Les Confins Occidentaux De La Maurétanie Césarienne Nora Yahiaoui
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Les Confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne Nora Yahiaoui To cite this version: Nora Yahiaoui. Les Confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne. Sciences de l’Homme et Société. Ecole pratique des hautes études - EPHE PARIS, 2003. Français. tel-00534329 HAL Id: tel-00534329 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00534329 Submitted on 9 Nov 2010 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. LES CONFINS OCCIDENTAUX DE LA MAURETANIE CESARIENNE SUJET DE DOCTORAT SOUTENU EN FEVRIER 2003 NORA YAHIAOUI Vers GILVA ? a ss la Ou p Vers PORTVS DIVI Ca Camérata CAMARATA Vers AD DRACONES IleIle Rachgoun cra D’A MER MEDITERRANEE Cap Beni Saf PORTUS SIGENSIS Aïn Temouchent Sidi Samagram ALBVLAE Takembrit Aïïn Tolba SIGA Ouardanniya oé ap N + 600 C Tafsout Aïïn Khial Honaïïne - 900 GYPSARIA / ARTISIGA Aïïn el Bridj ia Milon sa Cap Tar Cap Aïïn Tekbalet Sidna Youcha Mersa Ben Mehidi Ghazaouet LEMNIS AD FRATRES Vers TASACCORA Tabarit Remchi Kouarda Aïïn El Hammam TEPIDAE Nédroma Damous CALAMA ? + 500 Aïïn Roumana - 600 Martimprey Vers KAPVTTASACCVRA Hammam Boughrara Oule d Mimoun ALTAVA Tlemcen Maghnia Sidi Ahmed POMARIA ? Aïïn Reggada NVMERVS SYRORVM Si Medjahed + 1200 - 1600 + 250 Oujda - 800 Ghar Roubane 0 10 20 km Yahiaoui Nora limites des reliefs activités agricoles antiques nova praetentura poste militaire culture de vigne antique voies certifiées par la marais salant cité romaine découverte de bornes milliaires culture d’olivier antique marécages ancien poste militaire voies supposées vergers sources et cascades vestiges voie maritime d’après l’Itinéraire carrières site potentiel d’Antonin gisements de minerai point remarquable A station commerciale 2 CHAPITRE Ier GEOGRAPHIE ET POPULATIONS INTRODUCTION LES CONFINS OCCIDENTAUX DE LA MAURETANIE CESARIENNE TERRITOIRES OUBLIES DES CHERCHEURS Les territoires ouest de la Maurétanie Césarienne ont très faiblement suscité l’intérêt des chercheurs. Le peu de cas porté par les anciens a-t-il conduit les modernes à ce désintéressement ? Cette partie de l’Algérie n’a connu que de faibles investigations archéologiques, aucune de manière systématique. Pourtant, en y regardant de plus près nous constatons combien ces confins regorgent d’indices historiques antiques. Une reconstitution de la géographie à la lumière des textes anciens nous permettra d’une part de situer l’ensemble des sites certifiés ou supposés dans l’espace géographique ; d’autre part de présenter les différents éléments environnementaux, voire facteurs qui ont conduit à une occupation humaine de ces territoires. Voies d’études : limites géographiques et chronologiques Le territoire des confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne est vaste. Cela nous oblige à imposer des limites1 que nous garderons modulables tout au long de l'étude afin de ne pas obstruer des nouveaux points de vue ou d'autres voies de recherche. Ces limites géographiques sont celles des territoires oubliés des chercheurs. Quant aux limites chronologiques, elles correspondent à une mutation historique. Ainsi, l'étude de territoire comprend une centaine de kilomètres, d'ouest en est, entre l'oued Moulouya et l'oued El Mellah. Les territoires intérieurs occupent un rayon de 70 à 80 km. Les limites longitudinales sont celles des deux fleuves. Quant au sud, il est limité par la noua praetentura, qui est, dans l'état actuel de nos connaissances, la voie la plus au sud des territoires occupés par les Romains. Nous verrons que cette voie ne représente pas forcement la limite, au sens propre du terme, des territoires romains. L’étude de l’occupation romaine ne va pas sans aborder la civilisation libyque. On y retrouve des éléments permettant par exemple de constater et de comprendre le caractère particulier des institutions dans certaines cités africaines romanisées tel que Altava. Cette romanisation s’étend dans le temps du Ier siècle après J.-C. jusqu’au moins au VIIIe siècle marquant l’arrivée de la dynastie des Idrissides au Maroc et mettant fin à une civilisation occidentale. Dans cette étude archéologique nous abordons la géographie physique. La climatologie est basée sur un fait important : le climat antique n'est pas forcement celui d'aujourd'hui sans être complètement différent. Il détermine la vie des hommes et des animaux. Ces derniers déterminant eux-mêmes celle des hommes. L’étude de la faune et de la flore aide à la reconstitution environnementale. L’étude des espèces est un moyen de reconstituer le climat à la période antique, et d'approcher les conditions matérielles de vie (cultures, nourriture, artisanat, pêche, élevage). Ces informations proviennent en grande partie des auteurs anciens. La géologie permet de situer la provenance de certains matériaux et métaux, peut-être même de repérer de probables ateliers romains puisque ces derniers sont souvent installés près du gisement ; nous le verrons notamment pour les carrières. L'épigraphie est largement abordée. Les inscriptions latines de ces confins sont très nombreuses, c'est pourquoi nous les sélectionnons selon nos besoins. L'onomastique, permettant de déterminer les différentes origines ethniques, fait partie de cette étude épigraphique, notamment lorsqu’il s’agit de constater l’origine ethnique des soldats. L'aspect artistique s'inscrit dans l'étude épigraphique et dans celle des objets archéologiques car il permet d'établir des critères stylistiques servant à la datation de certaines inscriptions et de certains objets archéologiques. La stylistique est aussi un moyen de déterminer les différentes classes sociales, selon la finesse de forme et la richesse de décors. La numismatique est importante car elle aide à déterminer les voies commerciales, puis à comprendre les rapports existant entre différentes, localités, régions, territoires…. Elle permet de situer chronologiquement des objets trouvés avec les monnaies. Cette matière ne fera en fait l'objet que de remarques ponctuelles. La raison 1 Dans cette introduction, le terme limite exprime une délimitation des territoires des confins, dépendante de nos possibilités de recherche. Nous verrons dans la suite de l’étude, qu’au-delà de cette présentation, les limites territoriales [limes] ont un sens plus scientifique. 3 CHAPITRE Ier GEOGRAPHIE ET POPULATIONS principale en est que les témoignages monétaires ne sont pas accessibles. Il n'est même pas possible d'en établir un inventaire, car beaucoup de ces monnaies ont aujourd’hui disparu. La toponymie a son intérêt dans la localisation des sites romains. Nous le verrons pour des sites comme Tepidae, lieu où il n'y eut aucune investigation, aucune découverte, mais dont le nom indique la présence de thermes romains ; ou encore Pomaria dont le toponyme laisse entendre un espace vert, abondant en eau. Mais cette science laisse apparaître, dans d'autres cas des difficultés ; prenons l’exemple de Nédroma, dont le sens reste indéterminé et dont le toponyme est attesté par les auteurs arabes de l'époque médiévale. La toponymie est également un recours pour l'étude historique de l'évolution d'une localité ou tout simplement pour la définition de cette localité. Ainsi nous verrons qu'un poste militaire porte souvent, comme toponyme, le nom de la troupe qui l'occupe. L'aspect ethnologique est indispensable pour l'étude des sites, car elle se base sur l'analyse des tribus maures, à savoir leur nom et leur position. Ces tribus entrent dans un contexte historique dont nous constaterons l'importance. Historiographie : Documents antiques et médiévaux Les premières sources faisant état des confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne, sont bien entendu celles qui furent établies durant ces temps anciens. Ces sources remontent au plus tôt dans l'Antiquité latine, au Ier siècle av. J.-C. Mais nous constaterons qu’il faut très souvent considérer les sources qui traitent de l'Afrique en général, les confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne n'ayant que faiblement intéressé les anciens. L'étude géographique de ces confins nous oblige à remonter davantage dans le temps, et à prendre en compte les écrits des auteurs grecs comme Hérodote, géographe historien du Ve siècle avant J.-C., qui est une source incontournable dans la conception géographique de l'Afrique. Même si ses descriptions ne concernent pas les confins ouest de la Maurétanie Césarienne, elles leur sont applicables. Ces auteurs antiques sont d'une aide précieuse dans la reconstitution historique de l'Afrique du Nord, sans laquelle il nous serait très difficile de comprendre le processus de l'implantation romaine, autant en Afrique en général qu'au sein des confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne. Ces derniers témoignent donc de la situation de l'Afrique romaine à leur époque, tout en rapportant des faits qui leur sont antérieurs. Parmi ces auteurs ou travaux nous retrouvons très souvent Hérodote, Polybe, Diodore de Sicile, Tite-Live, Pline l'Ancien, Tacite, Ptolémée, Dion Cassius, l'Itinéraire d'Antonin. Quant aux auteurs chrétiens d'Afrique du Nord, plus tardifs s'appliquent particulièrement à décrire cette Afrique chrétienne. Mais ils font rarement référence à ces confins. L’intérêt d’utiliser les sources des auteurs arabes de la période médiévale, également des historiens, géographes, voyageurs, qui se situent au plus tôt au IXe siècle, vient des descriptions établies par ces auteurs tant pour la localisation des sites que pour l’étude des itinéraires arabes car ils suivent souvent les anciennes voies romaines. Recherches modernes L'intérêt des Européens au cours des XVIIe – XVIIIe siècles pour l'Afrique du Nord antique suit celui de l'antiquité en général. Il est souvent question de voyageurs en quête des mystères de l'antiquité.