Le Tour De JULES VERNE En 80 Livres OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
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Le tour de JULES VERNE en 80 livres OUVRAGES DU MÊME AUTEUR EPHIGÉNIE EN THURINGE, nouvelles (Julliard, 1960) UN JOLI TRAIN DE VIE (Julliard, 1962) Prix Cazes LES SECRETS DU GOTHA (Julliard, 1964) SERVICE DE FRANCE (Emile-Paul, 1972) HISTOIRE DE L'ÉMIGRATION (Grasset, 1975, réédité Perrin 1984) NECKER OU LA FAILLITE DE LA VERTU (Perrin, 1978) ÉCHEC À BONAPARTE (en collaboration avec Robert Grouvel Perrin, 1980) MADAME DE STAËL (Perrin, 1983) Bourse Goncourt de la biographie - Grand Prix des lectrices de Elle. LA PRINCESSE BIBESCO (Perrin, 1986) LA DOUBLE VIE DE LA DUCHESSE COLONNA (Perrin, 1988) PROUST (Perrin, 1991) Grand Prix de la biographie de l'Académie française - Prix Marcel Proust - Prix du Printemps. PHILLIPPE JULLIAN, UN ESTHÈTE AUX ENFERS (Plon, 1993) CHATEAUBRIAND (Perrin, 1995) AU BON PATRIOTE, nouvelles (Pion, 1996) FERDINAND DE LESSEPS (Perrin, 1998) Prix des Ambassadeurs - Grand Prix de la Fondation Napoléon - Prix de la Société de Géo- graphie. LA COMTESSE DE SÉGUR, NÉE ROSTOPCHINE (Perrin, 1999) GHISLAIN DE DIESBACH Le tour de JULES VERNE en 80 livres PERRIN © Julliard, 1969. © Perrin 2000 pour la nouvelle édition ISBN : 2-262-01677-1 A Solange Fasquelle Ce livre n'a pas la prétention d'être une étude exhaustive de l'œuvre considérable laissée par Jules Verne : plus de cent volumes, rien que pour la série des Voyages extraordi- naires, sans compter des comédies bien oubliées, des travaux géographiques, comme cette vaste Histoire des grands Voya- ges et des grands Voyageurs, et enfin des nouvelles, des arti- cles qui, tous, témoignent que ce grand rêveur fut surtout un prodigieux travailleur. Cette œuvre immense, comparable par son ampleur à celle d'un Hugo, est très inégale. A côté de romans justement célèbres, comme les Enfants du capitaine Grant ou l'Ile mystérieuse, elle comporte de nombreux ouvra- ges dont l'inspiration est visiblement défaillante, le style négligé, l'intérêt souvent nul. Certains de ces livres ne sont parfois que les décalques d'ouvrages antérieurs qui avaient obtenu un triomphal succès. Il était tentant, pour leur auteur, de continuer à exploiter une veine qui lui avait si bien réussi : c'est ainsi que Robur le Conquérant et Maître du Monde ne sont qu'une transposition de Vingt mille lieues sous les mers, et que Seconde Patrie est la suite, imaginée par lui, du fameux Robinson suisse. La carrière littéraire de Jules Verne, en tant qu'auteur de la maison Hetzel, peut se diviser en trois parties. La première, la plus brillante, va de 1863, date de la publi- cation de Cinq semaines en ballon, à 1885. Pendant une vingtaine d'années, Jules Verne donne le meilleur de lui- même dans une trentaine de livres qui sont presque tous des chefs-d'œuvre et dont la postérité a retenu les titres : Cinq semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune, le Capitaine Hatteras, les Enfants du capi- taine Grant, Vingt mille lieues sous les mers, le Tour du monde en quatre-vingts jours, le Docteur Ox, l'Ile mysté- rieuse, Michel Strogoff, Hector Servadac, les Cinq Cents Mil- lions de la Bégum, la Maison à vapeur, Kéraban le têtu, l'Etoile du Sud, Mathias Sandorf... Pendant vingt ans, c'est un jaillissement perpétuel de trouvailles, d'audaces et de fantaisie. Humour, puissance d'invention et de pensée, origi- nalité d'écriture, toutes ces qualités rivalisent entre elles pour faire de chacun de ses livres l'événement de la saison et de lui-même l'enchanteur de la jeunesse. Comme il l'écrit à son père, son cerveau ressemble à une chaudière en ébullition et de cette chaudière fuse une imagination débordante qui donne naissance aux personnages les plus excentriques, crée les situations les plus imprévues, les complique et les dénoue avec une habileté digne de l'auteur dramatique qu'il avait été dans ses débuts. Non seulement il a créé en France un genre nouveau, celui du roman scientifique, mais il s'est vite affirmé comme le maître de ce domaine encore neuf où ses jeunes lecteurs se promènent, étonnés et ravis, en rêvant d'imiter un jour les héros qu'il leur propose en modèles. Son enthousiasme à l'égard des récents progrès de la Science, sa confiance en la bonté de la nature humaine, son optimisme en l'avenir, tout cela il sait l'insuffler à ses personnages comme à ses lecteurs qui referment ses livres avec le sentiment exaltant d'avoir vécu les aventures qu'il leur a contées. A partir de 1885 et jusqu'à l'année de sa mort en 1905, le romancier, frappé dans sa vie intime par un drame mysté- rieux, n'est plus le brillant écrivain qu'il a été jusqu'alors : son génie décline et si, pendant cette seconde période de vingt années, ses livres sont aussi réguliers et abondants que pendant la première, leur qualité est bien inférieure. La plupart d'entre eux ne sont guère connus que des spécia- listes, mais ignorés du grand public. Quelques-uns pourtant se lisent avec plaisir : le Château des Carpathes, Mirifiques Aventures de maître Antifer, l'Ile à Hélice, le Sphinx des Glaces, les Frères Kip, mais que dire d'oeuvres aussi plates que Famille sans Nom, Claudius Bombarnac, Seconde Patrie ou Bourses de Voyage ? Rien, justement. Mieux vaut les pas- ser sous silence. Il est d'ailleurs curieux de constater qu'avec le talent de l'auteur diminuait celui de ses illustrateurs. Le XIX siècle s'achevait par une décadence générale des arts. C'est peut-être pour renouveler à la fois sa source d'inspi- ration et le genre qu'il avait créé que Jules Verne, dans ses dernières années, a écrit des romans policiers comme Un drame en Livonie et le Pilote du Danube, livres qui ne portent guère sa marque et fourmillent d'invraisemblances souvent trop graves pour être acceptées du lecteur. Après sa mort, en 1905, commence pour Jules Verne une carrière posthume qui n'est pas négligeable. Entre 1905 et 1919 sont publiés, par les soins de ses héritiers, des textes demeurés jusqu'alors inédits, entre autres la Chasse au Météore, un ouvrage assez réussi, l'Agence Thompson and C° où il y a des scènes amusantes, et surtout ces deux grands livres que sont, chacun dans un genre différent, l'Etonnante aventure de la mission Bar sac et les Naufragés du Jonathan. Ce dernier livre révèle un aspect de Jules Verne sur lequel ses biographes glissent volontiers. L'homme enthou- siaste, généreux, libéral qui a écrit les Enfants du capitaine Grant s'est transformé peu à peu, dans la solitude de sa tour d'Amiens, en un philosophe amer dont le pessimisme s'appa- rente par certains côtés à celui de Nietzsche. Des Naufragés du Jonathan il a fait la somme de ses désillusions. Publié en 1909 ce livre déconcertant n'eut guère de succès, mais il peut être considéré, je crois, comme le testament moral du romancier désenchanté. L'Etonnante Aventure de la mission Barsac, publiée après la Première Guerre mondiale, apparaît comme un livre pro- phétique qui annonce les excès et les crimes de la Seconde. Une œuvre aussi vaste, aussi variée, qui a fait les délices de plusieurs générations de lecteurs et suscité chez quelques- uns d'entre eux des vocations illustres, entre autres celle du commandant Charcot, une œuvre de cette importance et de cette qualité aurait dû retenir davantage l'attention des cri- tiques, ce qui n'a guère été le cas. Détail curieux : c'est dans cette Allemagne qu'il abhorrait que Jules Verne a rencontré sinon la plus vaste audience, du moins la plus sérieuse. Le grand philosophe Hermann de Keyserling n'hésitait pas à écrire, vers 1930, que les trois écrivains qui avaient le plus influencé la pensée allemande de cette époque étaient Jules Verne, Gobineau et Gustave Thibon. En France, relégué au rayon des livres pour enfants, Jules Verne était prisonnier de sa réputation et, malgré sa célébrité, écarté du Panthéon des gloires littéraires. Il a fallu les efforts de la Société Jules Verne (1) des travaux comme ceux de M. René Escaich (2) puis les curieuses études de M. Morel Moré (3) pour rame- ner sur lui l'attention des adultes. Depuis que Jules Verne est tombé dans le domaine public, il y a quelques années, d'au- tres éditeurs que la Maison Hachette se sont intéressés à lui et rééditent ses livres, ce qui permet de lire, ou de relire, ceux-ci dans des éditions moins onéreuses que celles de la Maison Hetzel avec ses belles reliures polychromes. Jules Verne a donc trouvé un public plus âgé pour lequel cette relecture est une sorte de pèlerinage attendri aux sou- venirs d'enfance et c'est ainsi que j'ai moi-même, voilà cinq ans, rouvert quelques Jules Verne conservés précieusement. Aussitôt le charme a opéré : Les Enfants du capitaine Grant n'avaient pas vieilli, le capitaine Nemo était bien celui dont (1) La Société Jules Verne a fait paraître, de novembre 1935 à décembre 1938, treize numéros de son Bulletin qui sont d'un très grand intérêt pour la connaissance de la vie et des ouvrages de Jules Verne. Elle a repris en 1967 la publication de ce bulletin, suspendue depuis 1939. (2) Voyage au monde de Jules Verne, avec préface de Claude Farrère. Editions Plantin - Paris 1955. (3) Le Très Curieux Jules Verne (1960) et Nouvelles explorations de Jules Verne (1963), aux Editions Gallimard. j'avais gardé le souvenir, sombre, hautain, défiant, les bras croisés, le monde qu'il avait fui. Philéas Fogg, exact comme un chronomètre, n'avait pas un grain de poussière sur son mac-farlane et Kéraban-le-Têtu, ce modèle de conservateurs, protestait avec la même énergie contre les abus de l'Etat..