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Appel à communication / publication

Quand New-York regarde Comité scientifique : Claire Bernardi, conservatrice en chef, l’École de (1930-1950) peintures, au musée d’Orsay ; Béatrice Joyeux-Prunel, professeur Réception, relectures, appropriations ordinaire en Humanités numériques à l’université de Genève ; Colloque en ligne Scarlett Reliquet, responsable Lundi 29 - mardi 30 novembre 2021 des cours, colloques et conférences aux musées d’Orsay et de l’Orangerie ; À l’occasion de l’exposition Pierre Wat, professeur des universités Chaïm Soutine / Willem de Kooning, la peinture incarnée à Paris I Panthéon-Sorbonne. Musée de l’Orangerie, Paris, 15 septembre 2021 - 10 janvier 2022

Le dialogue que choisit d’instaurer La nouvelle génération d’historiens Contrairement au surréalisme le musée de l’Orangerie entre le peintre a mondialisé ses sources et remis dont le bilan des apports à la scène de l’École de Paris Chaïm Soutine en question le modèle binaire que artistique américaine a été largement (1893–1943) et l’expressionniste constitue l’alternative centre/ dressé (Paris-New-York, Le Surréalisme abstrait américain Willem de Kooning périphérie ; elle a utilisé des approches en exil), nous ne disposons pas (1904-1997), donne aux chercheurs moins monographiques et focalisées, actuellement d’un état des lieux des l’occasion d’explorer la réponse de et décentré son propos. Ces travaux apports de l’art figuratif européen, l’expressionnisme abstrait américain montrent, pour ce qui concerne notre tel que réuni, même artificiellement, alors naissant, à l’art produit par les sujet, que l’École de New York ne sous la bannière de l’École de Paris artistes européens installés à Paris « triomphe » pas avant la moitié des à l’expressionnisme abstrait américain. pendant l’entre-deux guerres. Comme années soixante, mais aussi qu’il faut Les contributions à ce colloque pourront Soutine, dont la force expressive de relativiser son « autonomie ». y participer. la peinture a marqué la génération des artistes d’après-guerre et dont Ce colloque ambitionne de l’œuvre a été particulièrement visible reprendre les sources pour mieux aux États-Unis entre les années 1930 comprendre cette histoire et incite et 1950, d’autres artistes européens, les candidats à participer à un bilan peintres et sculpteurs, installés à Paris de ce qui était visible de l’art européen et associés à la mouvance éclectique aux États-Unis avant 1950, en termes de l’École de Paris, ont, eux aussi, d’expositions, de revues et de exercé un rôle décisif dans l’émergence collections particulières. de ce que l’on a appelé l’expressionnisme abstrait américain. En s’appuyant sur les trajectoires artistiques individuelles, on souhaite Après de longues décennies également s’interroger sur les d’affirmation du « triomphe » de l’École conditions de la naissance de de New York et de son autonomie, un l’expressionnisme abstrait américain état des lieux historiographique paraît dans son rapport à la tradition figurative non seulement possible mais européenne et notamment française, souhaitable. Le récit univoque de la dans le contexte spécifique de la prise d’indépendance de l’art américain Seconde Guerre mondiale − avant et à l’égard du surréalisme semble avoir après l’entrée en guerre des États-Unis, constitué l’explication « dominante ». Des fin 1941. mouvements entiers et leur circulation ont pu être ignorés, considérés comme Willem de Kooning (1904-1997), sans intérêt, et jugés « locaux » ou Woman Accabonac, 1966, huile sur toile, 200,7 x 89,2 cm « périphériques ». États-Unis, New York, Whitney Museum of American Art Digital Image © Whitney Museum of American Art, The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021 Contexte historique Contributions cantonné à son récit. D’autres sources disponibles permettraient d’élargir Avant 1941 Pour appréhender la diversité des la focale. Toute une génération d’artistes est trajectoires et des identités des artistes Pour appréhender les conséquences venue de l’Europe entière étudier, européens installés aux États-Unis, directes et indirectes sur l’art américain travailler et vivre à Paris dès les années leur apport différencié à la scène de ces transferts et en mesurer 1900 jusqu’à l’aube de la Première américaine, des contributions sont la visibilité, des contributions sont Guerre mondiale. Elle a formé ce qu’on attendues sur : attendues sur : appelle commodément mais non sans 1. Les conditions de vie et de ambiguïté « L’École de Paris » création des artistes français ayant 3. Le retentissement de ces (A. Warnod, 1925), sans qu’il ne soit participé à l’aventure de l’École de Paris échanges sur les collections publiques donc question pour autant d’une s’étant exilés aux États-Unis : noms et privées américaines : expositions, quelconque unité de style ou des artistes installés (évaluation acquisitions notables en matière d’art communauté d’apprentissage. La quantitative et qualitative de leurs européen et français en particulier, plupart des artistes ont fui un contexte expériences), localisation des pendant la période concernée (avant social, politique ou religieux presque communautés européennes aux États- et après 1941), études comparatives toujours oppressant, ne leur permettant Unis (Côte Est et Ouest), ateliers du marché américain, présence pas d’exercer librement leur art. célèbres (nature de l’enseignement, des galeries françaises, ventes célèbres, Pendant l’entre-deux guerres, tous ont fréquentation), situation particulière cotes, prix. apporté un dynamisme inédit à la scène des artistes juifs européens et rapports artistique parisienne, implantée avec la communauté juive américaine. Ex : L’exposition « French Painting from essentiellement dans le quartier de 1939 to 1946 », organisée en 1946 par l’Association française d’action Montparnasse, où ils resteront fixés. Ex : Originaire de Lithuanie, Jacques artistique, au Whitney Museum Exilé, déraciné et en quête d’un souffle Lipchitz s’installe en 1909 à Paris où à New York puis itinérante dans artistique nouveau, chacun des artistes il suit les cours de l’Académie des de nombreuses villes américaines. étrangers a apporté la force de son Beaux-Arts puis ceux de l’Académie destin à un Paris, devenu une ville- Julian. Sa sculpture est achetée dès monde, dans une vécue comme 1922 par le Dr. Barnes qui lui une terre de liberté, notamment pour commande des bas-reliefs pour sa Les contributions sont à envoyer les Juifs. Le succès rapide de certains propriété de Merion. Sa première exposition personnelle d’importance avant le 15 juillet 2021 sous la forme d’entre eux déclenche en France a lieu en 1937 à New York (galerie d’un paragraphe de 500 mots notamment, une vague xénophobe, Brummer). Il émigre aux États-Unis en accompagné d’un court cv à l’adresse antisémite le plus souvent. À cette 1941 et prend la nationalité américaine suivante : époque, les États-Unis voient eux en 1948. Le MoMA lui organise une [email protected] s’ouvrir les grands musées que nous rétrospective en 1954. Une fois la sélection effectuée par connaissons et se bâtir les collections le comité scientifique, un message célèbres qu’ils abriteront souvent Pour examiner les voies vous parviendra vous confirmant à l’initiative de femmes. Longtemps et les mécanismes d’appropriation que votre proposition a été acceptée éprouvé, le complexe des artistes et de relecture de l’art européen et vous fera part des modalités de américains vis-à-vis de l’Europe se par les artistes américains participation. dissipera, tandis qu’un art réaliste des contributions sont attendues sur : social tentera de fédérer créateurs et spectateurs. 2. La réception de l’art français pendant l’entre-deux guerres et après Ce colloque bénéficie du généreux soutien la guerre, par les artistes américains Après 1941 de la Terra Foundation for American Art eux-mêmes, les critiques et les Une partie seulement de ces artistes collectionneurs de ce pays : déclarations européens installés à Paris, s’exile écrites et orales des artistes américains aux États-Unis dès les années 1930 sur l’héritage de l’art européen affilié fuyant la crise économique et l’anti- à « L’École de Paris » (sources originales communisme ambiant, délaissant inédites ou publiées ; journaux intimes) ; les querelles autour de l’art abstrait. L’exposition est organisée conjointement publications sur l’art français aux États- Ils sont rejoints, à partir de 1941, avec la Fondation Barnes de Philadelphie, Unis (nombre, type), relevé de la critique par ceux qui fuient les lois anti-juives qui possède un nombre important d’œuvres américaine sur le sujet (positions des (4 octobre 1940). C’est le cas de de Soutine. Elles ont été réunies par le docteur grands noms), théories critiques sur Barnes sur les conseils de Paul Guillaume, (1941-48), les notions de figure et d’informe, de qui est à l’origine de la collection du musée (1941-45), Moïse Kisling (1940-46), peinture de la « chair », et sur la pratique de l’Orangerie. (1940-1963) et gestuelle de la peinture. Mané-Katz (1941-45). Mais ce n’est pas le cas de Chaïm Soutine, , Ex : Le critique d’art Harold Rosenberg Michel Kikoïne ou . (1906-1978) a décrit dans un article Tous ou presque ont fait l’objet intitulé « La chute de Paris » d’expositions dans les galeries et le déplacement de Paris à New York les musées américains ; de critiques du centre artistique (Partisan Review et de commentaires illustrés dans décembre 1940). C’est aussi à lui les revues et journaux, de commandes, qu’il revient d’avoir identifié et nommé de ventes auprès des collectionneurs l’Action Painting pour la première fois et d’acquisitions par les musées en 1952. Mais on est resté à tort américains.