Le Mot Du Directeur
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En ligne sur le site du Lames N°5 – décembre 2020 LE MOT DU DIRECTEUR 2020, une année singulière Les mouvements sociaux autour des retraites, le passage en force de la LPR, la crise sanitaire, le confinement, le déconfinement, le reconfinement, la question de la sécurité globale… Sont-ce là les maux qui ont tué le LAMES ? Peu de séminaires, pas de grands colloques rassemblant les chercheurs à la MMSH en cette année 2020, c’est vrai. L’année aura pourtant été intense à l’ombre des écrans : une année de séminaires en visio, de publications électroniques, de post de blog, de réalisation de web-documentaires et autres capsules comme on va le voir dans cette lettre. Et 2020 aura aussi été une année de réunions, d’AG délibératives, de groupes de travail, pour préparer… la suite. Si le LAMES disparaît en cette fin 2020 après un bon quart de siècle de loyaux services de recherche, ce n’est pas sous les coups du Covid ni par la vengeance de Gilead. C’est par la décision de ses membres ! Si le LAMES disparaît en cette fin 2020, c’est pour mieux renaître en 2021 sous la forme d’une nouvelle unité mixte de recherche, l’UMR 7064, le Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire, MESOPOLHIS. Une page qui se tourne, une lettre qui s’arrête, mais une « production » qui continue, comme on dit au cinéma. Des chercheurs du CHERPA, le laboratoire de sciences sociales de Sciences Po Aix, se joignent à nous pour former une unité plus grande avec des thématiques de recherche plus diversifiées, à découvrir dès janvier 2021. Bonnes fêtes de fin d’année en attendant VIE DU LABORATOIRE Hommage à Pierre Vergès, ancien directeur du LAMES Pierre Vergès, directeur de recherche au CNRS et directeur du LAMES de 1996 à 2003, nous a quittés le 22 octobre 2020. Le laboratoire rend hommage à sa carrière de chercheur et à son engagement institutionnel. Ingénieur des Arts et métiers et docteur en économie, Pierre Vergès est entré au CNRS à 29 ans en 1969, comme ingénieur d’études, rattaché au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail dans l’équipe des méthodologues autour d’Alain Degenne et en lien avec Claude Flament, psychologue social de l’université d’Aix-Marseille. Il était parallèlement rattaché au centre d’études d’Economie et humanisme à Lyon, où il participait au traitement d’enquêtes sur l’économie de pays en voie de développement. Des travaux menés au LEST, on retient qu’il fait partie des chercheurs qui ont promu dans les sciences sociales la recherche et l’usage d’outils mathématiques autour des notions d’indicateurs sociaux, poussés au gré des progrès de l’informatique qui en rendaient la manipulation plus facile. Recherches qui ont abouti à la formalisation de l’analyse de similitude. Un manuel et un article dans la Revue française de sociologie en attestent dès le début des années 1970. (L’analyse des données par les graphes de similitude ; "Introduction à l’analyse de similitude"). Les travaux qu’il a conduits dans un second domaine sont marqués par sa thèse d’Etat en économie, soutenue en 1976 à Lyon 2. Il y déploie une réflexion et une analyse sur les représentations sociales de l’économie, à partir d’une recherche menée au sein de l’Institut de recherche en pédagogie de l’économie et en audiovisuel pour la communication dans les sciences sociales (IRPEACS), dirigé par Jean-Marie Albertini. Il met ensuite à l’épreuve sa recherche sur les représentations sociales sur d’autres populations : - la réalisation avec l’INSEE d’une recherche sur les journalistes économiques, présentée aux journées d’Iéna du Conseil économique et social (1993), - une recherche coopérative financée par l’Union européenne dans le cadre du programme Copernicus de coopération entre l’UE et les pays d’Europe centrale et orientale. Cette recherche reposait sur l’acquisition d’une culture économique comme élément décisif du développement économique. Elle a notamment porté sur l’évolution des représentations d’une population de jeunes scolaires entre 11 ans et 14 ans par une étude comparative entre la Pologne, la république Tchèque, l’Angleterre et la France. Elle a fait l’objet d’un rapport : Vergès, P., Albertini, J.-M. and Ryba, R. (1995) Mental représentations of the economy : a Key Factor in Economic Progress, report for the European Union, Aix-en-Provence. Il a poursuivi et élargi ces coopérations internationales (Italie, Portugal, Tunisie) dans le cadre d’études sur les représentations sociales et de directions de thèses. On retient de ce mouvement de recherche sur les représentations sociales de l’économie, sa contribution à un ouvrage phare : Jean-Blaise Grize, Pierre Vergès, Ahmed Silem, Salariés face aux nouvelles technologies : vers une approche socio-logique des représentations sociales (Paris, Editions du Centre national de la recherche scientifique, 1987), et un nouvel article dans la Revue française de sociologie ("L’analyse des représentations sociales par questionnaires" 2001). À partir de 1974, le lancement du grand programme d’Observation continue du changement social et culturel (OCS), conduit par le CNRS, lui donne l’occasion de s’engager dans des analyses localisées. Cette Action Thématique Programmée l’a durablement mis en contact avec ses promoteurs Henri Mendras, Jacques Lautman, Odile Benoît-Guilbot, mais aussi avec Jean Saglio, Bernard Ganne et bien d’autres. Avec une interrogation sur les classes sociales : sur les effets à attendre d’une "moyennisation de la société française" comme on disait à l’époque, avec une montée des classes moyennes qui déréglait l’affrontement de classes entre bourgeoisie et prolétariat, notamment dans le gouvernement de l’espace local. L’équipe marseillaise se structure sous le nom de CACES (Centre d’analyse du changement économique et social) avec Alain Degenne à l’animation de cette antenne du Centre de mathématiques sociales (CMS) dirigé depuis Paris par Marc Barbut. Dans ce cadre, Pierre Vergès a travaillé sur Manosque avec Jean-Claude Garnier, sur Martigues et la zone de Berre avec Arlette Apkarian-Lacout et Pierrette Vergès. Il a, dans ces études, un apport méthodologique essentiel sur une formalisation des rapports sociaux localisés. On en trouve la marque dans Les Cahiers de l’OCS, dans l’ouvrage de synthèse de ce programme, L’Esprit des lieux, et dans un important article de Sociologie du travail sur les classes sociales localisées en 1983 ("Approche des classes sociales dans l’analyse localisée"). Cette contribution au développement de la sociologie d’enquête sur le site d’Aix-Marseille se double d’un investissement dans l’animation des structures de recherche dans lesquelles il a mené sa carrière : prenant le relais d’Alain Degenne à l’animation du CACES quand celui-ci quitte Marseille en 1985, puis comme directeur du CRES (Centre de recherche en écologie sociale) de 1987 à 1994, période pendant laquelle il devient directeur de recherche en 1989 ; comme directeur du LAMES enfin de 1996 à 2003. Et Pierre Vergès fait preuve d’un engagement déterminant dans des opérations à fort enjeu institutionnel : en soutien à l’opération d’implantation de l’EHESS à Marseille à partir de 1975 aux côtés de Marc Barbut puis de Jean-Claude Passeron, puis pour la construction de la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme à partir de 1996 aux côtés de Robert Ilbert, Gérard Chastagnaret, Christian Bromberger et Ahmed Mahiou. Il a largement contribué aussi à la conception et au lancement du réseau Ramsès, qui a rassemblé, dans l’espace euro-méditerranéen, trente institutions de recherche et laboratoires du CNRS en sciences humaines et sociales. Première grande étape dans l’aventure de coopération scientifique de la MMSH sur la zone euro-méditerranéenne, dont on retrouve la trace aujourd’hui dans le rayonnement des études méditerranéenne à partir du site d’Aix-Marseille. On peut retrouver l’image et la voix de Pierre Vergès dans deux productions audiovisuelles récentes qui ont engagé des chercheurs du laboratoire : Une séquence de 3’13 extraite du chapitre « un site nucléaire dans quel territoire ? » dans le documentaire interactif de Pascal Cesaro et Pierre Fournier, De la fiction faire science. Pierre Vergès a mené avec Jean-Claude Garnier une recherche sur Manosque au début des années 1980 dans le cadre du grand programme d’Observation du changement social qui était porté par le CNRS. Elle a été publiée sous le titre « Manosque au regard de l’histoire et de ses groupes sociaux », (Cahiers de l’observatoire du changement social, 1982, volume IX, p. 159-292). À l’été 2016, Pierre Vergès est retourné sur ce territoire en compagnie de Pierre Fournier pour l’aider à caractériser les transformations de la ville à l’arrivée de la main-d’œuvre du centre nucléaire de Cadarache. Un film de la table ronde consacrée aux 60 ans du Département de sociologie à l’université d’Aix- Marseille animée par Constance de Gourcy et Philippe Vitale à l’occasion du congrès de l’Association française de sociologie à Aix-en-Provence le 28 août 2019. Pierre Vergès y intervient sur l’histoire du laboratoire et de ses liens avec l’université (de 44’30 à 51’30). Arrivée de Stéphanie Meiranesio En remplacement de Brigitte Coche, puis de Kheira Dine, Stéphanie Meiranesio (auparavant en poste à la Délégation régionale du CNRS) rejoint le Lames pour assurer l’administration et la gestion du laboratoire. Elle occupe le bureau A153 et est joignable au 04 42 52 41 24 ou par mail : [email protected] ou [email protected]. PUBLICATIONS [Signalées sur HAL en 2020] L’application du droit à l’hébergement comme enjeu sanitaire et économique : étude sociologique de l’accès à l’hébergement à Marseille Camille Allaria Déviance et Société, 2020/3 Vol.