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Thomas Anargyros et Edouard de Vésinne présentent François-Xavier Demaison Avis à la population

COLUCHE CANDIDAT

J’appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstention- nistes convaincus, tous ceux qui ne comp- tent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s’inscrire dans leur mairie et à colporter la nouvelle. TOUS ENSEMBLE POUR LEUR FOUTRE AU CUL AVEC le seul candidat un film de qui n’a pas de raison valletoux T hierry LÉa Drucker Olivier Gourmet Laurent Bateau Jean-Pierre Martins Alexandre Astier Denis PodalydÈs s o c i è ta i r e d e la c o m é d i e f r a n ç a i s e valerie crouzet Serge Riaboukine s c é n a r i o DiastÈme et Antoine d e Caunes m u s i q u e o r i g i n a l e Ramon Pipin c h e f o p é r at e u r Thomas Hardmeier a.f.c c a d r e u r berto m o n ta g e Christophe Pinel casting Michaël Laguens m o n ta g e s o n Jérôme Wiciak i n g é n i e u r d u s o n THOMAS LASCAR su p e r v i s i o n musicale Valérie Lindon c o s t u m e s Bernadette Strassmann et Agnès Falque d é c o r s Alain Veissier assistant réalisateur Pascal Salafa a.f.a.r de mentir ©Jean-Marie Périer - Photo12.co m d i r e c t e u r d e p r o d u c t i o n Pascal Bonnet p r o d u c t e u r exécutif Frédéric Bruneel productrice associée Alexia de Beauvoir l i b r e m e n t i n s p i r é d e l’œ u v r e d e Philippe Boggio “Coluche“ pa r u a u x é d i t i o n s Flammarion et d e l’œ u v r e d e Jean-Michel Vaguelsy “Roi de cœur Histoire d’un mec politique“

S : Jean-Marie Périer - Photo12.co m / © P HOTO S : pa r u a u x é d i t i o n s Plon u n e coproduction Cipango - Studio 37 et 2 Cinema a v e c la participation d e Canal+ et Cinecinema a v e c la participation d e la Sofica SGAM AI CINEMA 1 a v e c le s o u t i e n d e la r é g i o n Ile-de-France en partenariat a v e c le Centre National de la Cinématographie www.coluchelefilm.com Thomas Anargyros et Edouard d e Vésinne présentent SOMMAIRE FRANçOIS-XAVIER Entretien DEMAISON Antoine de Caunes

Entretien FRANçOIS-XAVIER DEMAISON

Entretien Thomas ET Anargyros Edouard d e Vésinne FILMOGRAPHIES Un film de FRANçOIS-XAVIER DEMAISON Antoine d e Caunes Léa Drucker Une coproduction Cipango, Studio 37 et France2 Cinéma CIPANGO Avec la participation de Canal+, Cinecinema et de la Sofica SGAM AI CINEMA 1 et ANTOINE le soutien de la Région Île-de-France en partenariat avec le CNC d e CAUNES LISTE ARTISTIQUE SYNOPSIS LISTE TECHNIQUE Automne 1980. Voilà plus de deux ans que Coluche triomphe tous les soirs au Gymnase, et que ses histoires circulent des cours de récré aux bancs des universités en passant par les usines, les cafés, les salons ou les prisons. Comme un fil invisible qui se faufilerait à travers le fameux tissu social. Sortie le 15 octobre 2008 L’ex-petite frappe de Montrouge fait rire un peu tout le monde, les opprimés de leurs Durée : 1h43 oppresseurs, et certains des oppresseurs d’eux-mêmes. On peut exploiter le pauvre monde et aimer rire. Après s’être fait virer de Radio Monte-Carlo pour crime, il est vrai assez tentant, de lèse-majesté, Distribution : l’idée lui vient, soufflée par Romain Goupil, que, finalement, la seule tribune où personne ne Mars Distribution pourra le censurer, c’est celle du candidat aux élections à venir. Élections dont on attend beaucoup, le principe d’alternance, capital pour une démocratie, 66, rue de Miromesnil - 75008 n’ayant pas été appliqué depuis vingt-trois ans que la droite est au pouvoir. Tél. : 01 56 43 67 20 Encouragé par sa bande, puis rapidement par le public, Coluche se lance dans cette folle Fax : 01 45 61 45 04 entreprise, avec une inconscience proportionnelle à son sens de la liberté, sans se douter de ce qui l’attend au tournant, si l’on peut dire. Presse : Durant les quelques mois que va durer cette aventure, il va se frotter non seulement à la Dominique Segall realpolitik la plus abrupte, mais aussi et surtout à lui-même, ou plutôt à une part de lui-même 20, rue de la Trémoille - 75008 Paris dont il ne soupçonnait peut-être pas l’existence. Voilà une histoire qui va agir comme le révélateur d’une société, et d’un homme que l’on avait Tél. : 01 42 56 95 95 trop vite fait de résumer à son rôle de bouffon. Fax : 01 42 56 03 05 C’est donc, tout simplement, l’histoire d’un mec soudainement investi d’une mission sans l’avoir demandé et dont le poids va manquer, de peu, l’écraser. Photos et dossier de presse L’histoire d’une métamorphose. téléchargeables sur www.marsdistribution.com Entretien Antoine Commençons par parler de Coluche. d e Caunes Vous le connaissiez ? Quand l’avez-vous rencontré pour la première fois ? AdC : Je l’ai vu sur scène au Gymnase. Je suis allé deux fois à des fêtes chez lui rue Gazan (si bien décrites par Desproges dans une de ses chroniques) et un peu plus tard je l’ai invité aux Enfants du rock. On s’était retrouvés au studio Ramsès, avec les musiciens du groupe Odeurs et Ramon Pipin, qui a signé la musique du film. Coluche avait chanté deux rocks et l’on avait enchaîné sur une interview autour d’un énorme pétard qu’il fumait en me vantant les mérites des herbes de Provence ! Donc je peux dire que j’ai approché Coluche, et dans de bonnes conditions, mais ce n’est pas quelqu’un que j’ai intimement connu. Autant j’étais très pote avec Desproges, autant je ne l’ai connu, lui, que d’une manière que je qualifierais de joyeusement mondaine.

Propos recueillis par Patrick Fabre

compte aujourd’hui. Au point qu’il faisait rire ou pas programme. Coluche, c’était un fatras tout le monde de l’extrême gauche à l’extrême d’idées brillantes, de bordel, d’insoumission, Quel souvenir gardez-vous de son droite - ce qui l’a évidemment rendu suspect de refus de l’esprit de sérieux. Un agitateur, appel au vote ? auprès des bien-pensants de tout poil. Quand au sens propre du terme. tout à coup un clown se moque frontalement, AdC : Celui d’un moment extrêmement brutalement du pouvoir, sans un ancrage idéologique précis, quand il redonne son sens Quand on vous propose de réaliser un film Diastème. Il s’agit d’un biopic très bien sent complètement, qu’il va affronter et qui que dans le roman je préfère Robert Louis réjouissant. Dix ans après Mai 68, la France écrit avec beaucoup de rigueur et qui re- vont complètement le casser en deux, bref Stevenson à Christine Angot, au cinéma de l’époque était redevenue d’un calme et premier au mot bouffon, ça fait comme un ap- sur le Coluche de cette période, quelle est pel d’air. Et un nombre considérable de Fran- votre réaction ? trace en gros les vingt dernières années de là où il y a une dramaturgie, c’est le mo- j’ai besoin qu’on m’embarque dans une d’un ennui pesants ! Alors dès que quelqu’un la vie de Coluche, du café de la Gare à sa ment des élections. Depuis le moment où, histoire, qu’on me fasse sortir de mon pâté secouait les étagères du sérieux et de la çais s’est retrouvé là-dedans. Dix ans après Mai 68, ils avaient envie que ça se remette à AdC : Au départ les producteurs, Edouard fin. Je le lis avec intérêt, d’abord parce que sur un coup de tête, il décide, pour foutre de maison, qu’on ouvre les fenêtres. J’ai du routine, j’étais preneur. J’ai toujours aimé l’auteur est un ami et qu’il a du talent, et la panique et s’amuser, de se présenter aux mal avec l’odeur du renfermé ! le mauvais esprit, le mauvais goût, le trash ! bouger pour de bon. Il fallait que ça change, de Vésinne et Thomas Anargyros, me font d’une manière ou d’une autre. Programme passer le scénario qu’ils ont commandé à je trouve qu’il s’est dépatouillé aussi bien élections présidentielles, jusqu’au moment J’étais un lecteur fidèle de Hara Kiri. Le qu’il pouvait d’un exercice de style dont, où il renonce. Ce qui se passe pendant ces moment de l’appel est pour moi dans cette au final, je ne vois pas l’utilité. Je ne vois quelques mois l’a transformé profondé- Pour filmer Coluche, il fallait l’acteur ligne-là. C’est quelque chose de libertaire pas pourquoi passer par la fiction pour ra- ment, lui a fait perdre de la légèreté, de la pour l’incarner. Comment avez-vous trouvé et surtout de gratuit. J’aime beaucoup cette conter une histoire que l’on connaît à peu grâce, de l’insouciance, lui a fait connaître François-Xavier Demaison ? gratuité. Elle est d’ailleurs à l’origine de près tous, autour d’un personnage qui n’a le tourment. Et là pour moi il y avait sou- sa campagne. C’est l’idée d’aller foutre la pas de zone d’ombre à ce point profonde dain un film sur un homme confronté à ses AdC : Avant tout, on s’est remis au travail merde, de retrouver une tribune dont on l’a pour qu’on y fasse descendre le bathys- contradictions, à la réalité, sur une toile de avec Diastème. On a démonté complète- privé après l’affaire RMC (engagé sur la caphe. J’ai vu quinze documentaires sur fond politique qui à mes yeux a une réso- ment le premier scénario et on l’a recentré radio monégasque en janvier 1980, Coluche Coluche, je sais à peu près tout sur lui alors nance aujourd’hui et à ce moment-là, fina- sur cette période clé, en se posant immédia- est remercié après douze jours d’antenne !) pourquoi moi spectateur irais-je voir un film lement, j’ai dit oui aux producteurs. tement la question : qui va jouer ça ? Une et de pouvoir balancer toutes les insanités sur lui au cinéma. Je décline donc, dans question essentielle puisque sans l’acteur, possibles. Mais toujours - ou disons le plus un premier temps. Mais en même temps il n’y avait pas de film. Sur certains projets, souvent - avec un regard, un point de vue, ça me titille. L’idée se met à germer et je Après les vampires dans LES MORSURES on peut changer, mais pas là. Il me fallait un commentaire sur la société, cette vieille me dis qu’il y a quelque chose à faire sur DE L’AUBE, Napoléon dans MONSIEUR N le comédien capable d’incarner Coluche, société de droite de l’après-guerre. Et donc cette période du passage des années 70 et des monstres sacrés du cinéma dans d’être plausible à l’écran et surtout pour il y avait quelque chose d’électrisant dans aux années 80 (que je n’aime pas et n’ai DÉSACCORD PARFAIT, vous vous êtes moi puisque j’allais l’avoir sous la main cet appel. jamais aimées), celle où la vieille France attaqué ici, une fois encore, à un personnage ou plutôt sous les yeux pendant des mois bascule, où Coluche bascule et où j’entre quasi historique et légendaire... Qu’est-ce et des mois. Un jour, mon directeur de cas- dans la carrière (rires) - sur ce Coluche que qui vous intéresse chez eux ? ting, Michael Laguens, avec qui j’avais tra- Vous y avez cru à sa candidature ? j’ai admiré, que j’aime, et dont la parole vaillé sur mon précédent film, m’a dit : «Va manque cruellement aujourd’hui. Alors j’y AdC : J’aime les personnages plus larges voir Demaison à la Gaîté Montparnasse.» AdC : C’était difficile d’y croire. Il n’y avait réfléchis et à un moment, bingo, je me dis : que la vie, complexes, équivoques, aven- Il jouait depuis six mois, ça commençait pas l’ombre de l’ébauche d’un programme. «bon sang mais c’est bien sûr !» Là où il y a tureux, ceux qui prennent la vie à bras le à bourdonner un peu. Je vais voir le spec- En revanche, ce que sa candidature provoque, quelque chose à raconter sur Coluche, là où corps et y mettent le feu, au cinéma parti- tacle de François-Xavier, sans trop savoir c’est absolument épatant. Coluche était extra- il est au carrefour de choses qui le dépas- culièrement (rires). Et de la même manière à quoi m’attendre - je connaissais juste ordinairement populaire, on ne s’en rend plus l’histoire du fiscaliste qui devient comé- parce que leurs premiers interlocuteurs kilos il n’était plus tout à fait le même. dien après l’attentat du 11 septembre. Et leur faisaient ce genre de remarque, Physiquement, l’idée c’était d’interve- après quelques minutes de représentation, oubliant qu’au-delà de François-Xavier, nir le moins possible sur lui, de ne pas je sais que c’est lui. Je ne saurais pas ex- le héros du film, c’était Coluche. Pour ma avoir recours aux prothèses, au latex. pliquer pourquoi mais je le regardais et part, je n’ai pas cillé, pas vacillé (rires). Je l’avais fait sur Monsieur N pour j’ai eu l’intuition absolue que c’était lui. Je préférais ne pas faire le film que de me que ait un nez plus Et à partir de ce moment-là ça ne pouvait voir imposer un acteur auquel je n’aurais napoléonien et c’était une chierie : deux être personne d’autre. Pourtant on partait pas cru. Et puis finalement tout s’est heures de maquillage par jour, des pro- de loin : à l’époque François-Xavier n’est arrangé car entre-temps on a terminé le blèmes avec la lumière. Et puis surtout je pas gros, il n’a qu’une vague ressemblan- scénario, et ça a fini de les convaincre. ne voulais pas d’un sosie de Coluche. Je ce avec Coluche, pas du tout la voix, mais De ce jour-là, ils ont littéralement porté voulais d’un acteur qui devienne Coluche en revanche il a cette manière d’occuper le film, envers et contre tout. Et ce n’était dans l’œil du spectateur. la scène. Il y est chez lui. Et j’avais besoin pas gagné. En touchant à Coluche, on d’un acteur qui ait cette faculté-là, même touche à une icône. si ce n’était pas le seul élément détermi- D’autant que vous le filmez au plus près... nant. À la fin du spectacle, j’étais formel : c’était François-Xavier. Je suis allé le voir Vous avez fait des essais ? AdC : Je suis sous son nez ! Il y a des dans sa loge, on a papoté et j’ai fini par lui plans où l’on est collés. Ce que j’aime dire : «L’idée va te paraître un peu folle AdC : Bien sûr. Ne serait-ce que pour tous dans la réalisation, c’est être près. J’aime mais qu’est-ce que tu dirais de jouer Co- nous rassurer Fançois-Xavier, Edouard voir ce qui se passe dans l’œil, être près luche dans un film ?» (rires) Thomas et moi-même. Mais on a fait ces du jeu, des émotions et comprendre ce essais un an avant de faire le film. François- qui se passe dans la tête du personnage. Xavier n’avait pas pris de poids, il était C’est d’ailleurs ce qui m’intéressait dans Vous lui proposez le rôle avant même d’en juste un peu maquillé avec la salopette. cette histoire : comprendre ce qui se pas- parler à vos producteurs ? C’était plus sur des attitudes. En fait sur sait dans la tête de Coluche. Je voulais ces essais j’ai montré aux producteurs ce porter un regard, avoir un point de vue. Je AdC : Il n’y a pas de discussion possible ! qu’on montre dans le teaser du film, c’est- ne voulais pas faire un film objectif, œcu- C’est une intime ménique. Je suis convaincu que, si cette conviction ! (rires) histoire a mal tourné c’est parce qu’il François-Xavier m’a s’est mal engagé dedans, parce que ça le regardé une seconde dépassait considérablement. C’est l’his- interloqué avant de toire quasi shakespearienne d’un bouffon me répondre : «C’est qui s’amuse à vouloir jouer au roi et qui une idée géniale.» va se faire casser par le roi. Je lui ai dit «de bien réfléchir quand même, parce que si tu Une histoire que vous avez filmée pres- te gaufres là-dessus, que comme un reportage... en tant qu’acteur, qui plus est débutant, AdC : Justement, je me suis demandé ce après tu seras très qui se serait passé si, à l’époque, j’avais mal». Le lendemain fait une émission comme Envoyé spécial on en a reparlé et et que j’avais eu le total accès à la vie de il m’a dit : «J’y vais». À partir de là les à-dire très peu de choses ! (rires) Parce Coluche. Qu’il m’ait laissé tout tourner, ennuis ont commencé (rires) et je suis qu’on ne peut pas rentrer dans le détail. sans restriction, la scène, le privé, l’in- allé voir mes producteurs en leur disant : On ne peut accepter la convention que time. Qu’est-ce que j’aurais fait ? Ça, ça «Ça y est j’ai Coluche !» «Ah oui, c’est François-Xavier est Coluche qu’à partir du a déterminé ma mise en scène, la position qui ? José Garcia ? Gérard Depardieu ?» moment où l’on déroule du film. de ma caméra. Et du coup, je ne le quitte (rires) «Non, son nom ne va pas vous être jamais. Je voulais donner cette impression tout à fait familier. Il s’appelle François- d’être dans l’intimité du personnage. Donc Xavier Demaison et c’est lui.» Donc ils Vous avez beaucoup travaillé en amont on a beaucoup filmé à l’épaule et quelle sont allés le voir en spectacle, ils ont avec François-Xavier Demaison ? épaule, celle du grand Berto ! Mais sans été très impressionnés mais en se posant tremblements façon Space Mountain ! quand même encore des questions. (rires) AdC : À partir du moment où on a eu le Toujours à deux caméras pour aller choper Car dans le cinéma il y a toujours le feu vert financier, ça a pris six mois quand des trucs pendant que ça discute. Et puis problème de l’équation fatale entre sujet, même ! François-Xavier est entré en pré- j’ai été aidé par le splendide travail sur la casting et budget. Les financiers veulent paration. Ça a duré une petite année. Il a lumière de Thomas (Hardmeier) qui pose du cast, du «bankable» comme ils disent travaillé avec deux coaches, par paliers, immédiatement la convention de l’époque. ! Ils sont toujours convaincus que ce sont en profondeur, avec l’idée de ne surtout Car même si c’est étrange à dire parce que les acteurs qui font venir les spectateurs, pas imiter Coluche. François-Xavier de- l’on a connu ces années-là, c’est un film comme à la grande époque de De Funès, vait s’inventer une nouvelle voix et les d’époque ! Avec tous les emmerdements de Delon ou Belmondo. C’est encore vrai attitudes et les comportements qui vont sur le stylisme et la direction artistique liés parfois, mais ce n’est pas une règle. Donc avec. Et puis il a commencé à prendre du au genre. ça a frotté un peu pendant quelque temps, poids. Une fois qu’il a eu pris quatorze Justement, pour nous plonger dans En quatre films, vous avez travaillé avec mais vraiment j’ai beaucoup d’admiration l’époque, vous avez choisi de confier la un nombre d’acteurs impressionnant, pour son travail. Mais là n’ayant pas de musique à Ramon Pipin, qui était un des provenant d’horizons très divers... rôle pour elle, je lui ai juste demandé de musiciens de Coluche... faire une apparition. Et Daphné c’est parce AdC : J’adore les acteurs. J’ai deux plaisirs que ça m’amusait. Elle a tellement ce ton AdC : Le choix de Ramon est très simple : sur un plateau de cinéma : celui de réaliser, journalistique. Il a juste fallu la transformer il est au cœur de l’histoire. Il y a plein de de concrétiser un projet que j’ai en tête, que en un mix de Patricia Charnellet (journa- passerelles entre Coluche, Odeurs et Au j’ai préparé et qui tout à coup s’incarne. Et liste d’Antenne 2 dans la période concer- bonheur des dames (deux groupes dont qui s’incarne bien sûr à travers des acteurs. née) et de Marie-France Garaud (avocate et Alain Ranval, alias Ramon Pipin, était J’ai un plaisir d’enfant à travailler avec les femme politique, elle-même candidate aux le leader), c’est la même bande, ils sont acteurs. Un plaisir jubilatoire. Je suis là à présidentielles de 1981) ! tous super potes. J’aimais beaucoup la les écouter jouer, à travailler sur des nuan- musique qu’il a composée pour les films ces. J’aime ça. J’aime les acteurs. Il y a des de Dupontel. Et puis il a naturellement le réalisateurs qui en ont peur, qui ne savent Vos producteurs disent de COLUCHE que son de l’époque. Celui du rock qu’aime pas comment les approcher. C’est vrai que c’est probablement un de vos films le plus Coluche. En plus de cette musique écrite ce sont souvent des animaux disons étran- personnel. Qu’en pensez-vous ? par Ramon, il y a la musique qu’on entend ges, mais comme il m’est arrivé de jouer, je chez Coluche et qui provient du juke-box : connais ces sensations, je sais à quel point AdC : Disons que c’est sans doute le film du rockabilly, du rock français. Et puis il c’est fragile quand on est devant une camé- qui va coïncider au plus près avec une cer- y a la musique de fond, celle de l’époque : ra, à quel point ça tient à pas grand-chose taine image que le public se fait de moi. Ce les Pretenders, les Clash, les Specials. Ces pour qu’une scène soit réussie ou ratée. mec un peu difficile à définir qui aime le trois sources musicales font une bande rock, Napoléon, l’humour anglais, tourne son riche. Un plaisir pour le mélomane avec Chabrol ou Zilbermann, et a fait partie qui sommeille toujours en moi ! Ici vous avez aussi filmé des gens que vous de l’électroménager domestique pendant aimez : votre fille Emma, qu’on aperçoit en une vingtaine d’années, à travers la télé. infirmière ou votre femme, Daphné Roulier, Alors oui ce film est proche de moi parce Revenons aux acteurs. Autour de qui joue une journaliste télé... que je parle d’une époque que j’ai vécue, François-Xavier Demaison, vous avez d’un humoriste qui est une incarnation de constitué une belle bande... AdC : Il y a aussi mon fils Louis dans une l’insolence, de l’impertinence, de l’insou- des pastilles. Emma ça m’amuse de l’avoir mission et de beaucoup de choses dans AdC : À partir du moment où j’arrive dans mes films, mais je n’ai pas encore lesquelles je me retrouve, où j’aimerais me à vendre l’idée que mon Coluche est trouvé le rôle pour la distribuer. Je trouve retrouver. un acteur dont peu de monde a entendu ça assez complexe de diriger sa propre fille, parler à l’époque, évidemment autour de lui je ne vais pas demander à Catherine Deneuve de jouer sa femme ! (rires) Donc pour que l’équilibre du groupe soit respecté j’ai pris des acteurs dont le niveau de notoriété n’est pas trop envahissant et qui sont à mes yeux des acteurs déments, avec qui en plus j’ai envie de travailler depuis longtemps ! Ils apportent énormément de choses en étant présents. Car c’est aussi la difficulté d’un film pareil où il y a une figure centrale entourée d’un chœur qui la plupart du temps a peu de choses à jouer - ce qui peut être ingrat pour beaucoup d’acteurs. Mais c’est ainsi, ils gravitent, comme dans la réalité, autour de la figure centrale de Coluche. Comme dans la réalité. Une bande de potes, avec le chef au centre ! Une fois que c’est mis en place, c’est passionnant à faire vivre et à mettre en scène. Des acteurs comme Laurent Bateau, Olivier Gourmet, Léa Drucker, Jean-Pierre Martins, Gil Galliot, François Rollin, Alexandre Astier, Eric Defosse ou Valérie Crouzet, quand ça joue ensemble, ça swingue ! Et je ne parle pas de Podalydès qui est éblouissant, comme toujours ! que je regarde les vidéos, j’ai une impression de mauvais trip. D’avoir perdu un pote.

La prise de poids, ça vous a aidé ?

F-X D : Oui. Ça change votre façon de bou- ger, de respirer, on s’essouffle plus vite... Entretien Donc il y a beaucoup de choses qui se font à l’économie chez Coluche. Mais il faut accep- FRANçOIS-XAVIER ter le fait que l’on devient un autre. Un autre moi, qui est plus gros, qui a les sourcils épi- lés, les cheveux teints... Encore aujourd’hui Propos recueillis par j’ai quelques reflets roux et je n’ai pas totale- Patrick Fabre DEMAISON ment perdu les 14 kilos que j’avais pris... Quel souvenir gardez-vous de la soirée où An- « ...c’est un rôle magnifique. toine de Caunes est venu vous voir au théâtre Au moment des essais, vous n’aviez pas pris et vous a proposé d’être son Coluche ? de poids, vous étiez juste un acteur «dans une salopette avec un tee-shirt jaune». Com- F-X D : Déjà je savais qu’il assistait à la ment vous sentiez-vous dans ce costume ? représentation. Après quoi il est venu me Coluche voir et il m’a dit : «Il faut qu’on se parle.» F-X D : Je me suis dit qu’il y avait encore Et il m’a annoncé ça, comme ça, dans un je l’ai tellement aimé... » beaucoup de travail ! Mais j’avais la bar. J’ai été écrasé par la proposition. J’ai confiance d’Antoine. Et je l’ai toujours eue. été effrayé, mais c’était une proposition Comment aborde-t-on un tel personnage ? Il m’a toujours soutenu et je ne l’oublierai que je ne pouvais pas refuser. jamais. Il a eu un acte de foi. Alors que mon F-X D : D’abord avec beaucoup d’humilité. régime surprotéiné a provoqué une crise de Pourquoi ? J’ai essayé de le faire vivre dans ma matière. foie ! Il fallait que je sois à la hauteur de Je suis ce que je suis. Je ne suis pas le sosie cette confiance. À la hauteur d’Antoine et de Coluche surtout. F-X D : Parce que c’est un rôle magnifique. de Michel Colucci. Mais j’ai essayé de faire Coluche je l’ai tellement aimé, j’aurais un travail d’acteur suffisant pour qu’à un été tellement malade que ce soit un autre moment donné il apparaisse en moi. C’est-à- qui l’interprète... Que mes camarades dire qu’il utilise ma matière pour «revenir» qui auraient pu le jouer m’en excusent : en quelque sorte. C’était ça ma démarche. je ne pouvais pas passer à côté de ce Très peu de maquillage, pas d’utilisation de rôle ! Un rôle qui encore aujourd’hui me prothèses en latex... C’est ma voix (elle n’est marque. Il y aura eu pour moi un avant et pas transformée), c’est moi qui chante les un après Coluche. En plus le scénario chansons, c’est moi qui joue les sketches... était magnifique. C’est la tragédie d’un Et le plus beau compliment que j’ai eu, c’est clown qui veut entrer à la cour du roi et un des musiciens de Coluche qui me l’a fait. c’est sublime. C’est la tragédie du bouffon Il m’a dit : «C’est Coluche dans la peau d’un qui en vient à défier le roi au lieu de se autre.» Ça résume toute ma démarche. contenter de l’amuser. Et qui va devoir en payer le prix. Concrètement c’est beaucoup de prépara- tion, presque un an... Rien n’aurait pu vous faire dire non ? manière de respirer, son rythme, son éner- F-X D : C’était comme pour un combat. Il y gie... Ce sont des milliers de petites choses F-X D : Des choses m’ont freiné. La première a donc eu une préparation physique. Il m’a dont je me suis nourri et qui une fois digé- chose c’est que je ne suis pas Michel Colucci ! fallu prendre du poids, travailler avec des rées sont ressorties à travers moi. L’enjeu était d’incarner un personnage connu coaches, le physique, la matière, la voix... et aimé de tous. Mais c’est le travail d’acteur Et puis à un moment, il est arrivé. Douce- qui pouvait faire la différence. Ce qui ment. Des choses sont apparues. J’ai chopé Vous avez visionné beaucoup de documents ? pouvait faire que ça marche, ce n’était pas des gestes. Il y a eu des déclics. Et quand il de mettre un tee-shirt jaune et une salopette, y avait un déclic, on fêtait ça. Parfois, pen- F-X D : Beaucoup. J’ai aussi beaucoup mais le travail. C’est le jeu d’acteur qui dant des semaines, j’ai eu l’impression de écouté ses chansons sur mon iPod. Pas pouvait permettre au personnage d’exister. ne pas avancer, de pédaler dans le vide et forcément celles que je devais chanter. Il y Le travail, le travail, le travail. Ce qui n’a pas puis tout à coup... un déclic. Comme quand en a une qui m’émeut beaucoup qui s’intitule empêché les appréhensions. Les gens dans je n’arrivais pas à pousser ma voix dans J’suis l’andouille qui fait l’imbécile. Elle la rue me disaient : «Il ne faut pas que tu le les aiguës ! Ça a été artisanal et laborieux. est magnifique. L’écouter m’aidait à me rates notre Coluche». C’était aussi une forme Mais au cours de ce travail, j’ai compris mettre en phase avant une séance de travail. d’encouragement pour moi. des choses sur Coluche, sur son essence, sa Aujourd’hui, quand j’écoute ces chansons ou C’était qui Coluche pour vous avant ? Quand on est soi-même comique, ça aide à On ressent quoi quand on est dans la devenir Coluche ? peau de Coluche, ou plutôt quand on a F-X D : Un ami de la famille. Je me souviens Coluche dans la peau, et que l’on joue d’avoir annoncé la mort de Coluche à mon F-X D : C’est vrai que je suis un homme de son spectacle au Gymnase ? père qui était très fan. On avait eu l’impression scène comme lui. Mon spectacle, je l’ai joué d’avoir perdu un membre de la famille. On ado- 500 fois. Un spectacle dans lequel j’habite F-X D : Il n’y a pas de mots pour décrire rait Coluche. C’est un personnage qui manque mes personnages, j’essaye de les incarner. ça... Je ne voudrais pas être mystique, énormément et qui n’a pas été remplacé. Et c’est peut-être ce qu’a vu Antoine : c’est mais il s’est passé quelque chose à ce qu’avant d’être comique, je suis surtout moment-là. Il est descendu de là-haut... acteur. Mais c’est vrai qu’il avait peut-être Je n’étais pas seul sur scène... Heureuse- Qu’est-ce que vous aimiez de lui ? aussi besoin d’un mec qui sache ce que c’est ment car la moitié des figurants dans la d’être tous les soirs sur scène devant 600 salle avait déjà vu Coluche sur scène. Ils F-X D : Ses chansons. Je les trouve extraor- personnes, parce que tous les sketches du m’attendaient au tournant ! dinaires. Ses films : il me faisait marrer dans film ont été tournés devant 600 spectateurs DEUX HEURES MOINS LE QUART AVANT figurants, dans le théâtre du Gymnase plein JÉSUS-CHRIST ou BANZAÏ... Quand j’étais à craquer. Verdict ? jeune ça me faisait beaucoup rire. Ses sketches ! La publicité, Le voyou... «On est une bande de F-X D : Ils ont été bluffés ! À la fin, après jeunes on s’fend la gueule !» que j’ai chanté les chansons, certains sont venus me dire : «On ne faisait pas de la fi- guration, on était au spectacle.» Et ça, ça fait plaisir. Je pense qu’ils ont participé au buzz quant au projet. De là, les gens se sont dit : «Ils sont peut-être en train de réussir leur pari.»

Le tournage a été parfois difficile ?

F-X D : Non, j’étais tellement préparé que j’étais bien décidé à ce que le tournage ne soit que du plaisir, de l’envie, du bonheur. D’autant plus que j’ai eu des partenaires formidables comme Léa Drucker, qui est une actrice magnifique, Olivier Gourmet, Alexandre Astier... J’ai eu beaucoup de chance.

Vous aviez du mal à sortir du person- nage en rentrant chez vous ?

F-X D : Disons que, comme par hasard, je faisais des soirées pâtes ! Comme par hasard je disais «Merde» aux cons. Il m’a aidé à être plus insolent. J’étais un peu trop consensuel avant de faire ce film. Maintenant, les cons, je me les prends frontalement. Coluche a quand même été le plus grand catalyseur de la connerie en France qu’on ait eu ! Et c’est terrible de se dire que, trente ans après, rien n’a changé. Il défendait une cause qui serait toujours défendable aujourd’hui.

Huit mois après la fin du tournage, Coluche vit toujours en vous ?

F-X D : Il est toujours là... Il rôde ! J’es- père qu’il va m’aider à affronter la sortie du film, comme un copain ! le mieux placé pour parler de Coluche et faire revivre cette époque. Quelqu’un qui aurait aussi un point de vue intéressant, humain, à faire valoir. C’est l’Antoine de Caunes des Enfants du Rock, de Rapido ou des débuts de Nulle Part Ailleurs, à la rencontre duquel nous sommes allés. Quelqu’un qui avait connu Coluche sans être intime... Qui avait cet esprit rock’n’roll comme Coluche... EntretienEdouard Quelqu’un qui avait cette impertinence-là... Nous avons donc parlé du projet à Antoine qui a réfléchi plusieurs semaines. C’est vrai d e VÉsinne que c’était un projet plutôt casse-gueule, d’autant plus qu’à l’époque LA MÔME Thomas n’était pas encore sorti, et il n’y avait pas & cette mode du biopic que l’on connaît aujourd’hui... On peut même dire qu’il y avait zéro en- Anargyros gouement pour le genre ! Au bout d’un moment, nous avons déjeuné Producteurs avec Antoine et il nous a dit : «Ça m’intéresse, mais à la condition qu’on ne parle que de la campagne présidentielle, parce que, pour le Quelles sont les difficultés que vous avez Comment avez-vous opté pour cette période reste, on ne pourra que faire moins bien que rencontrées avant même de lancer le de la vie de Coluche, celle de la campagne les images que les gens connaissent de lui.» projet ? présidentielle de 1981 ? La période de la présidentielle permettait de circonscrire l’histoire sur une période courte, Avant tout nous nous sommes Dans un premier temps, nous sommes partis donc d’être plus près du personnage, d’être posé la question de savoir s’il sur l’idée de traiter la période allant de la avec lui au quotidien, de faire ressortir son s’agirait d’un biopic ou non. campagne électorale à sa mort, en nous humanité. Allions-nous traiter toute disant que c’était la fin du parcours de Du coup, je pense qu’on ne peut pas consi- la vie de Coluche ou sim- Coluche qui était la plus dramatique et la dérer COLUCHE comme un biopic... plement une période ? Et plus cinématographique... C’est vraiment un film qu’Antoine de sous quel angle ? D’autant Mais déjà la campagne présidentielle repré- Caunes s’est approprié. qu’il y avait la diffi- sentait plus de la moitié du scénario. Et c’est culté de faire un film sur vrai que si nous faisions démarrer le film quelqu’un de quasiment là, c’est parce que ça correspondait au ton contemporain, dont les pro- que l’on voulait donner au film en explorant ches sont encore vivants, un l’anticonformisme de Coluche. personnage très présent dans Ensuite c’est Antoine de Caunes qui a eu la conscience collective. Mais l’idée de ne s’intéresser qu’à ce moment de avant de s’attaquer aux problè- sa vie. Lorsqu’il nous a exposé ses motiva- mes juridiques ou relationnels, nous tions, cela nous a paru une évidence. avons réfléchi à ce que nous voulions C’est le moment-charnière dans la vie d’ar- dire. Le problème étant que tout le monde tiste et la vie personnelle de Coluche. C’est omment connaît Coluche, il fallait trouver ce que l’on aussi, et c’est un peu la thèse du film, à ce Cest née l’idée de ce film sur Coluche ? pouvait raconter de plus sur lui, ce que l’on moment-là qu’il réalise qu’il représente bien pouvait montrer d’autre que ces images que plus pour le public et pour les Français en Edouard de Vesinne & Thomas Anargyros tout le monde a gardées en tête : les Restos du général qu’un amuseur public, fût-il génial C’était il y a quatre ans. C’était au cours cœur, les sketchs, le mariage avec Le Luron, et triomphant. Ces six mois sont aussi, com- d’une discussion informelle comme il y en a les émissions de télé, les films... Donc très me toutes les périodes de grands boulever- parfois entre amis. On échangeait des idées vite s’est posée la question suivante : quel sements, porteurs d’avenir et d’espoir (les et l’un de nous a dit : «L’histoire de Coluche auteur pour raconter quelle histoire ? Nous Restos du cœur), mais aussi d’un aspect plus ferait un film magnifique.» Ça a été une sorte ne voulions pas d’un auteur trop proche de dramatique. C’est un sujet formidablement de choc, une évidence, Coluche étant un per- Coluche et de cette époque-là, car nous ne cinématographique, car il permet de s’ap- sonnage plus grand que nature, dont la tra- voulions pas faire un film nostalgique. Nous procher au plus près de l’homme au travers jectoire a été fulgurante, qui a touché à la fois préférions quelqu’un de plus contemporain, de quelques-unes de ses contradictions. au spectacle, à la politique, au cinéma... Il a de plus moderne, qui puisse montrer à quel eu une vie très intense, beaucoup trop brève point la vie, l’œuvre et le parcours politique (il est mort très jeune à 42 ans...). Aux États- de Coluche résonnent encore aujourd’hui. Le Pourquoi le choix d’Antoine de Caunes ? Unis il y aurait déjà eu plusieurs films sur un choix de Diastème nous paraissait intéressant personnage comme lui. Mais en France rien. parce qu’il a écrit des pièces de théâtre très Une fois que nous avons eu une première Ça nous a d’ailleurs paru fou qu’il n’y en ait contemporaines et des romans qui sont à la version du scénario - qui nous plaisait, qui pas encore eu ! fois sensibles, intelligents et modernes. était forte - on a cherché le metteur en scène Du point de vue de la mise en scène, il y a Venons-en à celui qui incarne Coluche, Léa Drucker, Denis Podalydès... qui sont en aussi un vrai parti pris... François-Xavier Demaison. Avant qu’An- plus de très grands comédiens. Ça a donné toine de Caunes ne vous en parle, vous le une couleur au casting, une cohérence au Celui de filmer Coluche à hauteur d’hom- connaissiez ? choix de François-Xavier. me, de toujours rester avec le personnage Assez tôt, nous avons décidé de faire des et constamment en mouvement. Pour Objectivement, nous n’avions jamais en- essais. Et du coup les partenaires financiers nous l’essentiel du film était d’être dans tendu parler de lui avant. C’était il y a deux ont eu la même réaction que nous. D’abord l’humain. ans et demi ! ils ont vu son spectacle, puis ils ont été si- Antoine sera trop pudique pour le Nous sommes allés voir son spectacle après dérés par les essais dans sa capacité à in- dire, mais nous pensons vraiment que qu’Antoine nous en a parlé. Nous avons été carner Coluche. Et puis finalement, le fait COLUCHE est son meilleur film. Et c’est emballés et bluffés par François-Xavier. que François-Xavier ne soit pas très connu un film beaucoup plus personnel qu’il n’y Nous nous sommes dit tout de suite : «Ça du public était un avantage. Ça permet paraît. Par rapport à l’époque, au rock, à peut être un Coluche.» C’était une idée d’oublier très vite qu’il ne ressemble pas la célébrité, à la politique... C’est ce que intéressante, voire passionnante... Mais en vraiment à Coluche. nous attendions d’Antoine. tant que producteurs nous nous sommes Rapidement nous nous sommes accor- aussi demandé comment monter un film dés sur le fait que ça ne pouvait pas être sur le nom d’un acteur qui, à l’époque, était quelqu’un d’autre. Notre travail était alors virtuellement inconnu. Nous avons eu la de faire en sorte que ce soit lui. En termes chance que la carrière de François-Xavier de production, mais aussi pour Antoine en prenne de l’ampleur. Et puis Antoine a créé termes de jeu. Car François-Xavier n’avait Parce qu’il a fait un travail de préparation un groupe d’acteurs autour de lui qui tirait pas une grande expérience d’acteur. Donc sur la voix, le geste, le jeu qui est énorme. Il le casting vers le haut : Olivier Gourmet, c’était aussi un pari sur lui en tant que co- a énormément travaillé pendant toute la du- médien. Et c’est un pari qu’il a gagné. rée du tournage... Avec une générosité, un don de soi qui ne sont pas courants chez les comédiens !

Vous vous souvenez de l’appel au vote de Coluche ?

Ma vraie découverte de Coluche c’est en 1977 au Gymnase. Et il est devenu ensuite un personnage important de ma vie. Ma fa- çon d’appréhender la politique et la société s’est faite beaucoup à travers le prisme de Coluche alors que mes origines familiales ne m’y prédisposaient pas. Aujourd’hui, tous les gens qui ont connu Coluche ressentent son absence cruellement. Quelles que soient Néanmoins c’était un pari risqué... Ce qui est pire qu’un film d’époque : on les opinions politiques. ne peut tricher sur rien car même si tout a Je m’en souviens très bien d’autant que les Oui, nous savions bien que c’était une prise changé les gens se souviennent très bien élections présidentielles de 1981 sont les de risque... comment c’était ! premières pour lesquelles j’ai voté. Mais à partir du moment où nous étions Et puis c’est 500 figurants au Gymnase, J’étais sensible depuis l’adolescence à l’hu- convaincus, c’était plus facile. C’est toujours quatre semaines de tournage en studio mour anar et politiquement incorrect comme lorsqu’on est convaincu que l’on arrive à où l’on a reconstitué toute la maison de on dit maintenant, qu’on trouvait chez Hara convaincre les autres. Surtout sur un projet Coluche rue Gazan, avec la piscine en sous- Kiri et Coluche. aussi délicat. C’était un projet jugé «dan- sol... Et son appel, ce coup de pied dans la fourmilière gereux» par la profession. Ce n’était pas un du conformisme français, m’avait réjoui. film rassurant pour les chaînes de télévision, les distributeurs... Votre impression quand vous avez vu les Sans dire qu’il leur faisait peur, en tout cas il premiers rushes avec François-Xavier ? Y a-t-il une difficulté particulière à sortir un ne leur donnait pas de certitude de box-office film tel que COLUCHE ? immédiate. C’étaient ceux de la première journée de Donc il a fallu faire en sorte que le film soit tournage, quand Coluche rend visite au co- C’est beaucoup de travail en tout cas ! dans une gamme de budget qui ne le rende mité de soutien en province. Nous l’avons vu Il nous faut assumer de nous être attaqués à pas infinançable. avec ses grosses lunettes, son gilet tricoté en quelqu’un d’aussi énorme et d’aussi impor- grosses mailles, la voiture... Tout le monde tant pour nous, et donc probablement pour était bouche bée. François-Xavier était Co- d’autres. Mais ce qui nous rend heureux En l’occurrence ? luche. À la fin de cette journée de tournage, aujourd’hui c’est que nous avons l’impres- on ne s’est plus posé de question. sion qu’Antoine a fait un film à la hauteur de 8,5 millions d’euros. Ce qui est très raison- Une de nos préoccupations principales a notre ambition, qui était simplement d’appro- nable pour un film situé dans les années 80. été d’ailleurs de soutenir François-Xavier. cher Coluche d’un peu plus près. FILMOGRAPHIES Léa Drucker FRANçOIS-XAVIER cinéma COURT MÉTRAGE 2008 CYPRIEN de David Charhon 2007 ANIMAL SINGULIER de H. Guétary COLUCHE - L’HISTOIRE D’UN MEC PUTAIN DE PORTE de J.C Flamand/D. Quentin DEMAISON de Antoine de CAUNES AH ! LES FEMMES ! de N. Oures 2007 LE BRUIT DES GENS AUTOUR de Diastème 2 MINUTES 35 DE BONHEUR 2006 TEL PÈRE, TELLE FILLE de Olivier de Plas de G.Lellouche/T. Arrouet cinéma 2005 LES BRIGADES DU TIGRE de Jérôme Cornuau LE BANQUET de S. Tasinaje L’HOMME DE SA VIE de Zabou Breitman LE CHATEAU D’EAU de C. Carion 2008 TELLEMENT PROCHES ! de Eric Toledano et Olivier Nakache 2004 VIRGIL de Mabrouk El Mechri POURQUOI PASSE KEU de G.Lellouche/T. Arrouet LE PETIT NICOLAS de Laurent Tirard AKOIBON de Edouard Baer 2007 COLUCHE - L’HISTOIRE D’UN MEC de Antoine de Caunes 2003 BIENVENIE AU GÎTE de Claude Duty MUSÉE HAUT MUSÉE BAS de Jean-Michel Ribes NARCO de Tristan Arrouet et Gilles Lellouche TÉLÉVISION LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE de Rémi Bezançon DANS MA PEAU de Marina de Van ÇA SE SOIGNE ? de Laurent Chouchan 3-0 de Fabien Onteniente 2007 DIVINE ÉMILIE de Arnaud Sélignac DISCO de Fabien Onteniente FILLES PERDUES, CHEVEUX GRAS de Claude Duty 2006 KAAMELOTT 48 HEURES PAR JOUR de Catherine Castel L’AUBERGE ESPAGNOLE de Cédric Klapisch 2005 LA BLONDE AU BOIS DORMANT de Sébastien Grall 2006 L’AUBERGE ROUGE de Gérard Krawczyk PAPILLONS DE NUIT de John Pepper FABIEN COSMA de Franck Apprederis 2005 OLÉ de Florence Quentin TEMPÊTES de Coline Serreau DUELLES de Laurence Katrian TOUT POUR PLAIRE de Cécile Telerman PEUT-ÊTRE de Cédric Klapisch AVOCATS ET ASSOCIÉS de Philippe Triboit 2002 AD VITAM de Khalid Cherti (court métrage) UN PUR MOMENT DE ROCK’N ROLL AVOCATS ET ASSOCIÉS de Denis Amar de Manuel Boursinhac FATALITÉ de Stéphane Kurc MES AMIS de Michel Hazanavicius PARIS POLICE de Klaus Biedermann LA VIE NE ME FAIT PAS PEUR de Noémie Lvosky LA LONGUE MARCHE DU BÉBÉ L’ANNONCE FAITE À MARIUS de Harmel Sbraire de Christiane Spiero BOUGE de Jérôme cornuau MADAME LA CONSEILLÈRE de Stéphane Kurc Théâtre ASSASSIN(S) de LE MISANTHROPE de Roger Hanin RAÏ de Thomas Gilou UN COLIS D’OSEILLE de Y. Lafaye 2007 L’ARBRE DE JOIE mise en scène Christophe Lidon TABLEAU D’HONNEUR de Charles Nemes CLOVIS de François Leterrier de Jean-Michel Colla et David Khayat LA THUNE de Philippe Galland PRINCESSE ALEXANDRA de Denis Amar avec François Berléand, Maruschka Detmers CHIEN ET CHAT de Philippe Galland 2005-2007 DEMAISON S’ENVOLE ! mise en scène Eric Theobald écrit par François-Xavier Demaison en collaboration avec Eric Théobald, Mickaël Quiroga et Samuel le Bihan Théâtre

2006 BLANC de Zabou Breitman 2004 3 JOURS DE PLUIE de Jean Marie Besset et Gilles Desveaux 2003 84, CHARING CROSS ROAD de Serge Hazanavicius Nomination Molière de la Révélation Théâtrale Féminine - 2004 2000 EXTREME NUDITÉ de Hans Peter Cloos DANY ET LA GRANDE BLEUE de John Pepper Nomination Molière de la Révélation Théâtrale Féminine - 2001 MANGERONT-ILS de Beno Besson 1996 LES VILAINS de M. Nakache PLAIDOYER POUR UN BOXEUR de S. Brincat 1996 LE PROJET de G. Dyrek LE MISANTHROPE - MOLIERE de R. Hanin LYSISTRATHA de S. Serreau-Labib 1996 LE MOT de X. Marcheschi EL BURLADOR DE SEVILLA de J-L. Jacopin ANTOINE FILMOGRAPHIES de caunes RÉALISATEUR 2008 Coluche - L’histoire d’un mec 2006 Désaccord parfait CIPANGO 2002 Monsieur N. 2000 Les Morsures de l’aube cinéma

2009 ULTIMATUM de Alain Tasma (sortie début 2009) 2008 COLUCHE, L’HISTOIRE D’UN MEC de Antoine de Caunes (sortie le 15 octobre 2008) LE BRUIT DES GENS AUTOUR de Diastème (sortie le 9 juillet 2008) 2005 L’AMOUR AUX TROUSSES de Philippe de Chauveron SCÉNARISTE (sortie le 29 juin 2005) NUIT NOIRE - 17 OCTOBRE 1961 de Alain Tasma ET CO-SCÉNARISTE (sortie en salle le 19 octobre 2005) International Emmy Award for best TV Movie/Mini-Series 2008 Coluche – L’histoire d’un mec 2004 L’AMÉRICAIN de Patrick Timsit 2006 Désaccord parfait (sortie le 7 juillet 2004) 2002 Monsieur N.

COMÉDIEN 2009 Ma mec à moi de Jean-Jacques Zilbermann 2008 Tu peux garder un secret ? de Alexandre Arcady 48 heures par jour de Catherine Castel 2007 Les Vacances de Mr. Bean de Steve Bendelack 2006 Un Ami parfait de Francis Girod 2003 Les Clefs de bagnole de Laurent Baffie 2001 Stuart Little 2 (voix) de Blanche de Bernie Bonvoisin 2000 Le Vélo de Ghislain Lambert (voix) de Là-bas... mon pays d’Alexandre Arcady 1999 Chili con carne de Thomas Gilou Stuart Little (voix) de Rob Minkoff 1998 Au Coeur du mensonge de Claude Chabrol L’Homme est une femme comme les autres de Jean-Jacques Zilbermann 1996 La Divine poursuite de Michel Deville C’est pour la bonne cause de Jacques Fansten Les deux papas et la maman de Smaïn et Jean-Marc Longval 1989 Pentimento de Tonie Marshall LISTE ARTISTIQUE LISTE TECHNIQUE François-Xavier Demaison coluche Michèle Garcia Femme Exaltée Production Cipango Cadreur Gilbert Lecluyse Léa Drucker véronique Natacha Gerritsen nathalie Producteurs Edouard de Vésinne dit Berto Olivier Gourmet Jacques l’imprésario Arnaud Gidoin Photographe «Lui» thomas Anargyros Photographe de plateau Thierry Valletoux Laurent Bateau Jean-Paul Alexis Henon Journaliste Hospitalisation Secrétaire générale Alexia de Beauvoir Réalisateur making of Eric Margolis Jean-Pierre Martins romain Eric Herson-Macarel inspecteur de la PJ Producteur exécutif Frédéric Bruneel Chef opérateur son Thomas Lascar Alexandre Astier reiser Christian Huitorel Journaliste 7 Coordinatrice de production Frédérique Monin Chef électricien Laurent Héritier Denis Podalydès Attali Zélie Jobert enfant découverte René 1 Réalisateur Antoine de Caunes Chef machiniste Pierre Garnier (Sociètaire de la Comédie Française) Thomas Kluth enfant Foot 1 Valérie Crouzet laurence Gérard Lecaillon Journaliste TF1 Scénaristes Diastème Chef décorateur Alain Veissier Serge Riaboukine eric Quentin Lemaire Petit garçon Fan antoine de Caunes Responsable de production SFX Yves Domenjoud librement inspiré de l’œuvre de Philippe Boggio “Coluche“ paru aux Responsable technique SFX Jean-Baptiste Bonetto Eric Defosse Maurice Jérôme Le Paulmier homme Chômeur éditions Flammarion et de l’œuvre de Jean-Michel Vaguelsy “Roi de cœur Gil Galliot choron Bernadette Le Saché Monette Histoire d’un mec politique“ paru aux éditions Plon Accessoiriste SFX Alain Birchler Chefs costumière Bernadette Strassmann Frédéric Pellegeay agent des R G Daniel Lucarini Journaliste 3 1er assistant réalisateur Pascal Salafa Agnès Falque Par ordre alphabétique Gwénola De Luze Fille spaghettis 2ème assistante réalisateur Thomine De Pins Chef maquilleuse Catherine George Nathan Alexis Slota enfant Foot 3 Claire Magnin Gardienne rue Scripte Joëlle Hersant Coiffeur perruquier Franck Berteau Pierre Alloggia Journaliste de Château-Thierry David Martins agriculteur 1 Coach FXD Julie Vilmont Coiffeuse Véronique Boslé Clémence Aubry infirmière Franck Mercadal Médecin Coach vocal FXD Daniel Lucarini Musique originale Alain Ranval Claude Barichasse claude Blanchard Jil Milan Flic Civil Salle du Trianon Storyboarder Maxime Rebière Droits musicaux Valérie Lindon Chris Barry Journaliste A méricain Elsa Mollien elisabeth Directeur de casting Michaël Laguens (Ré-Flexe Music) Anne Baudoux Journaliste 1 Philippe de Monts Journaliste 2 Chargé de figuration Responsable de post-production Laurent Canova Philippe Beautier agriculteur 2 Arsène Mosca Mustapha Joumblatt et casting enfants Stéphane Zito Chef monteur Christophe Pinel Grégoire Bonnet Journaliste Vincent Nemeth Directeur d’Antenne 2 Directeur de production Pascal Bonnet Monteur son Jérôme Wiciak Bernie Bonvoisin Jean-Claude Alain Pochet huissier Administrateur de production Paul Onteniente Monteur son des directs Olivier Laurent Guillaume Bouchède candidat Travesti Jean-Luc Porraz renneman Régisseur général Bertrand Girard Chef opérateur son mixage Didier Lozahic Eric Bougnon Motard 1 Frédéric Proust Brice Lalonde Régisseur adjoint Guillaume Sion Alain Cauchi Maire Sud-O uest Patrice Pujol intello 1 Directeur de la photographie Thomas Hardmeier Bilal Charfi Garçon découverte René Laurent Rey Journaliste 20H Bertrand Combe Journaliste 5 Patrick Robine rené Fallet Cyril Couton Joël Antoine Rodet Marius 4 ans Frédéric Cuif intello 2 François Rollin nicoud Oliver Cywie enfant Foot 2 Daphné Roulier Journaliste Antenne 2 Luc-Antoine Diquero Félix Eric Rulliat Jean-Louis LCR Albert Dray rené Pascal Salafa Facteur Sonia Dufeu Comédienne connue Lionel Sautet Journaliste 6 Fred Epaud aldo Denis Sebbah Pierrot Jeanne Ferron Femme chomeuse Mathis Tomas romain 8 ans Paulin Fodouop Journaliste A fricain Stéphan Wojtowicz Ministre de l’Intérieur Christian Fromont Journaliste siège du PS Alain Zef Motard 2