Jacques Brel
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Par ordre alphabétique 1 À jeun Parfaitement à jeun Vous me voyez surpris De ne pas trouver mon lit ici Parfaitement à jeun Je le vois qui recule Je le vois qui bascule aussi Guili guili guili Viens-là mon petit lit Si tu ne viens pas t'a moi Ce n'est pas moi qui irai t'à toi Mais qui n'avance pas recule Comme dit Monsieur Dupneu Un mec qui articule Et qui est chef du contentieux Parfaitement à jeun Je reviens d'une belle fête J'ai enterré Huguette ce matin Parfaitement à jeun J'ai fait semblant d'pleurer Pour ne pas faire rater la fête Z'étaient deux cents noirs Les voisins les amis Y avait qu'moi qu'était gris Dans cette foire Y avait beau-maman belle-papa Z'avez pas vu Mirza Et puis Monsieur Dupneu Qu'est chef du contentieux Parfaitement à jeun En enterrant ma femme J'ai surtout enterré la maitresse d'André Je n'l'ai su que c'matin Et par un enfant de chœur Qui m'racontait qu'sa sœur ah ça Il me reste deux solutions Ou bien frapper André Ou bien gnougnougnafié La femme d'André Sur son balcon Ou bien rester chez moi Feu-cocu mais joyeux C'est ce que me conseille André André André Dupneu Qu'est mon chef du contentieux Parfaitement à jeun Vous me voyez surpris De ne pas trouver mon lit 2 Aldonza Paroles: Jacques Brel. Musique: Mitch Leigh 1968 note: de la comédie musicale "L'homme de la Mancha" Je suis née comme une chienne une nuit où il pleuvait Je suis née et ma mère est partie en chantant Et je ne sais rien d'elle que la haine que j'en ai J'aurais dû venir au monde en mourant Eh bien sûr, il y a mon père, on dit, on dit souvent Que les filles gardent leur père au profond de leur cœur Mais je n'ai pas su mon père, mon père était plusieurs Car mon père était un régiment Je ne peux même pas dire s'ils étaient andalous ou prussiens Sont-ils morts vers le nord, sont-ils morts vers le sud Je n'en sais rien ! Une Dame, et comment veut-il que je sois une Dame ? J'ai grandi comme une chienne de carrefour en carrefour J'ai grandi et trop tôt sur la paille des mules De soldat en soldat, de crapule en crapule J'ai connu les bienfaits de l'amour Et je vis comme une bête, je fais ça comme on se mouche Et je vis sans savoir ni pour qui ni pour quoi Pour un sou je me lève, pour deux sous je me couche Pour trois sous je fais n'importe quoi ! Si vous ne me croyez guère, pour trois sous venez voir le restant De la plus folle des fiancés au plus crapuleux des brigands de la terre Mais chassez donc vos nuages et regardez-moi telle que je suis Une Dame, une vraie Dame a une vertu, a une âme Dieu de Dieu, de tous les pires salauds que j'ai connus Vous qui parlez d'étoile, vous qui montrez le ciel, Vous êtes bien le plus infâme, le plus cruel Frappez-moi, je préfère le fouet à vos chimères, Frappez-moi jusqu'au feu, jusqu'au sol, jusqu'à terre Mais gardez votre tendresse, rendez-moi mon désespoir Je suis née sur le fumier et j'y repars, Mais je vous en supplie, ne me parlez plus de Dulcinéa Vous voyez bien que je ne suis rien, je ne suis qu'Aldonza la putain. Amsterdam Paroles et Musique: Jacques Brel 1964 "Olympia 64" autres interprètes: Isabelle Boulay Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui chantent Les rêves qui les hantent Au large d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dorment Comme des oriflammes Le long des berges mornes Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui meurent Pleins de bière et de drames Aux premières lueurs Mais dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui naissent Dans la chaleur épaisse Des langueurs océanes 3 Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui mangent Sur des nappes trop blanches Des poissons ruisselants Ils vous montrent des dents A croquer la fortune A décroisser la lune A bouffer des haubans Et ça sent la morue Jusque dans le cœur des frites Que leurs grosses mains invitent A revenir en plus Puis se lèvent en riant Dans un bruit de tempête Referment leur braguette Et sortent en rotant Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dansent En se frottant la panse Sur la panse des femmes Et ils tournent et ils dansent Comme des soleils crachés Dans le son déchiré D'un accordéon rance Ils se tordent le cou Pour mieux s'entendre rire Jusqu'à ce que tout à coup L'accordéon expire Alors le geste grave Alors le regard fier Ils ramènent leur batave Jusqu'en pleine lumière Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui boivent Et qui boivent et reboivent Et qui reboivent encore Ils boivent à la santé Des putains d'Amsterdam De Hambourg ou d'ailleurs Enfin ils boivent aux dames Qui leur donnent leur joli corps Qui leur donnent leur vertu Pour une pièce en or Et quand ils ont bien bu Se plantent le nez au ciel Se mouchent dans les étoiles Et ils pissent comme je pleure Sur les femmes infidèles Dans le port d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam. 4 Au printemps Paroles et Musique: Jacques Brel 1958 Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Pour une fleur un sourire un serment Pour l'ombre d'un regard en riant Toutes les filles Vous donneront leurs baisers Puis tous leurs espoirs Vois tous ces cœurs Comme des artichauts Qui s'effeuillent en battant Pour s'offrir aux badauds Vois tous ces cœurs Comme de gentils mégots Qui s'enflamment en riant Pour les filles du métro Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Pour une fleur un sourire un serment Pour l'ombre d'un regard en riant Tout Paris Se changera en baisers Parfois même en grand soir Vois tout Paris Se change en pâturage Pour troupeaux d'amoureux Aux bergères peu sages Vois tout Paris Joue la fête au village Pour bénir au soleil Ces nouveaux mariages Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Pour une fleur un sourire un serment Pour l'ombre d'un regard en riant Toute la Terre Se changera en baisers Qui parleront d'espoir Vois ce miracle Car c'est bien le dernier Qui s'offre encore à nous Sans avoir à l'appeler Vois ce miracle Qui devait arriver C'est la première chance 5 La seule de l'année Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Au printemps Au printemps Au suivant Paroles et Musique: Jacques Brel 1964 Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne J'avais le rouge au front et le savon à la main Au suivant au suivant J'avais juste vingt ans et nous étions cent vingt A être le suivant de celui qu'on suivait Au suivant au suivant J'avais juste vingt ans et je me déniaisais Au bordel ambulant d'une armée en campagne Au suivant au suivant Moi j'aurais bien aimé un peu plus de tendresse Ou alors un sourire ou bien avoir le temps Mais au suivant au suivant Ce ne fut pas Waterloo mais ce ne fut pas Arcole Ce fut l'heure où l'on regrette d'avoir manqué l'école Au suivant au suivant Mais je jure que d'entendre cet adjudant de mes fesses C'est des coups à vous faire des armées d'impuissants Au suivant au suivant Je jure sur la tête de ma première vérole Que cette voix depuis je l'entends tout le temps Au suivant au suivant Cette voix qui sentait l'ail et le mauvais alcool C'est la voix des nations et c'est la voix du sang Au suivant au suivant Et depuis chaque femme à l'heure de succomber Entre mes bras trop maigres semble me murmurer Au suivant au suivant Tous les suivants du monde devraient se donner la main Voilà ce que la nuit je crie dans mon délire Au suivant au suivant Et quand je ne délire pas j'en arrive à me dire Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant Au suivant au suivant Un jour je me ferai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu Enfin un de ces machins où je ne serai jamais plus Le suivant le suivant 6 Bruxelles Paroles et Musique: J. Brel/G Jouannest 1962 C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps du cinéma muet C'était au temps où Bruxelles chantait C'était au temps où Bruxelles bruxellait Place de Broukère on voyait des vitrines Avec des hommes des femmes en crinoline Place de Broukère on voyait l'omnibus Avec des femmes des messieurs en gibus Et sur l'impériale Le cœur dans les étoiles Il y avait mon grand-père Il y avait ma grand-mère Il était militaire Elle était fonctionnaire Il pensait pas elle pensait rien Et on voudrait que je sois malin C'était au temps où Bruxelles chantait C'était au temps du cinéma muet C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps où Bruxelles bruxellait Sur les pavés de la place Sainte-Catherine Dansaient les hommes les femmes en crinoline Sur les pavés dansaient les omnibus Avec des femmes des messieurs en gibus Et sur l'impériale Le cœur dans les étoiles Il y avait mon grand-père Il y avait ma grand-mère Il avait su y faire Elle l'avait laissé faire Ils l'avaient donc fait tous les deux Et on voudrait que je sois sérieux C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps du cinéma muet C'était au temps où Bruxelles dansait C'était au temps où Bruxelles bruxellait Sous les lampions de la place Sainte-Justine Chantaient les hommes les femmes en crinoline Sous les lampions dansaient les omnibus Avec des femmes des messieurs en gibus Et sur l'impériale Le cœur dans les étoiles Il y avait mon grand-père Il y avait ma grand-mère Il attendait la guerre Elle attendait mon père Ils étaient gais comme le canal Et on voudrait que j'aie le moral C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps du cinéma muet C'était