Le fruit de la vente de cet ouvrage sera remis Louis Dionne à la Fondation Maison Michel Sarrazin, Fonds Claudette et Louis Dionne dédié à la formation des In!rmières auxiliaires en soins palliatifs de !n de vie. Extrait de la publication brochure.couv.indd 1 Michel Sarrazin18/08/08 16:56:12 Crédits L’édition de cet opuscule a été gracieusement réalisée par les éditions du Septentrion tandis que l’impression a été généreusement fournie par Lithochic.

Le fruit de la vente de cet ouvrage sera remis à la Fondation Maison Michel Sarrazin, Fonds Claudette et Louis Dionne dédié à la formation des In!rmières auxiliaires en soins palliatifs de !n de vie.

Préparation : Carole Corno Mise en pages : Gilles Herman Correction d’épreuves : Chloé Deschamps

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brochure.indd 2 20/08/08 11:43:43 Nominations et titres de Michel Sarrazin Chirurgien de la marine du Roi, 1680 Chirurgien-major des troupes en Nouvelle-, 1686 Doctorat en Médecine de l’Université de , 1697 Médecin du Roi en , 1699 Membre correspondant de l’Académie royale des Sciences de , 1699 Médecin des hôpitaux de Nouvelle-France, 1700 Membre du Conseil supérieur de la Nouvelle-France, 1707 Garde des Sceaux du conseil supérieur, 1733

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de l ’étang

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brochure.indd 4 20/08/08 11:43:44 Monsieur Michel Sarrazin, médecin du Roy natif de «nuit en Bourgogne, est entré en cet Hôtel-Dieu le 6 sep- tembre 1734 et il y est décédé le 8e idem, fête de la Nativité de la Ste Vierge à laquelle il était extrêmement dévot, il avait exerçé son art en ce pais plus de 45 ans, avec une rare charité, un parfait désintéressement, un succès extraordi- naire, une adresse surprenante, une application sans égale pour toutes sortes de personnes, qui luy faisoit faire avec joye et avec grâce, tout ce qui dépendoit de ses soins pour le soulagement des malades qu’il traitoit ; il était aussy habile chirurgien que sçavant médecin, comme les belles cures qu’il a faites en sont les preuves. Il faisoit part à M. de l’académie des sçiences des connoissances qu’il acque- roit en ce pais et ses dissertations étoient estimées de tous, il étoit agé de 74 ans, il fut inhumé le lendemain de son décès dans le Cimetière des pauvres qu’il avoit aimé et servi toute sa vie, il avoit reçu les sacrements. »

Michel Sarrazin fut le seul médecin diplomé en Nouvelle-France à son époque, tous les autres praticiens étaient des chirurgiens- barbiers. Il n’y avait pas d’école de médecine ; le première a été fondée en 1847 à Québec. L’absence de collègues médecins lui donnait une autorité certaine et reconnue mais Sarrazin n’avait pas d’autres ressources que la sienne et celle qu’il trouvait dans la lecture de traités et livres qu’il faisait venir de France.

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Voilà l’extrait, concernant Michel Sarrazin, du Regis- tre mortuaire que les Religieuses complétaient assidûment et dans lequel se retrouve le nom de toutes les personnes décédées à l’Hôtel-Dieu de Québec. À remarquer que ce soir, 8 septembre 2008, nous célébrons le 274e anniversaire de sa mort. C’est un très grand honneur de pouvoir, dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, vous entretenir de ce GRAND de notre histoire. Sachez que je me sens bien petit devant une telle responsabilité et un si remarquable personnage. Heureusement je ne serai pas seul comme vous pourrez le constater, puisque ma présentation sera complétée par des personnes expé- rimentées du monde de la scène. Par ailleurs vous devez comprendre que je ne suis pas un historien mais un amant de l’histoire et tout particulièrement de celle de Michel Sarrazin. Les connaissances que je veux vous partager ne sont que livresques et le résultat de ce que j’ai retenu de mes lectures. Je n’ai jamais rencontré Michel Sarrazin, évi- demment, mais sachez qu’il m’est arrivé de recevoir des lettres adressées au Docteur Michel Sarrazin ou de me faire demander si j’étais lui. Ce soir nous allons faire sa connaissance. C’est également un privilège pour moi, de vous parler de l’histoire de ce « simple chirurgien de navire », d’origine française, venu au Québec en 1685 et qui décida d’y faire sa vie. Sa présence comme Médecin du Roi et Correspondant de l’Académie des sciences de Paris a marqué les débuts de la médecine en Nouvelle-France. Un personnage fort apprécié et célèbre dans son temps mais qui est resté dans l’ombre de l’histoire pendant près de deux siècles, sauf chez les botanistes qui connaissent la plante qui porte son nom, la Sarracénie pourpre. Il a fallu attendre les notes des Docteurs Ahern publiées en 1923, la biographie du Professeur Arthur Vallée en 1927 et l’ouverture de la

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Maison Michel Sarrazin en 1985, pour que son nom soit remis à l’agenda de l’histoire. À cet égard, il faut mentionner que deux sociétés savan- tes (Le Club de recherche clinique du Québec et L’Associa- tion canadienne de physiologie) ont créé un prix Michel Sarrazin remis annuellement à des chercheurs recon- nus ; qu’il existe deux bâtiments l’un à Valcartier, l’autre à l’Université de Trois-Rivières qui porte son nom ; que l’on trouve son portrait sur une murale peinte sur le mur extérieur du Pavillon de l’enseignement de l’Hôtel-Dieu de Québec (rue Charlevoix) et que tous ceux qui visitaient l’Hôtel-Dieu pouvaient voir, accroché dans le hall d’en- trée, le tableau Michel Sarrazin de Pierre Mignard, l’un des peintres du roi Louis XIV et dont l’original se trouve au Musée Stewart de l’Île Sainte-Hélène.

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Naissance et famille

de Michel Sarrazin Sarrazin est né le 5 septembre 1659 à Gilly-les-Cîteaux, près de Nuits-sous-Beaune en Bourgogne. Ses parents Magdelaine de Bonnefoy et Claude Sarrazin eurent 7 enfants dont l’aîné est devenu prêtre et chanoine à Beaune. Son père Claude était régisseur du Clos Vougeot, appartenant aux Moines et lieutenant de justice à l’Abbaye des Cisterciens où Michel Sarrazin fut baptisé. Je suis allé à Gilly-les-Citeaux mais je ne vis que l’église puisque, en lieu et place de l’Abbaye on trouve un hôtel de luxe Relais- Château. J’ai cependant la copie du baptistère de Michel Sarrazin datée du 5 septembre 1659, dont voici une interprétation partielle de l’original di!cile à déchi"rer :

Le 5 jour du mois de septembre (1659) a esté baptisé Michel Sarrazin, #ls de Messire Claude Sarrazin, lieutenant aux Terres de L’Abbaye de Cistaux et de Magdelaine Bonnefoy… Chantre et Chancine en l’église collégiale de St-Pierre du Tonnerre…

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Arrivée à Québec Michel Sarrazin arrive à Québec à l’âge de 26 ans, le 3 sep- tembre 1685, comme chirurgien de navire sur le voilier La Diligente qui aurait quitté le port de Bordeaux. « Jeune homme de taille moyenne, les cheveux tirant vers le brun et courts, les yeux bleus et le sourcil blond ». On trouve cette même description physique du Sieur Sarrazin dans le rolle de l’équipage du navire Saint-François Xavier « qui aurait quitté La Rochelle pour faire le voyage vers Bordeaux, revenir vers cette ville puis vers la Nouvelle- France » en 1687. S’agit-il du même personnage ? Michel

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Sarrazin aurait-il fait plusieurs voyages aller-retour ? On ne le sait. Tous les navires qui partaient sur les mers devaient avoir à bord un chirurgien-barbier qu’on appelait « chirur- gien naviguant », suite à une ordonnance, en 1681, de Colbert, secrétaire d’état à la Marine, stipulant que « tout navire long-courrier, de 36 hommes, devait embarquer à son bord, un chirurgien, deux si plus de 50 hommes, dont les capacités seraient contrôlées avant le départ ». Avant de suivre le parcours de la vie de Michel Sarrazin essayons de cerner le contexte physique et social de la Nouvelle-France où il débarquait en 1685, 77 ans après Champlain, et son évolution jusqu’à son décès en 1734.

Québec en 1688 Après la fondation de Québec par Champlain en 1608, les nouveaux arrivants développent progressivement la petite colonie, ses alentours et la vallée du Saint-Laurent. En 1627, il n’y a que 72 personnes à Québec et que quatre familles, celles de Louis Hébert, de Guillaume Couillard, de Pierre Desportes et d’Abraham Martin. Sous l’impulsion de la Compagnie des Cent-Associés la population atteint le chi"re de 400 personnes en 1640. À l’arrivée de Michel Sarrazin, en 1685, on compte quelques 176 maisons dans la petite ville de Québec et une population d’environ 1400 habitants dont la moyenne d’âge est de 22 ou 23 ans. Elle sera évaluée à 2 233 en 1716 et à la #n du régime français, elle atteindra les 8 000 personnes. La société s’est organisée selon le modèle de la France, en seigneuries, paroisses et institutions comme l’Hôtel- Dieu des sœurs Augustines et l’Hôpital général fondé en 1692, le Couvent des sœurs Ursulines, le Collège des Jésui- tes et le Séminaire de Québec et des écoles primaires. Il y a aussi un système administratif avec un Conseil souverain,

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dirigé par le Gouverneur et composé de l’Intendant et de membres de l’élite du pays. En 1665, l’arrivée du régiment de Carignan-Salières, ajoutera son lot de militaires dans la colonie. Se constitue également autour du Gouverneur Général, une certaine aristocratie formée de bourgeois, de riches marchants et de membres du clergé. Michel Sarrazin en fera partie comme médecin du roi et comme membre du Conseil supérieur où il sera élu en 1707. En 1700, la population de la colonie composée de jeu- nes paysans, artisans, coureurs des bois, ouvriers, maçons, forgerons, missionnaires etc., se chi"rait à environ 15 000 habitants avec un nombre important de militaires. Il y avait déjà trois villes principales : Québec, avec sa ville haute moins peuplé mais où se trouvent les communautés religieuses, l’Hôtel-Dieu et les bâtiments administratifs et sa ville basse où se retrouvent principalement les commer- çants et les artisans. Sur la Côte de la montagne, qui relie la ville basse, logent les boutiques de chirurgien-barbier dont celle de Michel Sarrazin tout en haut, là où se trouve l’en- trée de l’Archevêché actuel. Trois-Rivières fondée en 1634 et Ville-Marie en 1642 ainsi qu’une douzaine de paroisses

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autour de Québec dont Château-Richer, Saint-Joseph de la pointe de Lévy, Cap-Tourmente, Île d’Orléans, Saint- Augustin, Sainte-Foy et Lorette où s’installent les Hurons. Rapidement, Québec devient un port de mer important que visitent de nombreux navires marchands de France qui apportent des provisions alimentaires et rapportent en France des fourrures. Michel Sarrazin ira dans chaque ville soigner des malades et accompagnera les expéditions militaires, ayant été nommé chirurgien-major des troupes dès 1686. Sa résidence permanente sera à Québec. (Côte de la Montagne, rue Saint-Louis, rue du Parloir ?)

L’Hôtel-Dieu de Québec Au temps de Sarrazin, le développement de l’Hôtel-Dieu de Québec et du monastère des Augustines est impres- sionnant. Les religieuses Augustines vont construire, d’an- née en année, un ensemble de plusieurs bâtiments, de sorte qu’à la #n de la période Sarrazin (1739), il y aura autour de l’hôpital, le monastère, l’église, le chœur des reli- gieuses et la sacristie, la maison des prêtres et celle des domestiques, des dépendances, une morgue, une boulan- gerie, une boucherie, une buanderie, un poulailler, une porcherie, un hangar et une grange. Tout près se trouvait un grand jardin dont une partie, soit le Carré de l’apo- thicaire, qui était réservée pour la culture des plantes

Selon Rousseau l’Hôtel-Dieu a accueilli 600 malades en moyenne par année de 1689 à 1759. Ces malades sont majoritairement des hommes (2 femmes pour 10 hommes) ; les trois quarts ont moins de 38 ans ; il n’y a pas de femmes en couche, les religieuses n’ayant pas le droit de s’en occuper selon leur règlement ; les enfants ne sont pas admis mais traités à domicile. Les soins sont gratuits pour les pauvres. À gauche : L’Hôtel-Dieu, 1699. Pages suivantes : l’Hôtel-Dieu, 1741 (lettre G).

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médicinales, importées de France ou cueillies par Michel Sarrazin. En#n, il y avait le cimetière dit « Cimetière des pauvres » où étaient enterrées toutes les personnes décé- dées à l’hôpital. Entre le jardin et le cimetière se trouvait l’allée de l’hôpital qu’on appelait également l’ « Allée des morts ». Les bâtiments étaient chau"és au bois et Rousseau mentionne que les sœurs Augustines achetaient, chaque année, de 300 à 500 cordes de bois. En 1670, l’Intendant Jean Talon avait fait construire un aqueduc pour desservir l’hôpital à la demande des religieuses qui devaient aller recueillir l’eau potable à la rivière Saint-Charles. En 1690, l’hôpital comptait tout au plus cinquante lits répartis dans deux salles de malades, celle des fem- mes et celle des hommes et une chambre réservée pour les o!ciers malades. La salle des femmes s’ouvre sur la cha- pelle tandis que, dans celle des hommes, il y a un autel pour la célébration quotidienne de la messe. Les lits de bois étaient disposés en rangée de chaque côté de la salle. Au centre, se trouvaient des tables sur lesquelles était dis- posé un ensemble d’objets hétéroclites, des draps, les pots et jarres en faïence contenant des herbages ou extraits de plantes médicinales, des gamelles en étain ou en bois, des pansements, bandages, des attelles et des plumasseaux et autres accessoires dont quelques instruments de chirurgie comme des scalpels, des lancettes, des ciseaux et des pin- ces. Il n’y avait pas de salle réservée pour la chirurgie, les malades étant opérés soit dans leur lit, soit sur l’une des tables. À l’une des extrémités de la salle se trouvait l’apoti- cairie ou la pharmacie.

Les religieuses Augustines Les Religieuses Augustines « Les Chanoinesses Hospitaliè- res de la Miséricorde de Jésus de l’Ordre de St-Augustin », étaient constamment présentes auprès des malades

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qu’elles soignaient avec beaucoup de dévouement et de compassion pour le corps comme pour l’âme. Elles agis- saient également comme apothicaires en préparant les remèdes avec les plantes, comme responsables du médicinales, parfois même comme chirur- giens-barbiers en pratiquant elles-mêmes des saignées. En 1700, on comptait une quarantaine de religieu- ses, dont 26 choristes et 14 converses ayant une moyenne

Les Augustines de la Miséricorde de Jésus étaient originaires de Dieppe de la Seine-Maritime. La première religieuse de naissance québécoise fut la !lle du seigneur et chirurgien- barbier Robert Gi"ard. Elles étaient des missionnaires et hospitalières ; elles traitaient le corps et l’âme (Guérir le corps et sauver l’âme). Elles ouvrirent un petit hôpital à Québec en 1639, puis à Sillery pour revenir à Québec et s’installer dé!nitivement sur l’emplacement actuel de l’Hôtel- Extrait de la publication Dieu.

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d’âge de 19 et 20 ans respectivement. Seules les sœurs de chœur pouvaient soigner les malades. Elles avaient l’habi- tude de laver les pieds des malades dès l’entrée à l’hôpital. Les sœurs converses s’occupaient des tâches ménagères et celles de la cuisine. Les événements quotidiens de la vie des religieuses, comme ceux de l’Hôpital, depuis 1636 jusqu’à 1716, ont été décrits dans Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec à la façon des Relations des Jésuites, sous la signature des Révérendes mères Jeanne-Françoise Juchereau de Saint- Ignace et Marie Andrée Duplessis de Sainte-Hélène.

Les malades Selon Rousseau, l’Hôtel-Dieu accueillit en 1700, plus de 500 malades (entre 1704 et 1708, il y eut 2419 admis- sions). Il faut noter que les femmes enceintes, les enfants de moins de 7 ans et les vieillards n’étaient pas admis. En période d’épidémie, comme en 1702 et 1703, les malades se présentaient à l’hôpital en si grand nombre qu’il fal- lait les héberger un peu partout, dans les locaux réservés aux religieuses, dans la chapelle, même au grenier. Lors de l’épidémie de 1640, il y eut tellement de décès que les Algonquins malades refusaient de venir à l’hôpital qu’ils surnommèrent « La Maison de mort ». Pour obvier à la situation les religieuses montèrent des tentes autour de l’hôpital pour les accueillir avec leurs familles. L’alimentation était en soi une thérapie et les malades étaient bien nourris avec un régime riche en calories, de 3 000 à 5 000 calories par jour, et comportant une bonne quantité de pain, de viande de bœuf, de veau ou de volaille et de rognons de castor, de fruits, de légumes et d’œufs. Selon Louisa Blair les rognons de castor étaient particu- lièrement indiqués pour les malades faibles et émaciés. Curieusement, la viande de castor pouvait être consom-

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mée les jours maigres parce que considérée comme un poisson par la population et le clergé. Le lait est également utilisé comme un aliment thérapeutique. Ainsi Michel Sarrazin considérant le lait d’ânesse comme essentiel, demande qu’on fasse venir des ânes de la France. Les repas étaient agrémentés d’une quantité non négligeable de vin. On rapporte que certains malades s’arrangeaient pour passer une bonne partie de l’hiver à l’hôpital parce qu’ils étaient bien nourris et bien au chaud.

La médecine On dit aujourd’hui que la médecine est une « science et un art » ; il faut savoir qu’il n’en était rien à l’époque de Sarrazin. En France comme en Nouvelle-France, la médecine était très artisanale et près des gens malades et les praticiens étaient de véritables artisans ; toutefois on verra que Michel Sarrazin contribuera, par ses recherches en botanique et en pharmacopée et comme membre de l’Académie des sciences, à la naissance de la médecine scienti#que ouvrant la voie aux autres médecins de la Nouvelle-France comme Jean-François Gaultier. On disait des médecins ayant fait des études à la Faculté, qu’ils étaient férus de théories, qu’ils péroraient en latin et qu’ils étaient « de grands bavards qui soignent les maux par des mots ». Quant aux chirurgiens-barbiers, joyeusement méprisés par les médecins qui les considéraient comme des subalternes qui ne faisaient que des travaux manuels, « un vil métier », ils étaient généralement bien appréciés de la population à qui ils rendaient de grands services. Évidemment les médecins de formation ne s’abaissaient pas à faire de la chirurgie. L’attitude de Sarrazin sera bien di"érente par le fait qu’il se préoccupait autant des personnes malades que de leur maladie et qu’il continuera de pratiquer la chirurgie

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R2388*.3, François, La Croix et le Scalpel (tome 1 : 1639- 1892) et Histoire des Augustines et de l’Hôtel-Dieu de Québec, Sillery, Septentrion, 1989. R2388*.3, Jacques, Dictionnaire biographique du Canada. Vol. 2, de 1701 à 1740, Sainte-Foy, Les Presses de l’Uni- versité Laval, 1969. S0)26*-, Gilbert, Les Princes du sang, Paris, Fayard, 1992. T.+5, Louis-Martin, Michel Sarrazin, le premier scienti!- que du Canada, Montréal, XYZ Éditeur, 1996. V.--9*, Dr Arthur, Michel Sarrazin, sa vie, ses travaux et son temps, Québec, Imprimeur du roi, 1927.

Sources des illustrations p. 4 et p. 7, Michel Sarrazin, Huile sur toile de Pierre Mignard, Musée de l’Île Sainte-Hélène (Mathieu, 1993) ; p. 8, Église de Gilly-les-Citaux (Tard, 1996 : 11) ; p. 9, Certi#cat de baptême, document reçu du professeur Ferdinand Cabanne ; p. 11, Car- ton de la ville de Québec tiré de la Carte d’Amérique du Nord de Jean-Baptiste Franquelin, Québec, 1688 ; p. 12, Hôtel-Dieu de Québec, 1699 (Tard, 1996 : 149) ; p. 14-15, Hôtel-Dieu 1741, Gravure de J. Covens et C. Mortier (Cap-Aux-Diamants, HS 1989 : 15) ; p. 17, Religieuses en prière dans la chapelle, Ville de Québec (Cap-Aux-Diamants, HS 1989 : 7) ; p. 23, Costume de chirurgien français au XVIIe siècle, Bibliothèque Estampes Paris (Cap-Aux-Diamants, HS 1989 : 44) ; p. 24, Les lancettes (Lyons, 1996) ; p. 25, La saignée au bras, Cintio D’Amato Naples, 1671 (Gauthier, 2007 : 30) ; p. 36, Sœur Marie Barbier de l’Assomp- tion, Archives Congrégation de Notre-Dame ; p. 37, Joseph Pit- ton de Tournefort (Tard, 1996 : 99) ; p. 38-39, Jardin des Plantes, Gravure par Jean-Baptiste Hilaire (Lyons, 1996 : 469) ; p. 42, Sarrazin reçoit une plante d’un Amérindien, Dessin de C.W. Jef- ferys (Tard, 1996 : 213) ; p. 45, Sarracénie pourpre (Lamoureux, 1987 : 185).

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brochure.indd 54 20/08/08 11:43:59 Septentrion. Éditer avec le plus grand soin. www.septentrion.qc.ca

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