Terrain D'entente
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TERRAIN JUSTIN D’ENTENTE TRUDEAU D’ENTENTE TERRAIN JUSTIN TRUDEAU TERRAIN D’ENTENTE Justin Trudeau Titre original : Common Ground Copyright © 2014 par Justin Trudeau Publié avec l’accord de HarperCollins Publishers Ltd., Toronto Édition de langue française Copyright © 2014 Les Éditions La Presse Tous droits réservés Aucune reproduction ou utilisation d’une partie de cet ouvrage, par quelque procédé que ce soit, n’est permise sans l’autorisation écrite de l’éditeur, à l’exception de courts extraits utilisés pour des critiques. La page 375 constitue la suite de cette page de droits d’auteur. Le titre du chapitre 4 est extrait du poème de Robert Frost, Stopping by Woods on a Snowy Evening, publié par Edward Connery Lathem. Copyright 1923, © 1969 par Henry Holt and Company, Inc., réédité en 1951 par Robert Frost. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Trudeau, Justin, 1971- Terrain d’entente Publié aussi en anglais sous le titre : Common ground. ISBN 978-2-89705-265-2 1. Trudeau, Justin, 1971- . 2. Canada - Politique et gouvernement - 2006- . 3. Parti libéral du Canada - Histoire - 21e siècle. 4. Chefs de parti politique - Canada - Biographies. I. Titre. FC641.T78A3 2014 971.07’3092 C2014-942137-0 L’éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises cultu- relles du Québec (SODEC) pour son programme d’édition et pour ses activités de promotion. L’éditeur remercie le gouvernement du Québec de l’aide financière accordée à l’édi- tion de cet ouvrage par l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, administré par la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC). Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre pro- gramme de publication. © Les Éditions La Presse TOUS DROITS RÉSERVÉS Les Éditions La Presse Dépôt légal – 4e trimestre 2014 7, rue Saint-Jacques ISBN 978-2-89705-265-2 Montréal (Québec) Imprimé et relié au Canada H2Y 1K9 TERRAIN D’ENTENTE Justin Trudeau Pour ma meilleure amie, ma douce, mon amoureuse. Merci pour tout ce que tu fais, et pour tout ce que tu es. Je t’aime, Sophie. Table des matières Prologue.................................11 1. L’enfance au 24 Sussex.....................17 2. La vie à Montréal.........................72 3. Un voyage vers l’Est, un départ vers l’Ouest ..121 4. Les bois sont beaux, sombres et profonds.....151 5. Deux décisions déterminantes..............170 6. Papineau : le travail de terrain ..............200 7. La vie d’un nouveau député................238 8. Vers le leadership ........................260 9. Espoir et travail acharné ..................301 Appendice : Cinq discours choisis de Justin Trudeau . 329 Remerciements ...........................374 Crédits photographiques ....................375 Index ..................................376 Prologue ans la cuisine et le salon de notre maison, à Ottawa, il y a des photos partout. La porte du Dfrigo est un véritable collage de souvenirs qui res- pirent le bonheur vécu au cours des dernières années : Sophie entourée de tous les garçons d’honneur à notre mariage ; la première photo d’école de Xavier ; Ella-Grace qui marche en forêt avec ses grands-parents ; une image de nous quatre à Haida Gwaii lors d’un récent voyage en Colombie- Britannique avant la naissance d’Hadrien ; moi en conversa- tion avec des commettants dans Papineau ; mes frères, Sacha et Michel, et moi sur nos vélos devant le 24 Sussex ; ma mère, Margaret, souriante, avec ses petits-enfants. Toutefois, le cadre que je ne manque jamais de remarquer comporte un montage de trois photos offert par un ami. Elles ne font pas qu’évoquer des souvenirs, elles racon- tent une histoire. Sur la première photo, on voit un homme à l’arrière d’un canot en aluminium, pagaie en main et tout sourire. Le canot franchit des rapides et l’homme surveille le petit gar- çon assis à la proue qui manie la pagaie d’une façon qu’on 11 TERRAIN D’ENTENTE pourrait qualifier de prometteuse. Cet homme, c’est mon papa, et le petit garçon, bien sûr, c’est moi. C’est une douce journée de printemps. Le sourire de mon père semble expri- mer une profonde satisfaction. En fait, je crois que c’est le cas, car il me fait accomplir un rite de passage ; un rite qu’il allait d’ailleurs imposer à tous ses garçons. Chacun de nous – Sacha, Michel et moi – a franchi ces rapides avec papa. Nous savions à peine marcher lorsque papa nous a mis une pagaie dans les mains et nous a initiés aux techniques du canotage. Sous son œil attentif, nous avons dû traverser les rapides du déversoir du lac Mousseau, dans les collines du parc de la Gatineau. Pas question de se contenter d’une descente tranquille : mon père tenait à ce que nous relevions un défi, à ce que nous participions à la descente, à ce que nous contribuions à garder le contrôle de l’embarcation, ne serait-ce qu’un peu. Sur la deuxième photo, on voit deux hommes à bord d’une embarcation gonflable sur des eaux beaucoup plus tumultueuses que sur la première. En fait, ils franchissent des rapides réellement périlleux. Le plus âgé des deux, la barbe hirsute, est à l’avant de l’embarcation, sa pagaie de kayak en travers des jambes. Il semble à la fois excité et alarmé par l’angle dangereux du bateau et les eaux traîtresses qui l’entourent. L’homme plus jeune est à la poupe. Il paraît concentré à éviter les gros rochers avoisinants. Ce sont les mêmes personnes sur les deux photos, prises à 20 ans d’intervalle. Sur la deuxième, mon père savoure la balade pendant que j’assume la responsabilité de diriger le 12 PROLOGUE bateau et tous deux nous vivons intensément ce moment. Ces photos sont un témoignage touchant du passage du temps et des effets qu’il a sur nous. La troisième photo montre (ô surprise !) un autre canot. Celui-ci est rouge et luisant, il glisse sur des eaux calmes et miroitantes, et je suis une fois encore à l’arrière. À la proue, Sophie et Ella-Grace ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles et Xavier, derrière elles, a le regard curieux. La photo montre l’une des nombreuses excursions en canot que nous avons faites avec les enfants. Prise en amont de Miles Canyon sur la rivière Yukon, cette photo est d’autant plus signifi- cative qu’elle représente le dernier été où nous étions une famille de quatre, puisque notre fils Hadrien est né l’hiver suivant. La présence de mon père domine les deux premières photos, et j’aime croire qu’il est aussi sur la troisième, mais par l’esprit cette fois. Son amour de la nature et du canot était bien connu. C’était une activité d’extérieur qui mettait à contribution son sens de l’indépendance, ses talents d’ath- lète et son amour du Canada. Il ne manquait jamais une occasion, à travers ses rares moments de répit, de faire une descente en skis, d’explorer un sentier de randonnée ou de se retrouver sur l’eau en canot. C’était un grand amateur de plein air et il était très doué dans ce domaine. Ces photos témoignent du passage des années, mais sur- tout, elles me parlent et me rappellent cruellement l’absence de mon père. C’est lorsque nous pagayions ensemble que nos liens se resserraient. À la ville, le stress du travail et la politique avaient parfois le dessus sur la famille. L’eau, c’était 13 TERRAIN D’ENTENTE la détente et l’occasion de renouer avec les personnes que nous étions à l’état pur. Ensemble, nous avons appris à affronter les obstacles et à surmonter nos peurs, et nous avons développé un grand amour pour notre pays et sa grande beauté naturelle. Aujourd’hui, je ne peux plus prendre une planche à neige ou une pagaie et un gilet de sauvetage sur un coup de tête pour m’évader en montagne ou sur l’eau pendant des heures ou des jours. Nous nous devons, Sophie et moi, de créer ces moments pour notre famille lors de nos vacances ou à l’occa- sion de nos précieux dimanches. Toutefois, les leçons de ma jeunesse continuent à m’habiter, et c’est ce que Sophie et moi souhaitons transmettre à nos enfants. Ces enfants, Xavier, Ella-Grace et Hadrien, qui sont, au fond, la vraie raison pour laquelle nous avons entrepris notre aventure politique. J’ai eu l’extraordinaire chance d’explorer notre grand pays à différentes étapes de ma vie : enfant, lorsque je voyageais avec mon père ; jeune homme, lorsque je suis parti dans l’Ouest à la conquête des montagnes et de mon diplôme en éducation, en tant que président du conseil du programme Katimavik (dont j’aime la signification : « lieu d’échange et de rencontre ») et finalement en tant que père de famille et homme politique. Chaque voyage m’a per- mis de me rappeler le pays que nous habitons, les distances physiques que nous devons parcourir et les richesses abon- dantes que ce territoire nous offre. Les cartes ne donnent 14 PROLOGUE pas une idée réelle de l’ampleur du Canada et les voyages en avion ont le don de minimiser la grandeur des choses. À 10 000 mètres d’altitude, on ne peut pas connaître l’étendue des champs de blé des Prairies ni l’œuvre d’ingénierie que constitue le col Rogers. Il faut être au niveau du sol pour réellement explorer notre territoire, mais aussi pour ren- contrer des personnes qui l’aiment autant que moi.