Les Paysages Des Marais De Brouage Le Trait De Côte Charentais Au Iième Sècle
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Uh Les paysages des marais de Brouage Le trait de côte charentais au IIème sècle Les paysages des marais de Brouage sont issus d’un processus d’évolution naturelle qui a été considérablement orienté et façon- né par les aménagements et les activités de l’Homme. Ces pay- sages verdoyants de prairies sub-saumâtres et de canaux sont mar- qués par la richesse de leur histoire. A l’apogée de la Transgression Flandrienne, les coteaux qui cernent actuellement les marais de Brouage constituaient alors la bordure continentale de l’ancien golfe de Saintonge. Dès lors, la forme du rivage a considérablement évolué. Un réseau de barrages-écluses contribue à la sé- paration des eaux douces et salées au sein du Le colmatage naturel du golfe par des sédiments d’origine marine complexe hydraulique de Brouage débuté vers le IIème siècle s’est accompagné d’une appropriation progressive de cet espace naturel par l’Homme. Les activités ar- chaïques de chasse, de pêche et de cueillette ont progressivement laissé place au développement de la saliculture, qui a marqué l’es- sor économique de Brouage durant le haut Moyen-Âge. L’achèvement du colmatage naturel de l’ancien golfe, précipi- té par d’importants aménagements hydrauliques réalisé au cours des siècles, a engendré la disparition progressive des salines et leur substitution par un modèle économique d’élevage extensif qui a achevé la transformation des marais salés de Brouage en marais doux desséchés. Le canal de Brouage constitue l’un des grands Le tracé des chenaux de l’ancien golfe de Saintonge, encore vi- canaux évacuateurs des marais de Brouage sible sur les photographies aériennes les plus récentes, est une per- sistance du passé géologique des marais de Brouage. A ceux-ci s’ajoute l’empreinte des anciennes salines, constituées de multiples « jâs » et « bossis », qui autrefois étaient alimentées par les chenaux de l’ancien schorre. Les paysages des marais de Brouage conservent ainsi les marques de l’intense processus de mutation pluri-séculaire témoignant de cette histoire singulière. Il convient néanmoins de souligner que ces dernières décennies, les marais ont subi ponctuellement de nou- velles mutations du fait de l’aplanissement des jas et des bosses et du comblement de fossés pour la céréaliculture (en particulier à Moëze). Succession de jâs et de bossis au pied de « L’Île Bordeaux », vestiges des anciens marais salants 52 PLAN LOCAL D’URBANISME DE MOËZE | PIECE N° 1 RAPPORT DE PRESENTATION Uh Les traces des anciens marais salants, très visibles dans les paysages Selon les photographies aériennes, les paysages des marais actuels, permettent de donner toute leur dimension patri- des marais de Brouage conservent les vestiges moniale à ces marais de Brouage. des anciens marais salants aménagés dans l’an- cien schorre issu du colmatage du golfe marin. Les activités pastorales qui se sont substituées aux anciens marais sa- lants poursuivent, depuis le XIXème siècle, le développement écono- Ces paysages sont aujourd’hui constitués de mique de ces marais. Il apparaît donc crucial de garantir le maintien grandes étendues de prairies naturelles animées de ces activités agricoles afin d’assurer la pérennité de ces pay- par les micro-reliefs des anciennes salines, et ryth- sages de marais, susceptibles d’être menacés par la déprise. més par des écrans végétaux (haies de Tarmaris, Frênes, boisements rivulaires...). Face à ce danger, il est nécessaire que l’action des agriculteurs soit relayée par des organismes d’intérêt collectif, tel que le Conserva- Vestige d’un chenal aménagé en toire du Littoral et des Rivages Lacustres ou le Conservatoire Régional canal d’évacuation des eaux des des Espaces Naturels, disposant de prérogatives d’acquisition fon- anciens bassins salicoles cière et de gestion. Il convient aussi d’évoquer le rôle de la réserve naturelle de Moëze-Oléron dans la gestion de ces paysages. Ancien bassin salicole restant en eau durant l’année, alimenté par le réseau hydrographique Prairie naturelle constituée sur l’an- cien marais salant : succession de jas, bossis et baisses en eau durant l’hiver Ancienne saline (jas) reconver- Haie de Tamaris délimitant un Butte constituée des matériaux sédimen- tie en prairie naturelle, pouvant ancien bassin et contribuant à taires issus du creusement des bassin sali- être ponctuellement en eau du- organiser les paysages coles (bossis) rant l’hiver Vue sur les marais depuis le promontoire de l’île de Moëze, entre « Thionnet » (Moëze) et « Beaumont » (Beaugeay) Succession de jâs et de bossis au pied de « L’Île Bordeaux », vestiges des anciens marais salants PLAN LOCAL D’URBANISME DE MOËZE | PIECE N° 1 RAPPORT DE PRESENTATION 53 Uh Les marais de Brouage véhiculent des ambiances paysagères très singulières et riches. Ces paysages de marais sont marqués par leur platitude et leur caractère globalement ouvert, générant une grande ouverture des horizons. Ces paysages n’en demeurent pas moins animés par de très nombreux motifs, telles que les formes irrégulières des prairies où l’on devine l’existence d’anciens marais salants. De même, des lignes bocagères se dessinent dans ces horizons plats et contribuent à leur organisation. Très régulièrement les vues s’arrêtent également sur des bandes de grands hélo- phytes à travers lesquelles se devinent les nombreux canaux contribuant à drainer les marais. Cette végétation humide participe fortement à la symbolique des ma- rais et témoignent de leur grande richesse floristique. La Taillée de la Salle Le cycle de l’eau, très influent sur les caractéristiques de ces paysages, contri- buent à leur grande évolution saisonnière. En effet, la sécheresse estivale alterne avec les périodes de crues automnales et hivernales, occasionnant le recouvre- ment des micro-dépressions (baisses, anciens bassins salicoles). Le complexe hydraulique des marais, marqué par une profusion de bras d’eau, contribue à organiser plus ou moins rigoureusement l’ancien golfe. Les grands ca- naux évacuateurs génèrent des lignes artificielles quelque peu banales, rompues par le réseau secondaire constitué d’une multitude de petites ramifications sou- vent très sinueuses. En résulte une grande richesse et une réelle singularité de ces paysages. Ces qualités paysagères méritent ainsi pleinement l’établissement du site classé de Brouage opéré par décret le 13 septembre 2011. Des paysages verdoyants encadrés par des canaux et des roselières Les marais du « Cloine » et leurs anciens bassins salicoles occupées par des baisses 54 PLAN LOCAL D’URBANISME DE MOËZE | PIECE N° 1 RAPPORT DE PRESENTATION Uh On notera que la ferme pédagogique de « Plai- sance », siège du « Pôle Nature » de la Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron, se situe sur la commune voisine de Saint-Froult à courte distance de la limite nord de la commune. Cette ferme pédagogique est à découvrir par le sentier des « Sablières », qui débute sur Moëze dans les environs de « L’Île Bordeaux ». Il s’agit d’un lieu de grand intérêt sur le plan touristique, à mettre en valeur. Dans le secteur des polders de Brouage (« Le Le sentier des Sablières et son étang, un site d’intérêt majeur La Taillée de la Salle Jas Neuf », « Le Grand Jas »), on remarquera pour la découverte pédagogique des marais de Brouage des vues discrètes sur le clocher de l’église de Moëze, dissimulé dans l’horizon plan et dégagé. 2 3 2 Des paysages lointains de marais où s’impose le clocher de l’église Saint-Pierre de Moëze Les polders du « Jas Neuf », un paysage typique de marais desséché rigoureusement organisé par de grands canaux évacuateurs PLAN LOCAL D’URBANISME DE MOËZE | PIECE N° 1 RAPPORT DE PRESENTATION 55 Uh Le PLU de Moëze doit contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel en veillant à limiter strictement les possibilités de construire dans l’espace des ma- rais, y compris à des fins d’usage agricole. Ces paysages de marais littoraux, exceptionnels de par leur nature, sont égale- ment synonymes de danger au regard du risque de submersion marine. Il est donc capital de maintenir leur caractère naturel et de ne pas entraver le fonctionne- ment hydraulique de la zone humide. Les marais de Loubresse entre Moëze et Brouage (source : BD ORTHO, BD TOPO) Loubresse (8 mètres NGF), une an- Les polders du « Grand Jas », à 1 kilomètres du rivage de Moëze cienne île du golfe de Saintonge Les « prises » (en 1 et 2 mètres NGF) gagnées sur les anciens marais sa- lés de Brouage, aujourd’hui consa- crées à l’élevage La Pointe du Ras, un petit relève- ment rocheux du plateau consti- tuant un promontoire naturel sur les marais Le canal des « Collants », marais de Moëze Les marais de « Mérignac » et le clocher de l’église de Moëze, aux environs des « Collants » 56 PLAN LOCAL D’URBANISME DE MOËZE | PIECE N° 1 RAPPORT DE PRESENTATION Uh La perception de la citadelle de Brouage depuis Moëze La citadelle de Brouage est un monument de grand intérêt sur le plan paysager et architectural, justifiant l’établissement de deux sites inscrits et classés. La citadelle tient ses origines dans la création d’un port à l’entrée du chenal de Brouage au XVIème siècle. Ce port est ensuite fortifié pour assurer la défense militaire du chenal et des salines de Brouage. Le comblement sédimentaire du chenal et des marais précipite le déclin de la citadelle. Il s’agit aujourd’hui d’un site touristique de renom, contribuant au rayonnement national des marais de Brouage. La citadelle et son port se localisent à proximité de la limite sud de Moëze, des- Les polders du « Grand Jas », à 1 kilomètres du rivage de Moëze sinée par le chenal de Brouage. Depuis la commune, on profite de vues ponc- Vue rapprochée sur le port de Brouage, au pied de l’enceinte de la citadelle tuelles sur les remparts de la citadelle depuis la RD 3 (entrée nord de Brouage) et le secteur du « Liageux ».