Sortie cinema le 14 février VIVRE ENSEMBLE D’ SORTIE CINEMA LE 14 FEVRIER

« Dès son carton de générique, Vivre ensemble, premier long métrage signé et interprété en 1973 par l’égérie de la Nouvelle Vague, assume sa fière indépendance (…) Une longue escapade new-yorkaise, tournée d’adieux aux ivresses de la vie de bohème, relevés d’implants documentaires sur les happening spontanés anti-Nixon à Central Park » Joachim Lepastier, LES CAHIERS DU CINÉMA

« Chronique douce-amère sur l’usure des sentiments » Samuel Douhaire, TELERAMA

« Karina capture les états d'âme d'une époque, d'une ville et l'usure des sentiments. Tout en rupture de ton et instants volés. Beau film fugueur sauvé de l'oubli » Julien Welter, GRAZIA

« Magnifique premier film... plein de fougue, de fraîcheur, de lumière » Augustin Trapenard, BOOMERANG, FRANCE INTER

« Un petit bijou d'histoire d'amour tragique entre une jolie actrice et un prof d'histoire dans les années 70 (...) joli film triste, comédie tragique, Anna Karina mêle les deux tons habilement. Et livre de cette époque une vision à la fois originale et fidèle aux souvenirs de ceux qui l'ont connue » Jean-Baptiste Morain, LES INROCKS

« Elle est partie à New-York, « s’est fait plein de copains » dans les milieux underground, en est revenue avec l’envie « assez folle à l’époque » de réaliser un film inspiré de ses « flâneries » parisiennes et new-yorkaises (…) Il est intéressant de revoir Vivre ensemble à l'aune du contexte de libération de la parole des femmes » Stéphane Leblanc, entretien avec Anna Karina, 20 MINUTES

«Témoignage du Quartier latin des années 70 et chronique sentimentale» Gilbert Chevalier, FRANCE INFO « Une chronique stylée, une histoire pleine de tempérament, une découverte à porter tout près des premiers films de Jerry Schatzberg » Virginie Apiou, FESTIVAL LUMIERE

« Un film tellement nécessaire ! Du cinéma à la 1ère personne qui se passe à Saint-Germain-des-Prés et à New York, c'est quelque chose entre More et La Maman et la putain » Coup de cœur d'Eric Neuhoff, Le Masque et la plume, FRANCE INTER

« Le très beau "Vivre ensemble" d'Anna Karina, tourné en 1973 » ALLOCINE

« Vivre ensemble est une rareté. On y respire le parfum d'une époque (...) C'est du cinéma à la première personne. Attention, film-culte» Eric Neuhoff, LE FIGARO « Les films que vous avez faits ont éveillé tant de désirs de cinéma, j’en suis la preuve, car vous avez élevé cet art à ce qu’il a de plus beau et de plus nécessaire » Xavier Giannoli à l'attention d'Anna Karina, NRV, FRANCE INTER

« Réalisé à la sauvette en 1972 par Anna Karina, un témoignage émouvant sur l'époque, la liberté des mœurs, la mobilisation, l'utopie de ne pas travailler. (…) Dès qu'Anna Karina apparaît à l'écran, face à Michel Lancelot, son charme fou opère » David Fontaine, LE CANARD ENCHAINE

« Chronique d'une bohème tragique tournée en mode guérilla (...) Valeur inestimable d'un témoignage précieux sur une époque » L'AVANT SCENE

« Certaines scènes et séquences sont la preuve des talents de metteure en scène de Anna Karina, des prédispositions à la hauteur de l'enthousiasme de François Truffaut qui lui écrivit une très belle lettre pour la féliciter. » FRANCE MUSIQUE

Semaine du 14 février 2018

Anna Karina, l'égérie de Godard fait son come-back

Par AFP, publié le 03/03/2018 à 12:02, mis à jour à 12:02

Anna Karina, le 2 mars 2018 à Paris, afp.com/THOMAS SAMSON

Paris - Muse de Godard, icône des sixties, Anna Karina fait de nouveau parler d'elle à 77 ans avec la reprise de son premier film et la sortie d'un nouvel album, "Je suis aventurière", une épithète qui lui va bien.

Combien de fois s'est-elle mariée? "Oh là là, je préfère ne pas le dire", sourit-elle, lors d'un entretien avec l'AFP. Avant de s'esclaffer: "Moins que Liz Taylor!".

Ses yeux d'un bleu profond, son sourire mi-timide mi- espiègle ont conduit quatre hommes jusqu'au mariage: Jean-Luc Godard bien sûr, les cinéastes Pierre Fabre et Daniel Duval et, depuis 1982, le réalisateur américain Dennis Berry.

"Je suis mariée depuis près de 40 ans avec le même homme", note-t-elle un rien incrédule, attablée devant un verre de rosé dans une brasserie de Saint-Germain-des- Près.

C'est dans ce quartier parisien, où elle vit aujourd'hui, qu'elle fut repérée il y a 60 ans au café des Deux Magots alors qu'elle venait de quitter son Danemark natal à l'âge de 17 ans.

Un jour qu'elle posait pour une revue, "il y avait cette dame extraordinaire qui m'a demandé "Comment tu t'appelles mon petit? ". "'Hanne Karin Bayer'. "Ah non, me dit-elle sur un ton militaire, tu t'appelleras Anna Karina".

"Quand elle est partie j'ai demandé qui c'était. C'était Coco Chanel."

'Un petit côté macho'

La reprise du premier film qu'elle a réalisé et financé, "Vivre ensemble (1973), et la sortie d'une compilation des chansons les plus connues qu'elle a interprétées, éveillent la nostalgie de celle qui fut l'égérie de la Nouvelle Vague.

"C'est extraordinaire, je ne m'y attendais plus", assure-t-elle, les yeux chargés de khôl, ajustant son chapeau. Son deuxième et dernier film, "Victoria", remonte à 10 ans et son dernier album, à 14 ans.

"Vivre ensemble" est l'histoire d'amour d'une jeune marginale avec un homme à la vie bien rangée. Alain finit par sombrer dans la drogue et l'alcool et elle, à l'inverse, rentre dans le rang.

"C'est un portrait de l'époque de ma jeunesse. J'ai vu des gens autour de moi sombrer et mourir", se souvient-elle.

Le film vient rappeler qu'Anna Karina a été la première comédienne à réaliser à l'époque un long-métrage. "Tout le monde disait ‘Comment ose-t-elle’. Il y avait un petit côté macho."

"Je me suis dit je vais utiliser un nom d'homme, car j'avais peur de la réaction."

Alors qu'elle avait joué dans plus de 30 films, le fait de passer de l'autre côté de la caméra l'a grisée. Elle savait toutefois qu'elle n'était pas "Godard qui peut tout faire en cinq minutes".

Pour celle qui n'a presque pas connu son père et qui a été délaissée par sa mère, la rencontre à 21 ans avec l'un des réalisateurs phares du cinéma mondial a été une chance mais ne lui a pas apporté la protection qu'elle recherchait.

"Nous nous sommes beaucoup aimés. Mais c'était compliqué de vivre avec lui", confie la comédienne.

'Faut dire stop'

"C'était quelqu'un qui pouvait dire ‘Je vais chercher des cigarettes’ puis revenait trois semaines plus tard. C'était une époque où il n'y avait ni smartphone, ni répondeur".

Elle se souvient des lunettes noires de Godard qui lui "faisaient peur" au début, avant de trouver "magnifiques ses grands yeux en amande". Leur relation été marquée par un drame, la perte de l'enfant qu'elle portait.

La dernière fois où le couple mythique s'est retrouvé, c'était il y a plus de 20 ans. Depuis, aucun contact.

"Il est en Suisse et n'ouvre pas la porte", dit-elle. "Non, ça ne me rend pas triste. C'est sa vie après tout."

Interrogée sur l'affaire Weinstein, Anna Karina dit avoir toujours su dire non. Non à Godard pour un rôle dans "A bout de souffle" parce qu'il comprenait une scène dénudée. Non à cet attaché de presse du film "Une femme est une femme" qui l'a accueillie à la porte de son appartement, presque nu.

"J'étais tellement choquée que j'ai dévalé l'escalier et failli me casser la gueule."

"Quand la femme ne veut plus, faut dire stop. Et on a le droit de changer d'avis."

03/03/2018 12:02:26 - Paris (AFP) - © 2018 AFP

Quotidiens

Le Figaro 20 minutes L’Humanité Ouest France L’Union

14 février 2018

14 février 2018

Anna Karina: « Des Harvey Weinstein, il en existait déjà dans les années 1960 »

CULTE En 1973, l’ancienne égérie de Godard Anna Karina sortait « Vivre ensemble », premier film sur une relation conjugale orageuse qui pourrait fort bien se dérouler aujourd’hui…

Stéphane Leblanc - Publié le 14/02/18 à 09h15 — Mis à jour le 14/02/18 à 09h15

Vivre ensemble d'Anna Karina: l'histoire d'un couple de 1973 aux résonances très actuelles — MALAVIDA

Elle est l'icone de la Nouvelle vague. Jean-Luc Godard en a fait sa muse en lui inventant quelques répliques cultes : « Tu es infâme - Non, je suis une femme » dans Une femme est une femme. Ou le fameux « J’sais pas quoi faire, qu’est-ce que je peux faire ? » de Pierrot Le Fou. Après la séparation d’avec Godard, la question s’est posée.

Anna Karina a tourné pour Visconti ou pour Cukor, chanté pour Gainsbourg, « quelqu’un de très élégant, sérieux dans le travail mais avec beaucoup d’humour dans la vie : On mangeait du fromage, on buvait du vin rouge, on plaisantait en verlan, personne ne comprenait rien… » Elle a connu mai 1968, « mais les gens de mon âge ne s’en rappellent plus », sourit-elle…

Anna Karina derrière la caméra en 1973 pour son film Vivre Ensemble - SND

Elle est partie à New York, « s’est fait plein de copains » dans les milieux underground, en est revenue avec l’envie « assez folle à l’époque » de réaliser un film inspiré de ses « flâneries » parisiennes et new-yorkaises…

Coup de foudre à la terrasse d’un café

« Je voulais faire un portrait de cette époque, comment on tombe amoureux rien qu’en se croisant à la terrasse d’un café, une histoire d’amour entre deux jeunes gens dont les caractères s’inversent au milieu du film. » Un professeur d’histoire, assez sérieux au départ (le journaliste de radio Michel Lancelot), lâche son travail au contact d’une jeune femme plus fantaisiste que lui. Elle vit au jour le jour, tombe enceinte, devient plus responsable au fur et à mesure que lui perd pied. « Ce genre de revirement, note Anna Karina, cela arrive dans la vie. »

Très vite, le charme vire aux drames… dont les résonances peuvent paraître très actuelles. Si ce n’est que la violence conjugale à l’époque était peut-être moins dirigée vers l’autre que faite de coups portés à soi-même. « On était nombreux à mourir d’overdose », souligne Anna Karina. Le tabac, l’alcool et la drogue occupent une place de choix dans le film.

« Une actrice réalisatrice, pensez donc »

Vivre ensemble, la comédienne a commencé à l’écrire sous pseudonyme, avant de le sortir sous son nom en 1973, après sa sélection à la Semaine de la critique, à Cannes. « Il y avait déjà quelques femmes comme Agnès Varda qui faisaient des films, bien sûr, mais une actrice, pensez donc… »

Nicole Garcia, Julie Delpy, Maïwenn ou Valeria Bruni Tedeschi étaient encore loin d’avoir fait leurs premiers pas derrière la caméra. « Moi, je trouve ça très bien, mais dans le contexte assez macho des années 1960-1970, c’était rarissime. J’étais une des premières… Certains m’ont encouragé, mais ils attendaient de voir le résultat ! » Si Anna Karina a réussi à imposer dans son équipe une scripte qui était un garçon, « un script boy », son scénario, elle l’a écrit « au départ sous un faux nom qui sonne anglo saxon : Wally », se souvient-elle. Mais elle a vite laissé tomber le pseudo. « Cela ne faisait pas sérieux et ce n’était pas la peine pour un film que j’ai produit avec mes petits sous. »

Outre sa fantaisie, l’intérêt de ce film pour lequel Anna Karina ne doit rien à personne, c’est de le revoir à l’aune de la vague actuelle des #MeToo et autres #BalanceTonPorc. « Des Harvey Weinstein, il en existait déjà à mon époque, lâche Anna Karina. Je ne vous dirai pas les noms, mais il m’est arrivée d’être reçue, quand j’étais toute jeune, par un attaché de presse nu sous son peignoir. A ses côtés, il y avait une célèbre actrice que j’ai reconnue, à moitié à poil… Je suis partie en courant au point de manquer de tomber dans les escaliers. C’est bien qu’on en parle aujourd’hui, mais ce n’est pas nouveau… »

Une âme soeur pour Godard

Même chose pour des mots ou des gestes qu’on jugerait aujourd’hui au mieux maladroits, au pire déplacés. A l’évocation d’une annonce que Jean-Luc Godard a passé en 1960 dans le Film Français afin de trouver « une comédienne et une âme soeur » pour Le Petit soldat, la comédienne bondit : « En tant que Danoise, je ne savais pas ce que ça voulait dire, "âme soeur". Mais quand j’ai compris que c’était assez olé-olé, ça m’a choquée. Je ne voulais plus faire le film. » Godard est venu jusqu’à son domicile lui présenter ses excuses, avec un bouquet de 50 roses. Anna Karina a tourné le film et quelques autres après lui.

Par ici les sorties par Vincent Ostria

Vendredi, 16 Février, 2018 - L'Humanité

Vivre ensemble d'Anna Karina (reprise)

Vie de bohème. La chronique d’un amour libre entre un prof de lycée et une jeune vendeuse. Un film oublié de 1973, réalisé par l’actrice Anna Karina, dont l’intérêt majeur réside dans sa manière de capter l’air du temps de son époque. Cette fiction où on laisse la caméra tourner même lorsque sur le plan dramaturgique il ne se passe pas grand-chose, et lorsque les personnages se contentent de s’esclaffer ou de boire, s’avère un des meilleurs témoignages sur cette période en France (et à New York où il se déroule en partie). Son aspect documentaire est même plus saisissant que la relation en dents de scie du couple incarné par Karina et Michel Lancelot (célèbre animateur radio de l’époque). Un formidable instantané, parfaitement restauré.

Caen. Anna Karina au Lux lundi pour son film Vivre ensemble

#Caen - Raphaël FRESNAIS. Publié le 15/02/2018 à 19:43 Anna Karina sort en version restaurée Vivre ensemble , film sur l’usure des sentiments qu’elle a réalisé en 1973. L’actrice culte vient le présenter lundi 19 février au cinéma Le Lux à Caen.

L’égérie de la Nouvelle Vague et muse de Jean-Luc Godard a aujourd’hui 77 ans. En pleine gloire, l’actrice d’ Une femme est une femme était passée en 1973 de l’autre côté de la caméra pour réaliser Vivre ensemble, qui restera longtemps son premier film puisqu’elle attendra 25 ans pour tourner le suivant, Victoria .

Anna Karina est en réalité des deux côtés de la caméra puisqu’elle interprète dans ce film le rôle d’une jeune femme bohème vivant une histoire d’amour contrariée avec un professeur petit-bourgeois incarné par Michel Lancelot. De Saint-Germain-des-Prés à New York, le couple se délite sur fond de Paris d’après 68 et de contestation de la guerre du Vietnam.

Ce lundi 19 février 2018, le Lux organise une projection de Vivre ensemble , suivie d’une rencontre avec Anna Karina à 20 h 45. Diffusé en DVD en septembre, ce film vient de sortir en version restaurée.

Caen. Anna Karina au Lux lundi pour son film Vivre ensemble

#Caen - Raphaël FRESNAIS. Publié le 15/02/2018 à 19:43 Anna Karina sort en version restaurée Vivre ensemble , film sur l’usure des sentiments qu’elle a réalisé en 1973. L’actrice culte vient le présenter lundi 19 février au cinéma Le Lux à Caen.

L’égérie de la Nouvelle Vague et muse de Jean-Luc Godard a aujourd’hui 77 ans. En pleine gloire, l’actrice d’ Une femme est une femme était passée en 1973 de l’autre côté de la caméra pour réaliser Vivre ensemble, qui restera longtemps son premier film puisqu’elle attendra 25 ans pour tourner le suivant, Victoria .

Anna Karina est en réalité des deux côtés de la caméra puisqu’elle interprète dans ce film le rôle d’une jeune femme bohème vivant une histoire d’amour contrariée avec un professeur petit-bourgeois incarné par Michel Lancelot. De Saint-Germain-des-Prés à New York, le couple se délite sur fond de Paris d’après 68 et de contestation de la guerre du Vietnam.

Ce lundi 19 février 2018, le Lux organise une projection de Vivre ensemble , suivie d’une rencontre avec Anna Karina à 20 h 45. Diffusé en DVD en septembre, ce film vient de sortir en version restaurée.

Caen. Anna Karina « hologrammée » par un réalisateur caennais

Par Raphaël FRESNAIS. | Publié le 23/02/2018 à 19:31

Le réalisateur caennais Thomas Aufort a profité de la venue d’Anna Karina au Lux pour lui proposer un tournage en mode « fantôme » qui pourrait être le premier épisode d’une série.

Connu pour ses nombreux clips et son film The mouth , moyen-métrage sur le beatbox tourné à New York, Thomas Aufort est à la fois réalisateur et responsable du vidéo club du Lux. Profitant de la présence de la mythique Anna Karina lundi au Lux, il lui a proposé de figurer dans une petite scène faisant écho à son nouveau film Holographia .

Grâce à quatre caméras et une petite pyramide reflétant les quatre faces de l’actrice, le cinéaste caennais a capté son hologramme à la manière d’une technique d’illusion optique dite Spectre ou fantôme de Pepper.

« Elle s’est très gentiment prêtée au jeu et a déclamé de mémoire le poème Green de Verlaine, raconte Thomas Aufort. C’est un honneur de tourner avec une telle légende. C’est un peu comme si je l’avais cryogénisée ou immortalisée. »

Le réalisateur rêve désormais d’une série sur ce thème et de saisir l’hologramme d’acteurs cultes tels qu’Édith Scob et Max von Sydow. En attendant, Holographia est en cours de mixage et promet de sortir cet été en festivals. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)

Hebdomadaires

Télérama Télérama sortir Les Inrocks L’Obs Grazia Le Canard enchainé L’Hebdo du vendredi

“Vivre ensemble”, les premiers pas d’Anna Karina derrière la caméra

Samuel Douhaire - Publié le 28/10/2017. Mis à jour le 27/10/2017 à 12h16.

C’est le week-end et donc le moment de passer en mode écran total avec notre sélection VOD et DVD. Au menu, une chronique douce et amère sur l’usure des sentiments, le premier film d’Anna Karina. Mais aussi “L’Amant d’un jour” de Philippe Garrel… Et bien d’autres merveilles à découvrir... “Vivre ensemble”

En 1973, Anna Karina se lance, sans argent ou presque, dans la réalisation. Le héros de Vivre ensemble est un jeune professeur à la vie tranquille (Michel Lancelot), qui tombe amoureux d’une jeune femme marginale (Anna Karina elle-même). Leurs chemins vont finir par se séparer mais pas de la manière attendue : alors que Julie la fantasque se range peu à peu, Alain, lui, se révolte contre le conformisme « bourgeois » et l’ennui.

L’esprit de la Nouvelle Vague, dont l’actrice fut l’une des égéries grâce aux films de Jean-Luc Godard, se retrouve dans cette chronique douce-amère sur l’usure des sentiments tournée entre le Quartier latin de Paris et les rues du New York underground. Un premier film touchant jusque dans ses maladresses. Après ce coup d’essai, Anna Karina attendra trente-cinq ans avant de repasser derrière la caméra pour Victoria, tourné en 2008 au Canada.

Vivre ensemble (1973). En VOD sur la plupart des plateformes, en DVD M6 Vidéo. Au cinéma le 14 février, Malavida Films.

Semaine du 14 février 2018

Resortie de "Vivre ensemble" d'Anna Karina (1973) : les années 70 comme chez vous

09/02/18 16h48

Par Jean-Baptiste Morain

Ecrit, produit, réalisé et joué par la muse de Godard, un petit bijou d'histoire d'amour tragique entre une jolie actrice et un prof d'histoire dans les années 70.

Ce qui frappe d'emblée le spectateur du premier film d'Anna Karina (elle en a tourné deux), c'est l'atmosphère - j'allais presque dire l'odeur - du Paris du début des années 70. Tourné avec des moyens réduits (la même année et dans le même quartier que Jean Eustache pour La Maman et la Putain), il donne de Paris, ses cafés, une image à la fois colorée et joyeuse, peut- être grâce à la jolie mélodie de Claude Engel. Pourtant, le récit passe très rapidement de la comédie au drame.

Vivre ensemble raconte une histoire d'amour entre un homme et une femme. Alain, la trentaine (le journaliste d'Europe 1 Michel Lancelot, très connu à l'époque et mort en 1984), est prof d'histoire au lycée Montaigne et vit avec une femme. Un matin, il rencontre par hasard une jeune femme assise à la terrasse d'un café de Saint-Germain-des-Prés. C'est Julie (Anna Karina), actrice, aventurière, drôle, piquante, jolie (Anna Karina, quoi !) qui gagne de l'argent on ne sait trop comment car elle ne semble pas travailler... Ils couchent ensemble. Alain quitte sa compagne et vient vivre dans le petit appartement de Julie. Il se désintéresse très rapidement de son métier, l'abandonne. Julie lui annonce qu'ils vont partir vivre quelque temps à New York.

Là, finalement autant "fictionneuse" que documentariste, Anna Karina montre Central park, les groupes d'activisites anti-guerre du Vietnam qui organisent des happenings. De la Nouvelle Vague, au fond, elle a retenu l'idée de filmer dans la rue la réalité qui se présente à elle.

Anna Karina

Anna Karina

Entre Alain et Julie, ça ne va plus comme au premier jour. Même si Julie attend désormais un enfant, Alain boit de plus en plus de whisky, consomme de plus en plus de drogue, et ils n'ont plus d'argent. D'habitude, pourtant, Julie en trouve toujours, sans qu'on sache trop comment et Alain n'aime pas ça. Comme il n'est pas sûr que leur enfant soit tout à fait de lui... Ils rentrent à Paris et Alain se détruit de plus en plus. Anna, elle, devient plus sérieuse depuis qu'elle est mère. Elle travaille.

Joli film triste, comédie tragique, Anna Karina mêle les deux tons habilement. Et livre de cette époque une vision à la fois originale et fidèle aux souvenirs de ceux qui l'ont connue. Ce temps par exemple où (comme dans le très beau film d'Aurélia Georges, Un homme qui marche, tourné beaucoup plus tard) l'on débarquait chez ses amis sans prévenir et où la porte n'était jamais fermée à clé.

Vivre ensemble d'Anna Karina (Fr, 1973, 1h30) avec elle-même, Michel Lancelot, Viviane Blassel, Bob Askloff, Monique Morelli, Jean Aurel.

Michel Lancelot, Anna Karina

Cinéma Blow Up revient en vidéo sur la carrière d'Anna Karina

PAR Mathieu Champalaune - 15/02/18 11h36

Blow Up revient sur la carrière de l'une des égéries de la Nouvelle Vague, Anna Karina. L'actrice d'origine danoise a beaucoup tourné avec Jean-Luc Godard, de Une femme est une femme à Pierrot le Fou, en passant par Alphaville, mais a été aussi la Religieuse de Diderot dans le film de Jacques Rivette qui fit tant polémique.

On a pu aussi la voir dans des films de Luchino Visconti, Rainer Werner Fassbinder, Raoul Ruiz, ou au côté de Philippe Katerine. Elle est aussi réalisatrice, avec son film Vivre ensemble qui est justement ressorti en salle ce mercredi 14 février.

N°2780 - Semaine du 15 au 21 février 2018

David Fontaine, 14 février 2018

« Je ne fais rien, je m’amuse, je suis comédienne »

Anna Karina, figure, voix et visage du cinéma de la Nouvelle Vague, revient sur nos écrans. Avec Malavida Films, le premier film qu’elle a réalisé, « Vivre Ensemble », est ressorti le 14 février dernier, 46 ans après sa sortie initiale. Ce long-métrage incarnait alors la fougue et la fraîcheur d’un couple qui se noue et se dénoue dans l’insouciance et la soif de vivre de l’après-guerre.

En présentant son film dans les cinémas de toute la France, Anna Karina fait perdurer l’aventure de « Vivre ensemble », plus de 45 ans après. (© La Comète / DR)

Réaliser un film en 1972, comment était-ce ? « C’était assez compliqué. Les comédiennes ne faisaient pas de films, à part peut-être Agnès Varda. J’ai eu envie de faire un film… J’avais déjà quelques films derrière moi, ceux de la Nouvelle Vague, et j’ai eu envie de faire le mien, avec mes propres moyens. J’avais quelques petits sous, et je me suis lancée là-dedans. Depuis, il y a eu une grande ouverture : beaucoup de femmes font des films, des téléfilms. Mais en 1972, j’ai réuni mes économies et j’ai écrit, réalisé et produit mon film. J’avais une toute petite équipe, sur quatre semaines, New York compris. Agostini a construit un petit décor dans mon appartement parisien, et c’était pratique : je pouvais loger et nourrir mes comédiens, et même parfois les figurants. On a tourné à New York, et heureusement, je connaissais bien cette ville pour y avoir vécu. J’y ai retrouvé des amis qui m’ont aidée, pour trouver des véhicules, un hôtel. On a loué une très très grande chambre pour 25 dollars, et on a tous dormi ensemble ! On n’avait pas vraiment le droit de tourner dans l’hôtel… On a caché la caméra, mais j’imagine qu’il y a prescription ! »

Comment le film a-t-il été reçu ensuite ? « J’ai été sélectionnée par la Semaine de la critique à Cannes ! Il y avait des journalistes de tous les pays qui m’ont sélectionnée et j’étais fière de ça. C’était une autre époque ! Et j’ai voulu faire le portrait de cette époque-là, justement, en l’observant. »

Et comme vous observez le monde, le couple de « Vivre ensemble » serait-il le même si le film était tourné en 2018 ? « Je ne sais pas vraiment. Il serait forcément différent. Aujourd’hui, avec les réseaux, les portables, ça change l’époque, ça change le couple. En plus de quarante ans, les données ne sont plus les mêmes, les mentalités non plus. Avant, on se parlait en face à face ! Les répondeurs n’existaient même pas, et quand on se ratait, on se ratait… »

Comment votre film est-il accueilli depuis le 14 février, dans nos salles ? « Pas mal ! Je suis assez étonnée. C’est un miracle que ce film ressorte, qu’il soit à nouveau distribué partout en France, grâce à Malavida. Je fais beaucoup d’interviews, à la télé, à la radio, et je rencontre des cinéphiles, un autre public. C’est étonnant que l’aventure reprenne, si longtemps après ! »

Vous avez inspiré beaucoup de grandes personnalités, durant votre carrière. Et vous, qui vous inspire ? « Ce qui m’inspire, ce sont les gens qui ont envie de faire des choses, d’aller vers l’avant. Il faut toujours essayer de faire quelque chose de bien, de beau, de chouette. J’aime beaucoup les gens : on ne peut pas me l’enlever. Bon, évidemment, les méchants, je les évite. Mais j’aime aller vers les gens, qu’ils viennent vers moi. Et c’est vraiment ces échanges qui m’inspirent, chaque jour. »

Vous voudriez refaire un film ? « J’en ai refait un, depuis, « Victoria »… Mais un autre, non. Maintenant j’écris des chansons, des contes pour les enfants. J’aime rester un peu tranquille. Et puis, vraiment, c’est trop dur de faire un film… »

Propos recueillis par Agathe Cèbe

« Vivre ensemble », de et avec Anna Karina, samedi 24 février, à 18 h à la Comète de Chalons, et dimanche 25 février, à 18 h au cinéma Opéra de Reims, en présence de l’actrice réalisatrice.

Mensuels

Les Cahiers du cinéma Studio Ciné Live So Film Trois couleurs

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News

Semaine du 14-2-18

À l’occasion de la ressortie en salles de Vivre ensemble (1973), l’un des deux films réalisés par Anna Karina, Blow Up s’est attelé à une tâche difficile : revenir sur la carrière de l’actrice d’origine danoise, de ses débuts dans une pub de savon à bulles des années 1950 à son tandem formé avec Philippe Katerine à la fin de la décennie 1990 en passant par son histoire d’amour iconique avec JLG dans les années 1960. Car c’est à travers ses célèbres regards- caméra empreints de douceur et d’amertume que Godard a fait d’Anna Karina un visage phare de la Nouvelle Vague. Le couple, pas mal médiatisé, avait même joué dans le burlesque et poétique Les Fiancés du Pont MacDonald (1961), court métrage qui s’insérait dans Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda. Mais Anna Karina existe aussi sans la figure écrasante de Jean-Luc Godard, rappelle intelligemment Blow Up : son attitude rebelle dans le couvent étouffant de Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1962) de Jacques Rivette l’annonçait, son rôle dans la comédie musicale Anna (avec Jean-Claude Brialy et , à qui on doit la B.O et le titre « Sous le soleil exactement ») l’a confirmé. L’émission a même exhumé un film qui titille beaucoup notre intérêt : L’invention de Morel (1974) d’Emidio Greco, dans lequel un naufragé, perdu sur une île déserte dépeuplée, rencontre une étrange femme, incarnée par une Anna Karina intrigante. Réalité ou hallucination ? Tout au long de sa carrière, l’actrice et réalisatrice a parfaitement semé le doute.

Bimestriel

La Septième Obsession

N°15 – mars-avril 2018

Radios

Boomerang – France inter Le Nouveau rendez-vous – France inter Le Masque et la Plume – France inter Article de Anne Audigier – France inter On aura tout vu – France inter Chronique de Gilbert Chevalier - France info Etonnez-moi Benoît – France musique Le Social Club – Europe 1

Ensemble avec Anna Karina Vendredi 9 février 2018 - 31 minutes https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-09-fevrier-2018

Elle est l’un des visages et l’une des voix les plus iconiques de la Nouvelle Vague. Vous la connaissez comédienne et chanteuse, mais elle est aussi réalisatrice. "Vivre Ensemble", son premier film, sorti il y a 45 ans, sera de nouveau sur les écrans dès le 14 février. Anna Karina est l'invitée d'Augustin Trapenard.

Anna Karina en mai 2016 à New york © Maxppp / Dennis Van Tine

"Alain, la trentaine, est professeur d'histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. A Saint- Germain-des-Prés, il rencontre Julie, femme fantasque et très libre, et quitte peu de temps après Sylvie. L'insouciance le gagne : souvent absent à ses cours, il finit par ne plus aller travailler. Julie décide de partir en vacances avec lui à New York, où, en pleine vie de bohème, elle lui annonce qu'elle est enceinte. De retour à Paris, Alain a beaucoup changé ; il boit, se drogue, et passe de boulot en boulot. L'arrivée de l'enfant change également Julie, qui devient plus sérieuse et travaille. A la suite d'une querelle, Alain part ; il s'installe chez Jacky, un copain. Julie, apprenant son état de délabrement par une amie, part à sa recherche." (site de Malavida)

Je suis une aventurière, le nouveau disque d'Anna Karina réunissant ses plus beaux titres et plusieurs inédits, sortira le 23 février.

Carte blanche

Pour sa carte blanche, Anna Karina a choisi le poème Green, de Paul Verlaine.

Programmation musicale

Anna Karina - Sous le soleil exactement / Nerd, Kendrick Lamar - Don’t do it

Les invités : Anna Karina, actrice, réalisatrice, chanteuse et romancière

Programmation musicale, NERD, KENDRICK LAMAR, DON T DON T DO IT (FEAT. KENDRICK LAMAR), 2017

L'équipe

 Augustin Trapenard Producteur  Lola Costantini Réalisatrice  Valentine Chédebois Attachée de production  Léonard Billot Attaché de production  Pierre Martinerie Attaché de production

La réédition de "Vivre ensemble", le premier film d'Anna Karina, et son best of "Je suis une aventurière" qui compile ses meilleurs titres ; à ses côtés Xavier Giannoli pour son nouveau film "L'Apparition". En live dans l'instant V de Valli, la french pop de Pauline Croze pour son nouvel album "Ne rien faire" !

Anna Karina et Xavier Giannoli © Dennis Van Tine/Maxppp et YOHAN BONNET / AFP

En 1973 l'actrice fétiche de Jean-Luc Godard, Anna Karina, réalisait son premier film. Tourné en seulement 4 semaines et avec peu de moyens, Vivre ensemble esquisse le récit de deux intimités, et évoque la difficulté d’être deux. C’est aussi la chronique d’une époque, celle de la guerre du Vietnam, des années 70 à Paris ou à New-York.

Anna Karina interprète Julie, trentenaire destructurée qui prend doucement le chemin de l’âge adulte. La version restaurée du film sort en salles au reflet Médicis le 14 février, et est distribuée par Malavida Films. Anna Karina a joué pour les plus grands : Michel Deville, Jacques Rivette, Luchino Visconti, Rainer Werner Fassbinder, Eric Rohmer…Et souvent, elle chante aussi.

Dans Une femme est une femme, elle interprète la chanson d’Angela, écrite par Jean Luc Godard et composée par Michel Legrand, et Gainsbourg a créée pour elle une comédie musicale, Anna. En 2010, elle enregistre un album Une histoire d’amour, écrit par Philippe Katerine. Son CD best of Je suis une aventurière sort le 23 février. Il compile les meilleurs titres de l’icône de la nouvelle vague : une rétrospective de sa carrière en chanson.

Les invités

 Anna Karina Actrice, réalisatrice, chanteuse et romancière  Xavier Giannoli Réalisateur, scénariste et producteur

L'équipe

 Laurent Goumarre Producteur  Valli productrice, animatrice  Benoit Lagane  Christophe Bourseiller  Stéphane Leguennec Réalisateur  Jérôme Boulet Réalisateur  Juliette Médevielle Assistante réalisatrice  Marion Guilbaud Programmatrice des lives  Jean-Baptiste Audibert Programmateur musical  Virginie Rouzic Attachée de Production  Corinne Valente Attachée de production  Margot Page Stagiaire

Mots-clés : Culture Cinéma chansons cinéma français

Le masque et la plume, émission du 11 février 2018

Jérôme Garcin : Le conseil d'Éric !

Eric Neuhoff : « Vivre ensemble, un film d'Anna Karina qui sort mercredi qui date de 73. C'est vraiment une rareté -moi je ne l'avais pas vu- et c'est un film tellement nécessaire ! Du cinéma à la première personne qui se passe à Saint-Germain-des-Prés et à New York, c'est quelque chose entre More et La Maman et la putain. C'est le premier film réalisé par une actrice française.

Jérôme Garcin : il paraît qu'elle va sortir un album de chansons...

Eric Neuhoff : Oui, de reprises inédites, je n'ai pas très bien compris. [tout le monde s'interroge sur cette notion de « reprises inédites]...un truc bizarre. Le film est avec Michel Lancelot qui était le journaliste d'Europe 1 et vraiment, une curiosité, il faut voir ça. C'est le cinéma français indépendant des années 70 fait avec des bouts de ficelle et on sent vraiment la nécessité qu'avait cette fille de tourner ce film-là.

"Vivre ensemble" d'Anna Karina, ou comment redécouvrir le Quartier Latin des années 70

Publié le vendredi 9 février 2018 à 10h56, par Anne Audigier@Anne_A09

Au début des années 70 Anna Karina raconte sur grand écran le délitement d'un couple et nous la suivons dans ses déambulations à Paris, puis à New York. Le film ressort ces jours-ci, comme le témoignage d'une époque et nous donne l'occasion d'évoquer le parcours atypique d'Anna Karina.

Anna Karina © Getty Elle doit son nom à Coco Chanel

Chanteuse, mannequin, actrice, Hanne Karin Bayer débarque à Paris en 1957, à tout juste 17 ans. C'est à cette époque là qu'elle croise Coco Chanel qui lui invente son nom, Anna Karina, et qu'elle rencontre Jean-Luc Godard, alors journaliste au Cahiers du Cinéma.

Pour l'anecdote, elle refuse un petit rôle dans A bout de souffle parce qu'il comprend une scène dénudée. Malgré ce refus, Godard l'épouse et la fera tourner dans une demi douzaine de films.

Bien que son nom reste inexorablement lié à celui de Godard, Anna Karina a travaillé avec succès avec beaucoup d'autres réalisateurs parmi lesquels Agnès Varda, Luchino Visconti, Jacques Rivette, Raoul Ruiz.

La réalisatrice

En 1973 elle fait ses débuts de réalisatrice avec Vivre ensemble dans lequel elle joue également.

Tourné en quatre semaines, avec très peu de moyens, le film est une chronique sentimentale sur la difficulté d’être deux.

Elle y est Julie, trentenaire désordonnée et fantasque, qui prend doucement le chemin de l’âge adulte. À contre-courant, Alain, qu'interprète Michel Lancelot, refuse, lui, le conformisme et l’ennui. Les personnages entreprennent des trajets contraires, asynchrones, jusqu’au point de divergence absolue.

Le film est une succession d'instants volés et de scènes disparates, une flânerie dans le quartier latin que la jeune réalisatrice justifie ainsi dans la revue "jeune cinéma" en octobre 1973 :

Dans la vie, on ne se rappelle que des moments

Les scènes d'intérieur ont été tournées dans son triplex que le directeur de la photographie, Claude Agostini, réussit à transformer en studio, faisant de son salon, le plateau et de sa cuisine, la régie.

Vivre ensemble fut sélectionné par la Semaine de la Critique à Cannes en 1973.

Le film ressort en version restaurée le 14 février. Une restauration menée à bien grâce, notamment, à une aide du CNC et une campagne de crowdfunding

La chanteuse

En parallèle, Anna Karina poursuit sa carrière de chanteuse.

En 1967, Sous le soleil exactement et Roller Girl sont d'énorme succès. Ces titres de Serge Gainsbourg sont extraits de la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik. Elle y chante sept morceaux aux côtés de Serge Gainsbourg et de Jean-Claude Brialy.

Quelques années plus tard, au début des années 80, elle chante au Palace.

A l'aube des années 2000, elle travaille avec Philippe Katerine sur un album intitulé Une histoire d'amour. Dans la foulée, elle part en tournée dans les principaux festivals en France et à l'étranger.

Ces dernières années, elle a écrit deux contes musicaux inspiré de son compatriote Hans Christian Andersen : Le vilain petit canard (2010) et La petite sirène (2013)

On aura tout vu par Christine Masson, Laurent Delmas

Samedi 17 février 2018

Christine Masson : On finit par une reprise, puisqu’elle vous tient à cœur, c’est Vivre ensemble d’Anna Karina.

Laurent Delmas : Oui, 1973, écrit et réalisé par Anna Karina, avec un acteur qui ne l’était pas, Michel Lancelot, qui était un grand homme de radio, et c’est notamment un beau portrait en duo du Paris des années 70 et du New York formidable des années 70.

Le 12 | 14 : Ersin Leibowitch Chronique de Gilbert Chevalier

« Je signale une réédition, ressortie d’un film restauré d’Anna Karina, actrice fétiche de Jean-Luc Godard. Ça s’appelle Vivre ensemble, avec elle-même et le journaliste Michel Lancelot- ça vous dit quelque chose- connu à l’époque pour l’émission Campus. Le film a été tourné en quelques semaines avec très peu de moyens, film on va dire témoignage du Quartier latin des années 70, chronique sentimentale plutôt pessimiste. Vivre ensemble, donc d’Anna Karina, ressort en version rénovée, restaurée. »

Samedi 10 février 2018 - 1h 30mn

Avec Anna Karina, actrice-réalisatrice du film "Vivre Ensemble" Sortie Nationale en salles le 14 Février 2018

"J'avais écrit un petit scénario, je voulais le faire pour par trop cher, je l'ai coproduit avec mon propre argent et un distributeur. Il y a eu à peine cinq semaines de tournage..." Anna Karina

Anna Karina pendant le tournage du film Jeux pervers, © Getty / Terry O'Neill

"... Mon chef opérateur Claude Agostini était très bricoleur, très adroit, il avait fait un studio à l'intérieur de mon ancien appartement du Panthéon" Anna Karina

*"Vivre Ensemble" un film de Anna Karina (1973) avec Bob Askloff, Anna Karina et Monique Morelli. Sortie Nationale en salles le 14 Février 2018

Premier film d’Anna Karina en tant que réalisatrice qu’elle interprète également aux côtés de Michel Lancelot. "Vivre ensemble" a été conçu en quatre semaines et demi en 1972.

Le film en résumé... Alain, la trentaine, est professeur d’histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. A Saint-Germain-des-Prés, il rencontre Julie, une fille fantasque et très libre. Alain quitte Sylvie, et s’installe chez Julie. L’insouciance le gagne, il finit par ne plus aller travailler. Pour les vacances, Julie décide d’aller avec Alain à New York où ils s’immergent dans la bohème de Greenwich Village et rencontrent les activistes de Central Park...

Certaines scènes et séquences sont la preuve des talents de metteure en scène de Anna Karina, des prédispositions à la hauteur de l’enthousiasme de François Truffaut qui lui écrivit une très belle lettre pour la féliciter.

Actrice, réalisatrice -ex-compagne de Daniel Duval, Anna Karina est née au Danemark en 1940. Elle y commence sa carrière de chanteuse de cabaret, mannequin et actrice de publicité et de courts-métrages.

1958, elle se rend à Paris où démarre sa carrière d'actrice. Anna Karina refuse le rôle de Jean Seberg dans "A Bout De Souffle" de Jean-luc Godard, mais apparaît dans "Le Petit Soldat" du réalisateur.

1961, Anna Karina et Jean-Luc Godard se marient. La comédienne apparaît ensuite dans plusieurs films du réalisateur : "Une Femme Est Une Femme", "Alphaville", "Vivre Sa Vie", "Pierrot Le Fou". Ils divorcent en 1967, font un dernier film ensemble "Made In Usa".

1973, Anna Karina fait ses débuts derrière la caméra avec "Vivre Ensemble" dans lequel elle joue également. En plus d'être comédienne, elle compose et joue de la musique. Sa collaboration avec Serge Gainsbourg a marqué les esprits avec la chanson "Sous le soleil exactement". http://valgirardin.fr/culture/cinequinze\-accueille\-lactrice\-anna\-karina/

L'équipe de l'émission :

 Benoît DuteurtreProduction  Christine AmadoRéalisation  Annick HaumierCollaboration

Europe 1 Social Club - Frédéric Taddeï - 12/02/18

Frédéric Taddeï, deuxième heure : magazine avec tous ceux qui font l'actualité culturelle : acteurs, chanteurs, romanciers, musiciens, cinéastes, essayistes… http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-social-club/europe-1-social-club-frederic-taddei-120218- 3572693

« Ce soir je reçois Anna Karina pour Vivre ensemble, le film qu'elle a réalisé en 1973 dans le plus pur style de la Nouvelle vague, ressort en salles en version restaurée. »

Anna Karina revient sur la genèse du projet, les conditions de tournage, le choix de Michel Lancelot dans le rôle principal. Elle analyse certains aspects du film (la vision de Paris et de New York, la relation entre les personnages, les éléments qui lui ont valu une interdiction aux moins de 18 ans).

Invités :

Olivier Cogne, directeur du Musée dauphinois de Grenoble. Grenoble 1968. Les Jeux olympiques qui ont changé l'Isère (Glénat)

Alexandre Brandy, écrivain. Il y a longtemps que je mens (Grasset).

Anna Karina, comédienne et réalisatrice. Vivre ensemble (le 14 février au cinéma).

Télévision

Blow up – Arte France 3 Normandie TV5 Monde France 5 – Entrée libre

« Anna Karina, c’est ensuite en 1973 des débuts dans la réalisation, avec le encore méconnu Vivre ensemble, soit le quartier latin, un professeur d’histoire (michel Lancelot) qui croise par hasard Anna Karina pour une relation qui commence bien. Avant de patiner un peu avec de premiers échanges. Mais ensuite bien sûr la concrétisation, et même l’officialisation. Une idylle qui s’avérera difficile, souvent douloureuse, mais où surnage tout de même un joli voyage à New York dans les rues de Harlem, au Chelsa Hotel ou à Central park dans les contestations contre la guerre du Viet-Nâm, bref un voyage très peace and love, comme une bouffée d’oxygène. »

Anna Karina sort un disque “ je suis une aventurière” et se confie dans LOCB

Par Sabine Daniel Publié le 20/02/2018 à 12:00 Mis à jour le 20/02/2018 à 12:12 https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/anna-karina-sort-disque-je-suis-aventuriere- se-confie-locb-1427059.html

"Je suis une aventurière" le titre de son disque la résume bien. Toujours active, Anna Karina sort un disque et parle aussi de son film " Vivre en Ensemble" réalisé en 1972. L'actrice réalisatrice, égérie de la Nouvelle Vague, se confie à Jacques Perrotte.

Anna Karina est comédienne, réalisatrice, chanteuse et romancière. Son prochain album sort le 23 février 2018 et s'intitule : "Je suis une aventurière". On y retrouve ses collaborations avec Serge Gainsbourg, Philippe Katerine entre autres. Elle était lundi 19 février au Lux à Caen pour une soirée hommage autour de son premier film en tant que réalisatrice : "Vivre ensemble" sorti en 1972. Anecdote : Anna Karina avait refusé un rôle dans "A bout de souffle" à cause d’une scène de nudité...

Rencontre avec une grande dame du cinéma recceuilli par Jacques Perrotte et Carole Lefrançois

https://www.youtube.com/watch?v=6DTUpJYKo-A&feature=youtu.be

Entrée libre saison 7 Anna Karina, d'aventures en aventures

https://www.france.tv/france-5/entree-libre/saison-7/461229-anna-karina-d-aventures-en- aventures.html diffusé le mar. 27.03.18 à 20h26

émissions culturelles | 5min | tous publics

Muse du cinéaste Jean-Luc Godard, icône des sixties, Anna Karina fait de nouveau parler d'elle. À 77 ans, la comédienne sort un nouvel album, « Je suis aventurière », tandis que le film « Vivre ensemble » ressort au cinéma.

Sites internet

Allociné Konbini Critikat Toute la culture Revus et corrigés US, Magazine du SNES (Syndicat National des Enseignants de Second degré) Mag ciné Blog de la revue Versus Orange Comme au cinéma A voir à lire Jeune cinéma

Filmo TV

Vivre ensemble - rencontre avec Anna Karina : "J'avais pris un autre nom pour que les gens pensent que j'étais un mec !"

Par Léa Bodin, propos recueillis à Lyon le 19 octobre 2017 — 20 oct. 2017 à 05:00 - Mis à jour

Ce mercredi, ressort en salle le très beau "Vivre ensemble" d'Anna Karina, tourné en 1973. A l'occasion du festival Lumière, nous avions rencontré cette actrice inoubliable, muse de Jean-Luc Godard, légende du cinéma à la passion rayonnante.

AlloCiné : Quel est votre tout premier souvenir de cinéma ?

Anna Karina : Bambi, de Walt Disney. J'étais avec mon grand-père au cinéma à Copenhague, le Windsor, je crois que j'avais cinq ou six ans. C'est un cinéma qui n'existe plus, hélas, mais où j'ai vu plein de films après. J'ai cru que Bambi était vraiment là, sur l'écran, qu'il était vivant. On était au premier rang et je n'arrêtais pas d'essayer de foncer sur lui : "Bambi ! Bambi !" et mon grand-père me retenait. C'est mon tout premier film.

Quand vous arrivez en France, vous ne vous appelez pas encore Anna Karina...

Non, je m'appelle Hanne Karin Bayer !

Et c'est Coco Chanel qui vous suggère de prendre ce nom...

Oui, c'est complètement par hasard ! J'ai su seulement après que c'était Coco Chanel. Elle était très amie avec Hélène Lazareff, qui était directrice du journal Elle à l'époque. J'étais là car Catherine Harlé avait fait des photos de moi, je l'avais rencontrée au Café de Flore et elle ne pouvait pas me payer tout de suite, mais elle m'avait donné des adresses. Donc je vais à la rédaction du magazine Elle, avec mes photos de mode, et il y avait cette dame avec un grand chapeau, un cigare à la bouche, qui me regarde. Au bout d'un moment elle me demande en anglais - car je ne parlais pas encore français : "What's your name little girl ?" Je lui donne mon nom et elle me dit : "Ah. J'ai entendu dire que tu veux être comédienne." C'était la maquilleuse qui lui avait raconté. Je réponds : "Oui..." Elle poursuit : "Donc tu ne vas pas t'appeler Hanne Karin Bayer. Tu vas t'appeler Anna Karina." Elle est partie et j'ai demandé à la maquilleuse qui était cette dame extraordinaire et elle m'a dit : "Mais c'est Coco Chanel !" J'ai eu la chance incroyable de faire la couverture du magazine, mais ils avaient orthographié Carina avec un C, c'est moi qui ai corrigé ça. J'ai posé pour plein de photographes, et puis j'ai fait la pub pour Monsavon.

En 1959, vous refusez un petit rôle dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Vous regrettez ?

Non, pas du tout. Je ne voulais pas me déshabiller ! Il m'a dit : "Je vous ai vue nue dans les films de savon." J'ai répondu : "Mais non, vous avez cru car vous ne voyez que mes épaules, mais j'ai un maillot de bain !" Il voulait que je joue nue, j'ai rétorqué : "Je ne me déshabille pas !"

DR Le Petit soldat (1960)

Ensuite, il y a Le Petit soldat, et c'est vous qu'il a en tête pour jouer dans le film...

Je ne sais pas, car il n'écrivait pas les scénarios, Jean-Luc, mais À bout de souffle n'est pas encore sorti que je reçois un télégramme : "Cette fois-ci, mademoiselle, c'est peut-être pour le rôle principal." J'ai montré ça aux copains, j'ai pensé à une blague. Ils me disent : "Mais non, c'est signé Jean-Luc Godard. Il vient de faire un film extraordinaire, À bout de souffle, avec Jean- Paul Belmondo et Jean Seberg. Un monsieur avec des lunettes noires." Il n'y avait que lui, à l'époque, qui portait ces lunettes noires, avec les aveugles peut-être. J'ai dit : "Oui, oui, c'est lui !" Alors, j'y vais, je rencontre Georges de Beauregard, son producteur, qui me regard de haut en bas, qui fait le tour : "Bon, ça va être possible. Venez demain signer votre contrat."

"Il faut se déshabiller ?" C'est la première question que j'ai posée à Jean-Luc ! Il m'a dit : "Pas du tout, c'est pour un film politique." J'étais très étonnée : "Mais je ne pourrai jamais faire un discours politique, je ne parle pas assez bien le français !", ce à quoi il a répondu : "Il n'y a qu'à faire ce que je vous dis de faire." Je ne pouvais pas signer le contrat, j'étais encore mineure car il fallait avoir 21 ans à l'époque pour la majorité. Ma mère habitait à Copenhague, il a pris un téléphone et m'a demandé de l'appeler pour lui demander de venir : "Maman, il faut que tu viennes demain signer un contrat, je vais jouer le premier rôle féminin dans un film politique de Jean-Luc Godard." Elle ne connaissait évidemment pas Jean-Luc Godard : "Un film politique ? me dit-elle. Mais tu es folle !" Elle a raccroché, on l'a rappelée et elle a fini par comprendre que c'était sérieux et elle est venue signer le contrat. J'ai fait le film, on n'avait pas les dialogues, on les avait au dernier moment, comme toujours. On est tombés amoureux pendant le film. Le tournage a été long, il a pris son temps, peut-être pour se rapprocher de moi, je ne sais pas...

Il m'a tendu un bout de papier où il était écrit : "Je vous aime. Rendez-vous au Café de la Paix à Genève, à minuit."

Un jeu de séduction s'est installé immédiatement entre vous ?

Moi, je ne peux pas aller vers l'autre, il faut qu'on vienne vers moi. Un soir, toute l'équipe était invitée à dîner à Lausanne. Jean-Luc était assis en face de moi, mon copain était assis à côté, au bout de la table. Tout à coup, je sens un truc, comme si quelqu'un voulait me donner quelque chose sous la table. Ça ne pouvait être que lui. C'était un bout de papier. Je prends le bout de papier et je m'isole pour le lire. C'était écrit : "Je vous aime. Rendez-vous au Café de la Paix à Genève, à minuit."

Comme dans les films ?

Exactement !

Et vous y êtes allée ?

Mon copain m'a dit : "Tu ne vas quand même pas y aller !" Mais je ne pouvais pas faire autrement, c'était plus fort que moi. Alors j'y vais. J'arrive au café vers minuit. Je vois quelqu'un qui se cache derrière un journal, je le reconnais tout de suite. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé avant qu'il baisse le journal. Il m'a dit : "Ah, vous voilà. Bon, on y va." Et puis on est partis ensemble. Le lendemain matin, à l'hôtel, il avait disparu. J'ai attendu, attendu. Il est arrivé vers onze heures, avec un gros paquet, qui était pour moi. J'ouvre le paquet : il y avait une magnifique robe blanche, brodée de fleurs, qu'il avait achetée et qui m'allait parfaitement, que je porte dans le film d'ailleurs. C'était touchant, ça faisait un peu robe de princesse. C'était romantique.

Après Le Petit soldat, vous faites plusieurs films ensemble.

Après Le Petit soldat, il ne voulait pas spécialement tourner avec moi. C'était compliqué, car le film avait été interdit par Malraux. On recevait même des lettres de menace de mort et on a dû déménager plusieurs fois, donc personne ne l'avait vu, sauf en projection privée. Michel Deville préparait son premier film dans Ce soir ou jamais, qui était prévu avec Marie-José Nat et Sami Frey. Il me propose un petit rôle, que j'accepte volontiers, après m'être assurée que je ne devais pas me déshabiller. Il m'appelle, trois ou quatre semaines plus tard pour me dire qu'on va tourner en studio, à Boulogne-Billancourt, et il nous donne rendez-vous à Jean-Luc et à moi - car il fallait que je sois accompagnée d'un mec, enfin quelqu'un de plus âgé et Jean-Luc avait dix ans de plus que moi. Il me dit que Marie-Josée ne peut plus faire le film, Sami non plus et qu'il faut qu'il change de casting et il me propose le rôle principal. J'étais folle de joie ! Une comédie, gaie, avec Guy Bedos, Georges Descrières de la Comédie-Française, et j'avais un rôle magnifique. Et Jean-Luc qui disait : "Mais tu ne vas pas faire cette connerie, quand même ! Les dialogues, c'est pas terrible, comment est-ce que tu vas jouer ça ?" Je lui réponds : "Mais si, c'est gai, je vais danser, tu verras !"

DR Ce soir ou jamais (1961)

Et voilà, le film est terminé, Jean-Luc le voit en projection privée et il le trouve formidable, il adore ! Comme quoi... Et il me dit : "Je vais faire Une Femme est une femme, est-ce que tu veux le faire avec moi, ?" Là, c'était génial, j'avais peur le premier jour. Jean-Paul Belmondo, Brialy, je voyais très bien qui c'était et j'étais un peu émotionnée, mais ça n'a pas duré longtemps car il étaient tellement adorables... On termine une femme est une femme, le film est à Berlin, je reçois l'Ours de la meilleure actrice et Jean-Luc le prix spécial du jury. Il n'a pas voulu venir avec moi chercher le prix ! Je suis partie toute seule et je suis revenue avec mes deux Ours sous le bras.

Il y a un rôle qui est très important dans votre carrière et qui est certainement l'un de vos plus grands rôles, c'est celui de Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, de Jacques Rivette...

Bien sûr, La Religieuse, que j'ai d'abord joué au théâtre.

Jean-Luc Godard a joué un rôle décisif dans ce projet ?

Oui, c'est lui qui a produit la pièce, mais je l'ai su très tard. Il ne me l'a jamais dit. Au théâtre, ça a été un succès, alors qu'au cinéma, ça a été interdit, encore par Malraux. Tous les évêques trouvaient cela scandaleux, ils criaient au blasphème, alors que non ! Suzanne Simonin, mon personnage, elle ne détestait pas la religion. Elle ne voulait pas être religieuse, ce n'est pas pareil !

Ciné Classic Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot (1966)

Pourtant, le film est magnifique...

Oh oui, il est très beau. Il a été interdit pendant deux ans ! Après, quand il est enfin sorti, les gens venaient d'Espagne pour le voir à Paris, car il était toujours interdit en Espagne.

Vous avez tourné avec énormément de grands réalisateurs de l'époque, Luchino Visconti, George Cukor, Volker Schlöndorff... Puis, en 1973, vous décidez de réaliser votre film, Vivre ensemble

Oui, j'ai 32 ans à l'époque et je veux faire mon petit film avec mes petits sous.

Est-ce que ça a été compliqué ? Vous avez pris un psudonyme au départ ?

Oui, j'avais pris un autre nom pour que les gens pensent que j'étais un mec, pour ne pas entendre leur litanie habituelle. Ils sont un peu moins comme ça maintenant, mais à l'époque c'était : "Une femme, une comédienne, faire un film !" Il y avait Agnès Varda, mais elle n'était pas comédienne. J'avais tout préparé, pendant un an et demi. J'avais un scénario, j'étais allée à New York pour les repérages, car je savais que je n'aurais que cinq jours pour tourner là-bas. En plus, on n'avait pas les autorisations pour tourner dans les rues.

C'est un bon souvenir ? Vous jouez aussi le rôle principal féminin dans le film, d'ailleurs.

Oh oui, un très bon souvenir ! Je me suis prise moi, parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, et surtout parce que je ne me payais pas. Je suis la seule personne qui n'a pas touché un sou pour ce film. Et j'ai choisi Michel Lancelot, grâce à Viviane Blassel, qui joue la rousse. Je l'ai rencontré et j'ai senti qu'il pouvait le faire. Il y avait un scénario, pas comme avec Jean-Luc, et il a dit oui tout de suite. New York, parfois, c'est un peu improvisé, parce qu'on a volé les plans, mais c'était super d'avoir cette partie à New York.

DR Vivre ensemble (1973)

Après, vous attendez 2007 pour refaire un film en tant que réalisatrice, Victoria ?

Là, c'était complètement par hasard. La productrice, qui est tunisienne et qui vit au Canada, était venue nous voir à Bilbao en Espagne avec Katerine, car on faisait une tournée ensemble. J'ai fait des chansons avec Katerine pendant pas mal d'années. Elle voulait qu'on fasse un film, au Canada, avec Philippe Katerine et les musicos, sur la musique, sur la tournée. Lui était d'accord, mais finalement il ne pouvait plus, donc j'ai dû prendre deux Canadiens pour jouer dans Victoria. Ce n'était pas pour eux que je l'avais écrit, mais bon, le film est pas mal. Vous ne voulez pas un peu de chips ?

(On décline poliment) Je crois que vous êtes très attachée au cinéma d'Ingman Bergman, qu'est-ce qui vous touche dans ses films ?

Oui, j'ai joué une pièce de lui d'ailleurs, Après la répétition. Quand j'étais très jeune, le premier film de Bergman que j'ai vu, c'est Monika, avec Harriet Andersson. J'avais adoré ce film, ce qui m'a touché, c'était la modernité, c'était très moderne ! C'était dans le petit cinéma dont je vous parlais tout à l'heure, le Windsor. Déjà, je l'adorais, et puis j'ai vu tous les autres : Sourires d'une nuit d'été, Fanny et Alexandre, enfin tous ! Et puis un jour, un metteur en scène belge, Louis-Do de Lencquesaing, m'a envoyé un texte à lire pour une pièce de théâtre, avec Bruno Cremer et Garance Clavel. Il me dit : "C'est pour toi." Et après j'ai appris que si je n'avais pas accepté de jouer Après la répétition, qui était un téléfilm et qui est devenu une pièce de théâtre, Bergman n'aurait pas donné les droits ! C'est quelque chose qui m'a beaucoup touchée.

Le meilleur film de la Nouvelle Vague ? Le film qui l'a fait le plus rire ? Sa réplique préférée ?

À l'occasion de la réédition de son premier film "Vivre ensemble", voici l'interview SUPERCUT de Anna Karina

https://twitter.com/KonbiniFr/status/966715477459312640

13 février 2018

© Malavida

o Vivre ensemble o France o 1973 • Réalisation : Anna Karina • Scénario : Anna Karina • Image : Claude Agostini • Décors : Jean Dutreix • Costumes : Gitt Magrini • Son : Henri Roux • Montage : Françoise Collin, Andrée Choty • Musique : Claude Engel • Production : Raska Productions, SNC • Interprétation : Anna Karina (Julie), Michel Lancelot (Alain)... • Distributeur : Malavida • Date de sortie : 14 février 2018 • Durée : 1h30

Une femme et un homme, par Jérôme Provençal

Vivre ensemble réalisé par Anna Karina

Tous les cinéphiles connaissent le nom, le visage et la voix d’Anna Karina, cette petite sirène venue du Danemark et devenue l’immarcescible icône féminine de la Nouvelle Vague française : muse et actrice fétiche de Jean-Luc Godard au début des années 1960, elle a également incarné La Religieuse, admirable, de Jacques Rivette. En revanche, tous les cinéphiles ne savent peut-être pas qu’elle a également réalisé deux films par la suite : Vivre ensemble (1973) et Victoria (2008). Quarante-cinq ans après sa sortie, Malavida nous permet à présent de redécouvrir Vivre ensemble, dans une copie numérique impeccablement restaurée. Trajectoire d’un couple Cette initiative doit être saluée à sa juste valeur dans la mesure où, s’il ne s’agit pas d’un grand film, le premier long métrage d’Anna Karina constitue bien davantage qu’une simple curiosité et révèle un vrai talent de cinéaste, à la singularité affirmée. Derrière la caméra, Anna Karina – qui se trouve alors dans sa petite trentaine – est également devant, jouant le personnage féminin principal d’une histoire qu’elle a elle-même écrite en s’inspirant de son propre vécu. Vivre ensemble apparaît ainsi comme l’exemple type du film à la première personne (on parlerait sans doute aujourd’hui d’autofiction), d’une sensibilité à fleur de plan.

Comme son titre le suggère, le film décrit la trajectoire d’un couple, observée plutôt du point de vue de l’homme, en l’occurrence Alain (Michel Lancelot), la trentaine, professeur d’histoire. Partageant sa vie avec une femme prénommée Sylvie (que l’on voit brièvement au début du film), il mène une existence a priori bien rangée jusqu’à ce qu’il tombe – presque littéralement – sur Julie (Anna Karina), jeune femme aussi espiègle que jolie, attablée à la terrasse d’un café de St-Germain-des-Prés. Cultivant l’art du dilettantisme avec éclat, Julie semble vivre au jour le jour (ou à la nuit la nuit), aussi libre que l’air de ce temps. Le coup de foudre est immédiat. Liberté de ton

Dès que leurs regards s’accrochent (via un rapide champ-contrechamp), leurs destins s’attachent. Bientôt, irrésistiblement attiré par Julie, Alain quitte Sylvie et laisse peu à peu tomber son boulot. En pleine idylle romantique, les deux tourtereaux (con)volent vers New York. Au cours de ce séjour, Julie annonce à Alain qu’elle est enceinte. Synonyme de retour (brutal) au réel, le retour à Paris va voir le couple lentement se déliter : avec l’arrivée de l’enfant, Julie change de mode de vie tandis qu’Alain glisse sur la pente de l’inactivité (de plus en plus) alcoolisée…

Tourné en quatre semaines, avec très peu de moyens (en Super 16mm et en partie dans l’appartement d’Anna Karina), Vivre ensemble se caractérise avant tout par sa liberté de ton et sa vivacité de regard. De nombreux plans paraissent presque « volés », en particulier ceux tournés en extérieur, à Paris ou New York (voir la séquence à Central Park, par exemple). Cette liberté et cette vivacité confèrent une éclatante fraîcheur à une histoire (boy meets girl) presque aussi vieille que le monde. Si la forme et la tonalité générale du film sont plutôt légères, l’insouciance initiale s’estompe au fur et à mesure jusqu’à un dénouement possiblement tragique, la fin restant ouverte. Faisant pendant (en sens inverse) au premier plan, le dernier plan du film – un panoramique latéral sur les toits de Paris – exhale un fort parfum de désenchantement et le ciel comme l’avenir paraissent désormais beaucoup plus nuageux. Dans l’après Mai-68

Entre comédie sentimentale et chronique de mœurs, décrivant les rapports d’un couple tout en captant les sentiments (et atermoiements) d’une génération,Vivre ensemble saisit sur le vif ce que c’est que vivre ensemble – à deux et au sein de la société – dans le Paris du début des années 1970, un Paris où subsistent encore les traces d’un soulèvement récent (en témoigne, au début du film, ce plan qui s’attarde assez longuement sur des affiches et des photos de Mai 68 placardées sur un mur). S’inscrivant nettement dans le sillage de la Nouvelle vague, Anna Karina a su ne pas chercher à imiter le cinéma du Jean-Luc Godard première période – seul le générique, avec cartons multicolores, semble lui adresser un petit clin d’œil – et s’oriente ici plutôt vers une veine rohméro-eustachienne.

Par son récit (centré sur un homme entre deux femmes), par son registre (un cinéma intimiste, allant de chambres en cafés en traversant les rues), par son atmosphère (d’une gaieté sourdement mélancolique), par son inscription dans l’époque incertaine de l’immédiat après- 68, Vivre ensemble fait en particulier inévitablement penser à La Maman et la putain. Exacts contemporains, les deux films se sont d’ailleurs tous les deux retrouvés au Festival de Cannes de 1973, La Maman et la putain en compétition officielle et Vivre ensemble à la Semaine de la critique. Le film d’Anna Karina n’atteint certes pas à l’incandescente beauté de celui de Jean Eustache. Il a néanmoins beaucoup de charme et, aujourd’hui, ce charme opère assurément au moins autant qu’au jour de sa sortie.

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[Critique] "Vivre ensemble" d'Anna Karina, les amours mortes de l'après 1968

En 1973, Anna Karina écrit, réalise et produit le film Vivre ensemble. C’est le premier film réalisé par une actrice. Sélectionné par la Semaine de la Critique à Cannes, le film est cependant mal distribué, n’attire pas les spectateurs et tombe rapidement dans l’oubli. Aujourd’hui, restauré, Vivre ensemble ressort, avec le soutien notamment des Cahiers du Cinéma. Saturées de couleurs vives, découpées en panneaux rose vif ou bleu tendre, les saynètes distillent une tristesse douce. Chronique désenchantée d’un couple de guingois, le

1 / 4 Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com film sort même ce 14 février de Saint Valentin.

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Un film vivifiant, en pleine contre-culture

D’ailleurs, ironiquement, Vivre ensemble devait initialement s’intituler Nous deux, mais le magazine s’y est opposé. Sur le fil, le film oscille constamment entre le charme candide et tenace du coup de foudre et la spirale sombre qui aspire le couple. En 1973, cela fait presque dix ans qu’Anna Karina n’est plus avec Jean-Luc Godard. Plus de dix ans se sont écoulés depuis Une femme est une femme (1960) ou Vivre sa vie (1962). Anna n’a plus sa frange brune et sage, mais un dégradé court et blond, plus détonnant. Habillée en hippie, maquillée outrageusement, elle apparaît sur l’écran comme une amazone un peu insolite. Un homme en complet strict, en pleine conversation avec un copain plus artiste, se tamponne dans sa table de café : l’échange de regards, aussitôt, provoque le coup de foudre.

L’homme, c’est Michel Lancelot, qui n’est pas acteur mais journaliste et essayiste : c’est lui qui animait la fameuse Emission Campus, sur Europe 1. Journaliste libre et contestataire, il écrivait aussi des essais percutants sur cette époque en mutation. Dans Le jeune lion dort avec ses dents, génies et faussaires de la contre-culture (Albin Michel, 1974), Lancelot désosse avec énergie la culture lénifiante et triste qui a succédé à ce mai 1968 trop vite essoufflé :

« Avant d’écrire sur la contre-culture, je me suis d’abord demandé, simplement : « Est-ce vraiment si important ? N’est-ce pas une sorte de nouvelle mini-jupe pour intellectuels déphasés ? (…) Après une longue analyse, j’ai dû reconnaître que la contre-culture n’était pas une mode, mais qu’elle s’inscrivait, au contraire, dans une filiation sauvage qui remonte à la nuit des temps. » (« Tout un programme,… Sergent Pepper », p. 19)

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres », écrivait Paul Eluard. La rencontre artistique entre Anna Karina et Michel Lancelot se fait ainsi tout naturellement. Tous deux se préoccupent de démythifier les idées reçues, les cultures instituées, et rêvent de liberté. Et comment faire rimer l’amour et la liberté ?

Un beau couple tragique C’est tout le thème du film : Julie (Anna Karina) et Alain (Michel Lancelot) sont mal assortis. Sérieux, sanglé dans son costume, Alain est professeur d’Histoire et vit avec Sylvie, dans un grand appartement bourgeois. Julie, bohème et sans attaches (elle aurait été mariée quelques mois, aux Etats-Unis, et se serait un peu prostituée par la suite), ne travaille pas. C’est après avoir passé une nuit ensemble que les deux amants inconnus se posent une première question : « Que fais-tu ? » lance Julie. « Je prends mon petit-déjeuner avec toi » répond Alain, car, à ce moment précis, il ne pense qu’au présent. Lorsqu’il lui retourne la question, Julie répond : « Rien. Je ne fais rien. Je m’amuse. » Echo déformé à son « Qu’est-ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire ! » de Pierrot le Fou. Dans le Godard, Anna Karina promenait son ennui. Ici, elle paraît, d’abord, s’amuser, comme elle le dit. Pleine de joie de vivre, elle passe le temps de fête en fête, de boîte en boîte, avec un nombre incalculables de « potes », tous d’anciens amants, dont les photos ornent triomphalement le mur de sa chambre. Après quelques

2 / 4 Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com hésitations lâches, Alain quitte Sylvie, et se lance dans la vie à deux avec Julie.

Très vite, une spirale folle s’enclenche. Tout à son amour, Alain sèche ses cours, ne corrige plus ses copies, et se met, comme Julie, à prendre de la drogue. En deux temps trois mouvements, le voilà qui démissionne de son lycée parisien. Presque aussi vite, il comprend qu’il fait fausse route. Les soirées déjantées avec les innombrables amis de Julie ne lui plaisent pas. Mais, à aucun moment, il ne va songer à la quitter. Julie, d’ailleurs, a une idée : puisqu’ils ne travaillent ni l’un ni l’autre, pourquoi ne pas aller s’amuser à New York ?

Une plongée dans le Harlem des années 1970 A New York, Anna Karina filme de manière improvisée, avec trois bouts de ficelle. On assiste ainsi à un vrai happening dans Central Park contre la politique américaine au Vietnam. Le film prend valeur de document historique. Alain, l’ancien professeur d’Histoire, regarde intensément cette histoire en train de se faire. Pourtant, de manière brusque, cet homme sage qui devait chercher un travail intéressant va basculer dans une étrange apathie. Comme étranger à tout, et même à Julie, Alain sombre résolument dans l’alcool et les drogues. Pour oublier qu’il n’est pas à sa place ? Le rêve américain, virée fantasque et chaleureuse, se transforme en course âpre pour trouver des sous. Car les « grands amis » de Julie lui empruntent de l’argent, ou bien exigent qu’elle leur rembourse tel ancien prêt, ou lui claquent la porte au nez. Obligés de revenir dans leur petit réduit à pied, pour économiser un ticket de métro, ou de partager un hot dog pour deux, ils comptent chaque pièce. Mais Julie achète quand même deux masques d’animaux en plastique, car c’est amusant et que « les masques ne sont pas faits pour se cacher, mais pour montrer qui l’on est vraiment ». Tous deux arpentent ainsi Harlem affublés de masques idiots, en marchant de travers, par dérision.

A New York, ils croisent aussi le chemin d’un énième ancien amant de Julie, un hippie blond hébété qui se balade avec un lapin blanc sous le bras. Anna Karina saisit au vol un écureuil qui monte à l’arbre, tandis que les trois jeunes gens filent à vélo. Alain, toujours poursuivi par le passé incohérent de Julie, a toujours un autre homme dans son dos.

Précisément, de retour à Paris, Julie est enceinte, et la situation empire. Le film vire alors au cauchemar halluciné, Alain fuyant ses responsabilités pour se réfugier dans le whisky, qu’il boit au goulot à tout moment de la journée. Une séquence surréaliste nous le montre donnant des cours particuliers aux enfants de la concierge en buvant sous leurs yeux et en leur donnant en dictée : « Ma mère est concierge et je suis un imbécile ». Anna Karina filme la déchéance d’Alain en insistant sur les aspects sordides. Et les trajectoires d’Alain et de Julie s’affolent de manière inversée : là où Alain s’enfonce dans l’alcool, Julie se responsabilise et s’intègre à la société. Elle prend un travail de vendeuse, lisse ses cheveux, s’habille plus normalement et, surtout, tente de protéger son enfant.

Une fin poétique et ouverte Anna Karina filme un couple qui ne se comprend plus, chacun lancé dans une spirale inversée. La société d’après mai 1968 n’offre plus d’utopies séduisantes, mais des pièges tristes. Ni Alain ni Anna n’ont de grande idée à réaliser, leur seul objectif était de vivre ensemble, comme n’importe quel couple amoureux. Dans un système bloqué, où mai 1968 est déjà, en 1973, regardé avec une nostalgie déçue, peu d’échappatoires. A la fin du film, Alain disparaît, mais le

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dernier plan nous montre seulement les toits de Paris, muets et calmes. Peut-être est-il mort, peut-être vont-ils se retrouver. Anna Karina laisse une fenêtre ouverte sur le vide, ou sur l’espoir. Car l’amour peut des miracles. Laissons le dernier mot à Michel Lancelot, sur les marginaux :

« Je voudrais vous dire une belle histoire d’amour. (…) Elle est d’Unica Zürn, la femme du peintre surréaliste Hans Bellmer. Ecoutez-la : Le premier homme qu’elle observe s’appelle Jésus. Deux fois par jour il vient, à la grille pour embrasser une jeune fille. (…) Mais, ajoute-t-elle avec tristesse, les médecins n’autorisent pas ce mariage. Elle est épileptique et Jésus est un alcoolique qui fait ici une cure de désintoxication. Ainsi s’achève l’histoire d’Unica Zürn, un peu tristement. Mais à votre Christ bavard, sans tâches ni reproches (…) je préfère le Jésus alcoolique et muet d’Unica Zürn. » (Le jeune lion dort avec ses dents, p. 250)

Vivre ensemble, d'Anna Karina, 1973, France, avec Anna Karina, Michel Lancelot, Monique Morelli, Viviane Blassel, Bob Asklof, Gérard Pereira, Jean Aurel. Sortie nationale, le 14 février 2018.

visuels: affiche, photo et bande annonce officielle du film.

https://vimeo.com/251347819

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VIVRE ENSEMBLE

1973 Un film d’Anna Karina avec Anna Karina, Michel Lancelot, Gérard Pereira

By nassimgravatar in Critiques & Analyses, La revue en ligne on 23 février 2018 Pas de commentaire

L’intrigue

Alain, la trentaine, est professeur d’histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. A Saint- Germain-des-Prés, il rencontre Julie, une fille fantasque et très libre, qui semble vivre de ses charmes. C’est le coup de foudre. Peu de temps après, Alain quitte Sylvie, et s’installe chez Julie. L’insouciance le gagne : souvent absent à ses cours, il finit par ne plus aller travailler. Pour les vacances, Julie décide d’aller avec Alain à New York. Là, en pleine vie de bohème, elle lui annonce qu’elle est enceinte. De retour à Paris, Alain a beaucoup changé ; il boit, se drogue, et va de petits boulots en petits boulots. L’arrivée de l’enfant change également Julie, qui devient plus sérieuse et travaille. A la suite d’une querelle, Alain part ; il s’installe chez Jacky, un copain. Julie, apprenant son état de délabrement par une amie, part à sa recherche.

Sélection officielle – Festival de Cannes – Semaine de la Critique 1973 Festival Lumière 2017 – Hommage à Anna Karina

Témoignage d’une époque 70’s

Que se passe-t-il lorsqu’une icône de la Nouvelle Vague, qui aura tourné avec Godard, Zurlini, Rivette, Visconti… décide se lancer dans la réalisation ? Une idylle aussi belle qu’autodestructrice, incarnée et dirigée par la grande Anna Karina. C’est en 1972 que l’actrice prend sa caméra qui voyagera entre Paris et New-York. La captation unique d’une époque, un après Mai 68, emplie d’une certaine liberté sexuelle.

Vivre ensemble a été tourné en quatre maigres semaines, en 16mm, en grande partie dans l’appartement personnel d’Anna Karina. Une exécution rapide qui se ressent dans la légèreté du film – malgré un ton grave, la violence conjugale – et sa fraîcheur digne d’un Rivette. Car le cinéma d’Anna Karina est influencé par ses pairs et nombreuses sont les inspirations, voulues ou non, comme les cartons du générique façon Godard.

Mais Vivre ensemble, comme son nom l’indique, c’est aussi la puissance d’un couple qui va se rencontrer et tomber instantanément amoureux – en témoigne l’une des premières scènes du film. Anna Karina incarne Julie, une femme espiègle et pleine de fantaisie, tandis que Michel Lancelot prête ses traits à Alain, un professeur rangé. Très rapidement, les rôles vont s’inverser et le couple atteindre un point de non-retour par sa propre puissance autodestructrice. L’une se responsabilise, l’autre sombre doucement dans l’alcool jusqu’à mettre sa vie et celle des autres en danger. Entre New-York et Paris, l’apprentie cinéaste tourne parfois sans autorisation et capture des instants de vie. Elle capte aussi bien une manifestation dans la ville américaine et que les rues de la capitale française, à Saint-Germain-des-Prés, fief de l’actrice depuis toujours. Un aspect cinéma vérité hérité d’Un Joli Mai, dans lequel Anna Karina fit une apparition.

De par sa sincérité, sa place au cœur d’une filmographie riche en chef d’œuvres, Vivre ensemble figure comme un incontournable du parcours d’Anna Karina. Aujourd’hui de nouveau distribué, le film trouve un second souffle au cinéma et s’avère véritable témoignage d’une époque passée. Celle d’une insouciance succédant à Mai 68, où le rêve américain est caressé du bout des doigts.

Vivre Ensemble est ressorti en version restaurée par Malavida Films le 14 février 2018.

« Vivre ensemble » Sortie en salles le 14 février 2018

mardi 13 février 2018

Alain est professeur d’histoire dans un lycée parisien. Il mène une vie de couple sans histoires avec Sylvie. Julie déambule dans le périmètre de Saint-Germain-des-Près et passe son temps aux terrasses de café. C’est à l’occasion d’une légère bousculade que se produit la rencontre entre les deux jeunes gens, sur le champ saisis par un mutuel coup de foudre. Alain quitte Sylvie et sans attendre s’installe dans le petit appartement de Julie. C’est à ce point le grand amour entre eux deux, qu’ils confirmeront leur plaisir de vivre ensemble par un séjour à New- York à l’issue duquel Julie est enceinte.

Mais en même temps qu’il vit une passion, Alain se détache de tout ce qui constituait le socle de sa vie avec Sylvie. Il déserte de plus en plus le lycée pour bientôt ne plus s’y rendre. Et c’est précisément au moment où entre joints et whisky, beuveries entre copains, s’amorce sa lente déchéance que Julie saisie par la prochaine naissance de l’enfant structure sa vie à commencer par se faire embaucher comme vendeuse dans une boutique du quartier. Alain et Julie, en prenant deux directions de vie contraires voient leur « vivre ensemble » autrefois idyllique devenir impossible.

Anna Karina, qui fut l’égérie de Jean-Luc Godard sous la direction duquel elle tourna sept films qui ont marqué une époque, est une comédienne chanteuse qui, en 1973, s’essaya à la mise en scène et réalisa sans beaucoup d’argent et en quatre semaines, ce film qui est avant toutes choses, quarante-cinq ans plus tard, une chronique-témoin sur l’après-soixante huit de la France sous Pompidou.

Dans ce film de l’époque de la guerre du Vietnam où la cigarette étaient « libre » et où la France, même si elle ne vivait pas sous un régime exemplaire, n’était pas la nursery qu’elle est en train de devenir, Anna Karina nous emmène avec Alain et Julie (elle dans les robes longues typiques de l’époque, lui dans ses chemises de bûcheron) dans les quartiers underground de New-York et dans le Paris bohème du Quartier Latin.

Chronique sentimentale sur la difficulté de vivre ensemble où Anna Karina aux côté du journaliste Michel Lancelot, interprète une jeune femme déstructurée qui emprunte doucement le chemin du monde adulte alors que son compagnon, pour qui la « bohème » était une découverte, emprunte le chemin inverse.

A voir pour un voyage dans le passé et pour s’interroger sur le vertige du chemin parcouru le temps d’un demi-siècle.

Le film sort à Paris au « Reflets Médicis » et sera accompagné dans la plupart des projections organisées en province par Anna Karina.

Francis Dubois

On conseille Vivre Ensemble: Anna Karina, la cinéaste … février 15, 2018 Le Mag Cinema

Alain, la trentaine, est professeur d’histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. A Saint- Germain-des-Prés, il rencontre Julie, une fille fantasque et très libre, qui semble vivre de ses charmes. C’est le coup de foudre. Peu de temps après, Alain quitte Sylvie, et s’installe chez Julie. L’insouciance le gagne : souvent absent à ses cours, il finit par ne plus aller travailler. Pour les vacances, Julie décide d’aller avec Alain à New York. Là, en pleine vie de bohème, elle lui annonce qu’elle est enceinte. De retour à Paris, Alain a beaucoup changé ; il boit, se drogue, et va de petits boulots en petits boulots. L’arrivée de l’enfant change également Julie, qui devient plus sérieuse et travaille. A la suite d’une querelle, Alain part ; il s’installe chez Jacky, un copain. Julie, apprenant son état de délabrement par une amie, part à sa recherche.

Anna Karina, comme tout à chacun, nous la connaissons principalement, en tant qu’actrice égérie de Godard, – mais aussi interprète de Visconti, Fassbinder ou Cukor– en tant que chanteuse (notamment des compostions de Gainsbourg) et dans une moindre mesure en tant que femme, compagne pendant une période de Godard l’homme. Quoi que le « leader » de la nouvelle vague l’ait mis en lumière, par bien des aspects, il l’a également éclipsée. C’est ainsi que nous découvrons – pardonnez-nous ce manque, le film est resté assez confidentiel – qu’Anna Karina a réalisé en 1973 un film, Vivre ensemble, qui ressort ce mercredi en salle en version restaurée et qui fut sélectionné à la semaine de la critique au Festival de Cannes en 1973.

Bien entendu, il nous est difficile de ne pas faire un rapprochement avec la nouvelle vague, de ne pas vouloir par un raccourci rapide inscrire directement Anna Karina aux côtés d’Agnès Varda dans les rangs des réalisatrices de la nouvelle vague. Pour autant les premières images d’emblée interrogent. Anna Karina, campe une jeune femme semble-t-il très libérée, mais également en manque d’affection. Elle accède aux avances d’un professeur d’histoire dont le style de vie en apparence semble très aux antipodes de son propre mode de vie. Ces premières scènes donnent une première note, une place importante est accordée à la bande originale, mi triste mi joyeuse. Les images, les sons et les effets de montage ne sont pas toujours des plus heureux, on note ainsi quelques maladresses qui semblent pourtant assumées; elles visent manifestement à insuffler une part d’improvisation, une part de réel dans la fiction. Le style n’emprunte que très peu à celui de Godard, Anna Karina elle même semble très différente, dans son jeu, dans son allure (elle est ici blonde), et quant aux dialogues qu’elle se réserve.

En seulement quatre semaines et avec bien peu de moyens, elle esquisse le récit de deux ans d’intimité. Le film se veut la chronique d’une époque, celle de la guerre du Viêt-Nam et du début des années 1970, mais aussi un récit personnel, inspiré des expériences passées d’Anna Karina.

Parmi ces expériences, citons les ballades dans les quartiers underground de New York, les flâneries dans le Paris bohème, du côté du Quartier latin.

Les premières maladresses passées, le film trouve son ton et commence à interroger. Très rapidement, il nous est donné à voir tout le contraire d’une comédie romantique, tout le contraire de ce que l’on peut s’imaginer quand un homme parfaitement inséré dans la société, qui y a trouvé sa place, s’éprend d’une jeune femme bien plus en marge, se donne pour projet de l’aimer, de vivre avec elle, et de l’aider.

Une transformation va s’opérer pour chacun des personnages, empruntant presque à l’autre, et dans une logique très inattendue. La sève principale de Vivre Ensemble réside dans ce regard doux amer, qui tait presque son intention. Faut-il y voir un souvenir nostalgique, qui retiendrait le meilleur, ou bien au contraire une critique véhémente d’un mode de vie « bab » qui ne retiendrait que le pire ? Faut-il y voir la difficulté de vivre ensemble, le regret de ne pas y parvenir, ou bien au contraire, un message d’espoir, d’émancipation, de construction dans la difficulté. Plus le récit avance, plus le style d’Anna Karina réalisatrice s’affirme, plus nous distinguons une patte.

La génèse du projet ne fut pas simple. N’osant présenter son texte sous son vrai nom, à une époque où les femmes actrices ne font pas de films, Anna Karina s’est d’abord inventée des noms de plume d’hommes aux consonances étrangères, pensant que l’histoire n’était pas tout à fait « française ». Ceci renvoie à notre impression première de ne pas voir un film qui s’inscrirait dans la nouvelle vague, mais peut être effectivement plus un film d’inspiration étrangère.

Anna Karina ne trouvera que peu de soutien autour d’elle à ce stade du projet. Elle décide alors de monter sa propre boîte de production, Raska et finit par trouver un coproducteur en la personne de René Pignères. Le film fut tourné en Super 16 mm dans le triplex d’Anna Karina transformé pour l’occasion en studio, le salon faisant office de plateau et la cuisine de régie. Les scènes tournées à New York l’ont été en cachette, sans autorisation.

« Vivre ensemble » d’Anna Karina : Chronique d’un amour dans l’après 68 Publié par versusmag 5 février, 2018 Présenté, lors du dernier festival Lumière à Lyon, au cours d’un hommage à Anna Karina, Vivre ensemble — écrit, joué, réalisé et produit par la comédienne en 1973 — ressort en salles grâce à Malavida Films.

Quand elle décide de tourner son premier film en tant que réalisatrice, la muse de Godard a entamé une carrière internationale. On l’a vue devant les caméras de Luchino Visconti (L’étranger, 1966), Guy Green (The Magus, 1968), J. Lee Thompson (Avant que vienne l’hiver, 1968), Volker Schlöndorff (Michael Kohlhaas, 1969), George Cukor (Justine, 1969), Tony Richardson (La chambre obscure, 1969), Hans Geissendörfer (Carlos, 1971) , Lee H. Katzin (Notre agent à Salzbourg, 1972) et elle s’apprête à tourner dans Pain et chocolat (1973) de Franco Brusati quand elle attaque Vivre ensemble. Ce qu’elle désire, visiblement, c’est retrouver cette liberté si présente dans les films de JLG et montrer le monde tel qu’il est, ce qui donne parfois à Vivre ensemble des allures de documentaire. Le Paris d’après 68 et le New York de la contestation anti-guerre au Vietnam, avec ces jeunes qui s’emparent de Central Park, ne sont pas des décors mais les réels personnages de cette histoire d’amour contrariée entre une jeune femme bohème, Julie (Anna Karina), et un prof petit-bourgeois, Alain (Michel Lancelot).

Tandis que l’une va progressivement mûrir et prendre des responsabilités, l’autre va sombrer dans une dépression entretenue grâce à l’alcool et la drogue. Car, pour vivre avec Julie, Alain va quitter sa femme et son boulot. Pour apprendre bien vite, malgré un voyage à New York, qu’on vit difficilement d’amour et d’eau fraîche. Chronique amère liée à son époque, Vivre ensemble offre de belles vues de Paris et New York et, surtout, un portrait acerbe d’une jeunesse paumée. Qu’est-ce que la liberté, semble s’interroger Anna Karina, quand l’un fait ce qui lui plaît mais qui déplaît à l’autre ? Quand l’alcool et le désœuvrement amènent les coups ? Certaines séquences deviennent d’ailleurs très dures, à la limite du supportable. Ce sont des gens qui s’aiment, certes, mais, comme le chante Ferré dans Madame la Misère, « traînant des mots d’amour avalant les insultes/ Et prenant par la main leurs colères adultes ».

Dans ce face-à-face qui se déroule sous les regards attentifs de Buster Keaton et des Marx Brothers (les affiches qui ornent la chambre de Julie), Anna Karina incarne une femme tout à la fois attirante et agaçante qui va s’assagir, tandis que Michel Lancelot, très coincé au départ, va sombrer dans le sordide. Le film est une belle occasion de revoir ce journaliste tombé aujourd’hui dans l’oubli (il est décédé en 1984), qui donna quelques heures de gloire à la radio (avec Campus, une émission dans la mouvance libertaire de 68) et à la télé. Oscillant, en tant que critique, de Combat à Minute, qualifié parfois de « beatnik fasciste », Michel Lancelot était devenu le chantre de la contre-culture, célébré par Léo Ferré et tant d’autres. Ce charisme dont il faisait preuve est mis en scène dans Vivre ensemble par celle qui était alors sa compagne. Et le film prend des allures de document sensible et intelligent. Jean-Charles Lemeunier

Vivre ensemble Année : 1973 Origine : France Réal. et scén., prod. : Anna Karina Photo : Claude Agostini Musique : Claude Engel Montage : Andrée Choty, Françoise Collin Durée : 93 min Avec Anna Karina, Michel Lancelot, Monique Morelli, Bob Asklof, Jean Aurel… Malavida Films ressort « Vivre ensemble » en salles le 14 février 2018.

Anna Karina revient sur son nom de scène, trouvé par... Coco Chanel

Hélène Demarly, publié le 14 février

Mercredi 14 février 2018 ressort au cinéma le long-métrage "Vivre ensemble" d'Anna Karina (1973). L'occasion pour la muse de la Nouvelle Vague de revenir sur sa carrière et sur son nom de scène.

Lors d'une longue interview à AlloCiné, Anna Karina a dévoilé l'origine de son pseudo, pris à ses 17 ans. Elle qui, d'origine danoise, s'appelle en réalité Hanne Karin Bayer, raconte : "C'est complètement par hasard ! (...) je vais à la rédaction du magazine Elle (...) il y avait cette dame avec un grand chapeau, un cigare à la bouche, qui me regarde. Au bout d'un moment elle me demande en anglais - car je ne parlais pas encore français : 'What's your name little girl ?' Je lui donne mon nom et elle me dit : 'Ah. J'ai entendu dire que tu veux être comédienne (...) tu ne vas pas t'appeler Hanne Karin Bayer. Tu vas t'appeler Anna Karina.'" Cette dame au grand chapeau n'était autre que Coco Chanel.

Elle n'a pas touché d'argent pour "Vivre ensemble"

Lors de l'entretien, l'ancienne compagne de Jean-Luc Godard évoque aussi son premier film en tant que réalisatrice "Vivre ensemble", sorti en 1973 et aujourd'hui de nouveau en salle en version restaurée, dans lequel elle tient le premier rôle féminin.

"Je ne me payais pas. Je suis la seule personne qui n'a pas touché un sou pour ce film", explique- t-elle avant de raconter qu'elle avait aussi jugé bon de prendre "un autre nom pour que les gens pensent qu'(elle était) un mec". Et d'affirmer : "Ils sont un peu moins comme ça maintenant, mais à l'époque c'était : 'Une femme, une comédienne, faire un film !""

Interview : Anna Karina : “ Je ne peux pas supporter qu’on parle de Jean-Luc comme ça ” mercredi 25 octobre 2017 - 11:53 | Interview

À l’occasion de la restauration de Vivre Ensemble, qui sortira en DVD et Blu Ray le 25 octobre, Anna Karina, réalisatrice et actrice du film, a accepté de nous rencontrer pour discuter de sa carrière, de la Nouvelle Vague, et bien sûr de Jean-luc Godard.

1973. Anna Karina, grande figure de la Nouvelle Vague, décide de passer à la réalisation. Avec une équipe réduite, un budget réduit mais l’envie de livrer une belle histoire, l’actrice signe une romance aux accents 70. Prenant place dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, où nous avons rencontré Anna Karina, Vivre Ensemble fleure bon une époque révolue. Celle des cigarettes fumées à l’intérieur des cafés, des vinyles qui tournent jusqu’au petit matin et d’un Paris d’antan au charme certain.

Mais Paris n’est pas la seule ville mise à l’honneur puisque Anna Karina pose également sa caméra à New-York. Un New-York qui, à l’époque, représentait une sorte eldorado... pourtant en pleine guerre du Viêtnam. Une ville dans laquelle la jeunesse se révoltait et manifestait contre un président mal-aimé, Richard Nixon.

Vivre Ensemble est une belle romance mais une romance tragique. Celle d’une âme insouciante qui va peu à peu se responsabiliser tandis que sa moitié ne cessera de sombrer. Anna Karina capture les états d’âmes de personnages à fleur de peau, jaloux, déraisonnables mais amoureux.

Lors de notre rencontre avec Anna Karina, l’actrice nous a livré de nombreuses confidences sur ses inspirations, la genèse de Vivre Ensemble, ses souvenirs d’un film tourné avec passion il y a 44 ans. Jean-luc Godard a été brièvement évoqué tout comme l’incroyable bienveillance que lui porte Anna Karina. Cette dernière en profitera même pour nous parler du film Le Redoutable, réalisé par Michel Hazanavicius, dans lequel Louis Garrel campait le cinéaste français cette année. https://www.youtube.com/watch?v=Kny2GiPEnlU&feature=youtu.be

Doté d’une belle restauration, Vivre Ensemble est disponible en Blu-Ray et DVD depuis le 25 octobre 2017. Le film, distribué par Malavida, sortira dans les salles le 14 février prochain.

Nassim Chentouf (25 octobre 2017)

Box-office Paris 14h : Black Panther, Jean Dujardin et Phantom Thread en leaders respectés

Le 14 février 2018

Disney / Marvel peuvent se rassurer, Black Panther réalise un démarrage canon. Jean Dujardin peut aussi souffler, l’acteur comique a encore des fans... Beau départ pour Daniel Day-Lewis.

Avec seulement 19 salles, contre plus de 20 pour la plupart des productions de cette envergure, Black Panther fait rugir le box-office, avec une première séance et des avant- premières convaincantes sur la capitale : 3.236 entrées et une moyenne de 170. Par rapport aux autres origin stories qu’étaient Iron Man (4.331) et Doctor Strange (3.662), le résultat est moindre, mais le contexte (érosion de la franchise Marvel, sortie hors vacances) ne doit pas lui donner un complexe d’infériorité. En 2e place, Phantom Thread réalise un démarrage désirable : 1.652 entrées pour les adieux de Daniel Day-Lewis, c’est très bon pour pareil film d’auteur, mais, il est vrai exposé dans 23 cinémas, d’où une moyenne de 72. Au-dessus de lui, Le Retour du Héros avec Jean Dujardin, apprécié moyennement par les exploitants (17 salles, pas plus), est au rendez-vous, dès sa première séance, avec une bonne moyenne (1.526 entrées, moyenne de 90). On est moins impressionné par L’apparition qui bénéficiait curieusement de 21 salles : 1.130 entrées et une moyenne de 54. C’est loin d’être mauvais, mais on peut trouver le circuit intra-muros excessif. Destiné à un public provincial, Belle et Sébastien 3 manque de mordant, avec une petite 5e place, et 729 entrées dans 15 cinémas. Le film échoue à dépasser les 50 entrées par salle, pour sa moyenne. Parmi les reprises, Vivre ensemble d’Anna Karina, sorti initialement en 1973, réussit l’exploit de se payer 130 spectateurs sur un seul écran. C’est un événement.

Karina, Anna (née en 1940) - Entretien avec Luce Vigo (1973) -publié le mercredi 14 février 2018

Rencontre avec Anna Karina (née en 1940) À propos de Vivre ensemble (1972)

Sorties le jeudi 3 mai 1973 et le mercredi 14 février 2018

Jeune Cinéma n° 73, septembre-octobre 1973

Jeune Cinéma : Pensiez-vous à ce film depuis longtemps ?

Anna Karina : J’y pensais, oui, mais vaguement. Je n’osais pas vraiment. Il y a un an et demi environ que le scénario était écrit quand je l’ai tourné. C’est aux États-Unis - où je suis restée six mois avec des amis, après avoir tourné un film, où j’ai voyagé comme ça, à droite, à gauche, en découvrant des tas de gens qui faisaient des films en 16, en magnétoscope, etc… - que je me suis dit : "Mais après tout, pourquoi ne ferais-tu pas ton film, toi ? Quelles raisons as-tu de ne pas le faire ?" Et je suis rentrée en France avec l’idée de faire mon film. Il me fallait tourner avant que les feuilles tombent. Il me fallait les quatre saisons, le film se passe sur deux ans. J’avais besoin de moments sans feuilles sur les arbres pour l’hiver mais avec des feuilles encore sur les arbres, ce peut être à la fois l’été, l’automne et le printemps.

J.C. : Pourquoi avez-vous choisi ce sujet si souvent traité ?

A.K. : J’ai voulu faire une histoire d’amour, parce que c’est ce que je connais le mieux, enfin dans la mesure où l’on peut connaître quelque chose vraiment, ce qui n’est pas sûr non plus. De toutes façons, entre le sujet politique, le "message" et une histoire d’amour, j’ai choisi l’histoire d’amour, dans laquelle les gens ont 30 ans. On ne parle jamais des gens qui ont 30 ans : ils sont entre deux chaises, ils ne sont pas jeunes, ils ne sont pas vieux non plus. Et puis, je voulais qu’il y ait transfert, qu’il devienne ce qu’elle était au départ et vice-versa. Comme a dit Truffaut, le film aurait pu s’appeler Criss Cross.

J.C. : N’est-ce pas un peu systématique ? Pensez-vous que ce transfert se fait souvent à l’intérieur du couple ? A.K. : Je pense que ça arrive souvent, dans un certain quartier en tous les cas. J’habite Saint- Michel depuis dix ans et si l’histoire se passe comme ça, c’est que j’ai piqué un peu dans tout le monde au Quartier : c’est ce que j’ai vu autour de moi. L’idée du prof correspond à des profs que je connais, la fille, c’est la fille qui est un peu partout à Saint-Germain…

J.C. : Donc, c’est un film qui s’inscrit quand même dans un contexte social actuel ?

A.K. : Je ne sais pas. Au départ, je comptais raconter une histoire comme un faits divers, un peu comme une histoire que vous lisez dans le journal. Maintenant que le film est terminé, je me rends compte qu’il dérange plus que je ne le pensais, que les gens se posent plus de questions par rapport à ce film que moi. Des gens m’ont dit : "C’est un film contre les hommes…" Franchement, je ne vois pas pourquoi. Parce que le personnage masculin est veule, parce que c’est un "anti-héros" ? Mais devant des films comme Born to Win ou More, où les personnages masculins sont totalement négatifs, personne n’a été scandalisé, personne n’a dit que c’étaient des films contre les hommes. J’ai entendu tellement de choses auxquelles, franchement, je n’avais pas pensé ! En fait, c’est l’histoire de deux êtres qui vivent ensemble, avec des hauts et des bas.

J.C. : Quel plaisir autre que celui que vous aviez goûté comme comédienne avez-vous découvert ?

A.K. : Une grande joie de voir des images, de travailler avec les autres. Je me suis rendu compte - et c’est une question que l’on m’a souvent posée - que l’autorité est un problème qui n’existe pas tellement. Il ne s’agit pas de crier fort, mais de faire croire aux gens qu’ils ont la même pensée que vous huit heures par jour, leur donner le même plaisir à faire la même chose, à travailler en famille. Il s’est fait que, dans cette histoire, j’ai été le chef de famille. Cette réponse-là, je l’ai trouvée hier !

J.C. : N’aviez-vous pas déjà cette impression de fête de famille dans les films que vous avez tournés comme comédienne, avec Jean-Luc Godard, par exemple ?

A.K. : Si, absolument : l’impression de participer de façon tout à fait normale et naturelle. Je ne dis pas que ce n’était pas difficile parfois. Mais même s’il y a eu quelques disputes qui font partie d’un tout, quand on a tourné Pierrot le fou, c’était la joie !

J.C. : Dans votre film, vous avez un rôle très important…

A.K. : Pas plus que celui de l’homme…

J.C. : Oui, mais pour vous, était-ce une leçon de vous mettre en scène d’une manière qui correspondait mieux à ce que vous auriez voulu que l’on vous demandât dans vos films précédents ? A.K. : Ah non ! D’abord, il y a l’histoire, on l’aime ou on ne l’aime pas. Et dans cette histoire, il y a des personnages. Je n’ai pas écrit ce rôle spécialement pour moi, sinon je me serais plutôt flattée davantage. Cette fille n’est peut-être pas bête, mais, en tous les cas, elle n’est pas très intelligente. Je l’ai voulue quelconque.

J.C. : Lui aussi est assez quelconque.

A.K. : Non, lui, il devient quelconque. Mais j’ai toujours voulu montrer qu’ils étaient, l’un et l’autre, mal dans leur peau dès le départ. On m’a reproché l’absence de dialogues entre eux. Mais, je ne sais pas si vous avez remarqué, le film est fait par tableaux. J’ai voulu montrer des moments, assez variés à mon avis, qui passent par tous les plans et qui sont importants pour eux. Dans la vie, on ne se rappelle que des moments. Et puis j’ai voulu faire un film sur les sentiments, sur la vie. C’est surtout par l’image que j’ai voulu montrer certaines choses, et non par le dialogue qui n’est pas du tout intellectuel, mais quotidien, du genre : "Passe-moi ta chemise" !

J.C. : Votre métier de comédienne vous a-t-il préparé à celui de metteur en scène ?

A.K. : J’ai fait mon premier film à 15 ans et demi. Depuis, j’en ai fait trente-cinq comme comédienne. Chaque fois, c’était comme si j’allais à l’école. À l’école, vous apprenez à écrire, mais ce n’est pas pour cela que vous écrivez comme le professeur. Jean-Luc Godard m’a tout appris, à lire et à écrire, mais j’ai travaillé aussi avec des réalisateurs aussi différents que Tony Richardson, Cukor ou Visconti. Je ne me suis pas trouvée bêbête avec une caméra.

J.C. : Comment le voyez-vous maintenant, votre film ?

A.K. : Le film est fait avec de très petits moyens : je n’avais pas grand-chose techniquement. On pourrait dire aussi qu’il y a trop de scènes au télé-objectif, j’ai dû me cacher pas mal et tourner au télé-objectif depuis des fenêtres, derrière des arbres, afin que les gens ne regardent pas vers la caméra. Mais du point de vue technique, je n’ai pas eu de problèmes : vous savez, quand on a joué dans beaucoup de films, quand on regarde un petit peu, on est obligé d’apprendre quelque chose. Il boite un peu, il louche peut-être un peu. Mais je l’aime bien, c’est le mien.

J.C. : Pourquoi avez-vous choisi de tourner aussi à New York ?

A.K. : C’est pour moi une question de génération. Aujourd’hui, souvent, lorsqu’on se rencontre, on ne se marie pas, mais on fait un voyage. Parce que ça ne coûte pas cher aujourd’hui avec les charters. Ils auraient pu aussi bien aller en Thaïlande, mais j’aime beaucoup et je connais bien New York. J’ai filmé des choses que je connaissais bien. Je n’aurais pas pu faire quelque chose sur des gens habitant aux Champs-Élysées, je ne les sens pas assez. Il y a plusieurs manières de voir New York, j’ai voulu montrer le New York que j’aime, plutôt. C’est une ville internationale, magnifique et en même temps méchante, tragique. Il s’y passe des choses que l’on ne voit jamais ailleurs. Ce qui m’a intéressée, c’est de montrer que là-bas, à la fois tout compte et rien ne compte. J’avais très peu de temps pour montrer New York, j’ai filmé quarante minutes, finalement il en reste seize. Tout ça après huit jours de tournage. J’ai choisi de tourner dans Central Park car il s’y passe toujours quelque chose d’extraordinaire. Les gens sont très ouverts, et j’ai tourné un samedi et un dimanche à cause des bicyclettes : les voitures ne traversent pas le parc ce jour-là.

Propos recueillis par Luce Vigo Jeune Cinéma n° 73, septembre-octobre 1973

Vivre ensemble. Réal, sc, prod : Anna Karina ; ph : Claude Agostini ; mont : Andrée Choty, Françoise Collin ; mu : Claude Engel. Int : Anna Karina, Michel Lancelot, Monique Morelli, Viviane Blassel, Bob Asklof (France, 1972, 92 mn).

FilmoTV

FilmoTV rencontre l’audacieuse Anna Karina !

A l’occasion de sa visite à FilmoTV, Anna Karina a longuement échangé avec Laurent Delmas sur son film Vivre Ensemble qu’elle écrivit, produisit, réalisa et interpréta en 1972, mais aussi sur quatre films de celui dont elle fut l’interpète de prédilection et pendant un temps l’épouse, Jean-Luc Godard.

A propos de Vivre Ensemble (1973)

Française d’origine danoise, Anna Karina doit son pseudo à Coco Chanel. Elle est à la fois actrice, chanteuse et réalisatrice, et c’est de ce dernier rôle qu’il sera surtout ici question, au regard du peu de femmes dans la profession à l’époque, alors qu’aujourd’hui un quart des réalisateurs sont des réalisatrices ! Sur Vivre Ensemble, Anna Karina occupera toutes les fonctions : actrice, scénariste, réalisatrice et productrice pour un long métrage qui sera même sélectionné pour la Semaine de la Critique à Cannes 1973. Le film est tourné dans deux villes jouant les antagonismes, Paris et New York. Il retrace les cheminements d’un couple qui se croise et se décroise entre le Paris de Saint-Germain des Prés et le New York contestataire de Harlem ! Anna Karina revient ainsi sur les conditions du tournage new-yorkais, en toute illegallité, sans aucune autorisation. Même la musique du film est une histoire à elle seule : composée en 24h par Claude Engel (ancien membre du groupe mythique Magma), elle parvient à se fondre aussi bien dans Paris que dans New York. Le film sort dans trois salles et, pour des raisons que la réalisatrice n’expliquent pas, se retrouve interdit aux moins de 18 ans.

A propos de Jean-Luc Godard . Vivre sa vie (1962) que les abonnés peuvent retrouver dans se version restaurée. Anna Karina y campe un personnage singulier de prostituée nommée Nana, sans hasard évidemment. . Une femme est une femme (1961) avec Jean-Claude Brialy dans le rôle du mari et Jean-Paul Belmondo dans celui de l‘amant, est une comédie remplie de gaité et de musique. Une manière de découvrir un Godard joyeux ! . Alphaville (1965) est un film d’amour avec Eddie Constantine où tout y était « bizarre » dixit Anna Karina. . Pierrot le fou (1965) dans lequel elle retrouve Jean-Paul Belmondo, un film d’une grande modernité, très universel et « d’une beauté sublime », écrira Louis Aragon.

En savoir plus sur https://actualitesjeuxvideo.fr/filmotv-rencontre-laudacieuse-anna- karina/#cpc6fBxmLs5DkYuf.99

Festival Lumière

Journal Lumière Le Film français Le Petit bulletin Télérama Variety Dépêche AFP

Sélection Dix rendez-vous à ne pas rater au Festival Lumière

Samuel Douhaire - Publié le 13/10/2017. Mis à jour le 13/10/2017 à 14h37.

Le premier film de John Cassavetes, , Guillermo del Toro ou Anna Karina en master class, une nuit spéciale science-fiction… Le Festival Lumière début samedi 14 octobre à Lyon et braque ses projecteurs sur le meilleur du cinéma de patrimoine.

C’est la grande fête annuelle des cinéphiles. Samedi 14 octobre 2017 débute à Lyon la neuvième édition du Festival Lumière, la plus importante manifestation européenne, sinon mondiale, consacrée au cinéma de patrimoine. Au programme : neuf jours bien remplis de projections (la plupart des films sont proposés en version restaurée), de rétrospectives (Henri- Georges Clouzot, Harold Lloyd et une sélection de grands westerns classiques choisis par Bertrand Tavernier, notamment), de soirées spéciales et autres master class dans toute la métropole lyonnaise, en présence de Wong Kar-wai (prix Lumière 2017), Guillermo del Toro, Tilda Swinton, William Friedkin et bien d’autres. Notre sélection, forcément subjective, de dix rendez-vous incontournables. En vous conseillant fortement de réserver le plus tôt possible : la plupart des séances sont souvent prises d’assaut.

“Un enfant attend”

C’est le mal-aimé de la filmographie de John Cassavetes. Le cinéaste avait renié ce film de 1963), remanié contre sa volonté par le producteur Stanley Kramer. Il est vrai que ce mélodrame hollywoodien à la facture classique ne ressemble en rien (ou presque) avec les œuvres sauvages, semi-improvisées que réalisera par la suite l’auteur d’Une femme sous influence et Love Streams. Un enfant attend, starring Burt Lancaster (impérial comme souvent), Judy Garland (au bout du rouleau) et, déjà, Gena Rowlands, est pourtant un film bouleversant, peut-être la fiction la plus sensible, et la plus juste, jamais tournée sur l’autisme.

Samedi 14 septembre à 20h45 à l’Institut Lumière.

Rencontres avec Eddy Mitchell

Le chanteur (bientôt retraité) est non seulement acteur, mais aussi un cinéphile de première, amoureux du Hollywood de l’âge classique (souvenez-vous de sa nostalgique Dernière séance sur FR3 dans les années 80). Invité d’honneur de la soirée d’ouverture, samedi 14 octobre, « Schmoll » rencontrera le public dimanche matin lors d’une master class animée par Stéphane Lerouge. Puis, dans l’après-midi, présentera la projection de Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier, son premier grand rôle au cinéma.

Dimanche 15 octobre à 11h15 et 17h30 au Pathé Bellecour.

“1900”

Le grand œuvre de Bernardo Bertolucci (1976) est présenté en version restaurée. Cinq heures et quinze minutes d’une grande fresque historique à la gloire des classes laborieuses, à travers les destins liés de deux Italiens nés le même jour : le petit-fils d’un métayer et celui d’un propriétaire. L’occasion de revoir Gérard Depardieu et Robert De Niro au début de leur gloire.

Dimanche 15 octobre à 14h30 à l’UGC Astoria.

“Heat”, director’s Cut

Toujours Robert De Niro, mais vingt ans après et, cette fois en braqueur de génie face à Al Pacino en policier un peu louche. Deux monstres sacrés au sommet de leur intensité dans une mise en scène brillantissime. Michael Mann sera présent à Lyon pour présenter la version définitive de son chef-d’œuvre, inédite en France.

Dimanche 15 octobre à 20h à l’Auditorium de Lyon.

Master class de Guillermo del Toro

Son nouveau film, La forme de l’eau – The Sape of the Water, Lion d’or au dernier festival de Venise, est une splendeur. Les festivaliers lyonnais pourront le découvrir en primeur, plus de quatre mois avant sa sortie nationale (le 21 février 2018), à l’Institut Lumière, dimanche 15 octobre à 16h15. Avant de retrouver le réalisateur le lendemain pour une master class très prometteuse : Guillermo del Toro est un des cinéastes qui parlent le mieux du cinéma.

Master class lundi 16 octobre à 15h à la Comédie Odéon.

Rencontre avec Jean-François Stévenin

Grand second rôle du cinéma français, Jean-François Stévenin n’aura réalisé que trois films en presque cinquante ans de carrière. Mais quels films ! Le passe-montagne, Double messieurs et Mischka sont trois joyaux inclassables, portés par la liberté de ton et d’esprit de leur auteur. Ils seront projetés dimanche et lundi à Lyon, en guise d’apéritif à la rencontre avec le comédien- cinéaste, mardi. Avis aux amateurs : Jean-François Stévenin a des milliers d’histoires à raconter. Et c’est un fabuleux conteur...

Mardi 17 octobre à 15h à la Comédie Odéon.

Master class de Anna Karina

La première égérie de Jean-Luc Godard, inoubliable dans Une femme est une femme (à revoir la semaine prochaine à Lyon), a également réalisé deux longs métrages. Le Festival Lumière présente le premier, qui vient tout juste d’être restauré : Vivre ensemble (1973) est une chronique sentimentale tournée « à l’arrache », à la manière des débuts de la Nouvelle vague, dans le Quartier latin mais aussi à New York. Anna Karina viendra raconter la genèse de ce film touchant jusque dans ses maladresses lors d’une master class spéciale.

Mercredi 18 octobre à 15h à la Comédie Odéon.

“Les Espions”

S’il y avait un seul film à redécouvrir dans l’intégrale Clouzot proposée par le Festival Lumière, c’est celui-là. Car Les Espions (1957) vaut bien plus que la formule assassine du scénariste Henri Jeanson : « Clouzot a fait Kafka dans sa culotte ! ». L’univers froid et cynique du film rappelle celui du Corbeau, le chef d’œuvre du réalisateur. Et c’est un festival d’absurde à l’état pur, à la lisière du fantastique, avec des dialogues étourdissants. Vendredi 20 octobre à 16h45 au Cinéma Opéra.

Remise du Prix Lumière

Après, entre autres, Clint Eastwood, Martin Scorsese, Gérard Depardieu, et, en 2016, Catherine Deneuve, c'est Wong Kar-wai qui est honoré cette année pour sa contribution au septième art. Il recevra son Prix lors d’une soirée spéciale en présence de nombreux invités surprises et avant la projection de l’un de ses premiers films, Les Anges déchus (1995). Pendant toute la semaine, le réalisateur hong-kongais proposera aussi au public lyonnais ses dix films chinois préférés des années 2000, dont quatre inédits en France.

Vendredi 20 octobre à 19h30 à l’Amphithéâtre-Centre de congrès.

Lumière Festival: Celluloid Angels to Give Anna Karina Directorial Debut ‘Vivre Ensemble’ 4K Restoration

The 1973 globetrotting feature was selected for a Cannes Critics’ Week lineup, and is looking for a second life at this year's Lumière Festival

CREDIT: MediaPunch/REX/Shutterstock

LYON — Hundreds of cinema restoration professionals meet in Lyon each year, as well as filmmakers, actors, and superfans, to admire and discuss cinematic gems, which might otherwise become victims of time and technology.

At this year’s festival Jean-Luc Godard’s iconic muse, Anna Karina, gave a master class and introduced the restoration of her 1973 directorial debut “Vivre Ensemble.” Also in town were the film’s original co-producers, the legendary Société Nouvelle de Cinématographie (SNC), a company with more than 80 years of production history in France. The film is in the process of a 4k update from the original Super 16mm negatives, with the restoration being handled by crowdfunding platform Celluloid Angels. The film is set in the St Germain neighborhood of Paris’ Latin Quarter and the spirit of the late ’60s and pre-oil crisis ’70s sets the backdrop for the film’s love story. It was selected for the 1973 Cannes Film Festival Critics’ Week line-up.

“Karina wrote, produced and starred in the film, using her own flat for catering, set and technical locale for the Paris scenes in the film,” SNC’s Ellen Schafer, told Variety. “The NYC scenes are all “stolen,” made with unauthorized footage Anna-Karina and her tiny crew managed to film during a short stay in the city. The film has an amazingly natural and free atmosphere, poetic yet serious and very 70’s!”

The restoration budget is nearly $140,000, more than $80,000 of which was provided through a CNC French film agency CNC grant. Celluloid Angels hopes to recoup the remaining difference between DVD sales, a potential TV broadcast deal and the aforementioned crowdfunding campaign which is currently 33% of the way to it’s $22,500 goal.

The restoration process has already commenced, and includes mixing the 16mm footage and 35mm blow-ups, in the event they can help the restoration stay faithful to the original film. A 4k restoration magnifies any defect or imperfection, which makes a project like this costly and time consuming.

“This ‘going-back-and-forth’ approach to the restoration has a major inconvenience: staying within the budget and timeframe. We must make difficult decisions and having the possibility to push the technical limits of the restoration is definitely in the best interest of the film,” said restoration supervisor Olivier Pruvost.

“Indeed this is an ethical question. If SNC is to respect Anna Karina’s artistic orientations, it is necessary to have the financial leeway to explore all technical solutions.”

Other Cinema Angels projects include Luc Besson’s “The Big Blue,” Georges Lautner’s “Monsieur Gangster,” and Maurice Delbez’s “Rue de Cascades.”

Au Festival Lumière, les mille et une anecdotes d'Anna Karina, égérie de la Nouvelle vague

AFP, publié le jeudi 19 octobre 2017 à 11h07

Son visage magnétique reste associé à celui de Jean-Luc Godard, dont elle fut la muse: l'actrice Anna Karina a charmé d'anecdotes les cinéphiles du Festival Lumière, mercredi à Lyon, au cours d'une masterclass où elle a évoqué sa collaboration avec le cinéaste.

L'actrice française Anna Karina lors d'une masterclass au Festival Lumière, à Lyon, le 18 octobre 2017 © AFP, ROMAIN LAFABREGUE

"Avec Jean-Luc, il n'y avait jamais matière à discuter sur un plateau. C'était comme ça et pas autrement", confie-t-elle, voix rauque et sourire éclatant, évoquant le cinéma "très écrit" de ce "metteur en scène minutieux".

"C'était aussi un homme drôle qui aimait rire de tout ce qui était con. Et ça, les gens ne l'ont jamais perçu". Née en 1940, Hanne Karin Bayer - de son vrai nom - a quitté le Danemark à 17 ans pour rejoindre la France, après des débuts timides dans le mannequinat, la chanson de cabaret et un court métrage.

© AFP, ROMAIN LAFABREGUE

À Paris, elle se met en quête de petits boulots et va au cinéma pour apprendre le français. Repérée aux Deux Magots, elle rencontre la créatrice de mode Coco Chanel, qui l'incite à se doter d'un pseudonyme pour percer: désormais, elle sera "Anna Karina".

Nous sommes en 1957, et Jean-Luc Godard, alors critique aux Cahiers du cinéma, l'a également repérée. Il lui propose un petit rôle dans "À bout de souffle", son premier long métrage. Mais Anna Karina décline poliment, refusant d'être filmée nue.

"J'ai réalisé après coup que j'avais refusé un rôle dans un film majeur", raconte-t-elle.

Avec "Le petit soldat" (1960), film politique controversé en forme de déclaration d'amour à la jeune femme, Godard lui offre cette fois le premier rôle, celui qui va définitivement lancer sa carrière.

Un soir après le tournage, dans un restaurant de Lausanne, le réalisateur transmet un message sans équivoque à la comédienne qui dîne avec son compagnon: "Je vous aime. Rendez-vous à minuit au Café de la paix, à Genève".

"Cela faisait trois mois qu'on se regardait avec Jean-Luc. Il y avait quelque chose de magnétique entre nous. Il m'a fait passer ce petit mot sous la table. Je vais vous dire: je suis allée dans ce café".

- Visconti, Schlöndorff, Fassbinder... -

Un an plus tard, en pleine idylle avec le réalisateur, Anna Karina décroche le prix d'interprétation au festival de Berlin pour le rôle d'Angela dans "Un femme est une femme". Une autre partition écrite pour elle par Godard.

"J'étais ravie de faire ce film mais tellement impressionnée par les premiers jours de tournage que mes genoux claquaient. C'est Jean-Paul Belmondo qui m'a rassurée."

Au total, Anna Karina tournera jusqu'en 1966 une dizaine de films avec Godard. Le couple divorcera en 1964 après trois années d'une romance parfois houleuse.

La suite de sa carrière s'est façonnée au gré de collaborations prestigieuses: Michel Deville, Jacques Rivette, Agnès Varda, mais aussi Luchino Visconti - "un papa, noble et gentil" - Volker Schlöndorff ou encore Rainer Werner Fassbinder - "très spécial et un peu pervers".

La même année - 1967 - elle donne la réplique à Marcello Mastroianni ("L'étranger) et chante avec Serge Gainsbourg ("Sous le soleil exactement").

Cinq ans plus tard, elle tourne "Vivre ensemble", son premier long métrage, écrit, produit et réalisé en quatre semaines. Elle le finance sur ses économies et en démarchant des producteurs sous un pseudonyme masculin, mais est vite démasquée cependant.

Un film intimiste - qui ressortira dans les salles au printemps 2018 - contant une histoire d'amour entre "un prof et une cinglée" dans un Saint-Germain-des-Prés bohème. "Je me suis toujours dit que les comédiens devraient faire un film pour comprendre la complexité du travail d'un réalisateur."

À 77 ans, elle dit rester "une fan" de cinéma, des comédies musicales et des films d'Igmar Bergman surtout. Un documentaire en forme de portrait, réalisé par Dennis Berry et baptisé "Anna Karina, souviens-toi", sera diffusé prochainement à la télévision sur Arte.