La Régence D'alger
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VOYAGE DANS LA RÉGENCE D’ALGER. ou DESCRIPTION GÉOGRAPHIE, PHYSIQUE, PHILOLOGIQUE, ETC. DE CET ÉTAT PAR LE DR. SHAW Traduit de l’anglais, avec de nombreuses augmentations, de notes géographiques et autres par J. MAC CARTHY MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOGRAPHIQUE DE PARIS. Auteur du choix des Voyages modernes, du Dictionnaire universel de Géographie physique, politique, historique et commerciale, etc., etc., AVEC UNE CARTE DES RÉGENCES D’ALGER ET DE TUNIS, Dressée exprès pour cet ouvrage. PARIS, CHEZ MARLIN, ÉDITEUR, RUE DE SAVOIE, N° 11 1830. Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. VOYAGE DANS LA RÉGENCE D’ALGER. PARIS, CHEZ MARLIN, ÉDITEUR, RUE DE SAVOIE, N° 11 1830. AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR Parmi le petit nombre d’ouvrages que l’on possède sur l’Afrique septentrionale se trouve le Voyage du docteur Shaw(1), qui résida pendant douze ans à Alger, comme chapelain de la facto- rerie anglaise, et dont nous offrons ici la traduc- tion. Quoique cette relation date déjà de, plus d’un siècle, elle offre cependant le meilleur traité que nous possédions sur la géographie ancienne et même moderne des régences d’Alger et de Tunis. D’ailleurs en Barbarie comme dans presque tous les états ottomans, il n’y a rien de changé depuis _______________ (1) On prononce Châ, Nous remarquerons à cette occasion que l’on donne communément en Angleterre la qualifi cation de docteur non seulement aux médecins, mais encore aux membres du clergé et du barreau qui ont obtenu cette dignité dans une université. Le docteur Shaw était ecclésiastique, (Note du traducteur.) Shaw, sinon les hommes : ce sont toujours les mêmes institutions, le même culte, les mêmes préjugés, les même mœurs ; le même despo- tisme. Il serait diffi cile de trouver ailleurs plus d’exactitude, d’érudition et de recherches cu- rieuses; géographie, antiquités, belles-lettres, histoire naturelle, politique, médecine, langues, l’auteur a tout embrassé, et y a répandu de gran- des lumières. Nous n’avons fait subir d’autres changemens à son ouvrage qu’en ce qui concerne la délimita- tion et la division politique dés deux régences, aujourd’hui un peu différentes de ce qu’elles étaient de son temps; et quelques détails d’admi- nistration publique. __________ VOYAGE DE SHAW A ALGER ET A TUNIS. CHAPITRE PREMIER. Topographie de la régence d’Alger, son sol, son Climat, ses productions, etc. La régence d’Alger, que quelques écrivains qualifi ent mal à propos de royaume(1), formait l’ancienne Numidie et une partie de la Maurita- nie Césarienne, de la ville de Césarée, bâtie par Juba II, et dédiée par lui à Auguste, après sa res- tauration au trône de Numidie. Elle est bornée _______________ (1) Le fameux Corsaire Barberousse, qui, le premier, dans les temps Modernes, prit le titre de roi d’Alger, ayant été tué dans une bataille, eut pour successeur son frère Hariadan ou Chéredin, lequel, ne se sentant pas en état de conserver la couronne, l’offrit à l’empereur Selim Ier (en 1520), à condition seulement d’être nommé pacha; ce qui fut accepté. C’est depuis cette époque que le grand-sei- gneur se qualifi e de souverain d’Alger, et que cet état porte le nom de régence. (Note du traducteur.) (8) au N. par la Méditerrannée ; à l’E., par la régence de Tunis, de laquelle elle est séparée par la rivière Zaine (l’ancienne Tusca) ; au S., par le Sahara ; et à l’O., par l’empire de Maroc, dont elle est séparée par les monts Trara. Elle s’étend depuis les 4° 15’ de longitude ouest, jusqu’aux 6° 20, de longitude est, c’est-à-dire l’espace d’environ 240 lieues. D’après Shaw, sa largeur varie de 16 à 40 lieues. On évalue sa superfi cie à 15,230 lieues carrées. Quant à sa population, on n’en a aucune donnée positive ; ce qui fait qu’on l’estime vaguement depuis 1,500,000 jusqu’à 5,000,000 d’âmes. Sa surface est traversée par l’Atlas, qui étend ses ramifi cations. dans différentes directions, les- quelles prennent les noms de Loouât, d’Ammer, Trara, Djorjora (le Mons Ferratus des anciens), Felizia, Anouil, Gebel-Auress (l’ancien ,Mons Aurica). Les principales rivières qui l’arrosent sont le Chelif, l’Ouady-Djidid, le Zoouâh, le Sei- bous, l’Ouady-Abiad ou Riviére-Blanche, l’Ad- jebbi, l’Ouady-el-Kébir; l’Ouady-el-Desahab, l’Isser ou Zeitoun ; le Sigg ou Sikke ; la Mailah, le Masaffran ; la Mina, (la Chylematis de Ptolé- mée), la Midroe, le Nahr-Ouassol, le Susellim, le Haregol, qui arrose le (9) désert d’Angad, et qui est probablement la Signa de Ptolémée; etc. Il n’y a, à proprement parler, de lacs que celui de Titerie , dans la province de ce nom, et qui a 8 lieues de long sur 2 lieues et demie de large ; les autres, tels que le Chot et le Melghig, ne sont que de vastes terrains marécageux. Il y existe plusieurs déserts sablonneux, dont le plus étend est celui d’Angad, situé dans la partie méridionale de la province de Mascara. La partie habitée de la régence, dit Shaw, étant située entre les 34° et 37° de latitude nord, on, y jouit constamment d’un air sain et tempéré, c’est- à-dire qui n’est ni trop chaud en été, ni trop froid en hiver. Pendant douze ans que j’ai demeuré à Alger, je n’ai vu que deux fois le thermomètre descendre au degré de congélation, et alors tout était couvert de neige. Je ne l’ai vu non plus s’élever très haut que lorsque le vent venait du Sahara. Les saisons se succèdent d’une manière insensible. Le baromètre y varie rarement, quel- que temps qu’il fasse ; de plus d’un pouce 3 lignes 1/2, c’est-à-dire de 27 pouces 1 ligne à 28 pouces 5 lignes. Les vents les plus ordinaires sont ceux de mer, c’est-à-dire du nord-ouest et du nord-est, (10) Les vents d’est règnent communément depuis mai jusqu’en septembre, et ceux d’ouest Pendant le reste de l’année. Quelquefois, surtout à l’époque des équinoxes, souffl e celui que les anciens nom- maient africus, et que les marins de ces mers appellent la-betche ; il vient du sud-ouest, et est aussi fort qu’impétueux. Les vents du sud, qui sont chauds et violens, ne se font sentir que cinq ou six jours de suite en juillet et en août; mais ils rendent alors l’air si étouffant, que les habitans, pour rafraîchir leurs maisons, sont obligés de jeter constamment de l’eau sur les planchers. Les vents d’ouest, du nord-ouest et du nord, sont ordinairement suivis du beau temps en été, et de la pluie en hiver ; mais les vents d’est et du sud sont presque toujours secs, quoique le ciel soit chargé de gros nuages, et le temps très couvert. Une chose assez singulière, c’est que les monta- gnes de Barbarie et celles de la côte méridionale de l’Europe éprouvent des effets contraires par le même vent ; car j’ai observé que celles de Bar- barie jouissent d’un temps toujours serein par les vents d’est, et qu’elles sont couvertes de nuages par ceux d’ouest, surtout un peu avant et durant les pluies, tandis qu’il en est tout différemment (11) dans les montagnes d’Espagne et d’Italie, d’après ce que l’on m’a assuré. Le baromètre monte jusqu’à 28 pouces 2 lignes i/2 à 3lignes 1/2 par les vents du nord, quoique ces vents soient accompagnés de grosses pluies et d’orages; mais les vents d’est ou d’Ouest n’y ont point un effet constant. Cependant, durant les trois ou quatre mois d’été, le mercure se tient toujours à environ 18 pouces , sans aucune varia- tion, soit que le vent souffl e de l’est ou de l’ouest. Lorsque les vents chauds du sud règnent, le baro- mètre ne s’élève guère à plus de 27 pouces 3 lignes 1/2 ; ce qui est aussi son élévation ordinaire lorsqu’il pleut par un grand vent d’ouest. Il tombe communément à Alger, année moyenne, 25 à 26 pouces d’eau(1). En 1732 il en tomba jusqu’à 41 pouces; mais ce fut une année tout-à-fait extraordinaire à cet égard. Il ne pleut jamais à Alger que deux ou trois jours de suite, après quoi on a ordinairement huit ou quinze jours de beau temps. La régence est divisée en cinq provinces : Alger au nord, Constantine à l’est, Titerie et le Zab _______________ 1 Il n’en tombe à Paris que 19 pouces. (Note du traducteur.) (12) au sud, et Mascara ou Tlemsem à l’ouest. Il pleut, rarement en été sur les côtes, et pres- que jamais dans le Sahara. Lorsque j’étais à Tozer, (Tunis), en décembre 1727, nous éprouvâmes une petite averse qui ne. dura que deux heures ; mais qui ne laissa pas que de causer de fâcheux acci- dens, puisqu’elle occasionna la ruine de plusieurs maisons, par suite de, l’humidité qu’elle produisit. Si elle eût été plus forte, ou qu’elle eût duré plus longtemps, il est probable qu’il en serait résulté la destruction de la ville entière.