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oreina n° 8 - janvier 2010 RÉGIONS 27 Contribution à la connaissance des noctuelles du Lot-et-Garonne (Lep. Noctuidae) ● JEAN HAXAIRE Résumé : L’auteur résume les résultats de 15 années de phiques qui vont avec. A noter que le même problème typées, dans la forêt des Landes, les zones semi-inon - prospections entomologiques dans divers biotopes du demeure en Haute -Garonne, et je ne saurais que trop dées des berges de la Garonne et les terrains calcaires département, axées principalement sur la recherche des encourager les lépidoptéristes de Toulouse et d’ailleurs de la région de Fumel et de Tournon -d’Agenais (Bois de Noctuelles, de jour comme de nuit. Une liste provisoire d’entreprendre une étude similaire. Casserouge en particulier). Les étangs naturels présents des espèces récoltées est présentée et les premières Disons-le tout net, lorsque j’ai débuté mes prospections, dans la forêt des Landes sont particulièrement promet - retombées biogéographiques de l’étude sont proposées. je jugeais ce département nettement moins “intéressant” teurs (Houeillès, Sauméjan, Pindères…). Les coteaux Un très grand nombre des espèces citées sont nouvelles que les voisins, car particulièrement anthropisé et forte - calcaires devraient apporter nombre d’espèces typique - pour le Lot-et-Garonne. ment dégradé par une agriculture “envahissante”. La ment méditerranéennes et les rives de Garonne ajoute - qualité de la terre, l’absence de grand relief rendaient en ront à la liste suivante un certain nombre d’espèces Summary: The author reviews the results of 15 years of effet cette zone géographique particulièrement favorable connues seulement de Gironde. Cela signifie en clair des entomological recording from diverse biotopes within the à l’implantation de grandes exploitations agricoles, ce centaines de sorties sur le terrain dans les années Lot-et-Garonne (47). These concern in the main observa - qui est certes très intéressant pour l’économie locale, futures. tions of noctuids, by day and by night. A provisional list of mais désastreux pour la préservation de l’entomofaune. Ajoutons que quelques collègues (trop peu) ont apporté the species found is given, and a biogeographical analysis En clair, lorsque le groupe électrogène et l’équipement un petit coup de main, en venant allumer leur lampe en is presented based upon initial conclusions. A very large de prospection étaient placés dans la voiture en début de quelques points du département avec parfois la chance number of those species cited are new to the départe - week-end, la tentation était forte de pousser jusque dans du « nouveau venu ». Ainsi Georges Orhant a-t-il trouvé ment. l’Aude, et même les Pyrénées -Orientales , pour quelques le premier Archanera dissoluta (Treitschke, 1825) et le nuits passionnantes. Ce n’est qu’après deux ou trois duo Antoine Lévêque -Jérôme Barbut attrapé l’unique Mots-clés : Lepidoptera, Noctuidae, Lot-et-Garonne, bio - années que j’ai pris conscience de mon erreur d’appré - exemplaire connu pour le 47 de Cucullia xeranthemi géographie. ciation. La situation n’est certes pas idyllique, mais il Boisduval, 1840, qui plus est dans une station où je pros - existe dans ce département de nombreuses zones pecte chaque année , du printemps à la fin de l’automne. intactes ou faiblement modifiées et la faune sauvage est C’est ce genre de collaboration qui fait avancer les nettement plus intéressante que je ne l’avais présagé. inventaires et j’accueillerai tous les volontaires avec e travail a été à l’origine publié dans Finalement, j’en arrive à aimer le challenge qui consiste l’hospitalité entomologique de rigueur. une revue locale et généraliste non à faire ressortir une belle nouveauté nocturne de ce Lot- réservée à des entomologistes. et-Garonne si peu courru. Techniques de prospection Cette nouvelle version, étoffée de 78 Ce travail est une esquisse. Comme tout inventaire fau - Dans la mesure où l’inventaire concerne des lépidoptères espèces, est publiée afin qu’un maxi - nistique, il faut toujours une période d’adaptation durant presque toujours nocturnes, les techniques de prospec - mum d’amateurs de noctuelles (et ils laquelle on collecte et détermine ce que j’appelle “le tion sont les mêmes que celles que j’utilise pour ce qui sont nombreux) puisse compléter fond”. Il s’agit des espèces assez généralistes leurs cartes de répartition et profiter de mes 15 années qu’il est possible de rencontrer un peu par - de chasses dans le Lot-et-Garonne. L’article sera donc lu tout, qui se nourrissent de plantes largement Dichonia aprilina L. © J. HAXAIRE. Cpar des lépidoptéristes avertis, ce qui n’était pas le cas répandues et qui donnent les grandes carac - des lecteurs de la version initiale. Par avance je tiens à téristiques de la région. Il est ainsi possible m’excuser des détails sur les techniques de piégeage que de déterminer l’influence climatique et cela bien entendu l’abonné d’ oreina maîtrise parfaitement, constitue la première approche. Par la suite, mais qui étaient totalement inconnues aux premiers lec - l’exploration méthodique du département, la teurs. Je n’ai pas voulu tout enlever, mais j’ai réduit afin consultation des cartes géologiques et/ou de d’en venir vite à l’essentiel. végétation, et surtout la discussion avec les naturalistes locaux permettent une recherche Introduction plus ciblée, dans des biotopes nettement plus Ce travail est parti d’une constatation simple : il n’existe intéressants. A ce sujet, une collaboration pas à ce jour d’inventaire des lépidoptères du Lot-et- avec Gilles Marcoux, éminent botaniste et Garonne, alors que pour des départements voisins (Lot, très grand connaisseur de la flore du Lot-et- Dordogne, Tarn-et-Garonne) ou plus éloignés (Corrèze, Garonne (et d’ailleurs ) a considérablement Gironde, Pyrénées -Orientales), des travaux de grande accéléré mes prospections vers des biotopes ampleur ont été publiés parfois depuis plus de cinquante que j’aurais peut-être mis des années à dé - ans. Une grande lacune existait donc dans la cartographie couvrir en admettant que je les trouve . de nos papillons , ce qui bridait toute perspective d’élabo - Actuellement, il est possible de dire que le ration de carte de répartition sérieuse du grand sud-ouest fond est bien connu et j’ai débuté il y a huit de la France et de ce fait les démarches biogéogra - années l’inventaire de quelques zones plus 28 RÉGIONS oreina n° 8 - janvier 2010 constitue (et demeure) ma spécialité, à savoir mon travail et ne peut absolument pas compromettre la survie d’une 140 de recherche sur les Sphingidae du globe. population aussi locale soit-elle. 125 Le piégeage lumineux. Il s’agit d’une technique qui repose sur le fort degré d’attractivité qu’exerce une La recherche des stades larvaires. Elle nécessite une 120 112 source lumineuse sur la majorité des Hétérocères (pa - prospection botanique préalable et c’est dans ce pillons de nuit). Dans une petite note publiée dans les domaine que le collègue précédemment cité s’est révélé 100 95 90 pages de cette même revue (oreina n° 6, 29-31) , l’es - d’une aide inestimable. Les lépidoptères sont en effet 86 89 sentiel des dispositifs de piégeage a été parfaitement inféodés à des essences spéciales, parfois à une famille, illustré et je ne reviendrai pas dessus. parfois un genre et même à une espèce de plante. La 80 En général, j’utilise une ou deux lampes à ultraviolets découverte de la plante, souvent sur un terrain très par - (lampe à vapeur de mercure) alimentées par un petit ticulier, peut permettre de soupçonner la présence de 60 55 groupe électrogène et éclairant une surface blanche, en l’insecte. Il convient alors d’examiner cette plante aux général un drap tendu entre deux arbres ou deux piquets périodes où la chenille est sensée se nourrir, parfois avec en plus un drap au sol sur lequel est posé un tube même la nuit. Une simple attaque des feuilles, quelques 40 actinique à lumière noire. Les insectes se posent sur le excréments sous le végétal suffisent souvent à trahir sa 27 drap et peuvent ainsi être photographiés, déterminés sur présence. Les Noctuelles du genre Cucullia , très peu 22 place, placés dans une cage à ponte s’il s’agit d’espèces attirées par la lumière, ont été et seront systématique - 20 11 dont on souhaite réaliser l’élevage ou sacrifiés s’il s’agit ment recherchées de la sorte. C’est ainsi que j’ai pu 2 4 de spécimens entrant dans une collection de référence ajouter à notre liste les Cucullia lychnytis et C. thapsi - 0 r r s il i n t t t. t. v. ou plus simplement impossible à déterminer sur le ter - phaga , dont les stades larvaires abondaient dans la ie rie ar vr a ui ille oû p c o éc nv v m a m j ju a se o n d rain. En général, et plus particulièrement en automne, je région de Penne -d’Agenais sur les Verbascum (bouillons ja fé place au sol à la verticale des ampoules des objets per - blancs) alors que jamais je n’en ai attiré le moindre Fig. 1. Nombre d’espèces de noctuelles observées mettant aux noctuelles craintives de se cacher dès leur exemplaire à nos lampes. De même , j’ai eu la surprise durant les mois de l’année. arrivée à la source de lumière. Il s’agit le plus souvent de de trouver deux années de suite les chenilles de C. ces casiers en carton utilisés pour ranger les œufs, tanaceti à « Le Roc », Laplume sur Arthemisia absin - méthode que j’avais vu pratiquer par notre collègue thium à quelques mètres de mon piège lumineux perma - alcoolisés.