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A. Les services de santé Les services de santé, parmi l’ensemble des services aux personnes, sont d’autant plus importants sur l’Aubrac que sa population est âgée et qu’ils sont la condition du maintien et de l’attractivité de nouveaux habitants potentiels. La mise en œuvre de la politique nationale de santé est menée à l’échelle régionale, par les 3 Agences Régionales de Santé (ARS) , Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Chacune a établi un Projet Régional de Santé, document de cadrage qui a ensuite une déclinaison territoriale. Dans ce contexte, l’état des lieux se focalisera sur l’offre de soins aux habitants et les nouvelles pratiques des professionnels de santé. Une situation délicate en matière d’offre de soins a. Une médecine de proximité en difficulté Les ARS identifient 4 catégories de professionnels de santé, représentant le socle d’une offre médicale de proximité : les médecins généralistes, les 9,8 médecins infirmiers, les masseurs kinésithérapeutes et les dentistes. En matière de pour 10 000 densité, ces 4 catégories de professionnels de santé ont une densité habitants inférieure à la densité moyenne nationale et aux densités des 3 régions auxquelles est rattaché le périmètre d’étude (voir annexe 29 : Densité des professionnels de santé de proximité). En effet, concernant les médecins généralistes, il est dénombré à l’échelle du périmètre labellisable 9,8 praticiens pour 10 000 habitants contre 11,7 à l’échelle nationale, avec notamment 3 secteurs sous le seuil des 7,6 : l’ancien canton d’Estaing, de Fournels – Saint Chély d’Apcher et de Saint Germain du Teil – Marvejols (Carte « La démographie médicale »). De plus, une répartition inégale de l’implantation sur le territoire est aussi observée pour chaque catégorie. À l’examen du nombre de médecins par canton et sur un total de 16 cantons, 3 ne disposent que d’un seul médecin : Fournels, Nasbinals et Saint Germain du Teil et 5 autres de 2 médecins : Chaudes-Aigues, Estaing, Saint Amans des Côts, Saint Chély d’Aubrac, Sainte Geneviève sur Argence. Au constat de cette faible densité médicale, s’ajoute la problématique liée à la démographie médicale concernant les médecins généralistes (Carte « La démographie médicale »). En effet, à l’échelle du territoire de projet, plus de la moitié d’entre eux ont plus de 55 ans. Cette situation délicate concerne l’ensemble du territoire et pose la question du renouvellement des médecins généralistes. b. Des problématiques d’accès aux soins, de maintien et de renouvellement des professionnels de santé L’examen des distances pour accéder à ces professionnels de santé renseigne sur la réalité vécue des acteurs (patients et professionnels) de ce territoire en matière de santé. Les distances, ne serait-ce qu’en matière de médecine de proximité, sont très vite significatives. La distance « maximum » au généraliste le plus proche, par canton, atteint 17 km pour le canton de Saint Geniez d’Olt et avec des chiffres pour la grande majorité des autres cantons entre 10 et 16 km. Outre la faible densité de l’offre médicale de proximité, les contraintes géographiques ou climatiques de ce territoire de montagne intensifient la problématique d’accessibilité aux soins de proximité. Ce constat est partagé à la fois par les habitants et par les professionnels de la santé qui considèrent parfois leurs conditions d’exercice difficiles : déplacements pour les consultations à domicile, isolement dans leur pratique médicale, gardes répétitives, non remplacement… Ces différents éléments alimentent la problématique du maintien et du renouvellement des professionnels de santé,

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de proximité et en particulier des médecins généralistes. Pour certains secteurs du territoire, cette problématique s’annonce dans un avenir très proche. c. Un éloignement des spécialistes et des établissements de santé En complément de cette approche de la médecine de proximité du territoire de projet, il convient de considérer les spécialistes et établissements de santé, relais de la médecine de proximité. Si le parcours de santé d’un patient commence par la consultation auprès de son médecin généraliste, il se poursuit, selon les cas, auprès d’un spécialiste. Seules 3 catégories sont représentées sur le périmètre labellisable, à savoir les podologues, les orthophonistes et une sage femme (installée sur la commune de Laguiole). D’autres spécialistes sont implantés à proximité immédiate du territoire de projet notamment autour du pôle de Marvejols qui compte notamment cardiologue, ophtalmologiste, gastro-entérologue et sage-femme. Cela étant, pour consulter ces derniers spécialistes, la distance moyenne à parcourir pour les habitants prend au moins une heure (en considérant Saint Urcize comme point de référence central du territoire). Cette problématique de l’éloignement est également prégnante pour l’accès aux établissements de santé. 3 hôpitaux locaux sont présents sur le territoire : à Chaudes-Aigues, Espalion et Saint Geniez d’Olt. À proximité immédiate, 2 autres hôpitaux locaux complètent l’offre : à Saint Chély d’Apcher et Marvejols. Ces établissements disposent de lits de soins de suite et de réadaptation. En d’autres termes, ils accueillent, dans la majeure partie des cas, des personnes âgées nécessitant un suivi médical après une hospitalisation. Un seul établissement de santé spécialisé existe sur le territoire : « Le Valadou » à Montézic. Il s’agit d’une plateforme d’accompagnement et de répit pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. De nouveau, à proximité immédiate du territoire de projet, 2 établissements spécialisés, au sein du pôle de Marvejols (pour personnes handicapées) et à La Canourgue (spécialisé en alcoologie) complètent l’offre. Par contre, tous les centres hospitaliers accueillant aussi les Médecine du quotidien = urgences sont extérieurs au territoire. Le plus proche de Saint Urcize (point de référence) est celui de Saint Flour, à jusqu’à 45 mn 50 minutes. Les CHU vers lesquels sont orientés les malades aux Premiers spécialistes = pathologies lourdes sont particulièrement éloignés : entre 1h30 au moins 1 h et 2h30. Cet éloignement des spécialistes et des établissements de santé accentue la problématique de la difficulté de l’accès aux soins, cela d’autant plus pour des pathologies spécifiques et lourdes. Cette réalité « vécue » par les habitants de l’Aubrac est particulièrement prégnante pour eux. d. Une permanence des soins en sursis Chaque canton est couvert par un centre de secours pompiers. L’intervention de ces derniers permet d’assurer la « préparation » et le transport des patients. En cas de nécessité d’un relais médical, le SAMU intervient. Les services d’urgences les plus proches sont au sein des Centres hospitaliers de Saint Flour, Decazeville, Rodez, Mende et . Compte tenu de cet éloignement, un lien avec l’organisation des gardes existe pour assurer un relais de proximité, par les médecins généralistes du territoire. En matière de permanence des soins, hors horaires habituels de consultations et week-ends, 2 structures contribuent à un système de garde des médecins généralistes : l’ALUMPS (Association Lozérienne des Urgences Médicales et de la Permanence des Soins) et un nouveau système de régulation sur la partie aveyronnaise du territoire, mis en place l’ARS Midi-Pyrénées et sous la responsabilité de la Fédération régionale des associations de régulation médicale de Midi-Pyrénées (ce dernier dispositif s’appuie sur un numéro d’appel unique). Si une structuration aux procédures très

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organisées est en place, avec aussi des centres de secours pompiers bien répartis, il n’en demeure pas moins que reste posée la question de la permanence des soins, en particulier en cas d’urgence vitale. De nouvelles pratiques pour les professionnels Au regard de la situation problématique de l’offre de soins sur l’Aubrac, des initiatives locales ont donné lieu à la mise en place de réseaux de santé. a. Des réseaux de santé en création Ces démarches collectives se matérialisent en premier lieu par des réalisations immobilières qui couvrent l’ensemble du territoire (Carte « Les maisons et réseaux de santé »). Celles-ci recouvrent différentes modalités de regroupements, adaptés chaque fois au contexte local : - 5 Maisons de Santé Pluri-professionnelles (MSP) sont en projet ou existantes à Saint Amans des Côts, Sainte Geneviève sur Argence, Laguiole – Saint Chély d’Aubrac, Entraygues sur Truyère et Estaing ; - 4 autres se situent à proximité immédiate du territoire de projet : Mur de Barrez, Saint Chély d’Apcher, Marvejols et La Canourgue. Outre ces différentes MSP qui répondent à un cahier des charges précis élaboré par les ARS, mentionnant notamment l’obligation d’y accueillir au moins deux médecins généralistes et au moins un professionnel paramédical (infirmier, kinésithérapeute…), il faut souligner l’existence sur le territoire d’autres types d’initiatives de regroupement : - L’expérience du canton de Chaudes-Aigues avec l’aménagement de cabinets de médecins et d’infirmiers intégrés d’une part au sein de l’hôpital local à Chaudes-Aigues et d’autre part, au sein de l’EHPAD à Saint Urcize (en cours). - Les créations des Maisons médicales rurales à Nasbinals et Fournels qui constituent une solution territoriale dans des secteurs où la reconnaissance en MSP n’était pas possible faute de ne pouvoir accueillir au moins 2 médecins généralistes. - Enfin, à Espalion et Saint Geniez d’Olt sont identifiés des cabinets regroupés, réalisations cette fois à la seule initiative des professionnels de santé, sans aide des collectivités. Pour autant, ce sont aussi des lieux de regroupement de professionnels. b. L’émergence de réseaux de professionnels de santé Par ailleurs, en lien avec la création de lieux de regroupement, il faut souligner la constitution de réseaux de professionnels de santé. Ces derniers s’organisent, collaborent et formalisent ce mode d’exercice regroupé par des « projets de santé »142. De nouveau, des modalités et des objectifs différents sont observés sur l’ensemble du territoire mais démontrent une structuration généralisée en cours. On note plusieurs initiatives de structuration à l’échelle du périmètre labellisable : le pôle de santé de Chaudes-Aigues ; le « Réseau de proximité des professionnels de santé Nord- », le pôle de santé « Vallée du Lot » et la constitution d’un autre pôle de santé regroupant les professionnels de Fournels, Nasbinals, Aumont-Aubrac, Le Malzieu et Saint Alban sur Limagnole. Il convient également de signaler la présence du réseau PALLIENCE 12 qui dipose d’un médecin régulateur sur la commune d’Espalion. Ce fonctionnement médical mutualisé facilite et valorise le travail pluridisciplinaire et les réseaux de compétences. Cela contribue à l’amélioration de la pratique des professionnels de santé et par là- même, à l’amélioration de leurs conditions de vie privée. Ce dernier aspect représente bien entendu aussi un facteur déterminant en faveur de l’accueil de nouveaux praticiens. L’expérience menée par le Réseau de Santé de Proximité en Nord Aveyron témoigne de la mobilisation des professionnels de

142 Terminologie définie par les ARS

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santé dans le développement d’actions concertées et l’amélioration des modes d’exercice. Entre 2014 et 2015, cinq nouveaux médecins se sont installés sur le nord Aveyron (premier lieu de stage en milieu rural de médecine générale pour la Région Midi-Pyrénées). Enfin, du point de vue des patients, ces lieux de regroupements améliorent non seulement la lisibilité de l’offre de santé mais aussi et surtout les conditions d’accessibilité et d’amélioration du parcours de santé. c. De nouvelles pratiques innovantes Cette approche collective renforcée entre professionnels de santé contribue à la mise en place de nouvelles pratiques d’accueil, notamment autour de l’accueil de stagiaires facilité par le réseau ou le recours à la télémédecine. Concernant cette dernière pratique, elle est émergente ou tout du moins expérimentale sur le territoire de projet. L’opportunité de cet outil est de s’affranchir des distances et d’amener une expertise au plus près du patient. Des mesures d’accompagnement par les collectivités locales ou les Pays Sur le territoire de projet, les questions du maintien des services de santé et de l’accompagnement des professionnels de santé font l’objet d’une mobilisation partagée entre les professionnels et les collectivités. 2 Pays sur le territoire de projet se sont engagés sur ces thématiques : - Dès 2007, le Pays du Haut Rouergue engageait une étude sur la démographie médicale. Celle- ci a été suivie d’une mission d’accompagnement à la structuration des professionnels de santé : « mission de conseil et d’aide à l’émergence de projets de santé sur le Haut Rouergue par un maillage des services de santé de proximité ». - Le Pays de Saint Flour Haute Auvergne s’est également emparé du sujet par une « Étude de l’organisation de l’offre de soins » en 2009. Selon les situations, les collectivités locales, communes ou communautés de communes se sont aussi engagées, notamment à travers les opérations immobilières de regroupements de professionnels de santé, en appui à la constitution des réseaux de santé de leurs professionnels ou en facilitant l’accueil d’étudiants. Bilan, perspectives Les caractéristiques intrinsèques du territoire de projet présentent des conditions défavorables pour l’accès physique aux soins et pour l’exercice quotidien des professionnels de santé de proximité (isolement hivernal, enclavement…). La médecine de proximité est présente sur le territoire (médecins généralistes, infirmiers, masseurs kinésithérapeutes et dentistes) mais de manière inégale. Sa pérennité est aujourd'hui questionnée notamment au regard du renouvellement et de l'installation des médecins généralistes. Au-delà de cette médecine de proximité, les habitants sont éloignés des autres services de santé : spécialistes, établissements (hors hôpitaux locaux – dédiés aux soins de suite et de réadaptation). Au regard de ce contexte difficile, des initiatives se sont développées, en matière de permanence des soins mais aussi et surtout en matière d’accès aux services médicaux. En l’occurrence, une dynamique de regroupements et de réseaux de professionnels de santé de proximité est engagée. Celle-ci couvre l’ensemble du territoire de projet.

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B. Les services sociaux Le maillage, la proximité et l’accessibilité des services sociaux sont particulièrement importants notamment vis-à-vis des publics sensibles. C’est d’autant plus vrai sur un territoire de moyenne montagne tel que l’Aubrac où les problématiques d’éloignement et d’isolement se posent. Ces mêmes caractéristiques territoriales concourent aussi à un élargissement du champ d’action des services sociaux à des publics moins sensibles mais tout autant contraints dans leurs démarches par l’éloignement des administrations. Des services adaptés aux publics « sensibles » a. Des problématiques communes aux Centres Médico-Sociaux Dans le cadre des compétences des Conseils départementaux en matière d’action sociale, le territoire bénéficie de l’intervention de Centres Médico-Sociaux (CMS). Le territoire est couvert par le champ d’action de 4 CMS (Espalion, Saint-Flour, Marvejols, Saint Chély d’Apcher), dont un seul est situé sur le territoire à Espalion. Toutefois, tous pratiquent des permanences délocalisées ainsi que des visites à domicile qui complètent le maillage territorial (Carte « Les lieux ressources : action sociale et services au public »). Malgré l’appartenance à 3 entités départementales différentes, ces CMS et leurs antennes partagent des missions communes et disposent d’équipes de travailleurs médico-sociaux aux profils et compétences similaires (assistante sociale de secteur, conseiller en économie sociale et familiale, assistante sociale « personnes âgées »). Les problématiques traitées sont également partagées par ces structures, avec en priorité celles relatives à l’accès aux droits (A.P.A., retraite, CAF…) du fait de l’éloignement des institutions et de la complexité des démarches administratives. Il faut également souligner l’importance des problématiques liées au maintien à domicile des personnes âgées. Au regard du maillage territorial des CMS et de leurs antennes, les missions accomplies semblent répondre aux besoins de la population, dans un souci de proximité. Pour autant, une analyse plus fine des publics concernés et un suivi global des interventions permettraient de mieux évaluer à la fois les besoins de la population et les réponses apportées. b. Des initiatives spécifiques en matière d’insertion Parallèlement et en lien avec ce volet institutionnel de l’action sociale, des initiatives spécifiques en matière d’insertion sont menées sur le territoire. Ces initiatives émanent de structures associatives qui ne sont pas forcément localisées sur l’Aubrac mais dont l’action se déroule sur le territoire, ou bien touche des personnes issues de celui-ci. Dans le champ du médico-social, l’Association pour la Formation et l’Accompagnement des Personnes en Contrats Aidés (AFAPCA) basée à Aurillac mène un chantier d’insertion qui touche certaines femmes du Caldaguès-Aubrac. Concernant l’insertion par l’activité économique, 2 chantiers d’insertion sont implantés sur le territoire de projet (Espalion, Saint-Geniez d’Olt). Il faut également souligner la présence d’une Association Intermédiaire à l’échelle du Nord-Aveyron (ADEL) qui propose aux personnes sans emploi, rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières, un accompagnement social et une activité professionnelle afin de faciliter leur insertion. À noter également sur le Carladez (périmètre élargi), le rôle de l’Association Trait d’Union Carladez dont l’action se structure autour de 2 chantiers d’insertion, un Point Relais Emploi et une Gestion prévisionnelle des emplois et compétences territoriales et qui se

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déploie sur l’Argence pour toutes les questions relatives à l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi (suivi individuel, mise en relation avec les employeurs locaux). Des « lieux ressources » pour une offre mutualisée de services a. La mutualisation des services pour tous publics Les lieux de permanences des travailleurs sociaux (hors CMS) accueillent souvent d’autres partenaires et par là-même, des services complémentaires. Si ces lieux affichent des dénominations différentes « Maison de services », « Point Relais emploi », « Relais de Services Publics »… ; ils représentent dans les faits, de véritables « lieux ressources » avec une offre mutualisée de services. Ils intéressent ainsi l’ensemble de la population, grâce à une offre de services diversifiée, relevant des domaines suivants : aide sociale, services à la personne, emploi-formation, agriculture… Ces « lieux ressources » existent pour la partie aveyronnaise, à Saint Geniez d’Olt, Espalion, Laguiole, Entraygues-sur-Truyère, sous le vocable de « Point relais emploi ». À Saint Amans des Côts, le projet d’une maison de services est en réflexion. Côté Lozère, il existe une coordination départementale, avec un réseau de Maisons de l’emploi et de la cohésion sociale et des plateformes délocalisées, dont notamment celle de Fournels, la seule sur le périmètre labellisable. Enfin, à Chaudes-Aigues, c’est une Maison de services qui a été mise en œuvre par la Communauté de communes et ses partenaires. Tous ces lieux accueillent les travailleurs sociaux, mais aussi, selon le contexte local, un certain nombre de partenaires (voir annexe 30 : Recensement des « lieux ressources ») : - dans le domaine de l’aide sociale, des services à la personne : CAF, CPAM, ADMR, UDAF, CIDFF… ; - dans le domaine de l’emploi-formation : Pôle emploi, Mission locale, GRETA, Chambres consulaires… ; - dans le domaine agricole : Chambre d’agriculture, MSA... Le territoire de projet semble bien couvert par ces lieux ressources. Au travers de leur création récente, transparaît une volonté partagée de conforter et de développer ces lieux. Cela se traduit en premier lieu par le maintien du financement de leur fonctionnement, en dépit, pour ceux labellisés « Relais de Services Publics », de l’arrêt du soutien financier de l’État. En second lieu, l’attention se porte désormais sur une meilleure animation de ces lieux en vue d’une plus large identification et utilisation par les habitants. Une dynamique de mise en réseau et d’animation est ainsi engagée, pour l’instant à l’échelle départementale, grâce au soutien des Conseils départementaux de la Lozère et du . b. L’usage des TIC en faveur d’une nouvelle proximité des services Au sein de ces « lieux ressources », l’accent est mis sur le développement et la facilitation de l’usage des Technologies d’Information et de Communication (TIC). Cela se traduit par 3 types d’équipements : un accès à la connexion Internet, du visio-accueil et des bureaux de télé-centre. La plupart de ces lieux offre un accès à la connexion Internet, avec équipement informatique et/ou accès WiFi. Si des permanences physiques sont organisées, certains partenaires et « lieux ressources » sont dotés d’un système de visio-accueil qui permet d’assurer des permanences à distance pour les partenaires et sur place pour les usagers. La plate-forme de Fournels est ainsi équipée et utilise cet outil. L’usage de ce système tend d’ailleurs à se généraliser.

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Enfin, à noter que ces lieux peuvent aussi comprendre un télé-centre, c’est le cas de la Maison de services, à Chaudes-Aigues. Si la généralisation de ces équipement dotés d’outils TIC semble engagée, l’accent est mis surtout sur l’animation, pour en favoriser l’appropriation, notamment au regard de nouveaux usages. Bilan, perspectives En matière d’action sociale, les missions accomplies semblent répondre aux besoins de la population à l’échelle du territoire de projet, dans un souci de proximité. Pour le volet « insertion », les initiatives semblent en revanche spécifiques et localisées ou portées par des structures extérieures au territoire. L’identification et le repérage des initiatives ont été complexes et, au-delà de la connaissance des structures, se pose la question d’une meilleure approche des publics concernés et de leur caractérisation sur le territoire de projet. Un maillage de « lieux ressources » est par ailleurs mis en évidence, avec une valeur ajoutée portant à la fois sur la mutualisation des services et l’usage des TIC, favorisant ainsi le maintien d’une proximité de ces services. Ces offres dans le domaine social représentent une réelle opportunité d’avenir, pour le territoire : développement d’un réseau d’échanges et d’expériences, renforcement de l’animation et amélioration de la promotion de ces lieux.

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C. Les services aux personnes âgées ou handicapées Une prise en charge importante des personnes âgées La structuration de la population et les traditions rurales et familiales de l’Aubrac concourent à une prise en charge importante des personnes âgées. Celle-ci se caractérise notamment par des dispositifs d’information, une offre d’accueil en établissements et des services d’accompagnement en faveur du maintien à domicile. a. Les caractéristiques de la population La répartition de la population par tranche d'âge (voir partie population) fait apparaître une part significative des plus de 65 ans : 28 % en 2010. Le territoire de projet est un territoire « vieillissant » : la comparaison entre 1999 et 2010 montre une relative accentuation de ce phénomène. Dans ce contexte, la part de la population âgée sur l’Aubrac est importante et la perte d’autonomie des personnes âgées est donc une préoccupation importante pour les familles et l’ensemble des partenaires et acteurs concernés. Lors des ateliers participatifs, les acteurs locaux ont d’ailleurs mis en évidence le coût de la prise en charge de la vieillesse et de la perte d’autonomie, à domicile ou en établissements, tout en soulignant la présence de jeunes retraités, dynamiques et disponibles parmi cette population âgée. À dires d’experts, le nombre de bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie à domicile se développe. Autrement dit, le maintien à domicile des personnes âgées devenues dépendantes est une solution qui semble satisfaire les familles, pour le maintien d’une qualité de vie des aînés. b. Des dispositifs de premier accueil pour les personnes âgées Au regard des caractéristiques présentées précédemment, des dispositifs de premier accueil et d’orientation de la personne âgée et de sa famille ont été créés. Ces dispositifs se répartissent sur l’ensemble du territoire et sont de plusieurs types : - d’une part, les CMS, leurs antennes et les « lieux ressources » identifiés dans le volet « Services sociaux » où les travailleurs sociaux jouent ce rôle de premier accueil ; - d’autre part, des structures dédiées à la personne âgée telles que le « Point Info Séniors » sur la Communauté de communes de l’Argence, ou bien à proximité immédiate du territoire de projet, des « Centres Locaux d’Information et de Coordination » (CLIC) à Saint Chély d’Apcher et Marvejols. En l’occurrence, il s’agit de guichets uniques qui informent, orientent les personnes âgées (plus de 60 ans) et les familles, dans leurs démarches et leur apportent des réponses adaptées. c. Un maintien à domicile soutenu, source de lien social et d’emplois La volonté et la pratique du maintien à domicile sont prégnantes sur l’Aubrac. D’où un secteur de services d’aide et d’accompagnement à domicile très présent, sur l’ensemble du territoire. Tous les cantons sont couverts par au moins l’une des 3 prestations suivantes : services d’aide à domicile ou à la personne, services ménagers et portage de repas. Seul le service de portage de repas n’est pas disponible sur tout le territoire ; 2 cantons sont en effet dépourvus de ce service : Saint Chély d’Aubrac et Nasbinals. Le secteur des services d’aide à domicile relève principalement du milieu associatif et représente une source d’emplois importante sur chaque canton, mais son équilibre peut se révéler fragile. Le réseau des ADMR (Association d’aide à domicile en milieu rural) compte une association locale sur chaque canton. En Lozère, 2 associations complètent l’offre : l’ALAD (Association lozérienne d’aide à domicile) et « Présence rurale 48 ». Enfin, Présence verte qui intervient pour la fourniture d’un système de

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téléalarme est aussi associative et œuvre sur la totalité du territoire. Ce tissu associatif donne aussi l’opportunité d’emplois féminins, de proximité, toutefois peu qualifiés. Concernant le maintien à domicile des personnes âgées, l’apport des acteurs locaux lors des ateliers participatifs fait ressortir 3 points essentiels : - l’enrichissement du lien social et intergénérationnel, grâce à la présence des personnes âgées à leur domicile ; - l’implication des associations en faveur de ce lien social et intergénérationnel : des initiatives locales se font jour et valorisent ces liens, à l’exemple de l’association « Intergénération Caldaguès-Aubrac » ; - les problèmes d’adaptation des logements et de mobilité.

d. Une offre d’accueil en établissements de type E.H.P.A.D. bien pourvue La perte d’autonomie des personnes âgées conduit aussi à leur intégration au sein d’établissements adaptés. Le territoire de l’Aubrac est bien pourvu en Établissements Hospitaliers pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) et par là-même, en nombre de places. Chaque canton compte au moins un EHPAD (Carte « L’accueil des personnes âgées et handicapées »). Les cantons de Chaudes-Aigues et de Nasbinals en accueillent deux. Au total, ce sont 15 EHPAD qui se répartissent sur le territoire, représentant 975 lits. En périphérie du territoire, plusieurs communes complètent cette offre : Mur de Barrez, Marvejols (3 établissements), La Canourgue et Saint Chély d’Apcher. Selon les dires d’experts, un seuil d’équilibre est atteint en matière d’établissements. Ils relèvent que le développement et la diversification des services de maintien à domicile ont contribué à la réduction des besoins en places, au sein des établissements. L’avis des habitants et partenaires convergent : ils reconnaissent la disponibilité de places en établissements et constatent que les tarifs pratiqués sur le territoire sont abordables. À noter que des évolutions sont en cours dans certains de ces EHPAD, avec des unités Alzheimer mises en place récemment ou en projet. Ceci étant, il existe peu d’initiatives alternatives à l’accueil en EHPAD ou adaptées et spécifiques au public des personnes désorientées, constat d’ailleurs partagé par les habitants qui relèvent également ce manque. Les seules structures identifiées se situent en Aveyron dont une, est exemplaire : la plate-forme d’accompagnement et de répit « Le Valadou », ouverte depuis 2012 à Montézic. A noter également que l’Agence Régionale de Santé Midi-Pyrénées et le Conseil Départemental de l’Aveyron engagent en 2015 un diagnostic de l’état des lieux des besoins et de l’offre prospectif, afin de s’assurer de la capacité du dispositif à répondre aux besoins actuels et futurs à l’horizon 2030. Des initiatives en faveur des personnes handicapées Le territoire se distingue en matière d’accueil des publics handicapés, d’une part par une offre d’établissements spécialisés et de démarches liées au handicap et, d’autre part, du fait de la concentration de cette offre en Lozère. Pour autant, la prise en compte des personnes handicapées intéresse également les personnes âgées en perte d’autonomie et tend vers le développement d’une accessibilité pour tous et sur l’ensemble du territoire.

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a. Une concentration d’établissement d’accueil en Lozère L’accueil et le traitement du handicap représentent une véritable tradition en Lozère. L’examen de l’offre d’accueil en établissements à l’échelle du territoire fait très clairement apparaître cette spécificité territoriale. Non seulement les structures se concentrent sur la partie lozérienne mais celles-ci sont de nature différente et permettent une offre adaptée et complémentaire (Carte « L’accueil des personnes âgées ou handicapées »). Il s’agit soit de Foyers de vie, de Services d’aide médico-sociale, de Centres d’Aide par le Travail ou bien de Maisons d’Accueil Spécialisées, toutes pour adultes. À proximité immédiate du périmètre de projet, 9 autres structures sont présentes : à La Canourgue, Saint Chély d’Apcher et Marvejols. 2 autres types de structures complètent l’offre : un foyer d’accueil médicalisé et des foyers d’hébergement. De plus, 3 structures pour enfants sont implantées à Marvejols. Il est à noter enfin le concept de complexe euro-méditerranéen « Sport Tourisme Handicap » de Montrodat, unique à ce jour et en cours de développement. b. Des démarches liées au handicap En complémentarité avec cette offre d’accueil en établissements, la partie lozérienne se démarque également par des démarches d’accompagnement liées au handicap. Le pays Gévaudan Lozère s’est engagé dans une démarche « Gévaudan pour tous » qui s’inscrit dans le dispositif « pour tous » dont l’objectif est de « rendre accessible à tous, à la fois les sites, les structures et les activités ». La dynamique repose sur une mutualisation des expériences autour de l’accessibilité, menées sur les territoires du Massif central. Elle vise « à impliquer et accompagner (en priorité) les acteurs touristiques dans la mise en accessibilité et à structurer l’offre existante afin de mieux répondre aux attentes de tous ». Plus largement, le Pays Gévaudan a inscrit le handicap comme axe transversal de sa charte. En 2011, un recueil de l’offre accessible a donné lieu à la production de fiches techniques d’équipements accessibles ». Sur le périmètre d’étude lozérien, 22 commerces et services ont fait l’objet d’un repérage, 2 hébergements et 3 sites touristiques. Il faut ajouter que 5 sites touristiques sur le périmètre d’étude hors Lozère ont fait l’objet d’une visite et d’une fiche technique. Cette initiative menée sur une partie du territoire d’étude, au-delà de son caractère exemplaire, pose aujourd’hui la question de sa pérennisation et d’un redéploiement à l’échelle territoriale. La prise en compte du handicap de manière transversale par les acteurs du Pays et le caractère très opérationnel et concret du repérage sur le terrain, sont des éléments porteurs pour le projet de territoire, de l’avis des partenaires rencontrés. Une autre initiative peut être citée : l’accessibilité du chemin de Saint Jacques aux déficients visuels, notamment sous l’égide du Pays Haut Rouergue dans le cadre du PER « Valorisation du chemin de Saint Jacques de Compostelle ». Au final, les dispositifs de prise en charge autour de la personne handicapée ont aussi vocation à s’adresser aux personnes âgées et à toutes personnes présentant des états chroniques handicapants, quel que soit leur âge. Bilan, perspectives La prise en charge, en termes d’accompagnement et d’accueil de la personne âgée en Aubrac est importante. Elle se traduit notamment par la présence d’EHPAD bien répartis sur le territoire et une offre significative de services de maintien à domicile. Cela représente une source d’emplois, de proximité et contribue au lien social et intergénérationnel.

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Ceci étant, l’équilibre fragile de ces services, souvent sous statut associatif et le peu d’alternatives aux EHPAD est mis en question par les acteurs locaux, notamment au regard des conséquences familiales de la dépendance. En matière d’accueil des personnes handicapées, il existe une spécificité remarquable sur la partie lozérienne du territoire, aussi bien en matière d’établissements que de démarches liées à la prise en compte globale du handicap. Des communes à proximité immédiate du périmètre de projet y contribuent également. Ces initiatives offrent la perspective d’un rayonnement territorial et ce, en faveur d’une plus large accessibilité, pour tous, y compris en lien avec le volet précédent consacré aux personnes âgées.

D. Les services enfance/jeunesse L’offre de service enfance/jeunesse constitue un facteur déterminant dans l’attractivité du territoire. Au-delà de la garde de l’enfant, les offres d’accueil de loisirs ou d’activités pour les plus grands paraissent aussi importantes, pour favoriser une ouverture socio-culturelle, des pratiques sportives et de découverte ainsi que d’appropriation de son territoire. L’accueil « petite enfance » a. Une bonne couverture territoriale des services Protection Médico-Infantile Les services de PMI représentent le premier maillon en matière de services « petite enfance » et s’adressent principalement aux futures mamans et aux nourrissons. Ils ont un rôle de prévention et d’éducation médicale en faveur du bien-être et de l’épanouissement familial. Leurs équipes relèvent à la fois du médico-social et du médical : docteur, sage-femme, puéricultrices. À l’instar des CMS, ils partagent des missions communes sur l’ensemble de l’Aubrac et portent une attention particulière à la proximité de leur intervention. Ils sont associés aux CMS et à leurs antennes délocalisées sur le territoire. b. L’assistante maternelle : le mode de garde prépondérant sur l’Aubrac Avant la scolarisation, la garde de l’enfant constitue souvent une préoccupation pour les parents. Sur l’Aubrac, la pratique la plus importante est le recours à une assistante maternelle en sachant qu’il existe très peu d’accueil collectif. Accueil en structures collectives Le territoire est très peu doté en structures d’accueil collectif. Seule une structure permanente et 3 occasionnelles sont dénombrées. Ces structures sont principalement situées le long de la vallée de Lot, avec une en multi-accueil, ouverte à la semaine, située à Espalion et 2 haltes-garderies à Entraygues-sur-Truyère et Saint Geniez d’Olt, ouvertes un jour par semaine. Il faut également noter la présence d’une halte-garderie itinérante « Tournicoti » à l’échelle des cantons de Saint Amans des Côts, Laguiole et Sainte Geneviève sur Argence. Ceci étant, à proximité immédiate du périmètre de projet et concentrées le long de l’axe l’A75 sont identifiées des structures collectives permanentes et de multi-accueil (crèches, halte-garderies), à Saint Chély d’Apcher, Marvejols et La Canourgue. Si des facteurs tels que des horaires contraints peuvent jouer en défaveur du développement de structures collectives, il apparaît que sur l’Aubrac la principale raison est la démographie. D’où la présence des structures collectives sur les communes au cœur des bassins de population et le long des axes où se concentrent également la population (A75, vallée du Lot). Néanmoins, ce constat n’empêche pas les acteurs locaux, lors des ateliers participatifs, de déplorer le manque de structures collectives pour la petite enfance.

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Les assistantes maternelles En contrepartie du très faible nombre de structures collectives, le mode de garde en assistantes maternelles se révèle prépondérant et couvre l’ensemble du territoire. 35,4 % des enfants de moins de 3 ans sont gardés par une assistante maternelle contre 28,3 % à l’échelle nationale. Pour autant, des disparités territoriales sont constatées. Au-delà de ce constat, l’analyse du nombre moyen d’enfants gardés par assistante maternelle traduit une capacité d’accueil plus ou moins tendue selon les secteurs du territoire. Les modes de gardes informels Enfin, il s’agit d’évoquer les modes de garde informels lorsque ce sont les parents eux-mêmes qui gardent leur enfant, voire d’autres membres de la famille. Un indicateur143 permet d’approcher cet élément, renseignant sur les parents qui se sont arrêtés de travailler pour garder leur enfant. Cet indicateur atteint les 16,8 % pour les enfants de moins de 3 ans. Les solutions familiales autres que les parents sont aussi sans doute à considérer et à ne pas négliger sur le territoire (grands-parents notamment). c. Des initiatives de réseaux et d’itinérance remarquables En matière de regroupements, 2 types d’initiatives sont remarquables sur le territoire de projet : des Relais Assistantes Maternelles (RAM) ou Relais Petite Enfance (RPE) et des Maisons d’Assistants Maternels (MAM). À l’échelle du territoire, 2 MAM sont expérimentées, à Nasbinals et à Aumont-Aubrac. Elles correspondent à un regroupement des assistantes maternelles et des enfants qu’elles gardent dans un lieu dédié. À dire d’experts, ces initiatives se prêtent bien au territoire et représentent une solution alternative à celle par exemple d’une micro-crèche qui permet une capacité d’accueil adaptée aux territoires ruraux. Elles bénéficient d’un accompagnement par le Conseil départemental de la Lozère, via notamment l’intervention de l’éducatrice « jeune enfant » au sein des MAM. Le second type de regroupement s’illustre par des RAM ou RPE. Sous des appellations différentes, ces relais œuvrent d’une même façon, en faveur de temps d’animation communs proposés aux assistantes maternelles ou, selon les cas, aux parents. Ils servent également de guichets d’information auprès des parents et des assistantes maternelles. 7 relais existent sur le territoire : à Entraygues-sur-Truyère, Espalion, Saint Geniez d’Olt, Fournels, Aumont-Aubrac, Chaudes-Aigues et Laguiole. Enfin, 2 initiatives d’itinérance sont expérimentées sur le territoire. Elles concernent le RAM du canton de Chaudes-Aigues et un RAM associé à une halte-garderie, sur les 3 Communautés de communes Aubrac-Laguiole, Argence et Viadène. Des accueils de loisirs et des activités « jeunesse » disparates a. Les Accueils de Loisirs Sans Hébergement (ALSH) Si les ALSH ne se définissent pas comme un mode de garde, force est de reconnaître que le recours à ces services par les parents s’inscrit le plus souvent en ce sens. Malgré tout, leur raison d’être est de proposer une offre d’activités et de loisirs, pour les enfants de 3 à 14 ans. Selon les cas, cette tranche d’âge peut être adaptée. En matière d’accueil de loisirs et d’activités, les 14 ASLH sont bien identifiés et répartis sur le territoire. Ceci étant, ils présentent des organisations très différentes, avec des incertitudes pour l’avenir (plusieurs ALSH ont fermé, diminuant donc sensiblement le nombre de

143 Nombre d’enfants de moins de 3 ans bénéficiaires de la PAJE complément libre choix d’activité taux plein et couple (Sources : CAF/MSA)

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places disponibles) : le taux de « remplissage » de ces structures et leurs projets de développement (renouvellement des activités proposées) restent des données difficiles à obtenir. Chaque ALSH est organisé localement et relève, selon son contexte territorial, d’une gestion communale, intercommunale ou associative. Dans la plupart des cas, les structures associatives bénéficient de subventions publiques. En termes d’ouverture, les ALSH ouvrent peu en périscolaire mais la moitié fonctionne les mercredis. Pour les petites et grandes vacances scolaires, la grande majorité est ouverte. 2 éléments ressortent de l'analyse de l'offre d'accueil en ALSH : - des interrogations sur l’évolution de ces structures, souvent en gestion associative ou communale ; - la problématique d’adaptation de ces structures au public des pré-adolescents. b. L’offre pour les plus de 12 ans difficile à appréhender La connaissance du fonctionnement et de l’organisation des A.L.S.H. ainsi que celle de l’offre de loisirs et d’activités ont été difficiles à approfondir, dans le cadre du présent diagnostic. Cela est d’autant plus vrai pour ce qui concerne le public des plus de 12 ans qui semble moins fréquenter les A.L.S.H. Tout d'abord, rappelons que l’offre de loisirs et d’activités sur l’Aubrac se caractérise par la mobilisation de multiples intervenants aux statuts différents. L’offre pour les plus de 12 ans repose pour sa part essentiellement sur le tissu associatif. L’atomisation de l’offre rend sa lisibilité difficile à appréhender. Quels types d’activités y sont proposés ? Quelle place faite aux activités de pleine nature ? Autant de questions qui sont à mettre en rapport avec l’expression des acteurs locaux, lors des ateliers participatifs. Il convient donc de mettre en avant le besoin d'une analyse fine des structures, des offres et des besoins des publics, préalable nécessaire pour favoriser la pérennité des outils existants, au travers d'activités et de programmes répondant aux attentes des publics, des plus petits aux plus âgés. Pour conclure, il faut souligner la démarche transversale et globale de 3 collectivités qui, dans le domaine des services « enfance-jeunesse », constitue un point d’appui pour l'avenir. L’expérience des 3 communautés de communes sur l’Aubrac aveyronnais (Aubrac-Laguiole, l’Argence et la Viadène) porte sur l’ensemble du champ « enfance/jeunesse » et tend à approfondir sur leurs territoires la connaissance de l’offre. Conclusion Le recours à l’assistante maternelle est le mode de garde prépondérant sur l’Aubrac. Rares sont les structures d’accueil collectif, uniquement localisées sur les bassins de population et d’emplois, en périphérie du territoire de projet. Toutefois, des initiatives intéressantes se font jour, à la fois en termes de regroupements mais aussi d’itinérance des services « enfance ». Quant à l’offre d’activités « enfance/jeunesse », elle s’identifie principalement au sein des ALSH qui sont bien répartis sur le territoire mais dont le fonctionnement et les perspectives d’évolution sur le territoire restent méconnues. Il faut ajouter l'existence de nombreuses associations diverses et variées, organisant des activités à destination des publics jeunes/adolescents. Toutefois, ces initiatives ne sont pas répertoriées de façon exhaustive leur qualification devient donc impossible. Un champ d’investigation important semble s’ouvrir en vue d’une connaissance plus fine des offres « enfance/jeunesse » au regard des finalités d’un Parc, notamment en matière d’éducation à l’environnement, aux patrimoines et au territoire, et en lien avec le potentiel d’activités « pleine nature » qu’offre l’Aubrac.

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Services de santé : - Services de santé qui répondent aux besoins du quotidien - Développement de regroupements de professionnels de santé (immobilier et réseaux) - Nouvelles pratiques (fonctionnement médical mutualisé, accueil de stagiaires…) - Permanence des soins organisée : bonne couverture des centres de secours pompiers et existence de plateformes de régulation. - Engagement des collectivités et des Pays en faveur de mesures d’accompagnement Services sociaux : - Services sociaux délocalisés et de proximité - « Lieux ressources » : mutualisation des services, pour tous publics - Usage des TIC pour un accès facilité aux services - Structures organisées avec une véritable fonction d’accueil et d’accompagnement Atouts - Initiatives en matière d’insertion Services aux personnes âgées ou handicapées : - Personnes âgées maintenues sur le territoire : lien social et intergénérationnel - Tissu associatif dense en matière de services à la personne - Offre d’accueil bien pourvue en EHPAD - Offre d’accueil diversifiée en établissements (Lozère) pour les personnes handicapées Services enfance/jeunesse : - Bonne couverture territoriale des services de P.M.I. - Mode de garde en assistantes maternelles bien développé - Initiatives exemplaires sous la forme de regroupements ou d'offre itinérante - Nombreux ALSH et structures associatives investies dans les activités « enfance- jeunesse »

Services de santé : - Faible densité et une démographie médicale défavorable - Centres hospitaliers, des services d’urgences et des spécialistes éloignés - Conditions de pratique difficiles pour les professionnels de santé - Accès aux soins rendu difficile et inégal vers les spécialistes et pour les pathologies lourdes Services sociaux : - Services aux dénominations et structurations différentes (manque de lisibilité) - Insertion, accessibilité, accueil pour tous : manque de connaissance des besoins Services aux personnes âgées ou handicapées : Faiblesses - Population âgée et vieillissante - Peu d’alternatives aux EHPAD et/ou adaptées et spécifiques aux personnes désorientées - Démarches liées au handicap sectorielles et/ou localisées. - Accessibilité et accueil pour tous : manque de connaissance des besoins Services enfance/jeunesse : - Peu de choix dans les modes de garde - Disparités territoriales en matière d’accueil « petite enfance » - Multiplicité d'intervenants, aux statuts différents, dans le domaine « enfance- jeunesse » - Manque de connaissance fine des différents publics et des besoins - Peu d’offres pour les plus de 12 ans

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Services de santé - Multiplication des regroupements de professionnels de santé - Liens potentiels entre l’offre de santé du territoire et l’offre à proximité immédiate (établissements, praticiens spécialisés…) - Nouvelles pratiques facilitées par l‘usage des T.I.C. (télémédecine) Services sociaux - Réseaux d’échanges et d’expériences à l’échelle du territoire de projet - Usage des T.I.C. pour de nouvelles applications en matière de services Services aux personnes âgées ou handicapées Opportunités - Part de retraités, dynamiques et disponibles - Personnes âgées « ressources », mémoires du territoire - Etablissements spécialisés avec emplois qualifiés, porteurs de démarches spécifiques. - Démarches liées au handicap, points d’appui à l’accessibilité pour tous et à un rayonnement territorial Services enfance/jeunesse - Etude-diagnostic « enfance-jeunesse » intercommunautaire en cours, porteuse d’enseignements pour l’avenir - Potentiel d’activités de pleine nature, d’éducation à l’environnement et au territoire

Services de santé - Manque et le non renouvellement des professionnels de santé de proximité - Manque de nouvelles vocations de pompiers volontaires - Accès aux soins « spécialisés » de plus en plus difficile pour les habitants Services sociaux - Retrait « physique » des partenaires associés au sein de ces « lieux ressources » - Désengagement de l’État en faveur de ces dispositifs (« Relais de Services Publics ») Menaces Services aux personnes âgées ou handicapées - Fragilisation du tissu associatif - Isolement et un repli sur elle-même de la population âgée - Persistance de démarches sectorielles et/ou localisées (personnes âgées, handicapées) Services enfance/jeunesse - Déséquilibre entre l’offre et la demande en matière de mode de garde, entre accueils collectifs et assistantes maternelles - Disparition de certaines structures (centres d'accueil/centres de vacances...)

En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Maintenir les services de santé et améliorer les conditions de pratique Assurer la pérennité des structures d’accueil enfance/jeunesse Mieux connaître les usagers des services sociaux et les publics en difficulté Maintenir et renforcer les « lieux ressources » Coordonner, soutenir et développer des actions en faveur des publics handicapés Développer l'accessibilité des équipements et des structures d'accueil touristiques à tous les publics Accueillir de nouveaux professionnels de santé Renforcer la prise en charge globale des personnes âgées, en particulier dans le cadre du maintien à domicile Développer une offre d’activités pleine nature, avec une composante « jeunes » En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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Les principales caractéristiques de la démographie influencent la dynamique de l’habitat en Aubrac (population vieillissante, répartition inégale et faible progression liée à l’installation de ménages aux marges du territoire).

Les situations communales sont assez contrastées en la matière : d’un côté, un phénomène de polarisation autour d’un bourg-centre qui irradie sur la(es) commune(s) la(es) plus proche(s) et au- delà, un milieu rural où la faible population et l’éloignement des services de toutes natures, limitent la dynamique de l’habitat.

A. Un parc en augmentation constante, une contribution forte des résidences secondaires et une « persistance » de la vacance Caractéristiques générales du parc de logements Le territoire de projet abrite environ 25 000 logements, un parc144 en augmentation de 9,6 % depuis 1999. Les résidences principales représentent 59 % du parc de logements, proportion stable depuis 1999. Un tiers des logements appartient à la catégorie des résidences secondaires. Quant aux logements vacants, en légère hausse depuis 1999, ils représentent environ 10 % du parc. Les évoluti ons longues (de 1968 à 2008) montrent surtout la progression constante et significative des résidences secondaires.

Figure 22 : Évolution du nombre de logements par catégorie Le parc est très majoritairement composé de maisons (81,4 %), un chiffre bien supérieur aux 3 départements d’appartenance du territoire145.

144 Sources : base Logement INSEE 2008 et 2010, Portrait de territoire « Projet de PNR Aubrac » (2008 et 2010). 145 73 % en Aveyron, 74,5 % dans le Cantal et 76,9 % en Lozère (INSEE 2009).

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Analyse des « familles » de logements a. Les résidences principales : des propriétaires, installés depuis longtemps Les occupants des 15 000 résidences principales sont à 74,9 % des propriétaires146, statut en progression de 4 points depuis 1999. Les locataires conservent la même proportion : autour du quart des occupants de logements. Ces données sont certainement le reflet d’une population à dominante rurale : soit détentrice d’un patrimoine bâti qui habite son logement, soit demandeuse d’accession à la propriété dès le début de la vie active.

Figure 39 : Distribution des types d’occupants des logements.

La période d’achèvement des résidences principales est antérieure à 1949 pour plus de la moitié du parc (53 %) : donc particulièrement ancien. La taille de ces logements est importante : celles comportant 5 pièces et plus représentent 44,9 % du parc. Le nombre moyen de personnes occupant une résidence principale sur le territoire est de 2,06147, chiffre sensiblement inférieur à la moyenne du Pays Gévaudan148 qui est de 2,44 en 2009. Cela semble traduire la présence d’une population plutôt âgée, avec un nombre d’enfants limité. L’analyse du confort surtout via la nature et le mode de chauffage montre logiquement la prédominance du chauffage individuel. Quant aux modes de chauffage dominants, ils sont respectivement : le fioul (42 %), le bois/charbon/solaire (28 %) et l’électricité (25 %). Ces données mises en relation avec la taille et l’âge du Figure 23 : Les types de chauffage parc (voir ci-après), questionnent sur les conditions de vie des habitants, notamment les plus défavorisés, sur un territoire aux conditions climatiques difficiles, et sur la problématique de la consommation énergétique, d’origine non renouvelable. Enfin, l’examen de l’ancienneté d’emménagement des ménages dans leur logement apporte des éclairages sur les conditions d’installation sur le territoire : 60 % des ménages ont emménagé depuis plus de 10 ans et parmi ceux-ci un peu moins de la moitié (43,7 %) est installée depuis plus de 30 ans. Par ailleurs, 10,4 % des ménages ont emménagé depuis moins de 2 ans et la répartition géographique des communes d’installation illustre les secteurs potentiellement attractifs : les anciens chefs-lieux de cantons sur le périmètre aveyronnais et cantalien ; sur la partie lozérienne, l’arrivée de nouvelles populations le long de l’autoroute A75 se confirme.

146 Part supérieure aux départements d’appartenance : 69,3 % en Aveyron, 68,2 % dans le Cantal et 64 % en Lozère (INSEE 2009). 147 Comparable à celui des départements d’appartenance de l’Aubrac. 148 Schéma de l’habitat du Pays Gévaudan Lozère (2009).

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b. Les résidences secondaires : triplement du nombre en 40 ans Le parc de résidencse secondaires est de l’ordre de 7 600 logements auxquels il faut défalquer les locations touristiques saisonnières149 au nombre de 700150. Ces résidences représentent 30 % du parc des logements, part au-dessus des 3 moyennes départementales151. La répartition spatiale fait apparaître un parc important sur une zone sud/sud-est du territoire composée majoritairement de communes très rurales et d’autres plus isolées, sur l’ancien canton de Chaudes- Aigues et sur le Nord-Aveyron. Leur nombre presque mutiplié par 3 en 40 ans est le fruit de la combinaison de plusieurs facteurs : un patrimoine familial des « expatriés », notamment « parisiens », et de leurs descendants qui gardent un « pied à terre au pays », la vocation touristique du territoire qui s’est accrue depuis les années 1960, suscitant la création d’hébergements locatifs (donc comptabilisés par l’INSEE) et l'acquisition de biens par des personnes séduites par la région et souhaitant y réaliser des séjours de vacances en famille. Malgré une faible amplitude d’ouverture et la problématique des « volets clos », les résidences secondaires peuvent contribuer à la mise en valeur des bourgs et villages et à une certaine dynamique économique locale (restauration et entretien du bâti, consommation lors des séjours des propriétaires). Problématique récurrente sur les territoires ruraux du Massif central, les résidences secondaires ont fait l’objet d’une étude sous l’égide de la DATAR152, pour identifier les leviers d’action qui se révèlent assez limités. Toutefois, il paraît opportun de favoriser la mise en réseau des propriétaires et de les prendre en compte dans les dispositifs d’accueil de nouvelles populations (pour des logements « relais » notamment). c. Les logements vacants : de fortes disparités territoriales et une résorption peu significative Le nombre de logements vacants est de l’ordre de 2 700 et leur répartition territoriale met en évidence 2 secteurs significatifs plutôt à l’ouest et au nord, auxquels s’ajoutent des communes isolées, plutôt rurales. Dans certaines, le taux de vacance peut atteindre 25 %. La vacance, relativement difficile à cerner, concerne principalement les centres-bourgs et elle persiste malgré l’engagement des collectivités dans des programmes d’amélioration de l’habitat. Cela semble résulter de phénomènes croisés : la mobilité résidentielle en faveur des logements rénovés, ce qui provoque un « effet de glissement » et une permanence de la vacance, le développement de l’offre de lotissements qui répond aux attentes actuelles des ménages (maison individuelle, présence d’un espace extérieur) et ne permet pas la résorption en village ; le vieillissement de la population qui voit l’abandon de leur domicile pour un établissement adapté. À la vacance pure observée ici, vont ainsi s’ajouter les éléments de qualification suivants : des logements plutôt dans du bâti ancien, de qualité plutôt médiocre et ne répondant pas aux critères actuels de la demande. La question de fond est donc bien « comment réinvestir les centres-bourgs ? », question qui renvoie à une responsabilité collective et d’avenir en matière d’aménagement durable du territoire, et qui est partagée par nombre de territoires du Massif central. Plusieurs Parcs naturels régionaux ont investi ce champ de réflexion en engageant des programmes expérimentaux.

149 Incluses dans cette catégorie par l’INSEE. 150 Chiffre issu des tableaux de bord départementaux de l’offre touristique (CDT 12/15/48, année 2011). 151 18% en Aveyron, 21 % dans le Cantal et 33 % en Lozère. 152 Étude des potentialités de valorisation économique des résidences secondaires dans le Massif central (DATAR, novembre 2010).

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d. Le logement social : un secteur peu tendu Le parc des logements sociaux153 représente un peu plus de 800 logements en 2013, tous bailleurs confondus154. Les logements conventionnés chez les bailleurs publics représentent un peu plus de la moitié du parc social, tandis que les logements communaux et privés complètent l’offre dans des proportions assez proches. Ce type de logements destiné à des publics dits « sociaux » est assez limité sur Figure 24 : Parc des logements sociaux par statut l’Aubrac, comparativement aux départements du bailleur d’appartenance155. Leur répartition géographique fait apparaître de fortes concentrations sur quelques communes qui sont majoritairement des anciens chefs-lieux de canton, des communes limitrophes de l’A75 et des communes situées dans la vallée du Lot, secteurs où se concentrent population, activités économiques et services. À noter que 12 communes n’abritent aucun logement social. Il apparaît que le secteur du logement social n’est pas particulièrement tendu sur ce territoire. Face à un problème récurrent de vacance, il semble pertinent que les collectivités désireuses de développer du logement, notamment social, s’assurent de pouvoir répondre aux besoins des futurs habitants et de leur apporter un ensemble de services/activités (présences d’entreprises, d’écoles…) qui vont permettre de développer un projet de vie et non uniquement un projet de logement. La construction de logements : une dynamique limitée, tournée vers « l'individuel » et concentrée sur quelques communes De 2009 à 2011, le nombre de logements commencés156, toutes catégories confondues, est en moyenne de 173 par an, ce qui représente 1,16 % du parc des résidences principales157. La part des logements dans les surfaces construites est de 35 %158, part similaire à celle de la Lozère, divisée par 2 par rapport au Cantal et à l’Aveyron. Les logements construits sont très majoritairement des logements individuels : entre 80 et 90 %. Ce sont également des constructions de surface conséquente : 140 m² en moyenne par logement159. Figure 25 : Répartition des constructions commencées

153 Sources : DDT 12/15/48 (2013 ou 2014) et INSEE (2009) 154 Communes, organismes publics, propriétaires privés (hors logements en foyers). 155 Part des résidences principales de type locatif « HLM » (bailleurs publics uniquement – INSEE) : 2,6 % sur le territoire, 7,6 % en Lozère, 7,2 % dans le Cantal et 5,7 % en Aveyron. 156 Ayant fait l’objet de déclarations officielles : mises en chantier et achèvement de travaux notamment. 157 Ratio dans les départements d'appartenance : 0,92 % dans le Cantal, 1,13 % en Aveyron et 1,3 % en Lozère. 158 Moyenne sur les 3 années étudiées. 159 Entre 120 et 130 m² dans les départements d'appartenance du territoire ; moyenne française : 95 m² en 2011.

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Espalion, la commune la plus peuplée, concentre assez logiquement la création de logements : de 14 à 18 % selon les années. Environ 85 % du parc nouvellement construit (autour de 135 logements en moyenne par an) se répartit sur une cinquantaine de communes, ce qui représente fort peu de logements construits par an et par commune (de 1 à 8/9 selon les communes). Les communes « destinataires » des constructions de logements individuels groupés (en lotissements notamment) sont au nombre de 13 sur le territoire (entre 2009 et 2011). La dynamique de construction de logements se développe également en périphérie immédiate du périmètre d'étude, dans les bourgs situés le long de l'autoroute (Saint Chély d'Apcher, Marvejols et dans une moindre mesure La Canourgue) ; ils y contribuent pour une part assez proche de celle d'Espalion. L’offre de lotissements due à l’implication des collectivités locales À l’échelle du territoire, nous ne disposons pas de données précises sur toute l’offre de lotissements160. Cependant, l’ADIL de la Lozère qui analyse cette offre à l’échelle départementale, met tout d’abord en évidence l’importance de l’implication des collectivités locales « qui sont à l’origine des 2/3 des programmes en cours en Lozère en 2010 ». La taille médiane d’un lotissement en Lozère en 2010 est de 10 lots, l’écart allant de 3 à 65 lots. En 2010, la surface départementale médiane des terrains en lotissement, en cours de commercialisation, est de 771 m² ; et selon les secteurs, elle oscille entre 550 m² et 1277 m². Enfin, les lotissements récents offrent des surfaces médianes assez importantes (872 m² en 2009 et 853 m² en 2010), plutôt à la hausse depuis 2007. Sur la communauté de communes Caldaguès-Aubrac, 3 communes rurales disposent d’une offre à commercialiser et Chaudes-Aigues étudie un nouveau projet après avoir terminé 2 lotissements dans les années 90/2000, totalisant une trentaine de lots. La taille moyenne est assez similaire à la taille médiane en Lozère, avec 9 lots, pour un écart allant de 4 à 13 lots. Le développement des lotissements en périphérie des bourgs et villages est un phénomène bien présent sur le territoire d’étude. Il peut être considéré comme un atout car il indique un souhait de s’installer ou de demeurer « au pays ». Toutefois, cette « périurbanisation » engendre des risques de banalisation des espaces ruraux considérés comme remarquables sur l’Aubrac et de « surconsommation » d’espaces agricoles et naturels, qui pourraient nuire à la fois à l’attractivité du territoire et au maintien d’activités humaines vitales. Elle génère également une désertification et une dévalorisation des centres-bourgs et soulève la question de la gestion de l’urbanisme. Des expériences récentes ont été menées ponctuellement pour imaginer des lotissements « économes » en consommation d’espace et respectueux des éléments paysagers « identitaires » (Eco-lotissement du Frêne à Laguiole ; étude préalable au projet du lotissement de la Croix de Sansard à Chaudes-Aigues ; lotissement de « burons » dit « des Gentianes » à Nasbinals).

160 Sources : ADIL de la Lozère (Portrait chiffré du marché du logement en Lozère - Edition 2011, données 2010) et CC Caldaguès Aubrac.

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Le Parc Privé Potentiellement Indigne a. Ce que disent les chiffres… La part du Parc Privé Potentiellement Indigne (PPPI) 161 dans celui des résidences principales est de 15,6 %162. Cette moyenne, somme toute élevée, cache également des disparités territoriales significatives (voir annexe 31 : Part du PPPI dans les résidences principales). Sur 3 communautés de communes du haut plateau, la part du PPPI est proche ou dépasse les 20 % ; au fur et à mesure que l’on s’approche des périphéries les chiffres ont tendance à se rapprocher de la moyenne du territoire. Sur la Viadène et dans la vallée du Lot en Aveyron, ce chiffre se rapproche ou passe sous la barre des 10 %. Un complément d’analyse apporte une caractérisation du PPPI. La taille moyenne des ménages concernés est de 1,9 personnes, des petits ménages parmi lesquels dominent largement les propriétaires occupants (67,9 %) et ceux qui ont plus de 60 ans (66 % en moyenne sur le territoire). Ce parc est composé à 84 % de résidences construites avant 1949. Il s’agit de constructions individuelles pour près de 88 %. 30,6 % du PPPI est constitué de résidences d’une superficie supérieure à 94 m². Enfin, la comparaison de cette situation avec les données départementales fait apparaître les informations suivantes : la taille des ménages et la part du parc construit avant 1949 sont assez proches de leurs moyennes. Pour les autres indicateurs, le territoire de projet est au-dessus : pour la part en constructions individuelles, la part des logements d’une superficie supérieure à 94 m², la part des propriétaires occupants et enfin la part des ménages âgés de 60 ans et plus. Le PPPI est en recul depuis 2003, notamment grâce aux effets des différents programmes d’amélioration de l’habitat menés sur le territoire ; d’ailleurs, la part du PPPI est inférieure sur les communes qui ont bénéficié de ces programmes (Nord-Aveyron et collectivités lozériennes le long de l’A75), à celle des communes situées sur le haut plateau. b. Une problématique transversale : la précarité énergétique Les données du PPPI révèlent en creux la problématique de la précarité énergétique. D’ailleurs, les principaux acteurs du secteur insistent sur ce point particulièrement préoccupant sur un territoire rural de moyenne montagne. Pris en compte dans les derniers programmes d’amélioration de l’habitat, il fait maintenant l’objet de programmes départementaux spécifiques. Pour prendre la mesure de l’enjeu que représente la précarité énergétique pour les ménages et plus largement les décideurs, il est bon d’en rappeler la définition générale et en quoi le territoire de projet est particulièrement concerné. Les personnes en précarité énergétique « consacrent plus de 10 % de leur revenu au règlement des factures d’énergie », sachant que ne sont pas retenues celles qui réduisent leur chauffage pour limiter la facture énergétique : des personnes « aux portes de la précarité ». L’ADIL de l’Aveyron indique que « l’on multiplie par 2 le nombre de personnes qui sont en précarité énergétique » si on prend en compte les 2 groupes cités ci-dessus. Enfin, il existe des facteurs aggravants, spécifiques au territoire ; ce sont principalement l’altitude et le climat semi-montagnard, auxquels s’ajoutent : - la mauvaise qualité du bâti, en matière de performance énergétique, - la faiblesse des ressources qui représente une « précarité économique » rendue encore plus délicate dans la conjoncture actuelle, - l’augmentation du prix de l’énergie et l’accélération de cette augmentation.

161 Sources : ANAH CD Rom « Parc Privé Potentiellement Indigne » 2007 pour la Lozère et l’Aveyron (fournies courant 2013) et 2011 pour le Cantal (fournies début 2014). Fichiers (FILOCOM) transmis par les 3 DDT. 162 8 % en Aveyron, 11,3 % dans le Cantal et 13,7 % en Lozère.

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Pour parfaire les contours de la précarité énergétique, les acteurs locaux soulignent qu’elle est intimement liée à un manque de valorisation des énergies renouvelables (le bois énergie en premier lieu, une ressource locale faiblement mobilisée) et plus largement à des énergies mal utilisées. Enfin, habitat indigne et précarité énergétique sont étroitement liés et doivent faire l’objet de stratégies portées par les collectivités de manière convergente et coordonnée. Il semble nécessaire d’aborder à la fois l’habitat du point de vue technique (source d’énergie, matériaux) et architectural (type de construction, orientation), mais également humain et social, et plus largement dans le cadre des politiques publiques d’aménagement durable du territoire. Bilan, perspectives L'analyse des logements du territoire permet de mettre en évidence un parc de résidences principales anciennes, majoritairement des maisons individuelles dont les propriétaires sont installés depuis longtemps. Les sources d'énergie pour le chauffage font la part belle au fioul et à l'électricité qui, dans un contexte d’augmentation constante des tarifs et sur un territoire de moyenne montagne aux hivers longs et rigoureux, suscitent des interrogations sur la capacité des occupants (surtout les plus fragiles) à faire face au règlement de leurs factures énergétiques. C'est d'ailleurs ce que mettent en exergue les données du PPPI et que confirment les partenaires en charge de l'habitat. La dynamique de l'habitat sur le territoire se révèle à travers l'implantation récente des ménages qui a lieu majoritairement sur les communes le long de l'A75 et dans quelques communes en lisière du périmètre labellisable (une en particulier, Espalion) où se développent les logements neufs et l'offre de logements sociaux. Pour ce qui est des résidences secondaires, elles représentent une part significative du parc de logements et sont en progression. Elles jouent un rôle ambivalent vis-à-vis du territoire : « des volets clos » durant une bonne partie de l'année mais également un apport économique partiel quand ces mêmes volets se ré-ouvrent : au final, un potentiel difficile à cerner et à exploiter, ainsi que des secteurs géographiques plus concernés au sud/sud-est du territoire. Les logements vacants ne représentent qu'une part limitée du parc mais persistent sur le territoire malgré des programmes d'amélioration de l'habitat initiés par les collectivités et les Pays depuis de nombreuses années. Les logements vacants se concentrent dans les centres bourgs désertés au profit des lotissements en périphérie. Ce « modèle » pour les projets résidentiels des ménages s'est également développé en Aubrac. Il fait craindre une banalisation des paysages et une consommation excessive d'espaces naturels ou productifs, notamment agricoles. Enfin, en matière d'habitat sur un territoire comme l'Aubrac, partenaires et acteurs s’accordent sur l’importance de lutter contre la précarité énergétique subie par les habitants, de rechercher la performance énergétique des logements associée à l'adaptation au vieillissement et à la dépendance, et enfin d’identifier les modalités de mobilisation des sources d'énergie locales, comme le bois énergie.

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B. L’amélioration de l’habitat : des partenaires investis de longue date et des programmes centrés sur l’efficacité énergétique Un investissement « historique » des collectivités dans l’amélioration de l’habitat Le calendrier de réalisation des programmes d’amélioration de l’habitat court sur 2 périodes principales (voir annexe 32 : Principaux programmes d’amélioration de l’habitat) : - une première période de 2000 à 2008, avec des OPAH sur 3 communautés de communes (et une commune) côté Lozère, plutôt en périphérie du territoire d’étude et une autre OPAH conduite côté Aveyron par le Syndicat des Communes de l’Aubrac Aveyronnais (23 communes du haut plateau et de la Viadène). - une période plus récente, à partir de 2008, avec 2 PIG (hors territoires couverts antérieurement par une OPAH) portant sur le Pays du Haut Rouergue et le Pays Gévaudan Lozère, ainsi qu’une OPAH sur la Communauté de communes Caldaguès-Aubrac. Il faut ajouter à ces programmes, le « Schéma de l'Habitat » réalisé par le Pays Gévaudan Lozère en 2008 : un diagnostic territorial approfondi, décliné par communauté de communes et assorti de fiches actions. Priorité des programmes récents : adaptation au vieillissement, résorption de l'habitat indigne et lutte contre la précarité énergétique L'objectif principal de ces opérations a été globalement de favoriser la réhabilitation des résidences principales du parc privé (propriétaires occupants et propriétaires bailleurs) ; s'y sont ajoutés le renforcement de l'offre locative, la lutte contre l'habitat indigne et l'amélioration du confort, notamment l'adaptation au vieillissement et au handicap.

Concernant les propriétaires occupants, le public qui domine est celui des retraités. Les travaux dans leur logement portent en priorité sur la mise aux normes d'habitabilité et les économies d'énergie. Vient ensuite l'adaptation du logement. Un autre domaine a fait l'objet d'interventions spécifiques : la lutte contre la précarité énergétique et l'amélioration du confort thermique. Ces opérations se sont adressées également aux propriétaires bailleurs. Elles ont permis en majorité la réalisation de travaux partiels (menuiseries, mise aux normes électriques, …) dans des logements conventionnés. Le bilan qualitatif est relativement contrasté quant à la résorption de la vacance et de l'insalubrité. Concernant la résorption de la vacance, elle est jugée limitée. Les logements rénovés favorisent la mobilité résidentielle et le maintien de ménages sur le territoire, mais les logements libérés, deviennent vacants : il y a là un effet « de transfert » déjà souligné. Pour ce qui est de la résorption de l'insalubrité, c'est une préoccupation importante qui requiert une forte implication (en ingénierie) et se double d'une difficulté d'intervention (comme chez les propriétaires occupants d'ailleurs), car il faut déceler les logements concernés et convaincre les propriétaires d'intervenir.

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Les programmes en cours : priorité à l'efficacité énergétique En 2012, les programmes « actifs » portent sur des éléments ponctuels du bâti, principalement les façades et les toitures et sont localisés surtout en périphérie, voire à proximité immédiate du territoire (voir annexe 32 : Principaux programmes d’amélioration de l’habitat). Plus largement, pour faire face au problème global et local de la consommation énergétique du secteur du logement, des programmes départementaux « Habiter mieux » ont vu le jour : ils sont dédiés à la lutte contre la précarité énergétique, dans le cadre du nouveau régime d'aide de l'ANAH163. Ils visent à aider les propriétaires occupants aux revenus modestes pour améliorer la performance énergétique de leur logement. Concrètement, ils prolongent les volets « efficacité énergétique » des OPAH et PIG et se déploient à l'échelle départementale dans les 3 départements d'appartenance du territoire d'étude. Ils se traduisent par la signature d'un « contrat local d'engagement » entre le département et l'État : - pour permettre d'améliorer l'information des publics concernés grâce à un « guichet unique », - pour faire converger les aides de toutes les sources en faveur de la performance énergétique - et enfin, pour renforcer l’ingénierie sur les territoires et « toucher » les publics qui en ont le plus besoin (ménages à faibles revenus, propriétaires occupant un logement dégradé et donc précarisés). Bilan, perspectives Le bilan des programmes d’amélioration de l’habitat peut être jugé positif et bénéfique pour le territoire même s’il est contrasté en fonction des publics concernés et des secteurs géographiques. La priorité actuelle à l’efficacité énergétique doit à la fois concourir à améliorer les conditions de vie physiques des habitants mais surtout à limiter la part des dépenses consacrées par les ménages au règlement de leur facture énergétique, surtout sur un territoire où des ressources sont disponibles mais insuffisamment valorisées. Le dernier point assez crucial pour l’Aubrac et mis en évidence par les acteurs locaux, est celui qui concerne le manque de coordination de la politique de l’habitat entre les différentes secteurs du territoire. Le cloisonnement départemental du territoire est jugé préjudiciable à l’efficacité des politiques publiques en faveur de l’amélioration de l’habitat.

163 Dans le cadre du nouveau régime d'aides entré en vigueur au 1er janvier 2011, les priorités de l'ANAH s'organisent autour de 3 axes : lutte contre l'habitat indigne et très dégradé, rééquilibrage en faveur des propriétaires occupants les plus modestes avec une intervention forte sur la lutte contre la précarité énergétique et ciblage de l'aide aux propriétaires bailleurs sur les logements présentant un niveau significatif de dégradation (Source : site Internet DDT Cantal)

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C. Une approche du marché du logement

Les principales sources exploitées164 ne permettent pas de caractériser le marché à l’échelle du territoire d'étude : soit elles décrivent l'état du marché sur des territoires plus larges, présentant des similitudes avec l'Aubrac, soit elles concernent une partie limitée. Une première approche qualitative est néanmoins possible, avec quelques données chiffrées « repères ».

Tendances récentes : un marché en régression dans un contexte morose Le rapport annuel d'activité de l'ADIL de l'Aveyron165 met en évidence la conjoncture défavorable à une dynamique du secteur du logement, toujours en régression. La principale raison tient au contexte économique et social morose. Globalement, les personnes « qui hier aspiraient à devenir propriétaires, n’aspirent plus aujourd’hui qu’à être bien logées ». Enfin, « l'accession à la propriété (…) marque le pas, concourant avec la chute des mises en chantier, à la fragilisation des entreprises du bâtiment, une filière déjà pénalisée par l’extinction quasi-totale de l’investissement locatif privé en Aveyron ». Le locatif privé : des loyers bien en dessous des références Pour appréhender ce marché, les données exploitées sont celles de l’ADIL de la Lozère166 et de la DREAL Auvergne. Il a été observé au niveau départemental en Lozère qu’« après une hausse régulière de 2005 à 2008, une stabilité en 2009, les loyers stagnent ou baissent depuis 2010 ». Le prix médian au m² se distribue (en fonction du nombre de pièces) de la manière suivante : 1 pièce 2 pièces 3 pièces 4 pièces 5 pièces et + 9,5 € 7,5 € 6,7 € 5,6 € 5,6 €

L’étude menée par la DREAL Auvergne met en évidence quelques données sur les secteurs ruraux. Il en ressort que le loyer moyen de marché167 est compris entre 6 et 6,1 €/m² en 2008 pour les logements non conventionnés du fichier des Caisses d’Allocations Familiales (CAF), situés dans les secteurs ruraux du Cantal. En 2010, sur ces mêmes secteurs, le loyer moyen de marché est de 5,6 €/m². Confirmation qu’une baisse s’est produite sur ce marché, dans le Cantal comme en Lozère. Il se distribue (en fonction du nombre de pièces) de la manière suivante : Studio/T1/T2 T3/T4 T5 et + 7,5 € 5,2 € 4,3 €

Grâce à ces données, on peut tenter de situer le territoire de l’Aubrac « en proximité » qualitative avec ces secteurs ruraux. Ce qui semble ressortir principalement, ce sont des loyers bas à très bas, notamment au regard des références départementales et régionales.

164 Pour toute cette partie, les sources exploitées sont : « Étude relative à la connaissance des loyers du parc privé en région Auvergne » (DREAL Auvergne, 2008), « Portrait chiffré du marché du logement en Lozère » (ADIL, 2011), « Rapport annuel d’activité 2012 » (ADIL Aveyron) et « Étude Habitat - Mobilités sur le territoire de la Communauté de Communes Caldaguès-Aubrac » (Pays de St Flour Haute Auvergne/CC Caldaguès-Aubrac, Avril 2012). 165 Pour l'année 2012. 166 Baromètre des loyers du locatif privé de l’ADIL 48 : l’indicateur choisi est le loyer médian c'est-à-dire le loyer qui scinde l’échantillon en 2 parts égales. 167 Le loyer moyen de marché sur un secteur investigué (tous types de logements confondus) correspond à une moyenne pondérée des valeurs relevées au prorata du volume de logements locatifs privés par type de logement.

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L’approche qualitative issue de l’étude auvergnate dégage les principales caractéristiques du marché sur les secteurs ruraux du Cantal, comparables à l’Aubrac. « Globalement (…), on constate que l’offre est supérieure à la demande et donc un accroissement de la vacance. Aujourd’hui, les tendances observées sur l’offre sont les suivantes : - Les petits appartements (…) affichent des taux de vacance élevés, malgré parfois de bonnes prestations. Dans l’ensemble, ce type de produit ne correspond pas aux besoins des ménages. - Les maisons de bourg (sans jardin, ni cour) qui sont des biens peu appréciés des ménages. - Les appartements T2-T3 qui, au contraire des maisons de bourg et des petits appartements, sont activement recherchés (...). Quant à la demande, elle porte essentiellement sur : - Les appartements T3 ou T4, de préférence neufs : ils sont la cible de couples avec ou sans enfants, de ménages concernés par une mutation professionnelle et parfois de ménages retraités qui reviennent en centre-ville pour se rapprocher des commerces et des services. Dans une moindre mesure, les appartements T2 sont également recherchés par les jeunes ménages qui dé-cohabitent et qui viennent de rentrer dans la vie active. - Les maisons individuelles (pavillons avec terrain, villas) : elles demeurent très convoitées notamment par les familles qui sont dans l’attente de franchir le pas vers l’accession, ou en mobilité professionnelle ». Des éléments qualitatifs issus de l’étude « Habitat et mobilités » réalisée sur le Caldaguès-Aubrac, complètent ce volet. « Le marché du locatif est relativement actif, plus particulièrement à Chaudes- Aigues avec la présence de curistes et d’employés saisonniers. On assiste à un phénomène de concurrence sur ce marché entre le locatif permanent et le locatif saisonnier. Le statut de station thermale fait qu’il est plus rentable de louer à la saison qu’à l’année ». Cette spécificité renvoie à un questionnement plus large à l’échelle du territoire (dont la vocation touristique est avérée) sur la complémentarité entre locatif saisonnier et locatif à l’année. Les différents constats traduisent le faible dynamisme du marché du locatif, constats partagés par les acteurs locaux et les partenaires. Il se caractérise par la baisse des loyers, un parc vieillissant au cœur des bourgs et villages, une permanence de la vacance. Néanmoins, certains secteurs semblent « tirer leur épingle du jeu » grâce à la présence de services et d’activités (à l’exemple de Chaudes- Aigues). Enfin, il semblerait intéressant de vérifier l’intérêt d’une éventuelle « perméabilité » entre locatif saisonnier et locatif permanent168. La vocation touristique de l’Aubrac doit inciter à prendre en compte les besoins spécifiques des acteurs concernés (visiteurs en court ou long séjour, curistes, travailleurs saisonniers ou temporaires), dans le cadre des futurs projets en matière d’habitat.

168 Non sans avoir étudié préalablement les incidences réglementaires, fiscales…

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L’accession à la propriété : des prix élevés dans l’ancien, des projets surtout dans le neuf et la maison individuelle a. Généralités et conjoncture En Lozère, les projets d’accession à la propriété sont majoritairement orientés vers l’immobilier neuf (63,2 % en 2010 et 53,7 % en 2009) et la maison individuelle est plébiscitée à hauteur de 79 %. Le ressenti des acteurs du territoire et les dires d’experts confirment ces tendances : le « mythe » pérenne de la maison individuelle, un développement du neuf via les lotissements à la périphérie des villages. Auxquels s’ajoutent des prix élevés. D’ailleurs, l’ADIL de l’Aveyron confirme qu’en 2012, « le principal problème reste les prix trop élevés des logements anciens ». b. Les logements neufs L’évolution des prix du neuf observée en Lozère (à l’échelle départementale) entre 2006 et 2010 est à la hausse : « le prix au m² a augmenté de 8,2 %, passant de 2 100 € à 2 272 €. On remarque toutefois une certaine stabilisation des prix depuis le début de l’année 2009, autour de 2 300 € le m² ». c. Les logements anciens, maisons et appartements Entre 2003 et 2010, le prix médian d’une maison ancienne en Lozère a connu une augmentation de plus de 67 %. Pour ce qui concerne l’évolution du prix au m², le constat est le suivant : « entre 2007 et 2009 le prix baisse de 13,16 % (…) et connaît ensuite une nouvelle envolée de 14,91 % entre 2009 et 2010 ». En 2010, il atteint 1 402 €, prix quasi identique à celui de 2007. Un « zoom » a été réalisé sur les ventes de ruines dont le volume au sein de l’ensemble des mutations est en diminution au fil des années. Leur prix médian169 a connu une augmentation de plus de 317 % en 8 ans ». Sur le périmètre lozérien, la tendance observée fait apparaître une certaine « spéculation » dans l’ancien, surtout sur le haut plateau : c’est là qu’a lieu le plus de transactions et que l’évolution des prix est la plus significative. Du côté des appartements, le phénomène est assez similaire. « Entre 2003 et 2010, le prix médian d’un appartement en Lozère a connu une augmentation de plus de 49 % ». Quant au prix au m², « il a connu une forte augmentation entre 2003 et 2010 (82,42 %), passant de 768 € à 1401 € », prix identique à celui des maisons. d. La commercialisation de l’offre foncière en lotissements Le délai moyen de commercialisation des terrains issus des lotissements tourne autour de 6 ans. Les prix au m² du foncier à bâtir sur le territoire de projet (Lozère) oscillent généralement entre 30 et 45 € (sur une commune, le prix atteint 96 €) ; sur la Communauté de communes du Caldaguès-Aubrac, ils vont de 12 à 35 €. Comparativement, ces prix oscillent entre entre 20 et 73 € sur le département de la Lozère. Enfin, le marché de l’offre en lotissements est difficile à cerner sur le territoire au regard du nombre limité de données. Il semble toutefois que sur les communes situées « au centre » du territoire, les prix soient bien moins élevés que sur celles situées à l’est, « sous influence » de l’autoroute.

169 Le prix qui scinde l’échantillon étudié en 2 parts égales.

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e. Le marché des résidences secondaires Toujours selon l’étude « Habitat et mobilités »170, « un marché des résidences secondaires s’est récemment développé avec des achats spontanés y compris pour des biens à très bas prix ». Ce marché profite de la dynamique touristique, il sera intéressant à l’avenir d’améliorer la connaissance de ce phénomène et de vérifier l’intérêt pour l’Aubrac du développement d’un tel marché.

f. Bilan, perspectives Pour faire un bilan sur ce volet, on peut mettre en premier lieu en évidence l’avis des acteurs du territoire qui jugent globalement les prix des logements abordables. Cependant la confrontation avec quelques données chiffrées à une échelle plus large que celle du territoire, nuance sensiblement cette perception. En l’absence de chiffres spécifiques au marché immobilier sur le territoire, mobilisables pour élaborer ce diagnostic, la caractérisation a été approchée grâce à ceux qui concernent des territoires proches (département de la Lozère et du Cantal notamment). 2 phénomènes semblent caractériser les territoires ruraux semblables à l’Aubrac : d’une part, un marché du locatif peu dynamique avec des loyers bas à très bas et d’autre part, un marché de l’accession à la propriété plus contrasté. Dans l’ancien, les prix demeurent élevés tandis que dans le neuf, ils auraient tendance à se stabiliser. Les données concernant la commercialisation des offres foncières en lotissement sont limitées et méritent une analyse approfondie à l’échelle du territoire de projet. 2 phénomènes semblent également mériter un approfondissement : le marché des résidences secondaires et la question de la multifonctionnalité du locatif (à l’année ou saisonnier). Enfin, cette première approche du marché permet de confirmer la désaffection des centres-bourgs au profit des constructions en périphérie, et par effet induit, la persistance de la vacance. Quant au prix élevé du foncier dans l’ancien, il ne facilite pas l’accession à la propriété.

170 Sur le Caldaguès-Aubrac (2011).

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- Attractivité du territoire et qualité de vie pour les habitants natifs ou nouveaux arrivants Atouts - Logements disponibles, des loyers accessibles - Engagement des collectivités et des Pays dans l'amélioration de l'habitat - Patrimoine bâti remarquable et des artisans aux savoir-faire maintenus - Manque de coordination de la politique de l’habitat - Relatif déséquilibre territorial dans la dynamique de l’habitat - Désertification et défaut de valorisation des centres–bourgs couplés à l’étalement urbain en périphérie des villages - Difficile adaptation du territoire au handicap (répartition inégale des lieux d’accueil, Faiblesses adaptation insuffisante des logements) - Energies renouvelables peu mobilisées dans l’habitat - Précarité énergétique importante - Connaissance limitée des besoins de certains publics et données très parcellaires sur le marché - 3 programmes départementaux « Habiter mieux » multipartenaires, pour lutter contre la précarité énergétique Opportunités - La volonté de certaines collectivités d’intégrer l’habitat dans une approche globale et de l’inscrire dans une logique d’aménagement durable du territoire - Démarche BIMBY = expérimentation intéressante à mettre en œuvre sur le territoire - Population vieillissante et « brassage difficile » avec les nouveaux arrivants - Banalisation des abords des bourgs et villages et abandon des centres-bourgs qui Menaces affectent la qualité patrimoniale et paysagère du territoire - Perte de certains savoir-faire dans la construction… En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Construire une politique de l’habitat en cohérence avec l’urbanisme et l’aménagement durable du territoire Promouvoir la requalification et l’adaptation de l’offre de logements En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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A. Une progression constante des réseaux et équipements numériques, grâce à la mobilisation des pouvoirs publics Un cadrage national et un désintérêt des opérateurs privés La technicité et l’évolution permanente des TIC répondent à des enjeux qui dépassent le seul territoire de l’Aubrac. Ils relèvent d’une stratégie nationale qui met en lumière sur l’Aubrac le désintérêt des opérateurs privés et renvoie à l’engagement des collectivités locales en ce domaine. Les TIC sont encadrées par un Programme national du Très Haut Débit dont l’objectif est de permettre à 100 % de la population de disposer du Très Haut Débit (THD) à l’horizon 2025, avec un passage intermédiaire à 70 % en 2020. Il prévoit aussi une nouvelle infrastructure numérique en généralisant les réseaux de fibre optique sur l’ensemble des territoires. L’État a lancé un Appel à Manifestations d’Investissements (AMI) auprès des opérateurs privés, à l’échelle nationale, pour distribuer le THD par fibre optique jusqu’à l’usager (FFTH). Or, quand les zones en AMI seront déployées, seulement 54 % du territoire français sera couvert en THD et pour les départements concernés par le projet de PNR, la couverture sera la suivante (pourcentage de la population couverte) : 23 % en Aveyron (bassins de Millau et Rodez), 46,56 % dans le Cantal (Saint Flour et Aurillac) et 17 % en Lozère (Mende). Des documents de stratégie et de prospective départementaux et régionaux À partir de ce cadrage national, les collectivités locales déclinent leur stratégie à l’échelle régionale ou départementale, selon les cas. En l’occurrence, 3 Schémas Directeurs Territoriaux d’Aménagement Numérique touchent l’Aubrac . S’ils disposent de points de convergence, ils présentent aussi des ambitions et des phasages adaptés à leur échelle et contexte, départemental ou régional. Le point commun de ces 3 documents stratégiques est la perspective d’une montée en débit et le déploiement du THD à horizon 2025. Une couverture du territoire très inégale en Haut Débit En matière de Haut Débit, 100 % du territoire est couvert, toutes technologies confondues (filaire, satellite, radio). Ceci étant, de fortes disparités existent en termes de débit. Quelques portions de territoire demeurent encore inéligibles à la technologie DSL (Digital Subscriber Line), soit en raison d’une longueur de ligne trop importante (cause de l’affaiblissement du signal numérique) soit en raison de la présence d’équipements nécessaires au multiplexage des lignes téléphoniques. Par ailleurs, il faut également distinguer le débit commercial proposé, calculé en fonction des caractéristiques théoriques de la ligne et la réalité constatée qui peut varier en fonction de la qualité de la ligne ou du trafic Internet à certaines heures. Les opérateurs privés déploient depuis fin 2013 une technologie DSL appelée VDSL2 qui permet de disposer de débits intéressants si on a la chance de se situer à proximité du nœud de raccordement (100 Mbit/s à 500 mètres). Les autres technologies, dites hertzienne, satellite ou radio (antennes radio) demeurent de bonnes solutions alternatives. Afin de résorber les zones d’ombre pour les foyers qui ne pouvaient pas bénéficier de l’ADSL et pour tenter de diminuer les disparités territoriales en matière de niveaux de débit de connexion, tous les Conseils départementaux ou Conseils Régionaux concernés interviennent mais de manière différenciée, à la fois d’un point de vue technique et financier.

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Une offre existante en Très haut Débit mais très ciblée Une seule offre d'accès au THD « grand public » existe. Elle se situe sur le village d’Aumont-Aubrac. Au-delà de ce cas unique de THD « grand public », le THD sur l’Aubrac reste pour l’instant ciblé et développé pour des usages professionnels, auprès des entreprises ou de services publics (santé…). Il est accompagné là encore par une forte mobilisation des pouvoirs publics, compte-tenu du manque d’engagement des opérateurs privés en la matière. Les fibres optiques actuellement en place ou en cours de déploiement par l’opérateur historique sont principalement destinées à la structuration de son réseau. Or, à l’image d’une autoroute classique, il doit y avoir des « bretelles de sorties » pour irriguer le territoire alentour. L’infrastructure seule ne suffit pas. Un équipement de fibre peut exister mais doit être activé, c’est-à-dire qu’il faut qu’un opérateur s’en empare. D’où l’engagement des collectivités en faveur de la pose de fibre mais aussi de son exploitation et commercialisation, dans un premier temps pour des usages professionnels, comme cela peut être le cas le long de l’A75 (zones d’activités d’Aumont-Aubrac et du Monastier-Pin-Moriès). Une couverture en téléphonie mobile très aléatoire L’ensemble du territoire est couvert en 2G e, à moyen terme, la couverture totale en 3G devrait être atteinte. La 4G prend également de l'ampleur. Concernant les zones blanches, une politique de résorption est menée, autour notamment des investissements des collectivités dans la pose de pylônes. Par contre, le déploiement du THD pour la téléphonie est un domaine réservé aux opérateurs et n'entre pas dans le champ des réseaux d'initiative publique qui sont déployés par les collectivités. Pour le territoire de projet, la couverture en téléphonie mobile et l’accès aux dernières technologies n’échapperont pas à un phasage dans le temps et à une couverture territoriale différenciée, à l’instar de la progression de la connexion Internet en HD et THD. La préoccupation des pouvoirs publics en matière de connexion Internet est associée désormais à celle de l’usage du téléphone mobile. La connexion Internet par la téléphonie mobile s’annonce en effet comme un nouveau critère de qualité de vie individuelle mais également comme un facteur d’attractivité et de développement pour l’économie locale (comme le tourisme par exemple). B. Une appropriation des TIC en cours Un accompagnement au développement des usages pour tous Tous les anciens cantons, à l’exception de Saint Germain du Teil, disposent au moins d’un accès public à la connexion Internet (Carte « Les accès publics à l’Internet »). Les offices de tourisme et des « lieux ressources » (voir partie Services) sont équipés de postes informatiques avec connexion possible ou offrent un accès WiFi. À noter que ce constat porte uniquement sur les lieux publics. À ceux-là s’ajoutent de plus en plus d’initiatives privées permettant aussi un accès Internet (hébergeurs touristiques, cafés…). À ces différents modes d’accès à la connexion Internet est associé un volet « accompagnement- animation », engagé et soutenu par les collectivités. L’ensemble du territoire présente des expériences en la matière, sous des formes différentes. Dès 1998, le Conseil départemental du Cantal impulsait le dispositif « Cyber Cantal » qui visait l’appropriation des TIC avec des aides en faveur de l’animation. D’où la création de la Maison de services à Chaudes-Aigues, équipée et dont l’animation et l’accueil sont assurés par un agent formé aux TIC.

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L’expérience lozérienne de la Maison de l’Emploi et de la Cohésion Sociale et de ses plates-formes « Relais de Services Publics », l’animation des « Points Relais Emploi » dans le Nord-Aveyron, comprennent aussi un accompagnement des usagers aux TIC. Des thématiques explorées pour de nouvelles pratiques Les thématiques de l’éducation/formation, du télétravail et de la santé/social sont en particulier explorées sur le territoire et se traduisent d’ores et déjà par de nouvelles pratiques. a. Éducation/formation L’usage de l’Environnement Numérique de Travail (ENT) au sein des collèges est généralisé sur l’Aubrac. Parents, élèves, professeurs et autres agents ont ainsi un accès direct et permanent à un certain nombre d’informations mais de plus en plus aussi à des espaces collaboratifs. L’équivalent de ce type de réseaux au sein des lycées se développe également. De plus, à noter la reconnaissance d’écoles numériques rurales, à l’exemple de celle de Saint Urcize qui lui permet d’être dotée d’un tableau blanc interactif et d’ordinateurs portables. b. Le développement des télé-centres Le territoire de l’Aubrac compte 2 télé-centres (Carte « Les accès publics à l’Internet ») : à Chaudes- Aigues (Maison de services) et à Fournels (Relais de Services Publics) ; 2 autres sont à proximité du périmètre d’étude : à Saint Chély d’Apcher (centre multimédia) et à Marvejols (Maison de l’emploi/RSP). Ils s’adressent à tous les télétravailleurs (salariés, indépendants, à domicile) et offrent des bureaux entièrement équipés, avec une palette de services à disposition. Des « clubs » de télétravailleurs ont aussi été créés et animés : « SoLozère » en Lozère et « Pass actifs mobiles » dans le Cantal. Ces télé-centres ne fidélisent pour l’instant que très peu de télétravailleurs (un par exemple sur Fournels) mais ils répondent à des besoins ponctuels. Le télé-centre de Chaudes-Aigues accueille par exemple des curistes ou des résidents secondaires qui ont un besoin de continuité dans leur travail. Les services liés au télétravail sont finalement plutôt présents sur les parties cantalienne et lozérienne du périmètre de projet. Même s’ils ne sont pas pour l’instant optimisés sur le territoire, des démarches soutenues par ces 2 Conseils départementaux visent à mieux les faire connaître aux télétravailleurs présents localement ou extérieurs à la région. D’autres visent plus largement à sensibiliser des télétravailleurs potentiels à ce mode de travail. En ce sens, des collaborations avec des structures qui promeuvent le télétravail et l’accueil de nouveaux actifs pourraient être envisagées. c. Santé / social L’existence des maisons de santé et le partage des dossiers médicaux représentent un début de travail collaboratif, propice à l’engagement en faveur de la télémédecine. En l’occurrence, force est de reconnaître que l’Aubrac, par sa dynamique de regroupements physiques et de réseaux de professionnels (voir volet « Services de santé »), se positionne favorablement. À ce jour, une expérience de télémédecine existe sur la partie lozérienne du territoire, sous 2 aspects : - un réseau de visioconférence dans les établissements de santé publics et privés qui permet des possibilités d’expertise, de formation et de conférence ; - la mise en place d’un système de communication informatisé entre les médecins généralistes urgentistes et le Samu 48 pour améliorer la prise en charge des urgences. Cette action a été menée en partenariat avec l’ALUMPS (voir volet « Services de santé »).

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La pratique de la télémédecine est donc à ce jour limitée à l’échelle du territoire de projet mais elle représente une opportunité certaine pour un territoire rural enclavé, confronté à l’isolement de certains habitants et à la difficile permanence des soins (accès aux soins, démographie médicale…). d. Bilan, perspectives Tout un chacun se préoccupe, voire revendique désormais l’accès et l’augmentation de son niveau de débit de connexion Internet. Pour autant, la thématique des réseaux et des équipements constitue un sujet très technique et très évolutif. De plus, l’aménagement numérique suppose un coût très important, d’autant plus sur un territoire comme l’Aubrac, territoire de montagne de faible densité. Cela explique le désintérêt des opérateurs privés et la nécessaire mobilisation des pouvoirs publics. Les collectivités visent à améliorer l'attractivité de leurs territoires et à retenir, voire accroître l'activité économique grâce au développement des équipements TIC. L’accompagnement de projets ayant recours aux TIC se développe notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la formation mais pourrait surtout concerner de nombreux autres domaines pour lesquels des opportunités restent à saisir à l’avenir (culture, tourisme, transports…). L’une des questions d’avenir pour le territoire de projet concerne la prise en compte et l'accompagnement de l’ensemble de la population vers l'appropriation de ces nouveaux moyens de communication et modes de vie. Il s’agit d’éviter la marginalisation sociale des publics les plus défavorisés et ainsi une nouvelle forme d’enclavement par la fracture numérique.

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- Couverture complète en Haut Débit - Engagement des collectivités pour le Très Haut Débit - Points d’accès publics : WiFi ou équipement informatique Atouts - Accompagnement des utilisateurs, tous publics (lieux ressources équipés) - Développement des usages dans certains domaines ciblés (éducation, travail, santé, télétravail…)

- Domaine très technique et très évolutif - Fortes disparités territoriales en matière d’accès à la connexion, des niveaux de débit inégaux Faiblesses - Désintérêt des opérateurs privés - 3 schémas de prospective à l’échelle du territoire de projet (phasages, choix technologiques qui différent...)

- Déploiement de la fibre optique le long de l’A75 - Rôle moteur et partagé des collectivités, en faveur de certains domaines : éducation, télétravail Opportunités - Utilisation complémentaire des différentes technologies pour parfaire la connexion Internet (solution satellitaire…) - Exemplarité de la connexion en Très Haut Débit du village d’Aumont-Aubrac - Volonté de pérenniser leur mobilisation de la part des pouvoirs publics

- Mise en œuvre différenciée, à l’échelle du territoire, des stratégies départementales et régionales en matière de TIC Menaces - Risque d’enclavement numérique du territoire si le THD et la couverture en téléphonie mobile ne sont pas assurés dans un délai raisonnable

En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Soutenir et renforcer la couverture et les usages des TIC dans les domaines de la santé, de l’action sociale, de l’éducation, des activités « enfance-jeunesse »… Maintenir et renforcer les « lieux ressources » Sensibiliser et vulgariser l’usage des TIC auprès de la population, des entreprises En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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A. Les transports Quelques chiffres et dates clés pour la desserte du territoire À l’exception des routes départementales principales, le réseau actuel s’est mis en place à partir des années 70. D’anciens chemins ont été « revêtus » pour permettre en priorité la circulation des véhicules agricoles de taille plus conséquente que par le passé, puis celle des véhicules légers. Ainsi, on peut citer le goudronnage de la draille de la « croix de la Rode », pour permettre de relier le haut plateau aveyronnais et lozérien, une demande récurrente des locaux, depuis de nombreuses années. Plus généralement, l’amélioration du réseau a consisté, à partir de cette époque, à élargir et requalifier les voies existantes « à l’intérieur de l’Aubrac et vers l’extérieur », vœu exprimé en 1973 par les locaux et les élus dans le cadre de la « RCP Aubrac ». La route la plus significative de cette période est la « Trans-Aubrac »171, réalisée dans le courant des années 70, avec le soutien de l’État, sur le tracé d’anciens chemins situés sous la ligne de faîte, pour permettre une desserte hivernale par des zones moins exposées. C’est également depuis cette décennie que les collectivités se sont engagées dans l’organisation du déneigement pour assurer la rupture de l’isolement hivernal, encore difficilement assuré à ce moment-là. Depuis les années 90, les réseaux départementaux font l’objet d’interventions régulières (rectifications et élargissements notamment) ; mais c’est surtout l’arrivée de l’autoroute A75 qui a fait évoluer le réseau routier des régions et départements traversés172 et, par là même, la desserte du territoire qui a été fortement améliorée sur son flanc est. La desserte ferroviaire était historiquement assurée, toujours sur le flanc est. Elle a permis l’arrivée des visiteurs et des « expatriés parisiens » par les trains BONNET dès le début du 20ème siècle, via la fameuse gare d’Aumont- Aubrac173. Sur cette ligne « Béziers – Neussargues – Clermont- Ferrand ». La desserte actuelle est relativement faible, souvent assurée par des autocars. Quant à la desserte aérienne, elle n’est assurée qu’à une distance significative (Aurillac, Rodez et Le Puy en Velay), voire lointaine (Toulouse, et Clermont/Gerzat). Le réseau routier a. Les grandes caractéristiques du réseau Quelques grands itinéraires départementaux irriguent et traversent le territoire. Les 2 principaux sont la D987 d’Espalion à Aumont-Aubrac et la D921 de Chaudes-Aigues à Espalion, tous 2 permettant de rallier l’autoroute A75. En complément, peuvent être cités la D920 qui relie Espalion à Entraygues sur Truyère (par les gorges du Lot) et la D988 (en périphérie du périmètre élargi) qui permet de rejoindre La Canourgue (et l’autoroute), par le Causse Comtal puis la vallée du Lot. Issues d’un réseau de chemins ruraux, les voies communales sont nombreuses (voir carte ci-après et « Le réseau routier »).

171 Elle relie Laguiole, Curières, Condom d’Aubrac, Aulos, Les Enfrux, Born, Vieurals, Les Cats et Trélans. Une valorisation touristique de cet itinéraire a été réalisée dans les années 2000 par le Pays Haut Rouergue, uniquement sur la partie aveyronnaise. 172 Sur un axe occupé par la 9. 173 Le nom « Aubrac » a été ajouté à celui d’Aumont en 1900, quand le bourg est devenu la porte d’entrée du plateau, grâce à sa gare sur la ligne de Paris. Source : BUFFIERE Félix ; (1990), Le guide de la Lozère, Paris, Éditions La Manufacture.

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b. Des temps de déplacement significatifs Selon que l’on circule au cœur du territoire ou sur la frange est, desservie par l’autoroute, les temps de déplacement sont sensiblement différents. Le relief, montagnard et cloisonné, tout comme la nature du réseau, impactent directement la durée des déplacements, hors secteur autoroutier. L’éloignement géographique de ce territoire, « aux confins » de 3 régions et de 3 départements, a des conséquences sur les temps de déplacement vers les pôles administratifs de rattachement : de 1 heure à plus de 3 heures174, malgré la présence de l’autoroute.

Carte 14. Réseau routier de l’Aubrac c. L’autoroute A75, un désenclavement partiel La voie et les équipements La mise en service de l’autoroute A75 s’est faite progressivement, par tronçons, tout au long de la décennie 90/2000. Depuis 1998, date à laquelle la dernière portion lozérienne a été réalisée, l’A75 borde le flanc oriental de l’Aubrac mettant à en moyenne 1 heure de l’autoroute tout résident du territoire. L’A75 a un parcours partiellement montagnard : elle franchit le col des Issartets175 qui culmine à 1 121 m d'altitude, ce qui en fait le plus haut col autoroutier de . Elle est dotée de 6 échangeurs ou demi-échangeurs. 2 aires de repos sont proposées sur les communes de Chirac et d’Aumont- Aubrac. Quant à l’aire de service de la Lozère, elle se situe sur les communes d’Albaret Sainte Marie et des Monts Verts (sur le périmètre élargi). Les principaux ouvrages d’art sont les viaducs de la Crueize, du Piou, du Rioulong et de la Planchette, ainsi que le tunnel de Montjézieu, sur la commune de La Canourgue (périmètre élargi).

174 Point de référence pour le calcul des temps de déplacement : Saint Urcize défini comme « cœur géographique du territoire ». 175 Sur la commune du Buisson.

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Enfin, un centre d’entretien et d’intervention se trouve près de l’échangeur d’Antrenas et l’autre, sur la commune de Saint Chély d’Apcher (périmètre élargi). Une contribution au désenclavement partiel du territoire Autoroute gratuite de Clermont-Ferrand à Béziers, hormis la traversée du viaduc de Millau, l’autoroute A75 a été conçue pour irriguer les territoires traversés, avec le souci de concilier l’environnement, la qualité paysagère et le développement économique et touristique. L’Aubrac, pays enclavé, très éloigné des capitales régionales il y a encore 2 décennies, tire un bénéficie de la proximité de cette autoroute, par une meilleure accessibilité qui renforce son rayonnement. Il s’agit d’un outil au service du dynamisme économique mais également au service des populations locales qui peuvent se déplacer vers les pôles administratifs ou accéder à d’autres dessertes plus aisément que par le passé. L’autoroute A75 a favorisé l’arrivée de visiteurs venus du nord : l’Auvergne, la région parisienne voire les étrangers du nord de l’Europe. Et, depuis fin 2004, l’ouverture du viaduc de Millau a renforcé les liens traditionnels, avec les habitants des régions du Languedoc-Roussillon. Plus largement, cette autoroute est une voie qui favorise les échanges sur le territoire et avec l’extérieur. Le désenclavement que permet l’autoroute est toutefois partiel : les bénéfices que peuvent en tirer les habitants et entreprises décroissent au-delà d’un faisceau estimé à 20 km de part et d’autre de l’axe. Les grandes caractéristiques du trafic Le trafic routier176 a connu une augmentation constante jusqu’en 2009, un doublement depuis 1996. Les véhicules issus des départements traversés et du nord de la France (Ile de France et Nord-Est) sont en baisse, alors que les étrangers et les autres régions françaises sont en hausse, ce qui paraît corrélé avec le motif d’emprunt le plus important : le déplacement touristique (3/4 des véhicules). Les éléments favorables à son emprunt sont le reflet de ses grandes caractéristiques : la gratuité, la rapidité et la fluidité, la beauté des paysages, la traversée du Viaduc de Millau. L’impact de l’A75 sur les territoires traversés L’impact de l’A75 sur les territoires traversés ou irrigués177 concerne 3 grands champs : l’accroissement du rayonnement économique local, l’essor touristique et le renforcement de l’attractivité démographique. Pour ce dernier, il est important d’ajouter que cette attractivité va décroissant avec l’éloignement des 2 pôles urbains situés aux extrémités (Clermont-Ferrand et Montpellier), est relativement faible pour les territoires ruraux intermédiaires et au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe.

176 Source : Centre de Ressources et de Développement A75, chiffres 2009. 177 Idem note précédente.

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Sur le périmètre de projet, l’apport de l’A75 se concrétise par des gains de population sur les communes situées le long de l’axe en Lozère, qui voient des installations récentes de la part des ménages. L’attractivité économique se traduit également par l’installation d’entreprises favorisée par le développement de zones d’activités, sous l’égide des Communautés de communes riveraines et de leurs partenaires que sont principalement le Syndicat mixte lozérien de l’A75 et « Lozère Développement »178. La création de l’A75 a certes permis un développement socio-économique, mais elle engendre des impacts sur les milieux naturels, par une certaine fragmentation ; et ce, à double titre : non seulement par l'autoroute elle-même et les équipements associés (aires de repos, centres de gestion technique, bretelles d'accès, talus riverains), mais aussi, par le développement des zones d'activités au droit des échangeurs et des bourgs situés en bordure. Il convient de préciser que certains éléments techniques autoroutiers atténuent cette fragmentation : passages en tunnel ou en viaduc, assurant la continuité écologique. Cet impact écologique de l'A75 sera précisément évalué dans le cadre de l'étude « Trame verte et bleue » de l'Aubrac portée par l'Association d'émergence (action de préfiguration). Toutefois, les premiers éléments collectés et analysés témoignent d’impacts (en matière de fragmentation des milieux) plus limités que pressenti du fait des nombreux équipements réalisés sur les tronçons bordant l’est du territoire de projet : importants viaducs et passages faune notamment. d. Les différents modes de déplacement routiers La voiture, le mode de déplacement principal des ménages

Presque 90 % des ménages sont motorisés en 2010, pourcentage qui augmente régulièrement comme le montre le graphique ci-contre. Sur l’Aubrac, le moyen essentiel de déplacement des ménages est l’automobile, avec un équipement composé d’au moins 2 véhicules pour 54 % d’entre eux en 2008. Les caractéristiques intrinsèques du territoire expliquent ce fort pourcentage. Figure 43 : Part des ménages disposant au moins d’une voiture

Les transports en commun, une offre qui tend à se restreindre Historiquement assez présente sur le territoire179, l’offre en matière de transports en commun (voir annexe 33 : Transports en commun) tend à se restreindre en lien avec la relativement faible population concernée et les restrictions budgétaires des départements, compétents en matière d’organisation des transports (lignes régulières180 et scolaires181). Ces toutes dernières années, les schémas départementaux ont eu tendance à resserrer le réseau des transports en commun aux lignes principales, à savoir celles reliant les agglomérations principales et les gros bourgs. Ce « resserrement » s’est par contre accompagné d’une stratégie tarifaire visant à

178 Voir partie « Les entreprises du territoire ». 179 Transports à la demande dès les années 80 sur le nord Aveyron notamment 180 Service de transport par autocar desservant un ensemble de communes selon un parcours et un horaire fixe. 181 Service de même nature, dédié aux publics scolarisés (collégiens et lycéens), et dont la périodicité est liée au calendrier scolaire.

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rendre abordable ce mode de transport au plus grand nombre. Dans le domaine des transports scolaires, il semble qu’autant l’offre de transports que le soutien aux familles, sont plutôt en adéquation avec les besoins des usagers. Dans l’offre de transports en commun, il faut mettre en évidence le « transport à la demande » (TAD), particulièrement présent sur la partie aveyronnaise. Tout le Nord Aveyron en est doté et aujourd’hui, c’est le Conseil départemental qui coordonne le TAD et le cofinance avec la Région et les collectivités locales. Ce service n’est pas développé sur la partie cantalienne du périmètre182. Côté Lozère, ce service existe sur des secteurs périphériques du territoire d’étude. Finalement, le cœur du territoire est particulièrement mal desservi par les transports en commun, constat particulièrement mis en exergue par les acteurs locaux. L’offre est plutôt présente en périphérie et un peu plus dense en Aveyron. La politique des transports s’inscrit dans les limites administratives, ce qui explique certainement l’absence d’offre sur le haut plateau, situé « au bout de chaque département ». Aucune ligne régulière ne le traverse, tandis qu’en périphérie, uniquement 2 lignes sont trans-départementales183. Le manque qui ressort de la concertation concerne surtout la connaissance fine des besoins des différents publics non motorisés : personnes âgées isolées, jeunes, apprentis, étudiants, demandeurs d’emplois, personnes défavorisées. La connaissance de la fréquentation des offres existantes (lignes régulières et TAD) et leur adéquation aux besoins des usagers sont également à prévoir. En dépit de l’absence de données sur sa fréquentation, le TAD, cité lors des ateliers, apparaît comme un outil intéressant, potentiellement plus souple, pour favoriser les déplacements sur le territoire en se rapprochant des habitants. Des initiatives intéressantes en matière de covoiturage Le covoiturage a été développé sous des formes variées : - Côté Auvergne : l’association « Covoiturage Auvergne » fonctionne avec le soutien des collectivités. La Communauté de communes Caldaguès-Aubrac cotise à cette association et promeut cette offre auprès des usagers de la Maison de Services. - En Aveyron : la démarche a été initiée par le Pays Ruthénois avec d’autres partenaires territoriaux mais ne concerne pas directement le territoire de projet, pour l’instant. Il faut cependant noter la présence de l’association Canopée184 qui mène notamment des actions de sensibilisation en faveur du covoiturage. - Côté Lozère : l’association « Voisine »185 intervient dans ce domaine et plus largement celui de la mobilité en milieu rural, avec

182 Sauf marginalement sur la Communauté de communes du Pays de Pierrefort et l’unique commune adhérente située sur le périmètre d’étude cantalien, à savoir Lieutadès. 183 Entre Mur de Barrez et Aurillac, et entre Mende et Rodez par La Canourgue. Cette dernière ne fonctionne qu’en période scolaire (lundi et vendredi). Une ligne trans-départementale scolaire assure une desserte de Mur de Barrez à Saint Chély d’Apcher (via Espalion, Laguiole et Fournels) pour les internes fréquentant le Lycée Sacré Cœur. 184 « Canopée se veut un lieu d’échange pour les solutions alternatives dans les domaines de l’énergie, l’habitat, des transports, de l’alimentation, de la consommation ». Source : canopee12.fr (08/2014). 185 coVOIturage Solidaire INtégré à l’Environnement.

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le soutien des collectivités, de l’ADEME, de la Préfecture et de la DREAL. Sur le territoire de projet, l’entraide, le système « D » et le covoiturage informel186 se développent : mais ce sont principalement des initiatives privées qui ne sont pas coordonnées. Les usagers professionnels du réseau routier Pour les besoins du diagnostic, il ne nous a pas été possible d’investiguer très finement cette thématique et la connaissance approfondie des usagers professionnels du réseau routier reste à acquérir. Cependant, les principaux secteurs d’activité concernés ont été repérés : agriculture (transports de bestiaux, d’aliments, de foin et de paille), forêt et filière bois (transport des bois de la forêt aux sites de transformation, des produits de la première transformation) et autres secteurs économiques (entreprises de livraison de biens), services (taxis, transports sanitaires et ambulances, autocars pour le transport des voyageurs), tourisme (autocars de tourisme, transports de bagages et de randonneurs sur l’itinéraire du Chemin de Saint Jacques). Mobilité des biens : La présence de l'autoroute facilite les importations comme les exportations et a renforcé l’attractivité touristique multi-saisons. Malgré tout, le territoire demeure difficile d’accès et souffre d’une mauvaise desserte routière, parfois inadaptée aux activités économiques. L’acheminement des biens peut s’avérer compliqué, les transporteurs « rechignant parfois » à y aller faute de rentabilité (petites quantités à transporter), et surtout car la zone est difficile d’accès pour des véhicules lourds et encombrants. L’idée de la création d’un « point relais » près de l’A75 et d’un service de livraisons « Aubrac express » ont été émises : pour faciliter les livraisons ou l’exportation de produits. À partir de ce « point relais », des camions au gabarit adapté aux routes du secteur pourraient servir d’intermédiaire jusqu’aux entreprises du territoire. Ces propositions illustrent les contraintes quotidiennes rencontrées par les acteurs économiques. Services de santé : Autant pour les entreprises et professionnels devant se déplacer, que pour l’accès aux services, stations et sites de pratiques hivernales, le déneigement n’est pas toujours assuré avec régularité. Dans le domaine de la santé, les conditions de pratique des professionnels s’avèrent délicates car elles sont inféodées à la qualité du réseau routier et à celle de la viabilité hivernale. La mauvaise desserte a également des conséquences sur l’accès à certaines ressources (bois notamment, voir ci-dessous). L’éloignement des centres hospitaliers, des médecins spécialisés et des services d'urgence compliquent le quotidien des usagers et des professionnels chargés de les acheminer. Il s’agit d’ailleurs d’offres pour les individuels ; les transports en commun ne semblant que peu adaptés à l’isolement des publics âgés et/ou handicapés. Filière bois : Dans le cadre du diagnostic de la filière bois, une problématique particulière a été identifiée sur le territoire, grâce à l’analyse des itinéraires autorisés pour le transport des bois ronds. Ces itinéraires sont définis par arrêtés préfectoraux qui précisent les portions de routes en capacité d’accepter les transporteurs de bois faisant appel aux dérogations prévues par la loi (augmentation du poids en charge et de la longueur du véhicule). En-dehors de ces itinéraires spéciaux, le transporteur est obligé de se conformer à la règlementation en vigueur applicable à tout transport de marchandises. Sur l’Aubrac, les caractéristiques de ce réseau de routes accessibles montrent un manque de logique qui handicape la valorisation des bois locaux : les 3 pôles de transformation du bois situés le long de l’A75 n’ont aucun accès direct à l’Aubrac. De plus, la forêt résineuse locale (sur la partie lozérienne de

186 Des plates-formes informelles de covoiturage existent aux abords de certains échangeurs de l’autoroute A75 (ex : Antrenas).

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l’Aubrac, à l’ouest de l’A75) ne dispose pas de solution optimale pour la vidange de ses bois : aucun itinéraire bois ronds n’a été retenu pour relier cette forêt aux entreprises. Les différentes préoccupations sectorielles mises en exergue ci-dessus renvoient à une problématique plus large, et transversale, celle des mobilités sur le territoire187.

Les services chargés de l’entretien du réseau Une seule des subdivisions départementales qui dépendent des services des routes des Conseils départementaux est installée sur le territoire, à Espalion ; les autres se situent sur le périmètre élargi (La Canourgue et Saint Chély d’Apcher) voire en périphérie (Saint Flour). Par contre, le territoire est plutôt bien couvert par les centres techniques qui dépendent des Conseils départementaux, hormis quelques secteurs « orphelins » 188. Ce dernier constat met en évidence l’enclavement de certaines communes isolées du haut plateau ou du secteur des Boraldes. Ces mêmes communes disposent souvent d’un réseau communal dense dont l’entretien pèse lourd sur le temps de travail du personnel communal, tout comme le déneigement (voir ci-après).

La viabilité hivernale et le déneigement La viabilité hivernale est organisée à l’échelon départemental : une hiérarchie est établie entre les différents itinéraires à traiter, ce qui se traduit par des niveaux de service associés (plages horaires d’intervention et types de traitement). Au final, des itinéraires routiers départementaux prioritaires ont été identifiés sur le périmètre d’étude : - Autoroute A75 prise en charge 24h/24h - 3 itinéraires de niveau 3189 : En Lozère • Aumont-Aubrac / Nasbinals / Aubrac • Marvejols / Nasbinals • Saint Chély d’Apcher / Fournels - 1 itinéraire de niveau 1190 : Dans le • Saint Flour / Chaudes-Aigues / limite départementale avec l’Aveyron, en Cantal direction de Laguiole - 5 itinéraires prioritaires191 : • Espalion / Laguiole / limite départementale avec le Cantal • Espalion / Estaing / Entraygues sur Truyère / limite départementale avec le En Aveyron Cantal • Estaing / Saint Amans des Côts • Lacalm / Sainte Geneviève sur Argence

Une discontinuité apparaît entre la Lozère et l’Aveyron, dans le niveau de priorité de l’itinéraire qui traverse le haut plateau par le village d’Aubrac et relie Espalion à Aumont-Aubrac (D987). Prioritaire en Lozère et a priori pas en Aveyron (l’itinéraire prioritaire semble être la D920 vers Laguiole), cela pose le problème récurrent du cloisonnement administratif et d’une nécessaire coordination interdépartementale au service des usagers.

187 Voir chapitre à la fin de cette partie dédiée aux transports. 188 Le canton de Saint Geniez d’Olt et les communes rurales d’altitude des cantons de Saint Germain du Teil, La Canourgue et Marvejols 189 Intervention de 7h à 19h30 (samedi et dimanche : de 8h à 19h30), déneigement, salage et sablage. Source : CG48. 190 Intervention de 5h à 21h, raclage et/ou sel ou bouillie de sel ou abrasif. Source : CG15. 191 Les données sur la viabilité hivernale et les niveaux de service n’étant pas disponibles, ces informations sont issues du site Internet « Inforoute » (08/2014).

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Parallèlement, un service d’information sur l’état des routes, « Inforoute », est géré par chaque département et fait l’objet d’un site Internet régulièrement mis à jour ; il est relié à celui de la DIR Massif central et des autres départements. Assuré par les services des Conseils départementaux sur la voirie départementale, le déneigement est particulièrement crucial pour l’ensemble du territoire, sur les secteurs d’altitude, les plus exposés à la neige et au verglas persistants, ainsi que sur les zones plus basses. Ce sont les centres techniques présentés ci-dessus qui assurent ce service. Pour l’A75, les services techniques qui interviennent, dépendent de la DIR Massif central. Concernant la voirie communale dont on a pu constater l’importance du réseau (habitat dispersé, nombre important « d’écarts »), ce sont les communes (ou les communautés de communes) qui prennent en charge le déneigement : assuré en interne par le(s) employé(s) communal(ux) ou concédé à des privés, souvent des agriculteurs de la commune.

Les réseaux ferroviaire et aérien La desserte ferroviaire se cantonne sur la partie est du territoire. La ligne « Béziers – Neussargues – Clermont-Ferrand » est parallèle à l’autoroute. Elle dessert les gares d’Aumont-Aubrac et de Banassac sur le périmètre labellisable, et de Saint Chély d’Apcher et Marvejols, sur le périmètre élargi ; s’ajoutent 2 haltes situées à Chirac et au Monastier-Pin-Moriès. Les moyens de transport se partagent entre trains et autocars régionaux.

Pour ce qui est de la desserte aérienne, elle est assurée au plus près, par les villes de Rodez et Aurillac192, sinon ce sont les pôles régionaux qu’il faut rejoindre pour avoir un large choix de destinations.

192 Une navette en autocar, au départ de Mende, permet de rallier l’aéroport du Puy en Velay.

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B. Les mobilités Les mobilités sur un territoire rural de moyenne montagne, en partie enclavé, revêtent une importance majeure, autant pour les habitants dans leurs déplacements quotidiens, que pour les professionnels dans le cadre de leur activité indépendante, ou pour les salariés qui doivent rejoindre leur lieu de travail. Les déplacements domicile-travail : un contraste entre le cœur et les périphéries du territoire Les flux de mobilité pour lesquels des données sont exploitables, sont les déplacements domicile- travail193. On constate, certainement en raison du nombre important de communes rurales et de l’emprise de l’activité agricole, que dans beaucoup de communes, aucun flux sortant, ni entrant significatif n’est enregistré : les actifs vivent et travaillent sur la même commune. Schématiquement, le « cœur » du territoire est dévolu à l’agriculture, une activité sédentaire, et les périphéries (la vallée du Lot et le long de l’axe autoroutier), accueillent ou distribuent des flux liés aux activités économiques autres (commerce, artisanat, industrie, services). Les principales communes à partir desquelles sortent les flux (voir annexe 34 : Les mobilités domicile- travail) sont : - Sur le périmètre labellisable : Espalion et dans une moindre mesure Laguiole, Saint Geniez d’Olt, Saint Germain du Teil et Aumont-Aubrac. En Aveyron, les flux importants (plus de 50 trajets) sortent du périmètre et se dirigent vers l’agglomération de Rodez. Côté Lozère, les déplacements sortants semblent moins nombreux (entre 20 et 50), à destination des villes du périmètre élargi (La Canourgue, Marvejols et Saint Chély d’Apcher), faiblement vers Mende. - Sur le périmètre élargi : les 3 communes de La Canourgue, Marvejols et Saint Chély d’Apcher génèrent des déplacements vers le territoire (communes de proximité), vers Mende et entre elles, certainement facilités par la présence de l’A75 (les entreprises implantées à proximité). Les flux entrants montrent l’origine des actifs qui travaillent dans les communes du territoire. Espalion, gros bourg qui concentre de nombreuses activités et entreprises, capte d’importants flux en provenance d’autres communes du périmètre d’étude et surtout de l’agglomération de Rodez (entre 50 et 100 trajets). Vers Laguiole (entreprises de coutellerie ou agro-alimentaires), convergent des flux moins significatifs, venant de communes voisines et d’Espalion. Côté Lozère, pour les 3 « grandes communes » du périmètre élargi (pôles administratifs et commerciaux, forte densité d’entreprises artisanales, industrielles ou de services), les flux entrants ont majoritairement une origine proche. Marvejols capte au-delà du périmètre élargi, y compris en provenance de Mende. Quelques personnes enfin, viennent de Saint Flour pour travailler à Chaudes-Aigues.

193 Source : INSEE 2009, données traitées par la DDT de l’Aveyron.

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L’Aubrac, sélectionné pour l’étude-action « Mobilité rurale en zone de montagne » Action de préfiguration : Mobilité en matière de santé et d’accès aux soins Le CGET développe un projet d’étude-action intitulée « Mobilité rurale en zone de montagne » depuis 2013, dont les objectifs sont l’identification, la construction et la mise en œuvre d’expérimentations en matière de mobilité sur des territoires ruraux du Massif central et des Pyrénées. Sa réalisation mobilise plusieurs types de partenaires (le CETE de Lyon, des universités, EDF) et un partenaire territorial, l‘IPAMAC. L’Association d’émergence a posé sa candidature dans le cadre de ce dispositif pour être intégrée aux territoires d’étude et d’expérimentation. En juin 2014, sa candidature a été retenue pour traiter la thématique « mobilités et accès aux services de santé ». Dans un premier temps, le territoire sur lequel porte cette recherche-action est inter-régional et est concentré sur le haut plateau (34 communes du périmètre d’étude). L’étude-action doit démarrer en 2015 ; elle permettra d’approfondir ces thèmes de recherche et d’engager ensuite des expérimentations dont les résultats pourront être mis à profit lors de la mise en œuvre de la Charte du PNR.

Bilan, perspectives La desserte du territoire repose essentiellement sur le réseau routier constitué de nombreuses routes communales, de routes départementales qui, pour les 2 principales, se raccordent à l’autoroute A75. Malgré l’apport en termes de dynamique démographique, économique et touristique, l’impact de l’A75 sur le territoire s’estompe dès que l’on s’en éloigne : le plateau central et l’ouest du périmètre connaissent encore les contraintes de l’enclavement, renforcées par l’enneigement hivernal. Le corollaire d’un territoire essentiellement desservi par la route est la forte dépendance à la voiture pour ses habitants et ses entreprises. Ainsi, se posent les questions de la mobilité des biens et des personnes, et notamment des besoins des publics non motorisés, voire isolés. Du point de vue des impacts environnementaux, ce sont surtout la fragmentation des milieux et la rupture des continuités écologiques qui sont mises en avant, avec l’implantation de l’axe autoroutier. Les transports en commun font figure de « parents pauvres », d’autant que leur réseau a encore subi un « resserrement » ces dernières années. L’Aubrac, aux confins de 3 départements, n’est traversé par quasiment aucune ligne trans-départementale. Quant à la viabilité hivernale, elle s’organise également selon des logiques départementales qui n’assurent pas toujours la continuité des itinéraires prioritaires en matière de traitement hivernal. Enfin, le déneigement des itinéraires routiers permettant l’accès aux services du quotidien, domestiques ou professionnels, aux stations de ski et aux sites de pratique d’activités hivernales ne figure pas dans les itinéraires prioritaires des schémas départementaux. On constate enfin le manque de complémentarité entre les différents modes de déplacement (lignes régulières, TAD, covoiturage, lignes scolaires, trains et autocars régionaux côté Lozère). Dans le registre des mobilités, le territoire est marqué par un « cœur rural » et la forte présence d’agriculteurs, une population active sédentaire ; les périphéries plus « urbaines » génèrent des déplacements pendulaires vers ou en provenance des communes de proximité du périmètre d’étude et principalement vers Mende ou Rodez. La mobilité, constitue donc une thématique à enjeu fort, transversal et central pour le projet de Parc de l’Aubrac d’autant qu’elle renvoie à un questionnement sur les modalités d’un développement territorial durable.

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­ Accessibilité favorisée à l’est par la présence de l’autoroute A75 et renforcement de l’attractivité grâce à elle ­ Routes départementales qui traversent le territoire et permettent de rejoindre l’A75 Atouts ­ Présence (inégale) du transport à la demande ­ Deux associations mobilisées dans la sensibilisation et le développement d’actions innovantes en matière de covoiturage ­ Desserte ferroviaire (trains et autocars) assurée en périphérie côté Lozère ­ Territoire cloisonné dans l’espace et le temps ­ Densité du réseau communal lourd à gérer pour les petites communes rurales. ­ Des temps de déplacement encore significatifs ­ Désenclavement qui n’est que partiel, malgré la présence de l’autoroute ­ Méconnaissance de la fréquentation des transports en commun et des besoins des Faiblesses différents publics non motorisés ­ Méconnaissance des besoins des entreprises pour le transport des biens. ­ Réseau d’itinéraires « bois ronds » ne favorisant pas l’approvisionnement sur l’Aubrac ­ Absence de continuité territoriale dans les schémas de viabilité hivernale (haut plateau) ­ Éloignement de la desserte aérienne ­ Aides aux transports pour les familles, les publics jeunes et défavorisés, des tarifs relativement attractifs (lignes régulières autocar ou trains régionaux). ­ Offre de transport à la demande à conforter Opportunités ­ Complémentarités à rechercher entre les différents modes de déplacement ­ Projet de création d’une agence de mobilité en Lozère ­ Étude-action sur la mobilité en zone de montagne, action de préfiguration en cours ­ Raréfaction de l’offre de transports en commun ­ Forte dépendance à la voiture ­ Difficile prise en compte des besoins des personnes isolées physiquement ou socialement ­ Perte d’attractivité due à l’absence d’offres trans-départementales de transports Menaces (personnes, marchandises) ­ Questions autour de la pérennité de l’organisation de la viabilité hivernale ­ Éloignement des services et renforcement des besoins en déplacement ­ Dichotomie du territoire en matière de mobilité : un cœur mal desservi, replié sur lui- même, et des périphéries plutôt tournées vers l’extérieur En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Développer les déplacements alternatifs et l’inter-modalité Encourager les économies d’énergie Contribuer à la réflexion sur le rayonnement territorial de l’A75 En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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L’identité culturelle du territoire (ses marqueurs et composantes), intimement reliée aux patrimoines et savoir-faire, est présentée dans la partie « patrimoines culturels ». Dans cette partie, seront abordées les activités culturelles et artistiques développées sur le territoire : leur place dans la vie quotidienne et la manière dont elles appréhendent ce territoire et le valorisent. Le diagnostic est présenté au travers de 5 grands domaines artistiques : ­ Cinéma et audiovisuel ­ Collections et expositions, arts visuels ­ Livre et lecture ­ Spectacle vivant ­ Langue, musiques et danses traditionnelles. Des données sur les 2 domaines suivants ont également été analysées : ­ Les structures socio-culturelles194 ; ­ Les musées. A. Des domaines artistiques inégalement représentés sur le territoire Cinéma, audiovisuel, multimédia a. Quatre salles de cinéma surtout « en lisière » Les 4 salles présentes sur le périmètre d’étude se situent plutôt en périphérie. Équipées en projection numérique, elles présentent des modes de gestion divers : privée (Espalion), municipale (Chaudes- Aigues, Saint-Geniez-d'Olt) et associative (Entraygues-sur-Truyère). Elles offrent des fréquences de séances assez dissemblables : d’environ 120 séances par an (Entraygues-sur-Truyère et Saint-Geniez d'Olt), à 300 (Chaudes-Aigues) et 800 (Espalion). À noter la présence, sur le périmètre élargi, de 2 autres salles de cinéma : à Marvejols et surtout à Saint Chély d’Apcher. L’action culturelle et le rayonnement territorial large du « Ciné-théâtre » de Saint Chély d’Apcher représentent une opportunité en termes de partenariat avec les salles du territoire. Sa singularité réside dans une programmation couplant cinéma et spectacle vivant : 17 dates de spectacles pour la saison 2013-2014 et une vingtaine de séances de cinéma par semaine, dont une programmation « Art et essai ». b. Un cinéma itinérant arrêté depuis 2009 Un cinéma itinérant a fonctionné sur l’Aubrac de 2002 à 2009 : « Ciné-Drailles » créé à l’initiative de l’exploitant du cinéma de « La Source » à Chaudes-Aigues. Il s’est arrêté en 2009 pour cause de départ à la retraite et en raison de difficultés financières. Aujourd’hui il n'y a donc plus de séances de cinéma itinérant sur l’ensemble du territoire. Cependant, l'association « Mondes et Multitudes » domiciliée dans le vallon de Marcillac (en Aveyron), propose depuis 2010 une programmation itinérante, des séances en plein air, ainsi que des animations de sensibilisation et d’éducation à l’image pour le jeune public. Seule Sainte-Geneviève-sur-Argence, sur le

194 Et notamment des équipements ou organismes significatifs en matière d’offre socio-culturelle, tels que foyers ruraux, cafés, restaurants, offices de tourisme…

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périmètre aveyronnais a recours à ces prestations195. Le souhait de cette association-prestataire est de participer aux réflexions du territoire pour développer une offre itinérante. Plus largement, des complémentarités semblent pertinentes à rechercher avec les différents opérateurs (fixes ou itinérants) pour couvrir le territoire.

c. Peu d’offres hors des salles : manifestations, éducation à l’image… Aucune manifestation cinématographique n’a été identifiée sur le territoire. En périphérie, se déroule une seule manifestation cinématographique, à Mur-de-Barrez, intitulée « Les dires du cinéma » qui a lieu au mois d’avril et associe les scolaires avec des activités de sensibilisation en amont. Aucune structure associative proposant des actions de sensibilisation, de formation et de création dans le domaine de l'image en mouvement n'a été repérée sur le périmètre d'étude, sauf l’offre potentielle de l’association « Mondes et multitudes » (voir ci-dessus). Les dispositifs « École au cinéma » et « Collège au cinéma » existent dans les 3 départements, avec des opérateurs identifiés, sans toutefois trouver leur traduction sur le territoire. À noter enfin que le lycée Théophile ROUSSEL de Saint-Chély d’Apcher, situé en périphérie du territoire, propose une option « Cinéma et audiovisuel ».

d. Pas de politique d’accueil de tournages mais une région « attractive » Il n’existe pas de politique particulière en matière d’accueil de tournages, bien que de nombreuses fictions et documentaires aient été tournés sur l'Aubrac, particulièrement prisé des réalisateurs. Les bureaux d'accueil de tournages à vocation régionale (Languedoc-Roussillon Cinéma, Sauve qui peut le court métrage en Auvergne, Gindou Cinéma en Midi-Pyrénées) peuvent néanmoins assurer cette mission. e. Audiovisuel et multimédia Une « web tv » qui cherche les moyens de son développement Télé-Aubrac, association créée en 2011, constituée d’habitants et d’acteurs locaux, a son siège social à Saint-Urcize. C’est une télé de proximité sur Internet, www.aubractv.com, « au service du territoire et de ses habitants, afin d'ouvrir et de partager une âme, un pays ». Le projet original de Télé-Aubrac cherche actuellement les moyens de son développement et, comme beaucoup de « web tv », est à la recherche d’un modèle économique satisfaisant. Des partenariats avec l’Association d’émergence ont été engagés pour accompagner son action : réalisation d’un documentaire sur le projet de Parc (en 2013) et d’une restitution sous forme de documentaire des points-clés du diagnostic territorial (en 2014). Ces supports sont en ligne sur le site Internet du projet de Parc. Une radio associative Radio Margeride, située en Lozère dans le canton de Fournels, à Fenestres sur la commune de Termes, rayonne sur la quasi-totalité du département de la Lozère, la moitié du Cantal, quelques cantons de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, de l'Ardèche et de l'Aveyron. Cette radio est gérée par une association Loi 1901. Radio Margeride est née en 1982. S’y ajoute Radio Zéma196, à Saint-Chély d'Apcher (périmètre élargi), une radio associative dont l’activité est intégrée au sein de l’association « Centre Culture et Loisirs ».

195 Avec 2 communes du Carladez, sur le périmètre élargi. 196 Zone d'Ecoute Margeride Aubrac.

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Une offre « multimédia » limitée En matière de multimédia/arts numériques, l’offre est relativement rare. La bibliothèque de Chaudes- Aigues a cependant proposé des ateliers « multimédia » pendant l'été 2013. Quelques communes proposent aussi un accès public à Internet, dans les maisons de services ou les offices de tourisme197.

f. Bilan, perspectives Le cinéma, vecteur particulièrement intéressant de lien social en milieu rural, est plutôt bien représenté sur le territoire, mais l’offre est excentrée. Le haut plateau a bénéficié d’un cinéma itinérant jusqu’en 2009, année qui a vu la fin de cette initiative, certainement une piste à réétudier pour l’avenir. La présence d’une web tv et d’une radio, associatives et implantées sur le territoire, constitue un atout insuffisamment valorisé à ce jour. L’Aubrac, prisé des réalisateurs, accueille ponctuellement des tournages, sans stratégie particulière. Enfin, les arts numériques sont quasi absents malgré la présence de lieux dotés d’équipements numériques.

Les arts visuels Ce domaine comprend les arts plastiques (peinture, sculpture, dessin..), l’art contemporain, le land art et les installations, ainsi que la photographie qui se distingue par une dynamique notable et étonnante sur l’Aubrac. a. Quelques lieux d’exposition dédiés aux arts plastiques Plus d’une trentaine de lieux d’exposition ont été répertoriés, dont certains qui réunissent à la fois artistes, artisans d’art… Parmi ces lieux d’exposition, il faut distinguer une douzaine d’espaces dédiés aux arts visuels, et d’autres lieux (offices de tourisme, salle des fêtes, bibliothèques…, voire des lieux privés) accueillant temporairement et principalement l’été, une exposition. À noter une initiative originale dans le registre du « land art, art environnemental » : le« Circuit Art et détente » du bois de Guirande à Lacalm, une balade familiale et conviviale de 1,9 km autour de la légende « d'un bébé conifère ». b. Ateliers et cours d’arts plastiques, manifestations Plusieurs communes du territoire proposent des ateliers d'arts plastiques, des stages, et des cours de photographie, ainsi que des balades artistiques, des randonnées thématiques. Une seule manifestation, les « Granges galeries » à La Roche Canilhac (Saint–Rémy de Chaudes Aigues), a lieu en juillet et propose expositions d’artistes, d’artisans d’art… c. La photographie : une réelle dynamique et une offre de qualité 3 manifestations, des ateliers et la présence de plusieurs photographes installés sur le territoire attestent d’une dynamique importante dans le domaine de la photographie. 3 festivals photographiques se déroulent chaque année : - « Phot’Aubrac », festival photographique cré en 2003. C’est un festival photo dédié aux professionnels et amateurs de photographies, comme aux amoureux de l’Aubrac. En 2013, ont été proposés des expositions photos intérieures et extérieures, dans des lieux dédiés et inédits (étables, maison d’hôtes…), des soirées de projections à la rencontre de photographes, un concours photo et des stages de prises de vue. Initié sur l’Aubrac lozérien (sous l’impulsion de la Communauté de

197 Voir parties intitulées « Les services » et « Les Techniques de l’Information et de la Communication ».

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communes), le festival «s’expatrie » dans tout l’Aubrac, grâce à des expositions et soirées organisées également dans les départements limitrophes de l’Aveyron et du Cantal. - Les « Rencontres photographiques » de Saint-Geniez d’Olt qui se déroulent l’été, dans 6 villages de ce secteur, sont organisées par l'association « M'Arts Mots Culture » ainsi qu’un concours de photographies. - S’y ajoutent les « Rencontres photographiques » de Chirac qui existent depuis 3 ans et se déroulent en avril dans plusieurs salles du village. Elles permettent de présenter les travaux du Photo-club Lot Colagne ; c’est également un rendez-vous pour les professionnels dans le cadre d’une exposition thématique à la « Maison du temps libre ». En périphérie du territoire, des initiatives exemplaires présentent un intérêt en matière de partenariat : la « Galerie du Don » au Fel dans le domaine de la céramique contemporaine et les « Sentiers de l’Imaginaire » en Carladez, à l’origine de nombreuses activités touristico-culturelles et du renforcement de l’identité de ce territoire et des particularités de chaque village. d. Bilan, perspectives Les arts visuels manifestent une certaine dynamique, notamment dans le domaine de la photographie (manifestations, lieux d’exposition, présences de photographes). La manifestation Phot’Aubrac en est une illustration. Malgré un nombre significatif de lieux d’exposition et une répartition assez homogène, on peut déplorer la quasi absence de manifestation (hors photo) et la faiblesse de l’offre dans le domaine de l’art contemporain.

Livre et lecture Ce domaine est assez bien développé, il présente un maillage intéressant sur l’ensemble du territoire, parfois de niveau inégal notamment pour les bibliothèques. Le domaine de la Bande Dessinée n’est pas représenté sauf au travers de quelques publications ayant l’Aubrac pour toile de fond. a. La lecture publique bien représentée Le réseau des bibliothèques est généralement structuré par les Conseils départementaux ; c'est une de leurs compétences, via les Bibliothèques Départementales de Prêt. 5 catégories de bibliothèques accueillent le public, selon des critères officiels (surface par habitant, présence d’un salarié, montant du budget d’acquisition et amplitude d’ouverture). En Aubrac, ils existent 39 lieux dédiés à la lecture publique. Bibliothèques de Bibliothèque de Bibliothèques de Points-lecture et type 1 type 2 type 3 dépôts 2 1 9 27 Le territoire présente une bonne irrigation en matière de lecture publique, même si les horaires d'ouverture, souvent restreints, des bibliothèques de type 3, des points lecture/dépôts et des communes bénéficiant du bibliobus, en limitent grandement l'accès. b. Des manifestations littéraires notables Plusieurs manifestations littéraires notables, à la fois par la qualité de leur programmation mais aussi par l'originalité de leur propos, sont programmées en Aubrac.

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Le festival littéraire « Les Rencontres d'Aubrac », événement « Télérama », se déroule fin août depuis 18 ans, à Aubrac, Saint-Chély-d’Aubrac, Saint-Urcize, avec un thème par édition, « L’Imaginaire de l'Eden » en 2013. Il comprend des communications suivies d’échanges avec le public, par des auteurs, des universitaires, des cinéastes, des artistes…, des lectures, des spectacles avec des acteurs, conteurs, musiciens, et des rencontres informelles personnelles et professionnelles, lors de temps conviviaux. Le festival est organisé par l’association « À la rencontre d’écrivains ». Les rencontres ont accueilli plus de 1000 spectateurs en 2013, et voient la participation d’intervenants et auteurs de notoriété internationale.

Les « Rencontres d’écrivains » de Saint-Geniez-d’Olt et Sainte-Eulalie-d’Olt, ont lieu début août. Il s'agit d'une manifestation ouverte à toute forme d'écrits (romans, livres d'histoire, de fiction, polars, bandes dessinées, contes pour enfants, poèmes, livres de photographies...) et se décline sous la forme de concours ouverts aux amateurs et professionnels. La manifestation est organisée par « Rouerg'arte ». Enfin, le Pays Haut Rouergue organise la Biennale « Lire au pays », un événementiel s’appuyant sur le réseau des bibliothèques pour déployer une semaine thématique (« Contes et légendes d’ici et d’ailleurs » en 2012) et concernant un nombre significatif de communes (une vingtaine en 2012). Hors de ces grandes rencontres, de nombreuses communes proposent des rendez-vous autour du livre et de la lecture, des foires, des soirées contes et des salons, auxquels s’ajoute la programmation propre aux bibliothèques. À Marvejols et à La Canourgue, sur le périmètre élargi, ont également lieu des manifestations littéraires d’intérêt : respectivement la semaine de la poésie « Entrée Libre », organisée par le « Théâtre de la Mauvaise Tête », et « La Canourgue Noire », festival du roman policier organisé en partenariat avec la revue « Alibi ». c. Résidence d‘écriture : une initiative originale ancrée dans la vie locale De 2012 à 2014, Scènes Croisées de Lozère a développé un projet artistique très original, « Campagne d’écriture, un auteur en milieu rural » avec l'auteur Catherine ZAMBON qui s’est déroulé en plusieurs temps (résidence et lectures chez l’habitant, résidence de création et diffusion) sur le périmètre lozérien de l'Aubrac. L’expérience consiste en une immersion dans des familles d’agriculteurs pour écrire sur le monde agricole et la traduction sous la forme d’une représentation sur le territoire (et en dehors). Les résidences d’artistes sont limitées sur le territoire. d. Librairies et éditions : des offres à renforcer Sur le périmètre d’étude, il faut noter la faible présence de librairies indépendantes, proposant un éventail actualisé d'ouvrages : une à Laguiole et une à Espalion, auxquelles s’ajoutent celles des principales villes du périmètre élargi en Lozère. Quatre journaux ou revues locaux ont été repérés : ­ L’Écho de l’Aubrac, journal annuel réalisé par le Réveil Lozère et diffusé gratuitement, notamment dans les OTSI, les sites touristiques… ; ­ Le Bulletin d’Espalion, journal hebdomadaire ; ­ La revue « Lou Païs », revue trimestrielle ; ­ La revue annuelle « Terres d'Aubrac », réalisée par le Bulletin d’Espalion et vendue dans les maisons de la presse, les sites touristiques... À noter enfin, la présence sur le territoire, des éditions suivantes :

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­ Éditions de la Galerie de l’Arche, à Saint Geniez d’Olt ; ­ Éditions du Bon Albert, à Nasbinals ; ­ Éditions du Musée de la Résistance, à Anterrieux. e. Bilan, perspectives Dans le domaine du livre et de la lecture, le maillage est assez exceptionnel et la mission de service public, assurée. Il faut toutefois noter une relative insuffisance de bibliothèques de type 1. La programmation se concrétise par des évènements à fort rayonnement. S’ajoute à ces offres, la vigueur de l’édition dans des domaines complémentaires.

Le spectacle vivant a. Un préalable : une très faible présence artistique sur le territoire En Aubrac, aucune présence artistique professionnelle permanente n’a été identifiée. Il n’y a pas de compagnie professionnelle implantée et repérée dans aucune des disciplines artistiques du spectacle vivant. Ce constat est certainement à l’origine d’une dynamique assez faible en la matière. Cette faiblesse est d’autant plus préjudiciable que la présence de créateurs et d’équipes artistiques professionnelles a des incidences concrètes, générant une fréquentation quotidienne et des relations fondamentales entre les habitants et la création. Elle donne aussi une image plus dynamique, plus attractive, plus innovante du territoire. Enfin, elle facilite la mise en œuvre d’actions pédagogiques en direction des jeunes, que ce soit durant ou hors du temps scolaire. Par contre, des structures à vocation départementale (« Scènes Croisées » ou la Fédération départementale des foyers ruraux de Lozère) organisent ponctuellement des résidences d’artistes ; il existe également en périphérie quelques structures qui en accueillent : à Murols (l’Essieu du Batut), à Marvejols, (le Théâtre de la Mauvaise Tête) et au Ciné-théâtre de Saint Chély d’Apcher. Une synthèse de l’offre (manifestations et équipements) figure en annexe 35 : État des lieux spectacle vivant. En dépit de ce constat défavorable, l’ouverture récente d‘une salle dédiée au spectacle vivant (la seule), sur la commune du Nayrac, avec le soutien du Pays Haut Rouergue, pourrait être bénéfique au développement de certaines formes d’expression dans ce domaine. b. La danse : une offre très limitée 2 initiatives assez originales sous-tendent une dynamique propre à la commune organisatrice, autour d’esthétiques particulières : les festivals de flamenco et de tango qui se déroulent tous les ans à Saint- Geniez-d’Olt. La danse contemporaine quant à elle, est absente du territoire. Néanmoins quelques communes sont actives en matière de formation (cours, écoles et enseignement, pratiques amateurs), grâce à des partenariats avec des professionnels et des associations. c. Le théâtre : une forme d’expression assez rare Peu de représentations, cours et compagnies ont été repérés. Des soirées théâtrales sont proposées par des lieux de représentation (Espalion) ou intégrées aux programmations de certaines communautés de communes (Espalion – Estaing, Entraygues-sur-Truyère). Les ateliers et cours sont peu nombreux : souvent le fait d’amateurs réunis dans le cadre associatif (ex : « Intergénération » à Chaudes-Aigues et le foyer rural cantonal d'Aumont-Aubrac) qui prodiguent également des cours. Aucune compagnie professionnelle n’a été repérée, mais 3 compagnies amateurs : 2 à Espalion (Le Squatt Théâtre, Les Baladins d’Olt) et une à Lacalm (Les Martagons de L’Aubrac) sont actives sur le périmètre d’étude. À noter, l’association d’animation « Entre Bès et Truyère » qui développe une

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activité « théâtre » sous la forme d’ateliers conduisant à la création de spectacles amateurs diffusés dans les villages de la région. d. Le conte : une forme scénique particulière, promue surtout côté lozérien La manifestation « Contes et rencontres » en Lozère aborde ce genre particulier, qui touche à l'oralité. Genre théâtral à part, très présent en milieu rural pour son économie de moyens scéniques et sa convivialité qui rappelle le temps des veillées, le conte est un secteur artistique foisonnant, marqué par un renouveau ces dernières années. Coordonnée par la Fédération départementale des Foyers ruraux de Lozère, cette manifestation maille de façon remarquable le territoire lozérien. C'est un rendez-vous hivernal incontournable de l’animation culturelle régionale qui réunit chaque année une moyenne de 4 000 spectateurs et touche un public aujourd'hui fidélisé et composé en grande partie des populations permanentes du département, mais aussi d’un public venu des départements limitrophes. « Contes et rencontres » se déroule sur l’Aubrac Lozérien, avec les Foyers ruraux de Nasbinals, Aumont-Aubrac, Chirac, Le-Monastier-Pin-Moriès et Javols. Aucune autre initiative dans ce domaine n’est présente sur le territoire de projet. e. La musique Des manifestations qui font la part belle à la musique classique et aux chorales Le recensement (difficilement exhaustif) des manifestations musicales, concerts, saisons, a abouti au repérage de plus d’une cinquantaine de propositions pour l’année 2013, avec une « hyper- saisonnalité » estivale de l’offre. Le graphique ci-après révèle la prépondérance de la musique classique et des chorales dans les évènements musicaux du territoire. À noter qu’un nombre significatif d’entre eux se déroule dans des édifices religieux, notamment les nombreuses églises ou chapelles romanes.

MCC : musique classique et chorales - TF : traditionnel et folklore - MA : musiques actuelles

L’enseignement musical : le dynamisme du conservatoire en Aveyron L’enseignement musical est bien présent sur le territoire (voir annexe 36 : État des lieux enseignement musical), via le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l'Aveyron (CRD), le Conservatoire à Rayonnement Communal et Intercommunal de Lozère (CRCI) – École Départementale de Musique de Lozère (EDML) et le Centre d'Enseignement Musical Intercommunal de Saint-Flour (CEMI). Toutefois, on note des différences notables de fonctionnement propres aux logiques de développement qui relèvent d’une organisation départementale.

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L’opportunité de collaborations interdépartementales pourrait permettre de renforcer l’implantation territoriale de cet enseignement, notamment côtés Cantal et Lozère. En Aveyron, le CRD dispose de 5 antennes sur le territoire d’étude, qui proposent une offre assez riche de découverte et de pratique d’instruments. Leur existence n’est possible que par une large adhésion des collectivités locales au CRD. Dans le Cantal, la Communauté de communes du Caldaguès-Aubrac a mis en place une convention de partenariat avec le CEMI de Saint-Flour qui permet aux élèves de ces communes de bénéficier des mêmes tarifs d’inscription que les résidents de Saint-Flour. Toutefois, l’éloignement limite leur participation. En Lozère, le CRCI ne bénéficie que de très peu de collectivités adhérentes sur le territoire d’étude. Les antennes du conservatoire sont situées en périphérie du territoire, à Marvejols et La Canourgue, et ne touchent que très peu d’élèves du territoire d’étude. Les pratiques amateurs : vitalité des chorales La vitalité des chorales sur l’Aubrac est assez étonnante : à Condom-d’Aubrac, Entraygues-sur- Truyère, Espalion, Laguiole, Chaudes-Aigues dont la chorale, « Le Souffle du Par », organise un festival de chorales tous les 2 ans, début juillet. Le repérage des groupes en musiques actuelles est assez délicat du fait d’une pratique réalisée le plus souvent à domicile. En l’absence de structures ressources ou d’infrastructures dédiées (studio de pratique par exemple), un nombre très faible de groupes a pu être identifié : uniquement à Espalion et au Monastier-Pin-Moriès. f. Les manifestations pluridisciplinaires : des initiatives originales et porteuses La pluridisciplinarité est intrinsèquement liée à la programmation artistique de certains événements ou manifestations sur l’Aubrac. Les événements les plus populaires, les plus importants en termes de fréquentation et les plus ancrés, associent musique, théâtre, arts plastiques, danses, gastronomie… Les principales initiatives repérées sont les suivantes : ­ La Biennale « Fanz’art » à Espalion o Cette biennale artistique et d’artisanat se déroule début juin autour d’un thème (« Faites votre cirque » en 2013). Elle est organisée par l’association « Espalion Expo ». ­ Le festival « Vachement bien » à Laguiole o Il s’est déroulé en août 2013 et proposait une kermesse (magicien, clown..) avec apéro-concert. ­ Le premier « Festiv@ubrac » à Saint-Rémy-de-Montpeyroux o Réalisé sous l’impulsion de la Fédération des foyers ruraux de l’Aveyron, il s’est déroulé, début septembre 2013, avec des animations mêlant théâtre et cinéma. ­ Les « Granges-galeries » à Saint-Rémy-de-Chaudes-Aigues o Cette manifestation se déroule au milieu de l’été et mixe arts plastiques, brocantes, animations… ­ « Cantal in’k the skin » à Chaudes-Aigues o Ce premier festival du tatouage s’est déroulé début juillet 2013. S’appuyant sur un concept original, il a accueilli plus de 6 500 spectateurs autour de concerts et de spectacles.

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Langue, musiques et danses traditionnelles : des pratiques très présentes a. La langue occitane Plusieurs structures ressources interviennent sur le territoire de l'Aubrac, en faveur de la transmission et de la pratique de la langue occitane : Auvergne Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées CIRDOC : Centre interrégional de Centre occitan des musiques et AMTA : Agence des Musiques des développement de l'occitan - danses traditionnelles Territoires d’Auvergne Médiathèque interrégionale occitane IEO : Institut d’Études Occitanes Cantal Lozère Aveyron A.D.Oc : Association pour le Institut Occitan de l’Aveyron IEO : Institut d’Études Occitanes Développement de l’Occitan Cercle occitan du Haut-Rouergue

La concertation a mis en évidence la sensibilisation à la langue occitane réalisée auprès des enfants et jeunes des écoles et du collège d’Espalion, ainsi que dans les écoles du périmètre lozérien. Toutefois, un recensement plus précis des actions demeure à réaliser.

b. Les musiques et danses traditionnelles Très présentes sur le territoire, elles participent à la vie quotidienne et festive des habitants. La musique fait l’objet d’enseignement dans le cadre des conservatoires, ou grâce à l’important tissu associatif. Les cours de danses traditionnelles en nombre relativement important semblent également être une particularité de ce territoire : ils sont proposés dans une douzaine de communes. Depuis juin 2014, la Maison de la cabrette et des traditions populaires de l'Aubrac a ouvert à Vines, sur la commune de Cantoin. Elle propose une immersion dans le monde de cet instrument. L'aboutissement de ce projet a pour but de conserver et de présenter le patrimoine musical du Massif central et en particulier de rassembler dans un lieu public les nombreux acteurs qui ont créé la dite culture auvergnate et de faire en sorte de garder et transmettre l'héritage. Ce projet a été porté par la commune et la Communauté de communes de l’Argence, avec la collaboration technique de l’AMTA198. Il est important de souligner le travail et la dynamique en œuvre dans ce domaine, incarné par le projet « Langues, musiques et danses traditionnelles en Massif central », qui pourrait s'articuler de façon assez pertinente avec les projets du futur PNR de l’Aubrac autour des musiques et danses traditionnelles. Des acteurs culturels de ce secteur (7 partenaires sur 4 régions) se sont réunis, afin de mettre en place un réseau permettant de renforcer le travail de collectage et de soutien à la création à un niveau interrégional. 2 projets patrimoniaux199 « s’articulent avec les pratiques artistiques et l’action culturelle, afin que les sources issues du travail de collectage alimentent les pratiques artistiques, et que celles-ci se réinventent tout en s’appuyant sur des connaissances, l’acte créatif faisant ainsi appel aux sources pour alimenter l’innovation ». c. Les groupes folkloriques Les différentes données collectées ont aussi permis d'identifier dans ce domaine, une dynamique propre au territoire. Une douzaine de groupes a pu être repérée avec une forte présence côté aveyronnais. Par ailleurs, des événements, comme celui de La-Fage-Saint-Julien, le « Festival des cultures du monde » et le « Festival Folklorique International du Rouergue » (dont les représentations se déroulent dans plusieurs communes aveyronnaises), proposent de découvrir les différentes facettes

198 Et notamment de son directeur André Ricros. 199 Valorisation des archives de l’oralité, et identité chorégraphique et patrimoniale du Massif central.

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du folklore international. Parallèlement, des évènements propres au territoire, comme les « fêtes de la Transhumance » font la part belle aux groupes folkloriques (Aubrac, Bonnecombe). d. Bilan, perspectives Le spectacle vivant en Aubrac se caractérise globalement par une très faible présence d’artistes professionnels, et l’absence de certaines formes d’expression (arts du cirque, de rue). La dynamique professionnelle se concentre d’une part dans le champ de l’enseignement musical (particulièrement structuré côté Aveyron) et d’autre part, sur le territoire lozérien grâce à la coordination et la programmation développées par Scènes Croisées. Cependant, il faut souligner la vigueur des pratiques amateurs dans de nombreux domaines (chorales, théâtre…) et tout comme celles liées aux musiques et danses traditionnelles, et à la langue occitane. Les concerts de musique classique occupent une place centrale dans la programmation musicale, notamment l’été et valorisent souvent les édifices romans qui les abritent. Les faiblesses constatées touchent principalement à l’hyper-saisonnalité de l’offre en matière de concerts, à la faible présence des musiques actuelles et à l’absence de relais locaux pour développer des actions sur le territoire. La construction récente d’une salle dédiée au Nayrac (la seule) est une opportunité pour développer des offres dans ce domaine.

Les musées : une offre diversifié mais peu lisible L’Aubrac présente un nombre important ainsi qu’une grande diversité de propositions en matière de musées : musées de société, écomusées, collections privées, musées d’ethnologie… La typologie de l’offre s’avère complexe à réaliser car elle est extrêmement variée : des écarts importants sont à noter au niveau de la scénographie, de l’accueil, de l’intérêt des collections, des modalités d’ouverture… Le caractère assez foisonnant de l’offre s’accompagne d’un manque de « clarté » quant aux multiples propositions (contenus, animation de ces espaces). On peut néanmoins distinguer 3 catégories principales : les musées « de France » (dotés d’un conservateur), les musées associatifs et les espaces muséographiques intégrés à des lieux multi-fonctionnels, tels que la Maison de l’Aubrac à Aubrac. 21 musées ont ainsi été dénombrés (voir annexe 37 : État des lieux musées de société), dont les 2 musées labellisés « Musée de France » à Espalion. La fréquentation de certains est par ailleurs notable : Géothermia (à Chaudes-Aigues) comptabilise 15 000 entrées par an, la Maison de l’Aubrac (pour tous ses espaces), 87 000 visiteurs en 2011. Le Musée du couteau à Laguiole, comme le Château d’Estaing, génèrent aussi un nombre d’entrées important (entre 10 et 15 000 visiteurs selon les années) et exercent une forte attractivité culturelle pour le territoire200. Enfin, un projet de « rapatriement »en Aubrac, d’un buron de l’Aubrac, propriété du MUCEM, est actuellement à l’étude201.

200 Voir également le chapitre consacré au tourisme. 201 Voir partie « Le patrimoine bâti et historique ».

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B. Focus sur des caractéristiques fortes du territoire Ces focus complètent la vision par domaine : la place des saisons culturelles à l’année, la saisonnalité estivale de la vie culturelle, particulièrement marquée en Aubrac, et enfin, la place des équipements multifonctionnels (dont le recensement précis représente un chantier indépendant du présent diagnostic). Quelques saisons culturelles à l'année : surtout dans la vallée du Lot et en périphérie Les Communautés de communes d'Entraygues-sur-Truyère202 et d’Espalion – Estaing203 ainsi que la commune d’Espalion204 organisent une programmation culturelle s’étalant sur plusieurs mois, offrant ainsi aux habitants un éventail large de créations. Leurs motivations expriment à la fois une volonté politique de découverte, d’échanges, et aussi l’envie d’un « vivre ensemble » autour du fait culturel. En périphérie, 2 structures déjà citées présentent des saisons culturelles variées, en partenariat avec Scènes Croisées de Lozère : le « Théâtre de la Mauvaise Tête »205 à Marvejols et le « Ciné-théâtre » à Saint-Chély d'Apcher206. Une forte saisonnalité estivale de l’offre culturelle L’état des lieux et la concertation ont mis en lumière un point très marquant de l’offre culturelle : sa très (et trop) forte saisonnalité estivale. Ce constat met en lumière une lacune de l’Aubrac : sa faible vie culturelle et artistique durant les mois d’automne, d’hiver et de printemps (voir graphique ci-dessous).

Figure 45 : Saisonnalité de l’offre culturelle

Aucune manifestation d’ordre artistique et culturel n’a été identifiée en octobre, novembre, décembre, janvier, mars, avril et très peu en février (voir annexe 38 : Saisonnalité de l’offre). Le même constat peut être fait concernant les périodes d’ouverture des musées. Ce qui a des répercussions « néfastes » sur l’attractivité et le dynamisme global du territoire.

202 13 soirées de février à juin, qui déclinent des propositions en musique, chant, conte, cinéma, théâtre classique… 203 5 soirées de mars à mai, avec conte, chant, musique classique, photographie, théâtre, dessin… 204 Avec l’association Renaissance du Vieux Palais (résidences, concerts de musique classique et actions pédagogiques) et les événements de la salle de la Gare, (conférences, des représentations théâtrales, musicales variées). 205 19 soirées d’octobre à juin : théâtre, danse, marionnettes, lecture, poésie musique, cirque, humour, résidences d'écriture et de création. 206 15 soirées de septembre à juin : humour, théâtre, chanson, danse, comédie, résidence de création.

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La fréquentation Afin de compléter le panorama de l’offre, quelques chiffres de fréquentation notables peuvent être mis en avant, que ce soit pour des sites comme la Maison de l’Aubrac qui reçoit un nombre de visiteurs assez remarquable (voir page précédente), ou des manifestations comme le festival du tatouage de Chaudes-Aigues qui, pour sa première édition, fut un succès avec plus de 6 000 entrées. Il faut également ajouter la très forte fréquentation des évènements liés à la Transhumance, à commencer par la fête qui se déroule à Aubrac et accueille autour de 15 000 visiteurs. L’hyper saisonnalité estivale de l’offre culturelle et les données de fréquentation de certains sites ou manifestations, sont à rapprocher de la structure de la population sur l’Aubrac. Environ 30 % de résidences secondaires sur le territoire, génèrent une augmentation importante de la population à l’occasion des vacances et notamment celles d’été. Ce public potentiel est renforcé par l’attrait touristique de l’Aubrac qui accueille un grand nombre de touristes durant cette saison. Quant à la répartition de la population par tranche d’âge207, on constate un pourcentage élevé de personnes âgées, une population moins à même de se déplacer, tout comme les moins de 19 ans. Territoire déjà faiblement peuplé, le public cible des résidents se réduit d’autant, au regard de ces données, ce qui complique la tâche de l’organisation d’une offre culturelle à l’année. Des lieux de diffusion multifonctionnels Les lieux de diffusion non dédiés (salles municipales, salles polyvalentes, des associations, foyers ruraux, comité des fêtes, les offices de tourisme…), bien qu’ils ne soient pas uniquement axés sur l’offre culturelle et artistique, représentent un enjeu considérable quant à son déploiement sur le territoire. De nombreux lieux multifonctionnels ont été repérés (offices de tourisme comprenant une salle d’exposition, lieux d'animation culturelle non conventionnels tels que cafés, chapelles, Maison de l’Aubrac…) pourraient représenter des pistes intéressantes et indispensables dans la perspective du projet culturel de territoire, mais ce repérage mérite une expertise complémentaire. Parmi les quinze offices de tourisme (du périmètre élargi), certains sont très impliqués dans la programmation culturelle et sont actifs en matière d’action culturelle, tandis que d’autres accueillent régulièrement des expositions. Enfin, une cinquantaine de salles polyvalentes et municipales représentent un maillage plus que conséquent sur le territoire en termes de dynamique locale et de lieux potentiels de programmation. Il faut également signaler l’existence de plus d’une vingtaine de Foyers Ruraux et la présence des 2 Fédérations départementales très actives et dynamiques, mobilisées sur le territoire. Enfin, malgré une réelle typicité de l’offre d’accueil (buron, gastronomie réputée, survivance des bars et auberges de villages...), il n’existe pas de label « bistrot ou café de pays ». Toutefois, la variété et la richesse en lieux d’accueil sont porteuses pour une programmation territoriale future.

207 17,1% de 0 à 19 ans, 51,2% de 20 à 64 ans, 31,6% pour les + de 65 ans

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C. Le contexte partenarial et institutionnel Sur le périmètre d’étude du projet de Parc naturel régional de l’Aubrac, interviennent et agissent différentes strates d’acteurs en matière culturelle. Ce contexte « géo-politique » est d’autant plus complexe que l’Aubrac est partagé entre 3 départements et 3 régions. De nombreux acteurs socio-culturels présents ou intervenant sur le territoire L'offre artistique et culturelle du territoire de l'Aubrac s'appuie principalement sur : ­ une vie associative bénévole dynamique, indispensable à la vie culturelle de l'Aubrac. Sa présence est notable dans le domaine du livre et de la lecture (gestion de certaines bibliothèques), des arts plastiques (expositions, lieux dédiés), des pratiques amateurs. Il s’illustre notamment par le réseau des Foyers ruraux, réseau bénévole associatif aussi actif en termes d'organisation de manifestations, auquel il faut ajouter les comités des fêtes, et une kyrielle d’associations thématiques. ­ des opérateurs professionnels (cinémas, BM1 et 2, Ciné-théâtre, Théâtre de la Mauvaise Tête…). ­ des structures régionales (agences, têtes de réseau, centres de ressources), départementales (dépendant des conseils généraux ou de fédérations d’associations), locales (Pays). Une prise en compte encore limitée de la culture par les intercommunalités Les compétences des communautés de communes, en matière de développement d’activités culturelles ou socio-culturelles et d’aménagement, sont soit optionnelles, soit facultatives. Leur engagement actuel dans les projets artistiques et l’offre culturelle reste assez limité sur le territoire de projet. Néanmoins, des initiatives existent dans ce domaine et ont été repérées : ­ mise en place d’une saison culturelle gérée par les offices de tourisme (CC d’Entraygues sur Truyère et Espalion-Estaing). ­ financement de la salle polyvalente, du cinéma, de l’école de musique et subventions aux associations de préservation du patrimoine (CC d’Entraygues sur Truyère). ­ réalisation et gestion de salles des fêtes et salles polyvalentes, construction et gestion de la bibliothèque intercommunale, soutien financier aux associations à caractère culturel et adhésion au conservatoire de musique départemental. (CC des Pays d’Olt et d’Aubrac). ­ implication dans la manifestation Phot’Aubrac (CC de l’Aubrac Lozérien). ­ adhésion à l’école départementale de musique (CC Aubrac Lot Causse). ­ convention avec l'EDML pour développer une sensibilisation artistique dans les écoles, gestion du Musée de Javols et animations auprès des scolaires et des lycéens, grâce à une archéologue à temps plein (CC de la Terre de Peyre). À noter que des dispositifs destinés au jeune public sont mis en œuvre par certaines intercommunalités, notamment les Contrats Éducatifs Locaux (CEL). Il s’agit d’un engagement réciproque de l'État et du partenaire contractant qui porte sur une durée de 3 ans. Il a vocation à devenir l'instrument unique d'organisation des activités périscolaires et extra- scolaires, permettant la mise en cohérence de l'offre éducative. L'État a la volonté de mobiliser aux côtés de ses services, tous les partenaires qui, à divers titres, concourent à l'éducation des jeunes dans leur temps libre (collectivités locales, intercommunalités, départements). 3 communautés de communes du territoire ont signé un contrat éducatif local : Caldaguès-Aubrac, Terres d’Apcher et Gévaudan.

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Dans un registre similaire, il faut souligner l’étude-diagnostic « Enfance/jeunesse » réalisée par 3 Communautés de communes de l’Aubrac aveyronnais (Aubrac-Laguiole, Argence et Viadène). Les enjeux et pistes d’actions ont été formulés autour de 4 axes : interconnaissance des acteurs, lisibilité de l’offre, évolution de l’offre vers de nouveaux services, mobilité « repensée ». La place des activités culturelles et artistiques mérite une prise en compte dans le volet opérationnel, en cours de discussion. Des Pays diversement investis dans l’action culturelle Le territoire de projet est concerné par l’action de 3 « Pays ». 2 d’entre eux se sont plus particulièrement investis dans le domaine culturel : ­ Le Pays Haut Rouergue a développé un projet culturel de territoire sous convention avec la Région Midi-Pyrénées, ce qui s’est notamment traduit par le soutien et la réalisation de programmations et évènements culturels, l’accompagnement technique et financier de projets d’équipement dédiés. ­ Le Pays de Saint-Flour Haute Auvergne a réalisé un diagnostic culturel territorial en partenariat avec l’agence régionale « Le Transfo ». Quant au Pays Gévaudan Lozère, l’appui aux projets culturels (Ciné-théâtre de Saint Chély d’Apcher, programmations…) s’insère dans une logique plus large de renforcement de l’attractivité territoriale pour favoriser le maintien et surtout l’accueil de nouvelles populations, axe de travail principal qu’il partage d’ailleurs avec le Pays de Saint-Flour Haute Auvergne. De nombreux partenaires départementaux, régionaux et interrégionaux De manière transversale ou thématique, les niveaux départementaux et régionaux, voire interrégionaux, disposent de compétences et d’une ingénierie, au service des territoires (acteurs associatifs, professionnels, collectivités…). Lors de la concertation, de nombreux partenaires ont manifesté leur intérêt pour le volet culturel du projet de PNR Aubrac et sont en capacité de se mobiliser dès lors que le territoire aura défini une stratégie dans ce domaine. Schéma synthétique des principaux acteurs :

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D. Un bilan global et transversal Une synthèse cartographique : équipements et évènements majeurs Voir cartes « Les équiments culturels majeurs » et « Les évènements culturels majeurs ». L’élaboration de cette synthèse autour des équipements et évènements majeurs est le fruit d’une première expertise, faisant également appel à des critères généralement admis : données techniques, notoriété et ampleur des événements... Les équipements majeurs sont surtout présents en périphérie du périmètre d’étude, voire sur le périmètre élargi. Les musées d’une part, et les antennes du Conservatoire départemental, côté Aveyron, « densifient » les équipements sur les communes rurales du plateau. Pour ce qui est des évènements majeurs, ils « couvrent » le territoire de manière relativement homogène. Cependant, une densité plus forte de manifestations peut être observée, dans la vallée du Lot aveyronnaise et sur les 3 communes importantes du périmètre élargi208. Des points forts qui font consensus Un consensus peut être observé autour de la force de l’identité culturelle du territoire. C’est un point fort qui entraine un discours partagé, une mise en récit imaginaire du territoire qui s’écrit autour de symboles forts, vecteurs efficients de communication, de reconnaissance, de sentiment d’appartenance. Cela se décline en quelques concepts signifiants, opérants, fédérateurs : l’itinérance, la transversalité et la complémentarité, la relation tradition/modernité… Une présence importante des musiques et danses traditionnelles encore pratiquées, de la langue occitane encore parlée est à noter ; ce qui relève dans notre société, presque d’une incongruité, mais qui représente un intérêt sur le plan du lien social et intergénérationnel, voire de l’accueil de nouveaux arrivants : apprendre à danser, comme à s’intégrer, à partager (de bons moments), notamment pendant les fêtes de villages. De nombreux groupes folkloriques sont aussi très actifs sur l’Aubrac et complètent cette offre. La présence des enseignements artistiques et des pratiques amateurs est relativement bien assurée sur le périmètre, que ce soit pour la musique classique, les chorales, les arts plastiques, la photographie. Il faut aussi souligner la présence d’un bénévolat très développé et d’une vie associative active. L’Aubrac, espace naturel assez exceptionnel, est encore préservé. Ses paysages, sa faune et sa flore remarquables épousent les imaginaires des disciplines artistiques. Des disparités spatio-temporelles a. Les équipements De nombreux équipements, les salles polyvalentes notamment, ne sont pas forcément adaptés à la programmation de spectacles, ce qui sous-entend qu’il faudrait réfléchir à développer des espaces structurants à l’échelle des bassins de vie, par exemple. Il faudra poursuivre l’analyse des équipements (salles polyvalentes…), notamment sur le plan technique et opérationnel, et leur potentiel d’accueil en matière de spectacle vivant, avec une approche précise visant à une qualification optimale des potentialités d’utilisation.

208 La Canourgue, Marvejols et Saint Chély d’Apcher.

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b. Les moyens humains : professionnels et ingénierie La présence d’équipes artistiques s’avère très limitée, alors que l’on sait l’importance d’une présence d’artistes quotidienne sur des territoires assez éloignés de la création. De la même manière, les résidences d’artistes sont, sauf exception, peu développées. Il n’y a quasiment pas d’animateurs culturels sur le plateau donc pas de relais pour les structures départementales, régionales et les Pays. Ce manque de moyens humains, dans le champ culturel, est un réel handicap et engendre naturellement moins d’initiatives envisageables, faute de personnes ressources. Cela pose aussi le problème de la médiation culturelle auprès de la population et limite les actions de sensibilisation. c. Les moyens financiers À cela s’ajoute le manque de moyens financiers sur lequel il faudrait mener une étude plus poussée. Les financements européens, parfois leviers pour les territoires ruraux représentent un chantier important ; ils sont très dépendants de la volonté politique, plutôt ressentie comme « absente » par les différents acteurs culturels du territoire. d. La répartition de l’offre dans l’espace et le temps Un rééquilibrage spatial et temporel de l’offre semble indispensable. Il existe un réel écart entre la zone du plateau et la vallée du Lot, entre la zone haute et les zones périphériques en matière d’offre culturelle, ce qui soulève la question de la coopération, de la complémentarité entre ces 2 espaces géographiques. Le déséquilibre général dans la répartition de l’offre, globalement concentrée le long de la vallée du Lot, de l’autoroute (sur le périmètre élargi) et à Chaudes-Aigues, mais très partielle au cœur de l’Aubrac, représente un chantier pour l’avenir. De même, l’hyper-saisonnalité estivale de l’offre culturelle, à l’instar d’autres territoires touristiques, représente un enjeu déterminant, car, au-delà des contraintes climatiques de l’hiver, sur le plateau prioritairement, il apparaît nécessaire d’étendre l’offre culturelle à l’ensemble des mois de l’année pour répondre aux besoins des habitants. En termes de faiblesses, il faut également souligner la disparité et l’atomisation de l'offre culturelle, liée à une méconnaissance qualitative des opportunités (hors enseignement musical). e. Les coopérations Le manque d’articulation, de complémentarité, de dialogue entre les différentes collectivités, est une donnée déterminante, au regard de la complexité à l’œuvre sur l’Aubrac. L’absence de transversalité des pratiques professionnelles, à l’exception de quelques collectivités assurant le lien entre office de tourisme et programmation culturelle, restreint la mise en œuvre de projets autour du tourisme culturel, ce qui semble pourtant particulièrement important en termes d’attractivité. Dans cet esprit, le manque d'information partagée entre micro-territoires et à l'échelle de l'Aubrac est vécue comme dommageable, les frontières administratives n’étant que peu traversées par la communication des différentes structures ressources. Si le bénévolat est développé, comme cela a été exprimé lors des ateliers participatifs, un manque de reconnaissance et de valorisation est à souligner. De nombreuses associations pointent le risque d’un essoufflement qui conforte l’idée de la nécessité d’installer des relais professionnels en soutien au développement des initiatives associatives. Concernant les nouvelles technologies et l’accès pour tous à Internet dans de bonnes conditions, l’Aubrac présente encore de nombreuses zones blanches.

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Enfin, l’implication relative des conseils généraux en matière culturelle en Aubrac, doit être soulignée certainement en raison d’une quasi-absence de projets coordonnés sur le territoire et de son cloisonnement administratif.

Des problématiques globales qui peuvent impacter les services culturels Elles sont d’abord d’ordre socioculturel et politique, mais impactent directement la vie culturelle de l’Aubrac ; il s’agit du vieillissement de la population, de la baisse des moyens financiers, de la désertification sur le plateau, de la difficile mobilisation des élus locaux dans les domaines culturel et artistique. S’y ajoute une quasi-absence de vision et d’une politique culturelle dans les intercommunalités, « chevilles ouvrières » de ces dynamiques.

Un fort potentiel : le « socle » du projet culturel de territoire Les espaces naturels singuliers, les paysages de l’Aubrac offrent une relation intéressante avec les arts visuels, les pratiques contemporaines telles que le Land art, sous une forme de créations pérennes ou éphémères. Le peu d’équipements est finalement aussi une opportunité, qui rend obligatoire de se concentrer sur les manifestations et événements fédérateurs, itinérants, dans la mesure où ils sont construits de manière structurante : l’aboutissement d’un travail mené à l’année avec les habitants du territoire, par et pour eux. Le nombre de lieux multifonctionnels impliqués dans l’offre culturelle semble une réelle opportunité. Un bon potentiel demeure donc à développer : des équipements à qualifier, des offres à répartir dans l’espace et le temps, et des acteurs engagés prêts à travailler en réseau, au cœur du territoire de projet, comme dans les bassins de vie avec lesquels il interagit, notamment ceux de Marvejols et Saint Chély d’Apcher.

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Cinéma – audiovisuel : ­ Maillage territorial et répartition de l’offre assez équilibrée sur le territoire en salles de cinéma, toutes numérisées Arts visuels : ­ Nombre important de lieux d’exposition, répartition assez homogène ­ Réelle dynamique et qualité de l’offre en matière de photographie ­ Développement à l’échelle territoriale de la manifestation « Phot’Aubrac » Livre et lecture : ­ Maillage assez exceptionnel, mission de service public assurée par les collectivités et les 3 départements ­ Qualité de la programmation et rayonnement territorial des « Rencontres littéraires d’Aubrac » ­ Expérience menée par le Pays Haut Rouergue via la Biennale « Lire au Pays » ­ Création d’une revue « Terres d’Aubrac » et présence d’éditeurs Spectacle vivant : ­ Enseignement musical structuré sur le périmètre aveyronnais ­ Nombre important de concerts de musique classique, notamment dans des édifices Atouts religieux tels que les chapelles romanes ­ Présence d’une scène conventionnée sur une partie du territoire = « Scènes Croisées » ­ Construction d’une salle de spectacle dédiée au Nayrac Langue, musiques et danses traditionnelles : ­ Vigueur de ces disciplines et patrimoines Musées : ­ Grande variété de propositions, éventail très large de thématiques ­ Label « Musée de France » pour les musées d’Espalion Lieux de diffusion multifonctionnels : ­ Restaurants, burons, à la forte identité et notoriété ­ Offices de tourisme actifs en matière d’action culturelle, et parfois lieux d’exposition ­ Réseau et maillage important de foyers ruraux (sauf dans le Cantal) ­ Densité notable de salles polyvalentes, municipales… ­ Rôle multifonctionnel de nombreux équipements En périphérie : ­ Espace à dimension européenne, dans le domaine de la céramique contemporaine ­ 2 salles dédiées au spectacle vivant à Marvejols et Saint-Chély d’Apcher Cinéma – audiovisuel : ­ Pas de cinéma itinérant ou de manifestation cinématographique itinérante. ­ Absence de propositions en matière d’arts numériques, pas d’offre via les structures multimédia… ­ Répartition des salles de cinéma assez excentrée Arts visuels : ­ Peu de galeries, pas de centre d’art contemporain dédié ­ Pas de manifestation estivale d’envergure en matière d’arts visuels ­ Pas de résidence d’artistes, peu de parcours du type Land’art et de manifestation Faiblesses d’envergure sur un territoire privilégié par ses paysages Livre et lecture : ­ Absence du champ de la bande dessinée ­ Relative insuffisance en matière de bibliothèques de type 1 Spectacle vivant : ­ Problème global de ressources, de professionnels (sur le haut-plateau). ­ Hyper-saisonnalité estivale de l’offre en matière de concerts. ­ Déséquilibre entre l’offre dite « classique » plutôt bien présente et les musiques dites « actuelles » peu représentées

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­ Absence de relais locaux pour développer des actions sur le territoire, notamment grâce aux structures départementales ­ Quasi absence de compagnies professionnelles (théâtre, danse, cirque…) et de certaines formes d’expression (arts de la rue, arts du cirque) Musées : ­ Scénographie parfois désuète ­ Périodes d’ouverture souvent limitées à l’été ­ Manque de « clarté » de l'offre quant aux multiples propositions ­ Espaces naturels et paysages singuliers qui offrent une relation intéressante avec les arts visuels ­ Peu d’équipements qui obligent cependant à se concentrer sur les évènements « essentiels » et fédérateurs, aboutissement d’une démarche avec, par et pour les Opportunités habitants, à l’année ­ Des lieux multifonctionnels déjà impliqués dans l’offre culturelle ­ Un bon potentiel à développer (équipements, évènements, acteurs engagés), sur le territoire, et en partenariat avec ses périphéries

­ Quasi-absence de politique culturelle dans les intercommunalités ­ Cloisonnement administratif qui limite l’émergence de projets coordonnés et l’implication des conseils généraux aux côtés des acteurs locaux Menaces ­ Globales et socio-culturelles (vieillissement de la population, baisse des moyens financiers, désertification sur le plateau, faible mobilisation des élus locaux dans les domaines artistique et culturel En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Soutenir et développer la création artistique en Aubrac Susciter une coopération territoriale en faveur d’une entité culturelle « Aubrac » Encourager le vivre ensemble grâce à la médiation des acteurs culturels Encourager une offre culturelle équilibrée dans le temps et dans l’espace Favoriser l’émergence de projets culturels innovants et transversaux Développer un projet culturel, porteur de sens pour le territoire Améliorer la connaissance et coordonner l’offre destinée au jeune public En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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A. L’enseignement en Aubrac L’état des lieux met en évidence la présence d’établissements de tous les degrés, hélas inégalement répartis, et grâce à des communes situées sur le périmètre élargi (Cartes « Les écoles primaires » ; « Les établissements secondaires, d’enseignement et technique et post bac »).

Une courbe démographique en légère hausse qui cache de fortes disparités L’augmentation récente de la population devrait permettre un relatif optimisme pour pérenniser l’offre d’établissements d’enseignement sur le territoire. Toutefois, cette augmentation se concentre sur les pourtours du périmètre, dans les gros bourgs de la vallée du Lot et le long de l’A75, tandis que la population sur le haut plateau conserve les caractéristiques démographiques des secteurs ruraux : un difficile maintien, voire une baisse de la population et un vieillissement. Les écoles primaires : des effectifs globalement en baisse Les chiffres 2012209 permettent de brosser le portrait de l’enseignement primaire : ­ 47 écoles, pour un effectif de 2419 enfants scolarisés ; ­ 34 écoles publiques et 13 écoles privées ; ­ 13 écoles avec classe unique (soit environ ¼ du total) ; ­ 2 R.P.I.210 : Saint Chély d’Aubrac/Condom d’Aubrac et Saint Laurent de Muret/Antrenas ; ­ et 1 C.L.I.S.211 à Espalion. Figure 26 : Effectifs des écoles primaires Les écoles publiques accueillent 70 % des effectifs. Cependant, un effectif significatif est accueilli par les écoles privées bien implantées sur le territoire. Quant à l’évolution générale des effectifs, elle est plutôt à la baisse, de l’ordre de -3 % entre les années scolaires 2011/2012 et 2012/2013, sur les communes aveyronnaises et lozériennes du périmètre d’étude212. Des disparités territoriales peuvent être constatées selon le département d’appartenance : en Aveyron, les chiffres sont à la baisse, tandis que côté Lozère, c’est plutôt l’irrégularité qui semble transparaître. Il peut être avancé une explication à ces 2 situations : ­ Sur le périmètre aveyronnais, les communes rurales sont nombreuses et la diminution des effectifs dans leur école n’est peut-être pas compensée par le développement de la population dans la vallée du Lot. ­ Sur le périmètre lozérien, l’installation de nouvelles populations le long de l’A75 fait globalement progresser la démographie sans toutefois compenser totalement le solde naturel

209 Sources : Directions des Services Départementaux de l’Éducation Nationale 12/15/48 et Communauté de communes Caldaguès Aubrac. 210 Regroupement Pédagogique Intercommunal. 211 Classe pour l'Inclusion Scolaire : permettent l'accueil dans une école primaire ordinaire d'un petit groupe d'enfants, 12 maximum, présentant le même type de handicap. 212 Nous ne disposons pas des chiffres sur le périmètre cantalien pour l’année scolaire 2011/2012.

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défavorable sur les communes rurales et c’est la fluctuation de ces 2 phénomènes qui pourrait produire cette irrégularité. Sur le périmètre labellisable, l’implantation communale des écoles primaires présente les caractéristiques suivantes : ­ 38 communes sur 82 sont dotées d’une école primaire, soit un peu moins de la moitié ; ­ 11 communes abritent une école publique et une école privée ; ­ 2 communes abritent uniquement une école privée. C’est Espalion qui accueille logiquement le plus d’enfants au primaire ; c’est également la seule commune à disposer de 2 écoles distinctes pour la maternelle et l’élémentaire. Viennent ensuite Saint Geniez d’Olt, Aumont-Aubrac, Chirac et Laguiole, enfin Chaudes-Aigues et Saint Côme d’Olt. Sur le périmètre élargi, les villes de Marvejols, Saint Chély d’Apcher et La Canourgue, accueillent des effectifs importants, et certainement des élèves vivant sur des communes du périmètre d’étude ; les 2 premières disposent de 2 écoles distinctes pour la maternelle et l’élémentaire, ainsi que d’une C.L.I.S. À la problématique de l’érosion des effectifs, s’ajoutent toujours des fermetures213 ou des perspectives de fermetures, préjudiciables à la qualité de vie sur le territoire et à son attractivité. À dire d’expert, certaines écoles rurales sont « en danger », ce phénomène pourrait être freiné grâce à des regroupements (RPI) qui s’opèrent parfois, mais rencontrent des réticences tant auprès des élus locaux que des familles. Des collèges uniquement sur 5 communes Espalion, Chaudes-Aigues, Laguiole, Saint-Amans-des-Côts et Saint Geniez d’Olt accueillent des collégiens. Sur le périmètre élargi, La Canourgue, Marvejols et Saint Chély d’Apcher accueillent certainement une bonne part de ceux issus des communes lozériennes du territoire d’étude. Les effectifs accueillis, pendant les 2 années scolaires 2011/2012 et 2012/2013, sont en baisse dans les établissements situés sur le périmètre labellisable, alors qu’ils sont stables sur le périmètre élargi. Figure 27 : Effectifs des collèges Des enseignements thématiques ont été développés par certains établissements (le bois et l’eau dans les collèges d’Espalion, l’énergie au collège de Mur de Barrez, le cinéma à Saint Chély d’Apcher…).

213 2 écoles ont fermé durant la période d’élaboration du diagnostic, à l’échelle du périmètre élargi.

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Des lycées quasi uniquement sur le périmètre élargi Sur le périmètre labellisable, on note la présence d’un seul lycée d’enseignement général à Espalion et d’un lycée d’enseignement professionnel à Javols (l’école forestière : Maison Familiale Rurale). Ils forment tous les 2 aux métiers du bois et de la forêt : module « Métier Étude Bois et Ameublement » dès la 6ème à Espalion et cursus complet de la seconde au BTS Figure 48 : Effectifs des lycées (gestion et l’exploitation des forêts), à Javols. Tout comme pour les collèges, un nombre significatif d’établissements (lycées d’enseignement général et professionnel) se retrouve dans les principales communes du périmètre élargi lozérien : Saint Chély d’Apcher étant la commune qui abrite le plus grand nombre d’établissements d’enseignement général et professionnel. Les effectifs en enseignement général et technologique semblent en hausse, autant sur le périmètre labellisable que sur le périmètre élargi. Les formations post-bac : une implantation lozérienne exclusivement Elles sont dispensées exclusivement côté Lozère. Sur le périmètre labellisable, on compte un seul site de formation supérieure : l’école forestière de Javols. Les autres sites sont installés à Saint Chély d’Apcher, Marvejols et La Canourgue. Les filières professionnelles proposées et les enseignements qui y sont dispensés revêtent un intérêt certain pour le territoire : agriculture, élevage et agro-alimentaire, productions aquacoles, forêt, industrie et filière bois, gestion et protection de la nature, gestion de l’eau, hôtellerie-restauration, équitation et tourisme équestre, tourisme rural. Des pistes de travail dans le domaine de l’apprentissage Dans le cadre du diagnostic, il n’a pas été possible de dresser le portrait de l’apprentissage à l’échelle territoriale : la connaissance qualitative et quantitative devra faire l’objet de travaux complémentaires, car il semble important d’y œuvrer, dans la mesure où les acteurs locaux et les partenaires ont beaucoup insisté sur la notion de transmission « aux jeunes générations » des entreprises et des savoir- faire. L’apprentissage est une des voies qui paraît importante à investiguer pour y contribuer. L’implication historique de l’enseignement professionnel et surtout agricole, sur le territoire L’enseignement agricole, en premier lieu, collabore depuis longtemps avec les filières sous signe de qualité (ex : « rameau laitier Aubrac » avec le Lycée La Roque à Rodez) et plus récemment avec les nouvelles filières territoriales (ex : mise au point des produits à base de thé d’Aubrac, au Lycée de Volzac à Saint-Flour). Plus largement, les établissements d’enseignement agricole ont participé aux premières phases de réflexion sur le projet de PNR de l’Aubrac dans la décennie 2000/2010 :

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- via un poste d’animation territoriale et inter-lycées (Saint- Chély d’Apcher, Saint Flour, Rodez et Aurillac)214. ­ par la participation active à des évènements et ateliers de réflexion prospectifs, tels que « Un Goût d’Aubrac », journée d’échanges autour des produits de l’Aubrac, et à des forums et rencontres organisés par « Terroirs et Cultures » en Aubrac215. Des liens existent également entre le territoire et d’autres domaines de l’enseignement professionnel : ainsi les étudiants de la filière « BTS Gestion et protection de la nature » du Lycée de Saint Chély d’Apcher s’impliquent de manière significative auprès des acteurs locaux (sites Natura 2000, collectivités, associations naturalistes, écoles, manifestations…). Bilan, perspectives Malgré la démographie aux caractéristiques ambivalentes, les établissements d’enseignement perdurent sur le territoire. La fragilité est ressentie par les familles face au difficile maintien des effectifs dans le primaire et le secondaire, mais l’offre actuelle semble satisfaisante et répond bien aux besoins. L’attractivité du territoire pour les locaux et les nouveaux arrivants passe au moins par le maintien de cette offre. Parallèlement, la forte représentation de l’enseignement professionnel, surtout à proximité du périmètre labellisable, constitue un véritable atout, renforcé par les liens étroits entre ces filières professionnelles et les caractéristiques tout comme les préoccupations d’un territoire engagé dans un projet de PNR. Enfin, l’implication historique de l’enseignement professionnel notamment agricole, auprès des acteurs locaux, et les collaborations déjà instaurées, marquent la volonté « historique » et actuelle de relier dynamique territoriale et projets éducatifs de ces établissements. L’Aubrac a ainsi initié des démarches qui sont porteuses pour le projet futur : dans le champ des coopérations avec le monde de l’enseignement, mais également dans celui de la sensibilisation des publics « jeunes » et plus largement de l’éducation au territoire.

214 Voir partie « L’historique du projet ». 215 Idem note précédente.

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B. Les actions éducatives et la sensibilisation du public en Aubrac La sensibilisation à la préservation des patrimoines et à leur transmission, auprès de tous les publics, représente des préoccupations fortes exprimées lors de la concertation. Cependant, le territoire agit de manière partielle et peu coordonnée, dans les domaines de l’éducation à l’environnement, au développement durable et aux patrimoines locaux. Des patrimoines remarquables, des sites supports d’activités éducatives Tout d’abord, il peut être rappelé la richesse patrimoniale de l’Aubrac propice à la mise en œuvre d’actions éducatives à l’attention de publics variés et le potentiel en matière d’activités de pleine nature, qui sont des outils favorables à la découverte de ces patrimoines. 12 sentiers d’interprétation ont été recensés sur le périmètre labellisable (voir annexe 26 : Liste des sentiers d’interprétation) : leur valeur éducative se traduit par la présence de supports physiques ou l'organisation de visites et animations ponctuelles ou pérennes. Ils valorisent le patrimoine naturel, les milieux forestiers, et plus marginalement, la géologie et le patrimoine historique de l’Aubrac. Enfin, une initiative à visée plus artistique existe à Lacalm216. Sur les espaces protégés porteurs d'actions de gestion et de préservation (sites Natura 2000, Espaces Naturels Sensibles, Réserves biologiques), des actions de sensibilisation sont développées ; certains parcours mentionnés ci-dessus, en sont issus (aménagement des tourbières de la Vergne noire à Laguiole, de la Vergne des Mazes à Lieutadès, de la Source du Roc à Brameloup). Régulièrement, les animateurs de ces sites et espaces proposent des visites et animations. Les échanges issus de la concertation ont révélé l’attente forte de la part des acteurs locaux, en matière de projet éducatif à l’échelle du territoire de projet, pour faire face à certaines menaces : risques de surfréquentation, de surexploitation, dérives mercantiles, ou bien banalisation des sites et paysages, risques d’abandon, de délaissement. Une offre foisonnante, multi-publics Dans un contexte territorial cloisonné, l’offre « éducative » ne s’inscrit pas dans des programmes coordonnés à l’échelle du périmètre de projet. Elle est surtout le reflet du foisonnement associatif : de nombreuses structures et initiatives se sont développées en Aubrac, souvent de manière informelle, grâce au « bouche à oreille ». Elle répond ponctuellement aux demandes et besoins de publics variés : du grand public, aux enfants et jeunes, dans le cadre scolaire, périscolaire et extra-scolaire. Les besoins ressentis par les acteurs locaux portent à la fois sur une meilleure connaissance de ces offres et leur nécessaire coordination, pour tendre vers un projet éducatif territorial cohérent.

Un premier repérage des acteurs engagés traduit le foisonnement des initiatives, évoqué ci-dessus. Les organismes chargés de la gestion des espaces protégés organisent des animations destinées aux locaux et aux visiteurs. Les principaux opérateurs présents sur le territoire sont : la Communauté de communes de l’Aubrac lozérien, la LPO Aveyron, l’ALEPE, Rural Concept en Aveyron, le CEN Auvergne et le CEN Lozère.

216 Sentier du Bois de Guirande.

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Inscrit dans une démarche de valorisation plurithématique, le Jardin Botanique de l'Aubrac mène des actions d'animations spécifiques à destination des scolaires ; pour le grand public, il organise des conférences et des visites guidées du jardin ou du village d'Aubrac. Le centre du Ventouzet, sur la commune de Sainte Colombe de Peyre, développe depuis de nombreuses années un accueil à visée éducative (journée ou séjours) pour différents publics. Il est aujourd’hui engagé dans la redéfinition de son projet associatif (réflexion autour du label « CPIE ») et dans la réhabilitation des locaux. À Javols, dans le domaine du patrimoine historique et culturel, l’implication conjointe des différentes collectivités, a permis la valorisation des campagnes de fouilles (musée, circuit pédagogique, programme d’activités et d’animations pour le grand public et le jeune public scolaire)217. D'autres acteurs doivent être cités pour leurs actions pédagogiques : les professionnels de l’encadrement et de l’accompagnement, le monde associatif impliqué dans la gestion des itinéraires et sites de pleine nature, les organisateurs d’évènements, les fermes pédagogiques ou de découverte, les sites qui mènent des chantiers de fouilles, et également les stations de ski. Il faut aussi citer les CAUE qui développent des actions éducatives dont certaines concernent ponctuellement des structures du territoire. Enfin, les CPIE218 sont des structures particulièrement impliquées dans l'éducation à l'environnement, mais au final peu sur le territoire de projet. Ce sont cependant des partenaires importants pour inscrire le projet éducatif du territoire dans des programmes globaux et structurés d’éducation à l’environnement et au développement durable.

Les offres pour les enfants et les jeunes : accueil à la journée et centres d’accueil Depuis les années 60, une tradition d'accueil d'enfants et de jeunes (colonies, classes de neige, classes vertes) a vu la création de nombreux hébergements plus ou moins dédiés, dans les villages ou les stations de ski. Le durcissement de la réglementation et l'absence de neige ont fragilisé ces centres qui ont connu des trajectoires variées, de la fermeture à la réorientation ou la diversification219. Une analyse des potentialités des centres existants et une réflexion, voire un accompagnement pour ceux qui sont en recherche d'un nouveau souffle, ainsi qu'un soutien à ceux qui sont toujours actifs, semblent aujourd’hui nécessaires. Parallèlement, des structures d’accueil à la journée (ALSH220) proposent des offres pour le jeune public, parfois au sein de ces établissements ou indépendamment, dans le cadre associatif ou en lien avec les collectivités locales221. L’amélioration de la méconnaissance de ces offres et de leur devenir, leur mise en réseau souhaitable à l’échelle territoriale et leur mobilisation coordonnée dans le cadre d’un projet éducatif en Aubrac, sont les pistes pressenties, à l’issue de la phase de concertation.

217 Voir Partie « Le patrimoine culturel » 218 Centres Permanents d’Initiative pour l’Environnement Haute Auvergne et Rouergue, partenaires de l'Association d'émergence pour animer la phase de concertation du diagnostic territorial. 219 Voir Partie « Le tourisme et les activités de pleine nature ». 220 Accueil de Loisirs Sans Hébergement. 221 Voir Partie « Les services ».

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Les actions au sein des établissements d'enseignement a. Des actions d’éducation au développement durable, sur le territoire lozérien Les actions menées sont le fruit d’une collaboration entre les services de l’Éducation nationale222 et les collectivités (communes et Conseil départemental), avec l’appui de personnes référentes (conseillers pédagogiques EDD223 et EPS224, intervenants associatifs, LEGTPA de Saint Chély d’Apcher). Les classes du premier degré implantées sur ce territoire réalisent chaque année des projets EDD, en convergence avec les programmes officiels depuis 2008. Depuis 15 ans225, plus de 2000 élèves de la maternelle à l’élémentaire ont ainsi été amenés à participer à un projet EDD qui débute toujours par une phase d’immersion dans le milieu naturel, puis se prolonge par une action et enfin un temps de synthèse, d’évaluation et de partage. Cette dernière étape se réalise en juin sur l’Aubrac, lors de la « Fête de la nature ». Les écoles participantes ont ainsi développé environ 150 projets EDD, dans des thématiques porteuses d’enjeux (eau, forêt, géologie, biodiversité, énergies renouvelables…). Certaines classes bénéficient d’un dispositif particulier et partenarial, associant la DSDEN et le LEGTPA de Saint Chély d’Apcher, pour développer un projet d’accompagnement pédagogique annuel de classes et des actions d’aménagement de milieux. En 2014, 4 écoles du périmètre labellisable (autant sur le périmètre élargi) se sont inscrites dans ce partenariat : elles réalisent des projets annuels conjoints, avec les étudiants (BTS « Gestion et Protection de la Nature »). Grâce à ce dispositif, les enseignants bénéficient d’un apport scientifique, humain et matériel. Les étudiants apprennent à répondre à une commande et réalisent une prestation auprès d’un public ciblé. Des expérimentations pédagogiques permettent de « croiser » les compétences EPS et EDD : grâce à des journées d’activités sur site (Nasbinals, col de Bonnecombe) ; les élèves découvrent les milieux par la pratique sportive, évaluent son impact potentiel et collectent de l’information. Ces actions et leurs prolongements à l’avenir sont des opportunités pour le projet éducatif futur du territoire. La présence de conseillers pédagogiques spécialisés EDD au sein des services de l’Éducation nationale en Lozère et l’existence de démarches concertées avec les collectivités et les acteurs locaux (communes, associations, sites de pratique) apportent une expérience mobilisable à l’échelle de l’Aubrac, dans le contexte de la réforme des rythmes scolaires qui doivent voir l’articulation harmonieuse de programmes éducatifs sur les temps scolaires et péri-scolaires. b. Un point sur les labellisations « Eco-école » est un programme international d’Éducation au Développement Durable développé en France par l'office français de la « Fondation pour l’Éducation à l’Environnement ». Il existe peu d'éco- écoles labellisées : sur le périmètre d’étude, une école primaire (Entraygues sur Truyère) et un collège Chaudes-Aigues) le sont ; 3 écoles primaires (Sainte Geneviève sur Argence, Le Monastère et Saint Côme d’Olt) et un collège (Saint Geniez d’Olt) sont en cours de labellisation. Pour sa part, le Ministère de l’éducation nationale développe le label « E3D »226, attribué aux écoles, aux collèges et aux lycées, ainsi qu'aux centres de formation d'apprentis, qui entrent en démarche globale de développement durable. Les actions menées en Lozère, et diffusées plus largement, pourraient conduire à la labellisation de certains établissements du territoire.

222 Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale. 223 Éducation au Développement Durable. 224 Éducation Physique et Sportive. 225 Un réseau « Aubrac » réunissant des écoles des 3 départements a existé jusqu’en 2003 : un projet mené toute l’année scolaire, en classe, faisait ensuite l’objet d’un rassemblement, souvent autour d’activités physiques de pleine nature. 226 École en Démarche de Développement Durable

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Bilan, perspectives Patrimoines et ressources sont le socle des actions éducatives, certes peu structurées et coordonnées à l’heure actuelle. Les acteurs et partenaires impliqués sont nombreux et opèrent dans des champs variés et complémentaires. Des structures d’accueil existent et souhaitent se pérenniser grâce à des actions d’animation et des propositions d’activités et de séjours à visée éducative. Des expériences en éducation à l’environnement, au sein d’établissements scolaires sont menées depuis plusieurs années, plus particulièrement côté Lozère. La « matière première » semble bien présente mais les initiatives restent souvent à structurer, voire à professionnaliser et à intégrer ensuite à une démarche globale et coordonnée, au service d’un projet coordonné d’éducation au territoire, et d’une meilleure compréhension, préservation et transmission des patrimoines de l’Aubrac.

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­ Qualité de l’offre actuelle d’enseignement et nécessaire maintien ­ Environ une commune sur deux dispose d’une école primaire ­ Collèges sur ou à proximité immédiate du périmètre labellisable ­ Effectifs plutôt en hausse dans les lycées d’enseignement général ­ Lycées et des établissements d’enseignement professionnel, à proximité immédiate du périmètre d’étude lozérien Atouts ­ Thématiques et filières d’enseignement professionnel en lien avec les spécificités du territoire ­ Existence de quelques classes d’insertion pour les enfants en situation de handicap ­ Patrimoines et activités, supports actuels et potentiels pour des actions éducatives ­ Nombreux acteurs investis ­ Tradition d’accueil d’enfants/de jeunes pour des séjours éducatifs ­ Des sentiers de découverte et d’interprétation, en lien avec le patrimoine naturel ­ Communes hyper-rurales sans école ­ Baisse des effectifs dans le primaire et le secondaire Faiblesses ­ Structures d’accueil pour enfants et jeunes qui peinent à se pérenniser ­ Peu d’écoles labellisées ­ Coopérations « historiques » et actuelles entre le territoire et l’enseignement professionnel, notamment agricole ­ Coordination/animation inter-établissements qui mérite d’être relayée ­ Apprentissage : une connaissance à approfondir, au service de la transmission des Opportunités savoir-faire aux jeunes générations ­ Repérage des acteurs qui montre le potentiel en matière de projets éducatifs pour l’avenir, dans des champs diversifiés. ­ Compétences en Éducation à l’Environnement et au Développement Durable, au sein de l’Éducation Nationale, côté Lozère ­ Evolution démographique peu favorable au maintien des postes, surtout dans le premier degré ­ Fortes disparités démographiques territoriales qui influencent l’existence et la pérennité Menaces des établissements d’enseignement ­ Risques et préoccupations des acteurs locaux pour l’avenir du territoire : la banalisation, la perte de la mémoire, la marchandisation, la surfréquentation, la déséquilibre et le cloisonnement territorial… En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Assurer la pérennité des structures d’accueil enfance/jeunesse Favoriser l’appropriation des savoir-faire et des ressources locales par les jeunes générations Développer une offre d’activités pleine nature, avec une composante « jeunes » Améliorer la connaissance et coordonner l’offre culturelle et artistique destinée au jeune public Sensibiliser et éduquer le public dans le domaine du patrimoine naturel Sensibiliser, informer, former les publics, les professionnels et les collectivités au tourisme durable Communiquer et sensibiliser sur les enjeux de l’eau En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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