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« La ville est hockey ». De la hockeyisation de la ville à la représentation architecturale : une quête urbaine

Jonathan Cha est architecte paysagiste et >Jo n a t h a n Ch a doctorant en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal, en cotutelle avec l’Institut d’urbanisme de Paris. Il est jeune chercheur à la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain et rattaché au Centre interuniversitaire e hockey est depuis plus d’un siècle d’études sur les lettres, les arts et les traditions Lune marque de l’identité canadienne. (CELAT). La plus ancienne formation, de Montréal, fête son 100e anniversaire en 2009. Les célébrations du centenaire, déjà bien entamées, représentent l’évé- nement symbolique le plus important de la ville depuis le 350e anniversaire de la fondation de Montréal en 1992. Dans le dessein de susciter un intérêt « métropo- litain », la direction marketing du Club de hockey Canadien désirait hisser le Trico- lore au titre de « fait culturel » premier à Montréal en répandant, voire en propa- geant « la bonne nouvelle » : le hockey est de retour et Montréal vit au rythme du hockey.

Dans le contexte post-lockout des diffi- cultés de la Ligue nationale de hockey (LNH) et pour relancer le sport, le Club de hockey Canadien lançait en 2006 une campagne publicitaire associant direc- tement l’image du hockey à celle de la ville. Baptisée « La ville est hockey », elle associait l’équipe de hockey à des référen- ces architecturales montréalaises. La ville agirait ainsi comme support à l’image des Canadiens et le hockey ne serait plus sim- plement un sport, mais une marque de l’identité culturelle évoluant au cœur et à l’échelle de la ville.

Les recherches nous ont permis de consta- ter que cette publicité s’inscrivait dans un courant bien répandu, à Montréal comme dans le reste du Canada, d’un vouloir entrepreneurial (équipes de hoc- key), populaire (partisans) et administratif (villes) de lier ville et hockey. Il y aurait une véritable « conquête » partisane qui se serait engagée dans l’espace public. ill. 1. Médaillés d’or Shane Doan et Rick Nash de l’Équipe Canada au Championnat mondial de l’International Federation. | IIHF, 2007.

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Tableau 1 le Forum des politiques publiques confir- Les processus de la quête du label « ville de hockey » mait l’impact et le rôle important joué par le hockey dans la société canadienne3. HOCKEY : SPORT Il statuait d’ailleurs sur l’importance his- torique et culturelle du hockey : « Tou- HOCKEYNATION : IDENTITÉ NATIONALE IDENTITÉ URBAINE tes les parties ont admis que le hockey IDENTITÉ – et le hockey professionnel – a joué un PHÉNOMÈNE SOCIAL PHÉNOMÈNE URBAIN grand rôle dans l’histoire du Canada.4 » Pour le Forum des politiques publiques, il PROCESSUS est indubitable que le hockey occupe une HOCKEYITÉ HOCKEYISATION place spéciale dans la vie au Canada et dans la mythologie intérieure de sa popu- APPROPRIATION HOCKEYTOWN ESPACE PUBLIC URBAIN lation, comme son sport d’hiver national5. VILLE DE HOCKEY : Pour la LNH, « Canada is and always has REPRÉSENTATION QUÊTE ARCHITECTURE been the heart of NHL hockey »6. Les vic- HOCKEYVILLE ARCHITECTURE toires répétées d’Équipe Canada aux Jeux olympiques, aux Championnats du monde LA VILLE : SUPPORT et à la Coupe du monde de hockey depuis l’an 2000, au même titre que l’atteinte des Afin de bien saisir le contexte dans lequel tique du hockey et l’espace urbain, les finales de la coupe Stanley en 2004, en s’insère la campagne publicitaire « La ville échanges entre la pratique du hockey et 2006 et en 2007 par Calgary, Edmonton est hockey » et l’ancrage des Canadiens les représentations de la ville et enfin les et Ottawa respectivement, ont généré au centre-ville, l’article se divisera en trois interrelations entre les représentations de un engouement et une fierté du sport axes principaux : l’entrée du hockey dans la ville et les représentations du hockey. national partout au Canada7. Le hockey l’espace public urbain ou la hockeyisation serait au cœur de l’« identité nationale » de la ville au Canada, les attributs et le Hockeynation : entre canadienne. vouloir d’appropriation du titre de « ville identité nationale et de hockey » et la représentation de la identité urbaine. Le hockey Selon un sondage national mené en mars ville dans la mise en marché du hockey au cœur de la société 1999 par Decima Research, soixante- à Montréal1. canadienne et montréalaise douze pour cent des Canadiens étaient d’avis que le hockey contribue à leur Nous mettrons de l’avant la quête iden- Le hockey : « consolidateur » de identité comme nation et les définit titaire, socioculturelle mais surtout l’identité canadienne comme Canadiens. De même, dans une urbaine, pour laquelle le hockey devient enquête nationale du magazine MacLean un prétexte et la ville un support dans Depuis la pratique généralisée du hockey leur demandant quelles sont les « cho- l’affirmation des « villes de hockey ». sur glace remontant au début du ving- ses qui [les] lient ensemble », le hockey Le système de la « ville de hockey », de tième siècle au Canada, le hockey est arrivait au deuxième rang, précédé seu- l’anglais hockeytown, qui ne représente devenu le sport national, une identité lement par le système national de soins rien de moins qu’une quête d’une iden- partagée d’un océan à l’autre (ill. 1). La de santé. Alors que le blogue le plus tité urbaine, est déterminé par quatre grande majorité des coupes Stanley ont été important sur le hockey au pays porte processus/concepts : la hockeyisation (le remportées par des équipes canadiennes le titre évocateur de Hockeynation, le transfert du hockey dans l’espace urbain), et, malgré l’internationalisation de la LNH réseau CBC a capté toute l’importance la « ville est hockey » (campagne publici- aujourd’hui, plus de la moitié des joueurs du hockey dans la société canadienne taire montréalaise), hockeyville (concours qui y évoluent sont d’origine canadienne. en créant le concours Hockeyville. Ce canadien visant à déterminer la ville la Dans un document portant sur l’avenir concours, notable par l’engagement et plus partisane au Canada) et la hockeyité2 des équipes de la LNH au Canada réalisé l’esprit communautaires qu’il génère, (passion pour le sport) (tableau 1). Nous conjointement par Industrie Canada, les consiste en l’élection de la meilleure aborderons les interrelations entre la pra- provinces, les municipalités et les équipes, ville de hockey au pays. Les collectivités

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Tableau 2 La hockeyisation de la ville

PHÉNOMÈNE URBAIN PHÉNOMÈNE SOCIAL

IDENTITÉ URBAINE

HOCKEY La HOCKEYISATION VILLE

ESPACE PUBLIC

ARÉNA RUE PLACE

ILL. 2. Publicité d’Air Canada, Magazine Les Canadiens, 2002, vol. 17, no 6, p. 45.

à travers le Canada rivalisent entre elles rine entre les rues Drummond et Stanley le Canadien amorce un nouveau virage afin de démontrer leur passion pour le (), jusqu’au Centre dans son existence. Autrefois équipe des hockey. Lors de l’année inaugurale en Bell situé sur la rue de la Gauchetière Canadiens français, il sera dorénavant 2006, quatre cent cinquante municipali- entre les rues de la Montagne et Stanley, l’équipe de l’ensemble des Montréalais, tés ont participé au concours8, prouvant la localisation aura toujours joué un rôle puis celle de tout le Québec11. » (ill. 2) de facto tout l’intérêt pour le hockey à majeur dans leur implantation9. l’extérieur des grands centres urbains La hockeyisation de la ville et confirmant son inscription dans la L’Association des athlètes amateurs au Canada : l’ancrage du société canadienne. Chaque année, la (AAA), le National, le Montagnard, les hockey dans l’espace urbain ville gagnante reçoit cent mille dollars Victorias, les Shamrocks, les Wanderers, d’un océan à l’autre pour la rénovation de ses installations les Maroons puis les Canadiens étaient sportives, en plus d’accueillir un match des équipes de hockey montréalaises et Autrefois limités à l’enceinte de l’aréna, avant-saison de la LNH. Roberval a pro- leur rayonnement ne dépassait pas les le hockey et ses rituels ont graduellement fité de sa victoire à Hockeyville en 2008 limites de la ville. Jusqu’au début des pénétré l’espace urbain par des mécanis- pour remettre à neuf son aréna et réa- années 1940, le hockey des Canadiens mes incitatifs de différents acteurs de la ménager son Village sur glace, qui repré- demeure un phénomène essentiellement sphère du hockey (tableau 2). Les villes sente désormais l’une des principales urbain. « Il faut toutefois rappeler qu’à de l’Ouest canadien sont les premières à attractions hivernales de la ville. cette époque, même si on joue au hockey avoir amorcé officieusement cette hoc- jusque dans les coins les plus reculés du keyisation de la ville. Ce phénomène, qui Le hockey : un phénomène urbain Québec rural, le phénomène du hockey n’était qu’anecdotique il y a quelques professionnel de la LNH est principale- années encore, est depuis devenu un L’histoire nous rappelle que le hockey est ment urbain, pour ne pas dire métropo- outil de promotion et d’identification avant tout un phénomène urbain. À Mon- litain et plus précisément montréalais10. » et un véritable enjeu d’aménagement. Il tréal, les différents arénas utilisés par les C’est avec la disparition graduelle de y a un partage d’appropriations : le hoc- équipes professionnelles, répartis d’est en ces équipes au début du vingtième key s’est dans un premier temps appuyé ouest dans la ville, démontrent l’emprise siècle, mais surtout celle des Maroons sur la ville et la ville s’appuie maintenant urbaine du hockey. De la première pati- en 1938, que les Canadiens, désormais sur le hockey. Observons comment le noire aménagée en 1862 et couverte en seule équipe montréalaise, deviendront hockey s’est progressivement introduit 1875, située au sud de la rue Sainte-Cathe- un phénomène provincial : « Dès lors, dans la ville12.

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The Red Mile de Calgary : le hockey de l’équipe décoré de son logo (le « C ») lors de la quête de la coupe Stanley en comme promoteur urbain ? comme marque d’encouragement. C’est 2004. Désormais surnommée le « Mille alors que s’amorça le « C » / Sea of Red, rouge »13, l’avenue est aujourd’hui indis- Le hockey dans l’Ouest canadien a conquis aujourd’hui une composante majeure de sociable de l’image du hockey à Calgary l’espace urbain en 1985 et tout porte à l’identité urbaine de Calgary. Après les et est un symbole de la ville14. Les images croire que le processus de hockeyisation parties des Flames, les partisans, dont le de cet espace public hockeyisé ont été de la ville est un phénomène en croissance nombre atteignait régulièrement cent diffusées à l’échelle mondiale dans les (ill. 3-8). À l’occasion de la série opposant mille personnes, envahissaient la 11th Ave- divers médias. son équipe aux Jets de Winnipeg, l’or- nue SW, connue alors comme l’« Electric ganisation des Flames de Calgary invita Avenue ». Ce phénomène de la marée L’appropriation de cette voie publique au ses partisans à se vêtir du maillot rouge rouge se transporta sur la 17th Avenue SW centre de la ville a eu un impact impor- tant sur le renouvellement identitaire de l’espace urbain de Calgary. La hoc- keyisation de la 17th Avenue a en effet amorcé un processus de patrimonialisa- tion de cette artère centrale, au point où The Red MileTM est depuis cinq ans une marque déposée. À l’image du boulevard Saint-Laurent à Montréal, désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada, la 17th Avenue est désormais une entité connue puisant son image ILL. 3. Sea of Red à l’intérieur du Pengrowth de marque principalement dans l’intan- Saddledome de Calgary. | Chad Persley, Calgary Flames Ltd. Partnership, 2004. gible. Aujourd’hui, elle est devenue un monument de l’identité de Calgary et une attraction de l’industrie touristique. La TM ILL. 6. Rassemblement partisan sur l’Olympic Plaza de société The Red Mile fait la promotion Calgary. | Chad Persley, Calgary Flames Ltd. Partnership, 2004. de l’avenue :

You’ve heard about it on TV, you’ve read about it in the papers, and you’ve seen it on the internet. NOW, come and visit it15 !

With hundreds of local area merchants, our world famous Calgary hospitality, and a ILL. 4. S ea of Red à l’intérieur du Pengrowth Saddledome de Calgary, 2004. | [www.theredmile.ca]. unique mix of historic and modern buildings, The Red MileTM is a must-see shopping and

ILL. 7. Sea of Red à l’extérieur sur la 17th Avenue de tourism destination! […] the area continues Calgary, 2004. | [www.webshots.com]. to remain vibrant as a tourism and shopping destination so come see what else the mile has to offer16.

Dans les orientations urbaines de The Red MileTM, la société propose l’installation de webcaméras dans le but de diffuser en direct en tout temps le bouillonnement de la 17th Avenue et d’en faire un lieu ILL. 5. Le maire de Calgary, Dave Bronconier, et l’ensei­ ILL. 8. Sea of Red à l’extérieur sur la 17th Avenue de gne de rue du Red Mile, 2004. | [www.theredmile.ca]. Calgary, 2004. | [www.webshots.com]. de convergence des fans de hockey afin

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d’encourager et de célébrer leur équipe Mile, écrivait le quotidien20. Les journaux port à l’équipe. La renommée des hivers sportive. Si elle s’appuie sur la hockeyi- ont largement valorisé l’appellation Red blancs à Winnipeg joua certes un rôle sation pour poursuivre le sens attribué à Mile depuis quatre ans, au point où l’ap- dans le choix de la couleur. Cette tradition cette avenue, elle veut également en tirer pellation a été mentionnée des centai- amorcée en avril 1985 dépassa largement profit pour attirer l’Autre et les autres, nes de fois. En 2008, on a installé une les limites du : ceux qui ne sont pas des adeptes de hoc- immense sculpture de la coupe Stanley au key : « For those who have visited the centre-ville. The tradition evolved and fans were no longer mile, you know that we aren’t just about simply wearing white at home games. When hockey; we are THE place to see and been Le Winnipeg White Out : le blizzard the team was on the road, fans gathered seen. » The Red MileTM se consacre à la manitobain at various establishments, all wearing white promotion du quartier des affaires de la […] It had struck a chord with the city and 17th Avenue. En réaction au « C » of Red, l’organisation camaraderie amongst all fans and the team des Jets de Winnipeg de l’époque avait had been built22. Dans la foulée de la vaste enquête (2005- répliqué en créant le Winnipeg White Out 2006) intitulée « Imagine Calgary », visant et en appelant la population à ne porter Pendant les séries éliminatoires, le cœur à savoir « What makes Calgary a good que des vêtements blancs lors des matchs de Winnipeg devenait le réceptacle de place to live and what could make it bet- à domicile (ill. 9-10). L’effet était saisis- cette foule blanche qui se réunissait à ter in the future », le quotidien Calgary sant : « Winnipeg White-Out, literally a l’angle de Portage Avenue et Main Street. Herald se demandait si « the Red Mile [has] sea of 15,000 fans draped often in white Cette tradition prit fin au moment du any relevance to urban design issues »17. sheets, white towels and white body déménagement de l’équipe à Phoenix. La réponse est certes oui, surtout lorsqu’il paint, and always, in unrelenting pride. Lors de la finale de la coupe Stanley en est question de considérations d’assem- If nothing more, the franchise attracted 2004, Tampa Bay créa une pâle copie du blées publiques, de citoyenneté, de civi- hockey fans with co-ordination unmat- Winnipeg White Out qui ne dura qu’une lité, de célébration, de responsabilité, de ched by any other NHL city21. » Ce geste seule saison23. Finalement, en 2008, les spontanéité et d’ambiance. signifiait l’appui et la solidarité par rap- Penguins de Pittsburgh, qui jouent au

Le conseil administratif de la Ville de Calgary a d’ailleurs tenté de dévelop- per une stratégie visant « [to strike] a balance between residential livability, public safety and the impact of bars along streets such as 17th Avenue and 1st Street S.W. »18. En 2005, la conseillère Madeleine King a même créé « The 17th Avenue Urban

Design » en rassemblant des architectes et ILL. 11. Célébrations partisanes sur le Blue Mile, la des paysagistes. Après des consultations ILL. 9. W hite-Out à l’intérieur du Winnipeg Whyte Avenue à Edmonton. | Lyndon Gotmorewhiskey, Arena. | Ken Giglioti, The Winnipeg Free Press. [Bluemile.ca], 2006. populaires, un aménagement du Red Mile caractérisé par « a tree-lined boule- vard with street cafes and low-rise buil- dings that combine condominiums and retail shops, bordering a series of urban parks »19 fut proposé.

Lors des célébrations entourant le cen- tenaire de l’Alberta, le Calgary Herald présenta cent de ses pages couvertures historiques. L’année 2004 est celle où Cal- ILL. 10. White-Out à l’intérieur du Winnipeg ILL. 12. Célébrations partisanes à Edmonton. | gary est devenue célèbre pour son Red Arena. | Ken Giglioti, The Winnipeg Free Press. Andy Devlin et Edmonton Oilers Hockey Club, 2006.

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Mellon Arena, communément surnommé « l’igloo » en raison de sa forme et de sa couleur, ont redonné vie à cette tradition winnipegoise le 25 avril 2008, le temps d’un match les opposant aux Rangers de New York 24. Ces trois exemples éphémères sont des événements qui ont animé l’es- pace urbain sans en affecter la forme ou la dénomination. Ils représentent le stade primitif de la hockeyisation.

The Blue Mile d’Edmonton : de l’es- ILL. 13. Lieu de rassemblement et drapeau à l’effigie ILL. 14. Enseigne de rue Sens Mile des Sénateurs sur la façade de l’hôtel de ville à Ottawa.| Jonathan Cha, 2007. pace virtuel à l’espace public à Ottawa. | Jonathan Cha, 2007.

Les Oilers d’Edmonton, dans leur course tions populaires dans la ville, Shane Cur- Street. En l’espace d’une semaine, le Sens pour la coupe Stanley en 2006, amorcè- rey, un Ottavien de dix-neuf ans, lança sur Mile était né et bien ancré dans la ville et rent un mouvement similaire à celui de le site Facebook un appel à prendre la rue. dans la conscience collective35. Calgary et de Winnipeg en promouvant Un fan y affirmait : « Calgary did it in the le port de gilets bleus lors des matchs streets. Edmonton did it in the streets. We Montréal et la vague à domicile (ill. 11-12). Les médias d’Ed- want the nation to know we support our bleu-blanc-rouge monton surnommèrent la Whyte Avenue team31. » Selon lui, Ottawa devait natu- « The Blue Mile », afin de témoigner rellement prendre cette voie. Le groupe Un nouveau rituel est né en 2008 à Mon- des rassemblements de partisans et de Facebook « I Am an Ottawa Senators tréal : le port du fanion sur les véhicules l’appropriation d’une artère symboli- Fan », qui comptait à ce moment plus de (ill. 15). Déjà bien ancrée à Toronto, cette quement rattachée aux Oilers d’Edmon- quinze mille membres, fut une rampe de coutume se propagea comme une traînée ton : « Thousands of fans marched up lancement inouïe pour la création d’un de poudre durant les séries éliminatoires ; and down the so-called ‘Blue Mile’25. » Sens Mile. Celui-ci est donc né virtuelle- cinq mille petits drapeaux étaient ainsi « Whyte Avenue is to become Edmon- ment le 15 mai 2007 grâce à l’initiative vendus chaque jour pour un total de près ton’s Blue Mile version of Calgary’s Red d’une personne de rassembler la popula- de deux cent mille. La région métropoli- Mile26. » Cette avenue est rapidement tion sur Elgin Street, à l’angle de McLa- taine se trouvait décorée de ce symbole devenue un lieu de rassemblement pri- ren Street. Le 16 mai, l’information était ambulant. À Montréal, la hockeyisation vilégié dans la ville27. Plus qu’un site de reprise dans les quotidiens d’Ottawa et de ne se concentra pas en un seul lieu. Elle célébration du hockey, le Blue Mile est Montréal et le processus de hockeyisation se répandit à tout le centre-ville. Les rues désormais un lieu de festivités aux rituels s’entamait32. Deux jours plus tard, le sujet Crescent, de la Montagne, Drummond et très particuliers ayant pour scène l’espace gagna la mairie d’Ottawa. The Ottawa Sainte-Catherine affichaient leurs cou- public au cœur d’Edmonton28. L’effort Citizen rapportait que le maire Larry leurs, bleu-blanc-rouge, dans les vitrines médiatique et le recours au Web29 auront O’Brien « might give the OK for a section de boutiques de vêtements, les terrasses contribué à cette nouvelle appropriation of Elgin Street to be designated the ‘Sens de restaurants, les halls d’entrée et les de la Whyte Avenue d’Edmonton30. Mile’ if the team were to advance to the façades d’édifices, sur les lampadaires final »33. La première grande et même sur les portes des casernes de Le Sens Mile d’Ottawa : l’effet do- appropriation de la rue eut lieu le 19 mai pompiers (ill. 16-22). Une vague trico- mino et la magie de Facebook lorsque Ottawa élimina Buffalo : « Sens lore déferlait sur le centre-ville les jours Mile—an Elgin Street fan zone similar to de match et se déversait sur la rue de Le hockey gagna également la rue dans Calgary’s Red Mile and Edmonton’s Whyte Lagauchetière, la rue Sainte-Catherine et la capitale nationale par la présence des Avenue—was baptized yesterday34. » Le le boulevard René-Lévesque lors de victoi- Sénateurs d’Ottawa en finale de la coupe 28 mai, premier jour de la finale, la Ville res. Au square Victoria, Guillaume Pha- Stanley en 2007 (ill. 13-14). Critiquant le s’affairait à poser de nouvelles enseignes rand et Jean-Luc Lavallée, deux partisans manque d’enthousiasme et de manifesta- de rue portant le nom Sens Mile sur Elgin au talent de couturier, confectionnèrent

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ILL. 15. Fanion des Canadiens de Montréal sur une voiture. | Jonathan Cha, 2008.

ILL. 22. Page couverture du magazine Les Canadiens, 2002, vol. 16, no 1.

ILL. 19. Décoration aux couleurs des Canadiens de Montréal sur des lampadaires de la rue un énorme chandail rouge des Canadiens Crescent. | Jonathan Cha, 2008. et en revêtirent la statue de l’artiste Ju ILL. 16. Drapeaux des Canadiens de Montréal sur un restaurant-terrasse de la rue de la Ming. Intitulée Taichi Single Whip, la Montagne. | Jonathan Cha, 2008. statue est devenue, le temps des séries éliminatoires, un symbole du hockey, en évoquant le flegme du gardien de but des Canadiens.

Hockeytown, la défense du titre de capitale du hockey

Les attributs d’une « ville de hockey »

La question de ce que serait une « ville de hockey » est débattue depuis des années ILL. 17. Façade du centre Eaton aux couleurs des Canadiens de Montréal. | Jonathan Cha, 2008. sans qu’un réel consensus existe. Le jour- ILL. 20. Façade peinte aux couleurs des Canadiens de Montréal de la caserne de pompiers no 25 naliste Terry Frei tentait en 2006 de défi- de la rue Drummond. | Jonathan Cha, 2008. nir les attributs d’une « ville de hockey »36. Pour lui, il s’agit principalement de l’en- gouement par la population dans la pra- tique du sport (exprimé par la présence de nombreuses patinoires dans la ville), dans la connaissance et dans la diffusion d’informations concernant le hockey37. Mais les véritables « villes de hockey » doivent susciter un intérêt généralisé dans ILL. 21. Statue « Taichi Single Whip » hockeyisée en la population et cela se mesure principale- ILL. 18. Façade de la place Montréal Trust aux couleurs gardien de but aux couleurs des Canadiens des Canadiens de Montréal. | Jonathan Cha, 2008. de Montréal. | Robert Mailloux, La Presse, 29 avril 2008. ment par l’assistance aux matchs et par la

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fidélité des partisans. Le hockey doit être in the Plaza » (rassemblement et vision- en 1987 et l’arrivée d’excellents joueurs au cœur des préoccupations de la ville et nement des matchs) sur la HSBC Plaza (Russian Five) au début des années 1990 celle-ci, les séries éliminatoires venues, (à l’angle des rues Perry et Illinois) aux qui relancèrent le club. doit se transformer, se hockeyiser aux cou- couleurs jaune et bleu semble s’inspirer leurs de l’équipe et laisser place à une suc- du modèle canadien. Cet événement Cependant, malgré toute l’importance de cession de rituels citoyens connue comme ressemble cependant plus aux fêtes Détroit comme ville ambassadrice du hoc- « la fièvre des séries ». À ces attributs, d’avant-match (tailgate parties) typiques key aux États-Unis, cette nomination de nous proposons d’en ajouter trois autres. au football américain, qui se déroulent hockeytown peut en surprendre plus d’un. Dans une perspective historique, les équi- sur le stationnement d’un stade, qu’à une Détroit est reconnue comme une ville de pes doivent avoir une histoire parsemée appropriation d’une portion de la ville, sports et la ville de l’automobile. Si l’appel- de périodes victorieuses ; l’engouement telle que celle de la 17th ou de la Whyte lation Motown lui est toute désignée, les et l’intérêt pour le hockey ne doivent pas Avenue. critiques fusent de toutes parts quant à sa être un phénomène éphémère, mais doi- prétention d’être LA hockeytown. Autant vent perdurer d’année en année ; et à la Hockeytown, les joueurs que les médias nord-américains lecture du processus de hockeyisation de remettent en question cette « autoprocla- la ville, une rue ou une place publique Actuellement, une seule ville en Améri- mation ». De plus, depuis quelques années, doit être aménagée ou désignée pour que du Nord porte l’appellation de « ville des centaines de billets n’arrivent pas à recevoir les manifestations diverses asso- de hockey », soit Détroit (ill. 23). Les Red trouver preneur lors des séries éliminatoi- ciées au hockey. Wings de Détroit forment la meilleure res. Le célèbre journaliste de The Gazette, équipe de tous les temps aux États-Unis Red Fischer, écrivait à ce sujet : « We’re not Hockeytown, New York en ayant remporté à onze reprises la talking New Jersey here, where empty coupe Stanley. En 1996, Détroit enregis- seats have become a rule, rather than an Alors que l’espace urbain se transforme tra Hockeytown, comme surnom donné exception. We’re talking about Hockey- aux couleurs des Flames à Calgary et au et à la franchise42. town, U.S.A. The Red Wings, for des Oilers à Edmonton, Montréal désire Détroit est ainsi reconnue comme « LA heaven’s sakes44! » Les titres dans les jour- également s’affirmer comme « LA ville ville du hockey » : « There are a lot of naux sont évocateurs à cet égard : « Cup du hockey » et ainsi être en compétition things Detroit is known for… but The Generates Very Little Buzz45 », « Bye, Bye avec les villes s’étant approprié ce label trademark of Hockeytown USA was Hockeytown?46 », « A Central U.S. City That ou aspirant à le détenir. Par exemple, le registered in ’96. Detroit is Hockeytown Has the Unself-conscious Temerity To Label Minnesota, dont l’équipe du Wild évolue USA—home of the — Itself Hockeytown47 ». Comme le souligne à Saint-Paul, se proclame le State of Hoc- winners of 10 Stanley Cups43. » Le vouloir Larry Wigge du Sporting News, « Where key38, pendant que The New York Times de dénomination de « Hockeytown » peut is Hockeytown? Detroit isn’t the only city élève la ville de Buffalo au titre de « ville s’expliquer par l’atteinte des demi-finales that makes a strong claim to being the cen- de hockey » en proposant qu’elle soit « another hockeytown »39. Le ESPN The Magazine qualifie quant à lui les Sabres de Buffalo de « ultimate sports franchise, ahead of even the Red Wings—standard- bearers for hockey success in the »40.

Le quotidien Buffalo News confirme la « propagation d’une fièvre des séries » en n’hésitant pas non plus à qualifier Buffalo de vraie hockeytown41. L’emprise urbaine du hockey à Buffalo ne peut se comparer avec celle des villes de l’Ouest

canadien, mais l’organisation de « Party ILL. 23. Logo Hockeytown, Détroit. | Detroit Red Wings.

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ter of the ice universe—NHL48. » Le hockey Peut-être la plus exceptionnelle, en réa- est aujourd’hui une marque de commerce lité. Les partisans encouragent leur équipe qui apporte de la notoriété. Les villes et comme nulle part ailleurs et ils aident à les partisans de hockey cherchent à se mousser la réputation de la ville partout démarquer et à se créer des rituels et des en Amérique du Nord49. » Montréal serait appellations reconnus dans la ville afin de la ville qui répond le plus aux attributs marquer leur identité urbaine. pouvant mener à la désignation de « ville de hockey ». C’est à Montréal que ce sport Hockeytown (province de Québec) : a été inventé dans la seconde moitié du Montréal, « LA ville de hockey » dix-neuvième siècle et où « la première véritable partie de hockey aurait eu lieu En mars 1996, le musée McCord inaugu- le 3 mars 1875 au Victoria Skating Rink de ILL. 24. Page couverture « Complètement fans ! ». | La Presse, 7 mars 2008. rait officiellement son exposition Mon- Montréal »50. C’est également à Montréal, tréal, tout est hockey, racontant l’histoire à l’hôtel Windsor, qu’est née la Ligue de ce sport hivernal qui comptait cette nationale de Hockey le 26 novembre 1917. année-là cent vingt ans d’histoire. Dans Le Club de hockey Canadien est l’équipe un sondage populaire réalisé par la chaîne qui a remporté le plus de championnats TSN cherchant à savoir « Which is Hockey- et de coupes Stanley (24). Elle est « la plus town of Canada? », Montréal se classa en grande équipe que l’histoire du hockey tête de peloton. Dans un autre sondage ait connue51 », elle est « la capitale mon- réalisé cette fois auprès des joueurs des diale de hockey, […] la plus grande dynas- trente équipes de la ligue pour le maga- tie52 ». Montréal compte sur le plus grand zine Sports Illustrated, les Montréalais ont amphithéâtre de toute la LNH. Au cours été déclarés, avec une confortable avance, des quatre dernières années de hockey, ILL. 25. Le Cours Windsor, une nouvelle place pub­ « les meilleurs fans de la LNH » (tableau 3) près de deux cents parties ont été dispu- lique aménagée parallèlement à l’édification (ill. 24). Ce sondage confirme également tées à guichet fermé. Les succès récents du Centre Bell par Élaine Beauregard, archi­ tecte paysagiste au sein de la firme Arbour, la ferveur partisane des équipes cana- et projetés de l’équipe rappellent son Berthiaume et Beauregard. | Lepore, Gino (dir.) diennes, particulièrement dans l’ouest passé glorieux et permettent à Montréal, (1996), Le magazine Centre Molson : Match inaugural, Édition spéciale, p. 42. du pays : cinq des six premiers rangs sont la Mecque du hockey professionnel53, de occupés par des équipes canadiennes. s’approprier pleinement l’image de mar- fois et principalement l’étroite et peu que de « ville de hockey ». passante rue de Lagauchetière, agissant Tableau 3 comme parvis au Centre Bell, qui est le Quelle équipe de la LNH possède les Le hockey a besoin d’une rue ou d’une théâtre des rassemblements partisans meilleurs fans ? place pour se « manifester », un espace après les victoires des Canadiens. Le chro- 1 Canadiens de Montréal 35 % urbain propre destiné à être hockeyisé. niqueur Bertrand Raymond du Journal de 2 Wild du Minnesota 13 % À Montréal, la rue Sainte-Catherine, Montréal suggérait même de modifier le 3 Flames de Calgary 11 % de l’époque de l’aréna Westmount, de nom de cette rue en « place Maurice-Ri- 4 Canucks de Vancouver 6 % l’aréna de Hochelaga-Maisonneuve, du chard »54. En octobre 2008, une nouvelle 5 Oilers d’Edmonton 6 % Forum ou maintenant du Centre Bell, est place semi-publique attenante au Centre 6 Maple Leafs de Toronto 5 % toujours demeurée l’artère principale Bell fut inaugurée, la place du Centenaire 7 Sharks de San Jose 5 % 8 Rangers de New York 4 % des manifestations spontanées. Lors du (ill. 26). Commémorant les cent ans de 9 Flyers de Philadelphie 4 % déménagement du Forum, le Club de hoc- l’histoire du Club de hockey Canadien, elle 10 Red Wings de Détroit 4 % key Canadien a créé une nouvelle place comprend quatre monuments à la gloire Source : Sports Illustrated, mars 2008. semi-publique, le Cours Windsor, prête à d’anciens joueurs, quinze stèles commé- accueillir des milliers de partisans, et pro- morant les joueurs dont le chandail fut Pour l’ancien joueur des Canadiens Guy posé une structure architecturale pouvant retiré et cent plaques au sol rappelant les Lafleur, « Montréal est l’une des villes de servir d’écran géant pour la diffusion des plus grands moments de l’histoire du club. hockey les plus remarquables du monde. matchs à l’extérieur (ill. 25). C’est toute- Le logo des Canadiens est omniprésent

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En 1993, à l’occasion des séries élimina- toires, le quotidien La Presse engage le caricaturiste André Piget pour repré- senter la quête de la coupe Stanley des Canadiens. Dès la première série oppo- sant les Canadiens aux Nordiques, Piget évoque le symbole architectural dans le duel Montréal-Québec (ill. 28-29). Ainsi, le Stade olympique combat le château Fron- tenac, les deux édifices revêtant le chan- ILL. 28. Piget, André (1996), Piget, Les grandes finales, Laval, Éditions Mille-Îles, p. 7. dail de leur équipe respective. Le stade olympique deviendra un thème récurrent de ses œuvres agissant comme symbole de Montréal. Dans sa série contre New York, les édifices phares de Manhattan se mesureront aux joueurs des Canadiens. Pour Piget, il est évident que le hockey est plus qu’un sport ; il est l’expression de sociétés urbaines rivalisant les unes avec les autres.

Concernant la diffusion télévisuelle des

ILL. 29. Piget, André (1996), Piget, Les grandes finales, matchs de hockey, il est d’usage, peu Laval, Éditions Mille-Îles, p. 22. importe le réseau, de présenter des ima- ges du skyline du centre-ville de la ville dans l’aménagement. Avant le projet, hôtesse de la partie. Les présentations cette place était le lieu de célébrations récentes des matchs de hockey des Cana-

ILL. 26. Brochure promotionnelle de la place d’avant-match des Canadiens, le Fan Jam. diens du Réseau des sports (RDS) propo- du centenaire distribuée au Centre Bell. | Des milliers de partisans arborant les cou- sent un montage visuel où la rondelle Jonathan Cha, 2008. leurs bleu-blanc-rouge s’y rassemblent traverse le centre-ville en se faufilant entre lors des séries éliminatoires dans une les gratte-ciel pour finalement pénétrer la ambiance pour le moins survoltée. ville par le toit du 1000, de la Gauchetière et rejoindre la glace du Centre Bell. Ces Hockey et ville : manifestations diverses renvoient des ima- l’association du centre-ville ges symboliques et le centre-ville, par ses de Montréal au Club de gratte-ciel, apparaît comme une marque hockey Canadien urbaine distinctive liée au hockey. C’est ainsi que s’est orchestrée l’arrivée de la Diverses associations ville/hockey ville comme support des représentations du hockey à Montréal. Les débuts de la représentation de la ville dans la mise en marché du hockey à Mon- Le déménagement du Forum et l’avè- tréal s’amorcent timidement à la fin des nement du Centre Molson (1993-1996) années 1980 dans la revue officielle du club de hockey montréalais intitulée Les Le processus d’association entre ville (cen- Canadiens55. Plusieurs joueurs de l’équipe tre-ville et architecture) et hockey est sont photographiés devant des édifices et entré dans une phase décisive en 1993 ILL. 27. Magazine Les Canadiens, vol. 8, no 1, 1993. des paysages urbains évocateurs56 (ill. 27). alors que s’amorçait la construction du

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nouveau forum. La première pelletée de terre a eu lieu le 23 juin 1993 et l’inau- guration du Centre Molson le 16 mars 199657. Il s’agit d’un projet majeur de revi- talisation urbaine au cœur du centre-ville. Dès les premières esquisses, il importait d’« intégrer cette structure de loisirs à la trame urbaine »58.

Au défi initial s’ajoute celui d’intégrer le nouveau temple des glorieux au centre- ville. C’est un pôle d’attraction autour duquel graviteront une foule d’activités, et d’autres éléments vont s’y greffer59.

La revalorisation de l’un des plus prestigieux îlots du centre-ville comprenant une gare ferroviaire d’intérêt patrimonial. Outre la ILL. 30. Lepore, Gino (dir.) (1996), Le magazine Centre ILL. 31. Le magazine Centre Molson : Match inaugural, construction d’un nouvel amphithéâtre de Molson : Match inaugural, Édition spéciale, p. 45. édition spéciale, 1996. 21 500 sièges et la rénovation de la gare historique, le projet comprend le raccord à le complexe aura été parachevé »64. Dans tréalaise. La ville et l’urbain allaient deve- deux stations de métro, la création d’une ses documents publicitaires, la direction nir des outils de promotion du hockey et place publique, « Le Cours Windsor », un du Canadien allie tradition et modernité des éléments de référence connus partici- terminus de trains de banlieue et un réseau en parlant du nouveau temple du hockey. pant à la relance du hockey (ill. 32). Après sophistiqué de communication60. « Se dressant entre les tours modernes du la campagne publicitaire du « Partisan centre-ville et l’historique gare Windsor, heureux » en 2003-2004 et du « Tricolore La centralité du site, le « centre du cen- le nouveau forum s’imposera rapidement jusqu’au bout » en 2005-2006, la direc- tre-ville »61, la facilité d’accès, la création comme le point de mire de Montréal, tion marketing du Club de hockey Cana- d’un pôle d’attraction de la ville et le comme le reflet de notre juste fierté. Ce dien cherchait un slogan à la fois simple rôle dans le développement urbain sont chef-d’œuvre d’architecture urbaine […] et fort, tel « Quand c’est ok, c’est coke » les motifs, outre les besoins afférents au avec sa conception dynamique et contem- de Coca-Cola, qui allierait deux facettes Club de hockey, qui ont orienté les choix poraine […] se marie à l’environnement et de Montréal, son cadre urbain et le hoc- conceptuels (ill. 30). La ville est donc plus au milieu urbain65 » (ill. 31). key. Elle était convaincue que l’identité que jamais associée au hockey. « Situé au montréalaise allait de pair avec celle du cœur de la ville, à l’ouest du quadrilatère « La ville est hockey » : hockey. Redonner une image gagnante et délimité par les rues de la Gauchetière, représentation vibrante aux Canadiens allait se répercuter Saint-Antoine, Peel et de la Montagne, le architecturale de Montréal directement sur la ville. Considérant Mon- nouveau forum sera rapidement accessi- dans la mise en marché tréal comme le seul marché francophone ble par l’autoroute Ville-Marie ou par les du hockey66 de la LNH et le hockey comme valeur de grandes artères urbaines62. Bref, « tous les divertissement numéro un à Montréal et chemins mènent au Centre Molson »63. Cherchant à se rapprocher des fans à la au Québec, il importait pour la direction suite du lockout de la saison 2004-2005, marketing « de mettre de l’avant notre Pour le président des Compagnies Mol- le Club de hockey Canadien a voulu déve- culture, notre patrimoine ». Les objectifs son, ce projet était considéré « comme lopper une relation plus directe avec ses étaient de montrer que le hockey repre- la pierre angulaire de la revitalisation partisans tout en élargissant son public nait sa place dans la ville, de faire res- du centre-ville de Montréal, aux côtés cible. Le hockey allait surpasser l’image sortir la passion pour le hockey et pour d’édifices récemment complétés et de sportive et désormais être représenté les joueurs et de donner une publicité tours à bureaux qui se dresseront quand comme une marque de l’identité mon- de look trendy, jeune, dynamique, pour

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sélectionnés par le directeur artistique de l’équipe marketing. L’objectif ultime de « La ville est hockey68 » était d’affir- mer que « Le hockey c’est nous, Montréal, c’est nous le Québec69 ». La campagne fut un réel succès : « La ville est hockey » est devenue une expression largement répan- due dans le langage commun, les logos des Canadiens, sous forme de maillots, ILL. 32. Campagne publicitaire « La ville est hockey », d’affiches, de drapeaux ou de produits 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. ILL. 34. Campagne publicitaire « La ville est hockey », dérivés, se retrouvent partout dans la 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. ville et à l’extérieur de la ville. De nom- breux restaurants, boutiques, bâtiments et même casernes de pompiers s’affichent aux couleurs des Canadiens. En référence aux appellations Hockeytown, Red Mile, Blue Mile et Sens Mile, « La ville est hoc- key » s’inscrit dans la recherche d’un qua- lificatif qui serait propre à Montréal et ILL. 33. Panneau publicitaire « La ville ILL. 34. Campagne publicitaire « La ville est hockey », participe à désigner le phénomène de est hockey ». | Jonathan Cha, 2008. 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. hockeyisation en cours à Montréal.

« convertir » les jeunes en fans du Tri- jetée à même la surface glacée, en plus Les représentations architecturales publi- colore. Les paroles de la publicité télévi- d’être diffusée en début de saison sur les citaires de la ville (ill. 34-35) se divisent suelle étaient les suivantes : réseaux de télévision RDS et TVA, sur les en trois catégories, les images de marque panneaux publicitaires de la compagnie de la métropole, les gratte-ciel du centre- Comme une onde de choc qui relie toute Astral placés en bordure des rues et des ville et le temple du hockey (tableau 4). la ville autoroutes, sur les colonnes publicitaires Tous se préparent maintenant à vivre au au centre-ville, dans les quotidiens Le Les images de marque même rythme Journal de Montréal, The Gazette, Journal L’équipe est fin prête du Métro, de même que dans les restau- Les images de marque se définissent par Le 7e joueur est partout rants La Cage aux Sports. le marché Bonsecours (1847), la porte La ville est hockey Roddick de l’Université McGill (1925), le Les orientations de la campagne étaient pont Jacques-Cartier (1930), le pavillon Ce message publicitaire évoquait une claires : peu importe le contexte, la fiè- central de l’Université de Montréal sensation se manifestant brusquement, vre du hockey devait gagner toute la ville. (1943) et l’ancien pavillon américain, la la fièvre du hockey, se propageant à Ville et hockey allaient donc s’allier dans Biosphère (1967). Il s’agit de landmarks partir d’un point précis, le Centre Bell, cette promotion métropolitaine (ill. 33). qui caractérisent la société montréalaise. et générant une vibration à l’échelle de La publicité, graphiquement très expres- Ils sont éloquents de la situation géogra- la ville. Le hockey se présentait comme sive, proposait des images de joueurs sur phique et territoriale montréalaise, alors un fait rassembleur et unificateur de la fond de ville. Les joueurs en maillot rouge qu’ils se situent dans le Vieux-Montréal, ville et de sa population en élargissant apportaient mouvement et dynamisme au centre-ville, sur le fleuve Saint-Laurent, les frontières urbaines. Cette publicité, alors que les édifices en tons pâles se sur le mont Royal et sur l’île Sainte-Hé- largement diffusée, proposait des images détachaient d’un ciel bleu. Cette campa- lène respectivement. Ils sont des symboles fortes fusionnant ville et hockey67. La cam- gne publicitaire visait à redonner du lustre localisés au centre de l’île de Montréal pagne publicitaire a été présentée avant à l’organisation du Canadien en se servant qui se démarquent par leur détachement chacun des matchs sur le tableau d’affi- de symboles puissants, des édifices « mar- dans le ciel ou leur isolement en raison chage électronique (écran géant) et pro- quants » de Montréal minutieusement de leur emplacement. Les édifices choisis

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Tableau 4 lant le Chrysler Building, ouvre sa plaza Les représentations à Montréal de l’image « la ville est hockey » urbaine sur le Cours Windsor. Les parois vitrées des gratte-ciel encadrent le Centre REPRÉSENTATION DE L’IMAGE Bell et lui confèrent une notoriété, tout en évoquant un sentiment de pouvoir et IDENTITÉ URBAINE de puissance. L’axe nord-sud représente le cœur symbolique du centre-ville montréa- lais et sa voie institutionnelle de prestige. LA VILLE Place Ville-Marie est le « symbole de la HOCKEY VILLE EST HOCKEY ville moderne […] sa galerie marchande […] a été le point de départ du réseau piétonnier souterrain de Montréal »71. ARCHITECTURE Le 1501, McGill College et la tour KPMG sont des édifices phares du centre-ville montréalais par leur forme insolite (cou- IMAGES DE MARQUE GRATTE-CIEL TEMPLE DU HOCKEY ronnement en « pyramide » et en « tête de chat »), leur coloration, leur mise en lumière et leur position centrale. Les grat- expriment la diversité architecturale de la (IBM-Marathon) (1993) et la Cité du com- te-ciel évoquent donc les axes dominants ville en proposant notamment les styles merce électronique (2003). La hauteur est de la grille viaire, la centralité, l’entrée néo-classique, Art déco et moderne. Le une composante majeure dans le choix dans la modernité de la ville, le pouvoir marché Bonsecours avec sa coupole, qui des édifices puisque quatre des plus hauts institutionnel et la quête des sommets. représente certes le caractère ancien de gratte-ciel de la métropole s’y trouvent. Fait encore plus important, la localisation la métropole, n’en demeure pas moins Place Ville-Marie y figure à titre de plus des édifices génère deux pôles majeurs l’« ancêtre des grands immeubles mul- haut point de la ville (dû à la topogra- au centre-ville : le pôle central de la ville tifonctionnels montréalais »70. L’ancien phie ascendante du centre-ville, du fleuve orienté autour de Place Ville-Marie et le pavillon des États-Unis affirme pour sa à la montagne), aux côtés des deux édi- pôle central du hockey orienté autour du part le progrès et l’innovation techniques fices avec l’élévation la plus importante, Centre Bell. propres à l’Exposition universelle Terre des le 1000, de la Gauchetière (205 mètres) Hommes. À la manière de l’Expo 67, les et le 1250, René-Lévesque (199 mètres) Le temple du hockey images de marque de Montréal incarnent (ill. 36-37). l’ouverture au monde, l’exportation des La troisième catégorie ne compte qu’un modèles, le savoir-faire québécois, le dia- La localisation des gratte-ciel sélectionnés seul bâtiment, soit le nouveau forum, logue entre francophones et anglophones pour la publicité suit deux axes principaux le Centre Bell (1996). Une telle présence et même le lien avec la banlieue. évoquant bien la trame urbaine montréa- vise sans conteste à asseoir la notoriété laise. L’axe est-ouest René-Lévesque–de de l’édifice, treize ans après son démé- Les gratte-ciel du centre-ville la Gauchetière et l’axe nord-sud McGill nagement du Forum. Les « fantômes » College–University se partagent les objets du Forum n’ont pas encore trouvé leur Les huit gratte-ciel apparaissent comme architecturaux en comptant chacun qua- niche au Centre Bell et la population ne l’élément principal identifiant la ville, et tre bâtiments. L’axe est-ouest exprime le lui accorde pas une valeur symbolique. La ce, dans un périmètre très restreint. Les contexte immédiat du Centre Bell, le cœur publicisation de l’image du Centre Bell, édifices représentés sont Place Ville-Marie du hockey à Montréal. Quant au 1000, de la nouvelle Mecque du hockey se posant (1962), la tour BNP Paribas (1981), la tour la Gauchetière, sa position sur la même comme édifice incarnant ce sport et le de la Banque Laurentienne (1984), la tour rue que le Centre Bell, sa patinoire inté- Canadien, contribue à alimenter l’imagi- KPMG (Maison des Coopérants / Place de rieure et son altitude en font le bâtiment- naire à son égard. Le hockey traverse la la Cathédrale) (1988), le 1501, McGill Col- vedette associé au temple du hockey aux ville, mais il se joue au Centre Bell. Avec lege (1992), le 1000, de la Gauchetière côtés du 1250, René-Lévesque, qui, en le pont Jacques-Cartier, la Biosphère et (1992), le 1250, boulevard René-Lévesque plus de son élégance romantique rappe- Place Ville-Marie, le Centre Bell est le bâti-

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tées des analyses de quelques sources Web, notamment les systèmes « wiki » (Web 2.0), les blogues et surtout les plateformes émer- gentes de partage comme Facebook, sachant qu’ils représentent le forum public majeur des amateurs de hockey en Amérique du Nord.

2. Tire son origine du mot hockeyite, désignant autrefois à la fois le sport et le joueur de hoc- key.

3. Forum des politiques publiques, 1999, La Li- ILL. 38. Campagne publicitaire « La ville est hockey », gue nationale de hockey au Canada, octobre, 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. Ottawa, publications gouvernementales. ILL. 36. Campagne publicitaire « La ville est hockey », 4. Id., p. 6. 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. 5. Id., p. 26.

6. Id., p. 35.

7. Médaille d’or aux Jeux Olympiques (1998 et 2002) ; médaille d’or à la Coupe du monde (2004) ; médaille d’or au Championnat du monde de hockey (2003, 2004 et 2007) ; médaille d’or au Championnat du monde de hockey junior (2005, 2006, 2007, 2008 et 2009) après avoir remporté les trois années précédentes la médaille d’argent (2002, 2003, 2004) ; médaille d’or au Championnat du monde de hockey des moins de 18 ans (2003 et 2008) ; médaille d’or aux Jeux olympiques ILL. 37. Campagne publicitaire « La ville est hockey », ILL. 39. Le hockey à Montréal, symbole d’identité, de pour l’équipe féminine (2002 et 2006) ; et mé- 2006-2007. | Le Club de hockey Canadien, inc. fierté et de patriotisme. | Source et montage daille d’or au Championnat du monde pour Serge Chapleau, La Presse, 22 avril 2008. l’équipe féminine (de 1990 à 2004 et 2007).

ment le plus représenté dans les publicités celle du prestige, de la réussite et de la 8. Les municipalités gagnantes furent Salmon Ri- ver, Nouvelle-Écosse (2006), North Bay, Onta- du Club de hockey Canadien. Le pont, le performance (ill. 39). De Calgary à Mon- rio (2007), Roberval, Québec (2008) et Terrace, dôme géodésique et la tour cruciforme tréal, le hockey a pénétré l’espace urbain Colombie-Britannique (2009).

composent les symboles les plus puissants et la sphère de l’aménagement. De l’ap- 9. Les arénas utilisés par les Canadiens sont les de l’identité urbaine montréalaise et propriation d’une rue ou d’une place suivants :

affirment aux côtés des autres éléments publique à sa dénomination distincte 1909-1910 : Jubilee Arena (Sainte-Ca- composant la publicité, au même titre (Red Mile, Blue Mile, Sens Mile), la hoc- therine / gare Moreau), que le hockey, la centralité, le dynamisme keyisation transforme la ville et associe 1910-1918 : Westmount Arena (Sainte- urbain, la richesse de la culture et la fierté le hockey à un espace défini. À Montréal, Catherine / Wood), métropolitaine. l’appellation « La ville est hockey » consa- 1918-1919 : Jubilee Arena (Sainte-Ca- cre la liaison entre la ville et le hockey et therine / gare Moreau), La ville vit au rythme du hockey et l’image désigne la quête identitaire de singulari- 1919-1926 : Aréna Mont-Royal (Mont- du hockey est désormais indissociable de sation urbaine. Royal / Saint-Urbain), celle de la ville (ill. 38). Si l’histoire carac- 1926-1996 : Forum (Sainte-Catherine / térise le Club de hockey Canadien, c’est Notes Atwater), plutôt la modernité architecturale qui 1996-aujourd’hui : Centre Bell (de La- soutient la mission d’investir la ville. « La 1. La recherche menant à l’association hockey gauchetière / de la Montagne). et ville a été réalisée entre 2004 et 2008. Des ville est hockey », tout en s’appuyant 10. Black, François, 1997, Habitants et glorieux. Les journaux canadiens et étatsuniens provenant Canadiens de 1909 à 1960, Laval, Les Éditions sur le cadre architectural du centre-ville d’une quinzaine de villes et de la documenta- Mille-Îles, p. 57. montréalais et en situant le cadre urbain tion publicitaire de la direction marketing du comme dominance de l’identité des Cana- Club de hockey Canadien constituent les prin- 11. Id., p. 79. cipales sources documentaires. Se sont ajou- diens, poursuit une quête plus profonde,

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12. Ce phénomène, au-delà des considérations tion a fourni un T-shirt et une serviette à tous nationalité des joueurs et avoir également une sportives et partisanes, soulève de nombreu- les spectateurs. connaissance approfondie des règlements. ses questions en termes d’urbanisme, dont 25. The Canadian Press, 2006, « Sixth News 38. « After all, Minnesota does call itself the State la gestion du bruit, la sécurité urbaine, l’ac- Watch », 11 juin. of Hockey. » (Menendez, Jenn, 2007, « Whi- cessibilité aux sites publics, l’impact sur le tehead’s Mother-in-law Dies in Car Crash », transport, les aménagements touristiques et 26. Macafee, Michelle, 2006, « Game 1 Loss Leads Portland Press Herald, 6 avril, p. D7.) « The les installations pour les rassemblements. Le to Quiet Night on Edmonton’s Trendy Whyte self-proclaimed State of Hockey. » (Lopez, hockey est devenu un enjeu d’identité urbaine Avenue », The Canadian Press, 6 juin. Aaron, 2007, « Sauer Not Griping About Big et d’aménagement. 27. La création de la toile [Bluemile.ca] a participé Workload », Rocky Mountain News, 10 mars, 13. Par le maire de Calgary le 30 mai 2004. (Ec- à la formation de cette identité par la diffu- p. 6.) kler, Rebecca, 2004, « A Whole Lotta Love on sion d’images explicites des activités ayant 39. Higgins, Matt, 2007, « Another Hockeytown », Calgary’s Red Mile », National Post, 31 mai, cours sur la Whyte Avenue. The New York Times Late Edition, 4 mai, p. A1.) 28. Une journaliste de Calgary a même remis en p. 6. 14. « À 13 h, sur la grande place du party, la désor- cause l’authenticité du Blue Mile d’Edmon- 40. Cité dans ibid. mais mythique 17e Avenue, celle des bars, des ton en comparaison du Red Mile de Calgary : restos et des terrasses, la foule commençait « The Whyte Mile. The Blue Mile. The Oil Slick. 41. Herrmann, Mark, 2007, « Hockey Fever Breaks à s’amener. La rue est fermée à la circulation The Copper Kilometre. Any way you slice it, Out All Over Buffalo », Buffalo News, 29 avril, sur 1 mille après les matchs, et on a baptisé though, it’s no Red Mile ». (Fortney, Valerie, p. B6. l’endroit le Red Mile. » (Boisvert, Yves, 2004, 2006, « Inside the Oil Slick: It May Not Be the 42. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Hockeytown], « La Coupe revient à Calgary… puis repart », Red Mile, but This Is the Place To Be », Calgary consulté le 7 mai 2007 ; et Greenland, Paul, La Presse, dimanche 6 juin, p. A1.) Herald, 12 mai, p. A3.) 1996, The Detroit Red Wings: Hockeytown, 15. Voir [www.theredmile.ca]. 29. [BlueMile.ca]. Sagamore Pub Llc.

16. Id. 30. Le Red Mile de Calgary et le Blue Mile d’Ed- 43. [http://www.usacitiesonline.com/micountyde- monton ont maintenant leur entrée sur Wiki- troit.htm], consulté le 7 mai 2007. 17. « Eighteen thousand people have provided pédia. input to key questions. Apparently, one of 44. Fischer, Red, 2007, « Thousands of Empty the common themes that has been expressed 31. Desaulniers, Darren, 2007, « ‘I’m so Fantas- Seats in Hockeytown a Direct Result of Over- is that ‘people want more community events tically, Unbelievably Happy’; Fist-pumping, priced Playoff Tickets », The Gazette, samedi and festivals and recognize these types of ac- Flag-waving Fans Pour into the Streets To Ce- 28 avril. tivities as being critical to creating community lebrate the Sens », The Ottawa Citizen, 20 mai, 45. Houston, William, 2007, « Cup Generates Ve- vibrancy and vitality.’ » (Burgener, Peter, 2006, p. D6. ry Little Buzz », The Globe and Mail, 25 mai, « Red Mile Opportunity for Community », Cal- 32. Brodie, Rob, 2007, « Vivement la fête chez les p. S1. gary Herald, 4 mai, p. B4.) amateurs. Un groupe désire organiser des ras- 46. Sharp, Drew, 2006, « Bye, Bye Hockeytown?: 18. Derworiz, Colette, 2005, « Council Seeks Ba- semblements après les victoires », (The Ottawa With the Detroit Red Wings Going Through a lance on Red Mile: Aldermen Will Debate Sun) Le Journal de Montréal, 16 juin, p. 133 ; Rebuilding Period, Fan Enthusiasm Is Waning Proposal for 17th Avenue », Calgary Herald, et Brodie, Rob, 2007, « Shooting for Mile High. and the Playoffs Are No Longer a Sure Thing », 29 novembre, p. B7. Fans Invited to Elgin St. Playoff Party Zone », (Detroit Free Press), The National Post, 7 octo- The Ottawa Sun, 16 juin. 19. Myers, Sean, 2006, « Planners Share Vision of bre, p. FW9. ‘people’s’ Red Mile », Calgary Herald, 11 jan- 33. Desaulniers, op. cit. 47. MacKinnon, John, 2007, « Senators Can Be Ca- vier, p. B5. 34. Deachman, Bruce, 2007, « Welcome to ‘Hoc- nada’s Team, Too; A Transplanted Easterner 20. Marr, Norma et Wendy Spivak, 2005, « 100 key Town’; Moments after the Senators Won Tells Western Canadians the National Capital Years of History », Calgary Herald, 1er septem- a Berth in the Stanley Cup Final, Thousands Has its Fair Share of Hockey Culture, Too », bre, p. A15. of Ottawa Fans Spilled Out into the Streets (The Edmonton Journal), The Ottawa Citizen, To Baptize Sens Mile », The Ottawa Citizen, 22 mai, p. B2. 21. Leipsic, Barry J., 2004, « Go Jets, go! », The 20 mai, p. A3. National Post, 31 mars, p. A19. 48. Wigge, Larry, 2002, « Where is Hockeytown? 35. Sadava, Mike, 2007, « Sens Fever Brings Back Detroit Isn’t the Only City That Makes a Strong 22. Maniago, Stephanie, 2007, « A Call to Action Memories of Oilers Run; but so Far Capital Claim To Being the Center of the Ice Univer- – Believe in Blue », [Canucks.com], 28 avril. Crowds Are Having Peaceful Fun », The Ed- se – NHL », NHL Sporting News, 7 janvier, 23. Taylor, Scott, 2004, « Tampa’s ‘White Out’ Pa- monton Journal, 26 mai, p. B3. [http://findarticles.com/p/articles/mi_m1208/ les Next to Original », Winnipeg Free Press, is_01_226/ai_81790628], consulté le 7 mai 36. Frei, Terry, 2006, « Qu’est-ce qu’une ville de 4 juin, p. C3. 2007. hockey ? », vendredi 1er septembre, [RDS.ca/ 24. Cette initiative de l’organisation, qui reprend hockey], consulté le 7 mai 2007. 49. Lafleur, Guy, 2008, « Une victoire entachée », l’appellation « White Out », a été lancée par Le Journal de Montréal, 26 avril, p. 106. 37. Les amateurs doivent avoir des connaissances une capsule vidéo sur Facebook et sur le site de l’histoire des joueurs de l’équipe et des es- 50. Black, p. 19. Web de l’équipe le 24 avril 2008. L’organisa- poirs de l’organisation, suivre les activités de 51. Id. l’ensemble des équipes de la LNH, connaître la

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52. « Montréal était devenue la ‘capitale mon- Un remerciement particulier à Jonathan Pru- diale du hockey’. » (Fischler, Stan et Maurice nier et à Mathieu Lapointe. Richard, 1971, Les Canadiens sont là ! La plus 67. Elle s’est poursuivie dans les saisons 2007-2008 grande dynastie du hockey, Scarborough, et 2008-2009. Prentice-Hall of Canada Ltd., p. 3.) 68. L’expression et la dénomination « La ville est 53. Pierre Bourque, cité dans Lepore, Gino (dir.) hockey », deux ans et demie après le lance- (1996), Le magazine Centre Molson : Match ment de la campagne publicitaire, sont désor- inaugural, Édition spéciale, p. 7. mais bien ancrées dans l’identité montréalaise. 54. Raymond, Bertand, 2006, « La rue Maurice-Ri- L’appellation est constamment reprise dans chard ? Si le Rocket revenait au Centre Bell… », les médias, et pas seulement ceux traitant de Le Journal de Montréal, 7 décembre. sports. Une émission spéciale ayant débuté en avril 2008 sur la chaîne spécialisée RIS s’intitu- 55. Publiée à raison de cinq à sept exemplaires lait d’ailleurs La ville est hockey. par année depuis la saison 1985-1986, la revue porte désormais le nom Canadiens. 69. Une portion de l’information recueillie sur la campagne « La ville est hockey » a été obte- 56. En 1988, Stéphane Richer est photographié nue lors d’une rencontre téléphonique avec au centre-ville devant la sculpture La foule il- Jonathan Prunier de la direction marketing du luminée sur l’avenue McGill College. L’année Club de hockey Canadien le 12 janvier 2007. suivante, Russ Courtnall est photographié en divers endroits dans le Vieux-Montréal, 70. Gauthier, Raymonde et Pierre-Richard Bisson, notamment devant la Tour de l’Horloge. En 1990, L’architecture de Montréal, Montréal, 1991, Mathieu Schneider est présenté sur un Libre Expression, p. 149. panneau « arrêt stop », une particularité bien 71. Id., p. 144. montréalaise, de même que devant un grat- te-ciel. Puis en 1992, c’est au tour de Vincent Damphousse d’être photographié avec les en- seignes de l’avenue Atwater et de la rue Sain- te-Catherine, de même que sur le belvédère du mont Royal avec vue sur les gratte-ciel du centre-ville.

57. Le projet a été conçu par le Consortium Daniel Arbour & Associés/IBI et l’architecture signée Lemay & associés et LeMoyne, Lapointe, Ma- gne.

58. Lepore, p. 45.

59. Id., p. 22.

60. Id., p. 37.

61. Id., p. 45.

62. Document publicitaire pour les détenteurs de billet de saison intitulé Forum (Club de hockey Canadien, 1996, p. 2).

63. Lepore, p. 45.

64. Eric Molson, président du Conseil des Com- pagnies Molson, cité dans Goyens, Chrystian, Allan Turowetz et Jean-Luc Duguay, 1996, Le Forum de Montréal. La fierté pour toujours. 1924-1996, Westmount, Les éditions Effix inc., p. 210.

65. Document publicitaire pour les détenteurs de billet de saison intitulé Forum (Club de hockey Canadien, 1996, p. 1.)

66. Cette portion de la recherche a été rendue possible grâce à la collaboration de la direc- tion marketing du Club de hockey Canadien.

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