Épistres En Vers. Éd. Critique Avec Un Commentaire Tiré De Documents Pour Plupart Inédits
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v T 8 MP^ A '% M A {> ^, il /, BOIS-ROBERT. EPISTRES EN VERS SOCIÉTÉ DES TEXTES FRANÇAIS MODERNES. BOIS-ROBERT. EPISTRES EN VERS. EDITION CRITIQUE AVEC UN COMMENTAIRE TIRÉ DE DOCUMENTS POUR LA PLUPART INÉDITS MAURICE CAUCHIE. TOME I. PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79. I 92 I . Sa £s- A MA FEMME CHERIE ce travail est dédié. 21 décembre 1919. INTRODUCTION. i OPPORTUNITÉ DE CETTE ÉDITION. Les épîtres de François le Métel, seigneur de Bois- Robert (i 592-1662) n'ont jamais été rééditées depuis le xvn« siècle. Et cela n'est pas pour surprendre : à l'époque où elles parurent, il n'y avait guère place, en littérature, que pour les sentiments outrés : héroïsme invraisemblable, politesse dégénérée en préciosité, éloquence emphatique, burlesque grimaçant ; le style de Bois-Robert, simple et familier, ne pou- vait plaire. Au xvm e siècle, même aversion pour ce genre de poésie : il est convenu qu'on ne peut employer, dans les vers, que des expressions et des images dites nobles. Enfin, au xixe siècle, le romantisme réhabilita le vocabulaire naturel, mais il laissa dans les esprits une fâcheuse tendance à ne pas goûter les vers dont toute émotion est exclue ; après comme avant le romantisme, il y eut des genres dits « nobles » et des genres dits « inférieurs » : toute œuvre grave ou triste, toute pièce de vers dans laquelle un poète se lamente sur un amour malheu- reux, sont rangées parmi les œuvres nobles ; au contraire, sans IV INTRODUCTION. qu'on sache pourquoi, tout ce qui n'est fait que de récits plai- sants ou de jeux d'esprit dont la belle gaieté n'est souillée par aucune arrière-pensée philosophique, tout cela est dédaigneu- sement rejeté par les critiques parmi les productions inférieures. ]1 n'est donc pas étonnant que, depuis le milieu du xvn e siècle, personne n'ait jugé intéressant de réimprimer les épîtres de Bois- Robert. Cette réédition est pourtant devenue tout à fait désirable aujourd'hui. Les épîtres de Bois-Robert, versifiées avec aisance, constituent, dans la littérature française, un ensemble unique d'épîtres familières et enjouées, qui, mieux qu'aucune œuvre de la même époque, représentent l'esprit français. Outre cela, elles sont une précieuse source de documentation : favori de Riche- lieu, Bois-Robert a connu tout ce que la cour comptait de grands seigneurs, il a vu (comme il dit) des grands à son lever ; d'autre part, le rôle de mécène qu'il joua pendant cette période de sa vie le mit en rapport avec le monde des lettres ; aussi ses épîtres sont-elles comme « une comédie aux cent actes divers » où viennent évoluer tous les personnages qui ont quelque renom soit à la cour soit à la ville. Mais pour faire revivre cette comédie pétillante d'esprit, pour la mettre en scène, il était indispensable d'en présenter avec soin les acteurs et d'expliquer leurs allusions. Alors qu'une poésie lyrique toute personnelle, comme celle de Tristan par exemple, peut être donnée sans commentaires, les épîtres de Bois-Robert ne peuvent se passer de notes assez nombreuses qui viennent à chaque instant préciser l'ambiance, éclairer un sous-entendu, ou présenter un personnage que notre siècle a perdu de vue. C'est seulement par une édition accompagnée d'une documentation serrée, que les épîtres de Bois-Robert pour- ront contribuer utilement à l'étude de cette période encore bien obscure de notre histoire. C'est seulement aussi dans une telle édition qu'il sera possible de goûter tout le charme de la conver- sation familière et enjouée de Bois-Robert et de suivre l'enchaî- nement des événements mondains ou littéraires qu'il note avec une vie si intense. INTRODUCTION. LES EDITIONS ET LES MANUSCRITS. Les épîtres de Bois-Robert ne sont pas de fausses épîtres. Toutes ces lettres rimées furent réellement envoyées à leurs destinataires, comme l'auraient été des lettres en prose : leur simple lecture le prouve. Leurs dates de composition sont donc très diverses ; comme on le verra dans mes notes, elles s'éche- lonnent, sans discontinuité, sur une période de dix- sept ans (i 644-1661), si l'on met à part la première, qui est antérieure à 1620. A l'exception de trois, toutes celles qui nous sont parvenues furent réunies par leur auteur en deux volumes, qui parurent l'un en 1646 et l'autre en 1659 *• ^ ne s'agit pas là de deux éditions d'un même ouvrage : le second recueil ne contient 2 aucune des épîtres qui se trouvent dans le premier . Les recueils collectifs de poésie ne m'ont fourni qu'une seule épître ne se trouvant pas dans les deux volumes dont je viens de parler : c'est l'épître à Delgado, qu'on trouvera ici réimprimée la première de toutes. Néanmoins, en ce qui con- cerne le Recueil des plus beaux vers... de 1627, une remarque s'impose. Ce recueil contient une dizaine de pièces de Bois- 1. Les Epistres du sieur de Bois-Robert-Mctel, Abbé de Chaslilîon. Dédiées à Monseigneur VEminentissime Cardinal Maifirin. Paris, Cardin Besongne, 1647 (fausse date), in-4 . Les Epistres en vers et autres œuvres poétiques de Mf de Bois-Robert' Metel, Conseiller d'Estat ordinaire, Abbé de Chastillou sur Seine. Paris, Augustin Courbé, 1659, i"-8°. Pour la discussion de la date du premier de ces volumes, voy. p. 11. 2. Dans chacun de ces deux volumes, se trouvent, à la suite des Epistres, un certain nombre d'Autres Œuvres que, naturellement, je ne réédite pas ici; d'ailleurs elles ne constituent qu'une faible partie des rocsies diverses de Bois-Robert. VI INTRODUCTION. Robert intitulées chacune « Elégie ». Or, dans L'Art poétique français de Pierre de Laudun, je lis ceci (p. 66) : « Il y en a qui font différence entre Epistres & Elégies ; ci la vérité, si il différence l'Epistre est en Prose & l'Elégie en vers, y a ; mais si toutes deux sont en vers, il n'y en a point & ce ne sont que deux noms à une mesme chose. » En présence de cette décla- ration d'un contemporain de Bois-Robert, n'étais-je pas en droit de reproduire, dans mon édition des épîtres de cet auteur, ses « élégies » du Recueil de 1627 ? La lecture des deux premières d'entre elles m'y avait complètement décidé : ces deux pièces sont bien de véritables lettres rimées ; elles ne se distinguent en rien des « Epistres » de Bois-Robert. Mais, en continuant ma lecture, je m'aperçus que d'autres « élégies » de Bois-Robert n'étaient dédiées à personne, et que l'auteur n'y parlait à personne : je ne pouvais donc les admettre parmi les épîtres. Aussi, pour ne pas prendre sur moi de faire un choix parmi ces « élégies », les ai-je rejetées toutes, bien qu'elles soient en général très belles et que plusieurs d'entre elles soient réellement des épîtres '. Parmi les pièces liminaires écrites par Bois-Robert en tête de divers ouvrages de contemporains, je n'ai trouvé qu'une seule épître qui n'ait pas été recueillie par son auteur : c'est l'épître à Mascaron, qu'on trouvera réimprimée à la fin du tome premier. Enfin les manuscrits, qui m'ont fourni quelques variantes, 2 ne m'ont donné qu'une seule épître inédite : le Placet à Colbert la d'un anonyme. qui termine le tome second ; j'y joins réponse La présente édition contient ainsi 93 épîtres rimées, dont 89 de Bois-Robert 3. 1. Cette synonymie entre les deux mots épître et élégie existait qu'une encore quelques années plus tard : on verra au tome second copie manuscrite de Tune des Epistres de 1659 a Pour titre Elégie er (Livre I , Ep. m). 2. Inédite du vivant de Bois-Robert. ?. En outre, à la fin du premier volume, je donne en appendice L'Adieu de Forges de Jean Dupin. Cette plaquette extrêmement rare, réimprimée ici pour la première fois, offre un grand intérêt documen- taire. INTRODUCTION. VII III LE TEXTE DE LA PRÉSENTE ÉDITION. La presque totalité des épîtres de Bois-Robert n'existent que dans l'un ou l'autre des deux volumes de 1646 et 1659. Les variantes sont donc très peu nombreuses. Pour les deux épîtres qui ont eu d'autres éditions, j'adopte le texte le plus récent qui ait paru du vivant de l'auteur. Quant aux quatre épîtres dont il existe une ou deux copies manuscrites, je les donne dans la version imprimée. Pour ces six épîtres, j'indique d'ailleurs les variantes au bas des pages. D'une façon générale, je conserve scrupuleusement la graphie de l'édition ou du manuscrit que je reproduis. Toutefois je fais subir à cette règle les exceptions suivantes : 1° Je corrige 2° les fautes d'impression évidentes ; Je supprime les abrévia- tions 30 J'introduis la distinction entre 17 et le entre Vu et le ; j, et je par un s ordinaire 4" modifie la Vf remplace Vs long ; Je ponctuation partout où elle nuit à la compréhension immédiate du texte. IV LE COMMENTAIRE. La plus grande partie du commentaire est formée de notes biographiques et de notes linguistiques. Des notes linguistiques j'ai peu de choses à aire. Je me suis généralement abstenu de donner le sens des mots qui figurent dans un dictionnaire actuel, tel que celui de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, même s'il s'agit d'un mot ou d'une acception que ce dictionnaire donne comme inusités de nos jours. Pour les autres, j'ai cité textuellement la signification qu'en donne tel ou VIII INTRODUCTION. tel dictionnaire du xvne siècle : un bon nombre de ces mots sont déjà très archaïques au moment où Bois-Robert les emploie; quelques-uns appartiennent au dialecte normand.