Zébroïdes De Cirque Et Chevaux Zébrés
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Bull. Acad. Vét. de France, 1981, 54, 89-95 COMMUNICATIONS Zébroïdes de cirque et chevaux zébrés par M. ROUSSEAU* RÉSUMÉ Les zébrures du cheval sont exceptionnelles, sauf aux membres. L'auteur les a étudiées comparativement chez les chevaux figurés au Paléolithique et actuels, dont un venu d'U.R.S.S. [1, 2, 3, 4]. Il les présente ici chez les hybrides : 1° publiés ; 2° observés par lui. 1° Cheval (domestique ou Prjevalski) X Zèbre (ou Couaggadisparu). Au Muséum : avec mortalité fœtale, 1808 [5] ; avec succès, 1879 [6]. Lord MORTON (DARWIN), 1847. Puis : GRAY, Mammalian hybrids, 1971 [7]. 2° Jument arabe x zèbre de Grévy, deux zébroïdes du Cirque National Suisse Knie. Les hybrides ne semblent pas produits dans la nature malgré la cohabitation de zèbres d'espèces différentes. L'homme les obtient comme un prolongement artificiel de la zoologie. Des hybrides uniquement femelles pourraient être féconds. Mais aucun produit de zébroïde ne semble attesté. L'auteur souhaite, en France, leur obtention scientifique et leur étude convergente par les spécialistes de disciplines très diverses : zootechnie, médecine vétérinaire tropicale, psychologie, génétique, évolution, paléon tologie, préhistoire, histoire, ethnologie, iconographie (depuis le Paléo lithique). SUMMARY Stripes of Horse are quite uncommon, except at limbs. The Author had studied them comparatively in Horses of paleolithical art and present, especially a russian one [1, 2, 3, 4]. Here, be studies the stripes of hybrids : 1° published ; 2° observed by himself. * 25, rue Paul·Barruel - 75015 Paris. 90 BULLETIN DE L'ACADÉMIE 1° Horse (domestical or Prjevalski) X Zebra (or disapeared Quagga). In the Museum, Paris: with fœtal mortality 1808 [5]; success.fully, 1879 [6]. Lo:rid MORTON (DARWIN), 1847. Tuen, GRAY, Mammalian Hybrids, 1971 [7]. 2° Arabian mare X Grevy's Zebra, two zebroids from «Cirque National Suisse Knie» at Rapperswill. Hybrids do not seem to occur naturally, although different species of zebra cohabit. They are produced by man, like an artificial prolongation of Zoology. Only female hybrids seem to be able to fecundity; but no produce of zebroid had been found a ttested. The Author wishes, in France, their scientiific production, and conver ging survey by specialists of many different disciplines : Zootechny; veterinarian tropical Medicine, Psychology, Genetics, Evolution, Paleontho logy, Prehistory, History, Ethnology and Iconology (since Paleolithic). Nous avons étudié ici même les zébrures du cheval (qui, sauf aux membres, sont très rarement observées) : - d'une part, dans les figurations paléolithiques [l, 2] ; - d'autre part, chez les chevaux actuels : par comparaison avec ces images [2] et dans une observation personnelle d'un cheval pro venant d'U.R.S.S. ,(3, 4]. Un rapprochement s'impose aussi avec les hybrides Cheval X Zèbre, ou zébroïdes (père zèbre : Zébrule ; père cheval : Zébrinnie). L'occasion nous en a été donnée fin décembre 1980, à la Porte de Pantin, Paris 19e, par le passage de !'Hippodrome de Jean Richard, avec deux hybrides appartenant au Cirque National Suisse Knie (à Rapperswill). Nous remercions très vivement leur dresseur (depuis 1976), Sacha Houcke junior, de son accueil avec maintes précisions, et le cirque Knie de ses deux photographies, malheureusement incom plètes. Ces observations ne sont permises aux Parisiens que par ces très rares visites, alors qu'elles ont été possibles, au Muséum, il y a juste un siècle. C'est ce que montre un dépouillement bibliographique liminaire sur les croisements entre les diverses espèces : de cheval (domestique et de Prjevalski), de zèbres, ainsi que le Couagga disparu. (Une confusion est à éviter : des auteurs ont parlé du zèbre de Burchel sous le nom de Dauw. voire de Couagga). Au Muséum, deux publications sont à signaler. Celle de Frédéric CUVIER [5] : il a croisé avec un cheval (haî brun foncé) une .femelle zèbre : elle est morte en 1808, quelques jours après son fœtus âgé de 8 mois dont le front aurait été zébré, mais qui n'a pu être étudié davantage. Plus importante est la note de M. HUET en 1879 [6]. Elle rappelle l'allusion faite, sans précision, par DARWIN (The Origin of Species, COMMUNICATIONS 91 1859, p. 165) à l'hybride de « Quagga » et de jument obtenu par Lord MORTON en 1847. Surtout, elle fait le point d'autres produits : en parti culier celui d'un cheval et d'une femelle « Dauw ou zèbre de Burchel », alors au Jardin d'Acclimatation : « lil tient, par sa forme générale et sa coloration plutôt du père que de sa mère ». (La note ne comporte aucune précision ou illustration sur ce cas). Ces travaux anciens ne figurent pas dans le recensement, pourtant méticuleux, de Annie P. GRAY, Mammalians hybrids de 1954, ni dans son édition complétée de 1971 [7]. Cet ouvrage classique indique des croisements du Couagga ou des zèbres { 15] suivants avec le cheval : 1. DE PRJEVALSKI (1879) : Equus burchelli et burchelli antiquo rum, à Askania Nova, en Russie (cf. 9) ; 2. Domestique : 1° Avec le Couagga qui était, selon les divers auteurs, zébré faiblement, ou de la tête à la nuque voire (Grande Encyclopédie, 1890, fig. p. 1123) au rein. Les hybrides auraient été stériles et porteurs de la crinière en brosse du Couagga, avec des zébrures moins nombreuses, limitées aux membres et atténuées ; 2° Avec tous les zèbres, sauf E. burchelli bruchelli, soit cinq espèces : une quinzaine de références pour chacune. Voici les données essentielles : Avec le Zèbre de Grévy surtout, l'accouplement peut être réticent et exiger de la prudence; les avortements seraient fréquents (ROBERTS). En ce qui concerne les hybrides : • L'instinct sexuel est possible dans les deux sexes, mais il y a bloquage de la spermatogénèse, alors que l'ovogénèse peut aller au corps jaune ou à un follicule mature. Aucun produit d'hybride n'est affirmé. • La conformation est, en général, intermédiaire entre celle des géniteurs. Les zébrures pourraient être (paradoxalement) plus nom breuses (WEBB). Le fond de la robe est plus foncé. • La résistance peut être meilleure que chez le cheval à la mouche tsé-tsé et à la chaleur. • Le tempérament peut être difficile ou, au contraire, se prêter à un emploi : aux champs, comme « bons travailleurs, forts, actifs, intelligents » (cf. 9 .pl. h.t. après •p. 144), ou au cirque. Ce dernier cas est celui des deux hydrides de notre observation personnelle : un mâle, Africa, et une femelle, Matadi, devenus « insé parables ». Ils sont nés tous deux en 1955, d'une jument de race arabe 92 BULLETIN DE L'ACADÉMIE et d'un zèbre de Grévy. Cette espèce doit son nom au Président Français qui en reçut, en 1882, ·le premier exemplaire connu du Négus d'Abyssinie Menelik). C'est la plus grande {jusqu'à 1,55 m au garrot). Le fond de la robe est blanchâtre. Les zébrures, noires ou brunâtres, sont fines et nombreuses ; elles atteignent le sabot mais s'arrêtent au ventre ; elles ne rejoignent pas, sur la croupe, la large raie spinale de même couleur. La crinière, dressée, est noire au centre et rayée de noir et blanc sur les côtés. L'allure est celle du mulet. C'est aussi l'aspect des deux hybrides un peu plus grands : 1,60 m environ au garrot, qui est très peu marqué. La robe entière est assez typique du zèbre de Grévy, mais moins contrastée. Le fond est moins clair, surtout chez la femelle (il évoque l'alezan brfüé). Les zébrures manquent (normalement) au ventre, ainsi qu'au tiers inférieur de l'encolure ; elles sont rares devant les joues. Elles sont d'un brun plus ou moins foncé, larges en moyen.ne de 2 cm et espacées de 4. Elles marquent fortement les membres entiers et, en losanges, le front. Les zébrures gardent leur dessin mais s'atténuent en virant au brun clair sur la croupe (entière, chez la seule femelle; sa région supérieure chez le mâle). Une raie de mulet brun foncé est un peu plus large. Les crins de la queue ne deviennent longs qu'à une quinzaine de centi mètres de la base et tombent jusqu'à une quinzaine de centimètres du sol. La crinière, à peu près uniformément brun foncé, d'une lon gueur d'une douzaine de centimètres, est presque dressée chez le mâle, presque tombante chez la femelle. Les extrémités des membres à partir des boulets, et un peu au-dessus, sont noirâtres. L'oreille est velue jusqu'à « ras-bord ». La femelle a une encolure de cerf et une tête camuse. Chez les deux hybrides, les châtaignes ne sont présentes (et discrètes) qu'aux membres antérieurs. Les deux animaux sont calmes, pratiquement frigides, assagis par l'âge, dit leur dresseur, ni inquiets ni agressifs, mais rebelles au décrot tage de leurs sabots (non ferrés). Ils portent non la selle, mais le licol ou le mors brisé. Ils travaillent en liberté ou à la longe. En piste, au galop, ils sautent successivement par-dessus l'encolure de trois ou quatre chameaux couchés (barraqués). Les autres zébroïdes publiés sont très proches [7], ou bien mon trent une atténuation des zébrures du dos à la croupe où elles s'estom pent et se morcellent en mouchetures [8]. Chez l'Ane, sont relativement banales les zébrures atténuées des jambes, surtout en face interne, et associées à la marque cruciale. La démultiplication de celle-ci a été observée. Mais il n'a pas été signalé, à notre connaissance, d'autres zébrures. Chez le Cheval, cette association existe dans l'espèce (sauvage) de Prjevalski. Dans l'espèce domestique, eJle marque le poney de Norvège. COMMUNICATIONS 93 les vieilles races de Hongrie, et cel1e d'Islande décrite depuis le xue siècle : ceci selon DARWIN, qui a étudié aussi la démultiplication de la bande d'épaule : allez des poneys du Devonshire (quatre raies {3], fig.