Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique

Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts

Sous la direction de / Edited by Marie-Yvane Daire, Catherine Dupont, Anna Baudry, Cyrille Billard, Jean-Marc Large, Laurent Lespez, Eric Normand and Chris Scarre

Avec la collaboration de / With the collaboration of Francis Bertin, Chloé Martin et Kate Sharpe

BAR International Series 2570 2013 Published by

Archaeopress Publishers of British Archaeological Reports Gordon House 276 Banbury Road Oxford OX2 7ED England [email protected] www.archaeopress.com

BAR S2570

Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes de l’Europe Atlantique / Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts

© Archaeopress and the individual authors 2013

ISBN 978 1 4073 1191 3 pour citer ce volume / how to cite:

Daire M.Y., Dupont C., Baudry A., Billard C., Large J.M., Lespez L., Normand E., Scarre C. (dir.), 2013. Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts / Anciens peuplements littoraux et relations Home/Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique. Proceedings of the HOMER 2011 Conference, Vannes (France), 28/09-1/10/2011. British Archaeological Reports, International Series 2570, Oxford: Archaeopress.

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eOLVDEHWK5,'(/ &HQWUH1DWLRQDOGHOD5HFKHUFKH6FLHQWL¿TXH&HQWUHGH5HFKHUFKHG¶+LVWRLUH4XDQWLWDWLYH 8QLWp0L[WHGH5HFKHUFKH  3{OHPDULWLPH 0DLVRQGHOD5HFKHUFKHHQ6FLHQFHV+XPDLQHV 8QLYHUVLWpGH&DHQ)UDQFH

Les Vikings sont bien connus pour avoir été les Orcades meilleurs navigateurs de leur temps. Ils avaient conçu des navires très performants, souples et rapides, qui leur e d ri b é permettaient d’effectuer des navigations côtières aussi Hs bien que hauturières. S’ils ont considérablement innové HQ VH ODQoDQW j O¶DVVDXW GH O¶$WODQWLTXH1RUG SDU GHV Skye navigations régulières qui forcent encore l’admiration, ÉCOSSE on oublie sans doute trop souvent qu’ils naviguaient DXVVLOHORQJGHVF{WHVFRPPHODSOXSDUWGHVPDULQVj FHWWH pSRTXH 0RLQV VSHFWDFXODLUH TXH OHV WUDYHUVpHV hauturières, la navigation côtière n’était pas pour autant sans danger, car il fallait éviter les risques représentés par les courants, les récifs et les hauts-fonds, sources MAN GHQRPEUHX[QDXIUDJHVjO¶DSSURFKHGHVF{WHV3RXUFH IRLANDE Anglesey IDLUHLOpWDLWQpFHVVDLUHGH©PDUTXHUªDXVHQVPDULWLPH du terme, le paysage maritime en donnant des noms

DX[SRLQWVUHPDUTXDEOHVOHVDPHUVD¿QG¶pWDEOLUXQH ANGLETERRE VRUWHGHFDUWHPHQWDOHTXHO¶RQVHWUDQVPHWWDLWDX¿OGHV PAYS DE GALLES navigations et de génération en génération. La première Lundy cartographie maritime était donc orale, fondée sur la E LL AI OU RN PpPRLUH GHV QRPV TXL ¿JXUHURQW ELHQ SOXV WDUG GDQV CO les routiers des mers et les pilotes côtiers, puis sur les Les Sorlingues cartes du littoral et les cartes hydrographiques (Chapuis Aurigny  9pULWDEOHV©PDUTXHVªGHQDYLJDWHXUVOHV Guernesey WRSRQ\PHVF{WLHUVjYDOHXUWRSRJUDSKLTXHSHXYHQWDLQVL Jersey NORMANDIE constituer les vestiges d’un ancien balisage oral du littoral et de l’espace maritime.       KM ¹ #2(1#.23 5-2 ¡LISABETH2IDEL -ICHEL$AEFFLER (Q¿QVQDYLJDWHXUVTX¶LOVpWDLHQWOHV9LNLQJVRQWGRQQp Figure 1. Répartition des toponymes côtiers d’origine scandi- beaucoup de noms aux caractéristiques qui parsèment QDYHHQ(XURSHGHO¶2XHVW'¶DSUqV5LGHO les côtes et les mers qu’ils ont fréquentées dans leur H[SDQVLRQHQ(XURSHHWDXGHOj ¿QqPHGpEXWqPH le littoral de la Hague, dans le nord-ouest du Cotentin, siècle AD). Plusieurs passages de la Saga d’Éric le OLPLWp j VRQ VHXO SURPRQWRLUH Gp¿QL SDU OHV YDOOpHV GH Rouge insistent particulièrement sur la nécessité de Landemer et de Vauville I. QRPPHUOHSD\VDJHPDULWLPHD¿QGHSRXYRLUVHUHSpUHU HWGHUHWURXYHUVHV©PDUTXHVª)DXWHG¶XQHFRORQLVDWLRQ VXLYLH HQ$PpULTXH GX 1RUG FHV WRSRQ\PHV Q¶RQW SX NAVIGATION ET MARQUES DE NAVIGATEURS rWUHWUDQVPLVMXVTX¶jQRVMRXUVHWVHXOHO¶°XYUHOLWWpUDLUH en a conservé le souvenir. Plus proches de nous sont les La navigation par les amers est probablement l’une des plus marques laissées par les Vikings sur les côtes de Grande- DQFLHQQHV WHFKQLTXHV GH QDYLJDWLRQ XWLOLVpH j O¶DSSURFKH %UHWDJQH G¶,UODQGH GH 1RUPDQGLH HW GHV vOHV $QJOR des côtes. Il s’agit d’une navigation relative où l’on se 1RUPDQGHVF¶HVWjGLUHGDQVOHVDQFLHQVpWDEOLVVHPHQWV VLWXH SDU UDSSRUW j GHV SRLQWV FDUDFWpULVWLTXHV GX OLWWRUDO qu’ils avaient fondés en Occident (Figure 1). On peut Si elle s’appuie beaucoup de nos jours sur la signalisation HQ HIIHW UHWURXYHU OHV PrPHV pOpPHQWV HW IRUPDWLRQV maritime moderne (phares et balises), elle utilise encore les toponymiques des îles Shetland jusqu’aux rivages et amers naturels. Entretenant dans leurs pays d’origine des vOHVGHOD0DQFKH 5LGHOD &HVRQWFHV liens privilégiés avec le milieu marin, les Vikings avaient vestiges linguistiques que nous étudierons en détail sur développé au sein de leur langue, l’ancien scandinave, un

 HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES vocabulaire d’une très grande précision pour détailler les de la terre (land- O¶DPHUªVXEVWDQWLITXLHVWDWWHVWpGDQV caractéristiques du littoral et de l’espace maritime. Cette GHX[VDJDVLVODQGDLVHV &OHDVE\HW9LJIXVVRQ  richesse lexicale est bien représentée dans la toponymie De nos jours, Landemer est le nom d’un hameau situé maritime des anciennes fondations scandinaves d’Europe HQ VXUSORPE GH OD IDODLVH j O¶H[WUpPLWp GH OD YDOOpH GX GHO¶2XHVW(Q1RUPDQGLHWRXWHIRLVVHXOVOHVULYDJHVGX9DO Hubiland, où un ruisseau se transforme en cascade pour GH6DLUHHWGHOD+DJXHGDQVOH1RUG&RWHQWLQRIIUHQWGH VHSUpFLSLWHUGDQVODPHU *LUDUG &RPPHVRQ WHOVYHVWLJHV /HSHOOH\5LGHOE &HVGHX[ étymologie l’indique, Landemer était un point de repère régions normandes présentent des différences notoires d’un j WHUUH FRQVWLWXp j OD IRLV SDU OH UXLVVHDX GX +XELODQG point de vue topographique : les côtes du Val de Saire sont mais aussi par la rupture paysagère qui existe entre la plates, tandis que la Hague se caractérise par des falaises qui F{WH VDEOHXVH G¶8UYLOOH1DFTXHYLOOH HW OHV IDODLVHV GH sont parmi les plus hautes d’Europe. Les Vikings possédaient Gréville. Deux autres toponymes en -merVRQWjPHWWUH XQH©ELEOLRWKqTXHªLPSUHVVLRQQDQWHGHWHUPHVQDXWLTXHV en rapport avec des indentations particulières du littoral. HW LO HVW pYLGHQW TX¶LOV DGDSWDLHQW OHXU QRPHQFODWXUH j OD 8Q JURV PRQW VXU OH ULYDJH G¶eFXOOHYLOOH SRUWH OH QRP FRQ¿JXUDWLRQGHVSD\VDJHVTX¶LOVIUpTXHQWDLHQW de Hudemer  LO HVW YUDLVHPEODEOHPHQW FRPSRVp DYHF le substantif hæð I  © KDXWHXU ª HW VLJQL¿HUDLW GRQF Plusieurs points remarquables du promontoire de © OD PDUTXH GH OD KDXWHXU ª 6XU OH ULYDJH GH 6DLQW la Hague, hauteurs, caps, rochers, ont reçu des Germain-des-Vaux, le plan du cadastre napoléonien daté GpQRPLQDWLRQV VFDQGLQDYHV )LJXUH   &HUWDLQHV GH VHFWLRQ& QRWHXQHDYDQFpHGHWHUUHGXQRP LQFRUSRUHQWOHWHUPHPrPHGH©PDUTXHªTXLVHGLVDLWHQ d’Étrumer. Ce toponyme, qui est employé au pluriel par ancien scandinave merki (n.). Ce substantif a donné deux OHVSrFKHXUVHVWFRPSRVpGXVXEVWDQWLIVWU~WU (m.), « sorte SURGXLWVHQODQJXHG¶RwOVHORQVRQHPSORL II : en emploi GHFDSXFKRQSURWXEpUDQWEHFªELHQUHSUpVHQWpGDQVOD autonome et comme élément secondaire, il prend la forme toponymie islandaise pour décrire des falaises (Cleasby merque et en composition comme élément primaire, il HW9LJIXVVRQ (QUHYDQFKHMerquetot est le VH UpGXLW j mer VXLWH j O¶HIIDFHPHQW SURJUHVVLI GH OD VHXOQRPjLQFRUSRUHUmerki comme élément secondaire, V\OODEH¿QDOH,OIDXWVDYRLUHQHIIHWTXHOHVWRSRQ\PHV le premier étant le substantif topt I ©SDUFHOOHEkWLHRX et les mots lexicaux scandinaves ont évolué en langue jEkWLUª&HQRPGpVLJQHXQKDPHDXORFDOLVpjSUR[LPLWp G¶RwO VHORQ GHV UqJOHV PRUSKRORJLTXHV HW SKRQpWLTXHV d’une hauteur de 144m, située dans le prolongement du SUpFLVHV 5LGHO   $LQVL Landemer vient-il 5XLVVHDXGX0RXOLQTXLVHMHWWHGDQVODEDLHG¶eFDOJUDLQ d’un composé landa-merki (n. pl.), « la marque (merki)

Figure 2.7RSRQ\PHVGHIRUPDWLRQVFDQGLQDYHGpVLJQDQWGHVDPHUVGDQVOD+DJXH&DUWHeOLVDEHWK5LGHOHW0LFKHO'DHIÀHU GHO  &156&5+4 8058QLYHUVLWpGH&DHQ 

 NAVIGATIONS - NAVIGATION, RIDEL ; LES « MARQUES » DES VIKINGS. ÉTUDE DE TOPONYMIE LITTORALE...

Les hauteurs et les promontoires constituaient sans nul de forme allongée, qui délimite un petit havre nommé la doute les marques les plus visibles pour les navigateurs. 0DUH/DJUDSKLHLonguesqué attestée sur les cartes des Certains gardent les traces de marins scandinaves venus qPHHWqPHVLqFOHV$'VXJJqUHXQQRPGHIRUPDWLRQ d’Angleterre, qui ont entraîné dans leur sillage des Anglo- entièrement scandinave, composé avec l’adjectif langr, 6D[RQV&HSKpQRPqQHPLJUDWRLUHjSDUWLUGHVDQFLHQQHV ©ORQJªHWTXLFRUUHVSRQGH[DFWHPHQWDXQRPGHURFKHU FRORQLHVYLNLQJVGHVvOHV%ULWDQQLTXHVHVWELHQDWWHVWpHQ /RQJD6NHUU\DX[vOHV6KHWODQG :DXJK /HV 1RUPDQGLHSDUOHVVRXUFHVGRFXPHQWDLUHVO¶DUFKpRORJLH %UpTXHWV Bresquet   IRQW pJDOHPHQW SDUWLH GH FHV O¶RQRPDVWLTXH HW OH OH[LTXH 5LGHO    'DQV WRSRQ\PHVUHSRVDQWVXUXQDGMHFWLIjYDOHXUGHVFULSWLYH,O la Hague, des toponymes comportant -heu j OD ¿QDOH V¶DJLWGHGHX[JURVURFKHUVDXODUJHGH-RERXUJHWYLVLEOHV s’expliquent beaucoup mieux par l’anglo-saxon que jSDUWLUGXVHQWLHUGHVGRXDQLHUV )LJXUH /¶XQGHVGHX[ l’ancien scandinave. On mentionnera le nom de la Pointe HVWSDUWLFXOLqUHPHQWLPSRVDQWHWF¶HVWSUREDEOHPHQWjFH Jardeheu (Jerdeheuc   FRPSRVp GH O¶DQJORVD[RQ dernier que s’est appliquée la dénomination de breið-sker, KǀJK, variante de KǀK P  © KDXWHXU FDS ª HW TXL HVW « le large (breið  UpFLI ª /D GHUQLqUH FDWpJRULH pWXGLpH précédé du substantif scandinave jörð © WHUUH ª JpQLWLI HVWOLpHjODSRVLWLRQGHVURFKHUV/HVHuquets semblent jarðar) III-DUGHKHXVLJQL¿HGRQF©ODSRLQWHGHWHUUHª,O avoir été nommés en fonction de leur situation en mer par s’agit d’un petit cap qui a la forme particulière d’un talon rapport au promontoire de la Hague. Ce sont des groupes s’avançant dans la mer, ce qui correspond parfaitement au GHURFKHUVTXLVRQWWUqVDXODUJHGH-RERXUJRXGH9DXYLOOH sens que peut prendre l’élément KǀJK dans la toponymie selon le point de repère que l’on décide de prendre. Le DQJODLVHGXOLWWRUDO %RVZRUWKHW7ROOHU 8QH nom est vraisemblablement composé avec la préposition éminence de 114m du nom de Trente-Heu (variante ~W©HQGHKRUVªGpQRWDQWDLQVLODSRVLWLRQGHFHVURFKHUV 7UHQWHKHX  VLWXpH j eFXOOHYLOOH D SX pJDOHPHQW VHUYLU qui sont les plus au large de la Hague. G¶DPHU DX[ QDYLJDWHXUV /H PRW SDUDvW rWUH HQWLqUHPHQW d’origine anglo-saxonne et pourrait incorporer en élément secondaire le substantif trendel P ©FHUFOHDQQHDXª OHVHQVJpQpUDOGH©KDXWHXUFLUFXODLUHªV¶DFFRUGDQWELHQ avec la topographie du lieu. Il faut aussi mentionner Tourneheu TXL HVW OH QRP G¶XQ FDS j 6DLQW*HUPDLQ des-Vaux, dénomination qui n’est plus attestée que par OH FDGDVWUH QDSROpRQLHQ GH  VHFWLRQ &  PDLV TXL est encore connue des habitants. Elle est probablement composée avec le substantif scandinave ou anglo-saxon þorn P ©pSLQHª

8QDXWUHSRLQWUHPDUTXDEOHGXSD\VDJHHVWUHSUpVHQWpSDU XQJURVURFKHUjWHUUHTXLV¶pOqYHjHQYLURQP,OV¶DJLW de la roche Gélétan, qui domine toute la côte de Saint- *HUPDLQGHV9DX[9LVLEOHjSDUWLUGHQRPEUHX[SRLQWVGX Figure 3. /HV %UpTXHWV DX ODUJH GH -RERXUJ 3KRWR $XUpOLHQ ULYDJHFHWWHURFKHHVWXQDPHUpYLGHQW/DJUDSKLH-DOOHWLQ Ridel. GHV FDUWHV PDULQHV 6+20   DLQVL TXH OHV IRUPHV anciennes Jalestain  HWJalesteien  UDSSRUWpHV Ces toponymes scandinaves décrivant avec précision SDU*LUDUG  SHUPHWWHQWG¶LGHQWL¿HUOHVXEVWDQWLI l’approche des côtes de la Hague constituent les vestiges d’ancien scandinave steinn P ©URFKHUª G¶XQ EDOLVDJH RUDO TXL D G€ rWUH SOXV LPSRUWDQW 'HSXLV OH 19ème siècle AD, la navigation s’appuyant davantage, voire Les Vikings ont aussi laissé des traces bien perceptibles de HVVHQWLHOOHPHQW VXU GHV DPHUV DUWL¿FLHOV &KDSXLV  leur navigation dans la nomenclature des rochers en mer.  LOVHPEOHpYLGHQWTXHODWRSRQ\PLHDSHUGXQRPEUHGH ,OVRQWHQHIIHWSULVVRLQGHQRPPHUOHVUpFLIVjSUR[LPLWp marques établies par les Vikings. En raison des aménagements GHVF{WHVHWjFHWHIIHWLOVRQWXWLOLVpOHVXEVWDQWLIsker (m.), du littoral (sémaphores, balises) et de son industrialisation qui désigne des rochers ne couvrant jamais totalement. XVLQH$5(9$ LO HVW QRWDPPHQW GLI¿FLOH GH UHWURXYHU OHV &HV URFKHUV SHXYHQW rWUH QRPPpV HQ IRQFWLRQ GH OHXU DOLJQHPHQWVTXLRQWSXrWUHXWLOLVpVjFHWWHpSRTXH couleur, de leur forme ou de leur position. Concernant la première catégorie, on peut relever le nom de Greniquet TXLV¶DSSOLTXHjXQLPSRUWDQWPDVVLIURFKHX[DXODUJHGH Circulations maritimes et échanges linguistiques Goury et qui vient de l’ancien scandinave grœnna-sker, ©OHURFKHUYHUWªFRQVWLWXpDYHFO¶DGMHFWLIgrœnn©YHUWª )DFH j FHV QRPV GRQQpV SDU GHV ORFXWHXUV GH ODQJXH Il existe un équivalent au Pays de Galles sous la forme scandinave, il existe aussi un petit corpus de termes DQJOLFLVpH *UHHQ 6FDU 5LGHO E   &RQFHUQDQW nautiques qui a été adopté par les parlers locaux et qui la forme des rochers, il faut citer les Tataquets, la D SHUGXUp GDQV OHV XVDJHV ELHQ DXGHOj GH OD SpULRGH Longue Équette et les Bréquets. Le premier toponyme viking. Celui-ci témoigne non seulement d’une circulation (Tataqués   V¶DSSOLTXH j WURLV EULVDQWV FRXYUDQW j maritime régulière des Vikings autour de la Hague, mais marée haute, situés au large d’Omonville-la-Rogue, et aussi d’une fusion linguistique et culturelle avec les vient probablement d’un substantif táta I ©PDPHORQª SRSXODWLRQVGHODQJXHG¶RwO qui aurait été donné en raison de la forme arrondie de ces Le substantif scandinave merki (n.) a donné en emploi rochers. Le second toponyme désigne un massif rocheux DXWRQRPHOHSURGXLWGHODQJXHG¶RwOmerque. Il s’agit d’un

 HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

HPSUXQWjODODQJXHGHV9LNLQJVELHQUHSUpVHQWpGDQVOHV tumulus. Il se poursuit en islandais (haugur), norvégien SDUOHUV GH 1RUPDQGLH GqV OH 0R\HQ ÆJH SRXU GpVLJQHU (haug), danois (höj) et suédois (hög) et s’avère bien WRXWHPDUTXHRXVLJQHGLVWLQFWLILODGPHWOHVIRUPHVmerc, représenté dans la toponymie des îles Shetland sous la merche, merq et mersDXSOXULHO 5LGHO 'H forme hjog. Dans le dialecte nordique des îles Orcades, JHQUHIpPLQLQHQSDVVDQWHQODQJXHG¶RwOLOHVWpJDOHPHQW l’ancien scandinave a donné hog, qui a pris le sens attesté sous une forme masculine par le toponyme le VSpFL¿TXH G¶© DPHU ª (Q 1RUPDQGLH haugr aboutit Merquiet, désignant au large d’Omonville-la-Rogue un SKRQpWLTXHPHQW j KRJ DWWHVWp VRXV OD IRUPH ODWLQLVpH rocher couvrant. Le mot existe encore dans les patois du hoga GDQV XQH FKDUWH GXFDOH GDWpH GH  HW VRXV OD 1RUG&RWHQWLQ VRXV OD IRUPH mer HW OHV SrFKHXUV GH OD forme hogeGDQVOHVWH[WHVG¶DQFLHQQRUPDQGGXqPH +DJXHGLVHQWTX¶LOV©SUHQQHQWOHXUVPHUVªTXDQGLOVYRQW VLqFOH$' 5LGHO /HPRWHVWWUqVUpSDQGX HQPHU6XLWHjXQHIDXVVHFRXSHDYHFO¶DUWLFOHGp¿QLOH dans la toponymie pour désigner toutes sortes de hauteurs, mot a été adopté en français standard sous la forme amer où l’on relève nombre de noms de type la Hogue ou la (la mer devenu l’amer), tandis que le forme merque a Hougue et leurs correspondants construits par dérivation donné marque avec un changement de voyelle (Lepelley la Houguette et le Houguet.    4XDQW j O¶pW\PRQ G¶RULJLQH LO VXUYLW DYHF OH VHQVJpQpULTXHGH©PDUTXHªGDQVOHVODQJXHVVFDQGLQDYHV Les parlers locaux ont également hérité de la richesse PRGHUQHVLVODQGDLVHWIpURwHQmerki, norvégien et danois lexicale du vocabulaire des rochers développé par les merke, suédois märke. Il est également attesté en moyen DQFLHQV 6FDQGLQDYHV 6DQV DOOHU MXVTX¶j SDUOHU G¶XQH anglais sous la forme merke. typologie strictement établie, avançons que ces hommes ont su exprimer dans leur langue les subtilités des nuances Concernant les caps et promontoires, les patois locaux ont topographiques des rochers marins. Les îlots ont reçu la intégré deux termes importants : l’ancien scandinave nes dénomination de hólmr P  VXEVWDQWLI ELHQ DWWHVWp j OD (n.) et l’anglo-saxon KǀJK (m.). Le substantif scandinave, ¿QDOH GH IRUPDWLRQV WRSRQ\PLTXHV GH W\SH VFDQGLQDYH TXLV¶DSSOLTXHjWRXWHVRUWHGHFDSHVWDWWHVWpVRXVODIRUPH WHOOHV TXH 7DWLKRX %XUKRX /LKRX RX %UHFTKRX &HW nezSDULQÀXHQFHJUDSKLTXHGXVXEVWDQWLIIUDQoDLV0DLV appellatif a également intégré les parlers locaux sous la GDQVOHVDQQpHVOHVKDELWDQWVGHOD+DJXHIDLVDLHQW forme holme qu’attestent les latinisations holmus et hulmus nettement une différence de traitement phonétique entre GHVFKDUWHVGXqPHVLqFOH$' 5LGHO DYDQW les termes qui désignent l’appendice nasal et le cap : le d’évoluer en home, généralement orthographié homme premier, issu du latin nasum VH SURQRQoDLW QR HW OH par attraction du mot français (latin hominem). Homme VHFRQGQH *LUDUG /Hnez d’origine scandinave est surtout employé sous la forme diminutive hommet est bien attesté dans la toponymie de la Hague, mais aussi (variantes homet, houmet) qui montre l’usage étendu de SOXV JpQpUDOHPHQW GDQV OH GpSDUWHPHQW GH OD 0DQFKH HW FHWDSSHOODWLIGDQVOHVSDUOHUVGH1RUPDQGLH'¶XQSRLQW VXUWRXWGDQVOHVvOHV$QJOR1RUPDQGHV2QQ¶HQUHOqYHSDV de vue sémantique, le substantif scandinave s’est aussi moins de sept occurrences pour la Hague, qui montrent DSSOLTXp HQ SDUWLFXOLHU HQ $QJOHWHUUH j GHV WHUUDLQV que ce terme faisait partie du vocabulaire courant (Figure HQWRXUpVG¶HDXjO¶LQWpULHXUGHVWHUUHV&¶HVWFHVHQVTXH 4). L’appellatif anglo-saxon KǀJK, qui a pris la forme heu, l’on trouve en général dans la toponymie normande, tandis est en revanche plus localisé : en dehors de la Hague où il TXHOHVSDUOHUVGX1RUG&RWHQWLQRQWFRQVHUYpO¶DFFHSWLRQ HVWDVVH]ELHQUHSUpVHQWpTXHFHVRLWHQHPSORLDXWRQRPH SXUHPHQWPDULWLPHG¶©vORWHQPHUªpWHQGXHjGHVPDVVLIV RX GDQV GHV IRUPDWLRQV FRPSRVpHV *LUDUG   rocheux. Ainsi dans le vocabulaire de la Hague, le houmet  RQQHWURXYHTX¶XQVHXOH[HPSOHGDQVOH9DOGH6DLUH désigne t-il des rochers ou des îlots rocheux. Le mot a OD 3RLQWH GX +HX j %UHWWHYLOOH  ,O VHPEOH DYRLU LQWpJUp pWp LQYHQWRULp FRPPH WHO GDQV OD +DJXH HQ  5LGHO les parlers locaux comme le suggèrent les constructions    ,O HVW HQFRUH HPSOR\p GH QRV MRXUV SDU OHV romanes attestées dans la toponymie de type le Heu et le SrFKHXUV IRUPHhoumé, pluriel houmiâos) pour désigner grand HeuDYDQWGHVH¿JHUFRPPHQRPGHOLHX/¶DQJOR HQSDUWLFXOLHU©GHVJURVURFKHUVSODWVUHFRXYHUWVG¶DOJXHª saxon, qui vient d’une racine commune au germanique 0DULH  occidental, survit en anglais moderne sous la forme hough HWFRUUHVSRQGjO¶DOOHPDQGPRGHUQHhoch. D’autres appellatifs locaux proviennent de noms VFDQGLQDYHV VSpFL¿TXHPHQW HPSOR\pV SRXU GpVLJQHU GHV rochers. Deux rochers dans la Hague portent le nom d’état : O¶eWDWHQIDFHG¶$XGHUYLOOHHWOHVeWDWVHQIDFHGHVIDODLVHV GH-RERXUJFHGHUQLHUQ¶DSSDUDLVVDQWTXHVXUGHVFDUWHVGHV qPHHWqPHVLqFOHV$'/HPRWHVWSDUWLFXOLqUHPHQW ELHQDWWHVWpGDQVOHVvOHV$QJOR1RUPDQGHVRLODSSDUDvW dans la toponymie maritime sous la forme étac (-cq   les formes diminutives étacquerel et étachon suggèrent TX¶LODpWpXQQRPFRXUDQWDYDQWGHVH¿JHUFRPPHQRP de lieu. Il vient d’un substantif stakkr P TXLVLJQL¿DLW j O¶RULJLQH © WDV ª HW TXL GDQV O¶HVSDFH JpRJUDSKLTXH et linguistique d’extension norvégienne (islandais et Figure 4./H1H]GHV9RLGULHV3KRWReOLVDEHWK5LGHO IpURwHQ stakkur, dialecte nordique des Shetland stakk, JDpOLTXHG¶eFRVVHstaca V¶HVWDSSOLTXpjGHVURFKHUVHQ Quant aux hauteurs diverses, les Vikings utilisaient le IRUPH GH S\UDPLGH 5LGHO    3RXU OHV URFKHUV substantif haugr P TXLSRXYDLWV¶DSSOLTXHUDXVVLjGHV couvrant, très dangereux pour la navigation, les Vikings

 NAVIGATIONS - NAVIGATION, RIDEL ; LES « MARQUES » DES VIKINGS. ÉTUDE DE TOPONYMIE LITTORALE... utilisaient deux substantifs : boði (m.), qui désigne des GDQVOHVDXWUHVSD\VGH1RUPDQGLHXQFHUWDLQQRPEUHGH URFKHUV j ÀHXU G¶HDX HW grunn (n.), des hauts-fonds. Ils Scandinaves s’approprient et renomment d’anciennes sont respectivement attestés dans les parlers locaux de paroisses dont le nom reste toutefois distinct de la dédicace la Hague sous les formes boue et grune. Le premier est 5LGHO )DFHjFHVFRQVWDWVXQHTXHVWLRQV¶LPSRVH PHQWLRQQp HQ  GDQV XQ GLFWLRQQDLUH GH SDWRLV VRXV où sont donc les Vikings ? la forme boe DYHF OD Gp¿QLWLRQ VXLYDQWH © URFKHU TXL Q¶DSSDUDvWTXHORUVTXHODPHUHVWWUqVEDVVHª 5LGHO Les noms d’origine scandinave décrivant des mouillages et  ,ODGPHWGDQVODWRSRQ\PLHOHVYDULDQWHVbau et bo. des baies devraient pouvoir fournir de nouvelles pistes de Le forme boue est encore employée de nos jours par les travail aux linguistes et aux archéologues. Les échancrures SrFKHXUV GH 6DLQW*HUPDLQGHV9DX[ 0DULH    QDWXUHOOHV GX OLWWRUDO VRQW HIIHW SURSLFHV j YRLU V¶H[HUFHU En revanche, l’appellatif grune n’est plus attesté que par HQOHXUVHLQWRXWHVRUWHG¶DFWLYLWpVKDOLHXWLTXHVjUHFHYRLU les cartes et les dictionnaires de patois (formes greune, HW DEULWHU GHV EDWHDX[ j DVVXUHU OHXU FKDUJHPHQW HW OHXU grunette, grunne %LHQTX¶LOVRLWSHXUHSUpVHQWpGDQVOD déchargement. Le rivage de Saint-Germain-des-Vaux WRSRQ\PLHF{WLqUHGHOD+DJXHOHPRWDG€rWUHG¶XVDJH apparaît de ce point de vue prometteur. Si l’on inventorie FRXUDQWMXVTX¶jXQHFHUWDLQHpSRTXHFRPPHOHPRQWUHQW tous les toponymes d’origine scandinave qui parsèment les formations romanes de type la Grande Grune et la OHOLWWRUDOGHSXLVOD/RQJXHeTXHWWHMXVTX¶jOD3RLQWHGX 3HWLWH*UXQHGHVFDUWHVPDULQHV 6+20HW3  1H] RQ QH SHXW TX¶rWUH pWRQQp GH OHXU H[FHSWLRQQHOOH /DFDUWHGH&DVVLQL  PHQWLRQQHDXVVLXQH*UXQHjOD concentration et cohérence (Figure 5). Les toponymes SRLQWHGX1H]GH-RERXUJ&HVXEVWDQWLIDSSDUDvWG¶XVDJH relatifs aux mouillages et aux baies y sont les plus SOXVpWHQGXj&KDXVH\HWGDQVOHVvOHV$QJOR1RUPDQGHV nombreux. Citons-les d’ouest en est. RLO¿JXUHGDQVOHVGLFWLRQQDLUHVGHSDWRLVGH*XHUQHVH\ HWGH-HUVH\ 5LGHO  Le premier est un mouillage du nom de la Mare. Limité DX QRUG SDU OH UpFLI GH OD /RQJXH eTXHWWH HW j O¶HVW SDU (Q¿QLOQRXVUHVWHjDERUGHUOHVFRXUDQWVPDULQVGRQWOH un cordon de galets, ce mouillage arbore une belle FpOqEUH5D]%ODQFKDUGTXLDXODUJHGH*RXU\VHGLVWLQJXH IRUPH RYDOH ,O Q¶HVW SOXV XWLOLVp DFWXHOOHPHQW j FDXVH nettement par une ligne d’écume blanche. Le mot, qui est des nombreux courants qui le traversent, mais il est passé en français standard et qui est surtout employé de nos PHQWLRQQpFRPPHKDYUHGDQVXQFKDUWULHUGDWDQWGH jours dans la locution raz-de-marée, vient d’un substantif $UFKGpS0DQFKH- /HPRWYLHQWGHO¶DQFLHQ scandinave rás (f.), « course, courant de mer qui se scandinave marr P ©PHUªTXLVHSRXUVXLWGLUHFWHPHQW SURGXLWGDQVXQFKHQDOª/¶DQFLHQVFDQGLQDYHVHSRXUVXLW dans le norvégien mar © PHU ª HW OH GLDOHFWH QRUGLTXH directement dans l’islandais moderne rás, mais aussi le des Shetland mar © PHU HQ SDUWLFXOLHU ]RQH GH SrFKH norvégien dialectal raasDXVHQVJpQpUDOGH©FRXUDQWªHW HQ HDX SURIRQGH ª 5LGHO    /H VXEVWDQWLI le suédois dialectal rås©FKHQDORXYHUWGDQVODJODFHª scandinave a pénétré les usages locaux pour désigner dans les terres des petites étendues d’eau stagnante ou des petits pWDQJV SURFKHVpPDQWLTXHPHQWGXIpURwHQmarrur, « vase, DES TÉMOIGNAGES LINGUISTIQUES D’INSTALLATIONS ERXUEHªOHPRWHVWSDVVpHQIUDQoDLVVWDQGDUG LOHVWSOXV LITTORALES ? rare dans la toponymie du littoral où il semble avoir pris le VHQVGH©EDVVLQª,OHVWSRVVLEOHWRXWHIRLVG¶HQYLVDJHUXQH Au regard des vestiges linguistiques qui attestent étymologie plus complexe : nous proposons une formation d’anciennes navigations maritimes pratiquées par scandinave hlað-marr, composée avec le verbe hlaða, les Vikings autour de la Hague et d’échanges avec la ©GpFKDUJHUXQQDYLUHªHWTXLFRUUHVSRQGHQ,VODQGHjGHV population locale, il serait légitime de retrouver des traces toponymes de type hlað-berg, « rocher où l’on décharge G¶LQVWDOODWLRQVOLWWRUDOHV0DLVODWkFKHV¶DYqUHFRPSOH[H6L GHVQDYLUHVª &OHDVE\HW9LJIXVVRQ /D0DUH OD1RUPDQGLHUHJRUJHGHWRSRQ\PHVG¶RULJLQHVFDQGLQDYH VLJQL¿HUDLWGRQFjO¶RULJLQH©OHEDVVLQRO¶RQGpFKDUJH TXLUHÀqWHQWELHQOHIDLWTXHOHV9LNLQJVVHVRQWpWDEOLVVXU GHV QDYLUHV ª 1RQ FRPSULV SDU OHV ORFXWHXUV GH ODQJXH le sol franc, aucun vestige archéologique n’a été mis au G¶RwOOHSUHPLHUpOpPHQWGXWRSRQ\PHVFDQGLQDYHDXUDLW jour qui témoignerait de cet établissement. Il semble que été confondu avec l’article féminin, d’où la mare. les Vikings ont davantage renommé d’anciens domaines IUDQFVTX¶LOVQ¶HQRQWFUppVHX[PrPHV'DQVGHV]RQHV Vient ensuite une série de petites baies qui sont dominées où le bouleversement toponymique est parfois sensible, tel par un amer imposant, la roche Gélétan, dont nous avons HQ+DXWH1RUPDQGLHLOHVWHQHIIHWIUDSSDQWGHFRQVWDWHU pYRTXpO¶LPSRUWDQFHSRXUODQDYLJDWLRQ )LJXUH &HVRQW que le peuplement n’a guère été affecté par la présence tout d’abord des noms incorporant le substantif vík (f.), G¶LQGLYLGXVVFDQGLQDYHV $UQRX[HW0DQHXYULHU  ©EDLHªSilvy, Carry et PulvyTXL¿JXUHQWVXUOHFDGDVWUH QDSROpRQLHQGH VHFWLRQ$ HWTXLRQWpWpFRQVHUYpV Les nombreux toponymes en -ville précédés d’un RUDOHPHQW /H SUHPLHU DWWHVWp HQ  VRXV OD IRUPH anthroponyme scandinave ne doivent pas faire illusion Selevy *LUDUG HVWFRQVWLWXpDYHFOHVXEVWDQWLI TXDQWjODGHQVLWpGXSHXSOHPHQWQRUGLTXHHQ1RUPDQGLH selr P  © SKRTXH ª HW FRUUHVSRQG j 6HOZLFN DX[ vOHV LOV UHÀqWHQW SOXV V€UHPHQW VHORQ %DXGXLQ    Orcades, tandis que le dernier est sans doute composé « une colonisation d’encadrement effectuée par une élite avec píll P ©VRUWHG¶DUEUHª 5LGHOE 4XDQW V¶DSSURSULDQWGHVGRPDLQHVDEDQGRQQpVRXVDLVLVª/RUVTXH j &DUU\ OD PHQWLRQ DQFLHQQH   V¶\ UDSSRUWDQW le les Vikings abordent les côtes de la Hague et s’y installent, frondil de Carrwic *LUDUG VXJJqUHXQFRPSRVp GHJUDQGVGRPDLQHVUXUDX[\H[LVWDLHQWSUREDEOHPHQWGpMj formé avec kjarr P ©EURXVVDLOOHVªTXLDSULVOHVHQV tandis que le réseau paroissial était quasi constitué. Comme GH©PDUDLVªGDQVOHVWHUULWRLUHVVFDQGLQDYHVG¶$QJOHWHUUH

 HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

Figure 5.'pWDLOVGHODF{WHGH6DLQW*HUPDLQGHV9DX[HWUpSDUWLWLRQGHVWRSRQ\PHVF{WLHUVGHIRUPDWLRQVFDQGLQDYH&DUWHeOLVDEHWK 5LGHOHW0LFKHO'DHIÀHU GHO &156&5+4 8058QLYHUVLWpGH&DHQ 

&DUU\VLJQL¿HUDLWGRQF©ODEDLHGXPDUDLVªFHTXLHVW DFWLYLWpV KDOLHXWLTXHV VXI¿VDPPHQW ORQJWHPSV SRXU TXH corroboré par le terme frondil (pour fondril©IRQGFUHX[ª  OHXU©FDUQHWGHSrFKHªDLWSXVHWUDQVPHWWUHDX¿OGHV LQGLTXDQWGDQVOD+DJXHXQWHUUDLQTXLUHWLHQWO¶HDX8Q générations. Ce petit établissement bien localisé serait- autre toponyme évoque les marais : Fine Queüe (cadastre LOjO¶RULJLQHGXGpPHPEUHPHQWGHODSDURLVVHGH6DLQW de Saint-Germain), qui désigne un ruisseau se jetant dans Germain-des-Vaux (dont l’ancienneté est suggérée par XQHEDLHOLPLWpHjO¶RXHVWSDUOHV5RFKHVGX+RXIIHWHWj OD GpGLFDFH PrPH j VDLQW *HUPDLQ  " -XVTX¶DX GpEXW O¶HVWSDUOH1H]4XLODVSHWLWFDSURFKHX[V¶pOHYDQWjVHSW GX qPH VLqFOH $' LO H[LVWDLW HQ HIIHW VXU OH ULYDJH mètres. La forme ancienne Finkelle ou Finekelle   de Saint-Germain une ancienne paroisse qui avait pour permet de proposer comme étymologie la formation nom Onfreville, dont la chapelle se situait dans un champ scandinave fen-kíll, « la crique (kíll) du marais (fen ªHW TXL EXWDLW © VXU OH UXLVVHDX GH )LQHNHOOH ª $UFK GpS G¶HQGpGXLUHTXHOHQRPV¶DSSOLTXDLWSULPLWLYHPHQWjOD 0DQFKH +   ,O V¶DJLVVDLW GRQF G¶XQ pWDEOLVVHPHQW EDLHGDQVODTXHOOHVHMHWWHOHUXLVVHDX 5LGHO  OLWWRUDO  XQH SrFKHULH \ HVW PrPH PHQWLRQQpH HQ  L’arrière pays est effectivement marécageux. La baie Onfreville pourrait reposer sur un anthroponyme anglo- de Fine Queüe est encore utilisée de nos jours comme saxon Onfrith, mais une origine francique est tout aussi PRXLOODJH SRXU GHV SHWLWV EDWHDX[ GH SrFKH 4XDQW DX SRVVLEOH  RQ DXUDLW j IDLUH DX QRP GH SHUVRQQH IUDQF Nez Quilas WUDQVFULW1pTXLODVVXUOHVFDUWHVPDULQHV HQ bien connu Unfrid (largement représenté dans les chartes O¶DEVHQFHGHIRUPHDQFLHQQHQRXVHQVRPPHVUpGXLWHj médiévales sous la forme latinisée Unfridus ou Onfridus), pPHWWUHGHVK\SRWKqVHV2QUHFRQQDvWDLVpPHQWjO¶LQLWLDOH jO¶RULJLQHGXSDWURQ\PH2QIUR\/HGRPDLQHG¶Onfreville le substantif scandinave nes Q  © FDS ª HW HQ VHFRQG serait-il une fondation anglo-scandinave, qui se serait élément kíll P ©EUDVGHPHUFULTXHª1RXVSURSRVRQV greffée sur la paroisse de Saint-Germain pour devenir G¶LGHQWL¿HUFRPPHpOpPHQWSULPDLUHO¶DQFLHQVFDQGLQDYH HQVXLWH HOOHPrPH XQH SDURLVVH DXWRQRPH RX Q¶HVWFH óss P ©HPERXFKXUHG¶XQHULYLqUHª1RXVDXULRQVDLQVL qu’une ancienne propriété rurale franque englobée dans la une formation toponymique scandinave composée de trois paroisse de Saint-Germain ? éléments nes-kíll-óss©O¶HPERXFKXUHGHODFULTXHGXFDSª qui décrivent parfaitement la situation topographique du OLHX (Q¿Q LO H[LVWH XQ SHWLW KDYUH GX QRP GH Hoperel PHQWLRQQpVXUOHFDGDVWUHGH VHFWLRQ& HWFRQVHUYp dans la tradition orale, qui vient de l’ancien scandinave hóp Q ©EUDVGHPHUFULTXHªDYHFO¶DMRXWG¶XQVXI¿[H roman -ereljYDOHXUGLPLQXWLYH

L’abondance de toponymes topographiques scandinaves j YDOHXU PDULWLPH VXU XQH IUDQJH OLWWRUDOH DXVVL UpGXLWH suggère que cette portion de côte a été utilisée par des Figure 6. La roche Gélétan vue de la baie de Pulvy. Photo individus de langue scandinave, qui y ont exercé des eOLVDEHWK5LGHO

 NAVIGATIONS - NAVIGATION, RIDEL ; LES « MARQUES » DES VIKINGS. ÉTUDE DE TOPONYMIE LITTORALE...

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE

Les toponymes nordiques attestés sur les côtes de la $UQRX[ 0 HW 0DQHXYULHU &  /H SD\V QRUPDQG Hague ainsi que le vocabulaire nautique d’origine 3D\VDJHVHWSHXSOHPHQW ,;H;,,,HVLqFOH Tabularia VFDQGLQDYH HPSOR\p SDU OHV DXWRFKWRQHV UHÀqWHQW ELHQ Études  SOXVTX¶XQVLPSOHIDLWGHQDYLJDWLRQ/H©PDUTXDJHªGH la côte de Saint-Germain-des-Vaux apparaît directement %DWHV '  Normandy before 1066 /RQGRQ  1HZ OLpjGHVDFWLYLWpVGHSHWLWHSrFKHSrFKHF{WLqUHjERUG

 HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

LES « MARQUES » DES VIKINGS. ÉTUDE DE TOPONYMIE LITTORALE DU NORD-COTENTIN : L’EXEMPLE DE LA HAGUE

eOLVDEHWKRIDEL

MOTS-CLÉS : Linguistique, toponymie, viking, scandinave, littoral, navigation, circulation, échanges.

RÉSUMÉ : Le littoral est très riche en noms de lieux, car le navigateur a besoin, à son approche, d’en nommer les points remarquables pour se repérer. Ce balisage oral des côtes a ainsi constitué la toponymie de base des futures cartes géographiques, qui SHXYHQWGHIDLWFRQVHUYHUOHV©PDUTXHVªGHQDYLJDWLRQVWUqVDQFLHQQHV&¶HVWOHFDVGHVULYDJHVGHOD+DJXHGDQVOH nord du Cotentin, où les toponymes scandinaves témoignent non seulement des pratiques des navigateurs vikings, mais aussi d’installations littorales disparues. La côte située à Saint-Germain-des-Vaux, au cap de la Hague, présente des toponymes scandinaves qui détaillent aussi bien les caps et les hauteurs que les baies et criques du littoral, où se sont vraisemblablement exercées des activités halieutiques. Seuls des pêcheurs, en effet, peuvent ainsi approcher les côtes d’aussi près et en nommer les caractéristiques. Si ce groupement toponymique à valeur descriptive suggère un peuplement de type collectif, il s’avère toutefois hasardeux de retrouver les vestiges concrets des activités littorales pratiquées pour un temps par un petit groupe de langue nordique. En complément de cette étude linguistique, une approche archéologique PpULWHUDLWG¶rWUHHQWUHSULVHD¿QGHUHFRQVWLWXHUOHSD\VDJHDXqPHVLqFOH$'GHFH©FRLQGXPRQGHYLNLQJª

THE “MARKS” OF THE VIKINGS. STUDY OF THE COASTAL TOPONYMY OF NORTH-COTENTIN: EXAMPLE OF LA HAGUE

Elisabeth RIDEL

KEY-WORD: Linguistics, toponymy, Viking, Scandinavian, coast, navigation, circulation, exchanges.

ABSTRACT: The seaboard is very rich in place-names, because seafarers need to designate noteworthy features when approaching the shore. This oral tradition of naming coastal features made up the basic toponymy later to be found on geographical maps, which can preserve the marks of very ancient navigation. Such is the case for the coast of la Hague, in the North-Cotentin, ZKHUH 6FDQGLQDYLDQ SODFHQDPHV UHÀHFW WKH SUDFWLFHV RI 9LNLQJ QDYLJDWRUV DQG SUREDEO\ RWKHU FRDVWDO VHWWOHPHQWV that have now disappeared. The coast around Saint-Germain-de-Vaux, at the Cap de la Hague, is characterized by Scandinavian place-names which describe the headlands and high points just as well as the bays and creeks along the FRDVWZKHUH¿VKLQJDFWLYLWLHVZHUHSUREDEO\FDUULHGRXW,QGHHGRQO\¿VKHUPHQFDQDSSURDFKWKHFRDVWVXI¿FLHQWO\FORVH to be able to name the features. While this toponymic grouping of descriptive value suggests a collective-type settlement, LWUHPDLQVQHYHUWKHOHVVSUREOHPDWLFWR¿QGFRQFUHWHHYLGHQFHRIWKHFRDVWDODFWLYLWLHVSUDFWLFHGIRUDSHULRGRIWLPHE\D small Scandinavian-speaking group. In addition to this linguistic study, it would be useful to undertake an archaeological DSSURDFKWRUHFRQVWUXFWWKHODQGVFDSHRIWKLV³FRUQHURIWKH9LNLQJZRUOG´DVLWZDVGXULQJWKHth century A.D.