Historique Et Aruheologique
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BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE ET ARUHEOLOGIQUE DU PÉRIGORD RECONNUE D UTILITÉ PUBLIQUE PARAISSANT TOUS LES TROIS MOIS TOME LXXXVII - Année 1960 3' LIVRAISON /M PERIGUEUX AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ IMPRIMERIE JOUCLA 18, rue du Plantler 19, rue Lafayette, 19 GMOD '1 CE VOLUME DE MELANGES EST OFFERT LA SOCIETE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PERIGORD A SON DÉVOUÉ SECRÉTAIRE GÉNÉRAL M. GÉRAUD LAVERGNE POUR LE REMERCIER DE SON ÉRUDITE ACTIVITÉ ET DES EFFORTS QU'IL A DÉPENSÉS A CONSERVER A CE BULLETIN SA QUALITE ET SA VALEUR PÉRICUEUX MCMLX JOSEPH MERILHQU ET LA NOUVELLE-NEUSTRIE J'ai eu la bonne fortune de faire entrer aux Archives de la Dor- dogne, en 1955, les j^apiers de l'avocat périgourdin Joseph Mérilhou (1788-1856). La carrière de ce personnage a été retracée en 1858 par mon lointain prédccesseiu*, Léon Dessalles Né à Montignac en 1788, Joseph Mérilhou se signala de bonne heure par son attachement aux idées libérales. Avocat à la Cour de Paris en 1810, il fut l'un des fondateurs de la Société des Amis de la liberté de la presse et s'affilia à la Charbonnerie. 11 participa par ses ardentes plaidoiries au mouvement réactionnaire dirigé contre la Restauration et fut l'un des instigateurs de la Révolution de 1830. Successivement ministre de l'Instruction publique et des cultes dans le cabinet Laffitte, garde des sceaux, député, conseiller à la Cour de Cassation, pair de France, il fut aussi membre puis président du Conseil général de la Dordogne pendant douze années consécutives. 11 avait publié en 1827 un remarquable Essai histori que sur la uie et les oiwragcs de Mirabeau. Dans la masse des papiers Mérilhou, j'ai noté, entre bien d'au tres, un curieux dossier 2 relatif à une tentative de colonisation peu connue, faite par des Français au Nicaragua dans la première moi tié du XIX® siècle, trente ans enviror- avant l'aventure d'Antoine de Tounens en Araiicanie. « Entre les soussignés. Son Altesse sérénissime Grégor Mac (irégor, cacique de Poyais dans l'Amérique centrale, résidant pré sentement à Paris, rue Saint-Honoré n" 258, d'une part, et M. Joseph Mérilhou, avocat à la Cour royale de Paris, demeurant rue des Mou lins n" 15, d'autre part, a été convenu ce qui suit: (Article premier). S.A.S. Grégor Mac Grégor, prenant en consi dération les offres qui lui ont été faites par M. Joseph Mérilhou de se concerter avec diverses personnes notables pour former dans le pays des Poyais des établissemens d'agriculture et autres, et vou lant favoriser l'accomplissement desdites offres, déclare les accep ter sous les closes et conditions ci-après: 1. Voir L'Echo de Vésone, 8-H juin 1858. 2. Arch. Dép., J 284. 102 (6) N. BECQUART (Article 20. S.A.S. le cacique a concédé et concède, a donné el donne à perpétuité à titre de propriété pure, siiMj)lo cl irrévocable à M, Joseph Mérilhou qui l'accepte pour lui, ses héritiers, ces- sionaires et ayant cause, savoir un territoire situé dans la province de Carthago (Etat de Poyais)... (Article 3°). S.A.S. le cacique concède également à M. Joseph Mérilhou un lerrein de huit mille acres anglais de superficie à prendre dans l'isle de Roatan... (Article 4'). Ee concessionaire ou les agens jiar lui délégués à cet effet se transporteront sur les lieux pour procéder, de concert avec les commissaii'es du cacique, à la prise de possession el à la plantation des limites... (Article 5'). M. Mérilhou, en sa qualité de concessionaire, fon dera une ville dans le territoire c-mcédé au lieu qu'il préférera, pour en faire la capitale du territoire concédé... (Article 6®). La langue française sera la langue légale des habi- tans dudit territoire; les lois françidses seront mises iininédiate- ment en vigueur... » Telles sont les principales clauses d'un contrat passé è Paris le 1®'' août 1826, au moment où, en France, le ministère Villèle mar que peu d'intérêt pour les questions coloniales, idors que l'Améri que latine, en pleine effervescence, se soulève contre l'Espagne. Nous connaissons déjà Joseph Mérilhou, l'un des deux signa taires du contrat. Le général Grégor Mac Grégor, partie concédante, était issu d'une famille catholique d'Ecosse. Capitaine à 18 ans, il servit dans l'armée anglaise au Portugal et commanda en second les forces vénézuéliennes. Il s'illustra en 1815 au siège de Carlha- gène el contribua à libérer la Nouvelle-Grenade du joug espagnol en 1819. Neveu de Simon Bolivar, il obtint concession en 1820 du territoire de Poyais ou Mosquitie, province de l'actuel Nicaragua baignée par la mer des Antilles. Ce territoire, occupé par des boucaniers au -xvii® siècle, avait échappé à la domination espagnole. Placé sous contrôle anglais de 1740 à 1783, il fut évacué en 1786 par les colons britanniques. Mac Grégor, élu cacique en 1821 ipar la population indigène, envoya l'année suivante en Mosquitie une expédition de 501) colons écossais qui échoua en raison de l'hostilité de certains négociants étaldis au Honduras. 3. Arch. Df-p., 2 E 1250. MELANGES G- LAVERGNE 103 (7) Mac Grcgor se tourna alors vers la France. Une « Compagnie coloniale du Colenlin ou de la Nouvelle-Neustrie >, constituée à la fois en nom colleclif, en commandite et en participation, se forma à Paris le 10 janvier 1823. Société en même temps agricole et commerciale, elle se proposait de fonder une ville sous le nom de Neustria. Jean-François Leliuby, négociant établi à Paris, était nommé chef de colonie, Mérilliou devenait président du Conseil de contentieu.v de la compagnie. On élabora même en 1825 une consti tution de la nation poyaisienne, fondée sur le principe d'égalité: l'Etat de Poyais était divisé en douze provinces administrées cha cune par un intendant; un Parlement était institué, composé d'un sénat et d'une chambre des représentants; la religion catholique était déclarée religion d'Etat. Le 4 juin 1825, Mac Grégor concéda à la compagnie un terrain de 25G lieues carrées. Une expédition de 50 hommes était prête à partir en août sous hi direction de Joseph Desnos lorsque la police française refusa brusquement de délivrer les passeiJorts. Lehubj* s'adressa vainement aux Pays-Bas pour tenter de redresser la situa- lion de la compagnie, en proie aux plus grandes difficultés politiques et financières. Le gouvernement français fit arrêter Mac Grégor, qui lança une proclamation le 10 janvier 182C aux délégués du Congrès de Panama pour protester contre sa détention et plaça la Mosquitie sous la protection de l'Union des provinces de l'Amérique centrale. Leliuby fut à son tour emprisonné, et Mérilliou dut se dépenser sans compter pour assurer sa défense. Libéré sur l'intervention de Mérilliou, Mac Grégor concéda à ce dernier le l""^ août 1826, ainsi d'ailleurs qu'à divers négociants fran çais séduits par ses projets, des terrains à défricher dans l'Etat de Poyais. Le persévérant Leliuby. toujours enthousiaste, reprit l'idée d'une expédition avec les frères Dehainel, cependant que Mac Gré gor, réfugié en Angleterre, cherchait des fonds pour financer son établissement en Mosquitie. Un « Bureau poyaisien > fonctionnait à Londres en juillet 1827 et tentait de former une « Compagnie poyaisienne du travail libre ». Lehubj' chantait en vers les louan ges de Mérilhou: « Célèbre Mérilhou, que la reconnaissance Annonce avec orgueil tes vertus à la France !» L'expédition Dehamel n'étant pas partie, on réorganisa en 1828 la compagnie, qui prit bientôt le nom de « Compagnie des proprié taires et fondateurs de la Neustrie ». Le capitaine Fleury s'embar qua en décembre 1829 sur le navire « la Glaneuse » et rapporta de Mos(|uitie un perro(iuet qui fut offert à Mérilhou de la paii du non- 104 (8) N. BECQUART veau cacique, Robert l". Le rapport de voyage de Fleury étant réso lument optimiste, Lehuby prit de nouveaux contacts en Suisse et en Allemagne. II préparait une expédition en Basse-Normandie lorsqu'on le mit une fois encore en état d'arrestation. « Faute d'un peu d'argent et d'appui, la voiture neustrienne est dans une petite ornière >, écrivait-il à Mérilhou le 14 mars 1831. Cet appui, Mérilhou ne pouvait plus le donner puisqu'il venait précisément de démissionner de son poste ministériel après quel ques mois seulement d'exercice. Qu'advint-il ensuite, et de Lehuby, et de Mac Grégor? Notre dossier ne le révèle pas. Les moyens d'in vestigation dont on dispose à Périgueux n'étant pas très étendus, je n'ai pu établir qu'une certitude sur îe sort de la Mos(iuitie: ce terri toire resta sous protectorat anglais jusqu'en 1904, date à laquelle le dictateur Zelaya le réunit définitivement au Nicaragua. Quant à Joseph Mérilhou, très absorbé après 1831 par la vie politique française, on peut penser qu'il finit par se désintéresser complètement de ce lointain Etat de Poyais dont il avait vainement tenté de favoriser l'établissement. N. BECQUART. ■ 'îin» ^ •'MV' i INTERPRETATION CEOLOCIQUE DE LA CROTTE DE BARA-BAHAU J.a grotte de Bara-Bahaii, située à 600 mètres du Bugue, sur la roule de Sainte-Alvère, doit sa notoriété aux gravures et aux dessins qui -ornent ses parois. D'une expression encore balbutiante, ils mani festent, par la maladresse mcjne de leur facture, une des périodes de début de la figuration artistique. Scientifiquement explorée pour la première fois par M, Mau- frangeas. Président du Syndical d'Initiative du Bugue, assisté par le célèbre spéléologue Norbert Casteret, (accompagné de sa fille Maud), en 1951, elle fut ensuite visitée par M. Séverin Blanc, alors Inspecteur des antiquités préhistoriques de la région; l'inventaire effectué par l'abbé H.