Chrétiens Au Proche-Orient
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Archives de sciences sociales des religions 171 | 2015 Chrétiens au Proche-Orient Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/assr/27005 DOI : 10.4000/assr.27005 ISSN : 1777-5825 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2015 ISBN : 9-782713224706 ISSN : 0335-5985 Référence électronique Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015, « Chrétiens au Proche-Orient » [En ligne], mis en ligne le 01 septembre 2017, consulté le 29 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/ assr/27005 ; DOI : https://doi.org/10.4000/assr.27005 Ce document a été généré automatiquement le 29 septembre 2020. © Archives de sciences sociales des religions 1 Les « chrétiens d’Orient » sont aujourd’hui au premier plan, dramatique, de l’actualité internationale. Leur histoire donne aussi lieu, depuis quelques années, à des recherches nouvelles, attentives à l’inscription de ces « communautés chrétiennes » dans leurs contextes. La sortie de l’ère postcoloniale et les crises des États-nations au Proche- Orient ont conféré une légitimité inédite à une approche des sociétés sous l’angle de leurs minorités, partant d’une nouvelle compréhension des notions de « frontières », confessionnelles ou ethniques, et des interactions entre « majorité » et « minorités ». Les contributions du présent dossier portent sur l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et la Turquie. Ces études envisagent les chrétiens non pas comme des minoritaires victimes des aléas politiques, mais comme des acteurs participant à la vie politique, intellectuelle et culturelle de leurs sociétés. Elles éclairent les fonctionnements internes des communautés chrétiennes et de leurs institutions qui, loin de s’être fossilisées dans des traditions immuables, aménagent constamment leur rapport à l’histoire et aux langues constitutives de leur identité. Ces processus profitent d’un dynamisme spi- rituel marqué, suivant les lieux et les milieux sociaux, par des influences occidentales et une individualisation du croire. Ils font également apparaître le rôle des diasporas dans les recompositions du fait chrétien au Proche-Orient. Hormis ce dossier, on lira également deux contributions sur une période jusqu’ici mal connue en France de l’œuvre de Martin Heidegger, celle de ses recherches pour une « phénoménologie de la vie religieuse », dans lesquelles s’enracine, pour une part profonde, la conception heideggérienne de l’« historialité ». Deux études complètent cette livraison : l’une sur l’économie monastique dans l’Égypte chrétienne de la fin de l’Antiquité et l’autre sur l’Ahmadiyya, ou Ahmadisme, mouvement musulman prophétique né au Penjab à l’époque coloniale, dont sont approchés ici les prolongements contemporains en France. Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015 2 SOMMAIRE Chrétiens au Proche-Orient Chrétiens au Proche-Orient Les nouvelles conditions d’une présence Bernard Heyberger et Aurélien Girard Christian Churches and Arab Christians in the Hashemite Kingdom of Jordan Citizenship, Ecclesiastical Identity and Roles in the Jordanian Political Field Paolo Maggiolini The Syriacs of Turkey A Religious Community on the Path of Recognition Su Erol Des serviteurs de Dieu et du pouvoir laïque Le clergé paroissial dans la communauté grecque orthodoxe d’Istanbul au tournant du XXe siècle Méropi Anastassiadou Youssef Karam, Charles Malik, Youakim Moubarac Une élite arabe chrétienne, trois vocations (années 1930 – années 1970) Dominique Avon Les associations chrétiennes de Damas et leurs rapports variables au religieux (2000-2010) Laura Ruiz de Elvira De l’art poétique pour politique Le rituel funéraire des chrétiens du sud de la Syrie Anna Poujeau Abūnā Sam‘ān un prêtre bâtisseur en Égypte Gaétan du Roy Musiques et charismes chez les chrétiens en Égypte au début du XXIe siècle L’exemple catholique Séverine Gabry-Thienpont Heidegger 1920-1927 Présentation Pierre Antoine Fabre La Phénoménologie de la vie religieuse du jeune Heidegger : une mise en perspective Claudia Serban Le sens méthodologique de la lecture de saint Paul dans l’Introduction à la phénoménologie de la religion de Heidegger Laurent Villevieille Correspondance Heidegger – Bultmann Claudia Serban et Laurent Villevieille Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015 3 Varia L’Ahmadiyya en France Une minorité musulmane en quête de reconnaissance Romain Sèze Familles du « monde », familles monastiques Une économie du capital dans l’Égypte chrétienne (Ve-VIIe siècles) Maria Chiara Giorda Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015 4 Chrétiens au Proche-Orient Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015 5 Chrétiens au Proche-Orient Les nouvelles conditions d’une présence Bernard Heyberger et Aurélien Girard Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// 1 journals.openedition.org/assr/27009 2 Comme cela a déjà été souligné, aujourd’hui se multiplient les travaux consacrés aux minorités chrétiennes du Proche-Orient, un dynamisme qui contraste fortement avec ce que l’on pouvait observer il y a une vingtaine d’années (B. Heyberger, 2010b ; F. McCallum, 2010a ; P. Rowe, 2010 ; N. Van Doorn-Harder, 20101 ; L. Robson, 2011). Sur l’histoire longue2 comme sur l’analyse des situations actuelles, la recherche récente a contribué à désenclaver l’étude de ces communautés trop souvent isolées du contexte proche-oriental. Cet intérêt pour le sujet est partagé par des universitaires venant d’horizons disciplinaires variés, comme en témoigne ce numéro des Archives, qui vient apporter sa contribution à ce renouveau, avec une série d’articles, la plupart dus à des jeunes chercheurs3. 3 Cette montée en puissance de la recherche académique sur les chrétiens orientaux s’accompagne d’un retour en scène dans les médias et dans le débat politique sur la question des minorités, et spécifiquement des minorités chrétiennes, depuis l’intervention américaine en Irak en 2003 et ses conséquences désastreuses, puis plus récemment, les exactions des milices djihadistes en Irak, en Syrie et en Libye, prenant spécialement des chrétiens pour cible. Discours et publications recourent à une rhétorique alarmiste, que les faits (hélas !) justifient généralement, et adoptent un point de vue dans lequel les chrétiens sont traités essentiellement et presque exclusivement en victimes4. 4 Auparavant, jusqu’à la dernière décennie du XXe siècle, la présence des chrétiens au Proche-Orient était un impensé de la recherche universitaire. Les travaux d’ethnologie et d’histoire concernant les chrétiens étaient produits presque exclusivement par des ecclésiastiques5. Ils pouvaient être précieux pour les informations qu’ils apportaient, mais ils adoptaient souvent un point de vue confessionnaliste, « une ecclésiologie fragmentée » (P. Maggiolini), insistant sur les particularités de chaque groupe Archives de sciences sociales des religions, 171 | 2015 6 confessionnel étudié de façon isolée. Ils entraient peu en dialogue avec ceux des historiens, anthropologues et politologues spécialisés dans l’étude de la région. De plus, une spécificité française consistait dans le fait que les « chrétiens d’Orient » apparaissaient comme un sujet de prédilection des diplomates (R. Ristelhueber, 1918 ; F. Charles-Roux, 1939 ; J.-P. Valognes, 1994) et des agents de renseignement (P. Rondot, 1955), dont plusieurs ont écrit des ouvrages de référence sur le thème. Pluralisme, interaction et mobilité 5 La difficulté des sciences sociales à prendre en compte le pluralisme des sociétés du Proche-Orient s’explique d’abord par la nécessité de rompre avec les taxinomies de l’époque coloniale, qui avaient insisté sur les différences d’ordre biologique ou confessionnel, et qui ont été accusées par la suite d’avoir réifié ces différences. L’explication culturaliste des conflits contemporains, qui postule les différences ethnoconfessionnelles comme un trait primordial des sociétés proche-orientales, remontant aux origines des religions en présence et provoquant des conflits ataviques entre celles-ci, a connu un regain de faveur depuis 2003, et a donné lieu à d’âpres critiques6. 6 L’anthropologie a peiné à fournir un modèle pour penser le pluralisme dans sa complexité (L. Valensi, 1986, 818-819). C’est véritablement Fredrik Barth, en concevant les groupes dans leur interaction, qui a permis d’aborder la question du pluralisme sur de nouvelles bases. Les frontières confessionnelles ou autres n’étaient plus considérées comme des limites stables et infranchissables, mais comme des lieux où se jouent la compétition, l’émulation, et le mimétisme pour produire et négocier l’identité de chaque groupe par rapport aux autres (F. Barth, 1969 et 2005). En même temps, les historiens et les anthropologues ont appris à travailler à des échelles variées, de l’individu à la ville ou au pays, du local au global (J. Revel, 1996). Dans ces nouvelles perspectives, qui insistent davantage sur les processus de transformation que sur les structures essentielles, et qui sont attentives à la diversité, l’appartenance confessionnelle, par laquelle les chrétiens du Proche-Orient se distinguent principalement de leur entourage, peut apparaître comme une ressource mobilisable dans un certain contexte, mais au milieu d’un jeu complexe et dynamique d’interrelations. Dès 1978, Suad Joseph, réfléchissant dans le cadre de la guerre civile libanaise, affirmait que le confessionnalisme concernait la manière dont les « différences étaient construites », et « que la tâche du chercheur était de décrire quelles