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LE PRIX DES VOYAGES EXTRAORDINAIRES DE LA FONDATION LOMBARD ODIER

Sur l’Océan, dans les pas de Jacques Brel - Des perles, des Marquises et des Hommes

1 Comme mon auteur préféré l’a souvent évoqué au point d’y vivre ses dernières années, j’aimerais à mon tour me rendre en Polynésie. Je comprendrai ainsi ce que Jacques Brel y a trouvé de si inspirant. Une fois sur place, mon seul moyen de transport sera le bateau. J’apprendrai à vivre au rythme de l’océan car c’est selon moi la façon la plus authentique de s’imprégner et de vivre la culture polynésienne. J’utiliserai la photo et l’écriture pour raconter mon voyage.

LA REVELATION

Dès qu’on m’a parlé du Prix des voyages extraordinaires, mon imagination s’est mise en route. Mon esprit bouillonnait d’idées de destinations, de possibilités de voyages. Petit à petit, un tri s’est opéré et deux grandes idées sont ressorties : l’Amérique du Sud « Sur la piste des Incas» et l’Asie du Sud-Est « Le Triangle d’Or ».

La Suisse Cependant, même si voir le Machu Picchu de mes yeux ou retourner

Coordonnées : sur les eaux du Lac Inle en Birmanie demeurent parmi mes plus 46° 57’ Nord, 7° 25’ Est grands rêves, je ressentais le besoin, alors inexpliqué, de découvrir Superficie : 41’285 km2 d’autres contrées. J’ai donc continué mes recherches. Population : 8’036'917 hab. Densité : 195 habitants/km2 Comme bien souvent… la révélation est survenue lorsque je m’y attendais le moins : un dimanche matin, en repassant.

Tout est parti d’un concours de circonstances. J’ai pour habitude de repasser en regardant la télévision, le son coupé, en écoutant de la musique. Le plus souvent devant Arte avec Camille Saint-Saëns. Mais ce matin là j’étais d’humeur à La Polynésie française chanter. C’est donc plutôt Brel, dont je connais la plupart des chansons par cœur, que j’ai choisi. Et sur Arte, au même Coordonnées : moment : 360° Géo-Reportage – Cargo pour . 17° 32’ Sud, 149° 34’ Ouest Superficie : 4’167 km2

Population : 268’270 habitants Et là ! Coïncidence claire et précise, l’idée surgit : j’irai jusqu’aux Densité : 64 habitants/km2 Iles Marquises rendre un dernier hommage à Jacques Brel sur sa tombe d’. Alors que je me creusais la tête depuis des semaines pour être sûr de choisir une destination extraordinaire, il suffit que la vie m’envoie un signe au matin d’un dimanche pluvieux pour que tout me paraisse clair. Sans le savoir, je venais de m’embarquer dans quelque chose de très grand. Pourtant… je râle souvent avant de repasser…

C’est après avoir lu Jules Verne que Jacques Brel a commencé à composer.

2 Tikis jumeaux polynésiens et l’Aranui3 POURQUOI EN BATEAU ?

Avant l’arrivée des avions et des hélicoptères, le bateau était le seul moyen de transport des polynésiens. Aujourd’hui encore, qu’il s’agisse de pirogues ou de cargos, il leur est indispensable. D’ailleurs, bien plus qu’un simple moyen de transport, le bateau constitue le principal lien entre les différentes iles et favorise les rencontres. Il « Je ne peux voir partir un est ainsi le symbole même du partage. vaisseau, navire de guerre ou simple bateau de pêche, Le bateau impose sa cadence. Il permet d’avancer à vitesse humaine sans que tout mon être et ainsi de renouer avec un rythme naturel, loin de l’agitation et du s'embarque à son bord… » stress des métropoles où le temps est chronométré. Dans cet esprit Jules Verne de gain de temps, partout dans le monde la navigation est de plus en plus délaissée au profit de l’aviation. On oublierait presque que c’est en bateau que les explorateurs ont découvert monts et merveilles. Jules Verne fit le tour de la méditerranée et explora les pays nordiques à bord de son Saint-Michel III. Je pense qu’il se serait senti proche de ce peuple.

Il faut compter sept jours de bateau contre seulement deux heures d’avion pour relier Papeete aux Marquises. L’Aranui3 quittant les Marquises Mais la lenteur de la traversée à bord du cargo mixte « Aranui3 » est vite oubliée… Considéré comme « la septième ile des Marquises », ce bateau en constitue presque un patrimoine « naturel ». Non pas pour son confort souvent spartiate, mais parce qu’il est le seul moyen d’atteindre certaines iles ou certaines vallées isolées des Marquises. Véritable cordon ombilical entre les iles, il ne relie que quinze fois par année la capitale tahitienne aux autres îles « environnantes » et joue donc un rôle vital dans la vie des Marquisiens.

Pour moi qui privilégie l’authenticité et les relations vraies, utiliser le même moyen de transport millénaire que les polynésiens est la clé pour aller à leur rencontre et accéder à leur quotidien. C’est pour cela que j’ai mis le bateau au centre de mon voyage.

Le Saint-Michel III n’est pas sans rappeler, dans de moindres mesures, l’Aranui3 . La carte des expéditions de Jules Verne sur le St-Michel III 3 SUR PLACE…

… Aux Marquises

Cet archipel, c’est le bout du monde. Il est inhospitalier et la modernité y est très peu présente. Mais alors pourquoi Jacques Brel a voulu y vivre ses derniers jours…? Que cherchait-il exactement ? Etait-il devenu plus heureux à 16’000km de Bruxelles, de la modernité ? C’est ce que j’aimerais comprendre en m’y Si les Marquises sont la rendant. clé de la recherche du bonheur… ne

constituent-elles pas Les Iles Marquises Par ailleurs, ma rencontre avec Odile et Alain, un alors un patrimoine couple installé aux Marquises depuis plus de 20 ans, caché, voire une perle Coordonnées : me permettra de voir de quelle manière les ′ de notre humanité ? 9° 30 Sud, problématiques environnementales actuelles y sont ′ 140° 00 Ouest appréhendées. Ils m’ont mis sur la piste de « Te Mana o te Moana », Superficie : 997 km2 une association locale qui œuvre pour la préservation du patrimoine Population : 9 264 habitants polynésien. Je les ai contactés pour savoir s’il m’était possible de les Densité : 9 habitants/km2 aider sur place dans leurs activités quotidiennes. Effectivement, ils prennent régulièrement des jeunes pour faire de la sensibilisation aux locaux et surtout aux touristes. Je les contacterai peu avant mon départ car une année en avance, ils ne peuvent pas me dire à quel moment ils auront besoin de moi.

… Aux Tuamotu

Après la découverte des Marquises, je terminerai mon voyage sur l’archipel des Tuamotu. Sa particularité est d’être composé Les Tuamotu

presque exclusivement d’atolls. Je me rendrai sur deux de ces Coordonnées : atolls : sur Apataki, j’effectuerai un stage d’un mois dans un 18° 02′ Sud, chantier naval où je vivrai avec l’habitant. Ceci me permettra de 141° 24′ Ouest mieux m’intégrer, d’apprendre à réparer des bateaux et à Superficie : 850km2 naviguer. Sur Rangiroa, je ferai un stage dans une ferme perlière. Population : 15'510 habitants J’y apprendrai l’art de la perliculture en passant à tour de rôle Densité : 18 habitants/km2 par tous les stades de maturité des huîtres.

Le yacht club du chantier naval d’Apataki

Un ouvrier incère un nucléon dans une huître pour qu’il devienne une perle noire de 4 OBJECTIFS ET ATTENTES

Cette expérience me permettra d’abord et surtout de renouer avec le Voyage. Je pourrai ainsi assouvir ma soif d’aventure, de découvertes et de rencontres. En 2013, je suis parti seul faire une partie du Chemin de Compostelle à pied. Quand j’étais plus jeune, j’ai visité quelques pays du Moyen-Orient et d’Asie. J’ai ainsi eu la chance « Les Marquises sont un miroir de découvrir de nombreuses cultures. Ceci m’a permis à deux faces : le premier miroir d’apprendre à m’ouvrir à autrui. Je dis bien « apprendre » car, c’est l’océan, le deuxième miroir pour moi, ce n’était pas inné. Avec le recul je réalise –encore c’est la solitude. On ne peut pas plus- la chance que j’ai eu de l’apprendre à cet âge-là. se mentir à soi-même aux Marquises ! » Lucien Kimitete, C’est aussi la possibilité de prendre un certain recul par Maire de Nuku Hiva rapport à mes années de collège. J’aimerais pouvoir m’isoler et avoir le temps de réfléchir posément à mon futur scolaire et professionnel. La Polynésie et plus précisément l’archipel des Marquises est l’endroit idéal : C’est également pour moi une sorte de rite initiatique, difficile d’aller plus loin, c’est le bout du monde. C’est donc le lieu le moyen de gagner en rêvé pour un étudiant qui n’a pas encore trouvé sa voie… maturité et de rentrer définitivement dans le Ensuite, j’aimerais apprendre la navigation. Depuis quelques temps monde des adultes. déjà, je côtoie des voiliers et ils me fascinent. Comment ces monstres de métal peuvent-ils glisser et même parfois voler sur l’eau ? Je pense trouver la réponse en effectuant ce stage au chantier naval d’Apataki. C’est certainement le meilleur cadre pour le faire.

Que ce soit numérique ou argentique, faire de la photo est ma passion. La simple pensée de tout ce que je pourrai immortaliser en Polynésie et surtout aux Marquises me donne des frissons. Les paysages y sont parmi les plus tourmentés qu’on connaisse et feraient un excellent sujet de reportage. J’aimerais photographier la Polynésie sous un angle nouveau et en même temps me perfectionner en photo. L’utilisation de ces photos restera à définir mais je pense les publier sur un blog comme une sorte de carnet de bord.

… Au début, je voyais cette opportunité de voyage comme « sympa » mais sans plus. Au fur et à mesure de mes recherches, je me suis rendu compte de tout ce que ce périple pouvait m’apporter. Maintenant que j’en suis conscient, que j’en ai réalisé l’importance, je n’attends plus qu’une chose : partir. Jules Verne vers 1856

Mon Pentax Spotmatic de 1964 5 DATES ET DUREE

Le voyage aura lieu après mon service militaire que j’ai décidé d’effectuer en une traite soit 300 jours ininterrompus dès que possible à la fin de l’année scolaire. Ce qui signifie un départ probable au printemps 2016. J’anticipe un voyage d’environ 2 à 3 mois, puis je recommencerai mes études.

ITINERAIRE

Direction Papeete depuis Genève. Une fois sur place, j’embarquerai pour deux semaines sur l’Aranui3 en direction de l’archipel des Marquises. Là-bas, au rythme des ravitaillements du bateau, je visiterai les six iles habitées dont, où est enterré Jacques Brel. Ensuite, je retournerai à Papeete pour monter à bord du Cobia III. Je me dirigerai vers l’atoll d’Apataki dans l’archipel des Tuamotu où je ferai un stage d’un mois au chantier naval. Puis je reprendrai le Cobia III en direction de l’atoll de Rangiroa pour effectuer un séjour à la ferme perlière « Gauguins’ Pearl ». J’y resterai autant de temps que possible selon les besoins des exploitants.

Cet itinéraire est indicatif car, voyageant en bateau, je serai tributaire de la météo. De plus, en voyage j’aime me laisser guider par les rencontres et autres imprévus qui mènent souvent aux plus belles expériences.

Le tour des 6 iles des Marquises

L’arrivée à Papeete en avion et le trajet Le trajet de Papeete jusqu'à de l’Aranui3 jusqu’aux Marquises Apataki sur le Cobia III

6 BUDGET

Le vol Genève-Papeete le moins cher coûte environ 1770 francs. Il compte deux escales dont une aux USA, heureusement sans besoin de visa pour les Suisses. D’après ce que j’ai pu lire dans divers guides de voyage et selon les témoignages de La devise locale personnes qui sont déjà allés en Polynésie, les tarifs des traversées en s’appelle le « franc bateau sont assez variables. Il est donc préférable de prévoir un peu plus Pacifique français » ou large pour éviter toute surprise… J’estime le coût total des trois trajets XPF. Un franc suisse en bateau à 3200 francs. vaut 100 XPF. Pour la vie sur place, j’estime mes dépenses mensuelles à 700 francs. Je profiterai de manger beaucoup de poisson, qui est aussi la nourriture la plus accessible. Quant à l’hébergement, je prendrai ma tente.

Cette somme comprend aussi le coût des cyber cafés pour alimenter en photos et récits mon blog dédié au voyage.

J’estime à 150 francs le montant pour compléter mon matériel photo, notamment une dizaine de pellicules 36 poses pour mon vieux Pentax et une carte SD 32Gb 80MB/s pour mon Nikon.

J’arrive à un budget de 6520 francs.

Pour financer ce voyage j’utiliserai ma solde militaire que je compléterai au besoin avec le Prix des voyages extraordinaires.

« Il est vrai que souvent la mer se désenchante je veux dire en cela qu´elle chante d’autres chants que ceux que la mer chante dans les livres d´enfants. » Jacques Brel

Brel et son « Jojo » aux Marquises en 1975

7 CONCLUSION

Elaborer un voyage n’a rien de facile. On se rend vite compte à quel point c’est personnel et profond. Cela nécessite beaucoup de recherches et une grande minutie. Ce qui est extraordinaire, c’est que j’ai déjà voyagé et gagné en maturité en le préparant. Toutes les démarches effectuées et les gens que j’ai contactés m’ont enrichi. Je peux dire fièrement que j’ai déjà partiellement découvert la culture des Iles et appris beaucoup de choses. J’aimerais maintenant trouver les réponses à mes questions et partir sur les traces de Jacques Brel.

J’espère de tout cœur que mon projet vous aura déjà fait voyager un peu et qu’il retiendra toute votre attention.

« Veux-tu que je te dise, gémir n’est pas de mise ... aux Marquises. » Jacques Brel

Lausanne, le 11 janvier 2014

Sources :

Librement inspiré de : http://www.marquises-croisiere.com/ http://www.routard.com/ http://www.prixdesvoyagesextraordinaires.ch/ http://www.lonelyplanet.com/ http://fr.wikipedia.org/ http://www.apatakicarenage.com/

Images : http://www.linternaute.com/ http://www.cointatouage.com/ http://www.centerblog.net/ http://www.lemonde.fr/ http://www.google.com/ http://wikipedia.org/ http://www.iles-polynesie.fr/

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