ADLFI. Archéologie de la - Informations une revue Gallia

Nouvelle-Aquitaine | 2005

Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/adlf/244 ISSN : 2114-0502

Éditeur Ministère de la Culture

Référence électronique Nouvelle-Aquitaine, 2005, ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], consulté le 13 juin 2021. URL : https://journals.openedition.org/adlf/244

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© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS 1

SOMMAIRE

19 – Corrèze

Allassac – Place de Liberté, rue de l'Église Yasmine Labrousse

Allassac – Rue Delmond-Duvialard Patrice Conte

Brive – Rue Martial Brigouleix n°122163 Jacques Roger

Brive – Rue G. Lajoinie, Le Chambon 1, 2 et 3 David Colonge

Lissac-sur-Couze – Le Moulin de Laguenay Romain Pigeaud et Jérôme Primault

Moustier-Ventadour – Château de Ventadour

Naves – Tintignac Christophe Maniquet

Naves – Soleilhavoup Christophe Maniquet

Nespouls – La Bille, El Barjou, Le Lacaud Alexandra Hanry

Saint-Cirgues-la-Loutre – La Borde Henri Pigeyre

Saint-Pantaléon-de-Larche, Larche, La Feuillade – Déviation de la RN89 Emmanuelle Galtié

Soudaine-Lavinadière – Prieuré de Lavinadière Patrice Conte

Les occupations gravettiennes dans le bassin de Brive

Saint-Angel Jean-Pierre Colombain

Auriac, Bassignac-le-Haut, Henri Pigeyre

Soursac, , St-Pantaléon-de-, St-Hilaire-Luc, Lamazière-Basse Françoise Daymard

23 – Creuse

Crozant – Château (le contrefort) Guillaume Demeure et Julien Denis

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Crozant – Château de Crozant "La Tour Isabelle" ou "Grosse Tour" Patrick Bouvart

Felletin Julien Denis et Angélique Marty

Guéret, Saint-Fiel – Cher du Cerisier Jean-Michel Beausoleil

Jalesches Philippe Mavéraud et Hélène Mavéraud-Tardiveau

Parsac – Bois de Gouttemane Jean-Michel Beausoleil

Nouhant, Gouzon, Auge – Mise à 2x2 voies de la RN145 Marie-Christine Gineste

Roches – Les Périlloux

Rougnat – Saint-Hilaire Michel Blondonnet

Bonnat, Le Bourg-d'Hem, Linard Christine Serre

Aubusson, Moutier-Rozeille, Néoux, Saint-Alpinien, Saint-Pardoux-le-Neuf Gilles Le Hello

Saint-Martin-Château Hervé Riou et Nicole Bernard

Fontanières, Sannat, Reterre Michel Blondonnet

Saint-Moreil Francis

87 – Haute-Vienne

Couzeix – Les Terres du Puy Dieu Christophe Maniquet

Folles – Dolmen des Goudours Roger Joussaume

Limoges – 10bis rue des Sœurs de la Rivière Adrien Montigny

Limoges – Rue du 20e Régiment des Dragons Christophe Maniquet

Pageas – Le Mas Nadaud Sandrine Conan et Christian Rémy

Peyrat-de-Bellac – Beau Site Fouille préventive (2005) Assumpció Toledo i Mur

Saint-Barbant – Place de l'église Adrien Montigny

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Saint-Gence – La Gagnerie Guy Lintz

Saint-Jean-Ligoure – Châlucet Bas Patrice Conte

Saint-Jean-Ligoure – Châlucet Haut Sylvie Campech

Saint-Léonard-de-Noblat – Rue du Maréchal Foch Patrice Conte

Saint-Yrieix-la-Perche – Tour du Plô Julien Denis

Verneuil-sur-Vienne – La Rivaille Jean-Michel Beausoleil

Verneuil-sur-Vienne – La Redondie Jacques Roger

Verneuil-sur-Vienne – Périché David Colonge

Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 2a) David Colonge

Aixe-sur-Vienne, Saint-Priest-sous-Aixe, Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 2b) Julien Pélissier

Vicq-sur-Breuilh – Place de l’église Jacques Roger

Ambazac Thomas Creissen

Résidences aristocratiques en Basse Manche limousine Didier Delhoume

Homme/milieu dans le bassin versant de la Briance depuis les débuts de la métallurgie Patrice Wuscher

Travaux miniers anciens pour l’étain Mélanie Mairecolas

La châtaigneraie limousine – Construction, fonctionnement et reconversion d’un territoire forestier du Néolithique à nos jours Philippe Allée

Morphologies et mutations du castrum, l'exemple du Limousin (Xe-XIVe s.) Christian Rémy

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19 – Corrèze

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Allassac – Place de Liberté, rue de l'Église

Yasmine Labrousse

Identifiant de l'opération archéologique : 122400

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Le sondage a été réalisé dans le cadre de l'atelier Arché'Ado mis en place par le pays d'art et d'histoire Vézère-Ardoise. Les jeunes du groupe réalisent depuis 2003 un inventaire architectural du centre ville d'Allassac. Deux bâtiments ont d'ores et déjà fait l'objet d'un relevé architectural précis avec l'accord des propriétaires. L'évolution du bourg d'Allassac depuis le Moyen Âge est très mal connue. De nombreux aménagements au cours du XIXe s. (drainage au milieu du XIXe s., chemin de fer à la fin du XIXe s., carrières d'ardoises) ont bouleversé le parcellaire médiéval. Les niveaux de sol ont été sur-élevés de façon très importante. Le choix du jardin du presbytère a été conditionné par plusieurs facteurs : espace public de propriété communale, espace vert ; il existe peu d'espaces ouverts dans la zone de l'ancien castrum.Le sondage a permis de mettre au jour un mur arasé. Le mobilier archéologique ne permet pas de déterminer une chronologie d'occupation, ni une destination de ce mur. Il pourrait simplement s'agir d'un aménagement de jardin couplé avec un service aux animaux domestiques (porcherie avec auge par exemple). La même conclusion que lors des relevés du bâti allassacois s'impose : le centre de la ville a connu beaucoup de bouleversements, notamment dans la modification des niveaux de sol, tout au long des XIXe s. et XXe s. qui ont détruit de nombreux témoins de la période moderne et médiévale rendant très difficile une lecture du bâti et stratigraphique.

2 Yasmine Labrousse

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AUTEURS

YASMINE LABROUSSE COL

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Allassac – Rue Delmond-Duvialard

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 122345

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 La parcelle objet du présent sondage est incluse à l’intérieur du castrumd’Allassac, à quelques mètres de la tour « César » et à l’emplacement supposé de l’ancien château des Comborn-, d’après un plan de 1735 qui atteste, à cette époque, la présence d’un jardin. À la suite de la démolition d’un petit bâtiment destiné à la création de places de stationnement, et bien que le projet n’inclut pas l’abaissement des niveaux de sols actuels, la municipalité et le SRA ont souhaité la réalisation d’un sondage destiné à vérifier l’éventuelle conservation de vestiges archéologiques en place.

2 La fouille a révélé une partie des fondations d’un bâtiment occupant une partie de la parcelle. De plan trapézoïdal, le bâtiment à fonction d’annexe a probablement été construit au XVIIIe s. ou au XIXe s. en réutilisant un muret préexistant. Il s’inscrit cependant dans la trame urbaine ancienne et l’on a pu remarquer qu’il était séparé du bâtiment voisin au nord par une étroite venelle qui se développe également vers l’est où l’on a aménagé un petit édicule. Ce dernier, de très petites dimensions, inclut un foyer moderne.

3 L’approfondissement de la fouille à l’intérieur de l’emprise du bâtiment principal livre une stratigraphie témoignant de niveaux anciens (Fig. n°1 : Étude stratigraphique). La fondation du mur nord repose ainsi sur une couche contenant quelques fragments de céramique médiévale que l’on situerait plutôt vers la fin de la période médiévale. Plusieurs creusements du socle rocheux (grès rouge) ont pu être également identifiés, le plus ancien, en chronologie relative comprend peu de mobilier archéologique : quelques fragments de terre cuite, dont un de tuile à rebord. Enfin, une fosse a été repérée en partie sous le mur méridional et s’étend hors de l’emprise de la fouille. Un fragment de rebord en pâte grise a été découvert dans le comblement de cette structure et pourrait correspondre à une production du haut Moyen Âge, période

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déjà attestée lors d’une opération d’urgence menée en 1998 au pied de l’église Saint- Jean-Baptiste (C. Scuiller, BSR 1998, p. 13).

4 Enfin, les prospections effectuées dans plusieurs maisons voisines à l’occasion de cette opération ont également permis de repérer plusieurs élévations manifestement d’origine médiévale, dont un segment de mur qui pourrait s’avérer appartenir à l’enceinte du castrum.

5 Bien que d’ampleur limitée, cette opération a permis d’étudier l’organisation de l’espace urbain à l’échelle d’un petit ensemble de parcelles et de confirmer la conservation de structures médiévales voire antérieures au cœur du castrum.Il apparaît donc utile de poursuivre, à l’avenir, ce type d’intervention dans le centre-ville d’Allassac.

6 Patrice Conte

ANNEXES

Fig. n°1 : Étude stratigraphique

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte Patrice, SDA (2005)

AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

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Brive – Rue Martial Brigouleix n°122163

Jacques Roger

1 Le projet immobilier envisagé sur les hauteurs de la ville de Brive est situé sur des terrains propices à l’installation humaine, où au moins deux sites archéologiques ont déjà été reconnus dans ce secteur : le premier est constitué d’une cavité souterraine aménagée datée de la période médiévale alors que le second est marqué par la présence au sol d’outils en silex datés du Paléolithique moyen.

2 Une expertise archéologique a donc été nécessaire et s’est déroulée du 11 au 25 janvier 2005 sous la surveillance de trois agents de l’Inrap sur une superficie de 87 300 m2.

3 Malgré la multiplication des sondages (au nombre de soixante-six), les résultats obtenus lors de cette intervention sont fort décevants. Aucun mobilier lithique n’a été observé, et aucune structure en relation avec un habitat médiéval n’a été reconnue. Seuls quelques drains en pierres témoignent d’une occupation humaine dans ce secteur.

AUTEURS

JACQUES ROGER INRAP

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Brive – Rue G. Lajoinie, Le Chambon 1, 2 et 3

David Colonge

Identifiant de l'opération archéologique : 122335, 122337 et 122338

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 De nombreuses traces de présence humaine ancienne attestent de la pérennité de l’aspect attractif de cette extrémité du plateau de la Pigeonnie à travers les âges. Un gisement du Paléolithique moyen, probablement moustérien, vient compléter un contexte proche déjà riche au nord de Brive. La mise en œuvre de débitages discoïdes et sur enclume sur des galets de quartz et de quartzite, et Levallois sur des blocs de silex sénoniens importés du Périgord, signent bien cette appartenance chrono-culturelle. Malheureusement, sa position fortement remaniée, son statut de reliquat d’une occupation plus importante et la forte troncature de la série ne lui confèrent qu’un potentiel documentaire limité, que nous avons presque intégralement exploité, tant sur le terrain que lors de l’étude.

2 Des occupations ou fréquentations protohistoriques sont bien présentes sur le plateau de la Pigeonnie, mais ne nous sont parvenues dans l’extension concernée que par des vestiges fugaces et en position secondaire. Il en va de même pour l’Antiquité.

3 Le Moyen Âge est absent de ce tableau de l’occupation humaine du secteur, mais peut- être que des vestiges trop ubiquistes nous ont empêché de les reconnaître comme tels.

4 Les époques moderne et contemporaine sont elles abondamment représentées dans de nombreux sondages par des vestiges ténus jusqu’à d’imposantes structures comme une carrière de moellons de grès excavée dans la partie sommitale des parcelles, près de la route, ou un plus modeste aménagement hydraulique (lavoir, abreuvoir, source aménagée ?) au nord. L’essentiel de ces traces semble lié à la vieille ferme qui borde l’emprise, de sa construction jusqu’à son activité la plus récente. Le volume extrait de la carrière, au demeurant relativement modeste, semble pouvoir correspondre aux besoins d’une maison de cette taille.

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5 Des pierres à la pierre ...

6 David Colonge

AUTEURS

DAVID COLONGE INRAP

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Lissac-sur-Couze – Le Moulin de Laguenay

Romain Pigeaud et Jérôme Primault

Identifiant de l'opération archéologique : 122371

Date de l'opération : 2005 (RE)

1 Cette campagne de sondage a vu l’ouverture de 2 m2 supplémentaires le long de la paroi sud de la grotte, afin de disposer d’une vision plus large du niveau archéologique découvert lors des campagnes précédentes. En outre, compte tenu de la faiblesse numérique et de l’originalité du mobilier archéologique récolté, nous espérions découvrir plus d’arguments pour tenter de déterminer l’âge, la nature de l’occupation et son éventuelle relation avec les peintures pariétales. Le sondage était co-dirigé par Jérôme Primault (UMR 7055 du CNRS, université de Paris-X Nanterre - Archéosphère) et Romain Pigeaud (USM 103 - UMR 5198 du CNRS, département de Préhistoire du Muséum national d’histoire naturelle).

2 Sur les trois campagnes (2003, 2004 et 2005), 6 m2 ont été explorés à l’aplomb du panneau de points rouges, au contact de la paroi sud de la grotte. La stratigraphie observée, bien que de puissance modeste, reste relativement complexe. L’étude détaillée des processus de sédimentation est prévue, notamment par le biais de la micromorphologie. Mais, d’un point de vue chronologique, il est d’ores et déjà possible de comprendre la mise en place relative de chaque unité stratigraphique fouillée.

3 Dans le cadre de cette dernière année de sondage, la présence du niveau archéologique s’est vue confirmée par la découverte d’un nouvel élément d’industrie lithique ainsi que d’un second petit foyer.

4 Cette année, nous avons en effet trouvé une lame entière (77 mm x 20 mm x 10 mm), taillée dans un silex brun dont le microfaciès évoque une origine crétacée. Sa texture la rapproche beaucoup des silex bruns uniformes de la région du Grand-Pressigny (Indre- et-Loire). Cette source est connue à environ 200 km au nord-ouest de la grotte du Moulin de Laguenay. La présence de ce matériau n’est pas réellement une surprise dans

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le Bassin de Brive car il est déjà identifié, entre autres exemples, dans le site de Font- Robert. D’un point de vue technologique, cette lame est issue d’un débitage unipolaire donnant des produits réguliers au profil rectiligne. Sa partie distale, légèrement outrepassée, porte deux négatifs perpendiculaires d’aménagement d’une néo-crête. Le talon est lisse à corniche soigneusement abrasée. Cette lame peut résulter d’une production laminaire gravettienne, notamment destinée à l’obtention de supports de pointes de la Gravette. Elle peut aussi évoquer les supports réguliers que l’on trouve dans le faciès du Gravettien moyen riche en burins de Noailles. Cette seconde lame vient donc renforcer l’idée que le niveau sondé ces trois dernières années est très probablement gravettien et, par conséquent, en relation avec les peintures rupestres. Les datations en cours sur des charbons du foyer nous permettront certainement de vérifier cette hypothèse.

5 Un premier foyer avait été découvert en 2004, installé dans une cuvette naturelle formée par le plancher de calcite. Marqué par la présence de nombreux charbons de bois, il a été prélevé en bloc. Son étude est en cours. Un second foyer a été fouillé cette année, sous le panneau de points rouges. Beaucoup moins bien préservé que le foyer 1, il se présente de la même façon : un très fin niveau de charbons de bois sur 25 cm2 installé dans une légère cuvette naturelle du plancher de calcite. Ce dernier, comme pour le foyer 1, porte des traces de rubéfaction, confirmant le fonctionnement du foyer 2 sur place. Trop fin pour être prélevé en bloc (moins de 1 cm d’épaisseur), il a été fouillé. Les charbons ont tous été récoltés. Aucun vestige archéologique n’a été découvert dans ou immédiatement autour du foyer 2. Ces deux foyers, positionnés de part et d’autre du panneau de points rouges, ont certainement joué un rôle d’éclairage.

6 Dans l’état actuel du sondage, 219 fragments de paroi ornée, dont 4 portant des traces de pigments noirs et 215 des traces de pigments rouges, ont été récoltés. Leur nombre et la surface moyenne qu’ils représentent laissent penser que nous avons retrouvé l’essentiel de la partie manquante du panneau de points rouges. Les fragments ont été restaurés par le laboratoire Arc’Antique, de Nantes. Un programme va maintenant être mis en place pour des essais de reconstitution du panneau orné.

7 Parallèlement, une reconstitution numérique en trois dimensions a été réalisée par Matthieu Deveau, de l’IGN, et Daniel Schelstraete, de l’ENSG. Un scanner laser GS100 MENSI a été installé sur un système de fixation à l’horizontale, afin d’effectuer le relevé détaillé des surfaces ; un tachéomètre a servi au positionnement exact des points de calage et un GPS a permis enfin d’effectuer le géo-référencement de la grotte. Au total, 3 millions de points ont été saisis dans la grotte : en particulier, la densité des points sur le panneau des ponctuations rouges atteint 1 point tous les 2 mm. Le traitement des données est en cours.

8 Une exploration détaillée des parois a permis également de découvrir trois nouvelles unités graphiques : un animal indéterminé noir, une main positive rouge et un signe quadrangulaire gravé.

9 Une nouvelle campagne nous semble nécessaire, afin de bien s’assurer cette fois que toutes les parois ont bien été décrites. Certaines zones en particulier présentent encore des tracés noirs douteux. Par ailleurs, un complément d’étude karstologique, par Joël Rodet (UMR 6413 du CNRS, université de Rouen) nous permettra d’envisager par la suite une publication monographique.

10 Romain Pigeaud et Jérôme Primault

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AUTEURS

ROMAIN PIGEAUD CNRS

JÉRÔME PRIMAULT MCC

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Moustier-Ventadour – Château de Ventadour

Identifiant de l'opération archéologique : 122391, 122401 et 122403

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 Ventadour est le site castral éponyme d'une vicomté constituée pour un cadet des vicomtes de Comborn, Ebles [l] - d'après Geoffroy de (ca. 1180) - vers le milieu du XIe s., lorsqu'elle échoit aux Lévis.

2 On peut s'interroger sur le rôle qu'a pu jouer le château de Ventadour, qualifié de castellumen1117, pour les vicomtes et la vicomté. En effet, contrairement à leurs congénères Turenne, Rochechouart ou Limoges, les vicomtes de Ventadour ne semblent pas avoir fait de leur château éponyme leur « capitale » politique. Lorsque l'on reprend l'ensemble des chartes (connues) produites par les vicomtes, des origines jusqu'au XVIe s., et que l'on retient celles qui sont « localisées », on se rend compte qu'un certain nombre d'entre elles sont - certes - datées de Ventadour même. Mais, la ventilation chronologique - toute relative, compte tenu du faible nombre d'actes « localisés - montre que le château éponyme a sans doute hébergé les vicomtes durant les premières décennies de son existence (jusqu'au début du XIIIe s.) et surtout durant le XVe s., où la présence à Ventadour est manifeste, avant même le contrat de reconstruction du grand logis (1455).

3 En revanche, le XIVe s. montre une nette prédilection des vicomtes pour leur résidence de . D'autres actes sont passés dans les quatre principales villes de la vicomté : Ussel, Egletons, et Neuvic. On remarque, enfin, quelques séjours au château de Peyroux (c. ), qui semble avoir été un lieu apprécié, et qui a - à plusieurs reprises - servi de douaire à des vicomtesses ou d'apanage à des cadets. On peut observer que la documentation nous livre un XIIIe s. particulièrement mal documenté.

4 Pour ce qui concerne les recherches sur site, les suivis archéologiques des travaux de restauration et la fouille programmée se complètent pour renseigner la construction et l'évolution du site castral.

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5 Ainsi les travaux de restauration engagés sur les murailles de la barbacane ont permis l'étude d'un pan important de rempart qui présente de nombreuses similitudes avec les autres courtines déjà étudiées : parements, technique de construction par tronçons verticaux, présence de mâchicoulis sur corbeaux, remploi dans le blocage d'éléments lapidaires provenant d'un édifice incendié, etc. Tous ces éléments renforcent l'idée d'une grande campagne de construction, à la charnière du XIIIe s. et du XIVe s.

6 La situation du secteur sud-est, à la pointe de l'éperon, pouvait laisser penser à une occupation précoce dans l'histoire du site. Les résultats obtenus cette année semblent a contrario démontrer que la forme naturelle de l'éperon, une étroite arête rocheuse, était peu propice à l'installation d'une fortification d'ampleur, et que seuls des travaux de remblaiement considérables ont permis l'aménagement de constructions, et surtout de terrasses probablement mises en culture : seule l'extrémité sud-est de l'éperon semble avoir accueilli un bâtiment, dont les dispositifs architecturaux ne sont pas antérieurs au XVIe s.

7 En revanche, les sondages et le suivi des travaux de terrassement dans le secteur de la tour carrée et de la poterne sud-est de la cour centrale ont permis de mettre en évidence le caractère très ostentatoire de la fortification tardi-médiévale de cette zone, et de découvrir des éléments attribuables à un premier bâtiment à contreforts partiellement chemisé dans l'épaisseur des maçonneries de la tour du XVe s., ouvrant de nouvelles perspectives de recherche concernant les phases anciennes de l'occupation du site.

8 La découverte de ce qui semble avoir été la tour maîtresse du château à la fin du XIIe s. est sans doute une donnée essentielle et inédite acquise sur la morphologie et la chronologie du site castral.

9 La poursuite de la fouille du corps de logis du XVe s. a fini de révéler l'ensemble du bâtiment, long édifice pourvu de deux cages d'escaliers polygonales sur cour qui desservent les salles en enfilade et l'étage. En outre, elle a confirmé une construction ex nihilodu bâtiment à l'exception de deux salles extrêmes : celle au nord-ouest semble utiliser pour mur-pignon un ancienne courtine, passablement remaniée sur une face lors de la construction d'une cheminée et d'un four domestique ; la façade côté ravin de la salle sud-est est en grande partie fondée sur une courtine du XIIIe s.-XIVe s. Enfin, seul le parement externe de la façade côté ravin est soigné, et sans doute destiné à rester apparent, contrairement aux autres maçonneries à l'appareillage médiocre qui devaient être couvertes d'un enduit.

10 Des quatre salles qui composent le rez-de-chaussée de ce logis, une seule a perdu son pavement. Pour les autres, la qualité du sol semble refléter la fonction des lieux : tapis de carreaux de terre cuite pour la grande salle, dallage de granite en remplacement d'un sol carrelé usé pour une autre pièce et dallage de granite aménagé d'un écoulement d'évier pour la dernière.

11 Bernard Pousthomis, ChristianRémy et Laurent D'Agostino

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Naves – Tintignac

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 122370

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 La découverte, dès l'été 2002, d'une occupation protohistorique inattendue sous le temple gallo-romain des « Arènes de Tintignac » a contraint à prolonger la recherche sur cet édifice en 2003, 2004 et 2005. Ainsi, plusieurs fossés quadrangulaires successifs, cernant une plate-forme de près de 24 m de côté, ont pu être mis en évidence. Sur la plate-forme cernée par ces fossés, se développent de nombreuses fosses organisées de façon circulaire. Ces fosses ont livré un grand nombre de monnaies gauloises et républicaines en argent, le plus souvent mutilées volontairement.

2 Dans la seconde moitié du I er s. avant notre ère, le dernier fossé a été comblé et remplacé par une série de gros trous de poteaux reprenant son tracé. Ces poteaux devaient constituer la solide armature d'une palissade. En périphérie des fossés semble se développer, sur au moins trois côtés, une aire de circulation empierrée. Au sud-est, en revanche, un ensemble de fosses a été dégagé. Leur organisation n'a pas encore permis de connaître leur fonction précise.

3 En 2004, en suivant la portion de fossé septentrionale et aux abords de l'angle nord-est de l'enclos quadrangulaire, une fosse peu profonde a livré une grande quantité de mobilier métallique (fer et bronze) : des armes, des trompettes de guerre (carnyx) et des fragments d'animaux en tôles de bronze. La rareté de certains éléments rend cette découverte exceptionnelle. Ce dépôt présente d'ores et déjà un intérêt évident au niveau international, du moins dans les territoires occupés anciennement par les Celtes.

4 Au terme de l'intervention archéologique de juillet 2005, les occupations antérieures à notre ère du sanctuaire des « Arènes de Tintignac » commencent à être bien cernées. L'un des objectifs de la campagne de fouille 2005 était de mieux cerner l'emprise des fossés principalement au niveau de leur portion orientale, dans les zones où ils n'étaient pas détruits par les maçonneries postérieures.

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5 Le dégagement de l'angle nord-est des fossés devait permettre de bien individualiser chacun d'entre eux. Les fossés paraissaient en outre plus riches en mobilier au niveau de cet angle. Malheureusement, le creusement d'un gros trou de poteau à l'angle des fossés a rendu complexe la compréhension de l'organisation stratigraphique des structures entre elles et ainsi de rattacher avec certitude les portions septentrionales des différents fossés avec leurs portions orientales.

6 On peut cependant affirmer aujourd'hui que le fossé primitif a été recreusé à deux reprises lors de reconstructions postérieures. Ces fossés, de par leurs dimensions, s'apparentent davantage à des tranchées de fondations de palissade. Le dernier réaménagement intervient sans doute au plus tard au début de la période augustéenne sous la forme de gros trous de poteaux creusés à espaces réguliers dans le comblement du fossé le plus récent. Il semble ainsi que huit poteaux servaient d'armature à la palissade sur chacun des côtés nord, ouest et sud. On peut désormais affirmer que du côté est, ces gros trous de poteaux, étaient vraisemblablement au nombre de trois de part et d'autre du vaste porche, seulement entrevu en 2003, qui devait s'ouvrir dans cette palissade en partie médiane de cette branche de l'enclos.

7 Malheureusement ce porche primitif était en grande partie perturbé par les maçonneries postérieures. Près de l'angle sud-est, il était important de vérifier la présence ou l'absence d'un second dépôt, en symétrie de celui découvert au nord-est. Au final, aucun autre dépôt n'y a été mis au jour. En revanche, au sein des fossés d'enclos, des structures originales mises au jour en 2004 n'avaient pas été bien perçues en plan et n'avaient pas trouvé d'interprétation satisfaisante. Il était intéressant d'approfondir la recherche dans ce secteur d'autant plus que plusieurs monnaies d'argent avaient été extraites des diverses structures ou des niveaux de circulation, ainsi que des objets en fer tels que des sortes de ressorts et des fragments de lames.

8 La fouille 2005 a permis de se rendre compte que les gros trous de poteaux augustéens étaient, du côté est au moins, reliés entre eux par des tronçons de fossés-fondations de palissade.

9 Un dernier fossé, vraisemblablement concentrique, au profil en cuvette, pourrait avoir eu un rôle de drainage périphérique. Il bordait intérieurement la zone empierrée cernant l'enclos protohistorique. La fouille de 2005 devait permettre de connaître la chronologie relative du dépôt découvert en 2004 à proximité de l'angle nord-est de l'enclos, et les aménagements qui pouvaient lui être associés. En effet, il paraissait indispensable de mieux comprendre comment il s'articulait avec les fossés de l'enclos. La fouille de l'angle nord-est des fossés pouvait apporter des informations par la découverte éventuelle d'objets en bronze ou d'armes dans l'un d'entre eux. Malheureusement, aucun objet de ce type n'a été retrouvé dans aucun des fossés successifs. En ce qui concerne les structures qui peuvent être associées au dépôt, seul un trou de poteau mis au jour à proximité en 2004 et ayant livré une tôle de bronze roulée pourrait lui être contemporain. Ce trou de poteau, isolé, ne fonctionnait avec aucune autre structure du même type qui aurait pu l'aider à supporter un éventuel appentis protégeant le dépôt.

10 Stratigraphiquement, le dépôt d'objets avait été réalisé dans une fosse creusée directement dans le paléosol et scellée par un niveau charbonneux, riche en mobilier, qui recouvrait non seulement les fossés de l'enclos au nord et à l'est mais également les trous de poteaux augustéens. Des arasements du terrain ont-ils fait disparaître des niveaux d'occupation antérieurs qui scellaient primitivement ce dépôt ou alors

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l'enfouissement de ces objets résulte-t-il d'une volonté de faire disparaître les symboles du culte primitif, préalablement à la reconstruction du temple sous une forme différente ? Les dépressions du terrain (qui se sont formées principalement au-dessus des fossés) auraient alors été comblées et une fosse creusée pour enterrer les objets sacrés vraisemblablement transmis de génération en génération et peut-être exposés initialement sur le sanctuaire sous forme de trophée ou suspendus aux palissades. On notera que les fragments d'armes découverts sur le site proviennent essentiellement du remplissage des fossés les plus récents ou des couches qui les scellent. Ceci indiquerait donc que, loin de constituer un dépôt de fondation, la fosse découverte au nord-est de la plate-forme cultuelle constituerait plutôt un dépôt d'abandon avant un remaniement important du temple. Si cette hypothèse devait être confirmée, c'est aux alentours de la Conquête ou quelques décennies avant le changement d'ère que cette fosse aurait été creusée et les objets enfouis.

11 Les deux fossés les plus anciens se sont révélés avares en mobilier archéologique, contrairement aux plus récents. Ce mobilier n'a pas été étudié à ce jour, ce qui ne permet pas de proposer de datation sérieuse. En effet, il est pour le moment impossible de savoir à quel moment le lieu de culte a été implanté ici. En revanche, l'étude du mobilier extrait de la couche charbonneuse qui scellait aussi bien le dépôt que les fossés d'enclos pourrait apporter des éléments cruciaux quant à la période d'abandon du sanctuaire protohistorique et de transformation sous sa forme gallo-romaine.

12 Le projet principal pour 2006 est la publication scientifique des résultats des campagnes de fouille menées sur le fanumdepuis 2001. Cette publication n'est possible qu'après plusieurs études complémentaires préalables sur le mobilier et le paléo- environnement.

13 Sur le site, la priorité est désormais de protéger les maçonneries mises au jour depuis 2001. L'ensemble des vestiges, hormis la partie occidentale du fanumabritée depuis 2002 par un vaste abri, a été recouvert durant l'hiver 2005-2006 d'une épaisse couche de sable et de graviers dans l'attente d'un véritable projet de protection définitif.

14 Aussi, on comprendra qu'aucune nouvelle maçonnerie ne doit être dégagée dans un avenir immédiat.

15 Christophe Maniquet

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Naves – Soleilhavoup

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 122389

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 Le projet de construction de deux pavillons de lotissement sur des parcelles situées sur la commune de Naves, au lieu-dit « Soleilhavoup - Bel Aspect » a entraîné la réalisation de sondages mécaniques d'expertise préalables afin de définir le potentiel archéologique du terrain concerné. En effet, ce dernier se trouve à seulement 350 m à l'ouest du sanctuaire gaulois et gallo-romain des « Arènes de Tintignac ». Alors que ce sanctuaire occupe le flanc oriental du Puy de l'Aiguille, les travaux à venir vont porter sur ses versants septentrional et occidental mais ne concerneront que très partiellement le replat sommital. Il paraît important aujourd'hui de cerner correctement l'environnement immédiat du sanctuaire en mettant en évidence aussi bien les zones occupées que les zones vierges de vestiges.

2 Les parcelles AN 247, 250, 254, 258, 260 et 262 d'une part et AN 255 et 256 d'autre part semblaient de prime abord peu propices à une installation étant donné le pendage important vers le nord. La partie sud de l'emprise du projet devenait plus plane et aurait pu révéler la présence d'un site de hauteur protohistorique. Or, il n'en est rien. À l'ouest, au-delà de cette emprise, le pendage du terrain s'accentuait fortement vers l'ouest et ouvrait sur un vaste panorama.

3 La partie sud de l'emprise des futurs travaux était occupée par des bois et taillis relativement denses qui ont tout de même permis la réalisation de quelques sondages mécaniques. La partie nord, en prairie, s'est révélée plus facile d'accès bien que, nous l'avons vu, plus inclinée. Les tranchées ont alors été creusées perpendiculairement à la pente.

4 Au total, 9 sondages ont pu être réalisés sur les parcelles objets des futurs travaux, correspondant à une longueur totale de 215 m linéaires, soit une superficie de 345 m2. Ceci équivaut à 4 % de la surface totale à évaluer, de 8 538 m2. Ce faible pourcentage s'explique par le fait que près de la moitié des parcelles à prospecter étaient boisées au

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moment de l'intervention. Un déboisement aurait été bien entendu préconisé en cas de découverte du moindre indice d'occupation. Or, Aucun des neuf sondages n'a livré de vestige mobilier (tesson ou fragment de tuile) ou immobilier. Seules de plus ou moins vastes excavations semi-circulaires (sondages 1, 2, 3, 4 et 7) dans le substrat semblent devoir être interprétées comme des empreintes de chablis, donc liées à des arrachements d'arbres, volontaires ou non, à des dates indéterminées.

5 Au niveau des sondages 1, 2 et 3, le substrat arénisé de couleur jaune-orangé mêlé de petites pierres a été découvert à une profondeur de 0,35 m à 0,40 m, sous une couche de terre végétale limono-sableuse brun clair. Les sondages 5, 6, 7, 8 et 9 ont permis la mise au jour du terrain géologique à seulement 0,20 m de profondeur, sous la terre végétale.

6 Dans les tranchées 5 et 6, le substrat se présentait sous la forme d'une arène limono- sableuse orangée. Il devenait plus rocheux au niveau du sondage 7 situé en limite de rupture de pente vers le nord. Dans les tranchées 8 et 9, le substrat, plus arénisé, prenait une teinte plus jaune et intégrait quelques grosses pierres.

7 Aucun vestige n'a donc été mis au jour sur le versant septentrional du Puy de l'Aiguille, pourtant à faible distance du sanctuaire des « Arènes de Tintignac ». Ce sanctuaire qui a vraisemblablement fonctionné pendant près de cinq siècles (du IIe s. avant notre ère à la fin du IIIe s. de notre ère), a pourtant dû attirer progressivement une population de plus en plus abondante, à la mesure du luxe et des bâtiments qui l'enrichissent progressivement. Or, la prospection menée ici, tout comme celle réalisée sur le Peuch Redon en 2002 (qui avait tout de même révélé la présence d'une nécropole à incinération du IIe s. ou du IIIe s. de notre ère) ou encore celle menée sur le tracé de l'autoroute A 89 en 1999 et 2000, tend à dévoiler une occupation du sol matérialisée par un habitat dispersé sur les versants ensoleillés et séparé par des terrains totalement vierges ou cultivés.

8 Tout ceci permet de réfuter l'hypothèse de la présence d'une ville autour du sanctuaire. De petites concentrations d'habitations, ou de vastes fermes ou villaeisolées, ont néanmoins pu émailler le paysage.

9 Christophe Maniquet

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Nespouls – La Bille, El Barjou, Le Lacaud

Alexandra Hanry

Identifiant de l'opération archéologique : 122158

Date de l'opération : 2005 (MH)

1 Dans le cadre de la création de l’aérodrome de Brive-Souillac, aux lieux-dits « La Bille, El Barjou, Le Lacaud », une opération de diagnostic archéologique a été réalisée de septembre 2003 à janvier 2004 sous la responsabilité de D. Colonge (BSR 2004, p. 24-27).

2 Le caractère positif de plusieurs sondages dispersés sur l’emprise du projet, a motivé la mise en œuvre d’une opération de fouille préventive sur un périmètre de 1 500 m2 répartis sur 9 emplacements. L’opération de fouille a été effectuée du 6 juin au 5 août. Elle a mis en évidence la pratique d’une activité de chaufournier quasi pérenne entre l’Antiquité et l’époque moderne. Les neuf emplacements soumis à prescription ont livré neuf structures de combustion en relation avec la production de chaux :

3 - au centre de l’emprise, 4 fosses-foyers insérées dans une structure bâtie rectangulaire (Fait 4, locus3 ; (Fig. n°1 : Vue de F4 depuis le sud )) correspondent à un petit atelier de chaufournier utilisé entre la seconde moitié du IIe s. av. J.-C. et la première moitié du IIe s apr. J.-C.

4 - les loci2, 4, 6 et 7 renferment des fours à chaux à cuisson intermittente à longue flamme datés de l’époque gallo-romaine et/ou du début du haut Moyen Âge (Fait 3, 5, 6, 8 et 9). Les fours F3, F5, F6, F8 et F9 possèdent ainsi les caractères technologiques des fours à chaux décrits par Caton dans son De Agricultura(XLIV, 38 : de fornace calcaria)vers 160 av. J.-C. : des structures excavées renfermant une chambre de calcination aménagée en partie basse de la cuve (Fig. n°2 : Vue de la partie basse de la cuve de F8 et du pavement de celle-ci) et une chambre supérieure reposant sur une voûte de calcaire destinée à supporter la charge à cuire. L’alimentation du foyer est réalisée depuis une aire de chauffe extérieure par une ouverture percée à la base de la cuve (Fig. n°3 : Vue de la bouche d’alimentation de F6).

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5 - dans la partie centrale du périmètre de fouille (locus2), un four à chaux (F2) d’époque médiévale (fin Xe s. - milieu XIIIe s.) a été mis en évidence. Le mode de calcination est probablement similaire à celui des précédentes structures mais l’approvisionnement du foyer est effectué depuis une aire de chauffe extérieure par une ouverture installée légèrement plus haut que le cendrier. Cette cuvette tronconique aménagée au fond du four pour recueillir les cendres permet d’améliorer la circulation de l’air nécessaire à la cuisson.

6 - Enfin les fours F1 (locus1) et F7 (locus5) correspondent à des structures d’époque moderne. La construction des fours F1 et F7 semble plus rudimentaire que celle des précédentes structures, mais leur fonctionnement plus difficile à appréhender. De fait, l’absence d’ouverture à la base de F7 et l’accès F37 aménagé dans le chemisage de la cuve de F1 à 2,2 m de la banquette pose le problème de l’alimentation du foyer de ces deux structures. En outre, la période de fonctionnement de ces deux fours peut expliquer l’emploi d’une technique de construction plus récente en relation avec un procédé de combustion qui semble apparaître au cours de la période moderne : la technique « par empilement » qui correspond à une calcination intermittente à courte flamme.

7 Afin de déterminer la provenance et le type de matières premières utilisées dans ces fours à chaux, une étude anthracologique a été menée par d’Isabel Figueiral (UMR 5059, Institut de Botanique). Ses analyses présentent le chêne comme principal combustible, les autres essences ayant été utilisées très probablement pour démarrer la combustion (érable champêtre, rosacées et noisetier). L’essence végétale la plus disponible et abondante localement, a donc été exploitée prioritairement. De fait, la chênaie caducifoliée semble correspondre, dès l’époque gallo-romaine, à l’environnement forestier des structures de combustion.

8 Malgré l’absence d’indices en relation avec une activité de carrier antérieure au XIXe s., l’extraction du calcaire a du être réalisée sur place, le substrat du Causse de Martel offrant, en outre, une matière première de premier choix. Cependant, le ramassage de surface n’a pu pallier les besoins de l’ensemble des fours à chaux. De plus, la pierre laissée à l’air libre ne possède pas les mêmes propriétés que la pierre extraite pour la production. Diderot et d’Alembert évoquent ainsi que « les fabricants de chaux préfèrent employer les pierres fraîchement extraites à celles qui ont séjourné quelque temps à l’air et, s’ils sont obligés de se servir de celles-ci, ils ont bien soin de leur rendre l’eau qu’elles ont perdue ». Tout suggère donc que les carrières en relation avec la fabrication de la chaux dans les fours F1 à F9 sont situées à proximité des lieux de production. L’étude réalisée par D. Lavergne et F. Suméra sur la fabrication de chaux durant la période gallo-romaine tend également à démontrer une plus grande représentation des fours à chaux sur les gisements de matières premières, La mise en place des fours à chaux sur les lieux d’habitat correspond, en effet, plus volontiers à une urgence liée à la construction. Ainsi les deux fours gallo-romains de Sivry-Courtry en Seine-et-Marne ont été aménagés sur le lieu d’extraction du calcaire à calciner. Dans la région d’Aix-en-Provence, à la fin de l’époque gothique, la proximité des matières premières est également déterminante dans le choix d’implantation des fours (Bernardi P., p. 170).

9 Il est donc probable que l’implantation des fours à chaux sur les Causses de Martel soit en relation avec la richesse de ce secteur en bois et en calcaire.

10 Alexandra Hanry

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ANNEXES

Fig. n°1 : Vue de F4 depuis le sud

Auteur(s) : Hanry, Alexandra (INRAP). Crédits : Hanry Alexandra, INRAP (2005)

Fig. n°2 : Vue de la partie basse de la cuve de F8 et du pavement de celle-ci

Auteur(s) : Hanry, Alexandra (INRAP). Crédits : Hanry Alexandra, INRAP (2005)

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Fig. n°3 : Vue de la bouche d’alimentation de F6

Auteur(s) : Hanry, Alexandra (INRAP). Crédits : Hanry Alexandra, INRAP (2005)

AUTEURS

ALEXANDRA HANRY INRAP

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Saint-Cirgues-la-Loutre – La Borde

Henri Pigeyre

Identifiant de l'opération archéologique : 122388

Date de l'opération : 2005 (SD)

Le souterrain de la Borde, situé à 300 m au nord-est de Saint-Cirgues-la-Loutre, a été découvert par son propriétaire dans les années 1950 lors du labourage de la parcelle. Il a été inventorié lors de la prospection de 2004. Les recherches aux Archives départementales ont permis de retrouver des textes (XIIe s. au XVe s.) sur cette zone et montrent l'existence de trois hameaux distincts faisant partie du domaine de La Borde ; deux sont connus actuellement, La Borde et Les Bouïges au sud. La troisième zone, le Puech, est inconnue mais correspond probablement à la zone étudiée (elle se situe sur un sommet dominant La Borde). Les parcelles de ce site se nomment « Champs de Veyrac » sur les anciens cadastres, les Veyrac étant les seigneurs de Saint-Cirgues et coseigneurs des Tours de Merle toutes proches. La tradition orale indiquait un ancien château dans les parcelles proches du souterrain. Un survol en ULM a confirmé la présence d'une bande d'herbe verte, pendant la sécheresse du mois de juillet, ceinturant la zone de sondage et du château supposé. Cette zone d'environ deux hectares domine le ruisseau du Goudalou et le village actuel de Saint- Cirgues-la-Loutre. Ce site occupe une position stratégique. Cette bande de verdure correspond probablement à une enceinte de défense tout autour du site (ancienne tranchée de deux mètres de large à étudier ultérieurement). Le château supposé doit correspondre à une motte castrale car on ne retrouve aucune pierre sur le sommet de la butte. La zone du souterrain correspond à l'ancienne basse-cour de cette motte. Le souterrain creusé dans le granite est de type annulaire. Il possède une galerie d'évacuation de l'eau se prolongeant par une tranchée remblayée. Il reste les traces de logements de poutres taillées dans le granite qui correspondent à une ancienne porte ainsi que deux trous d'aération proche de l'entrée, deux restes de murs presque parallèles s'enfonçant dans une des parois. C'est entre ces deux murs cimentés à l'argile

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blanche que le premier sondage a été creusé sur une superficie de 2 m2 environ et sur 1,20 m de profondeur maximum. La stratigraphie montre l'alternance de couches sombres (contenant du charbon de bois et de nombreux tessons de poterie) et de couches claires (stériles). Cette zone correspond à la cave d'une maison, jouxtant le souterrain et qui a servi de poubelle, après l'abandon de celui-ci. Des prélèvements de charbon de bois ont été faits sur les trois couches sombres du remplissage de la cave (en particulier sur une poutre de 1,5 m de long dégagée de la couche sombre la plus ancienne et faisant partie probablement des infrastructures d'origine de cet édifice). Le deuxième sondage en surface (2 m2) et à quelques mètres de l'entrée du souterrain montre l'existence d'un silo, taillé dans le tuf granitique. Au dessus du silo, un trou horizontal taillé dans le granite a été trouvé et il servait probablement de logement à un axe de porte en bois fermant le silo. Cette porte horizontale pouvait éventuellement servir de lit en raison de sa grande taille. Au fond du silo, une couche noire à charbon de bois a été prélevée pour une éventuelle datation au 14C et contient quelques graines indéterminées. Il existe trois autres silos à proximité immédiate de ce dernier mais ils ont été déjà vidés. Plus de 500 tessons de poterie ont été trouvés lors de ces deux sondages ainsi qu'une fusaïole, une pierre à aiguiser en grès fin de type Collonges-la-Rouge, une pierre de jet en roche volcanique et une petite perle en verre bleuté. Cette zone, vierge de toute habitation actuellement, présente un intérêt majeur pour l'histoire locale sur la période qui précède la construction des premières forteresses du XIIe s. (tours de Merle, tours de Carbonnières et tours d'Albois). Ces trois tours sont situées dans un rayon de moins de 3 km à vol d'oiseau du site de ces sondages. Un complément d'étude semble indispensable dans les années à venir. Henri Pigeyre

AUTEURS

HENRI PIGEYRE BEN

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Saint-Pantaléon-de-Larche, Larche, La Feuillade – Déviation de la RN89

Emmanuelle Galtié

Identifiant de l'opération archéologique : 122092

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 La direction départementale de l’Équipement de Corrèze ayant pour projet la création d’une déviation de Larche par la RN 89, un diagnostic archéologique fut prescrit préalablement aux travaux d’aménagement. Cette opération s’est déroulée au cours du mois de novembre 2005.

2 Cette prospection mécanique a permis de mettre en évidence trois indices de sites. Le premier se caractérise par une portion de fossé d’enclos (protohistorique ?) dont une partie a certainement dû disparaître avec les carrières de gravières transformées en étang (Établissement Lachaux). Les deux autres indices se situent sur la commune de La Feuillade au lieu-dit « Champ Dalou ». Il s’agit de niveaux d’occupation ponctuels, se caractérisant dans les deux cas par une zone rubéfiée à proximité de laquelle se répartissent de réguliers fragments de céramique et du mobilier lithique. Par ailleurs, ces niveaux d’occupation se localisent dans le lit d’un paléochenal dont la rive nord a pu être mise en évidence au gré des sondages. L’attribution chronologique de ces indices de site oscille entre le Néolithique Moyen et l’Âge du Bronze.

3 Emmanuelle Galtié

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AUTEURS

EMMANUELLE GALTIÉ INRAP

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Soudaine-Lavinadière – Prieuré de Lavinadière

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 122369

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 Les recherches engagées sur le site de l’église et du prieuré de Lavinadière se sont traduites sur le terrain en 2005 par une troisième campagne de fouille programmée. Cette nouvelle opération a permis de poursuivre l’exploration de l’ensemble des vestiges reconnus jusqu’ici (voir BSR 2003 et 2004) et d’étendre raisonnablement le décapage en s’éloignant à la fois de l’église et des structures identifiées lors des opérations précédentes.

2 Malgré une intense entreprise de récupération de matériaux après l’abandon du site que l’archéologie et les sources écrite situent vers le milieu du XVIIe s., il est acquis que d’importants restes archéologiques sont encore conservés et ce pour deux grandes phases chronologiques que l’on peut distinguer actuellement entre le Moyen Âge et le début de l’époque moderne.

3 L’état le plus récent correspond à une phase d’importants travaux de réorganisation fonctionnelle et architecturale qu’il est vraisemblable de situer à la fin du Moyen Âge (circafin XVe s.). À l’image de bon nombre de petites résidences aristocratiques laïques, le prieuré adopte un nouveau plan reposant sur un ensemble de bâtiments disposés en « L » autour d’une cour également délimitée par la façade septentrionale de l’église. Ce corps de logis à étage inclut quelques aménagements dont la fonction est plus symbolique que réellement défensive (tourelle d’angle, fossé), domestique (four) ou architecturale (cage d’escalier en demi hors œuvre sur façade) (Fig. n°1 : Vue partielle de la fouille depuis le sud-ouest. Au premier plan : à gauche le puits, à droite le bassin de la phase tardive. Au centre, sous les niveaux d’occupation du bâtiment : bassin médiéval. À l’arrière plan : la tour flanquant l’angle de la commanderie.). Il est probable que cette réorganisation complète du prieuré corresponde au moment de l’absorption

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des biens de l’ordre du Saint-Sépulcre par celui des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1489), période qui verra donc la transformation du prieuré en commanderie : le changement de statut de ce petit établissement religieux se traduirait donc par de notables modifications de son architecture et de son organisation.

4 Parmi les découvertes significatives que l’on peut attribuer à cette phase récente de l’occupation, on mentionnera la découverte de la partie inférieure d’un bassin au centre de la cour délimitée par les deux corps principaux de bâtiments et l’église où l’on a précédemment mis en évidence un puits. La fouille (non achevée) de l’une des pièces du bâtiment le plus septentrional a également permis d’étudier un dispositif de deux vases semi-enterrés de type marmite, cas plutôt inédit régionalement d’un probable système de conservation. Enfin, les premières traces significatives de l’existence d’un atelier métallurgique ont été découvertes en deux zones extérieures, à proximité d’un bâtiment : scories, fragments de parois de four et couche de battitures ont ainsi été repérés. La fouille de ce secteur sera développée lors des prochaines campagnes et fera l’objet d’une étude paléométallurgique spécifique.

5 La phase la plus ancienne repérée jusqu’ici sur le site apparaît encore de manière discontinue sous les constructions de l’extrême fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne, il n’est donc pas encore possible de proposer un plan global de ces vestiges, d’autant qu’ils sont en grande partie fossilisés par ceux de la période la plus récente. Toutefois, de nouvelles structures peuvent désormais être associées à cette phase plus ancienne qui correspond à celle des chanoines du Saint-Sépulcre. L’aménagement le plus ancien en chronologie relative reste, cette année encore, un fossé segmentaire creusé dans le rocher. Son comblement, à la fin de la période médiévale, inclut de nombreuses scories, probables restes d’un premier atelier métallurgique associé au prieuré. Un premier bassin au sol dallé a également été découvert à l’intérieur d’un bâtiment tardif. Il devait, à l’origine, occuper une cour dont les limites ne sont pas encore connues. Son abandon, provoqué par la construction du nouveau logis, entraînera la création d’un monument comparable dans la nouvelle cour.

6 Plusieurs nouveaux murs ou vestiges de murs ont été également repérés, soit sous les sols des bâtiments tardifs, soit à l’extérieur même de la commanderie et appartiennent aux bâtiments du prieuré médiéval. Un mobilier plus nombreux a également été découvert cette année : associé à une céramique régionale on a ainsi pu mettre en évidence plusieurs présences inédites, comme par exemple des fragments d’un pichet « aux oiseaux », production saintongeaise et une trompe d’appel en céramique orange, à l’origine glaçurée (Fig. n°2 : Trompe d’appel en céramique (XIVe s.-XVe s.)). Ces pièces, découvertes dans un cloaque de latrines et la couche de comblement du bassin médiéval, datent du Moyen Âge final.

7 La poursuite des recherches devrait prendre la forme d’une fouille triannuelle dont l’objectif premier serait d’achever l’étude de la commanderie des hospitaliers et de poursuivre la reconnaissance des parties anciennes du prieuré du Saint-Sépulcre. Parallèlement, l’étude du bâtiment identifié dans le village comme étant la commanderie des XVIIe s.-XIXe s. sera entreprise, ainsi que la reprise globale du dossier historique associé à ces trois implantations religieuses.

8 Patrice Conte

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ANNEXES

Fig. n°1 : Vue partielle de la fouille depuis le sud-ouest. Au premier plan : à gauche le puits, à droite le bassin de la phase tardive. Au centre, sous les niveaux d’occupation du bâtiment : bassin médiéval. À l’arrière plan : la tour flanquant l’angle de la commanderie.

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte Patrice, SDA (2005)

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Fig. n°2 : Trompe d’appel en céramique (XIVe s.-XVe s.)

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte Patrice, SDA (2005)

AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

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Les occupations gravettiennes dans le bassin de Brive

Identifiant de l'opération archéologique : 122374

Date de l'opération : 2005 (PC)

1 Situé au sud-ouest du Massif central, le bassin de Brive se trouve entre les plateaux métamorphiques du Limousin au nord-est et les calcaires jurassiques au sud est. Il est creusé dans les grès du Permo-trias où se développe un pseudo-karst favorable à la formation d’abris sous roche mais aussi de grottes au sens strict. Une grande partie de ces formations renferme des occupations se rapportant au Paléolithique supérieur (environ 40 sites répertoriés). Deux cultures sont particulièrement bien représentées : l’Aurignacien et le Gravettien. Les séries lithiques gravettiennes ont été étudiées et publiées par différents préhistoriens mais surtout par P.-Y. Demars qui depuis plus de trente ans, a mené un travail important sur les industries du Paléolithique supérieur du bassin de Brive (Demars, 1982, 1994). Ces travaux fondamentaux pour la connaissance des industries lithiques du Paléolithique supérieur pour cette région, portent principalement sur des analyses typologiques et lithologiques. Cependant, les séries n’ont pas été étudiées selon une approche technologique, sources de données essentielles pour cette culture dont on connaît encore assez peu les savoir-faire lithiques, mis à part quelques travaux récents. C’est donc de ce constat qu’est née l’idée de reconsidérer ces anciennes collections sous l’angle technologique afin d’obtenir de nouvelles données sur les savoir-faire de ces groupes préhistoriques.

2 Cette première année de PCR nous a permis de faire l’état des lieux et de réaliser le diagnostic de l’ensemble des industries lithiques gravettiennes du bassin de Brive. Le bilan de ces premiers travaux associe paradoxalement des points négatifs, mais aussi positifs pour la suite des recherches.

3 Le premier handicap résulte tout d’abord de l’ancienneté de la plupart des fouilles de ces gisements - exploités pour la plupart avant les années 50 - mis à part les fouilles relativement récentes des années 1970 de G. Mazière (Mazière, 1978). Cependant, ce

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handicap de l’ancienneté des opérations archéologiques menées dans cette région est relativisé par la grande qualité des travaux de J. et A. Bouyssonie et L. Bardon qui ont fouillé la majorité des sites.

4 Malheureusement tout ce potentiel archéologique a été énormément altéré par la suite, en raison de problèmes de conservation du matériel. Les séries lithiques ont été extrêmement fractionnées et conservées par différentes personnes, et une grande partie des données de terrain ont disparu.

5 Finalement, deux et peut-être trois séries seulement présentent un intérêt pour de futures analyses technologiques : la série de Lacoste sera réexaminée pour certains aspects et la série de Bassaler-Nord, bien que quantitativement faible, pourrait peut- être faire l’objet d’une étude universitaire. Mais c’est surtout le site de Puyjarrige 2 qui présente un intérêt indéniable et important pour la connaissance du Gravettien de phase ancienne, dont les sites sont rares en France et qui reste une culture encore peu étudiée (Digan, 2006).

6 C’est pourquoi nous prévoyons de poursuivre l’étude de cet ensemble lithique dans l’objectif de publier ces résultats.

7 Mahaut Digan avec la collaboration de Thierry Bismuth, Pierre-Yves Demars et Guy Mazière.

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Saint-Angel

Jean-Pierre Colombain

Identifiant de l'opération archéologique : 122350

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 Sur une commune comportant d'importantes zones forestières peu favorables, les indices préhistoriques - présence très clairsemée d'un outillage de lamelles et grattoirs, d'éclats en jaspe et silex, hache polie, pierre levée (menhir) - restent cantonnés au Néolithique ; en outre, deux ensembles de tertres funéraires, certains isolés, d'autres très rapprochés formant des tumulus allongés, sont à rattacher à la même période. Les quinze autres tertres localisés jusqu'à présent, de facture traditionnelle, appartiennent aux différents âges des métaux - les plus fréquents au deuxième âge du Fer - ainsi qu'à la période gallo-romaine.

2 La romanisation du territoire de Saint-Angel est nettement marquée : indices (tuiles) de bâtiments arasés, entre autres à la Fabrie, Cussac, Plaziat, Puy des Fourches, céramique commune et sigillée décorée récoltée sur un tumuluspartiellement détruit (domaine du Faux) ; coffre funéraire de grand module (Cussac), meule en basalte (Beaune), sculpture en granite de main tenant une patère provenant d'une statue de probable divinité fragmentée par les travaux agricoles.

3 Quatre tronçons fossilisés de voies de technique romaine s'ajoutent à l'inventaire. L'un d'eux prolonge la voie Lyon - Bordeaux déjà répertoriée au Pont de Pierre, deux autres sont des axes nord-sud dont l'un pourrait appartenir à une voie Le Mont - Dore- Limoges, le quatrième étant parallèle à la voie Lyon - Bordeaux (situé plus au nord) est proche de l'actuelle RN 89, tout comme le tronçon de la zone des Roches déjà signalé.

4 Si l'église fortifiée demeure un site majeur de l'époque médiévale, la prospection a permis la découverte de l'emplacement de l'église arasée de Saint-Jean-Baptiste du Bouchaud, celui de l'église de Saint-Fréjoux le Pauvre restant à établir ; par ailleurs, a été mise en évidence la motte féodale de Murat placée au XIVe s. sous l'autorité de Pierre de Murat, seigneur de Saint-Angel. Deux croix seulement sont recensées, dont l'une présente une vierge à l'enfant au lieu du Christ. Cette rareté très inhabituelle peut

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s'expliquer par l'intensité des mouvements populaires locaux lors de la Révolution. Cette première approche de Saint-Angel a fourni plusieurs occasions d'élargir les recherches à des communes avoisinantes : Ussel (une nécropole gallo-romaine à la Goudounèche, une autre très vaste sur la butte de Montplaisir en partie seulement déjà explorée), (importantes ruines gallo-romaines), Palisse (motte féodale), (tertres funéraires d'époques différentes).

5 Les investigations seront poursuivies sur tous ces sites, ainsi que sur les voies antiques et moulins de Saint-Angel, certaines zones à fort potentiel restant à approfondir.

6 Jean-Pierre Colombain

AUTEURS

JEAN-PIERRE COLOMBAIN BEN

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Auriac, Bassignac-le-Haut, Darazac

Henri Pigeyre

Identifiant de l'opération archéologique : 122351

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 La prospection a porté cette année sur trois communes du canton de Saint-Privat. Les communes de Auriac, Bassignac et Darazac ont été visitées. L'inventaire des nombreuses inscriptions gravées généralement sur les linteaux des constructions (maisons, granges, four, séchoir, puits, croix etc.) des différents hameaux a été fait. Une prospection des particularités locales décrites par les habitants a été faite, couplée à une prospection sur les terres labourées.

2 Comme sur les communes prospectées l'année dernière, le nombre d'édifices avec des dates gravées est très important (350) : la commune d'Auriac en possède plus de 150 à elle seule. La plus ancienne maison datée est de 1578 dans le hameau d'Ymons sur la commune de Bassignac-le-Haut.

3 La découverte d'une seule croix gravée sur les pierres d'angles d'une grange à Darazac montre que cette coutume originale se localise sur le sud du canton. Deux croix de ce type ont été découvertes dans le département du Cantal voisin et une en Haute-Vienne sur la commune d'Aixe-sur-Vienne. Une étude sera entreprise sur ces croix qui semblent avoir une répartition géographique beaucoup plus importante que prévu. Un poster a été présenté lors de la visite des Tours de Merle pour le congrès de la société française d'Archéologie. Deux participants m'ont signalé des croix du même type (une en Bretagne et l'autre en Isère). Quelques sites de la préhistoire ont été découverts ou redécouverts. Trois tumulusont été situés avec précision (deux sur la commune d'Auriac et un sur la commune de Bassignac-le-Haut). Ils se situent toujours sur des éperons dominant la vallée de la Dordogne. Ils soulignent le rôle important de ces grandes vallées comme grandes voies de pénétration et de circulation à l'époque préhistorique. Le tumulusd'Ymons semble intact, ceux d'Auriac ont déjà été « grattés » (poteries de l'âge du Fer) et sont en voie de destruction.

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4 Les sites de l'époque gallo-romaine sont assez nombreux (six) malgré la difficulté d'observation (faible zone labourée sur le plateau). Deux sites semblent plus particulièrement intéressants au vu de l'étendue et de la richesse des vestiges (« La Védrenne » à Auriac et « Vielzot » à Bassignac-le-Haut) et méritent une étude plus approfondie.

5 Un certain nombre de souterrains a été inventorié, la plupart d'entre eux sont remblayés et inaccessibles. Le souterrain de « La Grèze » (Darazac) a pu être relevé, deux autres sont en cours de négociation avec les propriétaires pour une visite éventuelle (Redenat et Auriac). Un silo a également été trouvé à « La Grèze », à proximité d'un fond de cabane.

6 Henri Pigeyre

AUTEURS

HENRI PIGEYRE BEN

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Soursac, Latronche, St-Pantaléon- de-Lapleau, St-Hilaire-Luc, Lamazière-Basse

Françoise Daymard

Identifiant de l'opération archéologique : 122352

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 La prospection a consisté à approfondir les recherches sur les communes concernées les années précédentes auxquelles s'est rattachée celle de Lamazière-Basse.

2 Depuis le début des recherches, un ensemble de 92 fiches a été réalisé dont une dizaine a fait l'objet de vérifications. Pour Soursac, la découverte d'une hache polie conforte l'occupation préhistorique des lieux.

3 Deux nouveaux souterrains sont également portés à l'inventaire. Un travail de terrain sur la commune de Saint-Hilaire-Luc a permis de localiser précisément trois tertres funéraires ainsi qu'un site gallo-romain avec présence de tessons et tegulae.À Saint- Pantaléon-de-Lapleau, un souterrain refuge inédit a été porté à l'inventaire. Les recherches sur Lamazière-Basse ont débuté avec le dépouillement des états de section du cadastre napoléonien et l'étude des microtoponymes préambule au travail de terrain. Cette commune entre Luzège et Vianon est très étendue, son étude permettra de conforter l'importance de la paroisse à l'époque médiévale.

4 Françoise Daymard

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AUTEURS

FRANÇOISE DAYMARD BEN

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23 – Creuse

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Crozant – Château (le contrefort)

Guillaume Demeure et Julien Denis

Identifiant de l'opération archéologique : 122365

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Parmi les différents édifices ruinés du château de Crozant, un vestige de maçonnerie verticale, communément appelé « le contrefort », était souvent interprété comme une petite tour ou une guette flanquant l'enceinte ouest du site castral. L'étude archéologique du bâti menée en 2004 lors de la cristallisation des maçonneries ayant montré que l'on avait peut-être affaire là à une porte, un sondage archéologique a été réalisé à l'est des vestiges.

2 Ce sondage a non seulement permis de confirmer l'hypothèse, mais a également mis au jour un édifice de défense relativement élaboré : une tour-porte établie à la jonction de deux courtines (Fig. n°1 : Tour-porte établie à la jonction de deux courtines). Cette tour- porte était un édifice quadrangulaire de 8,70 m sur 5,60 m, comportant plusieurs niveaux. La partie ouest correspondait au passage proprement dit : d'une largeur de 2,50 m, il était défendu par une archère percée dans le mur intérieur est, probablement par un assommoir à l'étage, par une herse et enfin par les vantaux de la porte. La partie est était une chambre de tir réduite, mais pourvue de trois archères à embrasement triangulaire : celle de l'est flanquait la courtine est ; celle du sud défendait au-devant de la porte, et la troisième, à l'ouest, donnait sur le passage. Cette chambre de tir était accessible par un couloir partiellement établi dans l'épaisseur du mur de courtine est.

3 Dans son premier état, cette tour était également chaînée avec les courtines dont elle assurait la défense et participait donc à un programme architectural de plus grande ampleur. Ce programme semble d'ailleurs avoir concerné l'ensemble du site castral, car, à quelques détails près, cette tour-porte quadrangulaire est la copie de la tour- porte du deuxième état de la porterie permettant l'accès à l'ensemble du site. Il reste néanmoins difficile de dater cet édifice, bien que par comparaison avec la porterie sud

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on privilégie pour l'instant une période s'étendant entre la fin du XIIe s. et le début du XIIIe s.

4 Par la suite, probablement dans le courant du XIIIe s. lors la réalisation de la campagne de travaux ayant entraîné, notamment, la construction de la tour du Renard, cette tour-porte fut augmentée d'un puissant contrefort (le seul vestige visible avant travaux) de 3 m de large sur 2,80 m de profondeur, conservé sur une hauteur de près de 11 m. Au sommet se trouvait une petite salle pourvue au moins d'une archère à étrier et d'un assommoir sur arc (un mâchicoulis unique ?). Elle communiquait avec l'étage de la tour-porte par une porte dont certains éléments ont été retrouvés effondrés.

5 En 2006, des fouilles complémentaires devraient permettre le dégagement intégral du passage et de ses abords.

6 Guillaume Demeure, Julien Denis

ANNEXES

Fig. n°1 : Tour-porte établie à la jonction de deux courtines

Auteur(s) : Demeure, Guillaume (HADES). Crédits : Demeure Guillaume, HADES (2005)

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AUTEURS

GUILLAUME DEMEURE HADES

JULIEN DENIS HADES

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Crozant – Château de Crozant "La Tour Isabelle" ou "Grosse Tour"

Patrick Bouvart

Identifiant de l'opération archéologique : 122406

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Le château de Crozant est situé à l’extrémité nord du département de la Creuse, aux confins du Berry et de la Marche. Implanté sur un imposant éperon rocheux à la confluence de la Creuse et de la Sédelle, il a été racheté en 1994 par la municipalité de Crozant. En 1998, l’ensemble du site castral a bénéficié d’un clas- sement au titre des Monuments historiques. Depuis, des travaux de sauvegarde sont annuellement mis en œuvre et sont systématiquement accompagnés d’un suivi archéologique.

2 L’étude qui s’est déroulée en septembre-octobre 2005 a duré quatre semaines. Elle constitue la première approche archéologique du secteur de la « Grosse Tour ». L’organisation du chantier a été orchestrée par M. Villeneuve, A.C.M.H. et son collaborateur M. Marchand ainsi que par M. Conte du service régional de l’Archéologie. Les recommandations étaient de dégager, observer et comprendre les maçonneries de la tour et celles se trouvant dans l’environnement immédiat. Deux sondages avaient pour but d’identifier et de localiser les entités archéologiques pour pouvoir les préserver ou les fouiller.

3 L’état de délabrement de la « Grosse Tour » édifice apparemment majeur du castrumest malheureusement très prononcé. Des découvertes importantes ont néanmoins été faites dans l’environnement immédiat et neuf phases ont été déterminées, même si les chronologies de construction n’ont pas réellement pu être affinées.

4 La construction la plus ancienne semblerait être une portion de courtine qui délimite l’angle sud-est de la plateforme. Elle serait synchrone de la porterie située en contrebas et serait ainsi estimée de la fin du XIIe s. D’après une étude de Julien Denis, cette enceinte serait attribuable à l’occupation Plantagenêt.

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5 La construction de la tour lui succède. Les élévations qui selon l’iconographie du XIXe s. atteignaient encore trois étages, ne sont pas conservées au-delà du premier niveau. La base de la tour se révèle être un cul-de-basse-fosse probablement destiné à des fonctions pénitentiaires. Cet espace est, à l’origine, uniquement accessible à partir d’un "oculus" au centre de la voûte. Il est actuellement en partie comblé par des gravats, mais des aménagements maçonnés sont perceptibles dans la zone sud. Ainsi, il n’est pas exclu que cette architecture soit plurifonctionnelle. Le premier étage conserve très peu d’indices sur l’organisation et la fonction de la pièce. Une porte ouvrait l’édifice vers l’est. Cette communication entretenait une relation avec la courtine préexistante. Un escalier aménagé dans l’épaisseur de la maçonnerie de la tour desservait un second étage. Des éléments lapidaires retrouvés dans les gravats d’effondrement et l’iconographie du XIXe s. permettent de supposer que les niveaux supérieurs de la tour étaient voûtés sur ogives.

6 Les éléments décoratifs et la stratigraphie n’offrent pas de repère chronologique suffisamment déterminant pour évoquer une date de construction. Le débat de l’attribution à Isabelle d’Angoulême ou à l’administration capétienne ouvert par Christian Rémy reste sans conclusion. Aucun niveau d’occupation médiévale n’a été mis au jour dans l’emprise des sondages.

7 Une reconstruction de la courtine et une réfection des parements de la tour pourraient avoir été réalisées à l’issue d’un tremblement de terre en 1606. Cet événement, s’il n’a pas ruiné immédiatement la tour, l’a largement fragilisée. Les effondrements qui en découlent entraînant l’abandon définitif de ce secteur du site castral interviennent quelques années plus tard. Entre temps, une sépulture a été improvisée dans les gravats au sud de la tour. Il s’agirait d’un adulte décédé, comme le suppose le contexte, durant les Guerres de Religion.

8 Patrick Bouvart

AUTEURS

PATRICK BOUVART HADÈS

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Felletin

Julien Denis et Angélique Marty

Identifiant de l'opération archéologique : 122331

Date de l'opération : 2005 (PI)

1 Dans le cadre de « l’inventaire général du patrimoine architectural et mobilier de la commune de Felletin » engagé en 2002, la ville de Felletin, le conseil général de la Creuse et la DRAC du Limousin pour l’Etat ont souhaité la réalisation d'une étude historique et documentaire de la ville, en orientant les problématiques sur la question des origines et de la genèse de la ville médiévale de Felletin qui devait être ici traitée.

2 Cette étude, réalisée en 2005 a comporté une recherche documentaire approfondie, un repérage des vestiges architecturaux et archéologiques en lien avec la période concernée, ainsi qu'un important travail de cartographie des informations historiques afin de permettre l'intégration des données dans l'Atlas du Patrimoine de la commune de Felletin.

3 Si les origines de la ville sont encore aujourd'hui obscures, c'est surtout parce que l'on ne dispose que de très peu de sources écrites antérieures à 1390. En conséquence, une grande partie des données, ainsi que l'interprétation de certaines sources écrites d'ailleurs, a reposé sur un travail d'analyse du parcellaire de Felletin et de ses abords. Ce travail a été mené à partir du cadastre napoléonien, qui a été numérisé et positionné sur le cadastre actuel. Dans un second temps, un processus d'étude régressive a permis d'éliminer les éléments les plus récents (tracés de routes du XVIIIe s.) et d'en rajouter certains qui avaient disparu (tracé des fortifications), afin d'obtenir un plan parcellaire plus ancien et plus propice à la réflexion.

4 Enfin, l'étude de ce nouveau plan a mis en évidence des anomalies, ou des situations parcellaires qui, cumulées, permettent de proposer une interprétation de ce qu'a pu être la genèse de la ville médiévale : par exemple, l'observation de la concentration de certains chemins, qui peuvent apparaître inadaptés à la situation connue, révèle en fait les traces d'un état ou d'une organisation antérieure.

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5 Une des plus anciennes étapes dans le processus de développement de Felletin correspond à l'établissement d’une fortification au sommet de la colline de Beaumont, à proximité de l'église paroissiale. Elle domine la route de Limoges à Clermont certainement afin de contrôler le franchissement de la Creuse. Le site castral est attesté comme siège de châtellenie dès la fin du XIe s. La châtellenie de Felletin est alors au coeur de la vicomté d'Aubusson, une principauté territoriale ancienne qui disparaît dans le courant du XIIIe s.

6 Vers 1125, l'établissement d’un prieuré bénédictin dépendant de la prévôté de Chambon-Sainte-Valérie est le second jalon chronologique fiable dont on dispose. Si les donateurs sont ici des membres de l'aristocratie locale, il est probable que cette implantation monastique est plutôt une volonté délibérée du prévôt et des moines de Chambon-Sainte-Valérie de prendre pied sur un itinéraire commercial en développement. En effet, le prieuré paraît plus être un relais utile au sein des possessions monastiques, à la fois un « entrepôt » des revenus de la Montagne limousine (placé sous la protection du château) et un lieu d'écoulement des produits à travers les foires.

7 Du XIIe s. au XIIIe s., on assiste à l'essor économique de ce carrefour routier avec le développement des foires et marchés. Si la documentation dont on dispose fait précéder l’établissement du prieuré (1125) à la première mention de foires (1245), il est presque plus probable que, dans les faits, les foires aient précédé le prieuré. La sédentarisation des marchands entraîne progressivement le développement d'une agglomération sur ce carrefour, à proximité du prieuré, tandis que le château et l'église paroissiale restent excentrés.

8 Bien que ravagée par un incendie en 1248, Felletin est dès lors une petite ville au coeur de la Haute Marche. Et tandis que la vicomté d'Aubusson disparaît politiquement au profit du puissant comté de la Marche (1260), la ville se dote d'une enceinte fortifiée et d'institutions municipales (des franchises sont probablement accordées dans les années 1260). Pour pallier l'éloignement du siège de la châtellenie, un nouveau château est établi à l'extrémité nord de la ville.

9 À partir de la fin du XIVe s., Felletin, en plus d'être un lieu d'échange important à travers ses foires, développe une économie de production et passe progressivement d'une activité commerciale à une activité de transformation. Si cette dernière concerne dans un premier temps la transformation des produits de la Montagne limousine (essentiellement le cuir et la laine), elle préfigure, à la toute fin du XVe s., l'apparition de la tapisserie.

10 Contrairement à beaucoup d'autres villes médiévales du Limousin, Felletin n’est donc probablement ni un bourg castral (malgré la présence d’un château), ni un bourg monastique (malgré la présence du prieuré), mais une véritable ville au développement commercial puis artisanal autonome. Ce sont vraisemblablement ici les itinéraires et les foires qui ont d'abord attiré à eux les structures castrales et monastiques.

11 Angélique Marty, Julien Denis

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AUTEURS

JULIEN DENIS HADES

ANGÉLIQUE MARTY HADES

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Guéret, Saint-Fiel – Cher du Cerisier

Jean-Michel Beausoleil

Identifiant de l'opération archéologique : 121634

Date de l'opération : 2005 (EX)

L’opération de sondages et d’évaluation archéologiques a été motivée par le projet d’extension et d’aménagement de la zone industrielle « Cher du Cerisier, Les Garguettes », sur les communes de Guéret et Saint-Fiel. Afin de procéder à la reconnaissance et à l’exploitation scientifique du patrimoine archéologique susceptible d’être détruit par les travaux, une convention a été établie entre la Communauté de communes de Guéret Saint-Vaury et l’Institut de recherches archéologiques préventives. L’opération a été effectuée sous le contrôle scientifique du Service Régional de l’Archéologie. L’objectif de ce diagnostic était de reconnaître la présence d’éléments du patrimoine archéologique dans l’emprise affectée par l’aménagement et, le cas échéant, d’en caractériser aussi précisément que possible la nature, la chronologie, l’extension spatiale et l’état de conservation. Ces éléments du patrimoine archéologique comprennent les vestiges mobiliers ou immobiliers ayant trait à une activité ou à un habitat humain passés, ainsi que tous les éléments permettant la connaissance du milieu (climat, faune, flore, ressources naturelles) dans lequel se sont déroulées ces occupations humaines. Qui plus est, le projet d’agrandissement de la zone industrielle s’inscrit dans une zone archéologiquement sensible. Au cours de cette phase, les sondages mécaniques ont été réalisés en priorité sur les zones devant recevoir la voirie et les premiers aménagements (phase I du projet). Contexte géographique et géologique Les terrains prospectés, installés en limite des communes de Guéret et Saint-Fiel, appartiennent entièrement au bassin topographique de la vallée de la Creuse. Ils sont disposés sur un versant en pente douce, orientés vers le sud - sud-est, dominant le ruisseau des Chers. Le substratumest ici constitué de granite (Monzogranite : unité de

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Saint-Fiel) surmonté par des altérites sableuses à argileuses. On notera la présence de remplissages alluviaux principalement argileux le long du ruisseau des Chers. Contexte archéologique de l’intervention Le projet d’agrandissement de la zone industrielle « Cher du Cerisier, Les Garguettes » concerne de vastes terrains situés en limite de l’agglomération de Guéret. Il était donc nécessaire de procéder au diagnostic de ces terrains qui couvrent plus de 30 ha dans sa première phase. En effet l’importance de cette surface augmente le risque de découvertes. Par ailleurs, ce secteur est considéré comme sensible pour les raisons suivantes : - au nord-ouest : un tertre funéraire protohistorique, de 25 m de diamètre et de plus de 2 m de haut a été repéré dans l’enceinte de l’ancienne usine Michelin ; - la présence d’autres tertres arasés, situés dans l’emprise du projet de la phase II, est attestée par divers témoignages ; - la topographie - point haut (377 m) dominant le ruisseau des Chers - est un argument en faveur d’une possible occupation humaine ancienne. L’opération d’évaluation archéologique La phase de sondages mécaniques systématiques s’est déroulée du 2 au 25 février 2005. Une série de sondages a été effectuée à l’aide de deux pelles mécaniques, dotées d’un godet lisse de 2 m de large. Les sondages ont été creusés jusqu’au substrat, par passes horizontales plus ou moins fines, permettant de visualiser en plan d’éventuelles structures. Trois cent quatre-vint- onze tranchées, variant entre 20 m et 50 m de long, espacées de 15 m à 30 m, ont été privilégiées pour avoir un aperçu réaliste de la topographie du substrat. La méthode employée permet de mettre en place une maille relativement fine dont l’objectif théorique est d’obtenir une estimation du potentiel archéologique du sous-sol. Les sondages réalisés ont été relevés précisément en topographie. Les résultats Trois cent quatre-vint-onze tranchées, réalisées dans l’emprise du projet de la phase I et correspondant à une surface approchée de 15 448 m2 - soit 4,98 % de la surface totale - ont été creusées. L’objectif initial était de reconnaître entre 5 % et 10 % de la surface de l’emprise. Nous sommes donc très légèrement en deçà. Ceci est la conséquence de plusieurs causes : - des secteurs n’ont pu être sondés pour des raisons d’accessibilité des pelles mécaniques. En effet, des parcelles, dont le déboisement n’était pas terminé au moment de notre intervention, n’ont été que partiellement sondées (zones boisées situées au nord et dans la partie centrale du projet de la phase I) ; - le maillage, sur les secteurs présentant de fortes érosions et une faible épaisseur de terre végétale, a été élargi ; - à la demande de l’aménageur, les marais et les terrains en friches (parcelles AE 17 et 19) situés sur la rive gauche du ruisseau des Chers n’ont pas été sondés. Résultats de la campagne de sondages mécaniques systématiques et observations stratigraphiques générales Liée au contexte géomorphologique, la stratigraphie observée au sein des sondages est très homogène et ne varie que par l’épaisseur de la terre végétale. Dans les parcelles

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prospectées, elle est en général peu épaisse - entre 0,10 m et 0,40 m d’épaisseur - et repose directement sur le substratum(argile ou arène sableuse à argilo-sableuse). Parmi les sondages réalisés dans les parcelles, seules deux tranchées se sont révélées positives. Tous les autres sondages pratiqués n’ont révélé la présence d’aucune occupation ancienne. Le sondage positif n° 1. L’indice de site repéré dans la parcelle AE 18 est situé à proximité du ruisseau des Chers, sur le versant méridional du plateau. Le mobilier du sondage n° 1 a été découvert en limite des parcelles AE 18 et AE 10, dans la couche de labour. Ce matériel est constitué de nombreux fragments de céramique protohistorique grossière non tournée , qui étaient associés, entre autres, à un boulet de charbon et à un fragment d’assiette en porcelaine. La céramique : Le mobilier archéologique recueilli comprend 50 fragments céramiques qui appartiennent à un même vase incomplet non tourné. Le fond du récipient est absent. Ce petit pot, de 20 cm de diamètre à l’ouverture, présente un bord sécant vertical, à profil rectiligne et lèvre arrondie. Un décor d’impressions verticales à la baguette est présent sur le haut de la panse (Fig. n°1 : Vase à décor d’impression à la baguette). Pâte brune dans la masse, orangée à marron en surface, renfermant de fines paillettes de mica à reflets dorés, et des cristaux de quartz non roulés et très grossiers. L’intérieur est lissé (lissage fin) et l’extérieur est légèrement érodé. Bien que caractéristique des productions du premier âge du Fer, notre exemplaire présente toutefois un intérêt typologique limité. Ce type de récipient est en effet connu au premier et au tout début du second âge du Fer sur de nombreux sites (750 av. J.-C. - 400 av. J.-C.). Le mobilier mis au jour se trouve en position secondaire (mobilier mis en place par colluvionnement). Il a été déplacé vraisemblablement à l’occasion des labours de la parcelle voisine. Les observations effectuées sur le terrain permettent d’avancer l’hypothèse que ces fragments de céramique proviennent d’un site protohistorique disposé en contre-haut de la parcelle explorée. Une petite banquette de culture marque en effet la limite entre les terrains. Au vu de la diffusion de l’épandage et de la topographie, ce site pourrait se trouver sur le replat (parcelle AE 10) dominant la parcelle sondée. Ce fait sera facilement vérifiable lors de la seconde phase de diagnostic. Aucun site n’a été identifié sur la zone prospectée et les tranchées d’expertise n’ont livré aucune trace immobilière d’une quelconque occupation ancienne. Les indices de sites témoignent en revanche d’une probable occupation des environs à la période protohistorique. C’est ce que nous nous attacherons à vérifier lors de la seconde phase de diagnostic archéologique du « Cher du Cerisier », secteur où plusieurs tertres funéraires arasés sont attestés par divers témoignages. Jean-Michel Beausoleil

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ANNEXES

Fig. n°1 : Vase à décor d’impression à la baguette

Auteur(s) : Beausoleil, Jean-Michel (INRAP). Crédits : Beausoleil Jean-Michel, INRAP (2005)

AUTEURS

JEAN-MICHEL BEAUSOLEIL INRAP

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Jalesches

Philippe Mavéraud et Hélène Mavéraud-Tardiveau

Date de l'opération : 2005 (DF)

1 Au cours de l’année 2004, une stèle en granit a été découverte lors de la démolition d’une grange dans la commune de Jalesches. Conservée chez un particulier, elle était jusqu’alors réemployée dans un des murs du bâtiment. Elle est ornée d’un bas-relief représentant un personnage assis en tailleur (Fig. n°1 : Stèle de Jalesches, décor antropomorphe) et (Fig. n°2 : Face latérale gauche).

2 La nature du granit utilisé indique une provenance locale. Le bloc mesure 0,51 m de hauteur, 0,19 m d’épaisseur et 0,32 m de largeur. L’épaisseur du bas-relief atteint 6 cm en moyenne. Une large rainure droite est présente sur la moitié supérieure de la stèle, au niveau des faces latérales et du sommet. Les extrémités gauche et droite de la face supérieure sont biseautées. La face arrière de la stèle est brute. La partie inférieure de la stèle n’étant pas sculptée, la représentation du personnage assis en tailleur repose directement sur un épais socle destiné vraisemblablement à être enterré. Le personnage porte une tunique moulante à manches longues. La jambe gauche, passe sur la jambe droite qui se confond presque avec le socle. Le bras gauche, inerte, repose sur la jambe gauche. Le bras droit est replié de façon à ce que la main serve de support à la tête du personnage : l’individu relève la tête vers le ciel, selon un angle de 45 degrés, tout en tenant son menton dans sa main droite.

3 La tête est constituée par une masse ovoïde et régulière. Elle est surmontée d’un bandeau paraissant représenter la chevelure. Deux cupules circulaires matérialisent l’emplacement des yeux. Du nez, ne subsiste aujourd’hui qu’une protubérance très érodée. Les joues sont pleines. Une légère rainure indique l’emplacement de la bouche.

4 Un objet de forme allongée, long de 9 cm, est représenté sur la hanche droite du personnage. Son inclinaison écarte l’hypothèse d’une représentation de ceinture. Par ailleurs, une de ses extrémités est facilement visible sous le coude droit. La main gauche le recouvre mais ne le tient pas comme l’indique la position du pouce. Il semble probable qu’il s’agisse de la représentation d’un fourreau. D’autre part, une rainure naissant au niveau de l’épaule droite du personnage descend à la verticale sur le torse

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pour atteindre cet objet. Elle marque peut-être l’existence d’un système de suspension telle qu’une lanière. Deux disques très érodés, juxtaposés en diagonale, sont encore à peine visibles sur la poitrine du personnage.

5 Cette représentation appartient au groupe iconographique des « personnages assis en tailleur », qui rassemble aussi bien des figurations de guerriers que de véritables divinités. Le personnage de Jalesches, qui présente les caractéristiques de la sculpture laténienne, pourrait éventuellement être un guerrier. Cette hypothèse est appuyée par la présence de ce qui semble être un fourreau de poignard, et l’absence de torque, élément distinctif récurrent sur les représentations de divinités de tradition indigène. Cependant, la position très particulière et peu conventionnelle du personnage de Jalesches diffère très sensiblement des attitudes solennelles des représentations de guerriers gaulois. Par ailleurs, il existe des statues portant des armes qui sont interprétées comme celles de divinités. Nous pouvons citer par exemple la statue de Bozouls qui tient un poignard dans la main droite et son fourreau dans la main gauche. Enfin, l’absence de torque ne suffit pas à écarter l’hypothèse d’une représentation de divinité.

6 La représentation des personnages assis en tailleur sur des stèles de ce type reste exceptionnelle. En effet, ils sont principalement figurés sous forme de statues en ronde- bosse, de bas-reliefs sur des autels ou des piliers à vocation religieuse. Enfin, la position si particulière de ce personnage assis en tailleur est parfaitement singulière.

7 Hélène Mavéraud-Tardiveau, Philippe Mavéraud

ANNEXES

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Fig. n°1 : Stèle de Jalesches, décor antropomorphe

Auteur(s) : Mavéraud, Philippe (BEN). Crédits : Mavéraud Philippe, BEN (2005)

Fig. n°2 : Face latérale gauche

Auteur(s) : Mavéraud, Philippe (BEN). Crédits : Mavéraud Philippe, BEN (2005)

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AUTEURS

PHILIPPE MAVÉRAUD BEN

HÉLÈNE MAVÉRAUD-TARDIVEAU BEN

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Parsac – Bois de Gouttemane

Jean-Michel Beausoleil

Identifiant de l'opération archéologique : 122157

Date de l'opération : 2005 (MH)

1 La R.N. 145 s’intègre dans l’itinéraire « Centre Europe Atlantique », axe de liaison transversale Est-Ouest traversant le département de la Creuse. Cette route constitue, dans la section comprise entre La Croisière et Montluçon (via Guéret), le maillon central de cet itinéraire. Prolongée à l’est par le contournement de Montluçon, elle réalise par ailleurs la jonction entre l’autoroute A 20 et l’autoroute A 71. Son aménagement à 2 x 2 voies, par petits tronçons, est en cours de réalisation depuis 1991. Alors que la portion entre La Croisière et Parsac est achevée, une petite partie (une quarantaine de kilomètres environ) située entre cette localité et Montluçon reste à construire. Dans le cadre des travaux d’aménagement, des prospections archéologiques (pédestres et mécaniques), préalables aux travaux de terrassement, sont réalisées depuis 1990.

2 L’évaluation archéologique du tronçon Parsac - Gouzon, au cours de la période hivernale 2003-2004, a permis de reconnaître deux sites d’importance variable, de la fin de l’âge du Fer, sur la commune de Parsac (Roger, 2004). Ils sont situés au lieu-dit « Bois de Parsac » pour l’un, et au lieu-dit « Bois de Gouttemane » pour l’autre. La destruction irrémédiable de ces sites a motivé l’exécution de fouilles archéologiques préventives, en 2004 (fouille du Bois de Parsac) (Beausoleil, BSR 2004), et dans le courant de l’année 2005 (fouille du Bois de Gouttemane), avant le commencement des travaux.

3 Le diagnostic réalisé en 2004 a permis la découverte d’un établissement rural de la fin de l’âge du Fer, disposé sur la partie supérieure du versant occidental du bassin sédimentaire de Gouzon, et qui s’étendrait sur une surface totale de 4 850 m2.

4 A la demande de la DDE, la fouille du site a été réalisée en deux phases :

5 - la première s’est déroulée du 6 juin au 21 juillet 2005. Cette intervention a été strictement cantonnée dans l’emprise de la section courante de la route nationale. En accord avec le SRA, un vaste décapage et des sondages ont été entrepris dans le

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périmètre des tranchées positives de la prospection, sur une surface de 4 614 m2. Il a été effectué au moyen d’une pelle mécanique à chenilles dotée d’un godet de curage d’une largeur de 2 m ;

6 - dans le cadre de la seconde phase nous sommes intervenus sur une extension de l’emprise routière. Celle-ci a été effectuée entre le 14 novembre et le 16 décembre 2005. Le décapage mécanique de ce secteur a été réalisé sur une surface de 2 667 m2.

7 La surface totale décapée du site au cours de ces deux phases (y compris les tranchées exploratoires réalisées en périphérie du site) est de 7 281 m2.

8 L’ensemble des structures fossoyées (fossés, fosses et trous de poteaux) a fait l’objet d’un enregistrement complet sur le terrain. Les fosses et trous de poteaux ont été fouillés manuellement par moitié, voire en totalité parfois, relevés au 1/20e et photographiés si nécessaire. Une topographie fine des faits archéologiques et du site a également été réalisée. Seuls les fossés ont été entièrement fouillés à l’aide d’une minipelle par passes horizontales plus ou moins fines.

9 Pratiquement reconnu dans son intégralité - près des 9/10e de sa surface ont été fouillés - il est délimité par un enclos trapézoïdal (quadrilatère de forme irrégulière), dont les fossés sont orientés suivant les points cardinaux. Les dimensions externes de ces fossés sont pour le fossé nord, 73,81 m, pour le fossé est, 86,17 m.

10 Pour les fossés ouest et sud, partiellement explorés, il nous est difficile de préciser leur longueur totale. Toutefois, la parfaite régularité des tracés de ces fossés nous laisse imaginer qu’ils se poursuivent en droite ligne et se rejoignent à l’angle sud-ouest de l’enclos situé hors emprise. La longueur du fossé ouest pourrait être de 62 m, et celle du fossé sud devrait atteindre 60 m. On soulignera cependant qu’aucune interruption du fossé n’a été observée sur la partie fouillée, il n’est donc pas impossible qu’il possède une entrée sur le secteur situé hors emprise. En outre, on relèvera la présence d’un fossé à l’intérieur de l’enclos, orienté nord-ouest - sud-est, relié au fossé ouest et disposé transversalement par rapport à ce dernier.

11 La majorité des fosses et trous de poteaux est creusée dans l’arène granitique, exceptionnellement dans l’arène argileuse de la partie basse du site. Ce type de sol, constitué par une désagrégation granitique (arène), donne une terre lourde, argileuse, à croûte très dure par temps sec, boueuse en surface à la moindre pluie. Quant aux fossés, ils sont creusés dans l’arène ou le rocher (granites ou migmatites). L’érosion aratoire du site a bouleversé les vestiges archéologiques et aucune trace de lambeau de sol en place n’a été conservée.

12 Les faits archéologiques

13 La quasi-totalité des faits a été découverte à l’intérieur de l’établissement rural. Indépendamment de l’enclos, constitué de quatre fossés, ce sont au total 119 faits qui ont été enregistrés sur la surface interne du site (trous de poteaux, fosses et fossé transversal).

14 À l’extérieur du site, seule une petite structure fossoyée rectiligne et contemporaine de l’établissement rural, découverte près de l’angle nord-ouest de l’enclos, dans le prolongement du fossé nord, a été repérée sur un peu plus d’une quinzaine de mètres.

15 Les sondages pratiqués dans la périphérie immédiate de cet établissement rural n’ont révélé aucune autre structure attenante. En effet, contrairement à ce qui avait été

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pressenti lors du diagnostic-évaluation du site, nous n’avons pu rattacher le fossé parcellaire GR1 à une période donnée (absence de mobilier).

16 Qui plus est, cette petite structure fossoyée linéaire, de faible profondeur (0,10 m) ne se raccorde pas à l’enclos. L’on notera cependant que ce fossé s’inscrit très exactement dans le prolongement du fossé nord. Il est également important de préciser que les « remembrements » successifs de ce secteur ont fait disparaître un grand nombre de petites parcelles (paysage bocager), qui étaient toutes entourées de fossés et/ou de haies vives. Il n’est donc pas exclu que le fossé GR 1 ait servi à délimiter des parcelles vouées à la culture ou à la pâture, et ce peut-être dès la fin du second âge du Fer.

17 Organisation spatiale des faits archéologiques

18 La majorité des structures fossoyées a été reconnue au cours du décapage de la moitié nord du site (phase 1). La plupart des fosses et trous de poteaux est localisée le long des fossés nord et est, ainsi qu’aux angles nord-ouest et nord-est de l’enclos. Hormis trois structures excavées présentes dans la zone centrale et une autre agencée dans la partie sud-est du site, aucune autre structure en creux n’a été mise au jour sur le reste de l’espace décapé. Quatre grands groupes de structures fossoyées sont donc répartis sur la surface interne de l’enclos.

19 Les ensembles de structures fossoyées

20 Parmi les nombreux trous de poteaux découverts sur le site, des ensembles cohérents représentent les bases de différents ouvrages (bâtiments ou clôtures). L’agencement de ces excavations dans l’espace - identification des alignements et de leurs perpendiculaires - ainsi que la confrontation de leur taille et de leur profil permet de proposer des plans de plusieurs constructions. Les structures consistent en une série de greniers et un bâtiment plus important (construction mixte, édifiée à la fois sur sablières basses et sur poteaux), large de 5,20 m et long de 7,90 m, qui a une superficie au sol de près de 40 m2.

21 Le mobilier recueilli

22 L’abondant mobilier céramique, actuellement en cours d’étude, a été découvert dans les fossés et dans les structures fossoyées (fosses et trous de poteaux). Il se rapporte à la fin du second âge du Fer. Ce matériel est accompagné de quelques amphores trouvées principalement dans les fossés. Le mobilier métallique est par contre extrêmement pauvre (couteau).L’étude de ce site apporte des données importantes pour la connaissance du second âge du Fer creusois. L’organisation spatiale de cet établissement rural livre des éléments d’appréciation particulièrement intéressants qui seront développés dans le cadre de la publication. D’autres faits marquants concernant cet établissement nous sont également révélés par son implantation et par le positionnement précis des différentes constructions dégagées. La création de cet établissement rural semble avoir été conditionnée par la topographie et établie apparemment dans un espace vierge de toute occupation antérieure.

23 L’étude de ce site nous renseigne également sur les pratiques architecturales. La construction des bâtiments sur poteaux plantés entre dans un schéma classique connu en France septentrionale et méditerranéenne. Toutes ces informations viennent renforcer et compléter les données obtenues sur les sites du second âge du Fer de la bordure occidental du Massif central. Le site du Bois de Gouttemane est comparable aux établissements ruraux isolés de type ferme, souvent enclos par des fossés, apparaissant dès le VIe s. av. J.-C. et se développant surtout au second âge du Fer. Les données

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recueillies sur ce site s’avèrent donc particulièrement importantes, tant dans l’organisation spatiale mise en évidence, que dans le mobilier recueilli. Ce site livre des éléments essentiels pour la compréhension de l’évolution de la culture laténienne en Creuse et au-delà, pour la connaissance du second âge du Fer du Centre de la Gaule.

24 Jean-Michel Beausoleil

AUTEURS

JEAN-MICHEL BEAUSOLEIL INRAP

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Nouhant, Gouzon, Auge – Mise à 2x2 voies de la RN145

Marie-Christine Gineste

Identifiant de l'opération archéologique : 122188

Date de l'opération : 2005 (EX)

Le diagnostic archéologique préalable au doublement de la RN 145 entre Gouzon et Lamaids s’est déroulé sur le terrain entre le 11 avril et le 24 juin. Sur un tracé principal d’environ 16 km, 6,14 % de la surface du projet a été sondée, entraînant pour l’essentiel la découverte de 7 sites archéologiques. Les indices d’occupation les plus nombreux et les plus importants correspondent à l’Antiquité, à l’exception d’un petit site protohistorique et d’un site médiéval. Gouzon, lieu-dit « le Plaid » Une voie antique correspondant vraisemblablement à l’axe routier reliant Autun à Limoges a été mise au jour, accompagnée de trois sépultures à incinération. En l’absence de toute trace de d’aménagement ou d’ornières, cet itinéraire a été identifié à partir d’une série d’indices : - un axe routier pouvant relier Autun à Limoges a été reconnu en plusieurs endroits sur des tronçons de la RN 145 précédemment diagnostiqués à l’ouest et à l’est de la section Gouzon-Lamaids (Roger, 2004) (Liégard et Fourvel, 2002) ; - l’existence d’un gué sur la petite rivière de la Goze, à quelques dizaines de mètres au sud-ouest de notre site (Roger, 2004) ; encore utilisé au XIXe s., il a pu être emprunté par notre axe, d’autant que l’examen du relief a révélé une dépression linéaire entre le gué et les fossés. Les structures funéraires ont été datées par leur mobilier de la seconde moitié du Ier s. apr. J.-C. ou du IIe s. apr. J.-C. Elles sont alignées le long d’un des fossés, dans ce qui semble être l’emprise de la route, sur le domaine public. Ce fait assez inhabituel soulève la question de leur statut. La présence de ces urnes suggère par ailleurs la proximité d’un habitat antique, hors de l’emprise de la RN 145. Cette découverte contribue à préciser le parcours de cet axe déjà reconnu sur les communes

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de Lamaids, Nouhant et Gouzon. De nombreux fossés ont été relevés aux abords de cet ensemble, qui sont restés non datés ; toutefois, la présence récurrente de tessons protohistoriques en position secondaire permet de penser que ces fossés pourraient témoigner de la pérennité de l'organisation parcellaire et expliquer la mise en place de la voie et de la nécropole. Auge, lieu-dit « la Chaussade » La carte archéologique établie par le SRA faisait état, à partir du témoignage d’auteurs anciens, d’une voie romaine ou médiévale reliant Clermont à Aigurande à « la Chaussade », sur la commune d’Auge. La présence d’une voie de circulation a été confirmée par ce diagnostic. Trois sondages ont recoupé cet axe, révélant une largeur de voie comprise entre 1,80 m et 3,70 m. Avant le remembrement, de gros blocs auraient marqué ses abords. Le mode de construction varie, un seul sondage faisant état du creusement d’une cuvette avant installation de la voie. Les autres sondages témoignent en revanche d’un extrême arasement. Une dépression à l’est de l’installation en cuvette pourrait constituer l’unique témoin assez arasé d’un fossé. Certains auteurs ne considéraient pas ce cheminement comme antérieur au Moyen Âge. La découverte d’un petit tesson attribuable à la Tène finale ou à l’Antiquité corrobore l’hypothèse d’un axe antique sans toutefois permettre de l’affirmer, compte-tenu de la médiocrité de l’indice. Nouhant, lieu-dit « la Ribière » Le site repose sur une butte à deux paliers au sud de la Nationale actuelle et déborde probablement de l’emprise tant au nord qu’au sud. Parmi la vingtaine de structures archéologiques découvertes dans cette étude, un peu plus de la moitié est rattachée à l’Antiquité. Les fondations d’un bâtiment occupent le palier supérieur de la butte. Aucun niveau de sol n’est conservé. Plus à l’ouest, un mur en limite de la terrasse inférieure pourrait constituer un élément de clôture. Le rehaussement de la partie centrale du site pourrait s’expliquer par l’existence d’un remblai riche en éléments architecturaux et fragments de poterie antiques attribués pour certains au IIe s. apr. J.- C. Le bâtiment est implanté dans ce remblai.La présence ponctuelle en surface de ce remblai de mobilier du bas Moyen Âge soulève la question du moment où le site a été remblayé et de la datation des fondations qu’il renferme. À l’est de la zone remblayée, un empierrement daté de l’Antiquité occupe un secteur déprimé. Sa fonction - voie ou sol d’extérieur (indices pédologiques de stagnation d’eau) - reste à définir. À l’extrême ouest du site sont implantés un fossé nord-sud, attribué à l’Antiquité par la présence de tegulae(sondage 179), ainsi qu’un petit ensemble non daté formé d’un fossé et deux trous de poteaux formant un axe parallèle au fossé. Malheureusement, l’étroitesse de la bande routière à ce niveau ainsi que l’extension probable de cet indice vers la Nationale actuelle rendent peu vraisemblable la découverte de nouvelles structures associées. Des découvertes antérieures au Boueix avaient fait état de « parcelles à tuiles » (antiques) aux « Brégères », à quelques dizaines de mètres au nord-ouest de notre site. Ce dernier, par l’importante quantité de mobilier céramique et architectural entérine l’existence dans ce secteur d’un établissement antique au IIe s. apr. J.-C. Il reste à préciser la datation du bâtiment de « la Ribière » ainsi que l’impact de la fréquentation du site au bas Moyen Âge. L’existence d’un prieuré au Boueix, dépendant du monastère Saint- Léonard de Noblat, est attestée dès 1195 et jusqu’au milieu du XVIe s. Quelle a été l’influence du prieuré sur ce site ? Il semble qu’une partie des matériaux au moins a dû être récupérée, compte tenu de la relativement faible quantité de pierres retrou-vées

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sur le site de « la Ribière ». À quel moment ? Un décapage extensif de l’ensemble des vestiges découverts devrait permettre d’apporter des éléments de réponse, même si le site ne comporte plus de niveaux de sols. Nouhant, lieu-dit « les Pargues » « Aux Pargues », l’occupation est délimitée au sud par deux fossés. Elle se compose essentiellement d’un fort remblai d’une quarantaine de mètres carrés, riche en tuiles antiques et en blocs de pierres, venu combler un secteur partiellement excavé. Ce remblai est bordé à l’ouest par l’angle d’un bâtiment apparu à l’état de fondation. Il est longé au nord par un caniveau associé à deux trous de poteau. Le remblai et l’un des fossés ont été datés de l’Antiquité, le fossé se rattachant probablement au second siècle. La fonction de ce site est inconnue en l’état. Elle reste à déterminer ainsi que le lien du site avec ceux de « la Ribière » et du « Boueix », situés à quelques centaines de mètres plus à l’ouest.

Nouhant, les « Taillis de Bramefant » Un ensemble beaucoup plus modeste, attribuable à l’Antiquité, a été découvert au nord- est des « Taillis de Bramefant ». Il est composé de l’extrémité occidentale d’un fossé linéaire est-ouest et de trois fosses et quatre trous de poteau, tous situés à l’ouest du fossé. L’organisation de cet ensemble n’est pas perceptible en l’état actuel de nos connaissances. Parmi les découvertes les plus importantes de cette campagne, seuls deux des indices de site n’étaient pas antiques : - Auge, Reignemours Les traces d’une occupation protohistorique ont été recensées au travers d’une huitaine de structures archéologiques. Il s’agît de structures en creux de type fosse, fossé ou trou de poteau et des vestiges d’un foyer sans trace d’aménagement. Aucun niveau de sol n’a été détecté et l’extrême arasement des fossés suggère que le sol contemporain a disparu. La présence entre la terre végétale et le niveau d’apparition des faits archéologiques d’un niveau comportant du mobilier épars daté du IIe s. apr. J.-C. corrobore l’idée de la proximité d’un site antique. - Auge, La Chaussade-Château Une petite occupation médiévale implantée sur un replat, à 300 m, d’un ruisseau a été perçue. Délimitée à l’ouest par un ou deux fossés, elle se caractérise par une douzaine de structures en creux de type trou de poteau ou fosses parmi lesquelles les fenêtres ouvertes par les sondages n’ont pas permis de reconnaître une organisation. Ce diagnostic s’est donc déroulé dans un secteur essentiellement riche en vestiges antiques bien que marqué par la présence plus discrète d’indices protohistoriques ou médiévaux. Marie-Christine Gineste

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AUTEURS

MARIE-CHRISTINE GINESTE INRAP

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Roches – Les Périlloux

Identifiant de l'opération archéologique : 122380

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Les sondages effectués en 2005 sur 6 emplacements ont mis en évidence les structures suivantes :

2 - angle sud-ouest du bâtiment Sud ;

3 - angle nord-ouest du bâtiment Sud ;

4 - caniveau-gouttière au sud-est de la partie thermale ;

5 - caniveau-gouttière à l’ouest de la partie thermale ;

6 - mur est-ouest délimitant au nord une salle renfermant le foyer principal d’hypocauste ;

7 - salle supplémentaire au sud de la partie thermale délimitée en 2004.

8 En l’absence de mise au jour de fosses-dépotoirs, les découvertes mobilières restent assez pauvres : un seul fragment de céramique sigillée et des tessons de poteries communes qui ne permettent que des reconstitutions partielles, l’ensemble englobant la période du Ier s. au IIIe s. À signaler également la découverte de plusieurs fragments de verre à vitre et d’un petit galet ovoïde ayant servi de broyeur à ocre.

9 La poursuite des sondages est envisagée pour 2006 au nord, au sud et à l’ouest de la partie thermale actuellement dégagée, ce qui devrait permettre la mise au jour de fosses-dépotoirs contenant des éléments mobiliers datables d’une façon plus précise et de terminer la délimitation des structures dans cette zone. (Fig. n°1 : Gland en bronze ) et (Fig. n°2 : Angle de caniveau)

10 Gérard Gouyet

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ANNEXES

Fig. n°1 : Gland en bronze

Auteur(s) : Gouyet, Gérard (BEN). Crédits : Gouyet Gérard, BEN (2005)

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Fig. n°2 : Angle de caniveau

Auteur(s) : Gouyet, Gérard (BEN). Crédits : Gouyet Gérard, BEN (2005)

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Rougnat – Saint-Hilaire

Michel Blondonnet

Identifiant de l'opération archéologique : 122363

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 La commune de Rougnat ayant programmé des travaux en bordure d’une parcelle dont elle est propriétaire, nous avons demandé une autorisation de sondage du fait de sa forte potentialité archéologique. Elle s’appelle en effet « Saint-Hilaire », vocable très ancien apparu vers le IVe s. Une quinzaine d’autres parcelles voisines portent également ce nom sur le cadastre napoléonien. À noter que Rougnat a eu deux églises paroissiales connues, l’une dédiée à saint Jean-Baptiste, existante en 1158 et qui n’était plus qu’une annexe en 1436. Devenue simple chapelle au XVIIIe s., elle était ruinée au milieu du XIXe s. Elle n’existe plus aujourd’hui. L’église actuelle est sous le vocable de Saint-Laurent.

2 Nous pensions que le sarcophage mérovingien mis au jour à la fin du XIXe s. et qui se trouve actuellement à la chapelle Sainte-Marguerite à Auzances pouvait provenir de cette parcelle, d’autant qu’Antonin du Beaufret affirme, dans son ouvrage La paroisse de Rougnat(1905, p. 60) : « Suivant des traditions transmises par les anciens, il existait antérieurement un cimetière dit de St-Hilaire, près du tumulusdétruit, mais qui avait déjà cessé d’être utilisé avant la Révolution. Son emplacement s’appelle encore St- Hilaire. »

3 Le tumulusétait en fait une motte castrale détruite en 1879 pour implanter le bâtiment des écoles. Il existait de plus une croix Saint-Hilaire, aujourd’hui disparue, en bordure de la parcelle en question. Le sondage a permis de mettre au jour non pas la nécropole escomptée mais un habitat mérovingien daté par des céramiques.

4 Le sondage

5 Il a eu lieu le 23 juin 2005, à la pelle mécanique, avec un godet lisse de 2,20 m de largeur. Cinq tranchées ont été ouvertes. Lors de l’ouverture de la première, rien de particulier n’ayant attiré notre attention, le sondage a été poursuivi jusqu’au sol géologique. C’est alors qu’au fur et à mesure de l’avancement de la pelle, nous avons

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commencé à distinguer des changements de coloration dans le sol décapé et vu apparaître des structures foncées sur fond d’arène granitique. La pelleteuse a alors progressé plus lentement et d’autres structures sont apparues. Nous avons en même temps commencé à découvrir des tessons de céramique dans les déblais. Aucune présence de murs en pierre n’a été détectée lors du sondage.

6 Les structures

7 Quarante structures ont été repérées au total, trous de poteaux, tranchées, fosses ou autres. Nous en avons établi le relevé grâce au concours de Didier Delhoume. De nombreuses structures étaient arasées du fait de leur proximité avec la surface du sol dans deux des cinq tranchées et aussi pour certaines parce que le premier décapage n’avait rien donné de visible. Ce n’est qu’au deuxième passage du godet, voire au troisième, que nous avons pu les repérer. Malheureusement, une partie des couches archéologiques ont été enlevées, c’est ce qui explique l’abondance du mobilier céramique recueilli dans les déblais.

8 Les quelques structures qui ont été fouillées ont fait apparaître des couches charbonneuses, notamment dans les trous de poteaux, qui pourraient faire penser à des couches d’incendie. À noter l’absence de pierres dans les structures fouillées, à l’exception d’une seule dans laquelle on a pu distinguer une ébauche d’alignement.

9 Le mobilier recueilli

10 - 1) Des tessons de céramiques tournées avec décors à cannelures ou en bâtonnets (céramiques inconnues à ce jour en Limousin) ont été trouvés dans un trou de poteau. Ce sont ces tessons qui ont permis de dater le site des Ve s.-VIIe s. de notre ère. Un autre tesson de céramique non tournée, de la même période, a été trouvé dans les déblais.

11 - 2) De nombreuses autres céramiques non datables ont été mises au jour, notamment dans les déblais, qui ont été ratissés avec soin. La grande majorité du mobilier a été recueilli dans les zones les plus sombres de ceux-ci, qui correspondaient aux parties supérieures des structures enlevées par le godet de la pelle lors du sondage.

12 - 3) Trois perles antiques en pâte de verre ont été recueillies dans les déblais de la tranchée centrale, dont une en forme de tore, plus grosse que les deux autres.

13 - 4) À signaler la présence de quelques fragments de tegulae.

14 Pierre de seuil ?

15 Une grosse pierre a été retrouvée en bordure est de la parcelle, couchée dans la haie. Elle a probablement été extraite lors de labours. Ce pourrait être une pierre de seuil.

16 Conclusions

17 L’ensemble des quarante structures mises au jour lors de ce sondage et la datation de plusieurs céramiques permettent de penser que nous avons affaire ici à un habitat mérovingien. À noter que le sondage n’a pu se faire dans la partie sud de la parcelle, obstruée par un tas de déblais d’excavation provenant des travaux engagés par la commune.

18 Notre sentiment est qu’à l’origine l’ancien village de Rougnat pouvait se trouver à l’emplacement des parcelles nommées Saint-Hilaire et qu’il n’est d’ailleurs pas impossible que Rougnat se soit nommé Saint-Hilaire à l’époque mérovingienne. À noter enfin que le talutage du bord est de la parcelle lors des travaux communaux a permis de mettre en évidence quatre autres structures dans la coupe stratigraphique ainsi obtenue. Ces structures sont très proches de la surface du sol (une vingtaine de

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centimètres tout au plus). Cette présence de structures non reconnues à ce jour ainsi que la densité de celles qui ont été mises au jour lors du sondage rendent indispensable une fouille préventive si de nouveaux travaux étaient prévus dans cette parcelle, construction de parking ou autre.

19 À la suite de ce sondage, une nouvelle enquête orale plus approfondie nous a permis de mieux cerner l’emplacement probable de la nécropole mérovingienne d’où a été extrait le sarcophage en calcaire actuellement déposé à la chapelle Sainte-Marguerite d’Auzances.

20 Trois personnes de la commune de Rougnat (MM. Gérard Fonty, Gérard Vialtaix et Christian Besseige) nous ont affirmé avoir en effet toujours entendu dire que ce sarcophage avait été mis au jour lors de l’arrachage d’une haie par M. Gigandet, menuisier à Rougnat à la fin du XIXe s., dans une parcelle située à huit cents mètres environ du bourg de Rougnat, non loin de la voie ferrée. Dans cette même parcelle, deux ou trois coffres funéraires gallo-romains auraient été extraits avant la guerre de 1914.

21 La bordure sud-est de cette parcelle s’appelle « Les Tertres » (Informations inédites).

22 On sait par ailleurs que ce sarcophage a été ramené au bourg de Rougnat par Adrien Lanouzière, entrepreneur de travaux publics, en 1898, lors de l’empierrement de la route Rougnat-Chabouteix. L’exhumation du sarcophage remonte donc vraisemblablement à cette époque mais elle peut lui être antérieure de quelques années car il n’est pas impossible qu’il ait été entreposé près du chemin dans un premier temps. Par ailleurs, M. Fernand Boussange, né à Cujasseix (Rougnat) en 1922, se souvient que dans sa jeunesse des vieilles dames de son village parlaient parfois d’un « ancien cimetière » situé dans l’une des parcelles appelées Saint-Hilaire. Elles auraient entendu dire que certains de leurs aïeux avaient vu des « anciennes tombes » et peut- être ce qui restait « des ruines d’une ancienne chapelle », en bordure du chemin allant de Rougnat à Cujasseix. Cela va dans le sens de ce qu’affirme Antonin du Beaufret dans son ouvrage sur Rougnat. C’est-à-dire qu’il existerait bien une nécropole dans l’une des parcelles appelées Saint-Hilaire (et peut-être aussi les ruines d’une ancienne chapelle), mais un peu plus récente, nécropole abandonnée « avant la Révolution ».

23 À noter que dans une autre parcelle appelée Saint-Hilaire, nous avons recueilli sur labour de nombreux fragments de céramiques grossières, noirâtres, ressemblant fortement à celles trouvées lors du sondage. Ceci nous amène à penser que l’habitat mérovingien mis au jour lors de ce sondage s’éten-dait sans doute sur toutes les parcelles appelées Saint-Hilaire.

24 Michel Blondonnet

AUTEURS

MICHEL BLONDONNET BEN

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Bonnat, Le Bourg-d'Hem, Linard

Christine Serre

Identifiant de l'opération archéologique : 122354

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 Deux communes ont été essentiellement prospectées cette année. Tout d'abord, Le Bourg-d'Hem. Le territoire avait été prospecté en 2000 ; le travail a donc consisté en une vérification des fiches établies à l'époque, ainsi qu'un éventuel complément d'information. Ont ainsi été complétées une fiche sur le château de Villebaston, ainsi qu'une autre sur une villagallo-romaine se trouvant au lieu-dit « Le Guémontet ». Lors de la prospection dans ce dernier village, un morceau de colonne inédit provenant sans doute du site a été retrouvé. L'emplacement de la chapelle du Temple est également repéré, malheureusement, il n'en reste aucune trace. Concernant cette chapelle, il est possible qu'une confusion ait lieu depuis longtemps : en effet, elle est parfois appelée « chapelle du Temple de Villard », prenant ainsi le nom du bois qui se trouve à l'est du village du Temple.

2 Il existe cependant une autre chapelle se trouvant aux environs de Dun-le-Palestel, au village du Villars. Elle est attestée, par l'abbé Lecler et Ambroise Tardieu, sous le nom de « Temple de Villars ». Y aurait-il eu amalgame ? La chapelle du Bourg-d'Hem semblait dépendre de la commanderie de la Forêt du Temple. Celle de Villars de la commanderie de Viviers.

3 En ce qui concerne la commune de Linard, 9 fiches ont été établies. Quatre concernent de l'outillage lithique retrouvé sur quelques parcelles du village de « La Cartelade ». Ont été découvertes des haches polies du Néolithique, mais surtout des racloirs, grattoirs, pointes de type moustérien. Lors de la prospection au sol, deux autres silex taillés ont été trouvés. Au vu du nombre de pièces, il devait s'agir d'un emplacement régulièrement fréquenté, et ce pendant une période assez longue. L'endroit se trouve en contre-haut par rapport à la Petite Creuse, et présente d'autant plus d'intérêt que l'on trouve peu de Moustérien dans cette région. Entre la rivière et le site paléolithique se trouve une villagallo-romaine qui sera prospectée l'année prochaine. De même, une

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villaa été découverte au village de Nioux. Des poteries et des tegulaeont été retrouvées. L'année 2006 nous permettra d'en savoir un peu plus. Enfin, une amulette en terre cuite a été retrouvée dans un jardin de Guéret, et fait l'objet d'une fiche, bien que ne faisant pas partie du territoire de prospection.

4 Christine Serre

AUTEURS

CHRISTINE SERRE BEN

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Aubusson, Moutier-Rozeille, Néoux, Saint-Alpinien, Saint-Pardoux-le- Neuf

Gilles Le Hello

Identifiant de l'opération archéologique : 122355

Date de l'opération : 2005 (PR)

Les recherches ponctuelles effectuées depuis cinq ans nous permettent aujourd'hui d'avoir un panorama archéologique plus étendu dans le temps et dans l'espace. Ainsi, se dessine avec plus de certitude un élément de frontière naturelle entre Arvernes et Lemovices de huit kilomètres de longueur sur les communes de Saint-Avit-de-Tardes et Rozeille, d'ailleurs depuis leurs sources respectives. Sur cette crête est implantée la voie romaine de Lyon à Saintes ou à Poitiers qui a repris elle-même un chemin plus ancien joignant les cités gauloises de Lyon, Clermont-Ferrand, Ahun, Argenton-sur- Creuse, Aigurande et Poitiers. Sur son flanc ouest, quatorze parcelles de Saint-Pardoux- le-Neuf portent le nom évocateur de Guérande ; sur ce site, en bordure d'une voie gallo- romaine secondaire menant à Aubusson était implantée une petite statue-menhir christianisée et subsiste une « bonne fontaine » dite de Sainte-Marguerite censée guérir les maladies de peau des enfants, objet de ce culte païen jusqu'au début du XXe s. Quatre kilomètres au sud, sur le flanc est, face à l'église de Saint-Avit-de-Tardes, une deuxième fontaine Sainte-Marguerite se cache dans un bosquet. La légende attachée à cette « sainte » sauroctone veut qu'elle ait vaincu le dragon et qu'à ce titre elle est devenue la gardienne des limites. Cette frontière gauloise naturelle ne remet pas en cause le lieu de « Fines », près du Montel-Guillaume, s'agissant d'une frontière administrative romaine. Par ailleurs, les nombreux emplacements d'habitats gallo-romains repérés autour du village de Néoux font bien apparaître sa vocation de marché désigné par l'origine de son toponyme : « novio magos ». La partie plate sur laquelle est contruit le bourg actuel

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constitue l'emplacement de ce marché, les habitats étant implantés, à mi-pente, sur le flanc ouest de la ligne de crête citée plus haut. Enfin, dans le bourg de Moutier-Rozeille, à la suite d'importants travaux d'électricité, nous avons pu constater que l'intégralité de la partie plate de ce village était habitée à la période gallo-romaine avant la fondation du monastère. Nous pensons, à ce sujet, avoir localisé l'emplacement de l'église de Saint-Julien qui a précédé l'église actuelle. Une fouille approfondie s'imposerait. Gilles Le Hello

AUTEURS

GILLES LE HELLO BEN

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Saint-Martin-Château

Hervé Riou et Nicole Bernard

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Identifiant de l'opération archéologique : 122356

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 Cette année 2005 aura vu les débuts, encore bien modestes, de l’inventaire diachronique de notre territoire. Au sein de l’association « Éclats de Rives » qui œuvre ici depuis maintenant plus de dix ans, une petite équipe de bénévoles s’est constituée. Le travail de terrain a pris pour point de départ les 16 indices archéologiques issus du fichier « Patriarche » qui étaient répertoriés sur la commune.

2 Le travail de l’équipe a été renforcé par la participation d’un groupe d’étudiants en licence « Valorisation du patrimoine » de l’université de Limoges, qui a réalisé une intéressante monographie sur le bourg et sa vingtaine de villages. À cette occasion, beaucoup d’habitants ont livré de précieuses informations sur des richesses disparues ou simplement oubliées.

3 Collationner toute la documentation disponible, l’enrichir et la préciser si nécessaire, a constitué la première étape de notre travail. Dans un souci d’avancer avec méthode dans cette « reconquête patrimoniale » il a été décidé d’axer notre premier effort sur tout ce qui concernait les cours d’eau irriguant la commune. C’est d’abord la Maulde, venant de Royère-de-Vassivière avant de passer en Haute-Vienne, sur le territoire de Peyrat-le-château, qui nous a occupés et nous occupe encore. Ponts rustiques, de trois types identifiés, moulins trop souvent ruinés, mais aussi de très nombreux aménagements hydrauliques parfois énigmatiques, mais le plus souvent destinés à l’irrigation, sont minutieusement situés, décrits, mesurés et photographiés. Notre intérêt a aussi porté sur quelques-uns des affluents de la Maulde : les ruisseaux de Langladure et Tourtouloux qui eux aussi ont jadis fait tourner de nombreux moulins.

4 Le programme de la seconde année de prospection s’orientera sur le repositionnement d’indices de nature plus proprement archéologique (nécropoles gallo-romaines du Pont des Verrières et des Suquets, maison forte de La Cour, etc.).

5 Nicole Bernard, Hervé Riou

AUTEURS

HERVÉ RIOU BEN

NICOLE BERNARD BEN

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Fontanières, Sannat, Reterre

Michel Blondonnet

Identifiant de l'opération archéologique : 122357

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 En 2005 notre travail a principalement porté sur la vérification des fiches des communes de Fontanières, Reterre et Sannat. Nous avons corrigé au passage de nombreuses erreurs de numéros de parcelles et rectifié des coordonnées parfois complètement fantaisistes sur la carte au 1/25000e. Malgré nos recherches, un tiers d’entre elles n’ont pu être situées pour l’instant du fait du manque de précision des mentions apportées initialement par les auteurs de ces fiches.

2 À noter que deux trésors monétaires étaient signalés, l’un à La Louche, l’autre à La Petite Louche (Sannat), alors qu’il s’agissait en fait d’un seul et même dépôt.

3 Nous avons réussi à situer également avec certitude le “retranchement quadrangulaire de 92 m x 84 m de Fontanières appelé aussi « Camp de César », alors que jusqu’ici on n’avait pu le faire. Dans cette dernière commune nous avons d’ores et déjà trouvé une douzaine d’autres sites que nous n’avons pu signaler cette année faute de temps. Nous ne manquerons pas de le faire l’année prochaine. Il faut dire que seules quatre fiches existent à ce jour pour la commune de Fontanières et qu’il y a donc potentiellement matière à répertorier de nouveaux sites, avec notamment ce microtoponyme prometteur, Les souhaits et les rondelles, qui pourrait être le témoin d’un lieu de culte très certainement lié à une ancienne source.

4 En ce qui concerne la commune de Rougnat, nous avons pu mener à bien un sondage archéologique dans la parcelle cadastrée BD108, appelée St-Hilaire. Enfin, s’agissant de la commune d’Auzances, nous avons signalé que des travaux de déviation d’une portion du lit de la rivière Noisette risquaient de détruire un pont répertorié par nos soins lors d’un précédent rapport. (Fig. n°1 : Pont sur la Noisette)

5 Ce pont se trouve sur la Noisette, au beau milieu d'un champ, à l’écart de tout cheminement actuel. Après réflexion et étude sur carte, la voie antique déjà signalée par le Dr Janicaud, qui passait notamment à Létrade (Cne de Rougnat), pouvait tout à

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fait couper la Noisette en cet endroit. Cette voie n'apparaît pas en continu sur la carte au 1/25000e mais nous l’avons suivie au sol sur plusieurs kilomètres depuis ce village. Elle passe entre Lépinard et Chabouteix, continue à l'ouest de Chamassergue et rejoint la D4 à hauteur du Puy Rigaud. Elle devait ensuite emprunter la route actuelle qu'elle quittait probablement sur la droite à hauteur du Puy du Mas pour se diriger vers Le Faux, ferme située en bordure ouest de la ville d'Auzances, où l'on perd sa trace. Ce tronçon est d'ailleurs sûrement très ancien puisque qu'il délimite à cet endroit les communes d'Auzances et de Rougnat.

6 À 300 m du village du Faux, en bordure de cette voie, il convient de rappeler que trois tumuliont été repérés et signalés depuis longtemps. Notre sentiment est que cette voie devait continuer dans la même direction et couper la Noisette vers la laiterie, que l’on projette d’agrandir sur l’actuel lit de la rivière, une fois la déviation réalisée, avant de continuer vers Le Montaud, Marcillat et peut-être un autre village appelé aussi Létrade, commune des Mars. L'amorce de ce tronçon est visible sur la carte et le fait qu'il y ait une croix à cet endroit est significatif d'une voie et d'un carrefour autrefois très fréquentés.

7 Tout ceci expliquerait, c'est du moins l'hypothèse que nous avançons, la présence de ce pont en cet endroit incongru. (À noter qu’il existe à proximité immédiate de ce pont une éminence sur laquelle nous avons recueilli de nombreux tessons de céramiques - difficilement datables -, et un fragment de silex poli qui témoignent d’une occupation probable à une époque indéterminée. Il conviendra donc d’être vigilant si l’on autorise les travaux de dérivation du lit de la Noisette à l’issue de l’enquête publique prévue).

8 Ce pont a été élargi à une époque indéterminée, ce qui nous renforce dans notre conviction qu’il était bien situé sur un très ancien passage. Il ne doit avoir que trois ou quatre cents ans mais nous pensons qu’il a dû en remplacer un autre, qui a peut-être lui aussi pris le relais d'un de ses ancêtres. Avouons qu’il serait dommage qu'un témoin d'une voie aujourd'hui disparue, antique ou pas, disparaisse à son tour.

9 Michel Blondonnet

ANNEXES

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Fig. n°1 : Pont sur la Noisette

Auteur(s) : Blondonnet, Miche (BEN). Crédits : Blondonnet Michel, BEN (2005)

AUTEURS

MICHEL BLONDONNET BEN

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Saint-Moreil

Francis Bonnefond

Identifiant de l'opération archéologique : 122358

Date de l'opération : 2005 (PR)

1 La prospection 2005 a permis de localiser un abri sous roche comblé par le temps, déjà recensé dans les années 1930, dans lequel une hache de pierre avait été découverte. Notons également, pour la période préhistorique, dans le village de la Ribière, la découverte d'un silex taillé (racloir).

2 Pour l'époque gallo-romaine, de nouveaux indices ont été découverts dans le bourg lors de travaux de terrassement (morceaux de tegulaeet de poterie) confirmant l'importante occupation locale. Autres découvertes d'époque médiévale cette fois, un bénitier en granit et une pierre d'autel en marbre ornée de cinq croix pattées provenant peut-être du site templier de Charrière. Six années de prospection sur la commune de Saint- Moreil témoignent d'un passé riche : présence au Néolithique, importante implantation gallo-romaine, époque médiévale historique.

3 La prospection n'étant jamais terminée, nous resterons vigilants et le moindre indice de site sera étudié et recensé.

4 Francis Bonnefond

AUTEURS

FRANCIS BONNEFOND BEN

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87 – Haute-Vienne

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Couzeix – Les Terres du Puy Dieu

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 122281

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 Dans le cadre du projet de construction d'un lotissement constitué de trois pavillons au lieu-dit « Les Terres du Puy Dieu », un diagnostic archéologique a été prescrit par le service régional de l'Archéologie. En effet, plusieurs sites archéologiques avaient été inventoriés à proximité immédiate de la zone d'intervention. On notera, en particulier, la découverte en 1982, près du Puy Dieu, au cours de travaux de drainage dans le lit tourbeux d'un petit cours d'eau, d'un trésor monétaire contenu dans un vase en terre cuite. Ce trésor était composé de plus de huit cents monnaies en bronze et était accompagné d'un fond de bol Drag. 37 et de quelques tegulae.

2 La zone d'intervention au lieu-dit « Les Terres du Puy Dieu » se trouve au nord-est de la commune. Les parcelles AB 143 et 175 se situaient quant à elles entre des pavillons récents au sud et à l'est, des cultures à l'ouest et un taillis au nord. Elles se présentaient sous la forme d'un pré en herbe légèrement incliné vers le sud-ouest.

3 Le diagnostic archéologique s'est déroulé du 31 mai au 2 juin. La surface à sonder avoisinait 7 484 m². Huit sondages ont été réalisés. Des tranchées longues ont été préconisées afin de percevoir au mieux la topographie du substrat et avoir une vision la plus réaliste possible de la densité des éventuelles structures archéologiques. Au sein des sondages archéologiques réalisés jusqu'à une profondeur de 0,50 m en moyenne, le substrat se présentait sous la forme d'une arène sablo-limoneuse jaune clair à jaune orangé, riche en mica, au sein de laquelle apparaissaient clairement des filons de quartz et ponctuellement des passées de micaschiste.

4 Trente fosses carrées, morphologiquement identiques, ont été mises au jour dans quatre sondages. Vingt et une d'entre elles étaient alignées dans le sens est-ouest. Elles semblaient disposées en trois rangées parallèles. Elles mesuraient entre 0,48 m et 0,65 m de côté ; leur profondeur variait entre 0,08 m et 0,20 m dans le substrat. En partie supérieure, leur comblement était composé d'un sédiment semblable à la couche

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 85

située entre la terre végétale et le substrat, soit un sédiment limono-sableux brun clair à brun-gris contenant des cailloux de quartz, des nodules d'arène et quelques petits charbons de bois. En partie inférieure, le remplissage devenait plus sablo-limoneux, brun orangé et intégrait de nombreuses poches d'arène. Seules quelques fosses ont livré un mobilier trop peu abondant: quelques fragments de tuiles sans doute gallo- romaines. L'interprétation de cet ensemble de structures reste délicate. En effet, le mobilier qu'elles recèlent aurait tendance à les dater de la période gallo-romaine. Mais elles ont été creusées à l'emplacement d'un site de cette période, ce qui peut expliquer la présence de fragments de tuiles dans leur remplissage. Plusieurs hypothèses peuvent être proposées. S'agit-il d'un grand bâtiment installé sur trous de poteau carrés ? Ses dimensions atteindraient dès lors plus de 60 m de long pour 8 m de large. On pourrait imaginer un vaste entrepôt gallo-romain installé à peu de distance d'une voie gallo- romaine connue à proximité. Une deuxième hypothèse paraît plus plausible. Ces fosses pourraient correspondre aux trous creusés (à la bêche) pour y implanter de façon régulière les arbres d'un verger. Le cas échéant, le mobilier récolté ne permet pas de dater ce verger. Il ne paraît pas très récent car son orientation ne se calque pas sur le parcellaire actuel. Sept trous de poteau, quatre fossés et un puits ont été mis au jour dans trois sondages. Certains fossés ont livré des tessons de céramique grossière de tradition protohistorique associés à des fragments de tuile gallo-romaine plus ou moins abondants. Le puits présentait à l'ouverture un diamètre de près de 3,80 m. Ses parois, évasées en partie supérieure, se dressaient à la verticale plus bas (donnant à la structure un diamètre encore important de 2,50 m) et devenaient même ponctuellement rentrantes. Ceci était dû à des effondrements de parois, bien visibles en stratigraphie. Ce puits a été vidé à moitié à la pelle mécanique. Son fond (plat) a été atteint à près de 5,15 m de profondeur. On notera la présence de gros fragments de tegulaeet même d'une tegulaentière près du fond. De façon étonnante, les effondrements de parois semblaient recouvrir les parois jusqu'au fond de la structure. Il semble plus vraisemblable qu'un creusement aux dimensions importantes a été réalisé dans un premier temps, puis un cuvelage de bois cylindrique devait réduire le diamètre de la structure à près de 1,50 m. L'espace entre ce cuvelage et la paroi du creusement a dès lors été remblayé avec la terre extraite, c'est-à-dire du substrat remanié. Malheureusement, aucune trace de bois n'a pu être décelée, même dans le fond (pourtant humide) du creusement. La structure servait de toute évidence de puits à eau. Plusieurs fosses, isolées ou non ont été mises au jour dans les sondages d'expertise. Alors que certaines s'apparentent à des empreintes de chablis ou de passages de racines, les autres n'ont pas trouvé de fonction précise.

5 Plusieurs structures ont livré un peu de mobilier, en particulier les fossés et le puits. Ce mobilier consiste essentiellement en tessons de céramique grossière de tradition protohistorique associés à des fragments de tuiles gallo-romaines. Il permet donc de situer l'occupation de ce site au tout début de cette période, peut-être avant notre ère. Les huit sondages réalisés au cours de cette expertise archéologique ont montré l'existence d'une installation humaine ancienne sur le terrain concerné par le futur lotissement. Cette occupation se concentre essentiellement dans la moitié nord de la parcelle et plutôt en partie médiane. La nature de cette occupation demeure pour le moment difficile à appréhender. S'agit-il d'un habitat se développant vers le nord-est (hors de l'emprise des travaux) et dont seuls les fossés parcellaires ou de drainage périphériques auraient été mis au jour ? Ceci est possible. Une autre hypothèse peut être proposée ici. Ne pourrait-on voir dans ces aménagements, des structures destinées

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au lavage du minerai issu des aurières ? En effet, nous savons que cette région est particulièrement riche en mines d'or et en particulier les communes de Couzeix, Chaptelat, Ambazac, Bonnac-la-Côte et le nord de la commune de Limoges. Ainsi, le puits pouvait permettre de tirer l'eau nécessaire. En amont des fossés, le quartz broyé pouvait être lavé afin de récupérer les particules d'or. En outre, signalons que de nombreuses pierres brûlées ont été découvertes sur le site, en particulier au-dessus du puits et dans l'un des fossés. Des petites pierres de quartz chauffées ont également été retrouvées au fond d'un trou de poteau. Bien sûr, ces niveaux charbonneux et ces pierres rubéfiées pourraient aussi bien correspondre à l'incendie d'une construction quelconque. Il semble qu'après la Conquête, la plupart, sinon la totalité, des exploitations aurifères limousines sont abandonnées. Or, le mobilier découvert indique une légère postériorité ; ces vestiges pourraient être contemporains des toutes dernières exploitations. Ces suppositions quant à la fonction du site doivent simplement être considérées comme des axes de recherche, et demandent bien sûr à être vérifiées. En fait, aucune des hypothèses proposées ici ne peut pour le moment être privilégiée. Seule une fouille au nord de la parcelle concernée par les futurs travaux permettrait peut-être de comprendre la raison de cette installation.

6 MANIQUET Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Folles – Dolmen des Goudours

Roger Joussaume

Identifiant de l'opération archéologique : 122366

Date de l'opération : 2002 - 2005 (FP)

1 Cette troisième campagne de fouille sur le dolmen des Goudours en juin 2005 devait clore la recherche de terrain. Seule la partie est du cairn était conservée sur une faible hauteur laissant envisager une forme circulaire du tumulus originel, ce qui est loin d'être assuré.

2 La chambre a également beaucoup souffert. Dallée de blocs de granit, elle est de forme rectangulaire.

3 Elle dépassait 5 m de longueur interne pour plus de 2,50 m de large et était couverte, à l'origine, par une seule table de granit d'au moins 6 m de longueur pour 3 m de large et devait donc dépasser les vingt-cinq tonnes, ce qui en fait certainement le plus grand dolmen du Limousin.

4 La fouille a permis de retrouver les emplacements des orthostates manquants. Une douzaine de piliers de granit devaient soutenir cette dalle de couverture, mais l'absence de fosses bien visibles à l'avant du monument ne permet pas de se prononcer avec certitude sur l'architecture du monument qui se rapproche, par sa forme, des dolmens angevins.

5 Toutefois le chevet n'est pas fait d'une dalle unique et aucun portique n'a été mis en évidence dans un cairn dont la forme primaire n'a pu être établie. La forme rectangulaire de la chambre rappelle celle du dolmen de la Betoulle 2 à Berneuil, dans le même département, parfois considéré comme angoumoisin sans preuves assurées (Tardiveau et Vuaillat, 2001).

6 Il ressort de cette étude architecturale qu'au moins deux types de monuments occupent le nord du Limousin : les dolmens à chambre piriforme dans un tumulus circulaire à entrée en entonnoir et les dolmens à chambre quadrangulaire allongée, assez proches des dolmens angevins. Tous sont généralement couverts par une dalle unique.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 88

7 Les deux types de monuments livrent en abondance du matériel archéologique attribuable au Néolithique final artenacien (« poignards » du Grand-Pressigny, pointes de flèches à ailerons et pédoncule, céramiques diverses, perles en cuivre et en stéatite, etc.) qui ont masqué, comme dans bien d'autres régions, les occupations premières. Plus tard, d'autres ont encore occupé les lieux.

8 Un fait est cependant à souligner concernant le matériel archéologique découvert dans la chambre, bien des fois remaniée, du dolmen des Goudours. Il s'agit d'une céramique fine à fond rond et grand col cylindrique bien dégagé qui signe une occupation assurée au Néolithique moyen, période de construction déjà envisagée pour des monuments à chambre piriforme comme ceux de Bagnol et Bois-Neuf III dans la Creuse (Joussaume et alii,2002).

9 Alors que l'étude architecturale est conduite par Roger Joussaume (CNRS, UMR 7041), la nombreuse industrie lithique est étudiée par Pierrick Fouéré (INRAP), les ossements par Jean-Paul Cros (UMR 7041), les perles en stéatite, au nombre de 154 par Luc Laporte (CNRS, Rennes). Les cinq perles en cuivre et les datations 14C ont été confiées au Centre de recherche et de restauration des musées de France grâce à Jean-Pierre Mohen et Pascale Richardin.

10 L'étude du substrat granitique est effectuée par Emmanuel Mens (Archéo Atlantica) et la topographie par Régis Bernard (INRAP).

11 (Fig. n°1 : Vue aérienne)

12 JOUSSAUME Roger

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 89

Fig. n°1 : Vue aérienne

Auteur(s) : Joussaume, Roger (CNRS). Crédits : Joussaume Roger CNRS (2005)

AUTEURS

ROGER JOUSSAUME CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 90

Limoges – 10bis rue des Sœurs de la Rivière

Adrien Montigny

Identifiant de l'opération archéologique : 122197

Date de l'opération : 2005 (SP)

1 La construction d’un nouvel immeuble d’habitation, pourvu d’un parking souterrain, au 10 bis de la rue des Sœurs de la Rivière, à l’emplacement d’anciens hangars, a rendu une intervention archéologique nécessaire. La fouille a été précédée de deux diagnostics destinés à évaluer la sensibilité archéologique de l’emprise du projet de construction. La première intervention a été réalisée par Christophe Maniquet en 2003 (BSR 2003). Comme les hangars désaffectés étaient présents, seules trois tranchées de sondages avaient alors pu être réalisées. Une deuxième intervention a eu lieu en 2004 (BSR 2004) sous la responsabilité de Jacques Roger après destruction des différents bâtiments qui occupaient le terrain. Ces deux phases de diagnostics ont permis d’identifier plusieurs murs et niveaux de sols antiques ainsi qu’une dizaine de sépultures.

2 L'emprise du chantier se trouve dans l’insulaIV-8 de la cité antique d’Augustoritum,c'est- à-dire à proximité du centre urbain, non loin du forum et des thermes.

3 De nombreuses données archéologiques permettent de relativement bien connaître les insulæenvironnantes mais celle-ci n’avait encore fait d’aucune observation. Face à l’emprise du chantier, de l’autre côté de la rue des Sœurs de la Rivière qui se trouve en partie sur la voirie antique, Jean-Pierre Loustaud a pu récemment observer les vestiges d’une habitation pourvue de plusieurs mosaïques.

4 Sur l'emprise du chantier plusieurs phases antiques ont été observées. La première d’entre elles, datant de la première moitié du Ier s., se caractérise par la présence de bâtiments de structures légères utilisant des matériaux périssables pour la majeure partie des élévations. En raison des différentes perturbations ultérieures, il est possible

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 91

de déterminer quelques pièces et espaces mais pas d’en comprendre ni les fonctions ni l’agencement général.

5 Vers la fin du IIe s., les bâtiments existants sont totalement détruits pour laisser place à un nouvel ensemble architectural. Cette deuxième phase correspond à la construction d’une habitation, de dimensions moyennes, s’ouvrant à l’ouest sur un cardoet s’articulant autour d’une cour intérieure. Plusieurs murs et bâtiments viennent ensuite s’appuyer contre cette maison au sud et à l’est.

6 C’est dans ces bâtiments qu’a été trouvée la sépulture d’un cerf domestique. Cet animal, équipé d’une sorte de mors, était sans doute destiné à servir d’appelant à la chasse. Des représentations de telles pratiques existent sur des mosaïques et des céramiques. Toutefois les découvertes archéologiques témoignant de ce type de chasse restent encore très rares. (Fig. n°2 : Ensemble de sépultures de période carolingienne (mire de 1 m))

7 Si le chantier est au cœur de la cité antique, il se situe hors des deux pôles urbains médiévaux de Limoges. Il se trouve à proximité d’un chemin non daté reliant l’ancien cardo maximus,venant du pont Saint-Martial, à l’entrée occidentale de la cité. Plusieurs édifices religieux sont présents sur ce bord du vallon du ruisseau de l’Enjoumar. Les plus proches de l’emprise du chantier sont Saint-Michel de Pistorie et l’église plus tardive de Sainte-Marie.

8 L’emplacement du chantier semble être occupé par des jardins et par des vignes au moins à partir du XIVe s. Dès 1370, plusieurs textes, ainsi que différents plans modernes de Limoges, mentionnent en effet des vignes le long du « chemin dudit Saint-Michel à la Vienne » ou du « chemin vicinal par lequel on va du cimetière de ladite église à la Vienne ».

9 La première phase de diagnostic avait attesté la présence de sépultures à l’extrémité de l’emprise du chantier. Malgré une sous-évaluation de l’importance du nombre d’inhumations, le choix a été fait durant le chantier d’en étudier un maximum en raison de leurs caractéristiques et de leur état de conservation. Au total ce sont trente- sept sépultures qui ont été fouillées et sept autres qui ont été localisées ou rapidement prélevées en limite d’emprise de chantier. Ces sépultures, datées par radiocarbone de la période carolingienne, sont disposées en plusieurs groupes parfois espacés de quelques mètres. (Fig. n°1 : Cerf harnaché enterré le long du mur (mire de 0,50 m))

10 Elles semblent marquer la limite occidentale d’une nécropole se développant hors de l’emprise du chantier. Il est tentant de rattacher cette nécropole à l’église Saint-Michel de Pistorie qui se trouvait à quelques dizaines de mètres des sépultures étudiées. Toutefois, la fondation de cette église est généralement datée du XIIe s., bien qu’elle soit réputée au Moyen Âge pour accueillir la tombe de Jocundus, père de saint Yrieix.

11 L’occupation médiévale de ce quartier est aussi attestée par la présence de plusieurs fosses et silos se trouvant à plusieurs dizaines de mètres de la nécropole. Le mobilier issu de ces différents creusements couvre une large période allant du VIIe s. au XIIe s. Hormis ces creusements aucune trace d’aménagement médiéval n’a été observée.

12 Cette fouille a donc permis d’apporter de nombreuses informations concernant Augustoritummais également de nombreux questionnements sur l’origine de l’une des paroisses périurbaines de Limoges.

13 MONTIGNY Adrien

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 92

ANNEXES

Fig. n°1 : Cerf harnaché enterré le long du mur (mire de 0,50 m)

(2005)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 93

Fig. n°2 : Ensemble de sépultures de période carolingienne (mire de 1 m)

(2005)

AUTEURS

ADRIEN MONTIGNY INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 94

Limoges – Rue du 20e Régiment des Dragons

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 122282

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 La volonté de construire un nouvel immeuble d'habitation à l'emplacement de deux espaces non bâtis qui ont servi récemment de parkings de surface à l'angle des rues du 20e régiment de Dragons et de l'Hôpital (parcelle HS 431), à Limoges, a donné lieu à une intervention de reconnaissance archéologique préalable. Le projet de construction n'était pas encore bien défini au moment de l'intervention archéologique. Seule son emprise était connue, occupant la totalité de la parcelle HS 431. Cette parcelle était composée en fait de deux terrains de forme grossièrement carrée (de près de 18 m de côté) aménagés en terrasses horizontales. Le terrain oriental était à 1,20 m en contre- haut du terrain situé à l'ouest. Un immeuble d'habitation sera vraisemblablement implanté à cet emplacement. Il s'appuiera à l'est contre un autre immeuble construit récemment, à l'emplacement duquel seules quelques observations archéologiques sommaires avaient été faites par Jean-Pierre Loustaud en 2002. Au nord et à l'ouest, il donnera sur les rues du 20e régiment de Dragons et de l'Hôpital et au sud sur la cour de l'école Edouard-Herriot. Ce bâtiment sera fondé sur un parking enterré ouvert sur la rue de l'Hôpital. Le fond de ce sous-sol devrait se situer à environ 1,30 m de profondeur par rapport à la surface du terrain oriental et donc à près de 2,50 m de profondeur sous la surface de l'espace occidental.

2 Le cœur de la cité d'Augustoritum,et en particulier son réseau viaire orthonormé très régulier, commence à être bien cerné grâce aux diverses observations de Jean‑Pierre Loustaud. Il est possible ainsi de replacer la zone d'intervention dans ce maillage à l'angle sud-ouest de l'insulaV-6, insulaoccupée au moins partiellement par le forum,centre politique, économique et religieux de la cité gallo-romaine. La fouille au niveau de l'emprise du futur bâtiment, était située en bordure du decumanus V.Elle devait permettre, en outre, de retrouver une portion de la voie cardinale n° 6, déjà

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repérée et étudiée au sud, en avant de la domusdite « des Nones de Mars » et observée ponctuellement au nord de la rue de l'Hôpital. Cette voie, large de près de 14 m, correspondait sans aucun doute au cardo maximus d'Augustoritum, bordé par les monuments les plus importants de la cité (théâtre, forum,etc.), les demeures les plus luxueuses (domusdes Nones de Mars, domusà l'opus sectile,domusde la rue Vigne-de-Fer, etc.) rejoignant la voie d'Agrippa au nord et traversant la Vienne au sud à l'aide d'un pont antique antérieur au pont médiéval Saint-Martial, construit à son emplacement.

3 À la fin du IIIe s. et au début du IVe s., s'amorce l'abandon progressif du secteur, en tant que centre de l'agglomération d'Augustoritum.Le cœur de l'ancienne ville romaine devient en quelque sorte « suburbain » et reste à l'écart des nouveaux pôles de christianisation. Le terrain qui nous concerne semble, après l'abandon du cœur de la ville primitive, avoir laissé la place à des champs ou à des cultures. L'église Sainte- Valérie puis le couvent des Récollets vont s'installer respectivement au Moyen Âge et aux Temps Modernes le long de l'ancien itinéraire joignant le pont sur la Vienne au « Château ». Sur les plans anciens, le couvent des Récollets apparaît presque systématiquement. Il est ainsi noté sur le plan des Trésoriers de France de 1680. L'église semble occuper la partie nord de l'ensemble religieux et le cloître se développer au sud de celle-ci. Un terrain non bâti la sépare d'une rue orientée est-ouest située sensiblement à l'emplacement de la rue actuelle du 20e régiment de Dragons. Le couvent des Récollets apparaît sur les plans jusqu'en 1785. Il semble avoir totalement disparu sur le plan de 1838 et de nouveaux édifices ont pris place le long de la rue de l'Hôpital en 1851.

4 Le choix a été fait de pratiquer quatre sondages sur l'ensemble de la zone d'intervention. Étant donné la superposition de plusieurs épais remblais de diverses périodes dans cette zone, tous ces sondages ont dû être creusés très profondément pour atteindre le substrat ou les niveaux archéologiques en place. Cette profondeur a atteint 2 m dans le sondage 4, 3 m dans les sondages 1 et 3 et 3,50 m dans le sondage 2. Les remblais plutôt meubles ont contraint à aménager des paliers latéraux, ce qui a considérablement augmenté le volume de terre à déplacer. Au total, les sondages réalisés sur les 646 m² à sonder, représentaient environ 38 m linéaires de tranchée, soit une surface de près de 164 m². Ils se sont tous révélés positifs. Neuf maçonneries et trois structures en creux ont pu être mises en évidence.

5 En ce qui concerne la période gallo-romaine, la zone d'intervention se situe bien sur la voie cardinale n° 6.

6 Les premiers niveaux de circulation de cette dernière ont été mis en évidence au nord- ouest de la zone d'intervention. Malheureusement, tous les niveaux tardifs supérieurs ont subi un arasement très important. Jean-Pierre Loustaud avait observé au sud une stratigraphie de cette voie sur une hauteur de plus de 1,50 m. Sur la parcelle qui nous concerne, cette stratigraphie se résume à une hauteur de 0,50 m. L'un des aqueducs maçonnés sous-jacent a également été retrouvé, ainsi qu'un caniveau inconnu jusqu'ici.

7 L'angle du cardo maximuset du decumanusVn'a, en revanche, pas pu être mis en évidence.

8 En ce qui concerne les maçonneries, la période gallo-romaine est représentée par une série de massifs ou de « plots » quadrangulaires dont certains semblaient installés sur l'emprise de la voie. Les conditions d'interventions rendent difficile toute interprétation et ne permettent en aucune façon de savoir si le forum a pu s'étendre ou non jusqu'au decumanusV.L'absence de gros murs permet en outre d'en douter, à moins

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qu'ils aient été intégralement récupérés. En effet, le substrat n'a pas été atteint dans le sondage 2 à l'est. On peut dès lors imaginer que celui-ci a été percé par une structure qui a été par la suite remblayée. Il pourrait s'agit d'une tranchée de récupération d'une grosse maçonnerie. Cependant, le fond de cette éventuelle structure n'ayant pas été atteint et l'exiguïté de notre sondage rend toute hypothèse invérifiable en l'absence de fouille complémentaire.

9 La période médiévale était quant à elle représentée par une maçonnerie, dans le sondage 3, ayant pu appartenir à l'église Sainte-Valérie construite à l'emplacement d'un prieuré du XIIIe s. D'autres constructions appuyées contre ce mur pourraient correspondre à la mise en place du couvent des Récollets au début du XVIIe s. Un angle de murs mis au jour dans le sondage 2 pourrait fonctionner avec cet ensemble qui se développait de toute évidence vers le sud. Aucun niveau de sol interne n'a été mis au jour. En revanche, un niveau d'occupation gris-noir identifié au nord dans les sondages 1 et 2 pourrait lui être contemporain.

10 Le manque d'espace a empêché de dégager les niveaux de sol internes dans le sondage 2 ; la présence d'enduit blanc encore en place sur les murs laisse imaginer que le sol doit lui aussi être conservé. Dans le sondage 3, tous les murs ont fait l'objet d'une récupération intense jusqu'à la surface du substrat (à 2,80 m de profondeur). Le niveau de destruction associé remplissait les tranchées de récupération au-dessus des maçonneries et recouvrait tout l'espace au sud sur environ 1 m d'épaisseur. À la base de ce remblai de destruction, aucun niveau de sol n'a été entrevu au-dessus des remblais antérieurs. Peut-être ce sol (intérieur de l'église ?) a-t-il été lui aussi récupéré. Cette destruction doit remonter d'après les textes et plans anciens à la fin du XVIIIe s. ou au début du XIXe s.

11 Ce n'est que dans une période très récente que le fort pendage nord-sud a été compensé par un apport de remblai de sable (dans lequel ont été incluses des canalisations et des buses en ciment) destiné à horizontaliser ces espaces et les transformer en parkings de surface.

12 La forte profondeur à laquelle sont apparues maçonneries et structures (installées ou creusées dans le substrat) les protègera vraisemblablement d'une destruction liée à la nouvelle construction.

13 MANIQUET Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Pageas – Le Mas Nadaud

Sandrine Conan et Christian Rémy

Identifiant de l'opération archéologique : 122342

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Sis sur la commune de Pageas, le Mas-Nadaud est destiné à devenir le « Centre des visiteurs » du Parc naturel régional Périgord-Limousin auquel il appartient depuis 2004. Bien que mentionné dès le début du XIVe s. et résidence éponyme d’un lignage de milites du castrum de Châlus attestés dans le dernier quart du XIIIe s., l’édifice, dont le plan actuel est achevé au XVIIIe s., ne comporte pas de vestiges antérieurs à la fin du XVe s. ou du début du XVIe s.

2 Prescrite par le service régional d’Archéologie du Limousin, une étude du bâti préalable aux travaux de réhabilitation s’imposait et devait compléter le travail historique amorcé par Christian Rémy.

3 Grâce aux archives de l’ancien chartrier du château, aujourd’hui encore conservé par les descendants des derniers seigneurs du Mas-Nadaud, il a été possible de proposer une histoire du lieu. Ces documents, dont les plus anciens parchemins remontent à l’extrême fin du XIIIe s., apportent une masse d’informations totalement inédites sur le site. On a ainsi pu retrouver précisément l’identité des trois familles qui se sont succédé à la tête de la seigneurie : les Mas (appelés Mas-Nadaud à partir du milieu du XIVe s.) de la fin du XIIIe s. au début du XVe s., puis les Fougerac de 1437‑1440 à 1505‑1510, enfin, les Coustin jusqu’à la Révolution. De ces trois familles, somme toute, modestes à l’origine, les deux premières se sont éteintes. Seule la dernière a pu connaître bonne fortune et jouissait, sous l’Ancien Régime, d’un prestige certain. Et le Mas-Nadaud a été, de 1510 à la Révolution, la résidence de la branche aînée des Coustin d’ailleurs dits « du Masnadaud ».

4 On a pu mieux replacer l’édifice, l’un des quelques vingt repaires périphériques de la milicia castride Châlus, dans le contexte de la châtellenie. On a pu, aussi, apprécier l’envergure de ce modeste fief, assis sur une dizaine de métairies ou de villages seulement, dans la portion nord-ouest de l’ancienne paroisse de Pageas et sur une

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partie de la paroisse voisine de Champsac. La masse documentaire étant telle (environ huit mètres linéaires), les cinq journées consacrées au dépouillement ont permis de repérer un certain nombre de pièces qui nous ont semblé plus intéressantes. Parmi elles, il faut évoquer les inventaires et, surtout, un devis de réparation du domaine établi en 1751 et qui décrit très méticuleusement les différents éléments composant alors l’édifice, pièce par pièce, porte par porte, et carreau de vitre par carreau de vitre.

5 L’analyse archéologique a permis de mettre en évidence deux grandes phases de construction dans le logis actuel. De plan rectangulaire, le repaire de la fin du Moyen Âge comportait deux niveaux divisés en trois espaces et surmontés d’un haut-comble ; une cave étant aménagée dans le substrat au centre. Deux tours rondes flanquaient chaque extrémité de la façade antérieure. Celle située au nord-ouest n’est détruite qu’à la fin du XIXe s. tandis que la seconde est partiellement conservée à la base.

6 Trônant sur la façade principale du repaire, la traditionnelle tour d’escalier avec sa porte d’entrée, au décor gothique classique, desservait les trois niveaux.

7 Toutes les pièces étaient couvertes par un plancher aux poutres moulurées, identique aux deux plafonds déjà connus, qui est encore conservé au-dessus des faux-plafonds actuels. Outre la mise au jour de ces ouvrages, c’est aussi celle d’un décor peint au XVIIe s. sur la plupart des plafonds semble-t-il. Située au centre du premier étage, la salle du repaire se distingue par le décor mouluré plus riche sur les deux croisées qui l’éclairaient et sur sa cheminée; l’ensemble des pièces comportaient les mêmes équipements.

8 L’étude du bâti évoque la construction d’un corps de logis perpendiculaire à l’extrémité ouest prévue dès l’origine. Mais ce n’est qu’après 1601 qu’un pavillon est ajouté. Pourvu de trois niveaux divisés en deux pièces, il a perdu de façon regrettable sa couronne de mâchicoulis au début du XXe s. Malgré cela, il conserve toutes les caractéristiques des constructions des premières années du XVIIe s. dont les exemples sont particulièrement nombreux en Périgord. La fortification de la résidence, matérialisée par la multiplication des ouvertures de tir pour armes à feu et les accès restreints, est renforcée par l’ajout tout symbolique d’une échauguette sur l’angle sud-est du logis. Le niveau d’occupation différent de celui du repaire médiéval a nécessité de bâtir une galerie en bois détruite mais connue par le texte de 1751.

9 Accessible depuis l’escalier en vis, elle ouvrait sur une chambre du premier étage à partir de laquelle on pouvait ensuite accéder à l’ensemble de l’étage et aux communs du rez-de-chaussée par un petit escalier dérobé dans l’épaisseur d’un mur. Aux étages, les chambres, largement éclairées, étaient pourvues d’un certain confort avec cheminée, latrines et cabinet.

10 Des nombreuses dépendances connues par les textes, il ne subsiste aujourd’hui que l’écurie. De plan rectangulaire et flanquée d’une tour circulaire, elle comportait deux niveaux surmontés d’un comble à surcroît dont la charpente à fermes est encore en place. La datation de cette écurie demeure incertaine et pourrait remonter au début du XVIIe s. par comparaison avec le pavillon. Détruite très récemment (après un incendie en 1994), une grange élevée avec une tour flanquante en 1595 était sise légèrement en contrebas, à l’ouest du logis.

11 La confrontation des données issues de l’étude du bâti et des textes a permis de préciser non seulement des grandes phases de construction mais aussi de renseigner sur l’organisation intérieure et les modifications apportées au sein du repaire au cours

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des XVIIe s. et XVIIIe s. Souhaitons que – dans un édifice où l’état de conservation des volumes et de tous les plafonds de la fin du Moyen Âge et du XVIIe s. ainsi que la mise au jour d’un nouveau décor peint du XVIIe s. se révèlent fort intéressants – cette étude préalable saura convaincre de la pertinence de réhabiliter dans le sens d’un retour aux volumes des XVe s au XVIIe s.

12 (Fig. n°1 : Rez-de-chaussée du logis) et (Fig. n°2 : )

13 CONAN Sandrine et RÉMY Christian

ANNEXES

Fig. n°1 : Rez-de-chaussée du logis

Auteur(s) : Conan, Sandrine (HADES). Crédits : HADES (2005)

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Fig. n°2 :

Auteur(s) : Coustin, François de (Archives Coustin © 2004). Crédits : Archives Coustin © 2004 (2004)

AUTEURS

SANDRINE CONAN HADES

CHRISTIAN RÉMY HADES

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Peyrat-de-Bellac – Beau Site Fouille préventive (2005)

Assumpció Toledo i Mur

1 L’enclos circulaire de Beau-Site, de 16 m de diamètre, avait été découvert pendant la campagne de diagnostic archéologique sur l’emprise de la future déviation de la RN 147 (Toledo i Mur 2004).

2 La fouille du fossé délimitant l’enceinte, conservé sur une profondeur de 0,45 m maximum, témoigne de l’existence d’une palissade aménagée sur l’axe médian de celui- ci. L’agencement de la palissade s’interrompt à trois reprises. Ces « ouvertures » présentent les mêmes orientations solsticiales observées sur deux tumuli en Limousin : de Puy Lafont (Saint-Priest-de-Gimel, Corrèze) et du Bois de Bessac (Saint- Maurice-la-Souterraine, Creuse) (Lintz 1981 ; Beausoleil et al. 2002).

3 L’enclos circulaire palissadé correspondrait aux fondations d’un dispositif pour agencer et maintenir le tertre de terre abritant le(s) dépôt(s) funéraire(s). Il s’agirait donc du premier exemple d’un type d’architecture funéraire inédit en Limousin. En effet, l’éventuel tertre n’est pas délimité par un muret de pierres, comme dans la plupart des tumuli du groupe Limousin-Périgord, mais par une palissade.

4 La plupart des neuf vases céramiques, à profil tronconique, exhumés dans le remplissage du fossé ont conservé un décor à motifs géométriques « graphités ».

5 5Huit d’entre eux ont été localisés aux interruptions de la palissade. Ils sont de petites dimensions et ont été très soigneusement manufacturés. Sauf une forme globulaire, les autres sont des vases à profil tronconique, dont trois sont munis d’un petit pied. La datation de l’ensemble céramique est à placer vers la fin du VIIIe s.-début du VIIe s. av. J.- C.

6 En outre, le décapage de 5 000 m2 autour de l’enclos a mis au jour un enclos quadrangulaire et un bâtiment sur poteaux à dater du XIVe s.-XVe s.

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Fig. 1 – Plan de l’enclos circulaire, niveau supérieur

Relevé : E. Barbier, E. Galtié, G. Pouponnot, J.-S. Torchu, A. Toledo i Mur (Inrap) ; relevé topographique : R. Bernard ; DAO : S. Julien ; maquette : N. Busseuil (Inrap).

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ crtzlfS4gXnfB, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHv5W3Uex7D, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtSG8DmbTYhV Année de l’opération : 2005 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtW9SpIgIk7Q nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtcJxzOpgs7T

AUTEURS

ASSUMPCIÓ TOLEDO I MUR Inrap

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Saint-Barbant – Place de l'église

Adrien Montigny

Identifiant de l'opération archéologique : 122138

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 Les sondages archéologiques menés autour de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul résultent d'un projet d'aménagement des abords de cet édifice de culte.

2 Le diagnostic, réalisé du 4 au 6 janvier par deux agents de l'INRAP, a consisté à l'ouverture de trois tranchées de sondages à l'aide d'une pelle mécanique. Les deux premières ont été réalisées au nord de l'église et la troisième au sud.

3 Ces sondages ont permis d'attester la présence d'un fossé qui semble faire le tour de l'église. L'observation de la base des murs de cet édifice laisse penser que cette église, fortement remaniée, se trouvait lors de sa construction sur une levée de terre délimitée par cet enclos paroissial.

4 Ces tranchées ont également permis de localiser seize sépultures en pleine terre ou en cercueil. Ces inhumations modernes, pour la plupart fortement endommagées, étaient aménagées dans le substrat et le comblement du fossé. Le mauvais état de conservation de ces sépultures s'explique probablement en raison de l'acidité du sol mais également en raison de leur faible profondeur d'enfouissement.

5 Adrien Montigny

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AUTEURS

ADRIEN MONTIGNY INRAP

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Saint-Gence – La Gagnerie

Guy Lintz

Identifiant de l'opération archéologique : 122367

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 Depuis le siècle dernier, divers auteurs ont décrit la petite enceinte gauloise de Saint- Gence située à l’ouest du bourg et ont mentionné régulièrement la découverte d’amphores italiques et de céramiques gauloises. En 1998 et 1999, la fouille au lieu-dit « le Pâtureau » a permis de reconnaître la partie occidentale d’une agglomération gauloise située entre l’enceinte et le bourg. De 2000 à 2002, l'exploration de la parcelle située à l'est du cimetière a mis en évidence la limite est de l'agglomération gauloise. Elle a également attesté la présence de constructions gallo-romaines sur la parcelle. La fouille a révélé plusieurs batteries de silos du haut Moyen Âge dont l'occupation s'est poursuivie jusqu'au XVIe s. ou XVIIe s. En 2005, la fouille a porté sur les trois secteurs définis l’an dernier.

2 Les trous de poteaux et les constructions

3 Les grands trous de poteaux bien structurés qui conservent souvent le négatif du poteau appartiennent à des structures laténiennes. Souvent, ils ne sont pas antérieurs à la période augustéenne. Leurs dimensions sont comprises entre 0,70 m et 1,16 m avec une moyenne de 0,87 m. Outre ces structures parfaitement identifiables, de petits creusements mal caractérisés, de petites ou moyennes dimensions, doivent aussi être considérés comme des trous de poteaux. Certains, souvent recoupés par d'autres structures, datent de phases anciennes. D'autres, qui recoupent généralement d'autres structures, sont indiscutablement plus récents. Bien que beaucoup d'entre eux ne renferment aucun objet permettant de les dater, à part de menus tessons résiduels non tournés, quelques-uns incluent de la céramique romaine ou des fragments de tegulae datant leur obturation au plus tôt de la fin de la période romaine. Le diamètre des 4 trous de poteaux renfermant de la tegulaest compris entre 0,27 m et 0,57 m. Ces

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chiffres concordent avec ceux qui ont été observés l'an dernier pour 6 trous de poteaux mesurant de 0,38 m à 0,65 m.

4 Les puits

5 Seul un puits, profond de 4,55 m, a été vidé en totalité cette année. En surface, il présente une forme quadrangulaire avec des angles arrondis, d'un diamètre de 1,90 m sur les axes. Les parois, d’abord obliques, deviennent verticales. Lorsque la roche devient plus résistante, les parois se resserrent progressivement puis se rétrécissent encore lorsque le granite devient compact. D'après la céramique (terra nigra),le comblement n'est pas intervenu avant le milieu de la période augustéenne. Il renfermait en outre de nombreux tessons d'amphore Dr. IB dont 3 avec timbre.

6 La fragilité des parois n'a pas permis de fouiller deux autres puits au-delà de 1,70 m. Le comblement du premier, de forme quadrangulaire, aux parois verticales rectilignes, semble se situer à la charnière des IIe s. et Ier s. av. J.-C. Ses dimensions (long. : 2,24 m ; larg. : 1,92 m) habituelles à l'ouverture, le sont moins à 1,70 m de profondeur, les parois restant verticales. Enfin, les trois angles fouillés présentent des cavités qui pouvaient permettre la mise en place de poteaux verticaux. Ce dispositif, jusqu'à présent inédit à Saint-Gence, ne peut pas correspondre au coffrage sous-jacent à la margelle. Peut-être est-ce un coffrage construit en raison de la fragilité des parois. Des traces d'effondrement ont d'ailleurs été observées sur la paroi nord.

7 Le second présente, en surface, une emprise circulaire de 2,50 m de diamètre avec des parois évasées, presque rectilignes jusqu'à 1,20 m de profondeur. À cet endroit sa section se rapproche du carré et se réduit à 1,10 m de côté. Les US supérieures, au profil en cuvette, traduisent un léger tassement du comblement, progressivement compensé par des apports de matériaux, indiquant que l'espace continuait à être occupé après son comblement. Le mobilier recueilli permet de le dater au plus tôt du Bas-Empire, probablement dans le courant du IIIe s.

8 Les fosses

9 Cette année, la fouille de nombreuses fosses permet de distinguer 2 grandes catégories : de grandes fosses aux parois généralement verticales et des fosses aux dimensions plus modestes. Généralement, les grandes fosses sont groupées et semblent se succéder rapidement dans le temps. Elles avaient sans aucun doute une fonction précise et n'étaient pas de simples dépotoirs. Les rares US qui incluent un mobilier abondant montrent que les objets étaient déjà très fragmentés et bien souvent, leur comblement a été réalisé avec des matériaux stériles. Toutefois la fosse 624 fait exception.

10 L'an dernier, un premier groupe comprenant quatre grandes fosses était défini. Trois autres, fouillées cette année, peuvent s'y ajouter. Toutes sont antérieures à la conquête et leur creusement a pu s'étaler sur une cinquantaine d'années. Les fosses de ce groupe, en particulier les quatre citées l'an dernier, n'ont jamais été simultanément en usage, chacune étant comblée avant que la suivante ne soit creusée. Par ailleurs, bien que la roche naturelle soit extrêmement friable, les parois ne montrent aucune dégradation alors que, pendant la fouille, chaque orage a creusé des ravines entraînant du sable dans le fond de la fosse. Dans ces conditions, il est difficile de concevoir qu'elles restaient exposées aux intempéries. Soit qu'elles n'aient été en usage que durant une brève période, soit qu'une couverture ait assuré leur protection.

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11 Un second groupe, chronologiquement proche du précédent, rassemble cinq fosses. Ces deux groupes s'intègrent d'ailleurs parfaitement dans l'organisation de ce quartier artisanal. Les petites fosses posent davantage de problèmes, le plus important consistant à bien les différencier des trous de poteaux. Toutefois, dans la zone III, une série de petites fosses s'aligne sur une vingtaine de mètres, parallèlement à la voie puis, au nord, d'autres leur sont perpendiculaires. Un groupe semble également se dessiner de part et d'autre des secteurs U 25 et U 26. Deux fosses fouillées cette année présentent un intérêt particulier en raison du mobilier qu'elles contenaient.

12 Un dépôt d'amphores destiné à combler une grande fosse devenue inutile comportait 37 amphores pratiquement complètes et de nombreux fragments dont 72 cols isolés (soit plus d'une centaine d'individus). Toutes appartiennent au type Dressel IA. Une ébauche d'étude permet de les attribuer à une phase ancienne, probablement antérieure à la fin du IIe s. av. J.-C. La céramique recueillie ne contredit pas une telle datation. Quelques amphores sont cassées à hauteur du col. Toutefois, malgré de nombreux essais, il n'a pas été possible de retrouver la partie manquante dans le lot de fragments disponibles à une exception près. Quatre timbres amphoriques proviennent de cette fosse.

13 Une fosse ovalaire aux parois évasées concaves avec un fond concave (long. : 2,12 m ; larg. : 1,67 m ; prof. : 0,60 m) a été creusée dans deux structures légèrement antérieures, dont un silo. Le comblement, constitué de torchis et de tessons d'amphores calcinés, incluait un dépôt de céramiques et d'objets en fer. Neuf céramiques, déposées intactes contre la paroi nord-ouest, ont été découvertes le plus souvent renversées. Les objets en fer, disposés en ligne à la base et au sud des céramiques, comportaient deux grands couteaux, une puisette, un crochet, un anneau et deux objets pour l'instant indéterminés. La céramique permet de dater ce dépôt du tout début du règne d'Auguste. La céramique fragmentée, dispersée dans le comblement, comprend une douzaine d'individus. Les tessons d'amphores appartiennent tous au type Dr. IB et comportaient 2 timbres.

14 Le mobilier

15 Le mobilier recueilli cette année comprend près de 10 000 tessons de céramique. La quantité de récipients recueillis permet maintenant d'avoir un échantillonnage assez complet pour envisager une étude typochronologique. À cela, s'ajoutent plus de 21 000 tessons d'amphores appartenant, d'après une première estimation, à plus de 430 individus de forme Dressel I Italiques. Les jetons, toujours nombreux avec 145 individus recueillis cette année, sont réalisés à partir de tessons de céramique avec plus ou moins de soin. Toutefois la forme circulaire est bien respectée et, malgré la découpe qui paraît irrégulière, les diamètres d'un même objet varient très peu.

16 Les objets de parure comprennent des fragments de bracelets ou de perles en verre et 2 fibules augustéennes. De nombreux fragments de creusets mis au jour dans la partie nord de la fouille attestent d'une activité métallurgique. Plusieurs fragments appartiennent à un minimum de trois creusets coniques mesurant une dizaine de centimètres de hauteur. Les autres, au nombre 70, appartiennent à un minimum de 24 individus de petites dimensions. Les plus nombreux mesurent près de 60 cm de haut avec un diamètre maximum de 2,7/2,8 cm. Deux d'entre eux conservent des parcelles de métal qui, visuellement, évoquent un alliage cuivreux.

17 La chronologie

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18 Les découvertes antérieures permettent de situer approximativement l'origine de l'occupation gauloise de Saint-Gence vers la fin du IIIe s ou au tout début du IIe s. av. J.- C. Pour la première fois, une fosse inclut de la céramique antérieure à la première moitié du IIe s. Quelques fosses qui peuvent dater du troisième quart du IIe s. av. J.-C. appartiennent également à la première phase d'occupation. Par la suite, d'autres fosses incluent de nombreuses céramiques datées de la fin du IIe s. ou du début du Ier s. av. J.-C. Cette phase paraît correspondre à une activité importante. Ensuite, quelques structures appartiennent à une troisième phase, antérieure à la Conquête. Cette période semble se terminer par la mise hors service de puits et de fosses et témoigner de profondes modifications sur l'occupation du site. L'absence d'amphores Dressel 1 B ne peut qu'appuyer cette hypothèse d'un abandon, probablement survenu avant la Conquête.

19 Toutefois une importante réoccupation du site est attestée à l'époque augustéenne. Plusieurs puits recoupant nombre de structures ont pu être creusés à cette période. Deux grandes fosses appartiennent à cette époque qui a également vu la construction de la voie. La fouille des autres parcelles permettaient de situer l'abandon de l'agglomération avant la fin de l'époque augustéenne. D'abord envisagée vers le milieu de cette période, il conviendra probablement de repousser cette date au tout début de notre ère.

20 La fouille a également mis en évidence une occupation gallo-romaine, peut-être dès le IIe s., qui se poursuit au Bas-Empire, attestée en particulier par un puits incluant des monnaies et de la céramique d'époque constantinienne. Des trous de poteaux appartiennent à des structures probablement postérieures à l'époque romaine mais encore difficiles à dater.

21 Organisation spatiale

22 La structuration de l’espace s'exprime par la présence de groupements de structures (îlots) et d'orientations privilégiées de structures. Deux îlots se dessinent, l'un correspond à la zone I, l'autre à la zone II. La séparation correspond à une ligne rocheuse qui coïncide avec le chemin est-ouest. La légère cavée provoquée par le chemin ne suffit pas à expliquer l'absence de structures laténiennes à cet endroit. Certes les trous de poteaux auraient pu disparaître mais pas les fosses ou les puits.

23 Dans chaque îlot, l'orientation des structures linéaires présente des constantes. Pour la période laténienne, les lignes directrices s'observent sur les structures allongées, souvent de grandes fosses, et sur les côtés des puits quadrangulaires. Durant les phases anciennes, chaque îlot possédait son orientation distincte contrairement à ce qui avait été observé sur le site du « Pâtureau ». En revanche, durant la phase 4, toutes les structures s'organisent en suivant les mêmes lignes directrices.

24 (Fig. n°1 : Plan du secteur 1), (Fig. n°2 : Amphores à la base de la fosse 624), (Fig. n°3 : Timbre sur amphore : NALFIN), (Fig. n°4 : Timbre sur amphore : OPEL) et (Fig. n°5 : Graffitisur céramique)

25 Guy Lintz

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ANNEXES

Fig. n°1 : Plan du secteur 1

Auteur(s) : Lintz, Guy (SDA). Crédits : Lintz Guy, SDA (2005)

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Fig. n°2 : Amphores à la base de la fosse 624

Auteur(s) : Lintz, Guy (SDA). Crédits : Lintz Guy, SDA (2005)

Fig. n°3 : Timbre sur amphore : NALFIN

Auteur(s) : Lintz, Guy (SDA). Crédits : Lintz Guy, SDA (2005)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 111

Fig. n°4 : Timbre sur amphore : OPEL

Auteur(s) : Lintz, Guy (SDA). Crédits : Lintz Guy, SDA (2005)

Fig. n°5 : Graffitisur céramique

Auteur(s) : Lintz, Guy (SDA). Crédits : Lintz Guy, SDA (2005)

AUTEURS

GUY LINTZ SDA

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Saint-Jean-Ligoure – Châlucet Bas

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 122368

Date de l'opération : 1999 - 2005 (FP)

1 La campagne de 2005 a consisté en l’achèvement de la fouille des structures identifiées les années précédentes dans la partie nord du site, entre la tour Jeannette et le mur d’enceinte qui l’isole du reste de l’éperon vers la confluence des rivières Briance et Ligoure. La zone de recherche correspond, au nord à l’espace situé autour du bâtiment à contreforts IV et ses annexes réparties jusqu’au mur de clôture du castrum (bât. VI, VII, VIII et XII) et au sud de l’agglomération à l’ensemble formé par trois bâtiments (I, V et X) occupant la partie médiane du site. Dans ce dernier cas, l’imbrication des constructions et la nécessité de ne pas engager de nouvelles extensions à la fouille, faute de pouvoir achever celles-ci dans un cadre annuel n’a pas permis la fouille complète du bâtiment X qui se développe fort certainement vers le sud, le long de la voirie médiévale principale traversant de part en part le site. En revanche, l’espace le plus septentrional de cet édifice, formé par une pièce construite dans le prolongement du long bâtiment V a fait l’objet d’une fouille intégrale. C’est dans le même secteur (s.35) que l’on a pu également totalement dégager et étudier la zone de l’accès de la dernière cave découverte en 2004.

2 Enfin, l’achèvement de l’étude, à l’est, de la zone située à l’intersection de la voirie principale et de la ruelle en partie pavée distribuant en contre-haut les bâtiments II, III et IV, a permis la découverte et la fouille d’une nouvelle maison médiévale située en bordure immédiate de la voie, le Bât IX. C’est donc au total près de treize bâtiments et les espaces ouverts associés qui ont pu être étudiés, en tout ou partie lors de cette première phase de fouilles à raison d’une campagne annuelle depuis 1999.

3 Le secteur 35 correspond à l’extrémité septentrionale du bâtiment X : il s’agit d’une pièce de plan rectangulaire (secteur 35 : 6 m x 5 m) aménagée en contrebas du pignon est du bâtiment V. Cet espace a été en partie creusé dans la masse rocheuse qui en forme la limite ouest où l’on a aménagé l’entrée de la cave 4. Le secteur 35 constitue

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 113

ainsi le premier niveau du bâtiment X. Plusieurs indices laissent supposer que ce bâtiment possédait au moins un autre étage. L’entrée du secteur 35 s’effectue au sud par une porte. Le sol de l’espace fouillé est constitué en partie par le rocher, grossièrement aplani, où l’on a aménagé quatre degrés formant un escalier sommaire destiné à l’accès à la cave 4, et par un sol construit de sable et gravier destiné à compenser les irrégularités du rocher. Le centre de la pièce est occupé par la trémie maçonnée de l’entrée à la cave 4 qui se développe sous le bâtiment V. On notera enfin que, malgré l’effondrement d’une très grande partie des murs délimitant le secteur 35 – conséquence vraisemblable de la position du bâtiment X le long d’une pente – on a pu repérer, dans l’angle nord-ouest de l’espace interne, les restes d’une petite maçonnerie destinée à supporter un niveau d’étage (plancher ?), courant le long de la paroi occidentale et reposant probablement sur la construction de l’entrée de la cave.

4 L’essentiel du mobilier archéologique recueilli lors de la fouille de cette pièce est issu de couches cendreuses ou charbonneuses caractéristiques de vidanges de foyer et correspond majoritairement à des débris de vases culinaires (oules) et à des vestiges osseux (faune). On note cependant la présence de mobilier métallique en fer ou en alliage cuivreux et en pierre (mortier). Ce mobilier et la stratigraphie associée évoquent fortement l’utilisation de cette pièce à des fins de dépotoir, lors de la phase finale d’occupation du bâtiment X.

5 Le bâtiment IX, dans sa partie fouillée en 2005 affecte un plan carré d’environ 25 m² de surface interne. Il est délimité sur trois côtés par des murs de pierre de largeurs différentes et dont la conservation est irrégulière du fait de l’écroulement du bâtiment dans la pente vers l’est. Seuls trois murs sont actuellement conservés. Le côté oriental de la maison s’ouvre largement sur la voirie pavée située en contrebas dont elle n’est isolée que par un fort bourrelet rocheux qui marque la limite du bâtiment.

6 L’hypothèse d’une façade sur rue largement ouverte par une arcature est retenue. Un retrait visible sur le parement intérieur du mur occidental confirme la présence initiale d’un étage sur plancher accessible par l’extérieur du bâtiment depuis la ruelle pavée qui le contourne et donne accès aux bâtiments II, III et IV.

7 La fouille de l’épais remblai d’écroulement qui, à l’origine, fossilisait complètement la construction a permis d’identifier plusieurs éléments lapidaires : fragments d’une colonnette, élément d’imposte, base et chapiteau décoré. La position stratigraphique de ces pièces permet de restituer une baie géminée qui éclairait à l’origine l’étage de l’édifice. La décoration du chapiteau en granite (feuilles lancéolées achevées par des boules disposées aux angles et rang supplémentaire sur la corbeille) n’est pas sans rappeler celle d’un élément du même type en calcaire provenant du château supérieur.

8 Si les données fournies par la fouille restent partielles, elles permettent toutefois d’attester la présence d’un nouvel édifice médiéval dont les caractéristiques évoquent, une nouvelle fois, celle des maisons médiévales urbaines : rez-de-chaussée fonctionnel, ouvert sur la rue et étage résidentiel à l’accès indépendant, équipé d’au moins une baie décorée. Les caractéristiques des éléments de décor et les rares témoins mobiliers recueillis lors de la fouille du bâtiment évoquent une période d’utilisation comparable à celle des autres bâtiments du secteur, à savoir le XIVe s., son édification pouvant, quant à elle, être légèrement antérieure (seconde moitié du XIIIe s. ?).

9 La campagne de 2005 a également porté sur les abords du bâtiment à contreforts IV, au nord. La poursuite de la fouille des bâtiments annexes disposés autour du bâtiment IV a permis d’en préciser l’architecture et la chronologie relative et démontre la complexité

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des différentes phases d’aménagement de ce secteur, probablement due à la construction de l’enceinte castrale en plusieurs phases distinctes.

10 Cette édification a entrainé le démantèlement de certains bâtiments domestiques et leur remplacement, puis finalement leur disparition complète au profit d’une sorte de cour. On notera que la fouille a livré, pour l’un de ces bâtiments (VII) un nouveau cas de dispositif de combustion associant un foyer construit et deux zones rubéfiées.

11 Si l’année 2005 marque un terme momentané à la fouille programmée portant sur le Bas-Castrum de Châlucet, les recherches se poursuivent désormais par l’exploitation des données recueillies au cours de ces six années de recherche. Outre l’étude de l’important corpus de mobilier archéologique recueilli, on notera, en 2005, la poursuite de l’étude des matériaux de construction (la pierre : D. Ballereaud et N. Garraud ; les mortiers : B. Palazzo-Berthelon).

12 L’équipe s’oriente donc maintenant vers la publication des résultats de cette première phase des recherches.

13 (Fig. n°1 : null) et (Fig. n°2 : Au premier plan : rez-de-chaussée du bâtiment V (s.24). À l’arrière plan : le mur pignon de la maison-tour 1)

14 CONTE Patrice

ANNEXES

Fig. n°1 : null

Auteur(s) : Conte, Patrice (sda). Crédits : Conte Patrice SDA (2005)

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Fig. n°2 : Au premier plan : rez-de-chaussée du bâtiment V (s.24). À l’arrière plan : le mur pignon de la maison-tour 1

(2005)

AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

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Saint-Jean-Ligoure – Châlucet Haut

Sylvie Campech

Identifiant de l'opération archéologique : 122382

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Les deux opérations archéologiques menées en 2005 (en avril et en novembre) sur le château haut de Châlucet ont été orientées par les projets de restauration de l’architecte en chef des Monuments historiques : la poursuite du dégagement du chemin d’accès conduisant à la porte du château, la mise en sécurité de la barbacane. Ces travaux ont pour but de permettre une circulation libre du public dans ces espaces.

2 Le chemin d’accès

3 Le chemin d’accès qui mène à la barbacane et à la porte du château est formé d’un revêtement dallé suivant une forte pente. Déjà reconnu lors d’interventions précédentes (en 2003 et 2004), il longe la façade nord du château et tourne vers le sud, au bas de la tour nord-est. Le sol de cet aménagement est construit majoritairement avec des blocs de gneiss, disposés de chant le plus généralement. Quelques éléments sont posés à plat, notamment sur les bordures. Ce chemin est délimité au nord par un large mur de 1,30 m, en pierres sèches, qui s’appuie contre la barbacane. On le suit le long de la rampe d'accès (au nord). Il forme angle avec la courtine orientale de la basse- cour du castrum qui longe et protège le chemin à l’est. Sa liaison avec l’enceinte se fait par un redan maçonné formant une brisure dans l’alignement du mur.

4 Le mobilier ramassé dans les interstices des dalles de la rampe renseignent sur la période de fréquentation de ce chemin, soit du XIVe s. au XVIe s., ce qui semble confirmer l’abandon du château après son démantèlement en 1594.

5 La barbacane

6 La fouille de la barbacane s’est achevée sur les niveaux d’occupation épandus à la surface de la terrasse de construction qui nivelle l’espace. La stratigraphie de ce secteur a été perturbée par différents évènements : l’effondrement de la courtine orientale qui a eu pour conséquence le glissement en contrebas du remblai de terrasse et des niveaux d’occupation; mais aussi divers travaux de terrassements mécaniques (1999, 2003) et

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manuels (2003, 2004) liés aux fouilles archéologiques précédentes et aux travaux de restaurations des murs écroulés.

7 La surface de la terrasse intra murosconstituant la barbacane n’a fait l’objet d’aucun aménagement (en dehors du chemin d’accès). Au-delà de la voie pavée, on circulait directement sur le sol de terre. Cet espace correspond à une aire ouverte. Les seuls vestiges reconnus de construction sont un massif maçonné et un trou de poteau. Le premier, fortement arasé, s’appuie contre le soubassement du chemin de ronde qui court tout le long de la courtine. Ce massif carré de 1 m de côté n'a pas de fondation. Il est directement posé sur le remblai de terrasse. Sa mise en œuvre rapprocherait cette maçonnerie d’un support pour une structure légère, peut-être un escalier en bois ? Le trou de poteau, assez profond (0,11 m) pourrait contribuer à la mise en place de cette structure disparue. Distant de 1,30 m du massif, les pierres de calage sont encore conservées. Il calait un poteau de section rectangulaire (0,11 m x 0,08 m).

8 Une fosse creusée dans le sol en terre a été dégagée. De forme circulaire et assez évasée (0,94 m de diamètre), elle est aussi assez profonde (0,26 m).

9 Son fond est couvert de plaquettes de gneiss posées à plat suivant un assemblage concentrique autour d'un « axe » matérialisé par une plaquette centrale.

10 Aucun résidu de l’activité liée à cette fosse n’était conservé ni sur le fond, ni dans son comblement. Sa fonction reste indéterminée.

11 Un trou creusé dans la terrasse, contre le massif carré contenait un ensemble d’objets liés à la fabrication de monnaies. Plusieurs coins, trente-six flans, une monnaie pliée, des déchets de taille, une plaque d’alliage cuivreux (sorte de lingot) étaient enterrés dans ce trou de 0,26 m de diamètre et 0,23 m de profondeur.

12 À quelques centimètres de la surface un ensemble de scories en grande quantité recouvrait des éléments et des déchets en alliage cuivreux. Dessous, au milieu du creusement, se trouvaient, regroupés, les coins collés entre eux par l’oxydation, posés sur le lot de flans au fond du trou. La monnaie associée pourrait dater le lot de la fin du Moyen Âge (XVe s.).

13 L’étude de cet ensemble (actuellement en restauration) apportera des données nouvelles pour cette période d’occupation mal connue du château : frappe de monnaie officielle, fausse monnaie ? La raison de la cache d’un tel outillage reste tout aussi énigmatique (fabrication clandestine, insécurité, etc.).

14 Des épandages sont restés piégés à la surface de la terrasse. Ils nous informent sur la dernière activité pratiquée sur ce sol avant son remblaiement. À l’angle nord de la barbacane, très localisés, sont conservés des épandages de matériaux de construction. Tout d’abord, on trouve du sable grossier de couleur ocre orangé identique à celui utilisé pour le liant des constructions de la barbacane. Au-dessus, s’amoncellent des éclats de taille de gneiss. Ces derniers sont concentrés autour de deux empreintes de poteau laissés par l’amoncellement d’éclats de taille autour de leur base distante de 1 m. Ils pourraient être les marques laissées par un établi de maçon. À cet amas de cailloux, des pierres rangées suivant un « L », (alignements de 0,23 m à 0,33 m de large) ont été disposées devant l’atelier de taille.

15 L’activité de maçonnerie reconnue sur le sol de terrasse est recouverte par un épais remblai (de 0,50 m à 0,20 m d’épaisseur). Sa mise en place s'effectue après l'arasement du massif carré (support d’escalier ?), et l'arrachement des dalles du chemin de ronde et de son soubassement. Il remplit les fosses et les trous de l’occupation antérieure. Ce

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remblai conserve à sa surface la dernière fréquentation de la zone. Le mobilier qu’il contient nous indique sa mise en place vers les XVe s.-XVIe s. La barbacane est alors mal entretenue voire partiellement détériorée (chemin de ronde). On a toutefois la volonté de niveler le secteur nord de la barbacane en recouvrant les maçonneries arasées et les déchets de chantier pour « faire propre ». Si rien ne prouve l’activité de fabrication de monnaie dans la cour de la barbacane, en revanche, l’atelier de taille de pierre apparaît évident au vu des vestiges conservés. La barbacane a servi d’aire de stockage de matériaux et d’aire d’activité de préparation des pierres. Ce qui semble étrange c’est qu’il s’agit de la dernière activité avant le remblaiement du secteur (de la fin du Moyen Âge). On en déduit que le chantier s’est arrêté, que les maçons sont partis et que l’espace encombré par des matériaux en déchets a été remblayé. Deux hypothèses sont envisageables : soit ce chantier concerne des aménagements tardifs dans le château à une époque ou la barbacane n’a plus vraiment de fonction défensive ; ou bien, cette aire est en relation avec la récupération de matériaux de la barbacane, au moins sur les parties basses (chemin de ronde).

16 CAMPECH Sylvie

AUTEURS

SYLVIE CAMPECH HADES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 119

Saint-Léonard-de-Noblat – Rue du Maréchal Foch

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 122395

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Une précédente opération d’urgence (BSR, 2000, p. 56-57), avait révélé la conservation de plusieurs vestiges à l’emplacement de l’une des portes de la ville médiévale de Saint- Léonard-de-Noblat (porte Fontpinou), attestée dès le XIIIe s. Le projet de la ville d’aménager un parking immédiatement à l’est de cette zone, en contre-haut sur une terrasse, a nécessité la réalisation de sondages afin de vérifier la conservation éventuelle de témoins associés aux fortifications ou à l’habitat ancien dans cette partie de la cité.

2 Trois sondages ont été ouverts mécaniquement sur l’emprise du futur projet. Le sondage septentrional a révélé une puissante stratigraphie sur plus de 2 m de haut sans que le sol géologique ne soit atteint. Quelques éléments mobiliers céramiques montrent que cet important remblaiement a été effectué à l’époque moderne en plusieurs étapes.

3 Le second sondage, établi au sud de la parcelle, a révélé la présence du socle géologique à environ 1,60 m sans qu’aucun vestige archéologique ne soit rencontré. Les fondations du bâtiment mitoyen au sud n’apparaissent pas anciennes et selon toute vraisemblance relèvent d’une construction au plus tôt de l’époque moderne.

4 La dernière tranchée, ouverte à l’ouest, est la seule a avoir livré les restes d’un massif de maçonnerie situé vers un mètre de profondeur. Aucun élément de datation ne vient préciser la chronologie de ce seul témoin archéologique d’une occupation probablement antérieure à l’époque moderne.

5 L’examen des parements extérieurs des murs soutenant la terrasse n’a livré aucune présence d’éléments lapidaires en remploi.

6 En conclusion, cette terrasse située au contact immédiat des vestiges de la porte fortifiée semble avoir été aménagée à une période relativement récente. L’examen des

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 120

documents cartographiques et les quelques éléments céramiques recueillis lors des sondages permettent de proposer une réalisation postérieure à 1824. Seul l’élément maçonné repéré dans le sondage ouest traduit la présence d’un vestige archéologique probablement d’origine ancienne, il ne peut, malheureusement, être plus précisément caractérisé. Situé en limite de la profondeur prévue du projet d’aménagement, il sera en revanche conservé.

7 Patrice Conte

AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 121

Saint-Yrieix-la-Perche – Tour du Plô

Julien Denis

Identifiant de l'opération archéologique : 122628

Date de l'opération : 2005 (SD)

1 Dans le cadre d'une étude préalable concernant la mise en valeur de la tour du Plô, l'architecte en chef des Monuments historiques a souhaité la réalisation d'un sondage archéologique afin de reconnaître la stratigraphie interne de la tour et d'identifier un éventuel niveau de sol originel.

2 Probablement bâtie au début du XIIIe s., la tour du Plô est une tour maîtresse carrée de 8 m de côté, dotée de contreforts plats, et similaire à plusieurs autres tours de l'ancienne vicomté de Limoges (Tour Jeannette à Châlucet, Eschizadour, etc.).

3 Après l'enlèvement des remblais supérieurs formés de déchets organiques et de niveaux de dépotoir des XIXe s. et XXe s., une tranchée de 1 m de large a été réalisée le long du mur nord de la tour. Le choix de cet emplacement est guidé par la présence d'arcs de décharge visibles à la base des murs nord et ouest, qui pouvaient indiquer, à cet emplacement, l'existence d'une faiblesse du sous-sol (faiblesse naturelle ou liée à une occupation anthropique antérieure).

4 Cette intervention a permis de définir l'altitude du niveau de sol intérieur de la tour avant les effondrements des parties supérieures et l'apport de remblais (dépotoirs ?) au XIXe s. En-dehors d'un unique trou de poteau creusé dans le substrat, aucun aménagement particulier antérieur au XIXe s. n'a été identifié. Au XIXe s. (ou au XXe s. ?), le mur oriental de la tour a été percé sur presque tout l'espace compris entre les contreforts afin d'aménager un passage des latrines dont le cloaque fut bâti à l'intérieur de la tour. Enfin, ce sondage n'a pas permis d'apporter de réponse expliquant la présence des arcs de décharge.

5 Si la stratigraphie n'apporte ici aucun élément nouveau à la connaissance de l'édifice, la présence de mobilier céramique médiéval à la base des niveaux du XIXe s., ainsi que quelques tessons recueillis dans des niveaux antérieurs permettent d'envisager qu'il

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existe une stratigraphie un peu différente dans le reste de la tour où des niveaux anciens auraient pu être perturbés postérieurement.

6 DENIS Julien

AUTEURS

JULIEN DENIS HADES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 123

Verneuil-sur-Vienne – La Rivaille

Jean-Michel Beausoleil

Identifiant de l'opération archéologique : 122153

Date de l'opération : 2005 (SU)

1 Les sondages archéologiques effectués en 2004 sur le prolongement de la RD 2000 ont permis de repérer au lieu-dit La Rivaille des structures fossoyées du premier âge du Fer (Oliveau, 2004). Le mobilier céramique mis au jour dans les fosses pouvait laisser présager d’une forte potentialité de ce gisement. Les éléments céramiques recueillis évoquaient la période VIIIe s.-VIIe s. av. J.-C. Qui plus est, les structures dégagées étaient susceptibles de correspondre aux vestiges d’un habitat du premier âge du Fer.

2 La possibilité de mener une fouille, à la fois extensive spatialement et détaillée des structures découvertes, pouvait constituer un premier jalon sur l’organisation de l’habitat protohistorique dans cette région, la découverte d’un habitat du premier âge du Fer étant exceptionnelle en Limousin.

3 La fouille à mener avait donc plusieurs objectifs :

4 1 - appréhender l’organisation éventuelle des habitats de l’âge du Fer (trous de poteaux, fosses et fossés, etc.) ;

5 2 - acquérir des informations archéologiques fiables sur l’identification des structures en creux (forme, contenu et fonction) ;

6 3 - tenter de définir la chronologie relative des structures et les éventuelles phases d’occupation du secteur ;

7 4 - caractériser les productions céramiques du premier âge du Fer du secteur.

8 La destruction irrémédiable de ces vestiges et surtout la méconnaissance des habitats du premier âge du Fer dans la région considérée, ont entraîné, en accord avec le Conseil général de la Haute-Vienne, l’exécution d’une fouille archéologique préventive au printemps 2005, avant le commencement des travaux.

9 Un vaste décapage a donc été entrepris dans le périmètre des tranchées positives de la prospection et dans l’emprise de la future route, sur une surface totale de 4 000 m²

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 124

environ. Sur le terrain «l’opération d’archéologie préventive» s’est déroulée du 29 mars au 15 avril 2005. Le décapage a été effectué au moyen d’une pelle mécanique à chenilles dotée d’un godet de curage d’une largeur de 2 m. Les déblais ont été stockés dans l’emprise des travaux. La phase d’étude et de rédaction s’est déroulée en deux étapes, dans l’attente des résultats radiocarbones, anthracologiques et de l’étude pétroarchéologique des céramiques.

10 Les structures découvertes occupent le versant sud d’un plateau, à 450 m à l’est du hameau du Mas du Puy, en limite supérieure de la faille d’Oradour-sur-Glane (fracture de Verneuil). La parcelle explorée, actuellement en prairie, est disposée à mi-pente, à 300 m d’altitude. Elle s’ouvre largement sur la vallée de la Vienne et domine ainsi un vaste paysage limité à l’horizon par les hauteurs de Beynac et Séreilhac. Sur la plus grande partie de la zone décapée, le gneiss quartzo-feldspathique apparaît sous un horizon de terre végétale peu développée n’excédant pas une trentaine de centimètres d’épaisseur. Cette roche affleure généralement sous forme de blocs fracturés, qui dépassent parfois la surface du sol naturel. Le quartz y est relativement abondant aussi bien au sein même de la roche que sous forme de petits filons. Le substrat présente toutefois dans sa partie septentrionale une surface altérée sous forme d’arène en place. De par la nature du sous-sol, les terrains observés présentent une acidité forte et sont donc peu propices à la conservation de vestiges archéologiques organiques.

11 Organisation spatiale des faits archéologiques

12 Le décapage réalisé dans l’emprise de la future route sur une surface de 4 000 m² a fait apparaître quatre fosses du premier âge du Fer, des fossés de drainage ou de parcellaire et des structures fossoyées d’époque indéterminée. Quelques anomalies, interprétées comme des négatifs de chablis, ont été également repérées en surface du décapage. Ces taches aux contours irréguliers sont peu profondes et leur remplissage est généralement constitué par un limon argileux brun. À l’exception de trois briques d’époque contemporaine découvertes dans la terre végétale, aucun matériel céramique n’a été mis au jour en surface du substratum. Au total, ce sont donc onze faits qui ont été enregistrés. Ils correspondent à quatre fosses, à trois structures indéterminées et à quatre fossés de drainage ou de parcellaire. Tous ont fait l’objet d’un enregistrement. Ils ont été relevés au 1/10e ou au 1/20e et photographiés.

13 Les structures fossoyées du premier âge du Fer

14 Les quatre fosses reconnues ont été fouillées manuellement en totalité. Elles renferment l’intégralité du mobilier mis au jour. Le répertoire des formes de cet ensemble céramique est relativement limité. La fragmentation des récipients est très importante et seules six formes sont archéologiquement complètes. Les remontages des vases se sont révélés difficiles, en raison de la présence de nombreux fragments, les profils reconstitués demeurent donc rares. Qui plus est, les céramiques recueillies au sein des structures en creux ont été érodées par des altérations chimiques. Les parois des vases ont dans l’ensemble énormément souffert de leur séjour dans une arène gneissique acide.

15 Le décompte des céramiques pour chaque fosse fait apparaître de fortes disparités quant au nombre de fragments de vases contenus dans les structures fossoyées. En effet, on relève que les excavations F.3 et F.4 ont livré seulement trente-trois tessons chacunes contre cinq cent cinquante pour la fosse F.1 et trois cent cinq pour la fosse F. 2.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 125

16 Fonction des fosses

17 Si le creusement anthropique des fosses F.1, F.2, F.3 et F.4 ne fait aucun doute, il est, en revanche, beaucoup plus difficile de savoir dans quel but elles ont été creusées.

18 Compte tenu de leurs morphologies irrégulières, on ne peut raisonnablement retenir l’hypothèse d’aménagement à fonction domestique (silo) pour les structures fossoyées 2, 3 et 4. Ces fosses sont excavées dans le substratum argilosableux qui se prête facilement à la fabrication de torchis. L’interprétation comme fosses d’extraction de matériaux argileux est donc la plus vraisemblable.

19 Pour la fosse 1, creusée dans le gneiss quartzo-feldspathique, il reste à savoir pourquoi ces éléments pierreux ont été extraits. Si les phases de comblement sont assez semblables aux autres fosses, la nature du matériau dégagé suggère une toute autre utilisation. La présence d’un filon de quartz visible sur le côté ouest de la cavité et de petits blocs quartzeux thermofracturés dans le remplissage a attiré notre attention. Ce filon affleurant en surface du site a pu faire l’objet d’un test d’évaluation par des prospecteurs du Bronze final IIIb recherchant des quartz aurifères. Toutefois, la fragilité des informations issues de la fouille ne nous permet pas d’être affirmatifs sur ce point, l’hypothèse avancée n’étant pas exclusive.

20 L’étude typochronologique

21 Les comparaisons régionales et extrarégionales permettent de situer chronologiquement ce corpus céramique. Ce modeste ensemble associe des formes caractéristiques du BF IIIb/Ha B2-3 (jatte à panse carénée, coupe ou écuelle tronconique, gobelet globulaire, etc.), perdurant pour la plupart à la période suivante. Nous insisterons toutefois sur le fait que le mobilier exhumé ne se démarque pas des céramiques de cette période, bien au contraire, il s’inscrit entièrement dans la tradition stylistique des vases des Xe s.-IXe s. av. J.-C., tant du point de vue des formes que de celui du répertoire décoratif. Ce mobilier céramique « emprunte » donc plusieurs éléments caractéristiques au fond commun de la culture matérielle du BF IIIb/Ha B2-3.

22 La principale nouveauté de notre ensemble clos, et non la moindre, provient de l’emploi de motifs géométriques peints au graphite argenté sur les céramiques à pâte très fine. Cette technique décorative est absente des corpus céramiques du Bronze final IIIb de France centrale (Limousin, Auvergne et région Centre) et du Centre-Ouest continental. L’apparition de vases à décor peint graphité au sein d’un contexte caractéristique du BF IIIb/Ha B2-3 ne correspond pas à un fait anodin, bien au contraire, ces artefacts annonceraient les prémices d’un basculement évolutif de la production céramique de cette période. Il est maintenant incontestable que les céramiques graphitées à pâte très fine sont un héritage direct du Bronze final sur les marges occidentales du Massif central. Par ailleurs, nous soulignerons que la plupart des vases découverts à La Rivaille ne dépareraient pas dans un contexte Ha C récent et plus particulièrement une coupe tronconique à rebord incliné. La présence de cette nouvelle forme associée aux fragments à décor peint graphité et à un mobilier typique du Bronze final IIIb permet de préciser la datation de notre ensemble clos. Si l’on s’en tient à ces observations, le matériel de La Rivaille pourrait venir s’insérer dans une phase récente du Bronze final IIIb. Cette association de mobilier marquerait ainsi une étape décisive dans le processus d’évolution de la société de la fin de l’Age du Bronze sur la bordure occidentale du Massif central. La quasi-absence d’informations archéologiques pour la période du Ha C ancien sur la bordure occidentale du Massif

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 126

central, soit entre 800 av. J.-C et 730 av. J.-C., empêche néanmoins d’apprécier correctement l’évolution des formes céramiques. L’ensemble mobilier de La Rivaille se différencie sensiblement du Bronze final IIIb classique des régions du Centre et Centre- Ouest de la France. L’hypothèse d’un « faciès » céramique, compris entre un Bronze final IIIb classique et le début du premier âge du Fer sur la bordure occidentale du Massif central est donc envisageable (Bronze final IIIb récent). Cette production pourrait venir se caler dans le Xe s. av. J.‑C. (seconde moitié ?) et le début du VIIIe s. av. J.-C.

23 (Fig. n°2)

24 BEAUSOLEIL Jean-Michel

ANNEXES

Fig. n°1 : Jarre décorée d’incisions (Bronze final IIIb)

Auteur(s) : (INRAP). Crédits : INRAP (2005)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 127

AUTEURS

JEAN-MICHEL BEAUSOLEIL INRAP

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Verneuil-sur-Vienne – La Redondie

Jacques Roger

Identifiant de l'opération archéologique : 122154

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 Le projet du Conseil Général de la Haute-Vienne de prolonger la D 2000 entre le lieu-dit « Les Fonts » (commune de Verneuil-sur-Vienne) jusqu’à la RN 21au sud-ouest d’Aixe- sur-Vienne a nécessité une intervention archéologique au printemps 2005 au lieu-dit « La Redondie », au niveau de la voie communalereliant Verneuil à « Félix » et au nord du ruisseau de la Merlie.

2 Le site de « La Redondie », mentionné à la fin du XIIIe s., a été reconnu dès 1969 lors de l’effondrement d’une partie d’un souterrain. La zone située dans l’emprise des travaux ne concerne en réalité qu’une partie du site médiéval, ce dernier se développant plus au nord-est.

3 Conformément aux prescriptions scientifiques de l’Etat, la zone susceptible de receler des vestiges archéologiques a été entièrement décapée à la pelle mécanique, sur une superficie de l’ordre de 900 m2.

4 Les résultats obtenus ont montré que notre intervention au lieu dit « La Redondie » avait tout lieu de correspondre à une partie du manse de la « Redondia », mentionné pour la première fois en 1297. Le secteur fouillé, qui doit correspondre à l’extension occidentale du site, se caractérise par la présence de dix silos, une quinzaine de trous de poteaux et une cavité souterraine aménagée qui faisait office de cave. La fouille intégrale de cette dernière a permis de mieux comprendre son fonctionnement et de démontrer que son accès était au départ protégé par une couverture de dalles de gneiss. Sa descente en chicane permettait d’accéder à une petite salle de moins de 4 m de long pour 1,70 m de large. Toutes ces structures se développent vers l’est, en direction de vestiges repérés dans la parcelle voisine boisée, le long semble-t-il de l’ancienne voie antique de long parcours reliant Limoges à Saintes, cheminement qui était peut être encore en fonction à cette période.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 129

5 Pour la partie ayant fait l’objet d’une fouille préventive, la présence d’un bâtiment en matériau périssable englobant une partie de structures fossoyées reste posée : dans l’affirmative, ce dernier occuperait un espace de 24 m2 à 40 m 2, où deux accès - une petite porte au sud et une porte de grange à l’est - sont envisageables. Dans le cas contraire, l’association par paire de certains poteaux demeure inexpliquée mais participe probablement à l’activité dévolue à cet espace. Le mobilier recueilli dans les différents aménagements (fragments de céramique, fusaïoles, polissoir, lames de tranchant métalliques, etc.) dénote des activités variées, où artisanat et agriculture se confondent. La période d’utilisation et d’occupation de ce secteur semble concerner le XIIIe s., avec peut être un prolongement sur le siècle suivant. Toujours est-il que son abandon ne semble pas s’effectuer brutalement, comme paraît le montrer le murage du couloir d’accès à la cavité souterraine ou le scellement de certains silos.

6 Des analyses anthacologiques et carpologiques réalisées sur le site permettent de mieux appréhender l’environnement à cette période, et de conclure à un milieu ouvert local intégré à un système économique limité, où le milieu végétal est transformé. Des landes ou des haies vives de Papilionacées sont présentes de manière significative et la présence du châtaignier est réelle. On note également l’importance des céréales panifiables, surtout le seigle.

7 Jacques Roger

AUTEURS

JACQUES ROGER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 130

Verneuil-sur-Vienne – Périché

David Colonge

Identifiant de l'opération archéologique : 122390

Date de l'opération : 2005 (FP)

1 Le gisement Paléolithique moyen de Périché a été découvert lors de la phase de sondages systématiques sur la tranche 2a du futur tracé de la prolongation de la RD 2000 jusqu’à la RN 141, près du hameau de la Merlie.

2 Il a été fouillé durant la seconde quinzaine du mois de septembre 2005. Son étude est encore en cours au moment de la rédaction de ces lignes, le rapport ne devant être rendu qu’au début 2006. Nous ne donnerons donc ici que les principaux éléments préliminaires issus de la phase de terrain et des bases de l’étude.

3 Les artefacts lithiques, qui sont les seuls vestiges conservés dans le gisement, se trouvent dans le dernier cycle d’écoulements d’un cône de déjection de modeste ampleur lié à un ravin donnant sur le ruisseau de Félix. Nous l’avons décapé sur environ 350 m2 d’après les données de l’évaluation, sur une emprise totale ouverte de 460 m2. Son épaisseur varie de 0,20 m à près de 0,80 m d’épaisseur. La densité moyenne est faible, d’1,5 pièce par m2.

4 La fouille a été essentiellement menée avec des moyens mécaniques lourds, avec des sondages de contrôles manuels aux angles du décapage et un tri des déblais extraits. Ce protocole de fouille est maintenant largement répandu en archéologie quand les matériaux en jeu et les sédiments encaissants le permettent. L’enregistrement des objets s’est faite au moyen d’un tachéomètre électro-optique (« théodolite électronique »).

5 Nous avons récolté 524 pièces sur l’ensemble des zones. Elles sont confectionnées équitablement à partir de galets issus de formations pliocènes et de blocs filoniens. Les quartz dominent largement le cortège lithologique, complétés par des quartzites, et de rares lydiennes ou schistes. Quelques éléments en silex, 8, signalent des importations à longue distance, au moins 60 km.

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6 Les matériaux locaux imposent de fortes contraintes intrinsèques dont nous allons tenter de mesurer l’impact sur l’expression technique et culturelle des artisans néandertaliens dans la poursuite de l’étude.

7 (Fig. n°1 : Industrie lithique, produits de débitage)

8 David Colonge

ANNEXES

Fig. n°1 : Industrie lithique, produits de débitage

Auteur(s) : Colonge, David (INRAP). Crédits : Colonge, David, INRAP (2005)

AUTEURS

DAVID COLONGE INRAP

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Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 2a)

David Colonge

Identifiant de l'opération archéologique : 122384

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 La phase 2a de reconnaissances archéologiques sur le tracé de la prolongation de la RD 2000 a porté sur le tronçon de « La Merlie » sur la commune de Verneuil-sur- Vienne, au sud du hameau du même nom.

2 La mise en évidence d’une fréquentation Paléolithique ancien/moyen en Limousin est l’apport le plus important de cette opération de sondages et évaluations archéologiques, car totalement inédite et originale. Elle vient ouvrir une première brèche dans un no man’s landqui tient visiblement plus d’un artefact de recherche que d’une réalité archéologique, comme souvent malheureusement.

3 Cette originalité est renforcée par celle des matériaux locaux disponibles, et des réponses qui sont apportés à leurs contraintes, et par les relations qui peuvent s’esquisser vers les régions sédimentaires plus à l’Ouest, qui vont se dessiner par les circulations de matériaux siliceux. Les méthodes de débitage mises en évidence dans l’échantillon recueilli, associant gestions Discoïdes, sur enclume et moins organisées, ainsi que Levallois sur silex, renvoient clairement à un Paléolithique moyen que nous aurons à préciser à la suite de la fouille prévue à l’automne 2005.

4 Le monde du Paléolithique ancien/moyen apparaît de plus en plus complexe ces dernières années par la multiplication de travaux récents et l’intégration du Limousin au sein de ces vastes régions parcourues par les Néandertaliens et/ou leurs ancêtres précisera encore les modalités de cette mise à profit d’espaces différents et complémentaires dans l’ouest de l’Europe.

5 Plus proches de nous, des communautés agropastorales se sont installées dans le secteur de La Merlie depuis plusieurs millénaires. Les traces de leurs activités qui nous sont parvenues dans ce secteur sont bien sûr moins manifestes et pertinentes que plus

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à l’Est, entre le Mas du Puy et Bas-Félix, à la Rivaille ou la Redondie, mais elles participent à montrer leur pérennité et leur densité.

6 La phase 2a de reconnaissances archéologiques sur le tracé de la RD 2000 montre encore une fois, dans le prolongement de la phase 1, toute la richesse et l’ancienneté de l’occupation humaine sur les plateaux cristallins à l’ouest de Limoges.

7 COLONGE David

AUTEURS

DAVID COLONGE INRAP

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Aixe-sur-Vienne, Saint-Priest-sous- Aixe, Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 2b)

Julien Pélissier

Identifiant de l'opération archéologique : 122384

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 Le tracé linéaire du futur prolongement de la départementale 2000 (au sud-ouest d’Aixe-sur-Vienne, Haute-Vienne) a motivé cette opération d’évaluation archéologique. Cette nouvelle phase de diagnostic concerne au total cinq tronçons qui traversent respectivement du nord au sud les communes de Verneuil-sur-Vienne, Aixe-sur-Vienne et Saint-Priest-sous-Aixe, sur une superficie d’une vingtaine d’hectares.

2 Le paysage est constitué de collines vallonnées aux contours plus ou moins adoucis, entaillées par l’encaissement de la vallée de la Vienne et par ses affluents (ruisseau du « Grand Rieu »). Le paysage est majoritairement constitué de bocage. Le substrat in situest principalement formé par des gneiss de nature peu variée.

3 La série de 209 tranchées et/ou sondages réalisés sur les cinq tronçons n’a révélé aucun indice archéologique significatif qui permette de définir la présence d’un site. À noter, sur le tronçon 1 (Verneuil-sur-Vienne, lieu-dit « Les Fonts », parcelle 14b), un large et profond fossé (sans mobilier) a priori parcellaire ayant comme fonction primaire la récupération et le drainage des eaux, ainsi que quelques structures en creux probablement en rapport avec d’anciennes pratiques culturales (écobuage et/ou culture sur brûlis). Le tronçon 3 (Verneuil-sur-Vienne, lieu-dit « Bas-Félix », parcelle 1c) a permis de découvrir un fond de fosse isolé attribuable à la période protohistorique.

4 Julien Pellissier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 135

AUTEURS

JULIEN PÉLISSIER INRAP

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Vicq-sur-Breuilh – Place de l’église

Jacques Roger

Identifiant de l'opération archéologique : 122202

Date de l'opération : 2005 (EX)

1 Les sondages archéologiques réalisés autour de l’église de Vicq-sur-Breuilh sont liés au projet de restauration et de stabilisation de l’édifice, pour la partie la plus ancienne. Cette intervention a été réalisée par deux agents de l’Inrap du08au10février, avec l’aide d’un tractopelle. Elle s’est consacrée à implanter trois sondages, deux contre le mur gouttereau méridional de l’église, le dernier contre le chevet. La superficie ouverte avoisine les 13 m2.

2 Les résultats obtenus lors de cette intervention ont montré la présence de tombes antérieures à l’édifice, comme l’attestent les différents creusements sépulcraux recoupés par l’installation de la tranchée de fondation du mur gouttereau de l’église. Cet intérêt est double, car on observe pour les inhumations les plus anciennes une orientation générale sensiblement nord-est - sud-ouest, complètement différente de l’édifice (ce dernier étant plutôt orienté nord-ouest - sud-est).

3 Ces faits indiquent clairement l’absence de relation entre l’église actuelle et ces inhumations, permettant de suggérer un premier état cimetéral en relation avec un édifice plus ancien, non repéré à ce jour. Ces observations vont également dans le sens d’une implantation ancienne suggérée par le vocable saint martin.

4 La construction de l’édifice actuel polarisera par la suite un nouvel horizon de tombes qui viendront s’adosser à la construction. Ces dernières diffèrent d’ailleurs du groupe précédent par la présence de dalles de couvertures. Enfin, des inhumations plus récentes en cercueil clouté apparaissent dans les niveaux supérieurs.

5 ROGER Jacques

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 137

AUTEURS

JACQUES ROGER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 138

Ambazac

Thomas Creissen

Identifiant de l'opération archéologique : 122353

Date de l'opération : 2005 (PI)

1 Nous avons débuté cette année la prospection archéologique de la commune d'Ambazac. L'exploitation partielle des archives et de la bibliographie a déjà permis de relever l'existence d'une dizaine de moulins antérieurs à la fin du XVIIIe s.et qui n'étaient jusqu'alors pas inventoriés. Le plus ancien est mentionné dans les sources dès la fin du XIIe s., mais la plupart doit être rattachée à la période des Temps Modernes. À celle-ci toujours, on peut associer deux chapelles situées en périphérie du bourg d'Ambazac. L'une était dédiée à saint Roch, l'autre à sainte Anne. La première est encore figurée, à l'état de ruine, sur le cadastre napoléonien de 1812. Le Coudier semble avoir un temps abrité un temple protestant, vers 1570 ou 1587 selon les documents d'archives. Il reste à déterminer si d'éventuels vestiges en sont préservés.

2 Autre lieu de culte, la chapelle Notre-Dame de la Libération, construite au lendemain de la seconde guerre mondiale, remploie de nombreux blocs sculptés du Moyen Âge. Un premier ensemble – essentiellement des tronçons de supports lancéolés – se rattache au bas Moyen Âge. Mais on observe aussi un couvercle (?) de monument funéraire en bâtière, qui a été découpé en quatre tronçons. Le décor est assez archaïque, avec frise de palmettes et d'arcades pour les parties basses, et croix aux tympans : ce répertoire n'est pas sans rappeler certaines réalisations du haut Moyen Âge, et on peut alors retenir une fourchette large, entre le IXe s. et la première moitié du XIIe s.

3 La prospection pédestre a révélé l'existence de nouvelles aurières dans le secteur des Pierres mais aussi de deux autres, situées au sommet du Mont du Gerbassou, où de tels aménagements n'étaient pas connus jusqu'alors (ce qui invite d'ailleurs à s'interroger sur le bien fondé d'une telle identification). Dans l'une ou l'autre de ces zones, nous avons aussi retrouvé deux modestes carrières, dont la datation est pour l'instant impossible à préciser. Au sommet du Gerbassou, un amoncellement de pierre est

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 139

d'interprétation complexe: déchets d'une exploitation de la pierre, ou tertre aménagé de type tumulus ?

4 La prospection systématique de quelques parcelles labourées a livré des indices d'occupations préhistoriques. Il s'agit de silex, déchets de taille ou fragments d'outils, qui paraissent appartenir à une vaste période comprise entre le Mésolithique et le Néolithique. Même s'ils ne sont jamais très abondants (sept pièces en tout dans les parcelles situées en contrebas de Bellevue), on les retrouve toutefois partout où nous avons profité des labours : autour de Montméry, dans les parcelles qui surplombent l'étang du Goulet, ou bien encore aux environs des Courrières. À leur – fort – modeste échelle, ces silex témoignent de la fréquentation de cette zone autour de ces périodes.

5 Les découvertes nous transportent ensuite à l'époque gallo-romaine. Elle est attestée en contrebas de Montméry – de manière très discrète – mais aussi, un peu plus abondamment, dans les parcelles situées sous l'habitat de Bellevue. Aucun site à proprement parler n'a toutefois été repéré, que l'on pourrait rattacher à cette période.

6 Vers Montméry, ancien habitat seigneurial, ce sont naturellement les vestiges de la fin du Moyen Âge et/ou des Temps Modernes qui sont les plus nombreux. La parcelle prospectée est en réalité assez éloignée de la résidence aristocratique, et l'on peut alors se demander si ce matériel ne doit pas être rattaché à un autre habitat dont l'emplacement précis resterait à déterminer. Parmi le matériel recueilli en cette zone, signalons enfin la présence de scories relativement nombreuses qui attestent la présence d'une industrie métallurgique dans ce secteur à une époque impossible à préciser.

7 La prospection de cette vaste commune doit se poursuivre l'année à venir.

8 CREISSEN Thomas

AUTEURS

THOMAS CREISSEN BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 140

Résidences aristocratiques en Basse Manche limousine

Didier Delhoume

Identifiant de l'opération archéologique : 122372

Date de l'opération : 2005 (PT)

1 La campagne de recherches mise en œuvre en 2005 a concerné le canton de Saint- Sulpice-les-Feuilles, en limite nord-est du département de la Haute-Vienne, au contact de l’Indre au nord et de la Creuse à l’est. Ce canton, composé de neuf communes, constituait le dernier à étudier parmi les cinq cantons appartenant au territoire d’étude qui a été défini en 2001, au démarrage de la première campagne.

2 Au terme du travail de recherches documentaires et de prospection de terrain, vingt- quatre édifices documentés ont pu être intégrés au corpus régulièrement enrichi depuis 2001, dont la moitié seulement comporte encore des élévations. La vaste commune d’Arnac-la-Poste, au sud, s’avère la plus riche (cinq édifices retenus), alors que dans celle de Saint-Georges-les-Landes, aucun édifice n’a été identifié.À l’issue de la dernière campagne de recherches, le corpus définitif des sites reconnus depuis 2001 s’établit donc à un total de cent cinquante-trois édifices retenus, dont soixante-dix- neuf comportant des vestiges observables. Près de la moitié des édifices étudiés est donc représentée par des sites de nature strictement archéologique.

3 En corollaire au travail de terrain, le complexe dépouillement des sources écrites a permis d’éclairer d’un jour nouveau la genèse des sites repérés et de réexaminer la question des origines de la « Terre-aux-Feuilles » (Jean-Pierre Boucher). Cette vaste seigneurie, dans la mouvance de la vicomté de Brosse, tire son nom de la famille chevaleresque des « La Feuille », sans doute présente sur place dès les premières décennies du XIIIe s., et vraisemblablement plus tôt encore. Le fief semble s’être organisé précocement autour de six châteaux : « Jançay » et « Puylaurent » (Les Grands- Chezeaux), Mondon (Mailhac-sur-Benaize), Piégut et Lavau (Lavaupot) (Saint-Sulpice- les-Feuilles), et enfin Soulignac (Cromac). La dispersion patrimoniale des anciennes

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châtellenies semble amorcée dès le XIIIe s. ; entre le XIIIe s. et le XVIe s., la multiplicité des ayants droit sur la seigneurie est manifeste, mais peu à peu le lignage des Pot parvient à rassembler l’essentiel des droits relevant de l’ancienne « Terreaux-Feuilles ». En regard de cette origine commune, la prospection de terrain met en lumière une parenté forte des sites castraux concernés, dont la phase constructive la plus marquante semble s’établir autour des XIIIe s. et XIVe s., avant un abandon probable en tant que lieu de résidence (Jançay, Lavaupot) ou des remaniements tardifs et destructeurs (Soulignac, Mondon, Puylaurent). Ce corpus réduit pose à lui seul la question des modalités d’une mise en place volontariste, au cours du Moyen Âge classique, de véritables réseaux organisés de constructions fortifiées. L’étude mériterait ici d’être menée plus avant.

4 Pour en revenir aux résultats de la campagne de recherches 2005, précisons que les catégories typologiques élaborées au cours des campagnes précédentes n’ont pas été remises en cause, les édifices repérés en 2005 s’insérant bien dans les schémas déjà présentés en 2001-2004. Il en est de même pour la terminologie utilisée dans les sources écrites pour désigner les édifices. L’ampleur des sites observés est fort variable : « le Seux » (Arnac-la-Poste) n’est ainsi qu’une plateforme fossoyée (dont l’état de conservation actuel est d’ailleurs préoccupant), alors que les châteaux de « Lascroux » (Cromac) ou la grande tour du château de « Loubignac » (Arnac-la-Poste) marquent encore le paysage de leur empreinte. À « Puylauren t», le site castral – dont le détail de l’organisation nous échappe – se développait à l’intérieur d’une vaste enceinte polygonale, aujourd’hui totalement arasée.

5 De nouveaux indices des vastes campagnes de reconstruction engagées dans les années 1460-1480 ont également été collectés : ainsi à « Lavaupot », une mention de 1486 évoque le « chastel et place fort nouvellement bastieou lieu ou estoit ledit chastel fondu». De nouveaux fiefs émergent également au cours de cette période : en 1472-1474, est ainsi délivrée une autorisation royale de fortification du site de « la Goutte- Bernard » (Les Grands-Chezeaux), aujourd’hui passablement remanié (et doté d’un colombier de plan circulaire en bon état de conservation).

6 On relèvera enfin le cas original du bourg des Grands-Chézeaux, où ont été repérées plusieurs demeures nobles : l’étude des sources écrites tendrait à montrer que l’on se trouverait ici dans un chef-lieu de châtellenie n’ayant jamais été équipé de château. Les droits, exercés par une poignée de coseigneurs, seraient issus de la seigneurie castrale de « Jançay », précocement démembrée. Le développement du bourg serait ainsi issu de l’exercice durable – en ce « terrain neutre » – de l’autorité judiciaire par les coseigneurs.

7 Avant de conclure, on évoquera les résultats des premières analyses dendrochronologiques menées à terme par Christelle Bélingard sur trois édifices repérés lors des campagnes précédentes. Au « vieux château » du « Fraisse » (Nouic), la position relative des bois (poutres et solives) étudiés dans la chronologie moyenne du site ainsi que leurs caractéristiques anatomiques (aubier, cambium, etc.) ont révélé deux phases d’abattage, l’une des années 1488-1512, l’autre de 1524. La cohérence architecturale du logis nous incline à penser que les bois les plus anciens auraient pu être entreposés pendant plusieurs décennies avant leur mise en œuvre dans la construction – probablement terminée autour de 1525. Au château de « Beireix » (Blond), l’abattage des bois s’établit dans une fourchette (1573-1590) concordant avec la datation qui était proposée pour l’édifice, à l’exception d’une poutre datée de 1456 qui

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 142

pourrait être un réemploi provenant d’un autre bâtiment. À « Rochelidoux » (Nouic), la position relative des bois dans la chronologie du site ainsi que leurs caractéristiques anatomiques (aubier, cambium etc.) tendent à montrer que la partie la plus ancienne du logis (à l’exclusion des vestiges du donjon des XIIIe s. et XIVe s.) est en place depuis la seconde moitié du XVe s. (abattage des arbres entre 1466 et 1487). La date fournie par l’analyse dendrochronologique est donc un demi-siècle plus jeune que la date proposée par l’étude des éléments d’architecture. Par ailleurs, les bois réemployés dans la reconstruction du porche appartiennent à au moins trois phases d’abattage étalées sur le XVe s. et le XVIe s. On peut espérer que les résultats – très riches – d’une telle campagne d’analyses contribuent à en montrer l’intérêt scientifique et à susciter le large développement de ces études sur le vaste corpus des édifices limousins, notamment dans le cadre des études menées sur ceux protégés au titre des Monuments historiques.

8 À l’issue de cette dernière campagne de recherches, on ne peut que souligner l’intérêt, pour les périodes médiévale et moderne, de mettre en œuvre de telles campagnes de recherches – à la fois extensives, thématiques et étroitement liées à un travail sur les sources écrites. Les résultats obtenus nous semblent en effet avoir alimenté notablement la connaissance du patrimoine archéologique et architectural d’un secteur de confins jusqu’alors passablement délaissé, et d’en dresser un état sanitaire assez complet.

9 Par ailleurs, le travail approfondi sur des archives très fragmentaires et dispersées a induit une meilleure compréhension des phénomènes historiques ayant présidé à la naissance et à l’évolution morphologique des sites repérés. Au final, on espère que notre recherche contribuera à un certain renouvellement des problématiques gravitant autour de l’habitat aristocratique (hébergements, hostels,repaires).

10 (Fig. n°1 : Cadastre de 1836, section C, quatrième feuille) et (Fig. n°2 : Château de Montmagner : façade sud-est, tour d’escalier)

11 DELHOUME Didier

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 143

Fig. n°1 : Cadastre de 1836, section C, quatrième feuille

Auteur(s) : Gravelat, Claire (SRA). Crédits : Gravelat Claire SRA (2005)

Fig. n°2 : Château de Montmagner : façade sud-est, tour d’escalier

Auteur(s) : (SRA). Crédits : SRA Limousin (2005)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 144

AUTEURS

DIDIER DELHOUME SDA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 145

Homme/milieu dans le bassin versant de la Briance depuis les débuts de la métallurgie

Patrice Wuscher

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 146

Identifiant de l'opération archéologique : 122373

Date de l'opération : 2005 (PT)

1 Après une année d’interruption, cette opération s’est poursuivie en 2005. Tout comme en 2003, les recherches se sont concentrées sur le bassin versant de la Ligouré, compris dans les communes de Saint-Jean-Ligouré et de Saint-Priest-Ligouré.

2 Initialement, était posée la question du paysage agricole dans lequel s’inscrivaient les sites protohistoriques et médiévaux de Chalucet. Les pistes explorées cette année étaient plus pragmatiques. Ainsi, une grande partie des cadastres napoléoniens a été numérisée. Sur le terrain, les sites étudiés à Saint-Jean-Ligouré lors du PCR « Archéologie agraire en Limousin » (1996, responsable : Ph. Allée) ont été revisités pour relever systématiquement tous les ouvrages hydrauliques fossiles, mentionnés ou non sur les cartes anciennes. En outre, pour la commune de Saint-Priest, de nouvelles coupes naturelles ont été recherchées. Enfin, des carottages manuels ont été tentés.

3 À l’issue de cette campagne, deux anciens moulins, deux étangs abandonnés et un bassin ont été inventoriés. Ces ouvrages démontrent une nouvelle fois l’ampleur de l’anthropisation des cours d’eau limousins aux périodes médiévales et des Temps Modernes.

4 Cependant, comme l’avait déjà montré le PCR « Archéologie agraire en Limousin », ces cours d’eau n’ont pas toujours eu cette configuration et ont subi une histoire quelque peu mouvementée. C’est ce que semble montrer la série de coupes étudiée en aval du bourg de Saint-Priest-Ligouré.

5 WUSCHER Patrice

AUTEURS

PATRICE WUSCHER BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 147

Travaux miniers anciens pour l’étain

Mélanie Mairecolas

Identifiant de l'opération archéologique : 122379

Date de l'opération : 2005 (PT)

1 Cette année, dans les monts de Blond, les stannières anciennes ont été vérifiées par Béatrice Cauuet. Une première synthèse est en cours de réalisation dont voici les premiers résultats (voir tableau ci-contre). (Fig. n°1 : Synthèse en cours d’évaluation)

2 Quelques points communs apparaissent sur les sites. D’abord, ils se situent toujours dans des zones plus ou moins boisées, avec une nette préférence pour les châtaigniers et les résineux. Les altitudes des sites se situent entre 265 m et 354 m et ce massif granitique culmine vers 500 m. En ce qui concerne les orientations des sites, il n’est pas encore possible de définir de vraies constantes. La plupart des stannières anciennes découvertes sont des exploitations de gisement primaire en roche et non des travaux pour alluvions, dans l’état actuel de la recherche. Elles apparaissent dans des zones de leucogranites et de pegmatites. Des échantillonnages minéralogiques sont en cours, deux types de méthodes sont employées, l’orpaillage et le carottage.

3 Vaulry est la commune la plus remarquable des monts de Blond. Le site de la Fosse Profonde connu depuis le XIXe s. n’est pas un phénomène isolé, mais il s’inscrit dans un ensemble plus vaste d’exploitation minière.

4 Par exemple, le site du Repaire, dans cette commune, mériterait d’être l’objet de fouilles archéologiques. C’est un vaste ensemble de stannières anciennes. Elles se composent de sept fosses, divisées en deux groupes. Le premier apparaît dans une petite sapinière, quatre petites fosses peu profondes s’alignent (F 1 à F 4). Elles mesurent entre 9 m et 17 m de longueur. Elles sont orientées autour du N 280°. Les haldes sont bien marquées mais elles ont été retaillées par la route. Le second groupe est constitué par trois vastes fosses, d’environ 19 m à 27 m de longueur. L’une d’elles se prolonge dans le même alignement que les petites stannières. La plus vaste, F 7, est

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parallèle à la précédente, de forme bilobée, très profonde : environ 6 m. La dernière fosse F 6 est perpendiculaire aux précédentes, elle est presque totalement comblée par des décharges modernes. (Fig. n°2 : Le Repaire, Vaulry, ensemble de stannières anciennes, plan et coupe)

5 Pour conclure, il faut poursuivre les prospections de terrain, même si l’accessibilité de certains bois est toujours difficile. Un sondage archéologique est envisagé sur le site du Repaire. Il permettrait d’entrevoir une période d’exploitation et les techniques d’extraction utilisées pour ces mines d’étain.

6 MAIRECOLAS Mélanie

ANNEXES

Fig. n°1 : Synthèse en cours d’évaluation

Auteur(s) : Mairecolas, Mélanie (BEN). Crédits : Mairecolas Mélanie BEN (2005)

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Fig. n°2 : Le Repaire, Vaulry, ensemble de stannières anciennes, plan et coupe

Auteur(s) : Mairecolas, Mélanie (BEN). Crédits : Mairecolas Mélanie BEN (2005)

AUTEURS

MÉLANIE MAIRECOLAS Bénévole

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 150

La châtaigneraie limousine – Construction, fonctionnement et reconversion d’un territoire forestier du Néolithique à nos jours

Philippe Allée

Identifiant de l'opération archéologique : 122375

Date de l'opération : 2005 (PC)

1 Problématique

2 Ce projet de recherche s’inscrit dans un courant scientifique en plein essor depuis quelques années : celui de l’archéologie forestière. Rassemblant archéologues et historiens, géographes et forestiers, écologues et paléobotanistes, l’archéologie forestière associe, tout à la fois, archéologie en forêt et archéologie de la forêt. Si, depuis une quinzaine d’années, de nombreuses recherches ont été entreprises sur les grandes forêts domaniales du nord et de l’est de la France et sur les forêts montagnardes des Pyrénées, rares sont les travaux conduits dans le Massif central. C’est dans ce contexte scientifique que ce projet collectif de recherche, consacré à la châtaigneraie limousine, a été engagé en 2005. Il a pour objectif l’étude archéologique et géohistorique d’un territoire forestier. Il s’agit d’aborder, de façon globale et diachronique, la construction, le fonctionnement et les multiples reconversions d’un anthroposylvosystème.

3 Située aux confins du Limousin, du Périgord et du Pays charentais, sur les lignes de hauteurs qui séparent les bassins hydrographiques de la Loire et de la Dordogne, la châtaigneraie limousine est un territoire forestier dont la forte identité s’est construite autour d’un arbre emblématique : le châtaignier. Son étymologie s’explique par le rôle fondamental que cet arbre a joué, dans le passé, dans l’économie régionale: fonction

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vivrière des châtaigneraies fruitières et fonction proto-industrielle des taillis monospécifiques.

4 Cependant, au-delà de cette éponymie, la châtaigneraie limousine est un territoire forestier original, dont l’histoire complexe se devine dans ses paysages actuels. Il s’agit d’un massif forestier hétérogène et morcelé, formé d’une mosaïque mêlant espaces boisés (futaies anciennes de feuillus et jeunes futaies résineuses ; taillis de chênes, de charmes et de châtaigniers ; accrues multiformes, etc.) et espaces agricoles (dont des châtaigneraies fruitières).

5 Ces forêts conservées, remodelées, créées ex nihiloà partir d’essences introduites plantées ou régénérées par accrues spontanées traduisent une longue et complexe histoire des relations homme-forêt. La mobilité spatiotemporelle des espaces forestiers et de leurs lisières témoigne d’abord du long antagonisme historique entre défrichement agricole et domaine boisé. Quant aux sylvofaciès, leur diversité s’explique par les multiples fonctions passées et actuelles de la forêt : fonction vivrière (forêt usagère et fruitière) ; fonction domestique (affouage et bois de construction) ; fonctions proto-industrielle (demande en charbons de bois des forges et des tuileries régionales ; alimentation en tannin des mégisseries) et artisanale (production de piquets et de feuillards pour les vignobles du Sud-Ouest) passées ; fonction industrielle plus récente (consommation de la forêt résineuse par les industries de la pâte à papier et du bois).

6 L’étude des relations séculaires complexes entre les hommes et la forêt est donc au centre de la problématique de ce projet collectif de recherche. Dans ce travail d’archéologie forestière, la forêt n’est pas appréhendée comme un écosystème naturel modifié par l’homme, mais comme un véritable anthroposystème produit et géré par l’homme, territoire approprié, enjeu économique et politique, objet de réglementation et de conflit, espace de projection mentale et d’identification.

7 Ce programme de recherche pluridisciplinaire associe archéologues du service régional de l’Archéologie du Limousin et de l’association Archéa, paléoenvironnementalistes, historiens, géographes et linguistes de l’université de Limoges et forestiers du Centre régional de la production forestière.

8 Les sources documentaires utilisées sont variées. Elles associent des archives naturelles (tourbières, banquettes agricoles, sols enterrés, etc.), archéologiques (sites d’habitats et sites proto-industriels, charbonnières, etc.), historiques (archives cadastrales, cartes, registres, textes, etc.) et actuelles (imagerie satellitale, bases de données forestières, etc.). (Fig. n°1 : Les principaux sylvofaciès de la châtaigneraie limousine et leurs fonctions dominantes actuelles et passées)

9 Méthodologie

10 Dans sa plus grande extension spatiale (définition IFN), la châtaigneraie limousine occupe une superficie de 7 179 km². Impossible, bien évidemment, de travailler de façon exhaustive sur un territoire aussi vaste. Pour résoudre cette difficulté méthodologique, une démarche multiscalaire par emboîtement a été retenue. Les recherches sont organisées en trois ateliers de travail combinant méthodes et échelles spatiotemporelles variées selon une logique de zoom. On passe ainsi, progressivement, d’une démarche extensive mais exhaustive, menée sur l’ensemble du territoire forestier, à une approche intensive mais spatialement fragmentée, réalisée sur de petites unités territoriales représentatives.

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11 Dans un souci d’organisation du travail en équipe et afin de valoriser l’ensemble des bases de données utilisées, un SIG de grande envergure, multithématique, est mis progressivement en place. L’élaboration d’un tel outil permet d’avoir une gestion structurée de toutes les données disponibles et d’en réaliser une analyse spatiale de façon automatisée. La mise en système de la base de données « Châtaigneraie limousine » est un préambule nécessaire à la conduite d’une approche systémique par emboîtement d’échelle et d’une analyse territoriale multithématique.

12 Les travaux engagés au cours de l’année 2005 ont permis de valider problématiques et méthodologies ainsi que d’apporter quelques premiers résultats. Les trois ateliers de travail, correspondant aux trois niveaux scalaires emboîtés, sont présentés succinctement dans la carte ci-contre. (Fig. n°2 : Trois ateliers de travail selon un emboitement de trois échelles spatiotemporelles)

13 ALLÉE Philippe

ANNEXES

Fig. n°1 : Les principaux sylvofaciès de la châtaigneraie limousine et leurs fonctions dominantes actuelles et passées

Auteur(s) : Allée, Philippe (SUP). Crédits : Allée Philippe SUP (2005)

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Fig. n°2 : Trois ateliers de travail selon un emboitement de trois échelles spatiotemporelles

Auteur(s) : Allée, Philippe (SUP). Crédits : Allée Philippe SUP (2005)

AUTEURS

PHILIPPE ALLÉE SUP

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Morphologies et mutations du castrum, l'exemple du Limousin (Xe- XIVe s.)

Christian Rémy

Date de l'opération : 2005 (PC)

1 L’objectif du PCR est de mieux connaître les réalités castrales régionales antérieures à la guerre de Cent ans, à partir d’exemples pris sur la bordure nord-ouest du Massif central : Corrèze, Creuse, Haute-Vienne. L’idée est de rassembler une documentation variée sur un certain nombre de sites et de mutualiser le travail mené par les uns et les autres pour mieux harmoniser les approches et les questionnements. L’une des ambitions de l’équipe est de déterminer la place du Limousin dans les schémas connus depuis des décennies et qui tendent à opposer au château de la France du Nord le castrum populatum du Midi ; en clair, dégager une sorte de faciès limousin du castrumà partir de l’étude des morphologies castrales et de l’organisation de l’habitat (système d’enclos, parcellaire, caractéristiques structurelles et monumentales de l’habitat castral), de la gestion des pouvoirs seigneuriaux (avec notamment la question de la co- seigneurie) et de l’emprise de la milicia sur l’espace du castrum(avec la question de la concentration ou de la dissémination des hôtels nobiliaires).

2 La fourchette chronologique allant des origines (Xe s. à préciser) à la guerre de Cent ans (mais souvent les sources écrites des XVe s. et XVIe s. sont sollicitées) doit permettre de capturer le phénomène castral dans ses phases de mise en place puis de maturité. La reconversion des castra à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne ainsi que le thème des forts villageois, pas directement pris en compte, ne seront pas totalement délaissés. En effet, la grande mutation des sites avec la dislocation des milicie castri,au cours du XIVe s. pour l’essentiel, sera appréhendée par certains dossiers monographiques.

3 Cette première année a permis à une équipe resserrée de travailler à l’établissement d’un corpus de sites à partir de fiches standardisées : celles-ci permettent de faire le

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point sur les potentialités documentaires de chaque castrumtout en constituant une ébauche d’inventaire. Une vingtaine de castraont ainsi été évalués et pourront être étudiés de façon plus détaillée à l’avenir. À partir de ce corpus, quatre dossiers monographiques ont fait l’objet de recherches plus approfondies : , Gimel, (Corrèze), Pierre-Buffière (Haute-Vienne). D’autres sont en gestation et devraient pouvoir prendre forme l’année prochaine.

4 Le travail a consisté à exploiter les ressources archivistiques disponibles, les informations topographiques, parcellaires et monumentales pour tenter de restituer l’organisation castrale antérieure à la guerre de Cent ans et établir des plans de natures différentes (relevé topographique, relevé de structures, schéma d’interprétation). Ces quatre dossiers s’enrichiront bien évidemment des informations complémentaires qui pourront être trouvées comme de la mise en perspective avec d’autres sites qui feront l’objet d’études approfondies les années suivantes.

5 Parmi les éléments marquants qui ressortent de ces quelques dossiers monographiques, tous consacrés à des sites perchés, on peut signaler la fréquence du dédoublement sémantique entre une entité haute (appelée castrum superius)et une entité basse (appelée castrum inferior)qu’il n’est pas toujours aisé de restituer dans l’espace topographique (Curemonte, Gimel, Pierre-Buffière). En effet, ni la situation dans le relief, ni la co-seigneurie, ni la hiérarchie des pouvoirs ne suffisent à expliquer de manière générique ce phénomène que l’on retrouve dans plusieurs autres castra limousins (et périgourdins et auvergnats d’ailleurs). Dans le cas de Pierre-Buffière, l’enquête a permis de bien mettre en relation l’évolution terminologique avec les mutations de l’espace castral au cours des XIIIe s.-XVe s.

6 On peut aussi remarquer une certaine mixité sociale de l’habitat dans plusieurs de ces sites et ce bien avant la fin du Moyen Âge. Le cas est manifeste à Pierre-Buffière, ainsi qu’à Curemonte et à Gimel semble-t-il. Mais ne s’agit-il pas là d’une première évolution de l’organisation de l’habitat et des prémisses de l’évaporation des milicie castrihors de l’enclos aristocratique ? En tout cas, il semble d’ores et déjà acquis que les castralimousins présentent des structurations de l’habitat variables : ni le type castrum populatum,ni le processus de « bourg castral » n’apparaissent ici systématiques. La co-seigneurie n’a été que temporaire à Pierre-Buffière, mais beaucoup plus durable à Curemonte, Gimel et Malemort

7 Ces questions mériteront d’être affinées à partir d’un échantillon de sites plus important.

8 (Fig. n°1 : Plate-forme sommitale, bloc avec contrefort appartenant à une construction démantelée (mire de 1 m)) et (Fig. n°2 : Plan archéologique du castrum: détail)

9 Pour l’équipe, Christian Rémy

ANNEXES

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Fig. n°1 : Plate-forme sommitale, bloc avec contrefort appartenant à une construction démantelée (mire de 1 m)

Auteur(s) : Rémy, Christian. Crédits : Rémy Christian (2005)

Fig. n°2 : Plan archéologique du castrum: détail

SID-Beaulieu s/Dordogne (2005)

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