Fleurs De Galilée (Recueil D’Articles 2001-2002)
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Israel Adam Shamir Fleurs de Galilée (Recueil d’articles 2001-2002) Traduction française par les amis de Shamir http://www.israelshamir.net/French/fleursdegalilee.html Table des Matières Avant-propos 003 Pourquoi je défends le droit au retour des Palestiniens 004 Partie 1 – ‘L’état’ (d’esprit) 006 – Les oliviers d’Abour 016 – La pluie verte de Yassouf 018 – Ode à Farès ou le retour du Chevalier 028 – La bataille de Palestine 032 – La ville de la lune 034 – Ce qui s'est vraiment passé au tombeau de Joseph 037 – Première pierre de la violence 040 – La tresse du baron 045 – L’invasion 050 – Convoi pour Bethléem 053 – Les héros de la dernière chance 056 – Les collines de Judée 059 Partie 2 – La Galilée en fleurs 061 – Le réservoir de Mamilla 064 – Avril est le mois le plus cruel 071 – Encore un plan de paix 074 Partie 3 – L’épreuve était décisive 076 – Le viol de Dulcinée 079 – La rengaine des deux Etats 081 – Le fou d’été et le fou d’hiver 087 Partie 4 – Elle est vraiment impossible cette petite sœur ! 090 – La nouvelle complainte de Portnoy 091 – Dans une certaine mesure 097 – Le bal des vampires 100 – Banquiers et voleurs 104 – 27 juillet, Fête de Saint Firmin 111 – Le nigaud de service 115 – Le prince charmant 117 – Orient Express 125 – Derniers feux de l’été 127 Partie 5 – Une Medina yiddish 132 – Les Sages de Sion et les Maîtres du Discours 153 – Les Juifs et les Protocoles 158 – Une cour assidue mais vaine 162 – La vague de réfugiés est en marche 166 – Le moineau et le scarabée 175 Partie 6 – Guerriers et gynécée 181 – L’empoisonnement des puits 186 – Fantôme de terreur 189 – Halloween à Bali 191 – Le Sultan et le Satan islamique 193 – Prends l’oseille et tire-toi 196 – Pourquoi ? Et comment 199 Partie 7 – La Troisième colombe 202 – Choisir plutôt qu’être choisi 206 – Déconstruction de la judéité 209 – Les jumelles de Madame Klein 213 – L’étrange argument de Jared Israël 215 – Le bouclier humain 218 – Les meurtres d’enfants et le rabbin Lerner 221 Partie 8 – Ode à Cynthia 223 – Guerre et paix 226 – Diviser pour régner 228 Conclusion – Une paix séparée 234 Sur l’auteur 236 Remerciements 238 Avant-propos Les articles rassemblés ici ont été écrits en 2001-2002, dans la vieille ville portuaire de Jaffa sur la côte orientale de la Méditerranée, pendant la seconde Intifada, ‘Intifada Al-Aqsa’, mais ils ne se bornent pas à interpréter les événements de Palestine. La guerre en Terre sainte y est présentée comme la pièce centrale du combat d’idées à l’échelle mondiale, dans le contexte moderne décisif que définissent l’influence grandissante des Juifs américains, le déclin de la gauche, la montée de la globalisation libérale, les premiers pas du mouvement anti-globalisation, et la troisième guerre mondiale des Etats-Unis contre le Tiers monde. C’est une tentative hardie pour relier plusieurs fils conducteurs, dans les domaines politique, théologique, militaire et social, et pour forger des concepts novateurs, fournissant de nouveaux outils d’analyse et d’action. Tout en visant la libération de la Palestine, l’auteur espère contribuer aussi à une libération plus ambitieuse, celle du discours public. Ces articles tentent de prouver qu’il existe un lien intrinsèque entre les deux mouvements de libération. Celle de la Palestine pourra se réaliser par la victoire de l’éblouissante mosaïque qu’est le monde sur la grisaille de la globalisation rampante, par la victoire de l’esprit sur Mammon, par la démocratisation du discours global, par l’élimination de la disparité des richesses, et par l’unité dialectique de la gauche et de la droite. Mais cela pourrait se produire d’une autre façon : à partir du moment où la Palestine deviendra libre, le discours sera libéré dans la foulée, la globalisation sera battue en brèche, et les revenus seront plus équitablement répartis. Dans ces articles, la Palestine est perçue comme un modèle réduit du monde. Des forces sont en jeu qui visent l’élimination de la population autochtone, la destruction de ses églises et mosquées, la dévastation de sa nature. Mais il y a également des forces, matérielles et spirituelles, nouvelles et anciennes, qui s’y opposent, et elles font converger les meilleurs hommes et femmes vers la bataille pour la Palestine. C’est aussi une histoire d’amour. Je suis (laissons de côté l’hypothétique ‘auteur’ neutre) profondément amoureux de la Terre promise, de ses maigres cours d’eau, de ses oliviers et de son peuple, les Palestiniens natifs et adoptifs. Cette terre est toujours capable de relier l’homme et l’esprit par la vertu de ses tombeaux antiques et de sa nature unique. La chute de la Terre sainte créerait un point de non-retour pour l’humanité, signifierait l’asservissement total de l’homme par les forces de domination. Notre victoire libérera le monde. Israel Shamir, Jaffa. Page | 4 Pourquoi je défends le droit au retour des Palestiniens La Palestine n’est pas quelque chose de mort, c’est un pays vivant. Les Palestiniens en sont l’âme. La Palestine est ce que les Palestiniens sont en train de recréer en temps réel, de la même façon que la France est ce que les Français créent et recréent chaque jour. C’est une grave confusion que d’imaginer qu’on peut aimer la France et détester les Français. Quelle sorte de France pourrait-il exister sans l’âme française ? Seuls des touristes bornés en provenance de pays riches, harcelés par les mendiants, préfèrent rester enfermés dans des hôtels chics d’où ils peuvent admirer le pays sans rencontrer les autochtones. C’est comme si on aimait une belle dame en haïssant son âme. Aimer un pays et souhaiter la disparition de ses habitants relève d’une sentimentalité nécrophile. Le penseur russe Lev Gumilev considère que la réalité d’un pays consiste en une symbiose de ses habitants et du paysage. La Palestine et les Palestiniens sont inséparables, les paysans et leurs oliviers, les sources et les dômes des tombeaux ancestraux au sommet des collines ont besoin les uns des autres, et c’est pour se compléter qu’ils se sont rassemblés là. Les Palestiniens ne sont pas un peuple obscur. Ils ont créé L’Etoile de Ghassul, rédigé la Bible, édifié les temples de Jérusalem et de Grizim, les palais de Jéricho et de Samarie, les églises du Saint-Sépulcre et de la Nativité, les mosquées de Haram al Charif, les ports de Césarée et d’Akka, les châteaux de Monfort et de Belvoir. Ils ont marché avec Jésus, vaincu Napoléon et combattu bravement à Karameh. Dans leurs veines s’est mêlé le sang des guerriers Egéens, de Bene Israël, des héros de David, des premiers apôtres du Christ et des compagnons du Prophète, des cavaliers arabes, des croisés normands et des chefs turcs. Leur flamme ne s’est pas éteinte : la poésie de Mahmoud Darwich, la lucidité d’Edward Saïd, l’huile d’olive parfaite, la ferveur de ceux qui prient et le formidable courage de l’Intifada le prouvent. Sans les Palestiniens, la Palestine meurt. L’eau de ses rivières est empoisonnée, les sources se tarissent, les collines et les vallées sont défigurées, ses champs sont travaillés par des Chinois importés, et ses enfants sont emprisonnés dans des ghettos. L’idée d’un Etat juif distinct s’est effondrée. Au long des dix dernières années, la politique aberrante du gouvernement israélien a provoqué l’afflux de plus d’un million de Roumains, de Russes et d’Ukrainiens, de travailleurs thaïlandais et africains. Certains d’entre eux prétendent avoir des origines juives ; des tribus péruviennes, des Indiens d’Assam et une vague interminable de réfugiés d’Union soviétique sont apparus. Maintenant l’Agence juive projette d’importer une tribu lambda d’Afrique du Sud, afin de renforcer le caractère juif de l’état. Paradoxalement, ceux qui cultivent encore quelques traditions juives sont isolés dans l’état juif, comme ce fut le cas pour Yeshayahu Leibovich, ou ont été emprisonnés comme le Marocain juif rabbi Arie Der’i. Le rêve de rassembler les Juifs s’est brisé contre le réel. Nous devons en finir avec nos illusions. Laisser les fils et filles de Palestine rentrer chez eux et reconstruire Suba et Kakun, Jaffa et Akka. Au lieu de consacrer la Ligne verte, démolissons-la et vivons ensemble, enfants de Palestine, ou des colons de la première heure, ou de Marocains et de Russes. Nous devrions vivre dans un seul pays, et pas seulement à cause de l’échec patent d’Oslo. C’est l’idée même de partition qui est erronée. Nous pouvons suivre l’exemple de la Nouvelle Zélande, où les immigrants européens vivent avec les Maoris natifs, et l’exemple de l’Afrique du Sud de Nelson Mandela, et celui de la Caraïbe, où les fils des colons espagnols, des esclaves africains et des indigènes amérindiens ont fusionné pour donner lieu à une splendide race nouvelle. Déchirons nos déclarations de fausse indépendance pour en écrire une nouvelle, une déclaration de dépendance et d’amour. Page | 5 Partie 1 ‘L’Etat’ (d'esprit) 14 décembre 2001 I Les coteaux escarpés du Wadi Keziv, dans l'Ouest de la Galilée, sont couverts des petits chênes trapus de la région et de buissons épineux. Les lauriers-roses et les cyprès se mirent dans de petites vasques alimentées par des sources. J'aime ce canyon coupé de tout. Durant les chaudes journées d'été, on peut s'y cacher dans des grottes profondes et alambiquées et s'étendre dans des eaux limpides et fraîches, guettant le daim qui viendra s'y abreuver ou rêvant à quelque nymphe.