20 H Abbaye De Mureau
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DES VOSGES __________ SÉRIE H CLERGÉ RÉGULIER AVANT 1790 20 H Abbaye de Mureau Répertoire numérique détaillé établi par André PHILIPPE , archiviste départemental (1905-1937) présenté par Raymonde FLORENCE Épinal, 1933 / 2004 1 Introduction La date de la fondation de l’abbaye de Mureau 1 n’est pas connue. Elle est certainement antérieure à 1149, car, parmi les souscriptions d’une charte de l’archevêque de Trêves Adalbéron, datée du 15 juin de cette année, figure celle de Guillaume, abbé de Mureau 2. Le père Hugo 3 est bref sur les origines du monastère : des moines prémontrés de Septfontaines 4 vinrent s’établir sur un territoire qui leur avait été donné par Olivier de Neufchâteau et Viard de Rebeuville, appelé Mîrvalt, de Mirum Wald, dont on fit plus tard Mira Vallis par une transformation de la forêt en vallée 5. Le premier titre de 1’abbaye est une confirmation de ses biens par l’évêque de Toul, Henri de Lorraine, en 1157, dont l’original est conservé dans le fonds de Mureau 6. Au cours des XIV e et XIIV e siècles, le domaine de Mureau se forme et s’augmente par les libéralités des seigneurs de Bourlémont : Pierre de Brixey, seigneur de Bourlémont, son frère Simon, Pierre, fils de Simon, puis Joffroi. Les mêmes personnages notifient, approuvent d’autres donations faites par des membres de leur famille ou par d’autres seigneurs, ceux de la Fauche et de Pargny, par exemple. Il semble bien que jusqu’à la fin du XIII e siècle, les seigneurs de Bourlémont aient eu la garde de l’abbaye, mais les dures vexations qu’ils lui infligèrent à plusieurs reprises incitèrent les religieux à rechercher une autre protection. En 1291, Pierre de Bourlémont déclare qu’il renonce à la garde de Mureau, et que cette garde doit être entre les mains du roi de France. Ce dernier, au reste, devra plusieurs fois, au cours du XV e siècle, faire respecter l’« asseurement » promis et violé, et même faire mettre sous séquestre les terres de la seigneurie de Bourlémont. Les ducs de Lorraine, les sires de Joinville, sans avoir été aussi étroitement mêlés à la vie de l’abbaye, n’y sont pas restés étrangers, et lui ont, à l’occasion, prêté leur concours 7. La situation de Mureau aux confins du royaume de France à proximité des terres lorraines, fut des plus critiques au milieu des troubles et des guerres qui désolèrent la région au XIV e et au XV e siècle. L’abbaye fut plusieurs fois pillée, malgré les travaux de fortification derrière lesquels, avec l’agrément du roi, elle avait tenté de se mettre à l’abri des coups de main 8. Au cours de cette même période, et à la faveur de ces horizons troubles, la vie régulière n’est pas davantage à l’abri. Entre 1370 et 1380, un abbé est condamné pour simonie, et l’abbé Pierre Mascelin est assassiné, peut-être par l'un de ses religieux 9. La commende apparaît à Mureau au milieu du XVI e siècle avec l’abbé Christophe de Choiseul 10 ; elle durera, sans interruption. jusqu’à la suppression de la maison. Sous l’abbatiat d’Eric de Lorraine, évêque et comte de Verdun, a lieu, en 1605, la séparation des menses. En août 1621, le R. P. Servais de Lairuels, abbé de Sainte-Marie Majeure de Pont-à-Mousson, et vicaire général de l’ordre de Prémontré, introduit à Mureau la réforme de cet ordre, et réunit ainsi l’abbaye à la congrégation de Sainte-Marie Majeure ou de l’Antique Rigueur 11 . 1 Auj. Vosges, arr t et canton de Neufchâteau, commune de Pargny-sous-Mureau. 2 Benoît Picart, Histoire de la ville et du diocèse de Toul, p. XCI-XCIII : Lefort, Inventaire ou table générale des titres de l’abbaye du Mureau (Archives des Vosges, XX H 137), p. 2 : P. Marot, «Etudes sur l’abbaye de Mureau», Bull. trim. de la Société d’émulation des Vosges, 1923-24, t. à p., p 3 et 4. 3 Annales Praemonstratenses, t. II, col. 308-312. 4 Haute-Marne, arr t de Chaumont, canton d’Andelot, commune de Blancheville. 5 P. Marot, op. cit. , p. 4 et 5, et p. 4, note 3. 6 Arch. des Vosges, XX H 4. 7 P. Marot, op. cit. , p. 5-17. 8 P. Marot, op. cit. , p. 18-25. 9 P. Marot, op.cit. , p.20. 10 Ce premier abbé commendataire avait laissé dans l’abbaye un fort mauvais souvenir, si nous en jugeons par cette note le concernant insérée dans l’Inventaire du P. Morel (XX H 135), f° 96, parmi les instructions relatives à la recherche de titres égarés : Christophe de Choiseul « est celuy qui a le plus ruiné la maison de Mureau comme hérétique ou athée qu’il estoit, qui néanmoins estant enfin marié (en 1563), mourut en extrême misère, infamie et pauvreté en la ville de Chaumont environ l’an mil cinq cents soixante et quattre. Telle vie telle mort ». 11 Servais de Lairuels, né en 1562 à Soignies (Hainaut), d’abord religieux à Saint-Paul de Verdun, coadjuteur, puis abbé de Sainte-Marie-aux-Bois, qu’il transféra en 1607 à Pont-à-Mousson, et à laquelle il donna le nom de Sainte- 2 Les listes d’abbés de Mureau donnent pour successeur à François de Lorraine, évêque de Verdun (1623-1660), Pierre de Gangnières, qui obtint ses bulles en 1661. Mais les documents font connaître trois personnes qui se sont succédé de 1639 à 1661 : Jacques du Drac (1639- 1645), très jeune, puisqu’il dut avoir un administrateur pendant sa minorité ; Henri Le Roy, qui résigna en 1646 . et Quentin Le Maire, chanoine de Châlons, qui, après avoir administré l’abbaye pour Jacques du Drac, fut, le 30 octobre 1646, pourvu par brevet royal. Parmi les derniers abbés commendataires, il y a lieu de citer Gilles Brunet, conseiller au Parlement de Paris, abbé de Villeloin (1668, 1679), et surtout Etienne Bonnot de Condillac, le futur académicien, qui présida, de loin, aux destinées de l’abbaye de 1765 à 1780. L’abbaye fut vendue comme bien national le 21 décembre 1791, à Charles Etienne, de Domremy. pour la somme de 33800 livres. Les archives de l’abbaye 1 Les archives de l’abbaye sont considérables ; un nombre important de chartes originales des premiers siècles de son existence est parvenu jusqu’à nous. Le XII e siècle est représenté par 26 titres ; c’est par plusieurs centaines qu’on les compte pour les XIII e, XIV e 2 et XV e siècles. Si cette importante documentation ne fournit que peu de matériaux à l’histoire de l’abbaye, en tant qu’établissement religieux, elle est de premier ordre pour celle des territoires sur lesquels s’étendaient ses possessions, c’est-à-dire la vallée de la Meuse, de Neufchâteau à Vaucouleurs, avec ses affluents de gauche et de droite, ainsi que les hautes vallées de l’Oignon et de 1a Maldite, origines de l’Ornain. Malheureusement, peu après la division du royaume en départements, la situation de Mureau, sur le domaine royal, mais à proximité des limites de l’ancienne Lorraine, fut cause d’un partage des archives entre les différents départements sur le territoire desquels se trouvaient les anciennes possessions conventuelles, et pour des raisons d’ordre topographique, la Meuse, la Haute-Marne, la Meurthe et la Moselle obtinrent des parts plus ou moins considérables du chartrier 3. En juin 1792, le directoire du district de Neufchâteau adressa au département de la Meuse dix-sept liasses concernant les localités de Boncourt-en-Ornois, Brixey, Birey-la-Côte, Courcelles-sur-Aire, Dainville, Goussaincourt, Longort, Pagny-la-Blanche-Côte, Sauvigny, Vaucouleurs et Vouthon 4 ; la Meurthe reçut pour sa part 14 liasses relatives à Bruley, Bulligny, Chaligny, Charmes-la-Côte, Grimauviller et Hénaménil, Housselmont, Pagney- derrière-Barine, Saulxure-lès-Vannes et Vannes, Toul5. L’envoi à la Haute-Marne ne comportait que 7 liasses pour Cirfontaine, Liffol-le-Petit et Prez-sous-Lafauche 6; enfin, deux pièces furent adressées à la Moselle 7. Nous aurions désiré reconstituer le fonds de Mureau aux Archives des Vosges, qui en possèdent la plus grande partie au moyen de réintégrations, mais les difficultés administratives qu’il y avait lieu de prévoir, les bouleversements qu’aurait créés cette opération dans les archives des départements intéressés, et par la suite dans d’autres régions, si l’exemple avait été suivi, n’ont pas permis de donner suite au projet. Nous nous sommes contenté de reconstituer le fonds sur le papier, et nous avons fait figurer dans l’inventaire sommaire des archives de Mureau les analyses des documents conservés dans les dépôts de la Marie-Majeure. Il mourut en 1631 dans le monastère de Sainte-Marie-aux-Bois. Voy. sur la réforme de Servais de Lairuels. Martin (l’abbé Eugène), Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié , t. II. p. 110-117. 1 Cette notice sur les archives de l’abbaye de Mureau a paru dans le Bibliographe moderne , 1930-31. p. 184-198. 2 285 pour le XIII e,195 pour le XIV e. 3 Arch. des Vosges, série L. 4 Arch. de la Meuse, H. 3 cartons non invent. 5 Arch. de Meurthe-et-Moselle, H. 1087-1093. 6 Arch. de la Haute-Marne, H. 3, liasse non invent. 7 Ces pièces n’ont pas été retrouvées aux Archives de la Moselle, malgré les recherches de notre confrère M. d’Arbois de Jubainville. 3 Meurthe-et-MoseIle, de la Meuse et de la Haute-Marne 1, en indiquant au travailleur où se trouvent ces documents 2.