Medina of Tunis, Ambivalence in Its Conservation Imen BEN SAID Received: 6 March 2017 • Revised: 15 May2017 • Accepted: 31 May 2017
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Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 1. Nr. 1 . 2017 Medina of Tunis, ambivalence in its conservation Imen BEN SAID Received: 6 March 2017 • Revised: 15 May2017 • Accepted: 31 May 2017 MEDINA OF TUNIS , AMBIVALENCE IN ITS CONSERVATION Imen BEN SAID Lecturer, researcher, Dr, Arch, Institute of Arts and Crafts of Gafsa, National School of Architecture and Urbanism of Tunis, e-mail: [email protected] Abstract: The Medina of Tunis is specific by the harmony of its urbanism with traditions, cultures, beliefs and practices. Its conservation has gone through different stages from the colonial period to the present day. This conservation is characterized by ambivalence. We propose to demonstrate this ambivalence by using the historical method based on the literature on the subject to identify the preservation attitude. First, in the colonial period, there was more interest in the antiquities that preceded the Arab conquest. Then, we explore the attitude after independence characterized by political and social disinterest. Then, in the 60s to 80s, we study the expansion of restorations in the Medina and its inscription on the World Heritage List. Then, in the 90s and 2000s, we focus on the limits of the heritage code and the beginning of private sector interest in the Medina. Finally, after the revolution, we present the project of inventory of the built heritage of the Medina and the urban rehabilitations that are not always well integrated by the local population. We are interested to the legislative texts relating to the protection of the Medina, the actors on heritage and the new conservation measures. Key words: Medina of Tunis, conservation, ambivalence, restauration. Introduction La Médina de Tunis située au nord-est de la Tunisie à proximité de la mer dans une plaine fertile, est considérée parmi les premières villes arabo-islamiques du Maghreb (698 ap J.C) et les mieux conservées jusqu’à nos jours. Elle était la capitale de plusieurs dynasties qui ont marqué leurs traces à travers son architecture. Elle s’étale sur 280 ha et intègre environ sept cent monuments qui l’ont enrichie pendant douze siècles d’histoire, composés de mosquées, zaouias, médersas, demeures… Par ses souks, son tissu urbain, ses quartiers résidentiels, ses monuments et ses portes, elle constitue un prototype parmi les mieux préservés du monde islamique. En effet, « La Médina est non seulement un témoignage du passé, mais aussi un immense quartier en évolution dont l’avenir est indissociable de celui de la capitale». (AkroutYaïche, 2002). Cet avenir est assuré à travers la conservation des différents monuments et des parcours de la Médina, de leur entretien, de leur restauration et mise en valeur. Cette préservation est caractérisée par une ambivalence depuis la période coloniale jusqu’à nos jours. Nous allons montrer dans cet article cette ambivalence en présentant un aperçu historique sur les outils de conservation de la Médina de Tunis du XIXème siècle jusqu’au XXIème siècle. Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND) 3 Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 1. Nr. 1 . 2017 Medina of Tunis, ambivalence in its conservation Imen BEN SAID Received: 6 March 2017 • Revised: 15 May2017 • Accepted: 31 May 2017 Période coloniale : intérêt aux antiquités antérieures a la conquête arabe quelques monuments de la Médina En 1886, le service des antiquités a été créé et un texte général sur les antiquités antérieures à la conquête arabe a été préparé et publié en 1920. Dans la période entre 1886 et 1920, même si le texte ne concerne que les monuments construits avant la conquête arabe, certaines mosquées dans la Médina de Tunis, vu leur importance architecturale et artistique, comme la Mosquée Zitouna, ont été classés comme monuments historiques. Le souci d’une éventuelle organisation et protection de la Médina a commencé avant la publication de ce texte, avec la publication du décret du 30 Août 1858 où « la municipalité a été créée avec un conseil municipal de douze membres choisis par les notables » (Sebag, 1998). Certains monuments dans la Médina de Tunis ont été classés comme monuments historiques en 1922 et 1928. En 1929, un décret qui interdit toute publicité sur les immeubles classés et des zones protégés a été publié. Durant cette période, les demeures étaient entretenues par leurs habitants et les édifices publics sont pris en charge par les fondations « habous » qui représentent l’immobilisation de fonds au profit d’une fondation religieuse, mosquée, médersa, zaouia, de sorte qu’elles ne peuvent être ni vendues ni données pour assurer l’entretien et la prise en charge de ces monuments religieux. Cet équilibre a été rompu après l’indépendance avec l’abolition des « habous » et le départ des habitants qui entretenaient régulièrement leurs biens. Médina après l’indépendance : désintérêt politique et social Mutations législatives et socio-économiques Après l’indépendance en 1956, des mutations législatives et socio-économiques ont affectées la Médina de Tunis. En 1957, le décret portant sur l’abolition du régime des « habous » a été promulgué, ce qui a brutalement coupé les moyens d’existence à de nombreux bâtiments publics et privés. De multiples zaouias et medersas se sont retrouvés occupées par des services ou des habitants de faible revenu non concernés par l’entretien. Parmi les mutations socio-économiques et sociales, on trouve le départ de nombreuses familles tunisoises de leurs grandes demeures ancestrales de la Médina pour s’installer dans les cités jardins ou la ville européenne tout en laissant derrière eux s’installer des migrants, souvent pauvres, à la recherche d’un refuge. « La conséquence de cette transformation sociale dont il faut souligner la rapidité a été une violente dégradation de l’espace historique. Les maisons abandonnées, mais louées à la pièce, sont dépouillées de leur parure architecturale : zliss, marbres, pierres de taille, colonnes et chapiteaux, fers forgés et bois sculptés, arrachés et vendus, deviennent des éléments de décor dans les villas de haut standing des banlieues résidentielles ». (Abdelkafi, 1989). Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND) 4 Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 1. Nr. 1 . 2017 Medina of Tunis, ambivalence in its conservation Imen BEN SAID Received: 6 March 2017 • Revised: 15 May2017 • Accepted: 31 May 2017 Désintérêt politique Le désintérêt social était accompagné par un désintérêt politique qui se manifestait dans le lancement d’un concours international portant sur l’étude d’aménagement dans la ville de Tunis en Novembre 1959 avec l’idée de percer la Médina et de prolonger l’avenue Habib Bourguiba jusqu’à la Kasba (Fig.1). Cinquante-quatre architectes ont répondu à ce concours en proposant une percée qui coupe la Médina en deux et l’a fait perdre son homogénéité. Nous présentons ci-dessous une des propositions présentées. Heureusement que le jury s’est rendu compte du danger de ce concours et explique dans son rapport publié en Janvier 1961 que « le but proposé ne semblait pas pouvoir être atteint par une percée plus ou moins brutale à travers la Médina, qui aurait pour effet de la couper en deux sans apporter une solution à l’objet final et au problème essentiel, qui est de créer la symbiose entre l’ancienne ville indigène et la ville européenne, et qui n’aboutirait ni à décongestionner un quartier qui souffre d’un excès de densité, ni même à résoudre les problèmes d’hygiène et de circulation de ce quartier ». (Abdelkafi, 1989). Fig1. Proposition de la percée de la Médina de Tunis Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND) 5 Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 1. Nr. 1 . 2017 Medina of Tunis, ambivalence in its conservation Imen BEN SAID Received: 6 March 2017 • Revised: 15 May2017 • Accepted: 31 May 2017 Ce résultat de concours déclaré forfait a déclenché une prise de conscience pour protéger la Médina et trouver des solutions contre sa dégradation accélérée en promulguant le décret d’organisation de l'Institut National d'Archéologie et d'Art «INAA» et en mettant en place une commission municipale à Tunis en 1967 qui a fondé l’association de Sauvegarde de la Médina (ASM). Années 60-80: élargissement de la restauration et inscription sur la liste du patrimoine mondial Restaurations de l’INAA (INP) et de l’ASM En 1957, le service des antiquités a été remplacé par l'Institut National d'Archéologie et d'Art «INAA», qui n’a commencé ses missions qu’en 1966 après la promulgation du décret d’organisation de l’INAA, rattaché au ministère des affaires culturelles, qui devient la seule institution chargée de toutes les questions relatives à la protection du patrimoine, de préserver, sauvegarder et restaurer les sites archéologiques, les monuments historiques et les tissus urbains traditionnels. En 1967, suite au concours de réaménagement de la ville de Tunis lancé en 1959 et déclaré forfait en 1961, la mise en place d’une commission municipale à Tunis a permis la fondation de l’Association de sauvegarde de la médina de Tunis, l’ASM, qui avait pour mission de se préoccuper de la restructuration des zones dégradées, de la réhabilitation des logements sociaux et de la restauration de demeures d’intérêt historique et architectural. Ces institutions créées ont commencé à penser de manière adéquate à traiter les problèmes de taudification et d’oukalisation dans la Médina de Tunis en restaurant les monuments publics comme les mosquées, les mausolées, les médersas ou des monuments privés comme des grandes demeures, qui étaient en général rachetées par l’état puis classées et restaurées. L’INAA s’est concentré sur la restauration des monuments publics et à la réhabilitation urbaine (les souks), durant les années 60 et 70.