LE FAYS HISTOIRE ET VIE LOCALE D’UN HAMEAU DE -

Véronique Battut - mai 2015

Un hameau d’histoire et de caractère

Le hameau du Fays est situé au nord de la Que signifie le nom commune de Turny dans l’Yonne, à l’orée de la forêt d’Othe. Ce petit hameau a une longue vie et « Le Fays » connu de nombreuses évolutions. Installé sur le point le plus haut de la commune, ouvrant sur Le nom Fays provient du mot un vaste panorama, le Fays dégage une latin « fagus » signifiant atmosphère particulière, témoignage d’une vie « hêtre ». On trouve de nombreux passée intense et laborieuse où les habitants ont termes dialectaux issus du latin dû s’entraider pour pouvoir survivre dans des fagus comme : faye, faou… La conditions parfois difficiles. Le Fays a toujours terminaison Y signifie « un su mêler harmonieusement les anciens et les ensemble » d’arbres provenant de nouveaux habitants, les enfants du «cru» et les la même espèce. (Ex : Fay, Fey..), nouveaux venus. Que cette tradition de hameau Le Fay serait une « hêtraie », nom épris de liberté, de nature, d’entraide règne à d’une plantation où le hêtre tout jamais dans notre joli hameau du Fays. domine. Véronique Battut L’orthographe Le Fay était Habitante du Fays encore utilisée en 1787, avant la Présidente du Cercle généalogique de Turny Révolution.

On voit apparaitre l’orthographe Fays (avec un s) à la fin du XIXème siècle, dans le plan d’alignement de 1811. Sommaire

1. Le Fays, en forêt d’Othe p 3 2. Le Fays, une longue histoire p 4 3. Le premier plan du Fays en 1863 p 8 4. Les habitants du Fays en 1911 p 9 5. Les métiers d’autrefois p 12 6. Généalogie p 15 7. Les anciennes familles p 18 8. Les guerres du 20ème siècle p 20 9. La vie au Fays au siècle dernier p 23 10. L’école du Fays p 27 11. Le lavoir et la mare p 29 12. L’arbre de la liberté p 31 13. L’architecture au Fays p 32 14. Le Fays aujourd’hui p 38

2

1. Le Fays, en forêt d’Othe

Le point le plus haut Le Fays est un joli hameau qui est le point le plus haut de la commune de Turny, situé à 299 m. On y accède par le chemin de Linant devenu route départementale et on découvre une superbe vue sur les villages environnants les jours de beaux temps.

Situé aux portes de la forêt d’Othe Nous ne disposons pas d’information sur l’origine du Fays mais ce hameau semble avoir une longue Arrivée au Fays par Le Saudurand histoire. Sa situation aux portes de la forêt d’Othe, fait du Fays un hameau particulier à l’intérieur de la commune de Turny.

Le pays d’Othe Le pays d’Othe est un ensemble de plateaux crayeux. Il est recouvert de massifs boisés, peuplés de chênes, de charmes et de hêtres ce qui justifie le nom du hameau. Le sol est composé de silex, d’argile et de galets ferrugineux. Les vastes forêts qui couvraient le sol du département sous les Romains et pendant le moyen-âge ont subi de nombreux défrichements. Borne en pierre du hameau (début XXème siècle) Utta saltus ou Otha Appelée Utta saltus ou Utta sylva ou Otha, la forêt d’Othe occupait jadis tout le territoire compris entre la rive droite de l’Yonne, l’Armançon et la Vanne. « Vous entrez dans le pays de Turny…dans cette vaste contrée pavée de gros silex où la belle forêt d’othe projette ses grands bras…Mais si ces vilains cailloux blessent vos pieds… N’allez pas dédaigner ces plaines qui s’en hérissent. Voyez blanchir en leur sein aux premières tiédeurs du printemps ces forêts de pommiers, dont les fleurs fécondes promettent au bûcheron de la forêt sa boisson favorite… Voyez onduler, sous ces beaux arbres, les vagues verdoyantes de ces froments touffus, de ces seigles élancés ! Admirez ces campagnes tapissées au loin de trèfles rougissants, de magnifiques luzernes ! »

Source : Annuaire statistique du département de l’Yonne 1837 3

2.2. Le Le Fays, Fays une, une longue longue histoire histoire

A. La présence gauloise et romaine

Peuple gaulois des Senones dont la capitale est Agedincum ()

Des recherches archéologiques démontrent que les forêts du pays d’Othe sont habitées depuis plusieurs siècles. Au néolithique, le pays d’Othe recèle des traces d’activités d’extraction du silex pour le transformer en lames de haches polies. Des pierres taillées et

pointes de flèches sont retrouvées au Fays. Des hommes ont vécu dans cette région dès la préhistoire. Jean-Paul Plançon, fils du dernier instituteur du Fays, se souvient de l’armoire vitrée de la classe exposant les silex taillés retrouvés dans les champs alentours. Itinéraires des voies gallo-romaines de l’Yonne Victor Petit 1851 - Ed Thierry BNF La région est peuplée depuis l’ère gauloise de communautés villageoises. On trouve trace de Puis les Romains créent les pagus ou pays, dont l’existence de peuples gaulois en forêt d’Othe, celui de Sens touchant celui de Troyes reliés occupée par les Senones dont la capitale était Sens. entre eux par un réseau de routes dont une est construite à proximité de Turny. Des vestiges de la voie d'Agrippa (voie romaine) connue sous le nom de Vieux grand chemin, passe à un kilomètre de Turny, près de Neuvy-Sautour et se dirige vers Troyes. Euburobriga (Avrolles) est un carrefour important de la voie - Troyes dit “Itinéraire d’Antonin”.

(Répertoire archéologique du département de l’Yonne par Max Quentin M DCCC LXVIII)

Turny à 1 km de la voie romaine Via d’Aggripa

4

B. Le moyen-âge

5ème siècle Les subdivisions ecclésiastiques, à partir du 5ème siècle, se calquent sur les anciens pagus romains et le diocèse de Sens a le contrôle de la paroisse de Turny.

9ème siècle Les rois Francs établissent des comtés pour gérer des fiefs au 9ème siècle. On retrouve des traces, sous forme de scories, d’une ancienne industrie métallurgique qui a prospéré au moyen-âge. L’historien Nithard parle de la forêt d’Othe dans son « Histoire des fils de Louis le Pieux » et relate en mars 841 la marche de Charles le Chauve qui traverse la forêt d’Othe dite Utta. « Des Conférence de la coutume de Sens par traces marquées et assez nombreuses d’une ancienne M. Pelée de Chenouteau - MDCCLXXXVIL (1787) industrie métallurgique existent dans la forêt d’Othe. Ces traces consistent dans des amas de laitiers et de scories. Cette industrie a été en activité au moyen-âge et peut-être à l’époque gallo-romaine. 13ème siècle ème Toutes ces constatations nous laissent supposer C’est à partir du 13 siècle que la royauté qu’existe déjà à l’endroit dit du Fay une communauté installe des institutions renforçant la puissance humaine qui vite de la forêt et/ou de l’exploitation féodale. Les Templiers fondent la minière, des forges existant à et . Commanderie de à qui est confiée la responsabilité de la Paroisse de Turny et de ses hameaux. ème 12 siècle Avant le 12ème siècle, les chartes indiquent qu’un 14ème siècle petit nombre de villages sont construits dans ce C’est la création des baillages auxquels territoire boisé. La forêt d’Othe est alors forêt succèderont les provinces jusqu’au 18ème royale selon la lettre de l’abbé Saint-Marien à Louis siècle. le Jeune. Le Prévôt de Sens en perçoit les produits. Au milieu du 12ème siècle, des moines cisterciens obtiennent des Seigneurs des chartes de donations Sources du bois pour alimenter des bas et hauts fourneaux. Carte géologique 1991, P Beck

Les noms des villages et hameaux comme Rigny-le- Braunstein, Philippe et Ploquin - Minières et ferriers du Ferron, le Mineroy, les Fourneaux et Moyen-Âge en forêt d’Othe - approches historiques et archéologiques 2008 témoignent de cette activité. La forêt d’Othe développe alors une économie autour des Duchène - Recueil des Histoires de 1791 marchands de bois, des bûcherons et des Dictionnaire topographique du département de l’Yonne charbonniers. 1860.

Le Fay est à cette époque déjà un hameau.

5

C. Le Fay dans la paroisse de Turny

A cette époque, le chef-lieu de Turny, l’Hospital Le Fay fait partie de la Paroisse de Turny durant et Lynant sont du ressort du Baillage de Troyes plusieurs siècles. alors que les autres hameaux Bas-Turny, Les

Maraux, Courchamp, Le Saudurand, Le Fay et Les Templiers en 1140 Le Thureau appartiennent au baillage de Sens. En 1140, Turny est déjà une paroisse et une (Pierre Pithou - Coustumes du baillage de Troyes) Seigneurie lorsque les Chevaliers du Temple, dont la Commanderie est située à Coulours Les seigneurs de Turny à partir décident d’installer une maison templière à ème Turny, située à l’endroit actuel de l’Hôpital. du XIV siècle Fondée en 1118 par des croisés français, les Plusieurs Seigneurs marquent la vie de Turny. Templiers est un ordre religieux et militaire, créé par le concile de Troyes en 1129. Ils prennent  Pierre de Saint-Etienne est Seigneur de l’habit blanc sur lequel brille une croix rouge. Turny avant 1493, date de sa mort. Sa fille Anne de Saint-Etienne épouse Jean de L'Espinasse le 28 avril 1493 qui devient Seigneur de Turny. (Bulletin Soc. Sciences Historiques 1973 : Les L'Espinasse de Champagne)

Ils engagent de nombreux chevaliers et débutent  Charles de Barbezière, Comte de avec des faits d’armes éclatants. Le Commandeur Chemerault édifie le château de Turny, de Coulours perçoit les dîmes à Turny sur les meurt en 1677 et est inhumé dans l’église grains et les vins, laissant au curé de la paroisse Saint-Mammès. ses droits sur la laine, le petits pois, le haricot et autres légumineux. Mais les Templiers accusés de  Jean François de La Rochefoucauld, s’enrichir et d’être un ordre au service du Roi Marquis de Surgères, Comte de Morville, de Philippe le Bel sont tous arrêtés et leurs biens Vernisy et de Turny, est le dernier Seigneur saisis le 13 octobre 1307 sur ordre du Pape de Turny. Né le 18 octobre 1735 à Paris, il Clément V. L’ordre des Templiers est aboli. Le meurt le 24 mars 1789. curé de Turny « Frère Michel » a droit à un procès à Sens.

Les Hospitaliers en 1307 Tous leurs biens, dont la terre de Turny, sont attribués à l’Ordre religieux catholique militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem. En 1314 Louis X ordonne que Turny de la prévôté de Armes de la famille de la ROCHEFOUCAULD Saint-Florentin ressorte dorénavant du baillage de Sens (Gallica- Ordonnances des rois de France par M. de Villevault). En 1339 le Chevalier Amauri de Jusqu’à la Révolution, la paroisse de Turny Bérulle est Seigneur de Turny. En 1510, M. appartient à l’ancienne Province de Bourdot de Richebourg, Avocat au Parlement Champagne. indique dans son ouvrage « Nouveau coutumier général » que la paroisse de Turny est composée de neuf hameaux qui appartiennent à des baillages différents. 6

D. Le Fay dans la commune de Turny

Le décret du 12 novembre 1789 crée une municipalité dans chaque paroisse ou bourg. A la révolution, la paroisse de Turny devient une commune. En 1791, le pays d’Othe est divisé en deux entités : le pays d’Othe aubois et le pays d’Othe icaunais dont fait partie Le Fay.

Le Fay au XIXème siècle A partir de 1811, on dispose de documents importants : relevés cadastraux, recensements de la population, cartes postales qui nous permettent d’imaginer plus concrètement la vie des habitants.

En 1838, l’annuaire de M Verrolot d’Ambly écrit 1 que dans le hameau du Fay « des progrès remarquables sont constatés en agriculture ». Les constructions suivent ce progrès. Elles sont encore rustiques, modestes et peu confortables selon quelques témoignages. Les voies de communication sont des chemins communaux mais malheureusement peu utilisables en hiver « compte tenu des ornières ». 2 En 1811, le cadastre napoléonien Ordonnées par la loi du 15 septembre 1807, afin d’imposer équitablement les citoyens aux contributions foncières, les opérations cadastrales sont achevées pour l’essentiel dans l’Yonne dans les années 1860.

Le cadastre napoléonien est daté pour Turny de 1811. Le plan de Turny a la particularité de représenter la commune sous la forme d’un « croissant », avec une longueur de 14 kilomètres et une largeur de 3 kilomètres environ. (Plan 1)

A la même époque un plan du hameau du Fay est réalisé et laisse apparaître le tracé actuel du hameau, avec ses rues, chemins et ruelles. (Plan 2)

Cadastre napoléonien de 1811 Commune de Turny et hameau du Fays

7

3. Le plan du3. Le plan Fays du Fays en 1863

A. Le premier plan d’alignement

Des plans d’alignement sont réalisés pour la première fois dans la commune de Turny et au Fays en 1863.

On retrouve les noms des rues et l’emplacement des mares, terres et bâtiments. Il est à noter que le plan du Fays a peu évolué depuis cette date.

Les noms de certaines rues sont modifiés par décision du conseil municipal du 26 août 1986.

Plan d’alignement du centre du Fays

B. Les noms des rues et chemins en 1863

Grande rue (actuelle rue des puits) 44 lots appartenant à 25 propriétaires, Ruelle de la mare 1 terrain communal et 13 bâtiments 6 lots appartenant à 3 propriétaires et 1 bâtiment Chemin de la petite commune, du Fays à la Rue-chèvre (actuelle rue de la forêt d’Othe) Chemin de l’abreuvoir 66 lots appartenant à 25 propriétaires, 7 lots appartenant à 4 propriétaires et 3 terrains communaux, 3 mares 2 bâtiments

Ruelle des champs du Fays Chemin des terriers 12 lots appartenant à 3 propriétaires 21 lots appartenant à 10 propriétaires et 6 bâtiments Chemin de derrière les haies 13 lots appartenant à 5 propriétaires et Ruelle Martin 5 bâtiments 7 lots appartenant à 5 propriétaires et 3 bâtiments Chemin de Sormery 1 mare Chemin de Sormery 9 lots appartenant à 6 propriétaires et 13 lots appartenant à 5 propriétaires et 3 bâtiments 3 bâtiments

Chemin de Chailley 6 lots appartenant à 2 propriétaires avec 1 bâtiment et 1 mare 8

4. Les habitants du Fays en 1911

RECENSEMENT 1911 LE FAYS

e

Titre

Nom

Métier

Maison

Prénom

Ménage Individu

Date naissance Date

lieu naissanc lieu

- 1 1 1 GUILLEMOT Augustin Chef de famille 1853 néant Turny Le Fays 2 2 LORNE Louis Armand Chef de famille 1871 fermier patron Turny Courchamps 3 BERLOT Zélie Eugénie Sa femme 1871 néant Turny Le Fays 4 LORNE Blanche Sa fille 1896 Turny Le Fays 5 LORNE Olga Sa fille 1899 Turny Le Fays 2 3 6 MACAIRE Jean Baptiste Chef de famille 1845 propriétaire cultivateur Turny le Fays 7 GUILLEMOT Célinie Sa femme 1845 néant Turny 3 4 8 MILLOT Prosper Chef de famille 1867 cantonnier Moutiers 9 RAVISE Marie Sa femme 1868 néant Treigny 10 MILLOT Armand Son fils 1890 manouvrier Moutiers 11 MILLOT Georges Son fils 1894 manouvrier Moutiers 4 5 12 AUBRAT Clodomir Chef de ménage 1868 propriétaire cultivateur Turny 13 RINCENT Marie Sa femme 1874 néant Turny 14 AUBRAT Mariette Sa fille 1901 Turny 15 MOREAU Georges Domestique 1871 ouvrier agricole 6 16 BEZANCON Célestine Chef de ménage 1847 Turny 5 7 17 ROBIN Emile Chef de ménage 1858 propriétaire cultivateur Turny 18 ROBIN Hélène Sa fille 1892 néant Turny 8 19 THIERRY Sidorée Chef de ménage 1836 néant Turny 6 9 20 RINCENT Charles Chef de ménage 1844 néant Turny 21 CHAMPROUX Caroline Sa femme 1842 néant Turny 7 10 22 MACAIRE Armand Chef de ménage 1860 propriétaire cultivateur Turny 23 HENRIOT Valentine Sa femme 1862 néant Sormery 24 MACAIRE Fernand Son fils 1 892 Turny 8 11 25 BEZANCON Hector Chef de ménage 1856 couvreur Turny 26 VIAULT Eugénie Sa femme 1863 Sormery 9 12 27 BERLOT Blandus Chef de ménage 1848 propriétaire exploitant Vosnon 28 COUSIN Aline Sa femme 1847 néant Turny 10 13 29 BERLOT Maurice Chef de ménage 1884 scieur de long 30 BERLOT Adèle Cécile Sa femme 1886 néant Venouse 11 14 31 COUILLARD Ernest Chef de ménage 1887 bûcheron Sormery 32 GUERBERT Rosalie Sa femme 1868 Racines 33 COUILLARD Ernest Son fils 1887 manouvrier Sormery 34 COUILLARD Gaston Son fils 1895 manouvrier Turny 35 COUILLARD Camille Son fils 1900 néant Turny

9

12 15 36 HENRIOT Anselme Chef de ménage 1835 propriétaire cultivateur Turny 37 CORGERON Elise Sa femme 1840 néant Turny 38 HENRIOT Louise Sa fille 1871 Turny 39 HENRIOT Lucie Sa fille 1874 Turny 13 16 40 CAROLINE Eugène Chef de ménage 1862 scieur de long St Mars en Othe 41 COUSIN Elisa Sa femme 1860 Turny 14 17 42 RINCENT Ambroise Chef de ménage 1842 propriétaire exploitant Turny 43 RINCENT Palmyre Sa fille 1869 Turny 44 RINCENT Alfred Son fils 1876 ouvrier agricole Turny 15 18 45 ONESIME Joseph Chef de ménage 1839 néant Turny 19 46 BOIZARD Auguste Chef de ménage 1884 manouvrier Nocle Maulaix 47 PESCHE Angèle Sa femme 1891 Auxerre 16 20 48 RABY Léon Chef de ménage 1880 facteur des postes Mélisey 49 ROLLIN Armande Sa femme 1885 institutrice Villiers sur Tholon 17 21 50 ROBICHON Emile Chef de ménage 1876 fermier cultivateur Chailley 51 THEODOSE Eugénie Sa femme 1881 Fournaudin 52 ROBICHON André Son fils 1907 Turny 18 22 53 HENRIOT Adelin Chef de ménage 1865 propriétaire cultivateur Boeurs en othe 54 CHEVALLIER Aline Sa femme 1868 Aix en Othe 55 HENRIOT René Son fils 1896 Turny 56 HENRIOT Alphonse Son père 1827 Turny 19 23 57 LECHAIN Louis Chef de ménage 1869 bûcheron Comissey 58 LECHAIN Lucie Sa femme 1872 59 LECHAIN Robert Son fils 1899 Vaudeurs 60 LECHAIN Edouard Son fils 1906 Vaudeurs 61 LECHAIN Thérèse Sa fille 1906 Vaudeurs 20 24 62 BERLOT Basile Chef de ménage 1839 propriétaire cultivateur Turny 63 CORGERON Stéphanie Sa femme 1846 Turny 64 BERLOT Armand Son fils 1877 manouvrier Turny 21 25 65 DAVOINE Henri Chef de ménage 1877 fermier cultivateur Boeurs en othe 66 BOIZARD Lucie Sa femme 1880 La Nocle Mauleix 67 DAVOINE Henriette Sa fille 1905 Turny 22 26 68 LESPAGNOL Victorine Chef de ménage 1835 Turny 23 27 69 CHAUME Léon Chef de ménage 1874 manouvrier Turny 70 CHAUME Gabrielle Sa femme 1880 Aix en Othe 71 PETIT Amélie Sa mère 1843 couturière Turny 24 28 72 BONNAVENTURE Arsène Chef de ménage 1847 tonnelier Boeurs en Othe 73 PETIT Zélie Sa femme 1853 Turny 25 29 74 DELAIT Louis Chef de ménage 1871 bûcheron 75 BOIT Olympe Sa femme 1871 Vaudeurs 76 DELAIT Pierre Son fils 1902 Turny 77 DELAIT Germaine Sa fille 1895 Turny

10

26 30 78 FLORIOT Valérie Chef de ménage 1849 propriétaire cultivateur Arces 79 DAVOINE Paul Son fils 1882 néant Boeurs en Othe 27 31 80 GOBRY Désiré Chef de ménage 1852 propriétaire cultivateur Vulaines 81 LECOMTE Constantiine Sa femme 1856 Turny 32 82 GOULVIN Jules Chef de ménage 1875 Maréchal Coulours 83 GOBRY Hortense Sa femme 1879 Turny 84 GOULVIN Alice Sa fille 1902 Turny 33 85 LECOMTE Isidore Chef de ménage 1820 néant 28 34 86 CORGERON Elie Chef de ménage 1870 cantonnier Turny 87 POUSSARD Julia Sa femme 1876 Venouse 88 CORGERON Gabriel Son fils 1899 Turny 29 35 89 AUBIN Benjamin Chef de ménage 1841 bûcheron Les sièges 30 36 90 BEZANCON Théophile Chef de ménage 1862 propriétaire cultivateur Turny 91 MANIUGAULT Cléophée Sa mère 1837 Turny 31 37 92 PAILLERY Arsène Chef de ménage 1852 propriétaire cultivateur Turny 93 ROYER Malvina Sa femme 1853 Turny 94 PATHY Eugène DomestIque 1892 ouvrier agricole Ste Féréole 38 95 PAILLERY Camille Chef de ménage 1871 propriétaire cultivateur Turny 96 METRY Marie Sa femme 1876 Sormery 97 PAILLERY Octave Son fils 1898 Turny 32 39 98 GUILLAUME Homère Chef de ménage 1864 fermier cultivateur Chailley 99 GUILLAUME Marguerite Sa femme 1866 Saint Florentin 100 GUILLAUME Gaston Son fils 1902 Chailley 101 GUILLAUME Lucie Sa fille 1905 Chailley 33 40 102 BEZANCON Eugène Chef de ménage 1866 propriétaire cultivateur Turny 103 CASSEMICHE Lucie Sa femme 1878 Lasson 104 BEZANCON Georges Son fils 1905 Turny 105 BEZANCON Henri Son fils 1906 Turny 106 BEZANCON Gilbert Son fils 1908 Turny 107 GAUTHIER Céphiste Sa belle-mère 1849 Lasson 41 108 BERLOT Florine Chef de ménage 1833 Turny 34 42 109 THIERRY Flavien Chef de ménage 1892 propriétaire cultivateur Turny 110 HUGOT Jeanne Sa femme 1887 Sormery 111 COURTIN Alexandrine Sa mère 1859 Racines 35 43 112 BEZANCON Zélie Chef de ménage 1850 Turny 113 LESPAGNOL Appoline Sa mère 1825 Turny 44 114 VEAU Achille Chef de ménage 1871 propriétaire cultivateur Turny 115 POUSSARD Adrienne Sa femme 1881 Venouse 116 VEAU Charlotte Sa fille 1905 Turny 36 45 117 PAILLERY Gaston Chef de ménage 1865 propriétaire cultivateur Turny 118 DELAGNEAU Eugénie Sa femme 1869 Turny 119 PAILLERY Léa Sa fille 1889 Turny 37 46 120 KLEIN Joseph Chef de ménage 1871 bûcheron Paris 121 LEMOULE Yvonne Sa femme 1879 Moutiers 122 KLEIN Andrée Sa fille 1898 Moutiers 123 MOURON Louise Nourrisson 1905 Vendenesse 124 MOURON Andrée Nourrisson 1908 Boeurs en othe

11

5. Les anciens métiers au Fays

Les habitants du Fays exercent des métiers liés à l’agriculture ou à l’exploitation forestière.

17 Propriétaires cultivateurs Propriétaires qui cultivent leurs terres  Hector MACAIRE  Clodomir AUBRAT  Emile ROBIN  Armand MACAIRE  Anselme HENRIOT  Ambroise RINCENT  Adelin HENRIOT Papier à entête de BERLOT Maurice,  Basile BERLOT Exploitations forestières au Fays  Valérie FLORIOT  Désiré GOBRY  Théophile BEZANCON  Arsène PAILLERY  Camille PAILLERY  Eugène BEZANCON  Flavien THIERRY  Achille VEAU  Gaston PAILLERY

3 Fermiers cultivateurs Personnes qui paient une somme à un propriétaire pour en exploiter son bien.  Henri DAVOINE  Homère GUILLAUME  Emile ROBICHON

Papier à entête de PAILLERY, Entreprise de battage au Fays

12

1 Tonnelier 2 Scieurs de long Artisan qui fait toutes sortes de Personnes débitant les troncs d'arbres en tonneaux, futailles… planches. Les scieurs de long œuvrent par  Arsène BONNAVENTURE paire : le chevrier est monté sur le tronc lui- même posé sur la chèvre tandis que le renard 2 Cantonniers ou renardier son compère, tire la scie. Employés municipaux chargés de l'entretien des routes de la commune.  Prosper MILLOT  Elie CORGERON

7 Manouvriers Ils accomplissent des travaux saisonniers agricoles pour le compte d’autrui.

 Georges MILLOT  Armand MILLOT  Ernest COUILLARD  Gaston COUILLARD  Auguste BOIZARD  Armand BERLOT  Léon CHAUME

3 Ouvriers agricoles Ils louent leurs services en échange d’un Toujours par deux, les scieurs de long font salaire. partie du peuple de la forêt. Pendant plus de  Georges MOREAU 12 heures par jour, ils débitent des poutres, des planches, plus tard des traverses pour le  Alfred RINCENT chemin de fer. Le scieur de long travaille  Eugène PATHY plusieurs espèces de bois suivant la demande

des clients. Le métier disparait au lendemain 1 Couvreur de la seconde guerre mondiale. Artisan dont le métier est de faire ou  Maurice BERLOT réparer les toitures avec différents matériaux: bardeaux, ardoises, pierres,  Eugène CAROLINE tuiles ... 1 Couturière  Hector BEZANCON Couseuse chargée de coudre les pièces d'étoffe

ou de cuir que d'autres confectionnent. 1 Propriétaire exploitant Propriétaire de terres qui les fait  Amélie PETIT épouse CHAUME exploiter par des fermiers.

 Blandus BERLOT 1 Institutrice

 Armande ROLLIN épouse RABY

13

1 Facteur des postes 5 Bûcherons

Forestiers dont le travail consiste à couper, débiter et entretenir les arbres.

Si le facteur est né bien avant la Révolution, celui-ci travaille le plus souvent en ville ou en banlieue. Le facteur rural apparaît officiellement avec l’application de la loi de juin 1829.

La loi de 1829 instaure la distribution et la collecte du courrier dans toutes les Loge de bûcheron en forêt d’Othe communes rurales. Est mise en place dans chaque commune une boîte aux  Ernest COUILLARD lettres.  Louis LECHAIN  Léon RABY  Louis DELAIT  Benjamin AUBIN  Joseph KLEIN

Carte postale ancienne « Turny - Bois du Fays - l’écorçage du chêne» 1915

14

6. Généalogie

RECHERCHES GÉNÉALOGIQUES SUR LES CHEFS DE FAMILLE A PARTIR DU RECENSEMENT 1911 Hameau du Fays - Commune de Turny - Département de l’Yonne

PREAMBULE J’ai effectué des recherches généalogiques  LORNE Louis Armand est né le 4 auprès de l’état-civil de l’Yonne pour les septembre 1871 à Turny Courchamp, enfants nés à Turny. Sont présentés des Son père est L. LORNE, vigneron et extraits d’actes de naissance tels que vous sa mère Céline Adèle DELIGNE pouvez les trouver dans les archives demeurant à Courchamp. numérisées des Archives départementales de l’Yonne. Pour certaines familles, sont tracés des arbres généalogiques simplifiés  MACAIRE Jean Baptiste dit Hector pour mettre en valeur les liens entre les est né le 8 mars 1845 à Turny-Le membres d’une même famille. Fays.

 GUILLEMOT Augustin, Constans est né le 23 novembre 1853 à Turny- le Fays. Son père est Constant GUILLEMOT charbonnier âgé de 25 ans, demeurant au Fays et sa mère est Denise Marie SIMON, 27 ans.

Extrait acte naissance de Jean-Baptiste Macaire 1845

Son père est Pascal MACAIRE âgé de 41 ans, laboureur et sa mère Savine Victorine RINCENT âgée de 25 ans demeurant au Fays.

 MILLOT Prosper est né en 1867 à Extrait d’acte naissance d’Augustin Guillemot 1853 Moutiers.

15

 AUBRAT Clodomir Désiré est né le 28 mars 1868 à Turny-Le Fays. Son père est Jean Baptiste Désiré AUBRAT âgé de 23 ans, laboureur demeurant au Fays et sa mère est Adolphine Célestine BEZANCON 21 ans. Clodomir a contracté mariage à Turny le 3 janvier 1900 avec Marie Clémence RINCENT.

 BEZANCON Célestine est née le 30 juin 1847 à Turny-Le Fays de Etienne Célestin BEZANCON, laboureur, demeurant au Fays et de Caroline SIMON. Elle est cousine avec Appoline BEZANCON. Ils ont les mêmes arrières-grands-parents Georges Alexis BEZANCON et Marie-Anne DAVOINE. Elle est aussi la cousine éloignée de Célestine Caroline BEZANCON car ils ont les mêmes arrières-grands-parents Nicolas BEZANCON (1741-1804) et Marie-Anne THIERRY (1733-1809).

 BEZANCON Hector né le 7 octobre 1856 au Turny-Le Fays. Son père est Jean Casimir BEZANCON, charpentier et sa mère Marie Catherine VERSIER couturière. Il se marie le 8 novembre 1881 à Turny avec Marie Eugénie VIOT. Il est le cousin éloigné de Célestine Caroline BEZANCON car ils ont les mêmes arrières grands-parents Nicolas BEZANCON (1741-1804) et Marie Anne THIERRY (1733-1809).

Arbre généalogique bgoudon site web Généanet

16

 ROBIN Emile est né le 9 septembre  RINCENT Ambroise Onezime est 1858 à Turny. Son père est Basilidé né le 16 janvier 1842, à Turny. Il est le fils ROBIN, manouvrier et sa mère Désirée de Louis Claude Ambroise RINCENT et Sidorée THIERRY demeurant au Fays. de Marie Caroline BEZANCON. Il s’est marié 28 avril 1868 à Turny avec  THIERRY Désirée Sidorée est née Victorine Sophie CHAMPROUX. Son le 27 janvier 1836 à Turny. Son père est grand-père Claude RINCENT était Louis Napoléon THIERRY, 28 ans, Bonnetier et Garde des bois de Monsieur bûcheron demeurant au Fays et sa mère est le Duc de Beauville, laboureur. Il est né en Marie Appoline ?, 29 ans. (Enfant de l’Hospice 1770 et s’est marié avec Marie Victoire Civil de Troyes; il n’y a pas de patronyme....) LESPAGNOL.

 JOSEPH Louis Denis Nicolas dit  RINCENT Charles est né le 10 avril Onésime est né le 11 mars 1838 au Fays en 1844 à Turny. Il se marie le 28 avril Turny de Sieur Louis JOSEPH, 29 ans, 1868 à Turny avec Victorine Caroline domicilié au Fays et de Victorine CHAMPROUX. Son père est Louis Claude FOURREAU 23 ans. Lui sont donnés les Ambroise RINCENT, laboureur et sa mère prénoms de Louis Denis Nicolas. Cette Caroline BEZANCON. naissance est déclarée par Marie CORGERON, 59 ans, Sage-femme  MACAIRE Evergiste Adélin demeurant au Fays.

(dit Armand) né le 25 juillet 1860 à Turny.  BOIZARD Auguste est né en 1884 Il est le fils de Evergiste MACAIRE, à Nocle Maulaix. manouvrier et de Sidonie THIERRY, demeurant au Fays.  RABY Léon est né en 1880 est à né à Mélisey.  ROBICHON Emile est né en 1876 à Chailley.  HENRIOT Jean Baptiste Léopold (Anselme) est né en 1835 à Turny. Son  HENRIOT Adelin est né en 1865 à père est Jean Baptiste HENRIOT Boeurs-en-Othe. Laboureur au Fays et sa mère Rosalie THIERRY.

 LECHAIN Louis est né en 1869 né à  CAROLINE Eugène né en 1862 à Comissey. Saint-Mars-en-Othe.

 BERLOT Ambroise Zéphirin dit Basile est né le 14 mai 1839 à Turny. Il est  BERLOT Maurice est né en 1884 à le fils de Ambroise Zéphirin BERLOT, 32 Venouse. Il s’est marié le 20 novembre ans et de Honorine PETIT, 28 ans 1909 à Venouse avec Adèle Jacqueline demeurant au Fays. JACQUINOT.

 COUILLARD Ernest est né en  BERLOT Blandus est né en 1848 à 1887 à Sormery. Vosnon. Il s’est marié avec Aline COUSIN née en 1847.

17

7. Des anciennes familles

A. Famille GOULVIN-GOBRY

Jules Léon Goulvin est l’arrière-grand-père de Régis Goulvin qui demeure toujours au Fays. Il est né le 18 mars 1875 à Coulours. Son père Pierre Goulvin est maréchal à Coulours. Jules s’est installé au Fays après son mariage, le 25 avril 1900, avec Hortense Gobry née en 1879 à Turny. Il exerce le métier de maréchal-ferrant avec son beau-père Désiré Gobry. Sa fonction principale est de ferrer les chevaux. Il prépare aussi le ferrage des roues des charrettes et fabrique des outils en métal sur sa forge.

Une photo de son mariage est prise en 1920, devant la maison familiale située Grande rue au Fays (actuelle rue des puits).

Mariage de Jules Goulvin et Hortense Gobry au Fays en 1920

Le père d’Hortense, Désiré Gobry est lui aussi maréchal- ferrant domicilié au Fays. M. Gobry exerce également le métier de taillandier comme l’indique une lettre qui est adressée avec une facture de son fournisseur en date de 1910. Le taillandier est un forgeron spécialisé dans la confection des outils tranchants consistant à fabriquer des ciseaux, cisailles, haches...

Enveloppe du fournisseur Burton Fils à M. Gobry Taillandier et Maréchal au Fays 1910 19 18

B. Famille BEZANCON, au Fays depuis 1666

Eugène Maximilien Bezançon est né au Fays le 29 janvier 1866.

Il s’est marié à Lasson avec Lucie Berthe Cassemiche, le 22 octobre 1878. Il est cultivateur au Fays, recensé comme tel en 1911. Eugène Maximilien, de la classe 1886, est mobilisé à la guerre de 14/18 sous le numéro de matricule 704.

Le couple a 3 enfants : Georges Gaston Bezançon, né le 8 mars 1905 au Fays qui devient cultivateur. Henri Bezançon, né en août 1906 au Fays., également cultivateur. Gilbert Maxime Bezançon, né le 10 février 1908 au Fays, marié à Olga Gourmand le 10 février 1930 à Turny. Olga est née le 25 juin 1911 à Chéu. Gilbert, cultivateur et Olga ont 6 enfants.

Une de leurs filles, Gisèle Bezançon, épouse Santandreu, vit encore au Fays ainsi que ses enfants.

Gilbert Bezançon, Olga née Les Bezançon sont installés au Fays depuis plusieurs Gourmand et leurs enfants au Fays en 1943 générations. On retrouve la trace de leur ancêtre Claude Bezançon né le 29 juin 1666 à Turny, laboureur au Fays. Claude s’est marié le 19 janvier 1694 à Turny avec Anne Villain née vers 1668 à Turny. Il meurt en 1742 au Fays. C’est donc toute une lignée familiale qui a vécu et vit encore au Fays.

Il s’agit de la plus ancienne famille du FAYS dont les descendants résident encore dans le hameau.

Baptême (Extrait du registre paroissial de Turny 1666) Le 29 juin 1666, a été baptisé par moi Claude Bezançon, fils de Pierre Bezançon et de Jeanne Maudier en présence de Claude Corgeron et de…(illisible)

19

8. Les guerres du 20ème siècle

A. La Grande Guerre de 14/18

Tous les hommes du Fays âgés de 20 à 49 ans sont mobilisés le 2 août 1914. 29 hommes du hameau, âgés de 20 à 49 ans, soit 25 % des habitants et 60 % de la population masculine quittent leurs familles en 1914 et ne rentrent qu’en 1918 ou 1919. Pendant Livret militaire de Jules GOULVIN quatre ans, les femmes, enfants et personnes âgées vont faire vivre leur famille sans les hommes actifs. Trois d’entre eux sont Morts pour la France.

B. Hommes du Fays mobilisés Classe 1902 Classe 1885 Classe 1891 DELAIT Pierre 721 (49 ans en 1914) LORNE Louis 554 DAVOINE Paul 55 HENRIOT Adelin DELAIT Louis 554 matricule n° 466 MOREAU Georges 702 Classe 1904 PAILLERY Octave 431 BOIZARD Auguste Classe 1886 PAILLERY Camille 580 BERLOT Maurice 507 BEZANCON Eugène 704 VEAU Achille 559 Classe 1887 Classe 1907 MILLOT Prosper 559 Classe 1894 COUILLARD Ernest 560 CHAUME Léon 248 Mort pour la France le Classe 1888 02/10/1914 AUBRAT Clodomir 627 Classe 1895 GOULVIN Jules 774 Classe 1910 Classe 1889 MILLOT Armand 380 LECHAIN Louis Classe 1896 Mort pour la France le RINCENT Alfred 219 25/08/1914 Classe 1890 ROBICHON Emile 187 CORGERON Elie 172 Classe 1912 Classe 1897 PATHY Eugène DAVOINE Henri 55 THIERRY Flavien 343 BERLOT Henri 507 Mort pour la France le 24/02/1917 Classe 1900 RABY Léon Classe 1914 (20 ans en 1914) Classe 1909 MILLOT Georges 559

KLEIN Joseph

20 Registre militaire d’Eugène BEZANCON

C. La Seconde Guerre mondiale de 39/45

La mobilisation La Wehrmacht à Turny Le 2 septembre 1939 est ordonnée la Des soldats de la Wehrmacht s’installent dans le café mobilisation des armées et de tous les du bourg de Turny et font flotter le drapeau nazi. Ce français soumis aux obligations militaires. sera le cas dans les différents villages alentour. L'état de guerre en 39 a entrainé la (Patrick Moreau). Le Frontstalag 150, camp de mobilisation générale des hommes de 20 prisonniers géré par les Allemands est créé à Saint- ans à 47 ans. 4 700 000 hommes sont Florentin. Les gares des villes d’Auxerre, Sens, mobilisés soit 11,4 % de la population. et 15 autres communes sont bombardées par L'Allemagne nazie envahit la France, la les Allemands début juin 1940 causant de nombreux Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas le dégâts et morts. 10 mai 1940. Les Allemands entrent le 15 mai 1940 à Joigny, à et à Auxerre. L’exode Le 15 juin 1940, le préfet de l’Yonne, Le 12 juin 1940 le garde-champêtre de la commune donne l’ordre de réquisition, à la demande aux habitants de Turny de rejoindre la zone demande des autorités allemandes, des libre au sud. C’est l’exode et les familles du Fays animaux bovins, ovins, porcins, chevaux, partent sur les routes pour tenter de rejoindre la zone voitures automobiles et logements. libre. Le 15 juin 1940, les troupes allemandes envahissent le département par le nord. Les avions allemands mitraillent les routes encombrées de civils réfugiés du nord de la France ou icaunais fuyant en exode. Le bilan de ces attaques aériennes est de 930 morts dont 513 habitants de l’Yonne. (Delasselle Claude, Juin 1940 : l’Yonne sous les bombes, Yonne Mémoire, n° 6, mai 2001).

Rencontre Pétain-Goering à Journal Le Bourguignon 30 août 1940 Le lundi 1er décembre 1941, le maréchal Pétain rencontre le maréchal Goering, représentant du Reich Le Fays en zone occupée en gare de Saint-Florentin-Vergigny. Le maréchal Le Maréchal Pétain forme un nouveau Pétain déclare au journal Le Bourguignon : "Je gouvernement et obtient les pleins pouvoirs garderai toujours le souvenir de cette rencontre qui le 10 juillet 1940. Le 22 juin 1940, la m’a fait infiniment plaisir". France signe l'armistice avec l’Allemagne. Les Allemands mettent en place toute une série de mesures pour limiter sur le territoire la circulation des personnes et des marchandises et le trafic postal entre deux grandes zones délimitées par la ligne de démarcation qui sépare la zone sud où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands. L'Yonne, département rural, peu densément peuplé mais parcouru par d’importants axes de communications est en zone occupée.

L’Illustration décembre 1941 21 Rencontre Pétain/Goering à Vergigny

Maquis de Libération-Nord Après le choc de l'invasion et de l'occupation allemande qui entraîne des réquisitions massives de produits agricoles et du cheptel ainsi que des réquisitions de main d’œuvre, la résistance de l'Yonne s'organise difficilement. Le mouvement Libération-Nord se développe dans l’Yonne, de juin 1943 à septembre 1944. La forêt d’Othe et les villages aux alentours du Fays sont directement impliqués dans le conflit. Arrivé dans l'Yonne durant l'été 1943, Jean Chapelle " Verneuil ", devient responsable militaire de Libération-Nord. Il s'agit de créer un puissant maquis qui devienne une unité combattante, intégrée dans les plans stratégiques de la libération du territoire.

Résistance autour du Fays La région choisie est la partie centrale de la forêt Le maquis Horteur en forêt d’Othe d'Othe, autour de Chailley, à la limite des départements de l'Yonne et de l'Aube. Le 12 juin Le ravitaillement des maquisards s’effectue 1944, les maquisards s'installent provisoirement auprès de fermes attitrées et en particulier celle dans le bois des Fourneaux, près du hameau du de la famille Mathieu à la Rue-chèvre. Le 23 Vaudevanne. Le nouveau maquis reçoit le nom juin 1944, sur la route du hameau de la Rue- « d' Horteur » et Emile Laureillard, adjoint de chèvre à la Coudre, Marcel Mathieu, fermier, " Verneuil ", prend le commandement du maquis. et son fils Maurice ainsi que Henri Bourgoin Le 22 septembre 1943, il est cantonné dans les bois sont fusillés par les allemands pour avoir aidé du Fays en attente d’un parachutage destiné à un groupe de résistants. Une plaque est posée ravitailler le maquis (témoignage Maurice Mulot). en leur mémoire. Le même jour, les allemands L'objectif du maquis Horteur est de créer une investissent Chailley, rassemblent les habitants " forte base de ravitaillement et d'armement ". et 29 otages devant un mur de la rue des Georges Mulot, patron de la laiterie de Chailley, fossés. Ils massacrent 4 chaillotins et 3 organise le ravitaillement et son domicile sert de maquisards prisonniers de Saint-Mars-en- " boîte aux lettres ". Son fils Maurice est arrêté le Othe. Le maquis Horteur est l'objet d'une 22 septembre 1943, sur dénonciation, pour avoir attaque importante, dans le cadre d'un plan ravitaillé le maquis Horteur. Il est déporté à d'action de la Wehrmacht qui a pour objectif Dachau et libéré par les Russes en 1945. Raoul d'anéantir tous les maquis de la forêt d'Othe Dubois, qui fut maire de Turny, fait partie des afin qu'ils ne puissent menacer les liaisons résistants du mouvement Libération-nord (Musée de la Résistance). nécessaires avec le front de Normandie. (Joël Drogland, " le maquis Horteur ", in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004). La répression allemande La Wehrmacht mène une attaque d’importance La libération contre les maquis de la forêt d’Othe le 20 juin Saint-Florentin et les villages alentours sont 1944. Arces est investi par les Allemands le 22 juin libérés le 23 août 1944 par les FFI avec l’appui 1944 qui trouvent des armes et arrêtent 7 de la 3ème armée américaine venant de personnes. Le 23 juin, 3000 Allemands s'en Normandie. prennent au groupe Horteur. L'avant-veille, le chef de la Gestapo de l'Yonne était arrivé inopinément Le 4 septembre 1944, le département de au Vaudevanne pour y arrêter le Commandant l’Yonne est entièrement libéré. Verneuil qui avait juste eu le temps de s'enfuir et gagner les bois. 22

9. La vie au Fays au siècle dernier

Après la cueillette des pommes, un pressoir ambulant La fête du Fays intervient dans les fermes et presse les pommes à cidre. Certaines fermes du Fays disposent de leur propre Une grande fête est organisée au Fays chaque pressoir. Le marc de pomme résiduel est distillé pour année en septembre. Des baraques sont montées faire de l’eau de vie appelée « goutte ». Le droit de avec le chamboule-tout et le tir à la carabine. distillation est autorisé pour un certain volume d’eau de Des jeux sont organisés comme la course en vie par personne et par an. Il est donné aux personnes sabots pour les enfants, se souvient Jean-Paul propriétaires de pommiers. Par ordonnance de 1960 ce Plançon. privilège est supprimé. En 1898 on recense 1000 Un grand bal est organisé sous un chapiteau noyers, 300 cerisiers et 6000 pommiers à cidre dans installé dans la cour de l’école. La salle toute la commune. municipale accueille les villageois autour de la buvette.

Les bois Le bureau de vote Les bois du Fays appartiennent en 1834 à Dame Dans le bâtiment situé à droite avant l’école, se Bénigme Augustine Françoise Letellier de Montmirail, trouve au rez-de-chaussée la salle municipale. duchesse de Doudeauville. Les habitants de Turny ont Elle sert de bureau de vote pour les habitants droit d’usage et de pâturage dans la forêt « dite de du Fays et du Saudurand. C’est le 8 novembre Saint -Pierre ». Par jugement de 1835, à la demande de 1885 que le conseil municipal de Turny sous la la municipalité de Chailley, les bois sont restitués aux présidence du maire M. Paillery, considérant communes. Le découpage est fait par M. Darnay,  que le hameau du Fays est distant de 8 arpenteur en 1858. En 1850, les bois et forêts occupent km du bourg, 635 hectares essentiellement au nord de la commune.  que le nombre des électeurs de ce Les essences le plus répandues sont le charme, le hêtre, hameau réuni à ceux du Saudurand est le bouleau et le tremble. de 89, demande qu’un bureau de vote soit établi dans Bois de TURNY le hameau du Fays pour les électeurs des deux hameaux. Il est fermé en 1966. Le FAYS

La vie agricole Les vignes Avant la révolution, on plante des vignes sur les côteaux du Fays. En 1811, la surface de la vigne cultivée est de 160 hectares produisant 60 hectolitres par hectare. Mais en 1898, cette culture est décimée par le phylloxera. L’annuaire statistique du département de l’Yonne de 1938 indique que « les crus sont médiocres ».

Les pommiers Les plantations de pommiers cidre tiennent une place importante au 19ème siècle. Source : Les bois de Chailley Imprimerie H. Descaves 1893 23

Les cultures On cultive la pomme de terre abondamment. Elle concourt à l’alimentation du bétail pendant l’hiver. Le froment peut y rendre 13 hectolitres à l’hectare. A la lisière la forêt d’Othe, sont cultivés la luzerne et le trèfle. Avant le 14 juillet débutent les moissons. On commence par les orges, puis l’avoine qui sert à l’alimentation des chevaux.

Le bétail L’élevage est important : vaches pour le lait et la viande, moutons pour en tirer la viande et la laine, porcs, volailles. En 1872 à Turny, sont comptabilisés : 193 chevaux, 5 ânes, 586 bovins, 250 ruches, 1266 moutons, 111 cochons, 86 chèvres, 73 chiens, 5283 volailles.

Le matériel agricole Le matériel agricole évolue vers la fin du XIXème siècle. Peu d'exploitants peuvent profiter de cette nouvelle technologie pour soulager leur difficile labeur en raison du coût important de cet investissement. Le cheval de labour est encore utilisé en majorité pour les travaux de la ferme tout au long de ce XIX ème siècle et au début du XXème siècle. Les premières machines à battre apparaissent seulement à Turny dans les années 1880. Les faucheuses arrivent en 1890 et enfin les premières moissonneuses en 1898. La moisson au pied du Fays

Les battages La moissonneuse lieuse est un vrai progrès. Elle coupe, couche les épis à l’arrière qui tombent sur un tapis roulant avant d’être transformé en bottes. Il faut alors les rassembler, les disposer de manière à ce que les épis sèchent au soleil, sous forme de meule. Les femmes et enfants Le bétail sont mobilisés. Une fois mûrie de cette façon on L’élevage est important : vaches pour le lait et la viande, moutonsrentre la pourmoisson en tirer à la laferme viande pour et la mettrelaine, porcs, à volailles. Chaque famille élève, pour sa consommation personnelle,l’abri. Les poules chevaux et lapins.tirent les Les charrettes chevaux et ont les une place de choix puisqu’ils sont indispensables aux travaux desgerbes champs. de blé L sontes fermes montées ont à leur la fourche écurie. dans les greniers. Femmes et enfants sont à la tâche. A la Le matériel agricole fin du mois d’août, le battage dure deux Le matériel agricole évolue vers la fin de ce XIXème siècle.semaines. Mais Chacune peu d'exploitants à leur tour, peuvent les fermes profiter de cette nouvelle technologie pour soulager leur difficilereçoivent labeur le en battoir. raison du coût important de cet investissement. Le cheval de labour est encore utilisé en majorité pour les travaux de la ferme tout au long de ce XIXème siècle et au début du XXème siècle. Les premières machines à battre apparaissent à Turny dansLa photo les années ci-dessus 1880. montre Les faucheusesla batteuse de arrivent M. Combes en 1890 de Chailley et enfin achetée les premières en 1903 moissonneuses et qui vient au enFays. 1898. (NoticeLe tracteur sur l'agriculture doté d’une de Verrolot énorme d'AMBLY poulie d’e– 1835)ntrainement située sur un des côtés du moteur entraine toute la machinerie. Tous les habitants du hameau s’entraident car il faut beaucoup de bras pour cette entreprise.

24

Le lin et le chanvre Derrière la maison familiale des Goulvin-Gobry, se trouve encore un bac à rouire qui sert à laver le lin. Le lin est cultivé au Fays et à proximité. Le lin est une plante qui pousse un peu comme de l’avoine et qui donne une fibre couramment appelée «fil»; la particularité du lin est que la fibre entoure la tige. Il y a donc une paille centrale qui doit être extraite et c’est la fonction du rouissage. Pour rouir le lin, il faut le mettre en bottes comme du blé ou de l’avoine et ces bottes sont empilées dans de grands bacs. Une fois sec le lin est passé dans une machine où il est battu par un genre de fléau, la fibre est lavée, filée, teintée au besoin, blanchie et préparée pour le tissage. Un tissu de lin est appelé du «pur fil». Un membre de la famille exerce comme tisserand et un métier à tisser lui sert à faire de beaux draps en lin. La culture de chanvre est développée au Fays et sert à au tissage également.

La plantation des sapins Au milieu du XXème siècle les exploitants forestiers font arracher les charmes pour planter des sapins destinés à la fabrication de pâte à papier. Deux familles d’origine espagnoles s’installent dans des cabanes dans la forêt d’othe. Les enfants Ambrosio sont scolarisés à l’école du Fays. Ies bûcherons arrachent les anciens arbres et plantent un à un les sapins qui font la particularité des bois situés à la sortie du Fays.

Le téléphone

Téléphone mural 1942

En 1942, le téléphone est installé à la Mairie de Turny. Puis un poste téléphonique public est posé dans la salle municipale du Fays à destination des habitants du hameau. Les habitants se déplacent pour pouvoir passer leurs communications téléphoniques, encore rares à l’époque.

L’électricité et l’éclairage En 1926 Turny reçoit l’énergie électrique. Les travaux vont s’effectuer peu à peu pour apporter l’électricité dans tous les hameaux. Au Fays, est installé un transformateur métallique situé vers l’école. Ce n’est qu’en 1964 qu’est installé l’éclairage public.

Premier transformateur électrique du Fays situé devant l’école 25

L’eau potable S’il est des lieux où l'eau abonde et favorise l'implantation de l'habitat, ce n’est pas le cas du Fays. L’endroit est aride, l'eau peu abondante. Les puits doivent être creusés jusqu'à 50 m de profondeur. Il existe des citernes chez des particuliers et il y a deux mares publiques. Rien n’est plus normal, de nos jours, que d’avoir l’eau courante. Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore au Fays, les enfants sont de corvée d’eau qu’ils tirent des puits communaux ou Le dernier puits public du Fays privés. Lors des sécheresses, plus que partout ailleurs sur la commune, le village du Fays souffre d’un manque d’eau important. Le 9 août 1936, le conseil municipal demande à adhérer au syndicat d'adduction d'eau potable de Saint- Florentin, en vue d'équiper les foyers de ce précieux service. Cette demande est renouvelée et définitive le 27 septembre 1942. En 1956, le 13 septembre, le Fays reçoit l'adduction d'eau, à partir du captage de la source « la queue de pelle » provenant de Sormery. Un château d'eau est installé au Fays. La pose des dernières conduites d’eau potable sur la commune date de 1967.

L’affouage L’affouage vient du verbe ancien « affouer » c’est-à-dire « chauffer ». C’est un droit né au XVIIème siècle. Le code forestier de 1827 permet à un conseil municipal de réserver une partie des bois de forêt communale pour l’usage domestique des habitants. L’affouage existe toujours dans la commune de Turny.

L’eau de vie

Chaque propriétaire d’arbres fruitiers a le droit de distiller chaque année une partie de sa récolte. Ce privilège de bouilleur de cru se transmet de génération en génération jusqu’en 1959. Le bouilleur de cru ambulant, habilité à produire l’eau de vie, installe son alambic près de la mare pendant une semaine et chacun vient avec ses fruits à distiller et le bois pour assurer le chauffage de l’alambic. L’eau de vie est conservée un certain temps en fût avant d’être mise en bouteille.

Carte postale d’un alambic

26

10. L’école du Fays

Construction en 1846 Les registres du conseil municipal indiquent que la construction d'une école au hameau du Fays est décidée dès le XIXème siècle. Nouvelle école mixte en 1911 (1846-1848) Le conseil municipal décide que l’ancienne maison d’école construite en partie sur le chemin de grande L'école du Fays est justifiée en raison du communication n° 220 doit être démolie. trop grand éloignement du bourg. Le Ministre de l’instruction publique promet une Le 12 août 1894 le conseil municipal subvention par dépêche du 20 février 1905 qui est attribue à l’institutrice Melle Perron de fixée à 5 616 francs. Le montant total de l’achat, l’école du Fays un supplément de traitement travaux, aménagement et mobilier scolaire est fixé de 200 francs. à 16 226 francs soit 10 610 francs à la charge de la commune, financé par un emprunt. Par délibération du 10 décembre 1904, nous apprenons que les élus municipaux L’autorisation préfectorale autorisant la destruction de approuvent l’acquisition, pour la somme de cette première école intervient le 7 février 1911. quatre mille six cent francs aux héritiers Après une vente aux enchères publiques le 12 mars Simon Benoni, d’une maison destinée à 1911, le bâtiment est vendu 400 francs à un maçon de devenir une école mixte au Fays. la Rue-Chèvre.

Par acte notarié du 19 mars 1905 de Maitre Saffroy, notaire à Venizy, l’immeuble est acquis.

Yves Bezançon Gisèle Bezançon

Régis Goulvin 27

Le dernier instituteur Le dernier instituteur est M. Plançon. Il est affecté à l’école de Chailley, à la fermeture de l’école du Fays. Il demeure au Fays jusqu’à la fin de sa vie, dans une maison située en face de l’école.

Cet instituteur, M. Plançon, reste encore présent dans la mémoire locale. Il exerce « à l’ancienne », n’hésitant pas à remettre sur le droit chemin les enfants avec des méthodes musclées. Les oreilles des anciens élèves s’en souviennent. L’enfant rebelle porte un « bonnet d’âne » en tissu et reste sans bouger au coin de la classe. Les enfants participent aux « travaux » : port des bûches de bois, enfournage du poêle de la classe unique, ramassage et séchage des fleurs des tilleuls de la cour…

L’instituteur est logé au premier étage d’une maison M Plançon, dernier Instituteur au Fays, jouxtant l’école, et au rez-de-chaussée se trouve la dans sa classe salle municipale.

Pendant un siècle, les enfants des familles du Fays sont scolarisés dans l’école du hameau. En témoignent quelques photographies touchantes page 27. Munis de leur certificat de fin d’études primaires, les meilleurs élèves partent poursuivre leur scolarité au cours complémentaire à Saint Florentin.

Fermeture en 1966 Avec le dépeuplement et le vieillissement de la population du hameau, cette « nouvelle école mixte » du Fays fonctionne avec de moins en moins d’élèves. Elle est fermée en 1966.

Logement de l’instituteur au 1er étage et salle municipale au rez-de-chaussée

Salle de classe

Jean-Paul Plançon, fils de l’instituteur, dans la cour de l’école du Fays. Au fond le bâtiment de la classe unique, à droite l’appartement de l’instituteur au premier étage, la salle municipale au rez-de-chaussée. 28

11. La mare et le lavoir

La mare Le 25 août 1904, il est indiqué dans des archives municipales, qu’outre les citernes particulières, les puits profonds de 50 mètres, le hameau n’est alimenté que par deux mares publiques. La plus importante est alimentée par les eaux de pluie et de ruissellement. Elle ne conserve plus l’eau et la sécheresse estivale a pour conséquence une disette dont les habitants souffrent. Le conseil municipal de Turny décide donc de construire un radier en béton dans la partie basse de la mare en face du lavoir avec des murs en pourtour afin d’empêcher les infiltrations qui se produisent. Un plan de M. Courtois, Architecte à Tonnerre est exécuté et un devis effectué. Les travaux se montent à 2 875 francs, honoraires de l’architecte compris sachant que les habitants ont la charge de la vidange de la mare. Les commerces Le hameau du Fays n’a jamais connu de commerces. Quelques souvenirs Le lavoir d’anciens évoquent un café, épicerie Le lavoir est utilisé par les femmes du pays. Régis Goulvin avec un billard qui aurait été tenu par le se souvient du linge bouilli dans la grande lessiveuse dans « Grand Rincent » dans la maison située laquelle on jette la cendre en guise de lessive. Puis les aujourd’hui 22 route de la forêt d’Othe. femmes transportent leur linge en brouette en bois jusqu’au lavoir, munies de leur savon de Marseille, de leur Alain Charlot, apprenti boucher à battoir en bois. Le sol du lavoir est en pierre et les femmes Chailley, se souvient des tournées faites posent leurs genoux sur le « porte genoux » en bois. Le au Fays, dans les années 1960, tous les bord en pierre du lavoir est prolongé par une barre oblique samedis matins. La Boucherie Bourgoin, en bois qui permet aux femmes de battre leur linge dans avec son camion tube, vient jusqu’aux l’eau, de le frotter avec le savon de Marseille, de le rincer années 1970, ravitailler les habitants en dans l’eau claire de la mare. C’est le moment des viande et charcuterie. bavardages entre femmes et les enfants qui les accompagnent jouent tout autour.

L’abreuvoir L’espace réservé au lavoir est séparé par un mur en radier de l’abreuvoir réservé aux animaux qui viennent y boire. L’ancien abreuvoir est recouvert de roseaux actuellement.

Camion livraison Boucherie Bourgoin 29

Mes souvenirs de la mare du Fays dans les années 60 par V. Battut

“ « J’étais souvent en vacances chez mes grands-parents Germaine et Marcel qui habitaient Chailley. A l’époque, dans les années 1960-65, nous avions une grande liberté. Nous pouvions partir en randonnées en vélo sans crainte des voitures encore peu nombreuses et nous circulions à toute allure sur les petites routes de campagne d’un village à l’autre, dans un grand sentiment de liberté. La mare du Fays est un de nos objectifs de balade. Il faut beaucoup d’efforts pour atteindre le point culminant de la forêt d’Othe au-dessus du village de Chailley, le hameau du Fays. On emprunte avec mes cousins la route qui monte raide en laissant la Chapelle du Haut-Bouton dite « Chapelle de la Bonne Mort » sur notre droite. On dépasse les carrières dites « Perrières »et les champs en contrebas soignés de près. Puis la route se retrouve cernée par les sapins et les hêtres. La forêt devient de plus en plus dense. Les fougères envahissent les fossés. On pédale. A droite un chemin conduit à la cabane de chasse. C’est là que mon grand-père Marcel part festoyer avec ses amis. Interdit aux enfants. On commence à fatiguer. Les jambes sont lourdes. Mais il faut tenir car le but est proche. La pente se fait moins forte. L’orée du bois laisse pointer le jour. La forêt s’éclaire. Des billes de bois coupés se serrent sur le bas-côté. Les cultures vont à nouveau apparaître. Le vélo accélère. Et puis à gauche, un saule. Un beau saule comme dans les livres. Un petit lavoir ancien qui borde le plan d’eau. Ca y est on atteint notre objectif : la mare. La mare du Fays. Un espace d’eau verte et claire avec ses roseaux bruns. On dépose nos vélos sur le bord. On s’assoit et on regarde. C’est le moment de reprendre notre souffle. On est au bout du monde. Une mare au-dessus de la forêt à 3 kilomètres de Chailley. Nous entendons les crapauds qui croassent. Des grenouilles vertes qui sautent. Des petits poissons viennent respirer à fleur d’eau. Une vie incroyable. On ne s’intéresse pas aux sauterelles aujourd’hui car on vient pour eux : les têtards. Je sors de ma poche un petit pot en verre avec un bouchon qui se visse. Il va nous falloir attraper ces espèces animales, les emprisonner dans notre pot, avec le but d’en ramener quelques-uns vivants et puis attendre qu’ils grandissent pour les voir devenir grenouille. Il faut s’approcher de la berge sans glisser. On aperçoit les très nombreux têtards qui filent vite lorsqu’ils sentent notre présence. On plonge le bocal ouvert pour prendre l’eau et les têtards les moins rusés. Il faut de nombreux essais mais au bout d’un moment, quelques- uns se laissent piéger. On referme vivement le bocal. Il faut voir leurs mouvements effrayés avec leur grosse tête et leur queue noire. On pense à leur ajouter de la nourriture. Nous cueillons des herbes encore gluantes et les glissons délicatement dans le bocal. Nous redescendons dans la vallée avec notre bocal rempli. C’est un moment formidable car nos vélos nous portent toute la route sans que nous ayons un coup de pédale à appuyer. Il faut juste contrôler la vitesse à l’aide des freins qui grincent. Une descente de trois kilomètres avec des têtards dans un bocal c’est un moment de liberté formidable. Il ne faut pas s’arrêter pour ne pas perdre trop de vitesse. Le vent dans le visage, les kilomètres défilent trop rapidement. Déjà on aperçoit le clocher de la mairie de Chailley et les premières maisons. Il faut freiner. Ça grince très fort. Je décide de garder le bocal pour voir les têtards grandir. Je les porte chez ma grand-mère Germaine. Elle m’explique qu’ils ne pourront pas vivre hors de leur mare naturelle. Ils ne deviendront jamais grenouille si on ne les libère pas. Que faire ? Je décide d’attendre le lendemain avant de décider du sort de ces bêtes. Le lendemain avec mes cousins, considérant que les têtards avaient déjà perdu de leur vivacité, nous décidons de les relâcher. Mais où ? Vraiment la mare du Fays c’est loin, c’est très haut. Nous sommes épuisés de notre randonnée et nous ne voyons pas recommencer le lendemain. Nous avons un autre endroit où nous allons pécher ou jouer avec des bouts de bois. Il s’agit du ruisseau qui serpente entre Chailley et le Vaudevanne. Nous partons avec notre bocal et nous délivrons les bébés grenouilles dans le ruisseau. Nous ouvrons le bocal et laissons ces batraciens en devenir dans l’eau claire du ruisseau. Une question nous taraude : sauront-ils retrouver le chemin de la mare du Fays, leur vraie maison ? Nous n’en doutions pas vraiment !

La mare de mon enfance existe toujours. Mais les grenouilles, les têtards, les poissons, les crapauds, les libellules, les sauterelles et les papillons ont disparu. Il y a moins d’eau et plus de vase. Un tapis de milliers de petites lentilles vertes recouvre la surface. Elles empêchent la lumière d’atteindre le fond et gêne l’activité des micro-organismes. Disparaissent le plancton, les plantes, les insectes, le milieu s’appauvrit et la vase tapisse le fond. La faute à qui ? Aux pesticides et aux engrais agricoles qui sont entrainés par les eaux de ruissellement ? Aux assainissements des habitations ? Au radier en béton qui n’est plus adapté et qui fait stagner l’eau ? A l’insuffisance des eaux de ruissellement et de pluie du fait la sécheresse ou de drainages des terrains ? En fait à des raisons multiples qui mériteraient une étude approfondie. Ce magnifique espace, haut lieu du Fays, point de rencontre de toute une jeunesse à travers les années, point de visite des touristes, mérite d’être protégé. Il a été créé par l’homme dans un hameau qui n’a pas de source et connaissait des problèmes d’accès à l’eau. Il a servi à plusieurs générations d’abreuvoir pour les animaux, de réservoir, puis de lavoir. Aujourd’hui, il est parfois utilisé comme réservoir pour les pompiers. J’aimerais qu’il soit l’objet de toute notre attention et de nos soins. Mon vœu est qu’on prenne conscience qu’il nous appartient à tous de préserver ce témoignage de notre histoire locale et la beauté du lieu. Que vivent longtemps la mare et le lavoir du Fays »

30

12. L’arbre de la liberté

La tradition des « Mais » Au cœur du hameau est planté l’arbre de la liberté. Dans l’Yonne, c’est à partir de en 1792 que les plantations débutent comme symbole de la Révolution. Cet arbre renoue avec la tradition rurale des anciens « Mais » qui célèbre le passage de l’hiver au printemps, planté dans la nuit du 30 avril au 1er mai, décoré de lauriers et de fleurs. La date de naissance de l’arbre de la liberté est le 1er mai 1790, faisant ainsi le lien entre le « mais » et la révolution. C’est l’occasion d’une fête civique et à partir de cette date ce sont plus de 60 000 arbres qui sont plantés en France en deux ans.

Témoin de la révolution En 1793, la première loi est adoptée. La convention nationale décrète que dans toutes les communes de la République française où l’arbre de la libération a péri, il en est planté un d’ici au premier germinal. Elle confie cette plantation et son entretien aux soins des bons citoyens afin que dans chaque commune l’arbre de la liberté fleurisse sous l’égide de la liberté française ». Contrairement au « mais », cet arbre doit être planté avec les racines comme un témoin vivant de la révolution, à travers les siècles.

On peut supposer que le premier arbre de la liberté du Fays est planté en 1793. Toutefois, la plupart des arbres de la liberté sont arrachés entre 1815 et 1849.

Mais, des nouvelles plantations sont faites, faisant perdurer ce symbole et prouvant sa popularité. Arbre de la liberté au centre du hameau du Fays Plantation en 1793 puis 1893 Le bulletin communal n°53 de février 2008 indique sous la signature de Gisèle Gorgeron, conseillère municipale de Turny « L'arbre de la Liberté au Fays a subi en août, une remise en beauté. Les branches mortes ont été enlevées. Il a repris une fière allure et est prêt à veiller encore de longues années sur le hameau, ce qu'il fait depuis environ 115 ans ».

Si on retourne en arrière, cet arbre de la liberté, un chêne, que nous connaissons actuellement a sans doute été planté en 1893, 100 ans après 1793. Il a donc l’âge respectable de 112 ans.

31

13. L’architecture au Fays

Avant 1830, le bâti est encore un bâti de pauvreté dont l’exemple le plus représentatif est la chaumière. Cette construction aux murs de torchis et pans de bois est basse, sans étage avec l’écurie, l’étable et la grange attenantes à la bâtisse. L’ensemble donne sur un terrain clos, nommée cour, au centre duquel trône le tas de fumier. Le bâtiment est coiffé d’un toit de chaume débordant les façades afin de les protéger des intempéries.

De 1830 à 1870 Un peu avant le milieu du 19ème siècle s’amorce une première campagne de construction liée à l’augmentation de la démographie et au désir de confort des habitants. Cette période est très productive en matière de construction. Elle se poursuit pendant près d’un demi-siècle.

Le bâti est représenté en majorité par des maisons appelées longères où la tuile remplace le chaume.

A partir de 1840, apparaissent des constructions d’un nouveau type sans étage dont la caractéristique principale réside dans la séparation du corps de logis et des bâtiments d’exploitation.

De la fin du 19ème siècle au début du 20ème siècle Une aisance s’installe localement due à l’implantation de tuileries et de briqueteries qui connaissent leur âge d’or dans la seconde moitié du 19ème siècle. La production du cidre enrichit les Photo aérienne de 1960 campagnes. En ce qui concerne le bâti, son évolution se traduit par de hautes et solides maisons et un tiers des maisons ont plus de 5 ouvertures à partir de 1889.

32

Les maisons Les maisons sont parties intégrantes de la mémoire. Elles témoignent du passé et du mode de vie d’autrefois. Leur disposition est le reflet du niveau social et économique de leurs habitants et nous renseigne sur leur manière de vivre. Chaque ferme a une histoire qui retrace la vie agricole dans le pays d’Othe. Guy Lasserre, maitre d’œuvre à Fournaudin et Gérard Millot, architecte à Auxerre ont déterminé trois sortes de maisons dans le pays d’Othe.

La maison du manouvrier Au Fays, on retrouve la maison du manouvrier, petite maison composée de 2 pièces, d’une grange, d’un grenier et souvent d’une cave. Le manouvrier loue ses services donc il n’a pas de bâtiment pour les animaux ou les récoltes.

La maison du cultivateur Il exploite seul ses propres terres. Sa maison est prolongée par des bâtiments destinés aux animaux. L’écurie avec au moins un cheval est proche de l’habitation et l’étable est situées contre ou placée en équerre.

La maison de l’exploitant Il fait appel à des manouvriers ou laboureurs pour exploiter ses terres.

L’architecture rurale traditionnelle en pays d’Othe – Amicale du Pays d’Othe – Guy Lasserre et Gérard Millot

Ce type de construction est avant tout la maison de hameau. C’est un style architectural répandu au Fays.

La longère a une façade orientée au sud et est constituée d’un simple rez-de-chaussée qui donne sur une large cour. En longueur, elle abrite sous un même toit un logis avec l’écurie, l’étable et la grange. L’importance du volume de la longère dépend de la taille de l’exploitation.

33

Le percement de la façade reste encore irrégulier, les dimensions des ouvertures dépendant de leur fonction. Les portes et les fenêtres, plus nombreuses et des plus grandes dimensions que dans la chaumière permettent une meilleure aération et plus de luminosité. Les sols en terre battue cèdent la place au carrelage.

Les murs Les murs sont montés en rognons de silex « hourdés » et enduits. Plus tard les propriétaires plus aisés plaquent sur l’enduit un parement en brique.

Grange famille Voizenet - Dessin C. Colin

Les granges

Elle occupe une place privilégiée. C’est le bâtiment le plus grand, nécessaire à l’engrangement des fourrages, céréales, paille. Les toitures des granges ont beaucoup d’amplitude et leurs surfaces sont parfois considérables. Elles doivent permettre à une charrette de rentrer.

Grange famille Santandreu – Dessin C. Colin

Le silex C’est une roche très abondante dans tous les terrains du Pays d’Othe. Le silex se présente sous forme de rognons de teinte blonde, brune ou noire entourée d’une écorce blanche. Cette roche très dure est composée de silice. Le rognon de silex est appelé ainsi à cause de sa forme plus ou moins arrondie de taille variable et est utilisé dès qu’il est extrait du sol. Il est employé en soubassement des murs, dans les fondations. Les rognons sont liés par un mortier de chaux et de terre puis protégés par un enduit fait de sable de carrière et de chaux. Le blocage de silex peut être protégé, côté extérieur par un parement de briques. La brique joue un rôle de protection et le silex sert à l’isolation. Cela donne une maison naturellement isotherme, chaude en hiver, fraiche en été. Parfois, les murs laissent apparaître les silex à nu. Les bâtisseurs assemblent avec art et patience ces milliers de cailloux pour édifier des constructions d’une grande solidité.

34

La craie La brique Elle est extraite des carrières La production des briques est très ancienne en pays disséminées dans toute la région. d’Othe alimentée par un sous-sol riche en argile et une C’est un matériau facile à travailler. forêt, pourvoyeuse de bois, nécessaire au chauffage des la pierre calcaire dure réservée à la fours. « Tuilerie » est le terme général qui définit construction forme des murs l’installation où sont produites les briques et tuiles. La homogènes. Les blocs sont taillés brique est un matériau de construction constitué provenant de carrières. La carrière du uniquement d’argile. Elle est humectée et le piétineur Fays, située à la sortie du hameau, sur obtient une matière résistante et souple. Après cette la route du Saudurand, à préparation, on passe au moulage réservé au maitre l’emplacement de l’ancien moto- briquetier. L’argile est répartie dans des moules calibrés cross, sert à l’empierrage des sans fond disposés sur une surface en bois. chemins. Les blocs calcaires destinés Après démoulage la brique est glissée sur une planchette à la construction viennent de plus et transportée sur une aire sablée pour la faire sécher. Les loin. briques sont placées à plat dans un hangar et ce séchage peut durer six mois. Puis on passe à la cuisson dans des fours alimentés par le bois ou la houille. La brique produite a une dimension de 8 cm d’épaisseur, 11cm de largeur et 22 cm de longueur. La nature de l’argile conditionne la couleur de la brique. Les parements des façades sont le plus souvent des briques posées en « boutisse ». On laisse apparent le petit côté dit la boutisse et la panneresse le grand côté. Les bâtisseurs jouent sur la disposition des briques et leur couleur pour créer une grande variété d’assemblages décoratifs qui sont un de charmes des maisons de la forêt d’Othe et du Fays. Des décors apparaissent avec des figures Mur de la maison de M. Charles géométriques : des damiers, des losanges, de triangles, des chevrons. Certains pignons sont datés avec les chiffres du propriétaire qui forment des graphismes lisibles et dessinés avec des briques.

Toutes ces réalisations montrent l’existence d’une longue tradition et la maitrise esthétique de façades appelées à être vues.

Les briqueteries les plus proches se trouvent près de Sormery ou du Vaudevanne au lieu-dit la Tuilerie. Ces fabriques disparaissent au début du XXème siècle concurrencées par l’apparition du parpaing et de la tuile mécanique.

Mur Propriété Famille Colcher Source Maisons d’hier en pays d’othe de Jeanne Martel éditions ARPA

35

Les toits Le toit en bâtière C’est un toit à deux versants avec pignons aux extrémités appelés ainsi en référence au bât des bêtes de sommes.

Le toit en pavillon à croupes franches Il compte 4 versants : deux en forme de trapèze et deux autres versants en triangle. La jonction est protégée par des tuiles creuses rondes dite faitières. Ces tuiles sont remplacées peu à peu par de bandes de zinc.

Le toit en demi-croupe On parle parfois de pignon rabattu. Il permet d’arrondir le volume général des constructions.

Toit en demi-croupe maison Colin-Battut

Les toitures

La petite tuile plate est une tuile plate rectangulaire dite « tuile de bourgogne ». C’est la forme la plus courante.

La tuile en écaille de poisson apparaît sur quelques toitures. Fabriquée en faible quantité et à la demande, c’est la tuile la plus solide mais c’est un produit de luxe. Les tuiles sont fabriquées dans les briqueteries.

Dans une époque plus récente, l’ardoise fait son apparition dans la région à l’occasion de la réfection des toitures.

Les corniches Certaines toitures des maisons du Fays sont décorées de corniches appelées aussi bandeaux. Ce sont des moulures horizontales de largeurs variables parfois saillantes et présentes sur les façades. Leur rôle est d’empêcher l’eau de ruissellement sur les murs.

36 Dessin M. Millot

Les entrées Au pays d’Othe, plusieurs types d’entrées spécifiques portent la marque du 19ème siècle. Le porteur c’est l’entrée monumentale privilégiée de fermes importantes. Le grand portail constitue l’entrée des fermes établies dans les bourgs.

Les porte-grilles

Beaucoup de maisons du Fays ouvrent sur une cour ou sur un jardin et sont séparées de la rue par un mur surmonté d’une grille.

La plupart du temps, ce mur présente deux entrées : une porte-grille à un seul battant destinée au passage des piétons et une autre à Portail entrée maison M. Seguin deux battants empruntée par les véhicules. Certaines grilles représentent un remarquable travail de ferronnerie.

Ces portes sont fixées à de gros piliers ronds couronnés ou à des piliers carrés édifiés en briques surmontés trouve une corniche en couronnement en pierre blanche.

Portail entrée maison famille Guibert

37

14. Le Fays aujourd’hui

Le Fays est toujours un joli hameau situé au nord de la commune de Turny. La forêt d’Othe, malgré les défrichements successifs, reste présente. Le panorama est large depuis ce lieu culminant. La mare et le lavoir sont préservés comme patrimoine rural. Peu de constructions neuves sont érigées. Les maisons anciennes sont toujours habitées et des rénovations sont faites au fur et à mesure, le plus souvent en gardant l’esprit initial du hameau.

Les nouveaux venus, les habitants permanents et les résidents secondaires cohabitent le plus souvent harmonieusement. Une rencontre a lieu au mois de juin depuis 10 ans, au pied de la mare et du lavoir, permettant à tous de se retrouver en convivialité autour d’un repas tiré du sac.

Les habitats les plus anciens et le lieu transmettent un esprit particulier au hameau. En témoigne la convivialité, l’entraide, la solidarité, et la persistance d’un esprit d’un hameau éloigné du bourg ayant eu la longue habitude de vivre en quasi autarcie.

Aujourd’hui, le Fays est ouvert à la modernité : routes départementales et communales, bus scolaires, téléphone portable, accès internet, paraboles, télévisions, matériels agricoles, voitures… Le confort s’installe dans les maisons qui ouvrant au sud, permettent à tous de se prélasser dès que le soleil paraît.

Les hivers sont encore rudes avec la neige, le verglas et le vent froid. Mais la déneigeuse est là, les pneus hiver pour les voitures, le chauffage central, l’électricité, l’eau courante. En un siècle, les conditions de vie ont totalement changé. Les travaux agricoles ne concernent plus que deux familles aux Fays. L’élevage intensif des poulets a remplacé celui des bovins, porcs... Les quelques chevaux sont élevés pour le loisir. Les jardins et vergers sont devenus le plus souvent d’agrément.

Par son histoire, sa localisation, son habitat, le Fays reste un hameau de caractère. Un hameau où il fait bon vivre.

38

Les 4 saisons de la mare du Fays

Bibliographie

 Annuaire statistique du département de l’Yonne 1837  État civil - Cadastre napoléonien et registres matricules 14/18 Archives départementales de l’Yonne  Registres municipaux - Mairie de Turny  Maisons d’hier en pays d’othe de Jeanne Martel éditions ARPA  Répertoire archéologique du département de l’Yonne par Max Quentin M DCCC LXVIII  Itinéraires des voies gallo-romaines de l’Yonne - Victor Petit 1851 Ed Thierry BNF  L’architecture rurale traditionnelle en pays d’othe - Amicale du Pays d’othe – Guy Lasserre et Gérard Millot  Bulletin communal n°53 - février 2008 article de Gisèle Gorgeron  Ordonnances des rois de France par M de Villevault BNF- Gallica  Les bois de Chailley - Imprimerie H Descaves 1893  Benoni Duranton - Turny 1884  Pierre Pithou - Coustumes du baillage de Troyes  Patrick Moreau « La commune de Turny » 1999 - Archives de l’Yonne  Les poilus de Turny - Cercle généalogique de Turny - V. Battut 2015  Généalogie bgoudon 2015 - Geneanet  Conférence de la coutume de Sens par M. Pelée de Chenouteau - MDCCLXXXVIL (1787)  Carte géol., 1985 Beck,  Braunstein, Philippe et Ploquin - Minières et ferriers du Moyen- Âge en forêt d’Othe - approches historiques et archéologiques 2008  Duchène - Recueil des Histoires de France  Dictionnaire topographique du département de l’Yonne 1860.  Joël Drogland, " le maquis Horteur ", in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004  Delasselle Claude, Juin 1940 : l’Yonne sous les bombes, Yonne Mémoire n° 6 - 2001

Témoignages et archives familiales  Régis Goulvin  Gisèle Bezançon  Jean Paul Plançon  Alain Charlot  Véronique Battut

Dessins et Photographies  Cathy Colin

Recherches, rédaction, mise en page  Véronique Battut

39

Le Fays d’hier à aujourd’hui

Par cette première monographie du hameau du Fays de la commune de Turny, j’espère avoir fait oeuvre utile. Vous découvrez la vie et l’histoire des habitants de ce lieu situé sur le point le plus au nord et le plus haut de la commune. Mes quelques connaissances en généalogie montrent qu’il existe une autre façon de faire de la généalogie : la reconstitution de l’histoire d’un village et de ses habitants, ce qu’on peut appeler de la micro histoire ou de l’histoire locale. J’espère que d’autres passionnés auront envie s’inspirer de cette démarche pour refaire vivre la mémoire d’autres hameaux et villages. Mai 2015

Rédaction et réalisation : Véronique BATTUT CERCLE GÉNÉALOGIQUE DE TURNY 5 € 22 route de la forêt d’Othe Le Fays Turny 89570 blog : histoirefamilles.blogspot.com