1945-2005 | Le Lotissement : histoires Exposition d’une architecture 2 février – 9 mars 2015 sans histoire

Cité-jardin des Corrues Cité-jardin de Chedde Cité expérimentale La Cité du Grand Clos du Merlan

Lotissement « Sans Souci » Le Parc – Maisons Soprex Village du Merlier Domaine de Saint-Hugues

Hameau du Château II Résidence Saint-Hospice Village des Fourches Les Mûriers

Le Menhir Résidence Les Katikias Ensemble de logements Cité-jardin des Corrues de Vallières Le Lotissement : histoires d’une architecture sans histoire

ministère de la Culture et de la Communication — Immeuble des Bons-Enfants, 182, rue Saint-Honoré — 75001 Le Lotissement : histoires d’une architecture sans histoire Une exposition conçue et réalisée par le ministère de la Culture et de la Communication, direction générale des Patrimoines Vincent Berjot Directeur général des Patrimoines agnès Vince Directrice, adjointe au directeur général des Patrimoines, chargée de l’architecture héLène Fernandez Sous -directrice de l’architecture, de la qualité des constructions et du cadre de vie mise en œuVre PLans-masses oLiVier FLores, stéPhane LeLong, simon QueteL Atelier Paysage et Lumière, 2014. Adjoint à la sous -directrice de l’architecture, de la qualité des constructions et du cadre de vie éLisaBeth henry remerciements Chargée de mission édition audiovisuel auprès Jacques Audren, Yves Brien, Benoît Carrié Architecture, de la sous- directrice Philippe Cieren, Carole Duchêne, Isabelle Duhau, PhiLiPPe hénauLt Pascale Hannetel, Dominique Hernandez, Marta Chef du bureau de la qualité de l’architecture Niedzwiecka, Christine Piquéras, Liliane Querré, et du paysage Dominique Tessier, les services déconcentrés du minis- tère de la Culture et de la Communication (directions oLiVier Lerude régionales des Affaires culturelles, services territoriaux Adjoint au chef du bureau de la qualité de l’Architecture et du Patrimoine), les Conseils de l’architecture et du paysage d’architecture d’urbanisme et de l’environnement soPhie masse Chargée de mission architecture au bureau © ministère de la Culture et de la Communication, de la qualité de l’architecture et du paysage direction générale des Patrimoines, 2015.

PhotograPhies grands ensemBLes Alex MacLean Lotissements Sandrine Marc Jürgen Nefzger Cyrus Cornut Pierre -Yves Brunaud rédaction des notices marion douBLet Historienne de l’art nathaLie chaBiLand Historienne de l’architecture design graPhiQue the sheLF comPany Caractère typographique : Priori Sans de Jonathan Barnbrook Le ministère de la Culture et de la Communication, en charge de l’architecture, apporte depuis plusieurs années son expertise et ses compétences à la politique publique du logement. Les lotissements représentent en un quart de la production de logements neufs. De grands concepteurs comme Jean Prouvé, Lucien Kroll, Oscar Niemeyer pour n’en citer que quelques-uns, ont contribué à transformer ces formes urbaines, démontrant ainsi l’importance du rôle de l’architecte et sa nécessaire implication dans la réalisation d’un environnement quotidien de qualité. Son absence peut se faire, dans bien des cas, cruellement sentir. Cette exposition de photographies en évoque l’histoire de 1945 à nos jours, et rend compte de la grande variété de formes et d’usages possibles de ces ensembles, de la qualité des logements, de leurs capacités d’innovation, de création et d’adaptation au contexte dans lequel ils s’inscrivent et de leurs qualités architecturales insoupçon- nées, lorsqu’ils ont été réalisés par ceux dont c’est le métier. Je suis ravie d’accueillir cette exposition au sein de ce Ministère, que je souhaite de plus en plus ouvert au public, et vous souhaite une agréable visite.

Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication France métroPoLitaine Nord-Pas- de-Calais 18

Haute-Normandie Picardie

Île-de-France 11 Basse-Normandie 3 14 5 12 Lorraine 16 9 Champagne- Bretagne Ardennes 13 Alsace

Pays de la Loire Centre 21 Bourgogne Franche-Comté 4 22

Poitou-Charentes 1 Limousin Rhône-Alpes 2 Auvergne 7 20 15

Aquitaine Midi- Pyrénées Provence-Alpes- 19 Côte d’Azur 17 8 6 Languedoc-Roussillon 10

Hauts-de-Seine

Seine-Saint-Denis

ÎLe-de-France Essonne

Val-d’ 28 3 26 27 24 14 5 23 12 9 25 Seine-et-Marne

Val-de-Marne 1968 - 2005 | Le lotissement : Entre utopies histoires et pragmatisme : d’une architecture à la recherche sans histoire de l’anti-modèle du pavillon

1945 - 1952 | 13 Village de vacances Renouveau La Reconstruction : 14 Résidence du Pré-Yvelines Rebâtir ou « Pistons et Cylindres » expérimenter ? 15 Le Hameau de Noailles 16 Le Parc – Maisons Soprex 1 Cité-jardin de Chedde 17 Les Mûriers 2 Cité-jardin des Corrues 18 Hameau du Château II 3 Cité expérimentale du Merlan 19 Résidence Saint-Hospice 4 La Cité du Grand Clos 20 Marina de Talaris 5 Lotissement « Sans Souci » 21 24 logements hLm greffés 22 Les jardins de la Pirotterie 1953 - 1967 | Inventer la modernité : les Trente Glorieuses Les Grands à leur apogée ensembles, 6 Village du Merlier une architecture 7 Domaine de Saint-Hugues e 8 Village des Fourches du xx siècle 9 Le Menhir Regard photographique / 10 Résidence Les Katikias Alex MacLean 11 Ensemble de logements de Vallières 23 Centre-ville, Ivry-sur-Seine 12 Quartier de la Brèche-aux-Loups 24 Cité des Courtillières, Pantin 25 La Grande Borne, Grigny 26 Résidence des Grandes Terres, Marly-le-Roi 27 Résidence du Parc, Meudon-la-Forêt Pour des raisons techniques les lotissements 16 et 17, qui font l’objet d’une notice complète dans cette brochure, 28 Quartiers de Sarcelles n’ont pas pu être présentés à l’extérieur. 1 Le Lotissement : histoires d’une architecture sans histoire 1945 – 1952 | La Reconstruction : Rebâtir ou expérimenter ? En 1945, la France sort des années de guerre, durant lesquelles elle a souffert de la pénurie, des bombardements et des combats qui se sont déroulés sur son sol. Environ un quart du patrimoine bâti a été détruit, des villes entières, comme Le Havre, ont été rasées, des millions de français sont à la rue, tandis que nombre d’entre eux vivent dans des logements insalubres. Il faut reconstruire. Dans la politique du ministère de l’Urbanisme et de la Reconstruction, la priorité est donnée à la remise en route de l’appareil de production. Pour le logement, qui n’est qu’une variable au service de cette politique, c’est le temps des expérimentations.

Cité-jardin de Chedde

1 1940-1955

Architecte formé aux Beaux-Arts, Henri Jacques Le Même commence sa carrière comme décorateur à Paris avant de s’installer à Megève pour raisons de santé en 1929. Il y invente un nouveau type d’habitat, le « chalet du skieur » qui, tout en conservant les éléments saillants de l’architecture locale, s’adapte à la pratique des sports d’hiver. Dans les années 1940, Le Même obtient plusieurs com- mandes d’entreprises implantées en Savoie souhaitant construire des logements économiques pour leurs employés. Reprenant le principe de « cité-jardin », l’architecte conçoit ses projets de façon globale en intégrant les logements sociaux dans un ensemble aménagé comprenant des équipements collectifs. Son architecture sobre privilégie les matériaux tels que la pierre de pays, le sapin et les tuiles plates vernies, réalisant la synthèse entre les enseignements issus de sa formation classique et les tradi- tions architecturales régionales. Le jeu des couleurs et des matières rythme les façades tout en leur donnant une certaine légèreté. Sur la commune de Passy, où il avait réalisé dans les années 1930 plusieurs grands sanatoriums avec Pol Abraham, Le Même conçoit la cité-jardin de Chedde à la demande de la compagnie de produits chimiques et électrométallurgiques Alais, Froges et Camargue à partir de 1940. Sur une haute plaine, le plan masse en forme de t s’articule autour d’un terrain de sport et d’équipements

Rhône-Alpes Auteur : Programme : Savoie (73) Henri Jacques Le Même 48 logements (1897-1997), architecte Passy, avenue de Warens Photographe : Jürgen Nefzger, 2013

Cité-jardin des Corrues 2 1945-1950

collectifs qui séparent les logements des ouvriers de ceux des employés, organisant ainsi une cohabitation entre classes sociales sans les mélanger. En tout, 48 logements, maisons jumelées par deux ou quatre et petits immeubles collectifs, sont réalisés en différentes phases entre 1940 et 1955. En raison des pénuries liées à la guerre, les logements pour ingénieurs et les équipements collectifs prévus par l’architecte ne seront jamais réalisés. Une charte architecturale et paysagère y a été récemment adoptée pour prévenir du risque de transformation des logements. En 1944, les cités-jardins de la « Nouvelle Avenue » et des « Corrues » sont destinées à reloger rapidement le personnel de la société d’électrochimie, d’électrométallurgie et des aciéries électriques d’Ugine (secemaeu) sinistré par la guerre. Afin d’optimiser les surfaces disponibles, la cité-jardin des Corrues est constituée de trois immeubles de faible hauteur qui accueillent 32 logements pour les ouvriers et employés de la société. Les jardins, caves, greniers, et buanderies sont mutualisés afin de permettre une construction plus dense. Comme pour la cité-jardin de Chedde, Le Même se préoccupe du confort de ses occupants en créant des logements traversants et lumineux. Financés par les dommages de guerre et construits par l’État, ces logements ont été rétrocédés à la secemaeu une fois achevés, puis revendus à des particuliers.

Rhône-Alpes Auteur : Programme : Savoie (73) Henri Jacques Le Même 32 logements (1897-1997), architecte Ugine Photographe : Jürgen Nefzger, 2013

Cité expérimentale 3 du Merlan 1940-1955

Emblématique de la période de reconstruction, la cité expérimentale du Merlan est destinée à reloger d’urgence les habitants de Noisy-le- Sec suite aux bombardements de 1944 qui ont gravement endommagé la ville. Le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme profite de l’occasion pour faire de cette zone un salon d’exposition permanent et un laboratoire, ancêtre du village-expo. Des prototypes de maisons préfabriquées faisant appel à des équipes d’architectes et industriels issues de 7 pays différents - la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse, la Suède, la Finlande et le Canada - ont été réalisés. Un urbanisme empreint des doctrines des cités-jardins faisant une large place aux enjeux nouveaux organise les parcelles du lotisse- ment. 56 prototypes de pavillons de styles très différents verront le jour. Les maisons scandinaves et suisses, assemblées in situ sur des fondations en béton, présentent la particularité de disposer d’une ossature en bois revêtue de planches verticales ou horizon- tales. Les Anglo-saxons s’essaient à de nouveaux principes construc- tifs, usant par exemple d’ossatures légères en acier ou de panneaux en bois « à paroi contrainte ». Les 30 pavillons français, caractérisés par la diversité des matériaux, font largement usage de structures en béton préfabriqué. Afin de donner une unité à l’ensemble, les aménagements extérieurs ont fait l’objet d’un effort particulier, dans l’esprit des cités-jardins. Dans les années suivant la réalisation de la cité du Merlan, les locataires étaient tenus de faire visiter leur logement aux architectes et entrepreneurs curieux de juger de la valeur technique de ces constructions. Conçues dans des délais raccourcis, ces habitations se sont altérées au fil du temps, plusieurs dont le pavillon Prouvé, ont été détruites ou ont été l’objet d’agrandissements et de surélévations. Ainsi, en 1995, seulement 37 maisons étaient encore dans leur état d’origine.

Île-de-France Auteurs multiples Programme : 56 logements Seine-Saint-Denis (93) industriels et architectes Noisy-le-Sec Avenue du Inscrite au titre Photographe : Général Leclerc des Monuments Cyrus Cornut/ historiques Picturetank, 2013 le 28 décembre 2000

La Cité du Grand Clos 4 1946-1952

En 1945, l’élève de Tony Garnier, Michel Roux-Spitz, est nommé architecte en chef de la reconstruction de la ville de Nantes par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (mru). Moins radical que Le Corbusier, l’architecte issu de la tradition rationaliste française adopte dans ses constructions les techniques constructives et la recherche de confort propres à cette époque. Première opération de reconstruction d’après-guerre à Nantes, destinée à reloger les familles nombreuses, le projet de la cité du Grand Clos prévoit la réalisation de 175 maisons individuelles sur un terrain de 13 hectares situé à proximité d’une usine de construction mécanique. Faute de financements, seulement 159 maisons seront construites et le projet initial d’implanter un quartier commercial et des écoles sera abandonné avec l’arrivée des premiers occupants en 1948. L’architecte propose un modèle de type « cité-jardin » de grande ampleur, très soigné dans sa conception d’un « vivre ensemble ». Appliquant ses principes de rationalisation, Roux-Spitz conçoit un plan général orthogonal simple et une implantation des maisons en bandes de 4 à 11 lots, avec des circulations séparées en fonction des usages. La continuité du bâti est rythmée par le séquençage des haies séparant les jardins. Les matériaux utilisés, moellons de granit et toits en ardoise, s’inspirent des constructions régionales. Selon un programme unique, les habitations de 5 pièces sur 2 étages disposent de jardinets d’agrément et de potagers. Par l’attention apportée aux espaces extérieurs, le lotissement présente un caractère proche des cités-jardins. Considérée comme trop excentrée à l’époque de sa construction, la cité est devenue un lieu de vie apprécié pour ses qualités architecturales et paysagères et dont l’esprit convivial a été particulièrement bien préservé par ses habitants.

Pays de la Loire (44) Auteur : Programme : Loire-Atlantique Michel Roux-Spitz 175 logements (159 réalisées) Nantes (1888-1957), architecte Labellisée Patrimoine e du xx siècle Photographe : le 14 mai 2003 Sandrine Marc, 2013

Lotissement « Sans Souci » 5 1949-1952

Les ateliers Jean Prouvé en Lorraine se sont spécialisés dans la recherche et la réalisation de prototypes et de constructions industrialisées de petite dimension, en particulier pour la maison individuelle. Dans la période d’après-guerre, ils participent à la réalisation de logements d’urgence en proposant des solutions innovantes pour la fabrication en grande série et à moindre coût. En 1950, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (mru), qui avait déjà fait appel aux ateliers Prouvé pour un pavillon de la cité expérimentale du Merlan, leur commande la réalisation de 12 maisons et d’un petit collectif (non réalisé) sur un « chantier d’expérience » en banlieue parisienne. Après avoir envisagé une implantation à Sèvres, c’est finalement sur un terrain de 14 000 m² à Meudon que sont installées 14 « maisons usinées », sur un plan de l’architecte André Sive. Les 10 « maisons à portiques », en acier et aluminium, et les 4 « maisons à coques », avec des murs en maçonnerie et une toiture métallique auto- portante, qui constituent le programme définitif sont orientées les unes par rapport aux autres suivant un tracé général de voirie très organique. L’ensemble présente une vraie diversité formelle, par les différences de dimension des logements et les socles en maçonnerie qui permettent une adaptation au terrain. D’abord louées à des cadres ou des professions libérales en recherche urgente de logement, les maisons sont vendues par l’office municipal hLm de Meudon en 1963. Initialement conçues pour durer quinze ans, la plupart ont connu des modifications pour remédier aux défauts de constructions ou pour reprendre la circulation intérieure. Aucune n’a conservé sa couleur initiale et plusieurs ont fait l’objet d’extensions. Depuis quelques années, un intérêt accru pour l’histoire et le caractère expérimental des maisons Prouvé motive les propriétaires à les remettre en valeur pour faire apparaître les qualités de la structure.

Île-de-France Auteurs : Programme : Ateliers Jean Prouvé 4 prototypes de maisons Hauts-de-Seine (92) (1901-1984), André dites « Métropole » Meudon Sive (1899-1958), Henri 14 000 m2 93, route des Gardes Prouvé (1915-2012), architectes Labellisé Patrimoine Photographe : du xxe siècle Cyrus Cornut/ le 16/12/2008 Picturetank, 2013 5 1953 – 1967 | Inventer la modernité : les Trente Glorieuses à leur apogée En 1953, avec la fin du plan Marshall, la France tourne la page de la Reconstruction. La population du baby-boom augmente rapidement, la croissance est là, le niveau de vie s’améliore de jour en jour. Ce sont les Trente Glorieuses. Le logement devient un enjeu national qui justifie une forte intervention de l’État. Il faut construire vite, mieux, moins cher : c’est l’époque de la construction de masse, dont l’expression la plus radicale est celle des grands ensembles. Les lotissements, dans ces années qui cheminent doucement vers le mois de mai 1968, participent eux aussi à cette grande aventure du logement : ce sont des espaces vivants, où s’expérimente la qualité et s’invente la modernité.

Village du Merlier 6 1958-1965

Construit au creux d’un vallon près du cap Camarat, au sud de Saint-Tropez, le village du Merlier est l’une des premières et des plus emblématiques réalisations de l’Atelier de Montrouge, fondé en 1958 par Jean Renaudie, Pierre Riboulet, Gérard Thurnauer et Jean-Louis Véret. C’est sur les recommandations de leur ancien professeur de l’École des beaux-arts, Louis Arretche, que les jeunes architectes se voient confier la réalisation de la première phase d’aménagement du site du château Volterra. De leur proposition initiale de cinq villages, seul celui du Merlier voit le jour. Implantées sur une parcelle arborée en pente face à la mer, les trente-cinq maisons sur deux niveaux rappellent les villages provençaux, avec leur réseau de ruelles, placettes et escaliers. Rompant avec l’architecture littorale d’alors, le lotissement fortement intégré au paysage a en effet pour caractéristique d’allier tradition et modernité. Cette originalité se reflète notamment dans le choix des matériaux, la pierre de Bormes côtoyant des murs en maçonnerie et béton coulé sur place. Ces murs épais permettent une bonne isolation contre la chaleur. Les maisons de deux types, implantées sur des terrains carrés, présentent des volumes simples et des détails constructifs (toits-terrasses, menuiseries de pin verni, dallage, etc.) propres au Mouvement moderne. Le « brutalisme » de l’Atelier de Montrouge s’inspire en effet des recherches de Le Corbusier et notamment du modèle Roq-et-Rob conçu pour Roquebrune Cap-Martin.

PACA Auteurs : Programme : (83) Atelier de Montrouge : Jean Renaudie (1925-1981), 35 logements Pierre Riboulet (1928-2003), Gérard Thurnauer Ramatuelle, route (1926-2014), Jean-Louis Véret (1927-2001), du phare de Camarat Louis Arretche (1905-1991), architectes Photographe : Labellisé Patrimoine du xxe siècle le 28/11/2000 Jürgen Nefzger, 2013

Domaine de Saint-Hugues 7 1958-1965

Situé à 7 kilomètres au nord-ouest de Grenoble, le domaine de Saint-Hugues a été construit sur la parcelle de l’ancien parc du château des Jésuites, délimitée par un haut mur en pierres. La résidence privée cohabite avec l’ancien château et sa ferme, ainsi qu’un petit immeuble collectif. Créé pour loger des cadres d’edF travaillant sur le projet de construction d’un nouveau barrage sur l’Isère, le lotissement se situe dans un environnement calme et verdoyant au pied des montagnes, à proximité du centre-ville et de commerces. Pour réaliser cette opération, l’entreprise fait appel à l’architecte grenoblois Jean Cognet, membre de l’agence locale Atelier des architectes associés (aaa) qui participera plus tard aux aménagements des Jeux olympiques de Grenoble de 1968. Sur des lots en forme de parallélogrammes, groupés par petits ensembles de 4 à 10 villas, les maisons juxtaposées sont construites en décalage pour préserver l’intimité de leurs occupants. L’architecture moderniste est identique pour toutes les construc- tions, de plain-pied et à toits plats soulignés d’acrotères en bois. Le style est soigné et homogène en parfaite intégration avec le paysage naturel. On accède aux logements par un jardinet qui borde l’avancée d’un garage. À l’arrière des maisons, un patio prolonge le séjour et de larges baies vitrées ouvrent sur un jardin privatif. La circulation automobile étant restreinte à l’intérieur du domaine, de nombreux cheminements piétons permettent de déambuler entre les habitations. Cette architecture horizontale rend sensible les contrastes formels entre le groupement de maisons et la montagne qui domine le paysage alentour. À l’inverse, de l’exté- rieur du lotissement, aucune maison n’est visible, dissimulée par les murs conservés du château. Malgré un règlement de copropriété très strict, plusieurs maisons ont été agrandies au niveau du patio, mais l’unité originelle du lotissement reste préservée.

Rhône-Alpes Auteur : Programme : Jean Cognet 71 logements individuels Isère (38) (né en 1932), architecte Saint-Égrève, rue Saint Robert Photographe : Jürgen Nefzger, 2013

Village des Fourches 8 1961-1978

Le village des Fourches appartient à un vaste ensemble de résidences secondaires implantées sur un terrain de 158 hectares à forte pente au sud du Lavandou, sur l’ancien domaine historique du Château Bénat. La réalisation des 240 maisons de vacances dans ce cadre exceptionnel en bord de mer est confiée à André Lefèvre-Devaux et Jean Aubert, installés dans la région depuis 1954. Recherchant une parfaite intégration à la topographie du site, les deux architectes mettent en œuvre les principes d’effacement et de disparition élabo- rés auparavant, en particulier à la villa Le Pin Blanc au Lavandou en 1957 et à la villa Altaïr sur le domaine du Gaou Bénat en 1958. Ainsi, au village des Fourches, les logements de différentes dimensions sont juxtaposés en bandes suivant les courbes de niveau et l’orientation, chacun ayant une vue plongeante vers la mer. Les terrasses et jardins abondamment plantés d’essences locales font disparaître les maisons aux patios clos de murs dans l’abondante végétation préservée. Les grandes baies ouvrant sur le paysage créent une continuité intérieur-extérieur. Le choix des matériaux, en particulier les pierres de pays des maçonneries qui tranchent avec le béton des linteaux et acrotères, participe également à l’intégration visuelle au site naturel. Le réseau de ruelles, placettes et escaliers pavés, et la présence de commerces le long des cheminements, créent un cadre de vie particulièrement agréable, la circulation des automobiles étant rejetée en périphérie. Un collège des architectes du Gaou Bénat a été créé afin de formuler des avis sur chacun des projets pouvant nuire à la qualité et à la banalisation de l’ensemble.

PACA Auteurs : Programme : Var (83) André Lefèvre-Devaux 240 logements (né en 1921) et Jean Bormes-les-Mimosas Aubert (1924-2004), Domaine du Gaou Bénat architectes Photographe : Labellisé Patrimoine Pierre-Yves Brunaud / du xxe siècle Picturetank / caue 13 le 28/11/2000

Le Menhir 9 1958-1965

En 1959, la société centrale immobilière de la Caisse des dépôts lance un projet d’aménagement d’un site vallonné de plus de 300 hectares, situé de part et d’autre de l’Yerres, sur trois communes de l’Essonne. Pour cette opération, qui prévoit la construction de 900 logements au total, il est fait appel en particulier à des architectes étrangers afin de créer des groupements innovants. C’est dans ce contexte qu’interviennent Heikki et Kaija Siren en construisant le lotissement « Le Menhir » sur la commune de Boussy-Saint-Antoine. Avec la Marina de Talaris à Lacanau, ce sera la seule réalisation du couple finlandais en France. Établis à Helsinki depuis 1948, les deux architectes ont en effet essentiel- lement travaillé dans leur pays d’origine à la réalisation de grands bâtiments publics, mais aussi d’ensembles de logements, comme la cité-jardin de Tapiola en 1959, où ils proposent une architecture inspirée du fonctionnalisme de leur compatriote Alvar Aalto (1898-1976) et de l’art de vivre du Japon traditionnel. Les bâtiments en béton blanc construits ici à flanc de coteau sont groupés et disposés en bandes parallèles autour de voies piétonnes qui sillonnent le large espace paysager collectif. La quiétude du site est préservée par l’existence de trois zones de stationnement longeant les voies de desserte automobile. On accède aux logements par des allées bordées de haies qui garantissent une certaine intimité à leurs occupants. Les deux types de logements, en duplex et de plain-pied, sont tous organisés en L autour d’une patio orienté plein sud qui éclaire largement les pièces à vivre. Les logements à deux niveaux, moins nombreux, disposent également d’un balcon souligné de bardages en bois, référence à l’architecture scandinave.

Île-de-France Auteurs : Programme : Essonne (91) Heikki Siren (1918-2013) 112 logements et Kaija Siren (1920- 314 ha Boussy-Saint-Antoine 2001), architectes Val d’Yerres, Labellisé Patrimoine rue des Jardins du xxe siècle Photographe : le 16/12/2008 Cyrus Cornut / Picturetank, 2013

Résidence Les Katikias 10 1965-1977 / 1979

En 1965, Jean Dubuisson, qui avait déjà travaillé à Bandol pour la société Setimeg sur le Domaine des Engraviers (1963-1973), reçoit une commande pour un ensemble de logements collectifs de vacances sur une colline déboisée par un incendie face à la baie et au port de Bandol. L’architecte, Premier Grand Prix de Rome en 1945, rêve d’y recréer un village antique. Les deux programmes, copropriété de logements traditionnels et résidence hôtelière, partagent un club house et une piscine. Jean Dubuisson a su répondre de manière innovante aux contraintes du site à forte pente. La typologie des logements très étirés et de faible hauteur disposés en gradins forme un ruban qui suit les courbes de niveaux intégrant des rutpures végétales. L’ensemble a un fort impact paysager lorsqu’on s’éloigne de la côte. Les unités d’habitation construites en béton armé et habillées d’éléments de façade préfabriqués en béton, sont recouvertes d’un enduit lisse. Une bande bleue horizontale – à l’origine noire – vient souligner la façade blanche des constructions. Organisé autour de cinq rues parallèles sinueuses, le lotissement est ponctué de portes de garage bleues, de coursives à ciel ouvert et d’escaliers traversant les bâtiments perpendiculairement à la pente qui offrent aux piétons un panorama cadré sur le grand paysage. Les 428 logements, organisés selon six combinaisons, disposent chacun d’un garage et d’un important patio partiellement ouvert, au sol recouvert de tomettes. Malgré une structure dense, l’intimité de chaque logement, disposant d’une vue vers la mer et d’un ensoleillement optimal, est préservée. Le mobilier intérieur d’origine a été conçu par Pierre Guariche, membre de l’Union des Artistes Modernes (uam). Malgré des changements de coloration de façade et la couverture d’une partie des patios, la résidence reste globalement bien conservée.

PACA Auteur : Programme : Var (83) Jean Dubuisson 428 logements (1914-2011), architecte Bandol, Bois Maurin Labellisée Patrimoine 121, Chemin e Photographe : de l’Escourche du xx siècle le 03/07/2012 Jürgen Nefzger, 2013

Ensemble de logements 11 de Vallières 1966-1979

Architecte en chef de la ville de depuis 1957, Jean Dubuisson est aussi l’un des plus grands constructeurs de logements sociaux dans la période d’après-guerre en France. Dans son projet pour le quartier des Hauts-de-Vallières à proximité de Metz, le programme comprend des ensembles collectifs, mais aussi des maisons individuelles grou- pées en périphérie. Il s’agit du seul lotissement réalisé par Dubuisson, en dehors des maisons en bandes à Croix dans le Nord. Implantés sur trois rangs plus ou moins parallèles sur un terrain en forte pente en couronnement d’une colline, les quelques 170 pavillons identiques épousent habilement le relief du terrain, par une variation des niveaux des habitations. Dubuisson y applique les principes constructifs et formels mis au point avec une grande rigueur pour la réalisation de logements économiques à grande échelle. D’un aspect sobre, les maisons à toitures-terrasses soulignées de bandeaux en bois et disposant de grandes baies vitrées s’intègrent harmonieusement dans le site, vaste espace ouvert structuré par un réseau de promenades vertes. La pureté des formes et des matériaux choisis reflètent l’attrait de Dubuisson pour l’architecture nordique contemporaine et notamment celle d’Arne Jacobsen (1902-1971). Cet intérêt s’exprime dans ses recherches en particulier sur les patios dont disposent les maisons implantées dans les parties planes. Contrairement à d’autres opérations de logements conçues par Dubuisson, le lotissement des Hauts-de-Vallières est remarquablement préservé.

Lorraine Auteurs : Programme : Jean Dubuisson (1914- 170 logements Moselle (57) 2011), Roger Gaertner, Metz-Vallières-Les- architecte Bordes, rue des Tilleuls, Labellisé Patrimoine Photographe : rue des Frênes du xxe siècle Cyrus Cornut / et rue des Cèdres le 29/11/2000 Picturetank, 2013

Quartier 12 de la Brèche-aux-Loups 1967-1970

Fernand Pouillon réalise le projet du quartier de la Brèche-aux-Loups à l’époque de son exil en Algérie. L’architecte avait déjà abordé la question de la maison individuelle en série à Lanruen en Bretagne en 1962, puis dans le cadre d’un projet de « maisons usinées à la chaîne » en Algérie. Plus qu’un lotissement, c’est une petite ville comprenant plus de 400 maisons individuelles, un centre culturel et des édifices à vocation commerciale que réalise l’architecte sur un ancien terrain marécageux de 25 hectares, définissant la structure urbaine d’Ozoir-la-Ferrière encore visible aujourd’hui. Quand Pouillon intervient, la ville se résume en effet à une rue bordée de quelques maisons. Les principales qualités de cette opération sont l’urbanisme et le paysage, l’architecture n’étant pas ici la préoccupation première de l’architecte. Elle réprésente un modèle exemplaire de répartition en peigne autour d’un parc paysager offrant une gradation fine de l’échelle privative à l’échelle commune. Comme le remarque Marc Bédarida dans sa monographie * Bédarida (Marc), sur Pouillon*, l’organisation générale rappelle une réalisation « Fernand Pouillon », en banlieue new-yorkaise à la fin des années 1920. Dans ce projet, Paris, Éditions du patrimoine, coll. Carnets Pouillon s’inscrit dans un idéal humaniste par ses dimensions d’architectes, 2012. d’expérimentation sociale. Un dispositif d’impasses donne ainsi la possibilité aux habitants de circuler dans le lotissement traversé par un long canal et d’accéder au parc central quasiment sans croiser de voitures. Autre caractéristique du projet, la variété des types de constructions, réalisées dans des styles – soit moderne soit traditionnel - et sur des plans différents créant ainsi 12 modèles, permet une véritable appropriation par leurs occupants. La commercialisation de ces logements, qui séduisaient à la fois les personnes à revenus modérés et les amateurs de principes architecturaux novateurs, fut une grande réussite.

Île-de-France Auteur : Programme : Seine-et-Marne (77) Fernand Pouillon 408 logements (1912-1986), Ozoir-la-Ferrière architecte Photographe : Cyrus Cornut / Picturetank, 2013 1968 – 2005 | Entre utopies et pragmatisme : à la recherche de l’anti-modèle du pavillon Alors que Mai 1968 marque un tournant pour la société française, la nécessité de transformer le monde s’impose aux architectes. Le lotissement, qu’il soit public ou privé, devient un objet architectural riche de promesses. Pour les uns, il s’agit d’innover, de réaliser des utopies en termes de formes et d’usages, de réenchanter le monde. Pour les autres, il faut s’abstraire des logiques mercantiles et systématiques pour assumer un pragmatisme respectueux de la diversité des hommes et des lieux. Le pavillon d’antan apparaît dès lors comme un modèle dépassé ; la recherche de son anti-modèle devient un mot d’ordre pluriel capable de donner naissance à autant de formes qu’il existe de projets.

Village de vacances 13 Renouveau 1968-1970

En 1965, l’association familiale Renouveau, dont le but était de proposer des vacances accessibles à tous, passe commande d’un village de vacances sur le littoral finistérien à l’Atelier d’architecture en montagne et Henri Mouette, qui avait déjà réalisé pour elle les centres de vacances de Chamrousse et de Courchevel. Pour concevoir le village de Beg-Meil, l’architecte s’associe à nouveau au sculpteur Pierre Szekely et à sa femme Véra, peintre. Le projet archi- tectural a débouché sur une réalisation harmonieuse qui s’inscrit dans un climat utopique et communautaire propre à la fin des années 1960. Au milieu des dunes et des pins, le village de vacances destiné à accueillir 450 personnes s’organise autour de 120 unités de loge- ments de tailles diverses disposées en quinconce afin de faciliter les circulations et de multiplier les points de vue vers la mer. Le dispositif distributif est dans l’ensemble piétonnier, permettant de desservir les habitations et les bâtiments collectifs (restaurants, salle de spectacle). De grandes plaines ménagent des aérations entre les structures bâties. Pour construire ces habitations aux formes organiques qui évoquent des igloos, l’architecte met au point une technique expérimentale de répétition d’une alvéole-type. Recherchant la solution la moins onéreuse, il a partiellement recours à la préfabrication. La partie collective est formée de deux demi- sphères, dont la voûte est percée de trois cheminées cylindriques de diamètres différents, reproduisant la silhouette d’une baleine. Des plages de couleurs ponctuent les surfaces blanches des construc- tions en béton. Le village de Beg-Meil représente un tournant dans la carrière de Mouette et Szekely liés par un même intérêt pour la nature. Résultat d’une conception à la fois sensuelle et rationnelle de l’architecture, il est aussi un exemple d’une architecture climatique non traditionnelle. L’habitat des « Barbapapa », héros colorés de livres et dessins animés pour enfants, dont l’un des auteurs était architecte, semble s’inspirer de cette architecture ludique et innovante.

Bretagne Auteurs : Programme : Finistère (29) Atelier d’architecture de montagne, Henri Mouette 120 unités de logements (1927-1995), architecte, Pierre Szekely (1923-2001), 3 ha Fouesnant, sculpteur, Véra Szekely (1919-1994), peintre lieu-dit Beg-Meil Labellisé Patrimoine du xxe siècle Photographe : le 23/11/2006 Sandrine Marc, 2013

Résidence du Pré-Yvelines 14 « Pistons et Cylindres » 1969-1973

La résidence du Pré-Yvelines est réalisée dans le cadre de l’aménagement du quartier ouest de Saint-Quentin-en-Yvelines, à l’époque du lancement de la politique des villes nouvelles. Le couple d’architectes choisi pour sa réalisation, Martine et Philippe Deslandes, s’est fait remarquer en 1966 à l’exposition Villagexpo de Saint-Michel-sur-Orge avec la présentation de prototypes de maisons individuelles. Ils sont également les auteurs de la rési- dence Ascot à Roissy-en-Brie qui présente des caractéristiques identiques, matérialisant un urbanisme organique et radical qui s’inscrit dans leur univers poétique : fresques, liberté des formes architecturales (modénatures, forme des baies). Deux types de logements sont construits dans ce lotissement surnommé « Pistons et Cylindres » : 81 maisons de plain-pied disposant de cloisons coulissantes qui se déplacent augmentant ou diminuant à volonté la superficie des pièces (les « pistons ») et 119 maisons à étage organisées autour d’un escalier central circulaire (les « cylindres »). Ces constructions parallélépipédiques mitoyennes sont réparties en onze groupes formant hameaux. Sur la façade des maisons, revêtue de ciment projeté à gros grains, alternant avec du béton brut nervuré, les fenêtres en losange des « cylindres » apparaissent aujourd’hui comme une des origina- lités des bâtiments, de même que les noms des rues (rues rouge, mauve ou ocre) inscrits en lettres géantes et colorées. Souhaitant créer des espaces verts collectifs chaleureux, les architectes regroupent les garages individuels dans des rotondes et l’accès aux logements se fait uniquement à pied.

Île-de-France Auteurs : Programme : Yvelines (78) Martine et Philippe 200 logements Deslandes (1933-1988), Élancourt, Saint- architectes Quentin-en-Yvelines Photographe : Cyrus Cornut / Picturetank, 2013

Le Hameau de Noailles 15 1968-1973

Fondée en 1964, l’agence d’architecture Salier-Courtois-Lajus- Sadirac a fait de l’agglomération bordelaise et du bassin d’Arcachon son terrain d’expérimentation à la fois pour des maisons individuelles, notamment préfabriquées, et pour des lotissements. Situé en proche banlieue de , le hameau de Noailles est représentatif de ses réalisations qui ont renouvelé l’architecture privée locale en alliant modernité et caractère régional. Malgré une forte densité, le lotissement, opération de 53 logements individuels groupés autour de 137 logements collectifs, apparaît comme un ensemble harmonieux, grâce aux jeux de volumes des habitations juxtaposées, disposées en bandes ou en quinconce autour de placettes. Le langage propre à l’agence, qui s’inspire de l’éthique constructive du Bauhaus et des réalisations californiennes de Frank Lloyd Wright, se retrouve notamment dans l’opposition entre les murs de béton blanc et les lignes horizontales des balustrades et des toitures en bois foncé à larges débords. Si les espaces collectifs – solarium, piscine, tennis, sauna et halte-garderie - n’occupent qu’une faible partie de la surface du terrain, une attention particulière est en revanche accordée aux espaces privatifs des logements. Chaque logement dispose en effet d’un jardin de 300 m² en moyenne dont l’intimité est préservée par des murs ou des grillages doublés de haies vives. Selon la démarche de l’agence d’architecture, une attention particulière est également accordée au traitement paysager des pieds d’immeubles et des placettes.

Aquitaine Auteurs : Programme : Gironde (33) Yves Salier (né en 1918), 53 logements Adrien Courtois (1921- Talence, Vieille Tour, densité : 17,6 1980), Pierre Lajus (né logements / ha Chemin du haut carré en 1930), Michel Sadirac (1933-1999), architectes Photographe : Sandrine Marc, 2013

Le Parc – Maisons Soprex 16 1967-1972

Implanté en bordure de la commune de Dingsheim, ce lotisse- ment inaugure dans les environs de Strasbourg la mutation en zone résidentielle de villages à vocation agricole et expose les possibilités de l’industrialisation du bâtiment dans le domaine de la maison individuelle. Spécialisée dans la fabrication d’éléments préfabriqués pour la construction, l’entreprise strasbourgeoise Soprex y intervient à titre de lotisseur, maître d’ouvrage et constructeur, avec la volonté de créer un ensemble à la fois cohérent et diversifié. Établi de part et d’autre d’une voie qui relie le bourg à une route départementale, le lotissement reprend les limites des champs de labour qu’il rem- place. Un tracé viaire non rectiligne intégrant des voies en raquette induit la création de parcelles irrégulières qui reçoivent, comme dans le lotissement La Brèche-aux-Loups, conçu par Fernand Pouillon à Ozoir-la-Ferrière, deux modèles de maisons : l’un régionaliste et l’autre résolument moderniste. Isolés ou accolés, ces modèles construits en béton se déclinent en plusieurs types adaptables. Ancien collaborateur de Le Corbusier, Georges Présenté signe les plans des maisons modernistes : toit plat ou légèrement incliné, patio et baies vitrées. Peu ouvertes, les façades sur rue sont indivi- dualisées en jouant sur la composition et le motif d’une mosaïque polychrome à la présence appuyée. Jardinés et ouverts sur la rue, les espaces tampons singularisés qui précèdent ces façades affichent l’adoption d’une pratique anglo-saxonne ; ils soulignent la fonction de représentation des façades sur rue et se chargent de l’embellisse- ment de l’espace public, tandis que les jardins situés à l’arrière des maisons privilégient l’intimité. Le modèle de maison moderniste Soprex est repris en 1968 pour le lotissement Les Héliades, à La Grande-Motte, en relation avec des maisons néo-provençales.

Alsace Auteur : Programme : Bas-Rhin (67) Georges Marc Présenté, 225 logements (1917-1984), architecte Dingsheim, rue du Modu- Photographe : lor, rue de Firminy, rue Cyrus Cornut / de Rézé, rue de Brasilia Picturetank, 2013

Les Mûriers 17 1971-1974

Élève de Le Corbusier, Georges Candilis s’est fait connaître par de grands projets d’architecture et d’urbanisme centrés sur l’habitat collectif en Afrique du nord et en France, avec son agence Candilis- Josic-Woods. Dans le cadre de l’aménagement de la zuP (zone à urbaniser en priorité) de Toulouse-Le Mirail, destinée à loger 100 000 personnes à proximité du périphérique toulousain et de l’université, l’agence réalise notamment 900 logements col- lectifs dans le quartier de Bellefontaine à partir de 1962. Ce quartier pilote prend sa forme définitive en 1974 par la constuction de petits collectifs de quatre étages et d’un ensemble de logements indivi- duels en périphérie, « Les Mûriers », offrant ainsi une répartition pyramidale des densités. Le lotissement est construit sur un plan original fait d’imbrications géométriques de 8 à 27 logements individuels à un ou deux niveaux. Les maisons en L sont groupées autour d’un espace intérieur com- posé d’un patio de 27 m² – élément central autour duquel rayonnent les pièces de vie – et d’un cellier. Cette disposition privilégie l’intimité des espaces privatifs à l’ensoleillement des habitations. Les duplex disposent par ailleurs d’une terrasse à l’étage. L’architecture simple et discrète des constructions en béton couleur crème offre une bonne transition visuelle entre la zone pavillonnaire et le grand ensemble du Mirail. À l’origine, le lotissement était exclusivement piéton, les aires de stationnement et groupes de garages couverts étant rejetés en périphérie. Ainsi, les espaces collectifs, voies menant aux placettes et aires de jeux, sont vastes et variés. Depuis quelques années, les voitures pénètrent dans la résidence.

Midi-Pyrénées Auteur : Programme : Haute-Garonne (31) Georges Candilis 89 logements (1913-1995), architecte Toulouse-Le Mirail, allée de Bellefontaine, rue de Rimont et rue Paul-Gauguin Photographe : Jürgen Nefzger, 2013

Hameau du Château II 18 1969-1971

Pionnier de la construction de la ville nouvelle de -est à Villeneuve d’Ascq, Jean-Pierre Watel y construit plusieurs « hameaux », résultats de ses recherches sur l’habitat individuel groupé dense. Dans le quartier du Château, réalisé en plusieurs phases, les constructions s’intègrent à un environnement naturel unique, au milieu d’une végétation abon- dante et à proximité d’un lac. L’opération du Hameau du Château II est constituée de 127 loge- ments, répartis selon trois modèles différents : 43 « maisons patios » avec jardin ou terrasse au nord, 42 « maisons hollandaises » au bord du lac et 42 logements superposés (rez-de-chaussée et duplex) à l’est. Les maisons dont la façade présente une modulation des ouvertures ont des surfaces et des organisations différentes ; c’est la répétition des modèles qui donne son homogénéité à l’ensemble. Le plan imbri- qué complexe du lotissement, où les maisons sont groupées en angle autour d’espaces communs, essentiellement constitués par les cheminements piétons dallés dont les abords sont plantés, parvient à préserver l’intimité des habitations malgré la mitoyenneté, notamment grâce à l’existence d’un patio central. Ce cadre de vie agréable est renforcé par un accès limité des voitures à l’intérieur de la zone d’habitation, celles-ci étant regroupées à l’extérieur de l’opération ou dissimulées dans des garages sous les bâtiments. Reprenant les modèles d’Europe du nord, notamment celui du « béguinage » flamand, Watel renouvelle l’usage de la brique traditionnelle, ce qui le fait apparaître comme un précurseur des réflexions contemporaines sur la durabilité des constructions.

Nord-Pas-de-Calais Auteurs : Programme : Nord (59) Jean-Pierre Watel 127 logements (né en 1933), architecte Villeneuve d’Ascq 16 645 m² Allée Chantecler, allée Chardin Photographe : Cyrus Cornut / Picturetank, 2013

Résidence Saint-Hospice 19 1972-1978

Peu de temps après son installation en France pour raisons politiques, l’architecte brésilien Oscar Niemeyer reçoit deux commandes dans le sud de la France : la réalisation pour le ministère de l’Équipement d’un nouveau quartier comprenant 2 000 logements sur le plateau Napoléon à Grasse, et celle de la villa « Brasilia » sur la pointe du Colombier au Cap Ferrat pour l’éditeur italien Giorgio Mondadori. Le premier projet ne verra pas le jour suite à de multiples difficultés, faisant de l’opération de Saint-Jean- Cap-Ferrat la seule réalisation de Niemeyer dans le sud de la France. Pour rentabiliser l’opération, des appartements en duplex destinés à la vente sont également construits sur la parcelle qui accueille la maison particulière de l’éditeur, au cœur d’un ensemble végétal de 9 000 m². Construite parallèlement à la pente du terrain, la résidence Saint- Hospice est un immeuble de huit appartements en béton armé. Deux entrées permettent d’accéder au bâtiment : sur le côté, par un couloir qui mène aux garages et au sous-sol des appartements, et par une rue extérieure à l’arrière. De l’autre côté, un vaste living ouvre sur une terrasse, surplombée d’une loggia au dessin organique, d’où on accède à un jardin privatif menant à une grande piscine et à des espaces extérieurs communs. Des séparations verticales préservent l’intimité des appartements. Le plan libre adopté pour l’intérieur permet de disposer d’espaces spacieux et lumineux. L’escalier mural conduisant à une mezzanine et à deux chambres qui donnent sur le parc a une courbure caractéristique de l’architecture de Niemeyer. Si les terrasses surplombant la cuisine ont partout été fermées, les copropriétaires ont respecté l’esprit d’origine de son concepteur et ont bien entretenu le bâtiment.

PACA Auteur : Programme : Alpes-Maritimes (06) Oscar Niemeyer (1907- 8 appartements 2012), architecte Saint-Jean-Cap-Ferrat 2, chemin de Saint-Hospice Labellisée Patrimoine Photographe : du xxe siècle Jürgen Nefzger, 2013 le 15/03/2007

Marina de Talaris 20 1967-1980

Sur les rives du lac de Lacanau, la Marina de Talaris est une opéra- tion d’aménagement de 130 hectares de prés marécageux réalisée sur plusieurs phases entre 1967 et 1978. Ce projet s’organise en petits hameaux de résidences touristiques séparés par des coupures végétales. Les premières constructions (entre 1967 et 1970) pour lesquelles le promoteur s’est associé à un groupe finlandais, fabricant de maisons en bois à toits plats, sont l’œuvre des architectes Heikki Siren et Jean Ginsberg, ce dernier étant également l’auteur du plan d’urbanisme. À partir des années 1970, c’est dans le même esprit de proximité avec la nature que l’aménagement du site se poursuit avec la création d’une plage et de petites maisons inspirées des cabanes de pêcheurs traditionnelles du bassin d’Arcachon. Réparties en six hameaux, chacun avec un style propre, les habitations conçues par les architectes de l’agence Agora et construites sur pilotis ou au bord de l’eau émergent d’une abondante végétation. Le hameau des Lagunes, conçu par les frères Jacques et Pierre Debaig, est un ensemble de maisons semi-lacustres aux façades en bois et aux toits en shed. À partir de 1974, Pierre Lajus participe à un projet d’agrandissement de l’ensemble prévoyant la création de nouveaux hameaux, mais seulement deux maisons bungalows sont réalisées. Inspirées des architectures vernaculaires et finlandaises ces maisons-paillottes sur pilotis maçonnés portent la trace des réflexions de l’architecte sur l’habitat écologique. L’environnement préservé du site en fait un lieu particulièrement apprécié par ses occupants, en particulier en période estivale.

Aquitaine Auteurs : Programme : Gironde (33) Jean Ginsberg (1905-1983), Heikki Siren (1918-2013), 73 logements Pierre Lajus (né en 1930), Agence Agora : Jean-Claude individuels Lacanau, Moreau (né en 1931), Patrick Maxwell (né en 1935), route de l’Océan Francis Duclos (né en 1931), Jacques Debaig (né en 1933), Pierre Debaig (né en 1936), Photographe : Jacques Heim (né en 1944), architectes Sandrine Marc, 2013

24 logements HLM greffés 21 1981-1985

L’architecte belge Lucien Kroll a fait de l’approche participative un des fondements de son travail depuis la réalisation en 1972 de la Maison des étudiants en médecine, la Mémé, à Woluwe-Saint- Lambert en Belgique. À l’aide d’un logiciel informatique simple, il simule l’organisation d’ensemble d’un projet en faisant participer les futurs occupants à l’élaboration des plans. Pour répondre à la commande, à La Roche-Clermault, commune située entre Chinon et Saumur, l’architecte précurseur d’une architecture durable s’imprègne des propositions des 450 habitants de ce village. L’objectif, suivant la commande de l’oPac et de la commune, est d’intégrer au mieux un ensemble de logements sociaux à leur environnement social et naturel. Implantées sur une colline à l’écart du centre-ville, les 24 maisons sont construites sur plusieurs niveaux pour s’adapter aux spécificités du terrain, selon la démarche de « construction du paysage » élaborée par Kroll. Regroupées par 3 ou 7 autour d’une rue princi- pale, les logements dispersés sont conçus sur des plans différents. La modernité de la composition formelle de l’ensemble hLm, où les volumes peuvent sembler désordonnés, s’inscrit néanmoins dans une continuité avec l’histoire du village, par l’utilisation de matériaux locaux simples comme le bois ou l’ardoise. Pour le programme des Rocages à Saint-Germain-sur-Vienne (1986), situé à seulement quelques kilomètres de La Roche-Clermault, sur un site comparable, Kroll reprend les mêmes principes de simplicité et d’authenticité qui caractérisent son travail.

Centre Auteur : Programme : Indre-et-Loire (37) Atelier Lucien Kroll 24 logements (né en 1927), architecte La Roche-Clermault Photographe : Sandrine Marc, 2013

Les jardins de la Pirotterie 22 2005

Réalisé dans le cadre du programme du Plan Urbanisme Construction Architecture sur le thème « l’architecture absente de la maison individuelle », le lotissement « les Jardins de la Pirotterie » est une opération expérimentale de logements locatifs sociaux financée par des crédits REX (Recherche Expérience). Le lieu d’expérimentation choisi est une friche agricole de plusieurs hectares à proximité de Nantes. L'objectif des architectes retenus, issus de l'appel à idées « 36 modèles pour une maison » initié par le groupe Périphériques en 1997, était de proposer une diversité de typologies de maisons d’architectes de grande qualité pour moins de 100 000 euros. Associés dès la définition du plan d’urbanisme, les six architectes ont chacun réalisé un modèle de maison individuelle à ossature bois, reproduit cinq fois. Ils jouent sur la géométrie et la couleur des constructions dont la toiture légère est faite de bois ou de bardage métallique s’inspirant des matériaux économiques utilisés dans le domaine agricole. Les trente maisons ainsi construites sont réparties en 4 îlots dont la forme s'inspire des hameaux de Rezé, et sont assemblées de manière aléatoire, donnant lieu à un ensemble de configurations diversifiées. Cette diversité architecturale contribue à rendre chaque habitation unique par son rapport à l’espace et permet aux habitants de s’identifier à leur logement. Les maisons, dont certaines sont camouflées par la végétation, ont des parcelles réduites, mais ouvertes sur des emprises boisées accessibles au public. L’intégration à l'environnement se traduit également par la prise en compte d’éléments existants dans les tracés et les modes de découpage du sol, les anciens chemins agricoles formant par exemple le réseau piéton qui relie chaque îlot au boulevard.

Pays de la Loire Auteurs : Programme : 2 Loire-Atlantique (44) Périphériques, archi- 30 logements, 2 650 m tectes de coordination ; Rezé, boulevard Jacques Moussafir, ACC, Paul-Henri-Spaak Marin-Trottin, Photographe : Jumeau+Paillard, Sandrine Marc, 2013 l’Australien et Actar, architectes de conception des maisons. 21 5

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13 22 Les grands ensemBLes, une architecture du xxe siècLe Regard photographique / Alex MacLean Enjeu politique et social majeur, le logement est une question qui ne peut être traitée sans une connaissance approfondie de l’existant, de son état, de son potentiel, de sa capacité à évoluer : c’est en effet en transformant ce qui est déjà là et en tirant des leçons du passé pour construire mieux que le défi pourra être relevé par la nation. Le ministère de la Culture et de la Communication, en tant que ministère en charge de l’architecture, est pleinement impliqué dans l’effort mené autour de cet enjeu majeur : travaux prévus à partir de 2015 sur la qualité du logement individuel, travaux en cours sur la question de l’habitat groupé en général et sur le lotissement en particulier, dont l’expo- sition visible aujourd’hui à l’extérieur rend compte, travaux achevés sur les grands ensembles de logements sociaux. Cette première phase d’étude, menée sur la période 2009-2012, a permis de révéler les qualités de ce patrimoine architectural méconnu : jalon important dans l’histoire de l’architecture, la construction des grands ensembles a été en effet l’occasion de développer de nombreuses innovations constructives, mais aussi une grande qualité architecturale et un lien subtil mais fondamental entre bâti et paysage. Ces travaux ont abouti en 2011 à l’organisation d’un colloque, d’une exposition itinérante ainsi qu’à la publication d’un ouvrage intitulé « Les grands ensembles, une architec- ture du xxe siècle », publié aux éditions Dominique Carré. C’est dans ce cadre que le ministère de la Culture et de la Communication a demandé au photographe Alex MacLean de donner à voir la richesse architecturale, urbaine et paysagère de ces grands ensembles. Les images exposées aujourd’hui, qui concernent six réalisations franciliennes choisies pour leur grande diversité typologique et formelle, sont ainsi extraites de la campagne photographique aérienne qu’il a réalisée à cette occasion.

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Centre-ville 23 Ivry-sur-Seine 1968-1972 et 1979-1983

L’ensemble de logements construits par Jean Renaudie et Renée Gailhoustet dans le cadre du projet de reconstruction du centre d’Ivry apparaît comme une architecture expérimentale, audacieuse, en rupture avec l’urbanisme et l’architecture des années 1960. Réalisées en plusieurs tranches, les constructions s’organisent selon une réflexion axée sur la complexité des formes et la diversité de l’habitat urbain. Les opérations Jeanne-Hachette et Casanova, premières réalisations de Renaudie à Ivry, regroupent logements, commerces et équipements distribués sur plusieurs niveaux. À l’image des réalisations qui suivront (cité du Parc et opération Einstein), les volumes des immeubles disposés en cascade offrent aux logements des terrasses-jardins variées et créent un réseau de promenades labyrinthiques. Avec la tour Raspail, Renée Gailhoustet crée la première version d’une tour qui sera trois fois déclinée au voisinage immédiat (tours Lénine, Casanova et Jeanne- Hachette). Elle y développe une réflexion sur la distribution de logements en semi-duplex. Sur le même modèle, elle construit, à l’est, la cité Spinoza sous forme d’une barre en t ; elle réalise également les ensembles Liégat et Marat. Cette vaste opération, étendue dans le temps, a fait connaître Jean Renaudie et a contribué à la réhabilitation de l’image du logement social. Opposé à la logique des « types reproductibles », Jean Renaudie développe une poétique spatiale personnelle fondée sur la différenciation, la diversité et la possibilité offerte à chacun des habitants de s’approprier le lieu qu’il occupe et de s’identifier à lui.

Île-de-France 48°48’44’N / 2°83’15’’E Photographe : Val-de-Marne (94) Alex MacLean Ivry-sur-Seine Auteurs : Jean Renaudie, Renée Gailhoustet

Labellisé Patrimoine du xxe siècle le 16/12/2008 : tour Raspail et centre Jeanne-Hachette

Cité des courtillières 24 Pantin 1956-1965

Réalisée dans le cadre du plan Courant, la cité des Courtillières est la seconde opération de logements sociaux d’Émile Aillaud, conçue peu après la cité de l’Abreuvoir, mais construite durant la même période. L’architecte reprend une série d’éléments : la cité-parc, la barre sinueuse, la tour en tripode, la polychromie affirmée, les contrepoints formels et spatiaux, mais pousse plus loin sa réflexion sur l’habitat et la dimension urbaine. À propos du parti radical d’un espace libre introverti limité par une barre ondulante, Émile Aillaud évoque les villes closes de l’époque médiévale en Italie et les « Crescent » de la ville anglaise de Bath au xViiie siècle. Il introduit une centralité à la fois monumentale et dilatée et s’attache à multiplier les interventions prenant en compte la dimension individuelle.

Île-de-France 48°54’46’N / 2°24’43’’E Programme : Seine-Saint-Denis (93) 1 649 logements HLM. Équipements scolaires Pantin Auteur : et sportifs, commerces, Émile Aillaud, architecte jeux d’enfants.

Labellisée Patrimoine du xxe siècle le 16/12/2008 Photographe : Alex MacLean

La Grande Borne 25 Grigny 1967-1980

La Grande Borne est une œuvre de maturité où Émile Aillaud fait la synthèse des approches successives qu’il a développées précédem- ment : Creutzwald en Moselle, la cité de l’Abreuvoir à Bobigny, les Courtillières à Pantin et l’ensemble du Wiesberg à Forbach. Cette cité a toutes les caractéristiques du style d’Aillaud : le ruban sinueux et continu des bâtiments bas, les ruptures de rythme, le contrepoint des courbes et des droites, la généralisation des procédés de fabrication, le langage affirmé de la couleur, l’intégra- tion de l’art au sein du bâti et la recherche d’un ordre caché dans les façades sous couvert d’un désordre apparent. La Grande Borne sera réalisée sans modifications, contrairement à la Noé à Chanteloup-les-Vignes, qui ne sera exécutée que partiellement. Elle met en jeu une échelle à laquelle l’architecte ne sera plus confronté. Le quartier des patios, situé à l’extérieur du triangle est un ensemble singulier composé de maisons individuelles entièrement à rez-de-chaussée et groupées autour de placettes au traitement formel et plastique particulièrement varié et original.

Île-de-France 48°39’11”N / 2°22’31”E Programme : Essonne (91) 3 685 logements : 3 479 collectifs hLm répartis en six quartiers distincts et 206 logements individuels iLn Grigny Auteur : appelés « Les Patios ». Jeux d’enfants, commerces, Émile Aillaud, architecte. équipements scolaires et crèche.

Labellisée Patrimoine du Photographe : xxe siècle le 16/12/2008 Alex MacLean

Résidence des Grandes Terres 26 Marly-le-Roi 1951-1952

À Marly-le-Roi, l’architecte Marcel Lods est confronté à un site environné d’ensembles architecturaux et paysagers remarquables. Conçu avec l’équipe qui l’avait accompagné sur le concours de la cité Rotterdam à Strasbourg, un premier projet à caractère monumental fut rejeté par le promoteur privé, qui imposa le recours à l’îlot ouvert peu élevé autour d’un jardin, et un usage limité du béton armé. Marcel Lods revendiquera pleinement la paternité de cette opération, qui l’éloigne pourtant de l’orthodoxie du Mouvement moderne : « Toutes les architectures classiques ont toujours été la meilleure solution avec les moyens du jour pour les besoins de la vie du jour. » Marcel Lods s’accommode avec aisance de ces nouvelles contraintes qui ne correspondent pas à ses concep- tions habituelles et parvient à formuler un habile compromis. Les îlots sont intégrés dans la composition sous la forme d’ensembles types ouverts au sud, enchaînés les uns aux autres en décroché. Ces cordons d’unités sont implantés dans un parc pay- sager séparant les piétons des automobiles, rejetées en périphérie. À la fois clair et complexe, le plan-masse reprend la théorie du « zoning » en groupant les équipements qui assurent à l’« unité de voisinage » son autonomie. La résidence des Grandes Terres sera régulièrement saluée comme la meilleure réalisation d’après-guerre de l’architecte.

Île-de-France Auteurs : Programme : Yvelines (78) Marcel Lods, Luc 1 500 logements collectifs en copropriété (logéco*). et Xavier Arsène-Henry, jeux d’enfants, équipements sportifs, centre commer- Marly-le-Roi architectes. cial, chaufferie centrale.

Labellisée Patrimoine du Photographe : xxe siècle le 16/12/2008 Alex MacLean

Résidence du Parc 27 Meudon-la-Forêt 1959-1961

En 1959, une vaste opération de logements destinés à la vente et d’équipements est lancée sur le plateau de Meudon. La mise au point du plan de principe et le zonage sont confiés à l’archi- tecte-urbaniste Robert Auzelle tandis que la conception urbaine et architecturale d’une grande partie de l’ensemble urbain est confiée à Fernand Pouillon. La principale avenue est-ouest sépare, au nord, la partie réalisée d’après Pouillon lui-même et, au sud, la partie réalisée selon ses dessins. La résidence du Parc est la dernière grande opération de Fernand Pouillon dans la banlieue parisienne après Montrouge, Pantin et Boulogne-Billancourt et avant son exil. La composition de cet ensemble urbain est une démonstration réussie de l’utilisation de l’échelle monumentale appliquée à l’architecture domestique. Dans son livre « Mémoires d’un architecte », Fernand Pouillon donne la clé de la compréhen- sion de l’urbanisme mis en œuvre : « Les bassins de Versailles et les allées de son parc me servirent de modèle, l’échelle était définie… » Probablement le plus moderne par son architecture tramée sans concession et sans artifice, cet ensemble témoigne de l’attachement de l’architecte à la ville traditionnelle par l’organisation et l’aménagement des espaces extérieurs, les références urbanis- tiques et l’emploi massif de la pierre en façade.

Île-de-France 48°47’17”N / 2°13’38”E Programme : Hauts-de-Seine (92) 2 635 logements en copropriété. Meudon-la-Forêt Auteur : Commerces, groupe Fernand Pouillon, scolaire, centre civique architecte. (mairie, médiathèque, église et marché). Labellisée Patrimoine du xxe siècle le 16/12/2008 Photographe : Alex MacLean

Quartiers de Sarcelles 28 1954-1976

L’opération a débuté en 1954 par un modeste projet de 440 loge- ments (quatre bâtiments de cinq niveaux) et s’est développée sur vingt-deux années. Elle couvre donc l’ensemble de la période de construction des grands ensembles jusqu’à la circulaire Guichard de 1973 et le début des politiques de rénovation urbaine. Le grand ensemble de Sarcelles se distingue par une architecture singulière. La rigueur de la trame urbaine et l’alignement du bâti sur rue ont permis la création d’une organisation complexe, diversifiée sur le plan du parcours et aérée par l’importance des espaces verts. Plus qu’un ensemble de logements, c’est une ville qui s’est édifiée à Sarcelles entre tradition et modernité. Un plan directeur a été établi en 1960 pour déterminer les grands axes de circulation et la position des principaux équipements, les plans-masses des différents quartiers étant définis au fur et à mesure de l’avan- cement du chantier. Les partis architecturaux et urbanistiques ont évolué : densification du bâti (y compris dans les quartiers déjà construits), abandon des principes fonctionnels au profit du retour à la rue, utilisation de matériaux plus nobles, etc. Jacques Henri- Labourdette a dessiné l’ensemble des plans de logements, ainsi que la plupart des équipements. Des records de productivité ont été bat- tus sur ce chantier, décrit à la fin des années 1950 comme le « plus grand d’Europe », en utilisant cependant des techniques tradition- nelles comme la pierre taillée pour les premières tranches.

Île-de-France 48°58’38”N / 2°23’04”E Photographe : Val-d’Oise (95) Alex MacLean Sarcelles Auteurs : Roger Boileau, Jacques Henri-Labourdette, architectes ; Jean Camand, paysagiste.

Labellisés Patrimoine du xxe siècle le 16/12/2008 : quartiers les Flanades, les Lochères, entrée de ville.

Éléments de biographie

sandrine marc est née en France, en 1979. Diplômée en design graphique de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris (ensad) en 2005, elle travaille depuis en tant que photo- graphe indépendante. Ses recherches portent sur la représentation de l’espace et son appropriation par l’homme. Sa pratique photographique se nourrit de l’ordinaire et propose une approche sensible et poétique des territoires qu’elle explore. cyrus cornut, né en 1978, architecte de formation, exerce aujourd’hui en tant que photographe. Son travail s’oriente sur la ville, sa plastique et ses évolutions, ses traces, ses vides, et sur les comportements humains qu’elle induit. En 2006, son travail sur les villes chinoises est exposé aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles sous la direction artistique de Raymond Depardon. Il est membre de l’agence coopérative Picturetank depuis 2007. À partir de 2011 ses recherches s’orientent également sur la place du végétal dans le paysage urbain, mais aussi vers le paysage rural. jürgen neFzger est né en 1968 à Fürth en Allemagne. Diplômé de l’École nationale nationale supérieure de la photographie d’Arles en 1994, il vit et travaille en France. Depuis 2007, Il enseigne la photographie à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole. Jürgen Nefzger a obtenu en 2008 le prix Niépce pour l’ensemble de son travail. Il est également lauréat de la Villa Medicis Hors les Murs et du Prix Photo de la Galerie nationale du Jeu de Paume en 2006. En 2011 sa dernière publication Fluffy Clouds a reçu le prix du livre photographique en Allemagne. Son travail est représenté par la galerie Françoise Paviot à Paris. aLex macLean, né en 1947 est un photographe américain spécialisé dans les prises de vue aériennes documentaires. Il est détenteur d’un master d’architecture et d’urbanisme à l’université de Harvard. Il explore en avion depuis trente-cinq ans l’environne- ment urbain et paysager des États-Unis en collaboration avec les architectes, les urbanistes et les environnementalistes.

Cité-jardin des Corrues Cité-jardin de Chedde Cité expérimentale La Cité du Grand Clos du Merlan

Lotissement « Sans Souci » Le Parc – Maisons Soprex Village du Merlier Domaine de Saint-Hugues

Hameau du Château II Résidence Saint-Hospice Village des Fourches Les Mûriers

Le Menhir Résidence Les Katikias 24 logements HLM greffés Les jardins de la Pirotterie

Village de vacances Résidence du Pré-Yvelines Le Hameau de Noailles Marina de Talaris Renouveau « Pistons et Cylindres »