Atlas pratique des paysages d’ / fiche ensemble de paysage vals et gdes rivières de plaine 8 Val d’ 01

Le val d’Allier est l’élément naturel 1. SITUATION Allier de Villeneuve / 8.01 J Forêt d’Apremont / structurant du département de l’Allier 8.01 K Allier du Veurdre. À cheval sur les départements du Puy-de- qui porte son nom. Dans la mesure où Dôme et de l’Allier, l’ensemble de paysages du 2. GRANDES COMPOSANTES la rivière est quasiment entièrement Val d’Allier correspond à la partie élargie de la DES PAYSAGES auvergnate (elle traverse la région sur rivière depuis la sortie des défilés du Val d’Al- plus de quatre cents kilomètres du lier (ensemble 9.01) jusqu’à la sortie de la ré- 2.1 Une vallée plate, espace de diva- gion Auvergne. Il traverse la Grande Limagne gation pour la rivière sud au nord, de Langogne en Lozère, et les plaines des Varennes (6.01), l’ensemble au bord de la Haute-Loire, jusqu’au de paysages de la Forêt et bocage du Val d’Al- Le trait marquant du paysage physique Veurdre dans l’Allier), on peut considé- lier Vichyssois (5.06), celui des Bois Noirs et de de la vallée de l’Allier est sa platitude. Son rer qu’elle est tout autant structurante la Montagne bourbonnaise (2.01), ainsi que orientation correspond à la faille bordière de le Forterre (6.04), la forêt et le bocage bour- la Limagne dans le sens nord-sud. Sa pente pour la région Auvergne dans son bonnais (5.01) et la Sologne bourbonnaise est très faible sur ce tronçon : environ 0,1 %. ensemble. C’est un rare cas en (5.04). Bien que présentant tout au long de Les cotes extrêmes sont, au sud à , 260 de grande rivière infra-régionale, ca- son cours des caractéristiques communes, les mètres et, au nord à Moulins, 210 mètres. ractéristique importante à prendre en ambiances paysagères varient sensiblement Cette spécificité physique entraîne une lenteur du sud au nord. de l’écoulement des eaux et par suite une compte. faible force de creusement et de charriage, à Cet ensemble appartient à la famille de pay- l’exception des épisodes de crues. La faiblesse sages : 8. Les vals et grandes rivières de plaine. de la pente empêche la rivière d’entailler un lit profond et rectiligne. Elle sinue entre bancs Les unités de paysages qui composent cet en- de sable et gravières. Elle dessine de larges semble : 8.01 A Allier de Pont-du-Château / méandres qui progressent au gré du courant 8.01 B Allier de Crevant-Laveine / 8.01 C Allier et des crues. Ces dernières coupent, dessinent, de Hauterive / 8.01 D Lac d’Allier / 8.01 E Ville sculptent un nouveau lit à chaque épisode et de Vichy / 8.01 F Allier de Saint Germain-des- abandonnent l’ancien cours : ce remaniement Fossés / 8.01 G Méandres de Bessay et de Châ- perpétuel et naturel constitue la richesse tel-de-Neuvre / 8.01 H Ville de Moulins / 8.01 I essentielle du paysage du Val d’Allier.

DREAL Auvergne www.paysages.auvergne.gouv.fr Février 2015 page 2 / vals et grandes rivières de plaine / Val d’Allier 8.01

La ripisylve de l’Allier depuis le belvédère de Chatel de Neuvre

2.2 La divagation de l’Allier et ses mis bout-à-bout, c’est tout l’espace de mobi- La cistude de l’aérodrome vestiges lité de l’Allier qui apparaît clairement. Mettre Les boires sont des bras morts de l’Allier, ves- en évidence ces traces nous permet d’appré- tiges et témoins de sa divagation au cours du Les cartes de 1750 montrent que le cours de hender peu à peu la grande particularité de temps. Ce sont des milieux humides d’eau sta- l’Allier était alors en tresses, qu’il n’était pas l’Allier : sa divagation. gnante. La boire des Carrés est un Espace Natu- constitué comme aujourd’hui d’un chenal rel Sensible (ENS) défini par le Conseil Général. unique. À partir de 1860, le cours est devenu 2.4 Situations territoriales C’est un vestige du cours de l’Allier tel qu’il était plutôt linéaire comme aujourd’hui. De nom- étranges, résultantes de la diva- vers 1945. Cette boire se trouve aux portes de breux vestiges ou situations étranges résultent gation de l’Allier l’agglomération de Vichy, prise entre diverses aujourd’hui de cette histoire mouvante. infrastructures construites ces cinquante der- coupée en deux nières années. Cependant sa qualité écologique 2.3 Indices humains de divagation Au sud de l’agglomération de Vichy, Abrest est est restée importante. Elle a pour particularité de l’Allier la seule commune qui s’étend sur deux côtés de de servir de limite à l’aérodrome de Vichy. La la rivière. À cause de la divagation historique Cistude d’Europe (espèce de tortue autoch- Intégrer l’humain dans la nature permet de de l’Allier, une petite partie de la commune tone qui bénéficie à l’échelle nationale d’une réinterroger l’histoire locale du point de vue se trouve séparée de la partie principale. Au- protection intégrale), présente dans la boire, du rapport des hommes à leur environnement. cun pont ne relie les deux. C’est une situation se reproduit dans des zones sableuses sur les Au bord de l’Allier, à plus ou moins longue dis- étrange qui rappelle celle, un peu opposée, du bords de l’aérodrome. La présence de l’aéro- tance des rives, on retrouve de nombreux in- village de Saint-Santin dans la Châtaigneraie drome préserve ces espaces de reproduction dices d’activités ou de formes d’aménagement cantalienne, divisé en deux par la frontière de la fréquentation humaine et de grandes liées à la rivière : une rue du port dans un entre les départements de l’ et du Can- transformations irrémédiables. bourg au milieu des champs ; les vestiges d’un tal. «Opposée», car dans ce cas la frontière a port ; du petit patrimoine issu de l’histoire eu un effet de démultiplication pratique : deux Les jardins potagers dans le bras mort du Si- locale de la batellerie ; des toponymes relatifs mairies, deux églises, etc. (cf. 7.04) chon aux boires, bras morts ; des boires isolées qui La route départementale 558 qui permet de témoignent de la présence d’un port disparu ; Créchy coupée en deux sortir de Vichy par le nord est bordée du côté des talus d’anciens bras de la rivière, éloignés L’église de Créchy n’est plus en croix. Une partie de l’Allier par une zone commerciale (grands de celle-ci mais que l’on peut dater avec des a été arrachée par la rivière à l’époque où l’Al- parkings et bâtiments en «boites à chaus- cartes anciennes... Un système complexe de lier passait au pied. La limite communale d’au- sures») et de l’autre côté par une grande zone signes, peu perceptibles pour l’oeil non averti, jourd’hui est celle de la rivière de 1800. Un bout de jardins potagers. Les jardins potagers ont été apparaît progressivement. Tous ces indices de la commune se retrouve sur l’autre rive. installés dans un espace vestige du Sichon qui Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 3

Boire et Allier à Saint-Germain des Fossés se jette dans l’Allier un peu en amont : un bras taux ou autres, plantations forestières non au- nières en exploitation arrivent à la fin de leur mort comblé presque entièrement. Les jardins tochtones, comblements des dépressions, bras autorisation. Si les plans d’eau des anciennes et le bras mort participent de l’entrée de ville. morts et zones humides... gravières font partie du paysage, ils n’en posent Il y a une quinzaine d’années, pour montrer pas moins des difficultés de gestion de l’espace 2.5 Évolution récente des rapports l’exemple, le Conservatoire des Espaces Natu- de mobilité. En effet la capture d’une gravière des hommes à la composante rels achetait des parcelles pour les laisser à la par la rivière est susceptible d’entraîner un pié- «divagation» divagation de l’Allier. Aujourd’hui, après avoir geage du transport solide (sur une durée pro- longtemps agi par enrochement et artificialisa- portionnelle au volume de la fosse à combler) L’arrêté de biotope de l’Allier tion des berges, on restaure de plus en plus les ralentissant le retour à un profil d’équilibre de L’arrêté préfectoral de protection de biotope espaces de divagation. la rivière. Ce constat ne doit pas être généra- (APB ou APPB), est un arrêté, pris par le préfet, Le principe sur lequel l’arrêté se fonde est lisé à l’ensemble des anciennes gravières. C’est pour protéger un habitat naturel abritant une simple : tout ce qui empêche la divagation de une analyse au cas par cas qu’il faut conduire, ou plusieurs espèces animales et/ou végétales l’Allier accentue le creusement de son lit. Tout l’objectif principal étant bien de rouvrir l’espace sauvages et protégées. point dur (enrochements, piles de ponts par de mobilité chaque fois que c’est possible, une Un arrêté de biotope a été pris pour protéger exemple) a pour conséquence cette accentua- rivière mobile étant par définition une rivière les habitats sur l’espace de mobilité de l’Allier en tion. L’Allier a besoin de matériaux à transpor- en équilibre, génératrice de biodiversité et de 2011, ceci pour préserver d’une part les espèces ter pour équilibrer son cours. Si on l’empêche paysages variés. C’est un des enjeux du Schéma protégées occupant ce milieu (Oedicnème d’éroder les rives comme elle le fait naturelle- d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) criard, héron bihoreau, campagnol amphibie, ment pour divaguer, elle creuse son lit et s’en- Allier aval. cistude d’Europe, lézard des souches, cuivrés fonce progressivement. Le niveau de la nappe des marais, marsilée à quatre feuilles...) en lien alluviale baisse alors en même temps que les L’Allier mobile et les infrastructures routières avec la réserve naturelle nationale du Val d’Al- ressources en eau potable. Environ 60% de l’eau L’accès difficile à ses berges est un atout pour lier et d’autre part les ressources en eau potable potable des bourbonnais provient des puits de l’Allier. Il est pourtant parfois nécessaire de de la nappe alluviale de l’Allier. C’est un secteur captage situés le long de la rivière. L’arrêté de pouvoir le voir pour s’approprier les probléma- propice aux activités agricoles et forestières qui biotope allie donc des problématiques natura- tiques qui lui sont propres. doivent désormais évoluer pour développer listes à celle des ressources en eau potable. La réalisation du contournement de Vichy est des pratiques appropriées à la préservation de en cours aujourd’hui. L’emplacement d’un nou- ces milieux : pour le retournement des sols, le Les gravières du bord de l’Allier : le seul espace veau franchissement de la rivière est sujet à sursemis, la mise en culture de nouvelles terres, où la divagation de l’Allier pose problème débat. Si un pont a une portée symbolique (re- les traitements phytosanitaires, les amende- L’exploitation des gravières dans l’espace de liant deux rives) ou paysagère, la mise en place ments, les dépôts de gravats, de déchets végé- mobilité des cours d’eau est interdite, et les der- d’une telle infrastructure sur une rivière mobile page 4 / vals et grandes rivières de plaine / Val d’Allier 8.01

comme l’Allier, nécessite études, concertation et vigilance particulière pour garantir la diva- gation de la rivière. C’est en effet un parti envi- ronnemental et paysager à privilégier, qui peut également permettre une valorisation de l’ou- vrage en question. (cf. exposition Sur les traces de l’Allier, dépliant d’information édité par le Conservatoire des Sites de l’Allier, 2008)

Les zones de ponts et les champs de puits de captage Le site d’un pont est synonyme de renforce- ment artificiel des rives. C’est près de ces ren- forcements que sont installés les champs de captage de l’eau potable, car ils y sont proté- gés des divagations de la rivière. Une bonne Zone de captage au bord de l’Allier à proximité du Veudre partie de l’alimentation en eau potable des départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme est dépendante de la nappe alluviale de l’Allier. Avant le pont de Veurdre par exemple, sur la rive gauche, deux puits ont été installés dans un pré. Ils sont camouflés sous de petits monti- cules de terre au dessus desquels dépassent des cylindres de béton d’un mètre de haut. Sur un monticule plus imposant a été construite une «maisonnette» technique. Autour du pré non pâturé, un grillage à double torsion a été instal- lé pour éviter les intrusions. Une forme de pay- sage construit inhabituel résulte de ces instal- lations techniques. À tel point que ces «zones de ponts de l’Allier» peuvent être considérées comme des motifs paysagers de l’ensemble de paysages. Les puits de captage sont répartis sur une dizaine de zones, très proches du lit actuel. L’eau prélevée en ces endroits est moins sou- mise aux pollutions diffuses d’origine agricole et bénéficie également d’un effet de dilution par les eaux d’infiltration de la rivière, ces deux facteurs contribuant à des eaux de meilleure qualité.

2.6 Les rares accès visuels à l’Allier : les belvédères et les ponts

On ne peut pas facilement accéder au cours de la rivière, physiquement autant que visuel- lement. En raison de sa divagation, et depuis la fin de l’époque de la batellerie, il n’y a que peu de points de contact entre elle et les activités humaines. L’Allier n’est que rarement visible. Les points de vue spectaculaires comme ceux des belvédères de l’église de Châtel-de-Neuvre, de la forteresse de Billy ou de la ferme d’Embraud Ancienne gravière aujourd’hui en eau à Saint-Germain des Fossés, au loin la plate-forme ferroviaire vers Château-sur-Allier par exemple (cf. ci-des- Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 5

sous : La locaterie d’Embraud) sont d’autant plus célèbres qu’ils sont rares. Les ponts sont peu nombreux. La difficulté d’accès rend la rencontre avec la rivière pré- cieuse. Le pont de Billy, le pont de Veurdre... sont de rares points de vue sur l’Allier depuis la route. Le pont de Veurdre, donne accès à l’image de «rivière sauvage» qui fait la renom- mée de l’Allier. Les bancs de sable qui divisent la rivière en plusieurs bras et les îles régulière- ment inondées colonisées par une végétation spontanée donnent une impression immédiate d’éloignement et d’exotisme.

2.7 Ponts historiques et histoires de ponts Pont de Billy Les ponts sur l’Allier sont des concentrations d’histoires plus ou moins anciennes, parfois même des points de focalisation d’intérêts di- vergents sur le territoire. Deux exemples très différents :

Ouvrage d’art : le Pont Boutiron Le pont qui permet la traversée de l’Allier au nord de Vichy, dit « pont Boutiron » a été construit en 1913 par l’ingénieur Eugène Freyssinet. C’est une de ses premières œuvres avec le pont de Châtel-de-Neuvre et le pont du Veurdre construit sur l’Allier en 1911-1912 et détruit en 1944. Il est fait de trois arcs en béton de 67, 72 et 67 mètres de long. Son état de conservation est parfait. Alors que beaucoup se défiaient du béton au début du 20e siècle, Eugène Freyssinet a ouvert de nombreuses voies en faisant du Pont sur l’Allier à Vichy béton le principal matériau de construction du siècle. Le pont Boutiron, avec ses arcs qui ressemblent à des arcs métalliques, témoigne du désir de substitution par Freyssinet du métal par le béton dès ses premiers travaux.

Le pont de Moulins et le désir d’un deuxième pont Le pont de Régemortes, unique pont de Mou- lins qui permet de traverser l’Allier, date du 18e siècle. Il est utilisé par les automobilistes, les cy- clistes et les piétons. Un autre pont, ferroviaire, est plus récent. Dans le cadre du déclassement de la 9, le pont routier franchis- sant l’Allier à Moulins a quitté le domaine de l’État pour être remis à la commune. Son carac- tère unique et indispensable le classe dans les principaux objets de débat et de discussion de la population. D’autant plus qu’il est le lieu cé- Nationale 7 à page 6 / vals et grandes rivières de plaine / Val d’Allier 8.01

lèbre des embouteillages de Moulins. nagements et de nos modes de vie durant le quement exploités : pour la vigne, comme ce- Le désir d’un deuxième pont est grand. RFF ne 20e siècle. L’histoire de l’avènement des congés lui d’Ebreuil par exemple, où le coteau sillonné veut pas se dessaisir du pont ferroviaire de l’an- payés s’accompagne de celui de l’automobile d’anciens murets domine le bourg ; pour l’ar- cienne ligne Moulins-Montluçon abandonnée qui a envahi notre mode de vie et la manière boriculture comme à . La plupart de ces depuis des dizaines d’années pour le transit des dont on conçoit et fabrique notre environne- coteaux calcaires ont été délaissés. Ils sont en- voyageurs mais réutilisée pour l’acheminement ment ordinaire. trés récemment dans la politique des Espaces de la matière extraite des carrières de quartzite La , historique est progressive- Naturels Sensibles (ENS) menée par le Conseil de (cf. 5.01). Un tronçon est utilisé pour ment mise à 2 x 2 voie, morceau après morceau, Général. Le Conservatoire des Espaces Naturels un vélo-rail. Une hypothèse avait été émise de comme par exemple entre Trévol et Moulins où (CEN) de l’Allier est fortement impliqué dans la reconvertir la voie en voie verte. elle a été élargie en arrivant sur l’agglomération connaissance, la préservation et la gestion de ce de Moulins puis contourne l’agglomération. réseau de sites. 2.8 La «nationale 7», une «Route 66» Des locaux commerciaux sont à l’abandon. Au Dans l’agglomération de Vichy, dans la zone du à la française niveau de la « nouvelle » déviation, à l’entrée Creuzier, une série de buttons forme une sorte nord de l’agglomération, un « nouveau » pôle de continuité biologique fragmentée, favorable La route nationale 7 est un mythe. C’est peut- commercial de 38 hectares est en projet sur des notamment à « l’espèce phare » des coteaux être l’équivalent pour les français de ce qu’est la terrains agricoles et naturels. L’histoire de l’élar- calcaires, l’Azuré du serpolet (petit papillon route départementale 66 pour les Américains. gissement de la route illustre l’impact fort des bleuté de la famille des Lycaenidae). L’espèce y a C’est l’expression «mythologique» des congés voies d’accès sur les politiques d’urbanisme des été observée et étudiée récemment par le CEN payés. Elle permettait la descente des vacan- territoires desservis et traversés. Allier. « Elle ne pond que sur le thym ou l’ori- ciers du nord vers la Provence et la Côte d’Azur. gan ». « La réussite de sa reproduction est liée Beaucoup de films en montrent des images 2.9 La richesse mal connue et mal- à la présence sur le site d’une fourmi du genre anciennes, avec les alignements d’arbres qui menée des espaces de coteaux variés Myrmica qui nourrit les chenilles en échange l’ombrageaient. L’Allier était un passage obligé qui bordent le Val d’Allier de miellat ». « Elle exige des échanges réguliers le long de cette descente vers la Méditerranée. d’individus entre différents sites proches ». Elle Aujourd’hui, la route a progressivement perdu L’exemple des buttons thermophiles confron- vit donc en métapopulation. Il faut que certains son caractère légendaire. Les arbres ont été très tés à l’urbanisation près de Vichy individus puissent circuler entre chaque taches largement abattus pour des raisons de sécuri- Les buttons thermophiles sont de petites de colonisation. Sur les coteaux de Gannat, sation ou d’élargissement des voies. À l’arrivée buttes en bord de Limagne sur lesquelles on fortement urbanisés, les couloirs biologiques des agglomérations, des zones d’activités ou trouve des lambeaux de pelouses calcaires (pe- entre les sites ont été coupés et les populations des zones commerciales sont apparues. L’obser- louses sèches), milieux très attractifs pour un de ce papillon sont en baisse. Sur les buttons vation de ces transformations et de cette évo- certain nombre d’espèces protégées de plantes du Creuzier, le réseau de sites fonctionne en- lution dans le temps peut donner un aperçu et d’insectes. Ces milieux qui peuvent faire core relativement bien. La présence du papillon concentré de l’évolution de nos modes d’amé- partie du réseau Natura 2000, ont été histori- dans ces milieux est importante car c’est une sorte de «clé» ou «d’indice de lecture» qui montre leur état de préservation ou leur niveau de dégradation. Cependant, à proximité directe de l’agglomération de Vichy, ils subissent au- jourd’hui deux formes de pression : le dévelop- pement de la culture du maïs dans les champs et l’expansion urbaine. Des préconisations pour préserver le réseau de sites ont été fournies par le Conservatoire des Espaces Naturels de l’Allier dans le cadre du projet de Schéma de Cohé- rence Territoriale (SCoT) à l’échelle de l’agglo- mération vichyssoise. Mais la zone fait l’objet de travaux d’assainissement qui préparent une urbanisation à venir. Par son passé agricole, l’espace de la zone du Creuzier s’est organisé en habitat dispersé. Cette dispersion est une spécificité locale. L’église de Creuzier-le-Vieux est isolée dans les vestiges du petit village, rattrapé par l’urbani- sation récente. Parfois, un hameau est plus gros Button thermophile à proximité de Creusier que le bourg lui-même. Le CEN Allier a constaté Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 7

aujourd’hui que cette forme dispersée de l’ur- banisation ne gêne pas le papillon notamment parce qu’elle préserve la coexistence entre urba- nisation et continuités biologiques. Les espèces les plus rares sont souvent celles qui requièrent les conditions les plus particulières. L’urbanisa- tion rapide en cours tend à connecter les zones habitées entre elles. Entre les buttons, les zones plates sont faciles à urbaniser. Des hameaux se rejoignent. Les haies plantées à l’issue du re- membrement ont disparu. Ainsi, les conditions propices pour le maintien de la métapopula- tion de l’Azuré du serpolet se sont dégradées. (Source : la lisette, lettre d’information annuelle du Conservatoire des Sites de l’Allier, avril 2011). Outre l’Azuré, espèce emblématique, l’en- semble des buttons thermophiles abrite de nombreuses espèces spécialisées et à fort enjeu patrimonial. C’est le cas par exemple des or- chidacées (Epipactis microphylla ou E atroru- Pacages humide le long de l’Allier à proximité du Veudre bens – cette dernière étant en danger critique d’extinction en Auvergne). Chez les reptiles, des grain. Sur une autre partie du coteau, sèche opaques, accompagnées par un sous-bois espèces telles que la vipère aspic – en forte ré- et peu productive, une zone a été malgré tout impénétrable et sombre. De nombreuses gression dans le nord de la région – affection- mise en culture. Cette mosaïque disparate il- peupleraies renforcent et densifient ce cor- nent particulièrement ces types d’espaces. Des lustre bien le sens d’évolution de cet espace de don boisé. C’est cette zone épaisse et sau- cortèges d’insectes inféodés à ces coteaux secs transition entre le bocage et la plaine céréalière vage qui constitue, sur de longs tronçons, peuvent également comprendre des espèces de Limagne. l’image de l’Allier, vue de l’extérieur. rares ou en régression (par exemple le marbré 2. Sur l’ensemble de paysages du Val d’Allier, de vert ou certains Thècla, tel le Thécla du pru- 2.10 L’occupation des sols du Val le mode d’exploitation et de mise en valeur nier). d’Allier en fonction de leur qualité agricole conditionne la variété du paysage et Le rôle indispensable de ces continuités pour la agronomique et de leur caractère y participe. De grands secteurs de cultures et préservation de la biodiversité est aujourd’hui inondable d’élevage sont organisés en grands champs connu. Le maintien de couloirs biologiques est ou en système bocager. Limités par les boi- au cœur des enjeux du SRCE (schéma régio- Schématiquement, l’occupation des sols du Val sements alluviaux et par les versants des co- nal de cohérence écologique) qui définit un d’Allier dépend de deux facteurs primordiaux : teaux qui encadrent la vallée, ils constituent maillage de « trames vertes et bleues » assu- • La qualité du sol : de très bonnes qualités des espaces relativement ouverts. Les ter- rant une connexion entre les milieux. En limi- agronomiques sur les sols limoneux et des rasses, selon leurs aptitudes agronomiques, tant l’extension de l’urbanisation, ces coupures aptitudes médiocres sur les dépôts fluvia- présentent par alternance des prairies bor- vertes auront aussi immanquablement un im- tiles. Si les sols récents, constitués de sable dées par une trame bocagère plus ou moins pact paysager important. et de graviers, sont peu propices à l’exploita- dense à base de chênes et des secteurs de tion agricole, ils accueillent cependant une culture (maïs, céréales) bordés de haies, le L’exemple de l’évolution récente des coteaux flore spécifique ; tout entrecoupé de bosquets. C’est au-de- de Saint-Pourçain-sur-Sioule • Les zones urbanisées et les principales voies là de Vichy, dans le secteur de Billy, que la Sur le coteau qui domine la vallée de la plaine de communication ont été rejetées en de- plaine de l’Allier s’élargit et reçoit de vastes où la Sioule se dirige vers sa confluence avec hors de la zone inondable. cultures céréalières. Accompagnée de ses l’Allier, près de Saint-Pourçain-sur-Sioule, un Ces deux facteurs ont conditionné une organi- boisements, la rivière se dissimule et dispa- agencement chaotique d’éléments constitue sation territoriale sous forme de bandes paral- raît des regards. Le système bocager reprend le paysage des coteaux : une grande culture de lèles au cours de la rivière, que l’on peut sché- un peu plus au nord. C’est un système de vignes, entrecoupée par une enclave de plan- matiquement réduire au nombre de trois : production basé sur l’élevage allaitant de tations de cèdres, est traversée par une ligne 1. Un cordon boisé, de largeur variable, qui vaches charolaises et d’ovins de plein air qui à haute tension. Sur une butte entourée de fo- recouvre la majorité des zones de dépôts contribue à la permanence de la prairie. rêts, une grande demeure domine légèrement récents en zone inondable. Ces espaces boi- 3. Les grandes voies de circulation ont été im- les champs de céréales au milieu desquels de sés constitués de saules, peupliers, frênes, plantées de part et d’autre de la vallée sur les gros silos ont été construits pour stocker le aulnes, constituent des masses denses terrasses non inondables. page 8 / vals et grandes rivières de plaine / Val d’Allier 8.01

3. MOTIFS PAYSAGERS l’homme. À son premier stade, l’essence ar- 4.2. Les rives de l’Allier à Vichy : le borescente principale est le saule noir. Il est passé thermal 3.1 Les boires accompagné par les saules argentés et blancs, et par quelques aulnes (forêt à bois tendre). Les rives de l’Allier dans le secteur ancien de Elles correspondent à des bras morts abandon- Les arbres dépassent rarement une cinquan- Vichy et sur la commune de Bellerive-sur-Al- nés par le cours principal de la rivière. Poussent taine d’années du fait du remaniement lié aux lier forment un complexe de parcs (autour des sur leurs bords de nombreuses plantes adap- crues. Dans un deuxième temps, les chênes et thermes, le parc des rives de l’Allier, le parc des tées : joncs, saules rouges... Ces marais fréquem- les frênes s’installent (forêt à bois dur) et sta- Célestins...) et de zones sportives (sur la rive ment recouverts par les eaux, restent en per- bilisent les sols. Les remaniements sont alors gauche, golf ancien, hippodrome de Vichy...). Ce manence humides. extrêmement rares. Le niveau arbustif devient complexe résulte très largement du développe- assez dense, envahi d’orties, de ronces et de ment passé de la ville par l’activité thermale. 3.2 Les talus de rivière lianes. C’est le stade ultime d’évolution de la L’organisation résultante d’espaces ouverts et végétation. plantés autour des deux rives de la rivière fait La rivière est large de cinquante à cent cin- de Vichy aujourd’hui un exemple singulier quante mètres et profonde de quatre à cinq 3.7 Les gravières et sablières d’agglomération au sein de laquelle une rivière mètres au pied des talus. Un talus peut me- joue un rôle paysager des plus importants. Ces surer jusqu’à trois ou quatre mètres au-dessus L’exploitation des sables et graviers a généré espaces historiques, illustrations de l’urbanisme du niveau de l’eau. Les crues peuvent multi- un chapelet d’espaces visibles le long de l’Allier thermal, ont été protégés par la politique des plier par cinq la surface des eaux (cf. exposi- qui jouent un rôle important dans le système sites de l’État à partir de 1982 pour anticiper tion Sur les traces de l’Allier, dépliant d’infor- de divagation de l’Allier et dans l’expérience les développements urbains potentiels notam- mation édité par le Conservatoire des Sites de physique que l’on peut avoir de la rivière au- ment sur la rive gauche. Si ces espaces ont été l’Allier, 2008). jourd’hui. préservés, beaucoup de transformations très vi- sibles ont eu cours en limite de ces zones vertes 3.3 Les plages caillouteuses et 3.8 Les agencements ponts/champs sur Bellerive, le long de l’axe routier de contour- sablonneuses de captage de l’eau potable/ nement de l’agglomération : lotissements sur gravières/industries diverses/sites les coteaux et implantations commerciales le Encombrées d’épaves de bois mort charriées d’installation des gens du voyage long de l’axe, installant un rapport visuel direct par la rivière, la végétation y est en général entre une ceinture d’équipements de loisirs et inexistante. C’est un motif paysager complexe. Chaque zone une ceinture périurbaine plus banale. de pont produit forcément son agencement 3.4 Les étendues herbeuses sur la base des quatre autres éléments. Si l’on 4.3 Les alignements boisés le long prend l’exemple du pont Boutiron au nord de des routes : RN7 - RN9 Elles se mettent en place progressivement Vichy, voilà ce que cela donne : de nos jours, ce lorsque l’érosion fluviale les a abandonnées pont (conçu par l’ingénieur Eugène Freyssinet) Ces alignements encore très présents, qui par- durant quelques années. On rencontre des se trouve entre une zone industrielle (Vichy- ticipent de l’atmosphère propre à ces routes prairies hautes ou rases, ce qui s’explique par Rhue) et un campement de gens du voyage, (mythe cinématographique de la RN7...), sont leur contenu floristique et par la pression des installé sur l’autre rive de l’Allier, derrière une parfois encore menacés par les interventions bovins. carrosserie, au bord de la rivière, à l’ombre des d’aménagement routier ou le développement peupliers et des saules. de l’urbanisation. 3.5 Le Verdiau 4.4 La Nationale 9, une route panora- Le Verdiau, en patois bourbonnais, est une 4. EXPÉRIENCES ET mique de découverte du Val d’Allier formation arbustive formée de petits buissons ENDROITS SINGULIERS ronds et réguliers. Ce stade d’évolution corres- Entre Moulins et Vichy, l’ex Route Nationale 9 pond à l’évolution naturelle d’une prairie sans 4.1 L’Allier en amont de Saint-Yorre (maintenant route départementale 2009) pression animale. Il se présente sous la forme longe la rive gauche de l’Allier en la surplom- d’une lande ouverte, parsemée de petits En amont de Saint-Yorre, l’Allier présente un bant reliant des points de vue dont le plus cé- saules rouges et circulaires de deux à quatre visage qui diffère de l’aval. La rivière y dessine lèbre est celui de l’église de Châtel-de-Neuvre. mètres de haut. de nombreux méandres anastomosés (nom- breuses divisions et connexions d’un cours 4.5 Le Pont Boutiron de Vichy 3.6 La forêt alluviale d’eau en tresses). Ces derniers sont peu visibles car engoncés et noyés dans une large et exubé- Le pont a été conçu par l’ingénieur Freyssinet, C’est une sorte de forêt vierge des bords de rante forêt alluviale de cinq cents à sept cents rendu célèbre par les principes de construc- rivière, généralement assez peu exploitée par mètres de large. tion qu’il a mis en oeuvre, au point que cha- Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 9

L’Allier depuis le pont du Veudre cune de ses oeuvres est aujourd’hui appelé cordelettes pour étendre le linge. Sur la façade de vieux arbres fruitiers sont soutenus par des pont Freyssinet. (cf. Grandes composantes d’un bâtiment «public» à l’entrée de la cité, piquets de bois. Sur un mur pignon, un esca- des paysages : Ponts historiques et histoires de une inscription : CGT. lier en bois permet d’accéder aux combles. ponts) Sous l’escalier, des cabanes à oiseaux ont été 4.7 Le point de vue de l’église de installées au bord d’un lierre. Un peu plus 4.6 La cité des cheminots de Saint- Châtel-de-Neuvre loin, une mare sous un bosquet. Des billes de Germain-des-Fossés bois sont entreposées sous un alignement de Près de l’église, un belvédère est aménagé grands arbres. Une scène de spectacle a été Saint-Germain-des-Fossés est un nœud fer- pour une vue panoramique sur le Val d’Allier construite en haut d’un champ. La vue sur le roviaire. Sa Cité des Cheminots est célèbre. du Sud de Moulins. De ce point de vue loca- val d’Allier et l’Allier qui coule en contrebas est En 1920, la cité est choisie pour accueillir le lement célèbre, on embrasse la plaine alluviale panoramique. Congrès Fédéral Socialiste de l’Allier et pré- de l’Allier et d’un regard la Réserve Naturelle La locaterie d’Embraud a été achetée et res- parer le premier Congrès National d’après- du Val d’Allier créée en 1994. (cf. Marlin C., taurée par l’association La Chavannée il y a guerre. Marx Dormoy, futur ministre du front Pernet A., Analyse et bilan de la politique des plus de vingt ans. L’habitation accueille des populaire et originaire de Montluçon, jeune sites protégés dans le département de l’Allier, expositions et des éléments d’un intérieur militant, y est présent. La cité est aujourd’hui DIREN Auvergne, décembre 2005) traditionnel paysan du 19e siècle. Des fêtes et un vestige d’une forme d’aménagement des spectacles se déroulent au cours de l’année à quartiers ouvriers et de l’urbanisme social du 4.8 Le point de vue depuis la locaterie la ferme. L’association a restauré de vieux ba- début du siècle. Une rue unique dessert l’en- d’Embraud (La chavanée), vers le teaux de l’Allier : toues et futreaux. L’une des semble des petits bâtiments de trois types : Veurdre fêtes est l’occasion de les revoir naviguer sur la onze maisons jumelées à deux niveaux, huit rivière et de se remémorer l’histoire de la ba- petits immeubles collectifs à deux et à trois On entre à la ferme d’Embraud par une barrière tellerie locale abandonnée. niveaux... La rue dessine un rectangle avant de de quatre mètres de long faite du tronc brut se reconnecter à la route principale, de telle d’un arbre. Deux masses en béton font contre- 4.9 Le point de vue sur la plaine al- manière que les espaces collectifs se retrou- poids au niveau du pivot pour la manœuvrer luviale de l’Allier depuis la forte- vent au centre de la cité. Aujourd’hui, c’est aisément. Un panneau Embraud supporté par resse de Billy une grande pelouse. Au centre, une aire de jeu deux piquets de bois indique le chemin enca- pour enfant est entourée d’une haie opaque dré de deux bouchures bien taillées. Dans un Depuis le château de Billy, le point de vue offre de conifères. Les maisons jumelles ont des jar- pré, un petit groupe de vaches étendues sous une vision de l’exploitation agro-industrielle dins potagers. Entre les immeubles, des plan- un grand chêne isolé. Le chemin mène à deux de la plaine alluviale de l’Allier : grandes mo- tations d’arbres. Sur les arrières, on trouve des corps d’une ferme réhabilitée. Près de la ferme, nocultures, gravières, cimenteries. (cf. Marlin page 10 / vals et grandes rivières de plaine / Val d’Allier 8.01

C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique sites Natura 2000. Elle a échappé à tous les 4.14 La mousse et les hêtres de des sites protégés dans le département de l’Al- systèmes de recensement des milieux et ha- la forêt domaniale des Prieurés lier, Diren Auvergne, décembre 2005) bitats naturels d’importance. Elle est passée Bagnolet entre les mailles du filet du fait de son carac- 4.10 Le point de vue depuis la tère apparemment très ordinaire. Pourtant, La forêt domaniale des Prieurés Bagnolet est terrasse de Pont-du-Château en y regardant bien, il s’y trouve rassemblés une forêt de chênes sessiles menée en futaie sur un espace réduit tous les milieux naturels régulière, qui s’apparente à la forêt de Tronçais. Le bourg de Pont-du-Château domine en fa- emblématiques de l’Allier : une zone de prairie On y trouve, disséminés, quelques vieux hêtres laise l’Allier. La vue panoramique s’étend sur sèche au sommet d’une butte, une zone de à écorce lisse sur lesquels a été découverte, il y a les développements urbains et périurbains de prairie humide, une rare tourbière de plaine... quelques années, une mousse : Dicranum viride la plaine en contrebas. (cf. Marlin C., Pernet On peut y voir dans une zone humide de tou- (Dicrane vert). Cette mousse, également pré- A., Analyse et bilan de la politique des sites radons et de sphaignes des pieds de Drosera sente dans la forêt des Colettes et dans celle des protégés dans le département de l’Allier, Diren à feuille ronde, habituellement très présente Prieurés Gros-Bois, est rare en France. Il existe Auvergne, décembre 2005) en altitude. C’est une des dernières stations de donc un enjeu à maintenir et à veiller au renou- plaine pour cette plante carnivore. La Drosera vellement d’arbres supports (hêtres anciens) 4.11 Le HLM à cigognes rotondifolia est indicatrice des zones à eau très dans le cadre de l’exploitation sylvicole. pure. Elle est protégée au niveau national. Elle (cf. Document d’objectifs Natura 2000 dispo- (Après , sur la D101 en direction est accompagnée de Potamogeton x nitens. nible sur le site internet de la DREAL Auvergne) d’Aubigny) Le Conseil Général investit dans certains Du vieux chêne isolé, relique du bocage au travaux d’aménagement et de gestion très milieu d’un grand pré, décolle une cigogne. simples. En accord avec l’agriculteur, un plate- Elle se dirige vers la ripisylve au fond du pré. lage léger a été installé sous un bosquet pour 5. CE QUI A CHANGé OU EST Dans certains des grands arbres, plusieurs nids permettre l’accès à la tourbière en traversant EN TRAIN DE CHANGER ont été construits par les cigognes à tous les un petit ruisseau. Des arbustes et arbres de la étages. L’endroit est connu des ornithologues. friche ancienne sous laquelle la tourbière se L’arrêté de biotope La cigogne regagne du terrain en France. trouve coincée doivent être retirés pour évi- Un arrêté de biotope a été signé en 2011 pour ter son assèchement à terme et sa disparition. protéger les habitats naturels sur l’espace de 4.12 L’étang recolonisé de Beaure- L’arrachage se fera à la main grâce à un chan- mobilité de l’Allier. Cette mesure importante gard près du Veudre tier de jeunes. L’entretien se fera de la manière touche non seulement la préservation des la plus écologique possible. Les bêtes pour- espèces animales et végétales, mais aussi la L’étang de Beauregard est situé au milieu de ront continuer à venir sur la zone mais sous ré- qualité des eaux potables du département (cf. prairies et de bois à côté de la rivière Allier. Il serve de quelques précautions. Enfin, les haies Grandes composantes des paysages : Évolution a été inventorié comme ZNIEFF (Zone Natu- seront restaurées en poursuivant l’idée d’un récente des rapports des hommes à la compo- relle d’Intérêt Faunistique et Floristique). Ses joyau caché au milieu d’un paysage ordinaire. sante «divagation»). milieux très diversifiés sont accueillants pour la Cistude d’Europe. La partie est de l’Allier, autour du Val d’Allier et de la Sologne Bour- bonnaise, est la seule zone auvergnate où la Cistude est présente. La tortue y est encore considérée comme rare. L’étang n’avait pas été curé durant longtemps. Une végétation l’a re- colonisé. Après avoir été vidé en 2007, il s’est enfriché.

4.13 Des prés peu ordinaires

(Au niveau d’Aubigny, au lieu-dit Le Mathé) Une propriété agricole de cinq hectares de prairies et de friches va être placée en Es- pace Naturel Sensible par le Conseil Général de l’Allier. L’endroit, en apparence, paraît très ordinaire : un grand pré bordé d’une haie et de bois en friche, traversé par une ligne élec- trique. La zone ne fait pas partie du réseau de Gravière à Saint-Germain des Fossés Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 11

Ancienne locaterie en aval du Veurdre

évolution des couleurs de la priétaires bénéficiaires au fur et à mesure de Les développements urbains des campagne l’urbanisation. Le retour financier de la collec- villes au bord de l’Allier : l’exemple Le bocage du Val d’Allier au nord de Moulins tivité était lié au rythme de l’urbanisation. Le de Pont-du-Château sous influence subit une forte pression agricole. La tendance principe était donc : Clermontoise dans la campagne du val d’Allier et dans le • d’une part de favoriser l’urbanisation en ne L’exemple de Pont-du-Château illustre l’évolu- Bourbonnais est de retourner les terres pour les faisant pas peser entièrement son coût sur tion des pratiques d’aménagement pavillon- cultiver. Cette pratique, si elle n’est pas favorable les finances des communes mais en le divi- naire des quarante dernières années. Un in- au maintien du bocage (arrachage des arbres et sant entre les nouveaux occupants ; dicateur d’évaluation du SCOT (Schéma de des haies pour pouvoir passer la moissonneuse • et d’autre part de faire en sorte que les com- Cohérence Territoriale) du Grand Clermont dans les champs de blé par exemple) introduit munes, qui font des avances financières avec consiste à mesurer le nombre d’hectares bâtis dans le bocage des variations de couleurs qu’il des perspectives de recouvrement assez ou inversement laissés en zone non construite. n’avait pas jusque là : paille jaune en été, terre lointaines, prévoient largement à l’avance, La superficie urbanisée de Pont-du-Château a nue en hiver, vert plus tendre du printemps, par planification, leur développement ur- augmenté de plus de 30% ces vingt dernières jaune des cultures de Colza. Ces variations res- bain en intégrant ces échéances. années. La population a été multipliée par semblent à celles que l’on peut vivre en plaine C’est ce processus de financement des voiries trois depuis les années 1960. C’est le dévelop- de Limagne. L’apparition de la couleur de la et de leurs équipements, issu de la loi habitat pement le plus important d’urbanisation en terre aux labours en automne donne une toute et urbanisme du 2 juillet 2003, qui a accom- Auvergne. Celui de la commune de Cournon, autre vision de la couleur verte du bocage. pagné l’urbanisation en périphérie des villes à moins de dix kilomètres, avait été précurseur et des bourgs, comme sur la zone des coteaux dans les années 1960/1970. Le développement PVR (Participation pour Voiries et thermophiles au nord-est de Vichy (cf. Grandes se fait en zones d’habitat individuel et zones Réseaux) composantes du paysage : L’exemple des but- d’activité et impacte fortement l’espace agri- La Participation pour Voiries et Réseaux, dite tons thermophiles confrontés à l’urbanisation cole. La vue que l’on a depuis l’arrêt de gare de PVR, était pour une commune un mode de près de Vichy). Elle a été abrogée par une loi du Pont-du-Château permet de constater le front financement des infrastructures nécessaires à 29 décembre 2010 avec effet au er1 janvier 2015. de l’habitat individuel sur le territoire agricole. l’implantation de nouvelles constructions. Le Un seul champ au bord d’un grand giratoire principe était simple : une délibération mu- Anecdote du maïs transformé en sépare aujourd’hui l’extension de l’urbanisa- nicipale «annonçait» qu’une participation matériau de construction tion entre Pont-du-Château et Lempdes. Deux pourrait être demandée pour financer les Les castors sont de retour. Sur le Redon, af- zones d’activité font la jonction entre les deux équipements publics permettant l’urbanisa- fluent de l’Allier, les castors construisent des villes. (cf. ensemble 6.01 - Grande Limagne et tion du terrain. La collectivité équipait ensuite barrages avec le maïs qu’ils trouvent dans les plaine des Varennes) les terrains et était remboursée par les pro- champs adjacents.