctuations. Les aléas hydroclimatiques ne sont pas réellement climatiques, mais d’ordre météorologique, en tant qu’évènements isolés dans le temps et dans l’espace. Leur dimension climatique ne s’exprime pas par leur occurrence en elle-même, mais par une fréquence significative qui en détermine un « état moyen » à travers lequel les types de climats sont caractérisés. Au niveau du risque, c’est l’occurrence et l’ampleur des phénomènes, surtout extrêmes, qui comptent beaucoup plus que la fréquence. Ainsi, ce sont les évènements isolés dans le temps qui causent les problèmes, et non pas les situations courantes. Les différentes dimensions potentielles des risques hydroclimatiques doivent être perçues à travers leurs systèmes complexes qui produisent des évènements aléatoires difficilement prédictibles avec fiabilité. La multiplicité des scénarios en est une démonstration très expressive. Dans l’état actuel des connaissances, le Nord-Est Marocain n’affiche pas une tendance nette et homogène en ce qui concerne le climat, même si on note une légère hausse des températures et une tendance générale à une baisse sensible des précipitations. Il s’agit là, d’une résultante de tendances fluctuantes, générées par une évolution non linéaire. Effectivement, des tendances opposées se succèdent dans des cycles de quelques décennies, et 2 Colloque national sur les risques hydroclimatiques et géomorphologiques au NE Marocain: aléas, vulnérabilités et aménagements. Oujda le 26 décembre 2017. nul ne sait quand une tendance peut s’inverser. La cyclicité des tendances opposées est une composante de la variabilité naturelle, toutefois sans aucune régularité ou homogénéité. Les risques géomorphologiques sont en grande partie encadrés par les facteurs climatiques et hydrologiques (l’érosion hydrique et éolienne, les mouvements de masse sur les versants, tels que les glissements et les éboulements, les coulées boueuses et les laves torrentielles) ; les aléas hydrologiques sont eux-mêmes partiellement générés par l’orographie (la torrentialité, les crues, les inondations). Les principaux sites urbains menacés par les inondations souffrent à cause de leur contexte orographique qui n’était pas consciemment pris en considération lors de la première implantation : Nador, Zaïo, Berkane, Oujda, Saïdia, voire Béni Drar Bouarfa, Aïn Béni Mathar et Figuig… Ces sites de piémont et/ou de plaine côtière déprimée, représentant le niveau de base constituent le réceptacle final des épandages ou de transit difficile des écoulements et de leur charge solide. Certains risques géomorphologiques sont principalement générés par la gravité, mais l’empreinte du climat n’y est pas totalement absente. Ainsi, les mouvements de masse sur les versants sont généralement occasionnés soit par les secousses telluriques, notamment dans le Rif oriental, soit par les pluies diluviennes déterminées par des situations météorologiques particulières et non pas par les caractéristiques climatiques définies par des moyennes du « temps ». Il va de soi qu’il faut entendre par risques climatiques, ceux liés aux aléas qui s’expriment par des évènements météorologiques extrêmes. De même, les sécheresses persistantes et fréquentes anéantissent la couverture végétale protectrice du sol pour favoriser l’érosion éolienne et hydrique. Au Nord-Est Marocain, la végétation est structurellement fragile par son appartenance surtout aux étages bioclimatiques arides. Au Nord-Est Marocain, l’eau et le vent sont les agents morphodynamiques majeurs, dont l’action peut avoir des conséquences graves : la dégradation des terres, la perte de terres productrices (de végétation naturelle et cultivée, de services), l’envasement des barrages et la réduction de leur capacité de stockage d’eau, la déstabilisation des côtes, l’ensablement. Il s’agit là de problèmes liés à la dynamique de l’environnement, mais la grande problématique réside dans le fait que les processus morphodynamiques sont souvent réactivés, déclenchés ou accélérés par les actions anthropogènes. Il est donc crucial d’identifier et de repérer, non seulement les processus d’érosion en eux-mêmes, mais d’évaluer leur ampleur et d’interpréter leurs causes. L’une des sources d’inefficacité de la protection contre les risques réside dans la prédominance des aspects techniques dans la gestion des territoires. L’absence de l’approche intégrée dans la gestion des risques entrave la réduction des conséquences dommageables sur la santé humaine, les biens, les équipements, les activités économiques et l’environnement. Nonobstant la multiplicité et la diversité des acteurs intervenants, plusieurs projets sont exempts d’audit pour en vérifier la pertinence et la faisabilité, avant leur réalisation. En outre, les traitements ponctuels des risques sont insuffisants, car il s’agit souvent de réparations plus ou moins urgentes, qui s’avèrent ensuite comme des fuites en avant. Beaucoup de réalisations souffrent de l’absence de l’interdisciplinarité et de la négligence ou la méconnaissance des 3 Colloque national sur les risques hydroclimatiques et géomorphologiques au NE Marocain: aléas, vulnérabilités et aménagements. Oujda le 26 décembre 2017. savoir-faire locaux, riches en expériences. Par ailleurs, les facteurs stationnels localisés sont souvent ignorés dans la prévention des risques et la correction des ouvrages Les géosciences ne sont pas les seules disciplines concernées par les risques hydroclimatiques et géomorphologiques Il faut promouvoir la place des sciences de la société (aménagement, urbanisme, gestion, législation…). Il est clair que l’étude de la vulnérabilité des sociétés humaines face aux risques ne relève pas des géosciences : il faut évaluer les différents comportements socio-économiques, voire culturels, dispenser une « éducation aux risques » aux sociétés humaines, aussi bien urbaines que rurales. L’augmentation du niveau de sécurité des ouvrages, des équipements, des biens et des personnes, passe d’abord les diagnostics pertinents et bien ciblés. Liste (non exhaustive) des risques hydroclimatiques et géomorphologiques, et leurs enjeux au Nord-Est marocain : Les risques : Les inondations, les débordements, les submersions… Les sécheresses et le stress hydrique (les incendies de forêt en sont exclus, car ils n’en sont pas la conséquence directe) ; Les vagues de froid, les canicules ; Les crues : menaces sur les équipements et coupure de voies de communication non équipées (radiers, passages de traversée entre deux rives), laves torrentielles, et coulées boueuses ; L’érosion des sols (décapage, déflation), sapement et éboulement des berges, des ouvrages d’art, des littoraux (instabilité naturelle et déstabilisation d’origine anthropique), ensablement… Les mouvements des versants (glissements, reptations, éboulements, éboulisation, solifluxions Les séismes (en rapport avec les systèmes hydrologiques et hydrogéologiques) Les enjeux : Les populations humaines (et animales) ; les biens privés et publics (habitat, immeubles, établissements, monuments…) ; les ressources en eau (pénurie, contaminations, difficultés de stockage et de gestion…) ; infrastructures (ponts, chaussées, buses, radiers,