LeMonde Job: WMQ1805--0001-0 WAS LMQ1805-1 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0352 Lcp: 196 CMYK
b TELEVISION a RADIO ̄ MULTIMEDIA CINÉMA LA PENTAPHONIE Les Sénégalais TÉLÉVISION-RADIO « Requiem pour A la poursuite un massacre », du « Singe soleil », voyagent ou l’enfer un reportage sonore sur le Net. Page 35 de la guerre, extraordinaire. par le cinéaste soviétique Page 26 MULTIMÉDIA Elem Klimov. Page 22
CNN, les métamorphoses du village
a global ENQUÊTE Ted Turner veut Loin de renoncer à ses ambitions planétaires, le fleuron du groupe Turner, renforcé par le mariage avec Time Warner, continue sur la voie du développement, tout en s’adaptant aux évolutions de la mondialisation. CNN s’oriente vers une certaine régionalisation internationale, avec une version en espagnol, et essaie changer le monde de tenir compte des particularismes locaux. Le charismatique Ted Turner conserve cependant son esprit missionnaire, à l’échelle du globe : il espère toujours
changer le monde. Pages 2 et 3 CNN
Histoire(s) de Wonder Jeux vidéo : a Après « Reprise », le film les grands classiques Les meilleurs d’Hervé Le Roux, Richard Copans propose une version Les meilleurs titres de CD-ROM courte pour la télévision. d’aventures, de stratégie ou d’action. Mêmes interviews, autre Ils peuvent pour la plupart être achetés montage. Mêmes bouffées à prix cassé et constituer un bon fonds de vie, autre regard. Page 5 de CD-ludothèque. Pages 32 et 33 titres de CD-ROM SEMAINE DU 19 AU 25 MAI 1997
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16269 – 7 F DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Affaire Elf : Les rebelles zaïrois entrent dans Kinshasa Elections une filiale b Les troupes de M. Kabila ont gagné la capitale du Zaïre au lendemain de la fuite de M. Mobutu législatives b Le « numéro deux » de l’Alliance rebelle se prononce pour une « conférence nationale » genevoise rassemblant toute l’opposition b Enquête : comment le dictateur zaïrois a construit sa fortune a Le Parti socialiste au cœur LES FORCES REBELLES de liance des forces démocratiques litaire d’une campagne entamée de la défense, le général Mahele s’alarme Laurent-Désiré Kabila entraient pour la libération du Congo en octobre 1996 dans l’est du pays, Bokungu Lieko, a été assassiné dans Kinshasa, samedi 17 mai en (AFDL) attaquaient l’aéroport de le dernier carré des dignitaires du dans la nuit de vendredi à samedi des déficits publics de l’enquête fin de matinée, vingt-quatre la capitale, tandis que d’autres mobutisme s’entre-déchirait. Ap- dans l’enceinte du camp de la Di- heures après que le président Mo- étaient signalés à quelques kilo- paremment sur le point de négo- vision spéciale présidentielle. De a LA PERQUISITION conduite, butu Sese Seko eut fui la ville. mètres du centre-ville. Alors cier l’arrivée « en douceur » des nombreux responsables du gou- Les grévistes jeudi 15 mai, à la Tour Elf par les Des éléments avancés de l’Al- qu’approchait le dénouement mi- hommes de M. Kabila, le ministre vernement et de l’armée avaient juges Eva Joly et Laurence Vichiev- fui de l’autre côté du fleuve, au de la SNCF sky, marque un nouveau pas dans Congo, ou se cachaient dans Kins- l’enquête sur le groupe pétrolier. Le hasa. La débandade avait dans la campagne PDG d’Elf, Philippe Jaffré, ayant commencé la veille, dès l’annonce assuré ne pas être en mesure d’ou- du départ du maréchal Mobutu a vrir un coffre-fort, les enquêteurs Toute tentative de médiation Le défi ont posé des scellés en attendant politique, par l’intermédiaire de de revenir sur les lieux. Plusieurs personnalités liées à l’ancien ré- bordelais documents, relatifs notamment à gime, paraissait devoir rester une filiale genevoise, la Sofineg, et lettre morte. Dans un entretien au d’Alain Juppé à l’acquisition en Allemagne du ré- Monde, le docteur Emile Ilunga, seau de stations-service Minol, ont qui passe pour être le numéro a été saisis. Les enquêteurs ont aussi deux de l’AFDL, affirme que la ré- Les sept sujets fouillé le bureau du « responsable bellion, une fois installée à Kins- de la sécurité », ancien membre des hasa, convoquera une « confé- capitaux (6) : services secrets, dans le coffre du- rence nationale » réunissant « les quel ont été découvertes des résistants de l’intérieur et de l’exté- chambardement « notes blanches » portant sur cer- rieur » pour nommer un gouver- taines enquêtes judiciaires en cours nement de transition. dans l’armement – mais sans lien apparent avec Elf. Lire pages 2 et 3 et l’enquête sur Lire pages 6 à 10, page 28 Lire page 11 la fortune de Mobutu p. 12 et 13 et notre éditorial page 16 Courriers Angoisse rue de Grenelle : et si le bac n’avait pas lieu ? LE SCÉNARIO catastrophe dessiné par Guy nellement dans le grand amphithéâtre de la Sor- ment des IPR-IA serait simplifié, c’est-à-dire ac- distingués Bourgeois dans Le baccalauréat n’aura pas lieu bonne, le nouveau ministre François Bayrou céléré pour certains ; que quelques postes (Payot, 1989) pourra-t-il encore être évité cette leur avait lancé une manière de « Je vous ai d’inspecteurs généraux supplémentaires – le IL EST L’INTIME de la vie de année ? A la grâce des inspecteurs ! Les IPR-IA, compris » assorti de promesses substantielles bâton de maréchal – pourraient être débloqués a bureau, s’imposant à l’ou- inspecteurs pédagogiques régionaux-inspec- concernant leur carrière. Tonnerre d’applaudis- et, surtout, que des emplois « fléchés » permet- verture de toute lettre, de tout fax. teurs d’académie, qui exercent selon leur propre sements. L’année suivante, plutôt que de reve- traient d’être payé « au-delà de l’échelle lettre Logo, typographie, graphisme : son formule « d’importantes responsabilités à des en- nir les mains vides, le ministre ne s’était pas dé- A», qui va jusqu’à G. « 50 points indiciaires, c’est
en-tête se glisse en préalable à droits clés du système éducatif », laissent en effet placé et avait dépêché l’un de ses directeurs. 1 000 francs par chevron, et il faut compter trois DEREK HUDSON l’échange, comme une politesse planer une menace sur le diplôme-monument L’année d’après, les promesses n’étaient tou- chevrons par lettre », souligne avec satisfaction dont l’absence serait choquante. national : ils refuseraient cette année de siéger jours pas honorées... Robert Prosperini, secrétaire général de leur a Commercial ou personnel, le pa- dans les commissions d’harmonisation où sont Les IPR-IA ont donc décidé de mettre à exé- syndicat. Festival de Cannes pier à lettres fut ainsi un terrain de examinées les notes des candidats qui dé- cution les menaces qu’ils brandissaient depuis Reste à concrétiser toutes ces belles avancées Avec Le Goût de la cerise, la liberté et jeu pour les graphistes du pendent d’un même jury. Ce corps de 1 056 per- quelques mois. Le passage à l’acte a commencé par un « bleu » des finances ou, en tout cas, un la modestie du cinéaste iranien Kiaros- XXe siècle. Entre signes, sigles et sonnes recrutées parmi les agrégés, les chefs par une politique de la chaise vide dans les jurys engagement indéfectible du gouvernement al- tami triomphent sur la Croisette, tandis symboles, notre rubrique « Styles » d’établissement de haut niveau et les inspec- académiques chargés de titulariser les profes- lant au-delà du 1er juin, jour du second tour des que Mathieu Kassovitz rate son retour explore cet univers à l’occasion de teurs de l’enseignement primaire pourrait éga- seurs et une rétention des rapports d’inspec- législatives. Ce sera l’objet de la deuxième réu- avec Assassin(s). p. 22 et 23 l’exposition organisée à Paris par lement compromettre la rentrée en refusant de tion, suscitant une véritable panique rue de Gre- nion interministérielle, prévue mardi 20 mai. Le Musée de La Poste sur « L’image titulariser les lauréats du Capes à l’issue de leur nelle. Le directeur des personnels enseignants a Ministères de la fonction publique et du budget de marque à travers le courrier ». année de stage. Sans titularisation, pas de nomi- aussitôt sonné le tocsin et prié les recteurs de ré- sont dans leurs petits souliers. Et si les autres Entre « sacs-objets » et « mots- nation. former les jurys pour remplacer les récalcitrants corps d’inspection comparables de la fonction a Scandale valises », bagages et sacs de voyage Pourquoi tant de colère de la part de fonction- en grève du zèle. Mais comment couper aux re- publique s’avisaient d’en demander autant ? «Il sont les produits de la semaine. naires qui se décrivent comme des responsables cours devant les tribunaux administratifs qui ne faut savoir ce que l’on veut : le bac doit-il oui ou en Corée du Sud Quant au lieu, c’est le Grand Rex, habitués à agir « dans le calme, la sérénité et la manqueraient pas de survenir ? non avoir lieu ? », demande-t-on en haut lieu. En Le fils du président sud-coréen, accusé ce cinéma mythique dont on peut discrétion » ? Parce qu’ils en ont assez d’être les Mardi 6 mai, une réunion interministérielle tout cas, la campagne électorale ne sera pas per- d’avoir touché des pots-de-vin pour un désormais visiter les coulisses. éternels oubliés de la revalorisation des person- de la dernière chance se tenait donc à Matignon, due pour tout le monde. montant de 20 millions de francs, a été nels de l’éducation nationale, qui a touché tout « sous la pression », avoue un conseiller tech- Lire page 20 le monde sauf eux. En 1993, les recevant solen- nique. Il y fut décidé que le régime d’avance- Béatrice Gurrey arrêté, samedi 17 mai. p. 4
POINT DE VUE a Restructuration Handball français, dans le papier Pressée par ses actionnaires, l’industrie la mutation M. Le Pen peut-il faire papetière doit évoluer. L’heure des fu- sions internationales est venue. p. 17
battre la majorité ? a La publicité par Jérôme Jaffré se régionalise Dans un marché en forte croissance, A difficulté classique de que, bien que n’ayant aucune Jean-Marie Le Pen est chance de victoire, les candidats les agences publicitaires régionales se que, s’il comptabilise un frontistes maintiennent à peu près développent au point de concurrencer L grand nombre de suf- intact leur capital de voix du pre- celles de Paris. p. 19 DANIEL COSTANTINI frages, il a peu de prise sur le jeu mier tour, laissant le candidat de la politique et ne pèse pas sur la dévo- majorité affaibli face au rassemble- L’ÉQUIPE de France de handball lution du pouvoir. En 1992, malgré ment de la gauche unie. a remet son titre de championne du un score de 14 % aux régionales, il En 1993, la faiblesse des socia- Polémique autour monde en jeu au Japon. Profondé- n’a pas fait l’élection des présidents listes a interdit la mise en œuvre de de « Guernica » ment remaniée, la nouvelle forma- des conseils régionaux, ni même cette stratégie sur une grande tion ne vise pas l’exploit. Dans un empêché la reconduction des ca- échelle, mais on relevait déjà que, Le musée madrilène Reina Sofia refuse entretien au Monde, l’entraîneur na- ciques de la majorité. En 1993, mal- dans les triangulaires PS-UDF-FN, de prêter le tableau de Picasso à Bil- tional, Daniel Costantini, fixe son gré 12,7 % des voix, il n’a rien pu le Front national gardait presque bao. Les Basques parlent de « vexation objectif : « Se passer des anciens. » négocier et a assisté impuissant au intégralement ses voix : 21,5 % au politique ». p. 24 triomphe de la droite modérée. En second tour, contre 22,5 % au pre- Lire page 19 1995, malgré ses 15,3 % et des décla- mier tour. rations incendiaires (« Chirac, c’est Accéder au second tour suppose a Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, Jospin en pire »), il a vu son ennemi pour le FN d’être en première ou « Grand Jury » 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; intime accéder à l’Elysée. deuxième position dans les cir- Dominique Strauss-Kahn est l’invité du Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Pour M. Le Pen, l’enjeu de ces conscriptions en ballottage – ce « Grand Jury RTL-Le Monde », lundi 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, élections législatives est simple : que la renaissance socialiste rend 19 mai à 18 h 30. 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; dépasser, bien sûr, les meilleures beaucoup plus difficile qu’il y a Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. performances électorales du Front quatre ans – ou bien de dépasser la International ...... 2 Abonnements ...... 19 national, mais aussi tout faire pour barre de 12,5 % des inscrits. France ...... 6 Aujourd’hui ...... 19 causer la perte de la majorité ac- Carnet...... 10 Jeux...... 21 tuelle. Pour cela, l’arme fatale aux Lire la suite page 14 Société ...... 11 Météorologie ...... 21 mains du FN réside dans la multi- Horizons ...... 12 Culture...... 22 plication des triangulaires au se- Entreprises ...... 17 Guide culturel...... 26 cond tour de scrutin. Car dans ce Jérôme Jaffré est vice-pré- Placements...... 18 Radio-Télévision..... 27 cas de figure, l’expérience montre sident de la Sofres. LeMonde Job: WMQ1805--0002-0 WAS LMQ1805-2 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0353 Lcp: 196 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997
ZAÏRE Samedi 17 mai, en fin de entraient dans la capitale Kinshasa, tion. Le médiateur des Nations unies autre ». b A BRUXELLES, Emile Ilun- liance réunira une « conférence na- matinée, les premières troupes de désertée, la veille, par le président et de l’Organisation de l’unité afri- ga, considéré comme le numéro tionale » regroupant les résistants l’Alliance des forces démocratiques Mobutu. b SELON LES AMÉRICAINS, caine (OUA), Mohamed Sahnoun, deux de l’AFDL, annonce que, après de l’intérieur et de l’extérieur pour pour la libération du Congo-Zaïre le chef rebelle ne serait pas disposé veut tout faire pour éviter « qu’une « la reddition et le désarmement des nommer un gouvernement de tran- (AFDL), de Laurent-Désiré Kabila, à accepter une structure de transi- dictature soit remplacée par une forces liées à l’ancien régime », l’Al- sition. A Kinshasa, les derniers soubresauts du mobutisme Alors que les troupes de Laurent-Désiré Kabila s’apprêtaient à entrer dans Kinshasa, les partisans du maréchal Mobutu se livraient à des règlements de comptes. Assassiné par des hommes de la garde présidentielle, le général Mahele, ministre de la défense, voulait négocier avec les rebelles
KINSHASA belle. Depuis le soir du 10 mai, on mouvements au sein de la DSP, les étaient venus chercher sans que En début de journée, le pré- tion est limpide, le chef de l’Etat de notre envoyé spécial lui prêtait l’intention de déclarer troupes occidentales basées à l’on sache précisément pour l’ins- sident Mobutu Sese Seko, après s’est retiré dans ses terres, indi- Les troupes rebelles de l’Alliance Kinshasa « ville ouverte » afin de Brazzaville ont été mises en alerte. tant de qui il s’agit. une nuit de discussion avec les gé- quant qu’il ne se présenterait pas à des forces démocratiques pour la faciliter l’« atterrissage en dou- L’effervescence sur le fleuve était Vers 22 heures, un camion plein néraux Likulia, Mahele et Nzimbi, sa propre succession lors d’éven- libération du Congo-Zaïre (AFDL) ceur » des rebelles dans la capitale visible du haut des immeubles de de blessés est arrivé aux portes de avait décidé de quitter Kinshasa tuelles élections générales. Pour le de Laurent-Désiré Kabila n’étaient zaïroise, selon l’expression utilisée Kinshasa. L’opération s’est arrêtée l’hôpital Mont-Ngaliema en pro- pour Gbadolite, son sanctuaire à reste, le gouvernement gouverne, pas encore entrées dans Kinshasa par Bill Richardson et Daniel après que Kongulu Mobutu, le venance de Ndjili, l’aéroport inter- la frontière centrafricaine. C’est là « appliquant les lois de la Répu- que les règlements de compte zaï- Simpson, respectivement ambas- propre fils du maréchal, capitaine national de Kinshasa, où apparem- que ses enfants et ses parents dé- blique, tout en étant pleinement res- ro-zaïrois, au sein du camp gou- sadeur des Etats-Unis à l’ONU et à de la DSP, eut prévenu les chan- ment des combats avaient lieu. On cédés sont enterrés. Pas question ponsable de la gestion des affaires vernemental, avaient déjà Kinshasa. Dès la mort du général celleries occidentales qu’il ne a cru un moment que des pour le maréchal Mobutu, qui a le de l’Etat devant le Parlement », et commencé. Vendredi dans l’après- Mahele connue, le général Likulia s’agissait là que d’affaires zaïro- commandos rebelles arrivés par le culte des ancêtres et de la famille, c’est au président du Haut conseil midi, après que le ministre de l’in- Bolongo, premier ministre, aurait zaïroises. fleuve étaient dissimulés dans les de partir bientôt en exil en laissant de la République-Parlement de formation eut fait une communi- choisi de se mettre à l’abri avec les Cependant, vers trois heures du marais environnants et pilon- derrière lui les sépultures de ses transition (HCR-PT) qu’incombe cation verbeuse au nom du gou- siens à la résidence de l’ambassa- matin, deux blindés ont pris posi- naient au mortier les militaires de proches. Jean-Luc Habyarimana, « la mission d’assurer la médiation vernement, le général Nzimbi, deur de France, selon un officier tion devant l’hôtel Intercontinen- Kibomango, un camp d’entraîne- le fils de feu Juvénal Habyarimana, de la crise entre l’Alliance et les Ins- commandant de la Division spé- ment de la DSP, proche de l’aéro- le président rwandais assassiné le titutions de la République ». ciale présidentielle (DSP), a traver- port. Mais il semblait plus pro- 6 avril 1994, enterré lui aussi à sé le fleuve avec certains de ses of- Des forces de quatre pays pour évacuer les étrangers bable, quelques heures plus tard, Gbadolite, avait fait le nécessaire il AUX PORTES DE LA VILLE ficiers pour se rendre à Brazzaville. que des militaires gouvernemen- y a une dizaine de jours pour sous- En d’autres termes, Mgr Laurent Le général Mahele Bokungu Lieko, Quatre pays occidentaux ont détaché des forces en Afrique cen- taux aient ouvert le feu sur traire les restes de son père à la Monsengwo, l’archevêque de Ki- chef d’état-major et ministre de la trale et principalement au Congo dans l’éventualité d’une évacua- d’autres soldats gouvernemen- vindicte des rebelles zaïrois enca- sangani, rétabli dans ses fonctions défense, a fait traverser son ba- tion des 2 000 ressortissants étrangers au Zaïre. Les Etats-Unis dis- taux, ceux qui avaient retourné drés par des Tutsis rwandais. à la tête du HCR-PT, bien qu’il teau à bord duquel se trouvaient posent de quelque 1 500 hommes, dont 1 150 Marines embarqués sur leur vareuse dans l’après-midi et Le président zaïrois a quitté n’ait pas officiellement accepté de ses biens, mais il est resté à Kins- un porte-hélicoptères au large de Pointe-Noire (Congo). La France a s’étaient ceints le front d’un ruban Kinshasa, mais il n’a pas démis- réintégrer un poste qu’il avait été hasa. déployé 300 légionnaires – non compris 600 soldats basés à Libre- blanc, signe d’allégeance aux sionné de son poste comme l’exi- contraint d’abandonner en janvier Sur les conseils de l’ambassa- ville (Gabon) – à Brazzaville en vue de traverser le fleuve Congo, qui forces rebelles. geait Laurent-Désiré Kabila, qui 1996, est chargé de négocier avec deur des Etats-Unis au Zaïre, il a sépare cette ville de Kinshasa, et ramener ainsi les étrangers éva- avait donné au maréchal Mobutu la rébellion. Une tâche d’autant entrepris, dans la nuit, une tour- cués par embarcations ou hélicoptères. Le Royaume-Uni a mobilisé SOUS LE FEU DES COLLÈGUES jusqu’à lundi pour remettre le plus ingrate que les rebelles ont née d’explications dans les camps quelque 260 hommes, notamment à Brazzaville, avec, à leur disposi- Quelques huit cents militaires pouvoir à l’Alliance. Le ministre fait savoir depuis longtemps qu’ils militaires. Il s’est rendu au camp tion, du matériel amphibie. Le Portugal, enfin, a dépêché environ zaïrois avaient été vus, en début zaïrois de l’information, Kin-Kiey ne traiteraient pas plus avec Colonel-Tshatshi, là où résidait le 70 commandos au Congo. d’après-midi, approchant de Kins- Mulumba dans une déclaration lue Mgr Monsengwo qu’avec le maré- maréchal Mobutu jusqu’à son dé- Toutes ces forces armées ont des avions militaires de transport qui hasa en provenance de Nsele. Tou- vendredi après-midi, a expliqué chal Mobutu. part pour Gbadolite, où il a tenté peuvent se poser directement sur l’aéroport de Kinshasa. jours en uniforme, mais le front dans quel contexte le chef de l’Etat Le ministre de l’information, de calmer la troupe avant d’expli- paré de blanc, ils arrivaient de l’est avait quitté Kinshasa après y être porte-parole du gouvernement, quer qu’il fallait maintenant dépo- en courant et en chantant. Ils ont revenu, en mars, dans l’espoir de comme le reste de la classe poli- ser les armes, abandonner l’uni- supérieur zaïrois. L’ambassade de tal où de nombreux officiers des semé la confusion au sein de la po- résoudre la crise par les négocia- tique zaïroise n’a pas l’air d’avoir forme et se mettre en civil. France à Kinshasa a démenti cette Forces armées zaïroises (FAZ) ont pulation qui croyait acclamer les tions. compris de quoi il retourne depuis Incrédules, les soldats de la DSP, information samedi matin. Mais cherché refuge vendredi soir. Un rebelles de l’Alliance. Ils avaient Le ministre en a appelé à l’Acte huit mois. Les rebelles de Laurent- originaires en grande majorité de de bonne source, on indique grand nombre d’entre eux sont ar- l’intention, avant de tomber sous constitutionnel de la transition, ci- Désiré Kabila, soutenus indéfecti- l’Equateur, la province natale de qu’une « chasse à l’homme est ou- rivés dans l’hôtel juste avant le le feu de leurs collègues fidèles au tant copieusement les articles 75, blement par leurs alliés, vont Mobutu Sese Seko, ont protesté. verte contre ceux qui ont, ces der- couvre-feu de 20 heures, ac- régime, de passer la nuit au camp 53, 54 et 37, pour dire que le pré- prendre le pouvoir par la force à Abandonnés de leur haute hiérar- niers temps, conseillé à M. Mobutu compagnés de leurs familles en Ceta, déserté la veille par les mili- sident ne pouvait en aucun cas Kinshasa et s’installer à la tête du chie, ils ont vite pris à partie le de quitter le pouvoir ». De très larmes. L’hôtel est l’un des centres taires qui l’occupaient. Les Kinois, transmettre à qui que ce soit des pays. Les rebelles en armes sont chef d’état-major, l’accusant de proches collaborateurs du chef de de regroupement des ressortis- maltraités par les militaires depuis pouvoirs qu’il ne détenait pas. «Le aux portes de la ville, ils ont pris trahison et de félonie. Un militaire l’Etat, des familiers – voire des pa- sants étrangers vivant à Kinshasa, les pillages de 1991 et 1993, avaient président règne mais ne gouverne l’aéroport international de Ndjili plus véhément que les autres a rents – qui peuvent être soup- l’un des points devant être protégé eu dans la journée le sentiment de pas », a-t-il dit. samedi matin, mais les hommes sorti son arme et l’a tué. Samedi çonnés de l’avoir trahi et qui n’ont en priorité en cas d’intervention prendre une légitime revanche en M. Kin-Kiey a souligné que le politiques kinois ne veulent tou- matin, des fusillades nourries pas pu quitter le pays se cachent occidentale. Les blindés et les pillant les installations du camp. président avait cessé depuis long- jours pas croire qu’ils vont être étaient toujours entendues à dans Kinshasa depuis vendredi hommes de la DSP qui accompa- Maigre consolation pour la popu- temps « toute intervention dans la contraints d’abandonner les af- proximité du camp Tshatshi. soir. gnaient Kongulu Mobutu ne sont lation des quartiers environnants, conduite des affaires de l’Etat », se faires. Le général Mahele était en Peu de temps après l’assassinat pas restés longtemps sur place. Ils harcelée pendant sept ans par une cantonnant « à son rôle constitu- contact indirect avec le camp re- du général Mahele, en raison des sont repartis avec ceux qu’ils soldatesque toute-puissante. tionnel ». Pour le ministre, la situa- Frédéric Fritscher « Est-il parti pour de bon ? » Selon les Américains, M. Kabila GOMA (Nord-Kivu) les morts ont jubilé dans leur tombe. » ment », regrette Hubert, chanteur et ridé que lui. « Beaucoup d’entre nous de notre envoyée spéciale Au lever du soleil, samedi 17 mai, guitariste qui admire son compa- comptaient sur les négociations. Elles refuserait toute formule de transition « Espérons que ce n’est pas une Goma, toujours paisible, ignore aus- triote Lokwa Kanza, chanteur inter- sont mal parties, un des négociateurs tromperie. Nous connaissons les ma- si que le chef d’état-major vient nationalement connu. n’est plus là. Kinshasa est encerclée. Si NEW-YORK (Nations unies) Laurent-Désiré Kabila a trois nœuvres de duplicité de ce mon- d’être tué par des membres de la Quand Kabila dirigeait de Goma l’assaut est donné, on craint le car- de notre correspondante énormes problèmes à résoudre, ex- garde présidentielle. Hubert, vingt- son mouvement, Hubert a suivi les nage. » Laurent-Désiré Kabila a-t-il ac- plique un diplomate du secrétariat : REPORTAGE sept ans, animateur à La Voix du meetings. « Il a été le premier et le La nouvelle administration instal- cepté une structure de transition ? résoudre le problème humanitaire, établir sa légitimité politique et Au grand marché peuple, est un des rares à le savoir seul à dire publiquement que les sol- lée ici par l’Alliance a fait baisser les La réponse, selon des sources amé- déjà. En pantalon jaune, sabots noirs dats ne devaient pas battre les gens ou prix de la bière, du riz et du carbu- ricaines, serait négative. M. Kabila s’occuper de la situation écono- de Viruga, les et bracelets colorés, il enfourche son en arrêter d’autres illégalement. » rant. « Les recettes commencent à aurait tout simplement accepté «le mique du pays. Selon ce diplomate, « mamans » installent vélo pour partir à la chasse de cas- Mais cela ne suffit pas à assurer la rentrer, mais les fonctionnaires ne sont concept des élections », mais il re- « rien ne pourra se faire au Zaïre » leur étal de pagnes settes chez divers amis. Il prépare démocratie. « Il n’y a pas de tolé- toujours pas payés. » Un de leurs fuse toute idée d’un organisme de avant la résolution du problème son émission du « Week-end mon- rance. Nous n’avons pas de ligue des amis, douanier à la frontière rwan- transition. Il aurait même l’inten- des réfugiés. « En ce qui concerne dial de musique ». droits de l’homme pour nous proté- daise, leur a confirmé le changement tion, dit-on encore, de dissoudre ses relations avec la communauté in- sieur... » Forte carrure et voix douce, ger », ajoute Hubert. Son émission de gestion. « On est sérieux, plus per- l’Assemblée nationale. Le chef de ternationale, M. Kabila sera hanté ce responsable à l’information de DU RIZ ET DU CARBURANT satirique du lundi, « Faucon, Fau- sonne ne se sucre. On n’a pas le choix, l’Alliance des forces démocratiques par les réfugiés. Tant que ceux-ci ne l’Alliance des forces démocratiques Sans un sou. Les nouvelles auto- con », à la façon des Guignols, a été on est très contrôlé. » Celesté et Isi- pour la libération du Congo-Zaïre seront pas réinstallés, il ne sera pas pour la libération du Congo-Zaïre rités, que l’équipe de la radio aide un tel succès populaire que nul ne dore ont vu en public le président de (AFDL) accepterait « pour l’ins- considéré comme légitime. » (AFDL) n’en dira pas plus. « Nous ne techniquement pour les bulletins songe à le brimer, « pour le moment l’Alliance « cinq fois : il est gros, sym- tant » d’inclure les partis politiques Surtout, ajoute notre interlo- sommes pas autorisés à faire une dé- d’« Alliance actualités », n’ont pas du moins ». pathique, il nous débarrasse de la dic- dans son gouvernement, à l’excep- cuteur, « le fait qu’il va prendre le claration », déclare-t-il, vendredi donné un zaïre jusqu’à présent. Il Au grand marché de Viruga, les tature. Mais tant que le chef n’est pas tion des forces politiques mobu- pouvoir par la force n’est pas le 16 mai. Dans les locaux quasiment faudrait de l’argent pourtant pour premières « mamans » installent mort, le cabri ne peut pas porter le tistes, qui pourront, selon ses meilleur moyen pour établir sa légiti- monacaux de l’Alliance, au centre- vivre et pour acheter un instrument leur étal de pagnes colorés, entre les grelot ». termes, faire partie de l’opposition. mité ». ville, on s’applique à rédiger à la de musique. « Seules les paroisses en énormes flaques d’eau. Celesté re- Au cours d’une conversation té- main les rapports ordinaires, dans disposent, et elles les gardent jalouse- trouve Isidore, son ami, aussi sec et Danielle Rouard léphonique de Kigali, où il se trou- DIVERGENCES un silence buté : « Tous les cadres vait samedi matin avant de se Par ailleurs, parlant des diver- sont partis à Lubumbashi. Personne ici rendre à Kampala, le médiateur des gences entre les Etats-Unis et la ne peut commenter la situation. » Au- Nations unies et de l’Organisation France sur la question zaïroise, les cune réunion, aucune manifestation La Suisse a mis sous séquestre la villa de Savigny de l’unité africaine (OUA), Moha- diplomates américains semblent n’est prévue ce week-end. La ville med Sahnoun, confirme également divisés. Représentatif de la ligne n’a pas frémi au « moment histo- LE GOUVERNEMENT suisse a venir à la suite d’une concertation avoirs bancaires, demandé par les les décision du chef de l’AFDL. dure à Washington, un diplomate, rique » qu’est le départ de Mobutu annoncé, vendredi 16 mai en mi- internationale. Tel avait été le cas représentants de M. Kabila. Considérablement marginalisé par contacté par téléphone, se dit « ex- de la capitale. lieu d’après-midi, la mise sous sé- en août 1990, après l’invasion du Les établissements bancaires de les responsables sud-africains, qui trêmement irrité » par des « insi- « Ici, peu de gens suivent l’informa- questre de la villa de Savigny, sur Koweït par l’Irak. Le Journal officiel la Confédération doivent, avant la veulent à tout prix être reconnus nuations, très répandues en tion à la radio. Ils ignorent encore que les bords du lac Léman, apparte- de la République française indi- fin du mois, communiquer à Berne comme les médiateurs dans la crise France », selon lesquelles les Etats- Mobutu a quitté Kinshasa. » Leandre, nant au président Mobutu. Cette quait alors que le décret de gel de leurs informations sur les avoirs zaïroise, le diplomate algérien s’ef- Unis seraient « responsables » de père de sept enfants, est revenu en décision répond à une demande ces avoirs « vu l’urgence, entrera détenus par le président Mobutu force pourtant de « tout faire » l’émergence de Laurent-Désiré Ka- ville il y a deux mois, après avoir fui d’entraide judiciaire déposée par immédiatement en vigueur », situa- sur leurs comptes. Mais l’enquête pour éviter « qu’une dictature soit bila, « insinuations qui sous-tendent avec sa famille les premiers combats, les représentants de Laurent-Dési- tion officialisée par une résolution pourrait montrer que les sommes remplacée par une autre » au Zaïre. que Washington serait responsable en novembre. « Ce fut très dur », dit ré Kabila, qui ont également de- de l’ONU. Le flou de la situation détenues par le président en Suisse « Notre idée est que l’autorité de du comportement de ce dernier ». son aîné de seize ans. « Nous ne sa- mandé le gel des avoirs bancaires prévalant à Kinsasha et la légitimi- ont déjà été largement entamées. transition désigne un gouvernement D’autres diplomates, plus cir- vions pas que c’était l’armée de libéra- du président zaïrois. Les autres té encore incertaine des futurs diri- « Nous avons signifié aux dont le chef serait M. Kabila », ex- conspects, minimisent à chaque oc- tion. Nous avons pris la route de Kin- pays dans lesquels M. Mobutu geants ne semblent pas, pour l’ins- 415 banques du pays l’obligation de plique M. Sahnoun. L’autorité de casion les divergences entre Was- du », ajoute le père, fier de son possède des biens immobiliers, tant, favoriser une telle option. nous communiquer la liste des fonds transition serait en mesure de « ga- hington et Paris. « Malgré ce que odyssée. A Kindu, il a suivi le sémi- dont la France et la Belgique, n’ont « La demande d’entraide, qui ne déposés chez elles par le président rantir le processus démocratique ». peuvent penser certains Français, es- naire de formation de l’Alliance. pas encore pris de mesures simi- contient pas une description suffi- Mobutu. Je suppose que cette en- M. Sahnoun propose aussi la time ainsi un observateur améri- « Comment peut-on ne pas être des laires. On faisait savoir, vendredi, à sante des avoirs qu’il s’agit de geler, quête risque en grande partie d’être convocation d’une conférence ré- cain, les Etats-Unis n’ont aucune en- leurs ? Ce sera un hourra quand Kins- Paris, que la décision suisse était ne permet pas l’adoption éventuelle vaine, mais je n’en ai pas la gionale avec les chefs d’Etat de la vie de s’enliser dans la complexité hasa tombera. L’état-major de l’ar- l’aboutissement d’une procédure d’autres mesures pour l’instant », preuve », a ajouté vendredi, à région, « pour exiger que le proces- des politiques africaines. C’est d’ail- mée zaïroise doit prendre contact légale qui ne semble pas avoir été souligne le communiqué publié l’Agence France-Presse, le pré- sus démocratique soit respecté par leurs pour cela que nous avons telle- avec Kabila, espérons. Sinon, ce sera jugée recevable à Paris et vendredi par les autorités helvé- sident de l’autorité indépendante l’Alliance ». ment mis de temps pour nous enga- un bain de sang. ». Sur les ondes de Bruxelles. tiques. Si elle a saisi des biens im- de surveillance des banques. A l’ONU aussi, le principal souci ger dans la crise zaïroise. » La Voix du peuple, une radio proche Une mise sous séquestre mas- mobiliers, la Suisse ne s’est pas, en reste le sort des réfugiés. Avec de l’Alliance, on applaudit : « Même sive pourrait éventuellement inter- revanche, prononcée sur le gel des Françoise Lazare « l’ennemi commun » parti, Afsané Bassir Pour LeMonde Job: WMQ1805--0003-0 WAS LMQ1805-3 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0354 Lcp: 196 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 / 3 Le triomphe de Jean-Raymond Boulle, l’homme d’affaires financier des rebelles Ce Mauricien a recomposé l’exploitation des gisements miniers au Zaïre
LONDRES Le savoir-faire de M. Boulle dé- Après une formidable bataille de notre correspondant passe de loin les frontières aux enchères, au terme de la- dans la City d’America Fields Mineral, une quelle le géant minier canadien « L’Alliance contrôle effective- petite affaire créée en 1995 et dé- Inco rachète DFR au nez et à la ment le sol, et elle a le soutien de crite dans son rapport annuel barbe de son rival Falcon Bridge, la population, c’est cela qui comme « une société de res- M. Boulle empoche 1,7 milliard compte en droit international. » sources naturelles dont l’objet est de francs, pactole qui lui permet Jean-Raymond Boulle peut sa- l’acquisition, l’exploration et le dé- de créer une nouvelle société, veloppement de gisements mi- America Fields Mineral. Cette PORTRAIT niers ». Le siège de cette firme, fois, il est seul maître à bord car il baptisé « The Company » (à l’ins- n’a jamais pardonné à Robert Il avait été écarté tar du surnom de la CIA, sou- Friedland de s’être allié derrière par Mobutu, il est lignent les mauvaises langues) son dos, en Sierra Leone, à une courtisé par est situé à Hope, dans l’Arkansas. filiale d’Executive Outcome, l’or- ses anciens patrons Inscrite aux Bourses de Van- ganisation de mercenaires sud- couver et de Toronto, AFM a des africains dont les hommes de intérêts en Afrique (titane en main tentaient alors de mater Le numéro deux de l’Alliance affirme vourer son triomphe lorsqu’il Sierra Leone, diamants en Ango- une insurrection dans les zones commente le contrat de 1 mil- la, cobalt en Zambie) et en Amé- diamantifères. liard de dollars signé avec l’Al- rique du Sud (diamants au Bré- Les grandes sociétés minières, qu’« il y aura un Nuremberg du mobutisme » liance des forces démocratiques sil). Via une société de holding sud-africaines et européennes, pour la libération du Congo- basée au Luxembourg, M. Boulle, sont aujourd’hui dans leurs pe- Zaïre (AFDL), dirigée par lui-même domicilié fiscalement à tits souliers. Economiste à l’uni- M. Ilunga évoque un « compromis » entre résistants de l’intérieur et de l’extérieur Laurent-Désiré Kabila, qui porte Monaco, est l’actionnaire majori- versité du Kentucky avant d’être sur la remise en état de la mine taire. désigné « ministre » des finances BRUXELLES en 1944 », remarque-t-il avant de l’avenir de la démocratie et des de cuivre et de zinc de Kipushi et des rebelles, Mwana Nanga Ma- de notre correspondant poursuivre son parallèle histo- droits de l’homme au Congo. sur le retraitement du cobalt de DÉBUTS À LA DE BEERS wampanga se méfie de la De Emile Ilunga est souvent pré- rique : « Les responsables de trente- Mais Emile Ilunga, qui se définit Kolwezi. En quelques mois, le Alors qu’on le décrit comme un Beers, accusée par le départe- senté comme le numéro deux de deux ans de dictature et de pillage lui-même comme « démocrate et principal actionnaire et fonda- opérateur et comme un commis- ment américain de la justice de l’Alliance dirigée par Laurent-Dé- du pays devront rendre des progressiste », insiste sur le fait que teur de la petite compagnie Ame- voyageur, son frère Max passe violation de la législation anti- siré Kabila. Ce médecin, âgé de comptes. Il y aura un Nuremberg du l’Alliance rassemble des forces di- rica Fields Mineral (AFM) a ac- pour la tête pensante financière trust et dont les cadres sont in- cinquante-quatre ans, élevé et for- mobutisme », annonce-t-il. verses et que, pour sa part, la ré- compli un parcours sans faute. de la société. Les Boulle roulent terdits de séjour aux Etats-Unis. mé en Belgique, ancien étudiant Il ne croit pas non plus à une sistance intérieure qu’il représente Ce natif de l’île Maurice, âgé de d’ailleurs en famille : deux autres de l’Université libre de Bruxelles, possible médiation de Mgr Mou- se montrera « vigilante ». Il re- quarante-sept ans, homme d’af- frères, Franco et Bertrand, tra- RUMEURS est retourné en Afrique au début sengwo, archevêque de Kinshasa, grette également les « erreurs » faires timide et discret, a fait vo- vaillent dans la mouvance du D’après certaines rumeurs, lors des années 90 pour organiser les à qui il reproche d’avoir contribué commises, ces dernières semaines, ler en éclats le système régissant groupe, le premier en Russie, le d’une première enchère organi- maquis antimobutistes principale- à prolonger l’ère Mobutu. Ce par Laurent Kabila : « On n’accepte l’octroi des gisements miniers au second en Guinée. sée par l’Alliance, le conglomérat ment animés par les anciens libre-penseur formé à l’école réso- pas le principe d’une rencontre avec Zaïre. Charmant, infatigable, Ancien diamantaire entré à la de Johannesburg aurait été « gendarmes katangais », fer de lument anticléricale du laïcisme Mobutu pour se défiler au dernier plein d’énergie, ce pirate rusé et De Beers au début des années 70, contraint de payer de 20 % à 30 % lance de la sécession de la pro- belge affirme avec un grand sou- moment. Il n’est pas convenable ambitieux sait désormais qu’il il est basé en Sierra Leone, puis plus cher les pierres provenant vince à la fin des années 60. Il se rire : « Le clergé va devoir s’habi- d’outrager à deux reprises le pré- peut faire trembler les géants des au Zaïre où il est chargé de l’ad- de la Miba, malgré l’accord de trouve actuellement à Bruxelles tuer à limiter son action au do- sident Mandela. C’est un comporte- matières premières. ministration et du contrôle des commercialisation exclusif le pour entamer un dialogue avec les maine spirituel ! » ment pathologique », estime le mé- Il a choisi Laurent-Désiré Kabi- bureaux d’achats avant d’être en- liant à la compagnie zaïroise. autorités belges sur les futures re- decin. la après que le régime Mobutu voyé au QG londonien de la Cen- A Anvers, on raconte que cer- lations de l’ancienne puissance co- « DÉMOCRATE ET PROGRESSISTE » Emile Ilunga rejette, cependant, eut écarté en dernière minute tral Selling Organisation, le bras tains des diamantaires belges qui loniale avec le pouvoir qui va L’avenir du Congo, dénomina- les condamnations de l’action des son offre, pourtant supérieure à marchand de la compagnie. Mais avaient aidé Mobutu au début s’installer à Kinshasa. tion que le pays s’apprête à re- troupes de l’Alliance vis-à-vis des celles de ses rivaux, pour la re- la bureaucratie de cette société des années 80 à faire sécession Pour lui, le scénario de l’immé- trouver, nécessite, selon Emile réfugiés rwandais se trouvant prise de certains actifs de la so- très hiérarchisée et conservatrice de la De Beers – avant d’être diat après-Mobutu est simple : Ilunga, « le maintien de son intégri- dans les zones contrôlées par elle : ciété d’Etat Gecamines. étouffe le jeune cadre, qui claque contraints de regagner son giron « Après la reddition et le désarme- té territoriale et la lutte contre les « C’est une situation que nous la porte en 1981 et s’installe quelques années plus tard – ont ment des forces liées à l’ancien ré- forces centrifuges ». Ce Katangais n’avons pas créée. La présence de ÉTUDE PRÉALABLE comme négociant de pierres pré- déjà pris langue avec Kabila pour gime, une conférence nationale va insiste néanmoins sur l’impor- ces réfugiés est une conséquence du Si les fonds promis ne seront cieuses en Sierra Leone tout en lui proposer d’organiser un cir- être réunie qui rassemblera les tance de l’autonomie accordée drame rwandais. Nous nous trou- versés qu’après une étude de fai- bourlinguant en Afrique australe. cuit de vente parallèle. Quant à la forces combattantes de l’extérieur et aux provinces dans le cadre d’un vions confrontés à des gens enca- sabilité, sa contribution à l’effort En 1989, il fonde Diamond compagnie sœur de la De Beers, de l’intérieur, auxquelles pourront Etat fédéral rétabli, « comme cela drés par les anciennes Forces ar- de guerre de Kabila n’est pas né- Fields Ressources (DFR), société l’Anglo American Corporation, se joindre les partis de la résistance avait été prévu au lendemain de mées rwandaises (FAR) et les gligeable : mise à la disposition de droit canadien à laquelle est qui lorgnait sur les ressources en intérieure et des représentants de la l’indépendance ». milices interhamwés. Les puissances du chef des rebelles de son avion associé par la suite un entrepre- zinc et en cuivre du Zaïre, elle société civile. » Avec quels objec- M. Ilunga connaît très bien qui ont soutenu l’ancien régime au personnel ; ouverture d’un neur américain, Robert Frie- voit d’un mauvais œil M. Boulle tifs ? « Etablir un compromis histo- Laurent-Désiré Kabila : il a été, Rwanda portent une lourde respon- comptoir d’achat de diamants à dland. Ce spécialiste de la col- devenir un rival de poids. rique entre ces forces, mettre en pendant près de vingt ans, le sabilité dans la situation de ces ré- Kisangani afin de vendre les lecte de capitaux prend Ces jours-ci, les Openheimer place un gouvernement de transi- porte-parole de son mouvement fugiés. » pierres pour fournir les espèces rapidement les commandes, multiplient les gestes envers leur tion, faire un état des lieux pour ce en Europe. Il trouve l’homme Emile Ilunga s’étonne égale- trébuchantes nécessaires pour marginalisant M. Boulle. C’est ancien employé, dans l’espoir de sous-continent qui se trouve dans « courageux et intelligent », mais ment d’avoir retrouvé ces réfugiés l’offensive militaire ; organisa- alors qu’envoyé au Labrador, se rapprocher de Laurent-Désiré une situation économique drama- ne limite pas son appréciation à « jusqu’à la frontière de l’Angola, à tion d’une visite du site de Kipus- dans le Grand Nord canadien, Kabila. Si Jean-Raymond Boulle tique. » un panégyrique du nouvel homme des milliers de kilomètres de leur hi par des gestionnaires de patri- pour y chercher des gisements les respecte au point de ne pas M. Ilunga exclut d’emblée la fort du Congo : « C’est une person- base de départ. Il est impossible moine londoniens. diamantifères, un géologue de écarter un futur partenariat, c’est participation à cette conférence nalité complexe, qu’une longue vie qu’ils aient pu faire le trajet à pied à Une revanche pour cet amou- Diamond Fields Ressources seulement parce que les maîtres des formations politiques liées à dans le maquis a rendue très mé- travers la brousse. Il a bien fallu que reux de l’Afrique qui nourrit de- tombe par hasard, en 1994, à Voi- de l’Anglo America De Beers le l’ancien régime : « De Gaulle n’a fiante », ajoute-t-il, concédant que quelqu’un assure leur transport ! » puis des lustres l’ambition de ne sey Bay, sur le gisement de nickel prennent aujourd’hui au sérieux. pas fait entrer les gens de Vichy les aspects « autoritaires de sa per- plus être l’éternel second du petit le plus vaste au monde, par sa dans son gouvernement provisoire sonnalité » peuvent faire douter de Luc Rosenzweig monde des mines. taille et sa richesse. Marc Roche Le Zaïre, Paris et Washington : la dialectique du client et du parrain MÉDIATIQUEMENT, les pas si simple – du moins en temps à réévaluer notre politique pour « héberger » les centaines de fendre avec vigueur. Rien n’était France a « perdu » le Zaïre, alors comptes sont déjà faits. Avec le Afrique – pour que ce schéma au Zaïre », confessent certains milliers de réfugiés hutus rwan- pourtant inévitable. Washington elle n’a pas perdu grand-chose. départ du maréchal Mobutu, la rende tout à fait compte de la réa- milieux officiels. Erreur d’analyse dais fuyant le régime de Kigali avait aussi largement contribué à Les gros investisseurs au Zaïre ont France perd un de ses protégés lité. Paris n’a sans doute pas l’in- de fond, ensuite : la thèse de passé aux mains des Tutsis, on a réhabiliter Mobutu (« un homme été, et sont toujours, les Etats- africains et enregistre une défaite fluence qu’on lui a prêtée sur « l’incontournabilité de Mobutu » besoin du Zaïre. A Paris, comme à de bon sens », disait Ronald Rea- Unis, les Belges, les Sud-Africains. M. Mobutu et Washington, à l’évi- encore défendue haut et fort à Pa- Washington et Bruxelles, Mobutu gan), dont le régime devait, après Le Zaïre de Mobutu « n’a jamais ANALYSE dence, ne contrôle pas tous les ris en avril était une « absurdité », est alors en « quarantaine », traité tout, beaucoup plus aux Etats- été notre jardin », souligne-t-on à faits et gestes de M. Kabila. Dès reconnaissent les mêmes sources. en indésirable depuis trois ou Unis qu’à la France. Mais cela Paris : pays francophone par la Les erreurs vendredi, Jacques Godfrain, mi- quatre ans, pour cause de corrup- n’empêchera pas les Etats-Unis de grâce de la Belgique, régime créé qui ont mené nistre de la coopération, dénon- « HÉRITAGE PLOMBÉ » tion aggravée. La France – et dépêcher immédiatement un di- et soutenu par celle des Etats- à un revers, çait « le cliché : Kabila égale Etats- Erreur de méthode, enfin, qui l’Afrique du Sud de Nelson Man- plomate (le numéro deux de leur Unis, le Zaïre de Mobutu n’a pas pas à un fiasco Unis et Mobutu égale France ». Il peut expliquer les précédentes, dela, pour d’autres raisons – va ai- ambassade à Kigali) auprès de vraiment fait partie du pré carré résumait en trois point ce qu’avait avec cette multiplicité des centres der à remettre en selle un dicta- M. Kabila ni d’appuyer, au moins français. On dira que cette ma- été, selon lui, le comportement de de décision intervenus dans la teur malade, de plus en plus politiquement, la rébellion que ce nière de coller au Mobutu des diplomatique à la mesure de l’at- Paris dans la crise zaïroise : gestion de la crise. Ce qui est dé- corrompu et de moins en moins dernier enclenche dans l’est du dernières années n’en aura été tachement qu’elle pouvait porter 1. « Nous avons été pour une confé- noncé ici, c’est l’inanité d’un sys- présent à Kinshasa. Zaïre. que plus fautive... à l’un des plus grands pays fran- rence régionale des pays riverains tème consistant à faire dépendre Ce faisant, la France acquiert Aux Etats-Unis d’affronter cophones dans le monde. Son in- des Grands Lacs sous l’égide de la politique africaine de la France une double image : celle d’un pays « LE PARADOXE FRANÇAIS » maintenant, à l’égard de M. Kabi- fluence s’y estomperait au profit l’ONU et de l’OUA » ; 2. La France de pas moins de quatre « lieux » : qui a trop longtemps collé à un Il n’y avait pas de découpage ré- la, le problème qui fut celui de la de celle des Etats-Unis, qui ver- n’a cessé de réclamer « des deux cellules à l’Elysée, le Quai régime de Kigali d’où sont partis gional aussi net qu’on le dira plus France à l’égard de M. Mobutu. ront bientôt s’installer à Kinshasa moyens pour assurer le sort des ré- d’Orsay, les « services » et le mi- les massacreurs de 1994 ; et celle tard, avec, d’un côté, le Rwanda L’Amérique va devoir gérer l’« hé- leur protégé à eux, en la personne fugiés » ; 3. Elle a refusé de choisir nistère de la défense... d’un pays qui prend la défense du de Paul Kagamé et l’Ouganda de ritage » de la gestion d’une crise de Laurent-Désiré Kabila, qu’en- « Kabila ou Mobutu » pour prôner Mais il y a plus. Dans l’affaire régime finissant de Mobutu Sese Yori Museveni, clients et protégés qui l’a, à tort ou à raison, installée toure une escouade de jeunes col- « des élections qui, d’ailleurs, au- zaïroise, la France était « plom- Seko. C’est cet héritage-là qui de Washington, et, de l’autre, le dans le rôle de grand protecteur laborateurs formés dans les uni- raient dû avoir lieu en juin ». bée » – l’expression est employée « plombe » Paris quand va se Zaïre de Mobutu, défendu par la de M. Kabila. Il n’est pas sûr que versités américaines. Bilan : Paris « Notre coopération avec le Zaïre à l’Elysée – par l’héritage de sa jouer, dans l’est du Zaïre, un nou- France. Jean-François Bayart, di- l’on célèbre cela comme une vic- perd, Washington gagne. est suspendue depuis six ans. Je l’ai politique dans la région depuis vel épisode de la crise des Grands recteur du Centre d’études et de toire à Washington. A vrai dire, la dialectique du reprise (...) pour deux choses : une 1994. La France, en l’espèce celle Lacs. C’est lui qui rend la France recherches internationales (CE- « client » et du « parrain » n’est salle d’opération de l’hôpital de de Mitterrand, fut l’alliée du ré- suspecte à la fois auprès du nou- RI), observe ainsi dans Le Nouvel Alain Frachon Kinshasa et une bibliothèque à gime rwandais d’où allaient sortir veau régime de Kigali et de ce qui Observateur (daté 15-21 mai) : l’université », ajoutait M. God- les auteurs du génocide dont est largement sa «créature », la « Museveni a toujours été très ou- frain. furent victimes, cette année-là, rébellion de Laurent-Désiré Kabi- vert à la coopération et aux inves- VIENT DE PARAÎTRE Quoi qu’en pense le ministre, des centaines de milliers de Tutsis la. tisseurs français. (...) La France est cette ligne de défense, érigée au Rwanda. L’opération militaro- C’est ce même héritage qui fait ainsi devenue l’un des premiers Jeux après coup, après la « défaite », humanitaire qu’elle mit alors en soupçonner la France de vouloir partenaires économiques de l’Ou- comporte de nombreuses failles. place, « Turquoise », permit de bloquer la rébellion et défendre le ganda, alors que ses intérêts au Elle ne rend pas compte d’une sé- sauver des vies ; elle fut aussi une régime de Mobutu quand elle Zaïre demeurent pratiquement rie d’erreurs – officieusement « passoire » par où s’échappèrent propose de dépêcher une force nuls. » de avouées en haut lieu – qui ex- certains des chefs hutus respon- militaro-humanitaire. Il s’agissait Car le paradoxe est là : si elle a pliquent que Paris enregistre bel sables des massacres, comme s’ils de venir à l’aide des réfugiés (hu- donné l’impression de s’accrocher 2,23 F la minute et bien un revers au Zaïre, même avaient trouvé, çà et là, quelques tus) rwandais dans l’est du Zaïre. au régime Mobutu, la France n’a s’il n’est pas le fracassant fiasco complicités françaises. L’avenir allait, dramatiquement, que très peu d’échanges écono- mots dénoncé ici et là. Erreur de réac- C’est ici qu’intervient l’un des prouver que cette proposition miques avec le Zaïre, et ses inves- tion à l’évolution de la situation tournants de la politique zaïroise était pertinente ; son auteur tissements y sont quasiment nuls. Jean Moulin, la Résistance, De Gaulle... politique dans ce pays, d’abord : de Paris. Pour assurer les bases lo- n’avait, malheureusement, plus la Si, comme l’avancent certains 36 15 LEMONDE « Nous avons mis bien trop de gistiques de « Turquoise », puis crédibilité requise pour la dé- commentaires de presse, la LUCIE AUBRAC TÉMOIGNE LeMonde Job: WMQ1805--0004-0 WAS LMQ1805-4 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK
4 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 INTERNATIONAL Démarche française en faveur L’Amérique du Sud résiste à la volonté de 17 dissidents chinois PÉKIN. Jacques Chirac a confirmé, vendredi 16 mai au cours d’une confé- de Washington de créer une zone de libre-échange rence de presse à Pékin, qu’une démarche avait été effectuée, « oralement et par écrit », par le ministre des affaires étrangères, Hervé de Charette, en faveur de dissidents chinois emprisonnés. M. de Charette a précisé qu’il La déclaration de Belo Horizonte demeure vague sur les échéances avait évoqué « dix-sept cas individuels », dont ceux de Wei Jingsheng, le plus célèbre des dissidents en détention, et Wang Dan, ancien dirigeant Les trente-quatre pays du continent américain Amériques (ZLEA), n’ont pas réussi à se mettre commerciale voulue par Washington, préférant du mouvement de la place Tiananmen en 1989. réunis à Belo Horizonte, au Brésil, pour discuter d’accord sur un échéancier précis. Ils ont manifes- consolider le Mercosur, qui a grandement contri- Le président français a d’autre part qualifié d’« historique et considérable » de la création d’une zone de libre-échange des té leur volonté de ne pas précipiter l’intégration bué à l’expansion commerciale de ses membres. la décision de la Chine de ratifier d’ici à la fin de l’année la convention in- ternationale sur la protection des droits économiques, sociaux et cultu- RIO DE JANEIRO le Paraguay) et de la plupart des son gouvernement, soutenue tant notes lorsque M. Cardoso a affir- rels, et d’envisager d’adhérer à celle concernant les droits civils et poli- de notre correspondant autres pays sud-américains, Brasi- par l’opposition de gauche que par mé que le Mercosur, à l’origine du tiques. Il a précisé que la France entend aborder ces questions, face à « Un document équilibré, sans lia a victorieusement résisté aux les organisations patronales lo- quadruplement du commerce en Pékin, sur le mode de la persuasion : « Expliquer, inciter, convaincre », a-t- vainqueurs ni vaincus » : le mi- pressions américaines en refusant cales. « Nous ne devons pas nous cinq ans entre ses Etats membres, il résumé. – (Corresp.) Lire également page 17. nistre brésilien des relations exté- de s’engager sur des dates butoirs. presser pour avancer. La zone de restait « une priorité de [la] poli- rieures, Luiz Felipe Lampreia, a su Confronté à un inquiétant défi- libre-échange que nous souhaitons, tique extérieure et commerciale » résumer en termes diplomatiques cit commercial (23 milliards de avait-t-il souligné, ne doit pas re- brésilienne. Puis, mettant les Irlande du Nord : Tony Blair la teneur de la déclaration finale francs sur les quatre premiers mois présenter une victoire à court terme points sur les « i », M. Cardoso sur la création d’une Zone de de l’année) consécutif à l’abaisse- pour ceux qui veulent en tirer des n’a pas estimé « utile que ce puis- libre-échange des Amériques ment brutal des droits de douane bénéfices immédiats. » sant levier du commerce interré- fait un geste vers le Sinn Fein (ZLEA) paraphée, vendredi 16 mai, depuis 1990, le Brésil redoute, gional se dilue plus tard » dans à Belo Horizonte (centre du Bré- comme ses voisins, les effets dé- LES POINTS SUR LES « I » une zone de libre-échange. ARMAGH. Tony Blair a effectué, vendredi 15 mai, sa première visite en sil), par les ministres du commerce sastreux que pourrait avoir sur son Fervente partisane d’une disso- Le pilonnage en règle des posi- Irlande du Nord, où il a reçu un accueil chaleureux de la population et des trente-quatre Etats du économie en voie de stabilisation lution au sein de la future ZLEA tions américaines avait en fait rencontré plusieurs responsables politiques et religieux. Le nouveau pre- continent américain et des Ca- une libéralisation mal maîtrisée du des blocs régionaux existants – le commencé deux jours plus tôt, mier ministre britannique a annoncé « un effort supplémentaire » envers le raïbes, Cuba excepté. flux des échanges sur le continent. Mercosur, comme l’Alena, qui re- quand le président brésilien avait Sinn Fein, la branche politique de l’IRA, en lui proposant de rencontrer Conclu au terme de laborieuses Dans un discours prononcé le groupe les Etats-Unis, le Canada et confié à une radio locale que les des officiels avant même un cessez-le-feu. Celui-ci reste toutefois la tractations, l’accord demeure flou 15 mai, lors de l’ouverture de la le Mexique –, Charlene Barshef- négociations sur la ZLEA étaient condition à toute participation du Sinn Fein aux pourparlers de paix qui sur les échéances, stipulant que la réunion, le président brésilien, sky, représentante américaine « imaginaires » dans la mesure où devraient reprendre le 3 juin. ZLEA entrera en vigueur « au plus Fernando Henrique Cardoso, avait pour le commerce, a imperturba- Bill Clinton ne pouvait rien M. Blair a été très net : « Mon message au Sinn Fein est clair, a-t-il dit. Le tard en 2005 », après la réalisation clairement exposé la position de blement continué à prendre des conclure sans faire face à de pos- train d’un règlement [du problème nord-irlandais] est sur le point de partir. de « progrès concrets » espérés sibles amendements du Congrès. Je veux que vous soyez à bord. Mais il partira de toute façon et je ne permet- « vers la fin du siècle ». Prudem- Quoi qu’il en soit, l’empresse- trai pas qu’il vous attende. » Il a également rappelé que toute solution de- ment, le document se contente Plutôt l’Europe que l’Amérique ment de Washington à renforcer, vrait être ratifiée par référendum et qu’il ne croyait pas à une réunifica- d’indiquer que les négociations sur sur un marché allant de l’Alaska à tion de l’Irlande de son vivant. – (Corresp.) le démantèlement progressif des Lors de son récent voyage dans cinq pays d’Amérique du Sud, la Terre de Feu, le « leadership » barrières tarifaires « devront débu- Jacques Chirac s’était fait le chantre d’une étroite coopération que lui confère sa puissance ter » en février 1998, à l’occasion commerciale entre l’Union européenne (UE) et les Etats du sous- économique, semble avoir ravivé L’opposition turque de la prochaine réunion ministé- continent à fort taux de croissance. L’offensive présidentielle visait les velléités unitaires des pays pé- rielle prévue à San José, au Costa à contrarier les prétentions de Washington qui veut consolider, via riphériques du Mercosur. Après le Rica, un mois avant le sommet de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) en gestation, sa déjà Chili et la Bolivie, qui en sont de- veut censurer le gouvernement Santiago du Chili, auquel partici- considérable influence dans la région. venus des membres associés en peront les chefs d’Etat et de gou- Récemment publiée dans la revue mensuelle Conjuntura economi- 1996, le Pérou, la Colombie, ANKARA. Une motion de censure contre le gouvernement de coalition vernement des Amériques. ca, une étude de la fondation Getulio Vargas tranche en faveur d’un l’Equateur et le Vénézuela se dirigé par le premier ministre islamiste, Necmettin Erbakan, a été dépo- La volonté de Washington d’ac- renforcement des échanges avec le Vieux Continent, les chercheurs disent prêts, eux aussi, à entamer sée, vendredi 16 mai à Ankara, par trois partis d’opposition parlemen- célérer l’implantation de la ZLEA parvenant à la conclusion qu’une alliance avec l’UE entraînerait, en des pourparlers en vue de leur taire : le Parti de la Mère patrie (ANAP, droite) de Mesut Yilmaz, le Parti se heurte, à l’évidence, aux réti- 2005, une augmentation du PIB brésilien de 5,05 % alors que l’adhé- adhésion au marché commun le de la gauche démocratique (DSP, gauche à tendance nationaliste) de cences de nombre de ses futurs sion à la ZLEA limiterait cette hausse à 2,08 %. Le PIB argentin en plus dynamique du sous- Bulent Ecevit et celui du Républicain du peuple (CHP, social-démocrate) partenaires. Porte-parole du Mer- profiterait davantage encore : + 6,71 %, alors qu’en cas d’intégration continent. de Deniz Baykal. cosur (union douanière qui associe strictement continentale la progression ne serait que de Accusé dans ce texte de « violer les principes fondamentaux de la Répu- le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et 0,68 %. – (Corresp.) Jean-Jacques Sevilla blique de Turquie » et d’entraîner le pays « vers un conflit interne », le gou- vernement y est aussi critiqué pour sa politique étrangère « hors de celle de l’Etat ». La motion de censure doit être votée par le Parlement, au plus tôt dans les six jours et au plus tard vingt jours après sa déposition. La Les Néerlandais soumettent un nouveau projet de révision du traité de Maastricht majorité absolue – 276 voix sur 550 – est nécessaire pour la destitution du gouvernement. – (AFP.) LA CONFÉRENCE intergouvernementale Depuis, les négociations ont permis, entre les pour les affaires extérieures. Les travaillistes ont (CIG) chargée de redéfinir l’ambition politique pays fondateurs de l’Union, l’émergence d’un en revanche fait savoir qu’ils n’étaient pas en AFRIQUE de l’Union européenne est entrée dans sa der- consensus que Lamberto Dini, le ministre italien mesure d’évoluer maintenant sur une défense a BURKINA : le parti du président Blaise Compaoré, le Congrès pour nière ligne droite. Les Néerlandais, qui assu- des affaires étrangères, résumait ainsi, vendredi européenne. la démocratie et le progrès, a remporté une victoire écrasante sur l’oppo- ment la présidence des travaux depuis janvier, 16 mai, à Rome : « Nous ne voulons pas d’une Eu- L’arrivée au pouvoir de Tony Blair a permis de sition, aux législatives du 11 mai, avec 101 députés sur 111, selon les résul- avec une autorité remarquée à Paris, ont soumis rope invertébrée, d’une Europe devenue plus large boucler le consensus sur la nécessité d’un cha- tats officiels rendus publics vendredi 16 mai. – (AFP.) aux représentants des Quinze, réunis vendre- et hétérogène, qui soit résignée et triste, un magma pitre substantiel dans le traité consacré aux a MALI : Alpha Oumar Konaré a été réélu pour un nouveau mandat di 16 et samedi 17 mai à huis clos à Huten, un sans structure. (...) Parce qu’alors, parallèlement à questions sociales, et notamment à l’emploi. Elle de cinq ans à la présidence du Mali, selon les résultats officiels complets nouveau projet de traité reprenant et complé- l’arrivée de la monnaie unique, s’ouvrirait au devrait faciliter l’achèvement des discussions sur de l’élection présidentielle du 11 mai, publiés vendredi 16 mai par la tant celui soumis au sommet de Dublin en dé- centre de l’Europe un gouffre institutionnel ca- l’adoption d’une politique plus cohérente dans le Commission électorale indépendante. – (AFP.) cembre 1996 par les Irlandais. Il sera débattu, pable d’engloutir nos meilleurs projets. » domaine de la sécurité intérieure. L’expérience mardi prochain, par les ministres des affaires La crainte de certains petits pays, notamment acquise dans le cadre de l’espace Schengen de- EUROPE étrangères, chargés de préparer en conclave le scandinaves, d’être entraînés à leur corps défen- vrait être élargie aux Quinze, avec une exception aLa présidente d’Irlande, Mary Robinson, et l’ancien chef d’Etat chilien, sommet informel qui réunira, le 23 mai, les dant dans des politiques qu’ils ne cautionne- pour les îles Britanniques, qui ne veulent pas Patricio Aylwin, ont reçu, vendredi 16 mai à Lisbonne, le prix Nord- chefs d’Etat et de gouvernement, à Noordwijk raient pas ne devrait pas empêcher des avancées abandonner leurs contrôles frontaliers. Sud 1997 décerné par le Conseil de l’Europe. Ce prix est attribué à deux (Pays-Bas). substantielles. Le changement de gouvernement Il reste surtout, avant Amsterdam, à s’en- personnalités, une d’Europe et l’autre d’un continent du Sud, qui se sont A deux jours des élections françaises, ce som- en Grande-Bretagne ne leur permet plus de faire tendre sur la redéfinition du pouvoir des diverses distinguées dans le domaine de la protection des droits de l’homme et de met européen est le premier auquel participera front avec les Britanniques pour noyer le proces- institutions européennes et la relation entre les la démocratie pluraliste. – (AFP.) le nouveau premier ministre britannique, le tra- sus. grands et les petits pays. Si la plupart admettent a Le Conseil de l’OTAN (ambassadeurs) a entériné, vendredi 16 mai à vailliste Tony Blair. Il a été convoqué pour sérier que l’Union élargie du futur ne peut fonctionner Bruxelles, l’accord OTAN-Russie baptisé « Acte fondateur sur les relations, les derniers obstacles à surmonter d’ici au L’ESPOIR DE LA FRANCE avec les mêmes règles qu’aujourd’hui, les do- la coopération et la sécurité mutuelles entre l’OTAN et la Fédération de Rus- 16 juin, date à laquelle les dirigeants européens A en croire le nouveau secrétaire au Foreign sages sont délicats. sie ». – (AFP.) se réuniront à nouveau, à Amsterdam, pour Office, Robin Cook, la volonté de Londres de Les « petits » entendent continuer d’exister. a RUSSIE : a RUSSIE : la Russie, le Kazakhstan, Oman et un consor- conclure leur accord sur la révision du traité de prendre désormais ses responsabilités en Europe Les grands, qui représentent l’essentiel de la po- tium de compagnies pétrolières dominé par les Américains se sont mis Maastricht. doit permettre de se mettre d’accord sur les pulation, ne veulent pas risquer d’être minorisés d’accord, vendredi 16 mai, pour construire un oléoduc – long de 1 500 km Le document irlandais avait précisé le schéma moyens d’une véritable politique extérieure dans par des coalitions d’intérêt hétéroclites. Mais il y et qui entrera en exploitation en 1999 – afin d’acheminer le pétrole ka- des discussions, brossant à grands traits les rap- les domaines stratégiques reconnus d’intérêt va aussi de la représentation que chacun se fait zakh vers la Méditerranée, via la Russie. – (AFP.) prochements en cours sur les questions de poli- commun. du contrôle démocratique de la future Union, a ITALIE/ALBANIE : a ITALIE/ALBANIE : Romano Prodi, le président tique extérieure et de sécurité, de justice et de Paris n’a pas perdu l’espoir que soit nommé un thème d’autant plus sensible qu’il se heurte à des du Conseil italien, a donné « deux jours » aux partis politiques albanais police, sur un modèle social européen incluant coordonnateur qui pourrait représenter l’Union traditions bien ancrées dans chacun des pays. pour s’entendre sur une loi électorale. Faute d’accord, la mission de la des mesures de coordination pour mieux lutter au sein d’une troïka comprenant le président en Force multinationale de protection (FMP) dirigée par l’Italie pourrait être contre le chômage. exercice et le responsable de la Commission Henri de Bresson reconsidérée, a dit M. Prodi, vendredi 16 mai lors d’une visite éclair à Vienne. – (AFP.)
PROCHE-ORIENT Kim Hyun-chul, fils du président sud-coréen, a été arrêté pour trafic d’influence a LIBAN : trois soldats israéliens ont été tués et sept autres ont été blessés jeudi 15 mai lors des plus violents affrontements depuis un an, SÉOUL tique, il ne lui fallut pas longtemps conglomérat Hanbo (pots-de-vins l’existence d’un système de pouvoir entre l’armée israélienne et le Hezbollah au Liban. Ils se sont déroulés de notre envoyé spécial pour prendre goût au pouvoir et à destinés à favoriser des prêts ban- parallèle gravitant dans l’ombre de dans le sud de la vallée de la Békaa, sous contrôle syrien, en dehors de la Le parquet sud-coréen a finale- ses intrigues. caires et à différer une faillite de la présidence. « Il se constitua ainsi « zone de sécurité » occupée par Israël au Liban sud, et ont provoqué une ment inculpé, samedi 17 mai, le fils Après la victoire de son père aux près de 33 milliards de francs). On- autour du fils du président un lobby riposte de l’aviation et de l’artillerie israéliennes. – (AFP.) du président Kim Young-sam, qui élections de 1992, Kim Hyun-chul ze personnes, dont des proches d’opportunistes », nous dit une per- a Le gouvernement américain a défendu avec vigueur, vendredi 16 mai, est impliqué dans une affaire de transformera une partie de la ma- conseillers du président, avaient sonnalité de l’entourage présiden- le coordonnateur du processus de paix au Proche-Orient, Dennis Ross. Le trafic d’influence. Accusé d’avoir chine électorale sur laquelle il avait été arrêtés. tiel. La presse connaissait une par- porte-parole du département d’Etat a qualifié de « ridicules » des accusa- touché des pots-de-vin de deux en- eu la haute main en un système de Bénéficiant de la confiance de tie des manigances de Kim tions palestiniennes selon lesquelles M. Ross favoriserait Israël. M. Ross treprises pour un montant d’envi- pouvoir parallèle financé par des son père, Hyun-chul se livrera à un Hyun-chul – même s’il ne s’agissait devait quitter Israël, samedi, au terme d’une vaine tentative visant à ame- ron 20 millions de francs, il a été pots-de-vin et les reliquats des fi- trafic d’influence pour des nomina- que du sommet de l’iceberg –, mais ner Israéliens et Palestiniens à reprendre leurs négociations. – (AFP.) mis en détention. nancements de la campagne prési- tions ou la signature de contrats celui-ci la muselait en intentant des Avec ses petites lunettes et ses dentielle. Selon l’opposition, le par- publics. N’occupant aucune fonc- procès en diffamation aux jour- complets bien coupés, Kim Hyun- ti gouvernemental aurait dépensé tion officielle – il était inscrit en naux qui osaient salir sa réputa- L’ex-commissaire mexicain chul, que la presse avait surnommé 5,75 milliards de francs – soit trente doctorat de gestion à l’université tion. Ce fut le cas du Hangyorei, le le « prince héritier », avait pourtant fois plus qu’il ne l’a déclaré – dans Koryo –, le fils du chef de l’Etat seul quotidien sud-coréen n’appar- l’air d’un bon garçon de famille re- cette campagne, dont près de était « le pouvoir derrière le trône », tenant pas à un conglomérat, du Pablo Chapa est arrêté en Espagne présentatif de la jeune élite de 650 millions de francs auraient été écrit le quotidien Chosun Ilbo. Le Los Angeles Times et du Monde. l’Asie « battante » plus que d’un accaparés par Kim Hyun-chul. parquet n’a cependant pas pu éta- Le système de pouvoir de Kim MEXICO. Sorti clandestinement du Mexique pour échapper à un mandat manœuvrier des coulisses du pou- blir s’il est impliqué dans le scan- Hyun-chul a commencé à se fissu- d’arrêt, l’ex-commissaire Pablo Chapa a été capturé à Madrid, vendredi voir. Au pays du Matin-Calme, im- AUCUNE FONCTION OFFICIELLE dale Hanbo. rer avec le scandale Hanbo. Le 16 mai, par la police espagnole, ont annoncé les autorités judiciaires mexi- prégné des vertus confucéennes, ce Le système de pouvoir parallèle En revanche, les magistrats ont « petit président » contre-attaqua caines, qui ont aussitôt demandé son extradition. L’ancien responsable scandale risque fort d’éclabousser du « petit président » reposait sur découvert des flux d’argent (près en intentant un procès à six parle- des enquêtes sur l’assassinat de deux dirigeants politiques mexicains, José le père. deux hommes : son ami d’enfance, de 75 millions de francs) gérés par mentaires de l’opposition qui Ruiz Massieu et Donaldo Colosio, est accusé d’avoir manipulé des té- Agé de trente-sept ans, il est le l’homme d’affaire Park Tae-joon, et Park Tae-joon et Kim Ki-sup pour l’avaient mis en cause. Devant l’As- moins et d’avoir fabriqué des preuves pour impliquer dans l’un des crimes fils préféré du président : celui avec un autre fidèle, Kim Ki-sup, chef son compte et une centaine de semblée nationale, le 25 avril, il re- – celui de José Ruiz Massieu, secrétaire général de la formation au pou- lequel il avait le plus d’affinités. adjoint des services de la sécurité comptes bancaires (sous des noms jeta encore toutes les allégations voir –, Raul Salinas, frère de l’ancien président de la République Carlos Hyun-chul n’avait pourtant pas été nationale, l’ancienne KCIA, organe d’emprunt) ouverts avant que cette retenues contre lui. Mais au cours Salinas. un brillant étudiant à l’université, de répression des régimes musclés pratique ne soit interdite en 1993 des auditions par le parquet, il al- La contre-offensive lancée par les avocats de la famille Salinas allait per- et, après un bref passage dans un précédents. Ce dernier avait été par son père. lait passer de la position de témoin mettre de démontrer que le commissaire avait versé une forte somme conglomérat, il était devenu nommé à ce poste en 1993 sur la re- Depuis l’arrivée au pouvoir de à celle de suspect, puis aujourd’hui d’argent au principal témoin à charge et qu’il avait autorisé l’inhumation conseiller de son père. Contraire- commandation de « Monsieur M. Kim Young-sam, personne d’inculpé. clandestine d’un cadavre pour fabriquer les « preuves » dont il avait be- ment à son frère aîné, qui ne ma- Fils », mais il dut démissionner en n’ignorait dans les milieux de la po- soin. – (Corresp.) nifestait aucun intérêt pour la poli- mars à la suite du scandale du litiques, des affaires ou des médias Philippe Pons LeMonde Job: WMQ1805--0006-0 WAS LMQ1805-6 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:18 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0357 Lcp: 196 CMYK
6 FRANCE LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997
SOCIAL La grève des contrôleurs confédérations se tiennent à l’écart de sa proposition de conférence na- L’AG lyonnaise, vendredi 16 mai, a contre un projet de révision de la de la SNCF, relancée par les votes de ce conflit, exploité électorale- tionale sur les salaires. b À LILLE ET fait apparaître l’embarras de cer- grille salariale pour les nouveaux des assemblées générales, échappe ment par la droite, qui dénonce le À LYON, c’est le service public, au- tains contrôleurs. b LES PILOTES embauchés, projet que leur syndicat aux syndicats, qui, officiellement, se non-respect du service public, tan- tant que leur statut, que les gré- d’Air France sont appelés à la grève qualifie d’« attaque sans précédent bornent à suivre la « base ». Les dis que le PS y voit la justification vistes affirment vouloir défendre. du 20 au 23 mai pour protester contre la profession ». Les syndicats sont dépassés par les contrôleurs de la SNCF La grève, reconduite par la majorité des assemblées générales, prive de trains de nombreux voyageurs à l’occasion du week-end de Pentecôte. La majorité sortante dénonce le non-respect du service public, tandis que le PS parle « salaires » et que le PCF entrevoit un nouveau mouvement social
AU TERME d’une véritable Jour- de la direction de l’entreprise sont à « base ». Pour la deuxième fois en borateurs monter en première de décision démocratiques dans prise du travail », estime Paul née des dupes, le trafic SNCF est mettre au crédit de la puissante ac- deux semaines. Suite à une pre- ligne, aucune réunion intersyndi- chaque établissement pour définir Roche, secrétaire de la fédération resté fortement perturbé, vendredi tion des agents commerciaux des mière table-ronde organisée par la cale n’était organisée. « Je n’arrive les suites à donner aux formes et au maîtrise et cadres, qui précise que 16 mai et samedi 17 dans la mati- trains ». Pourtant, au fil de la mati- direction le 30 avril, les syndicats pas à joindre la CGT. Je vais donc contenu de leur mobilisation ». « les autres catégories de personnel née. Samedi matin, huit établisse- née, les assemblées générales des avaient déjà exprimé leur satisfac- donner comme consigne à mes Sauveur Ventura, secrétaire fé- vivent très mal ce conflit ». En re- ments sur une cinquantaine contrôleurs votaient massivement tion mais n’avaient pas été suivis équipes de demander aux militants déral de la CGT-cheminots, re- vanche, Force ouvrière croit savoir avaient repris le travail : Paris- pour la poursuite du mouvement. par les assemblées générales. Ce CGT sur le terrain quel est le point connaît que « la situation est déli- que « c’est recherché et volon- Nord, Paris-Est, Saint-Lazare, Certaines pour vingt-quatre premier échec explique le préavis de vue de leur fédération puis d’ar- cate ». « Nous ne préconisons rien. taire ». Rouen, Metz-Nancy, Le Mans, Li- heures, d’autres, comme à Stras- de grève déposé par la CGT, la rêter leur position en fonction de Ni la reprise du travail, ni la conti- Rétrospectivement, certains pro- moges et Rennes. A Amiens, les celle de la CGT », expliquait Ber- nuité de l’action ne sont à exclure. Il pos récemment tenus prennent trente-quatre contrôleurs ont, se- nard Bondu, secrétaire national de y a des propositions significatives une autre dimension. Le 13 mai, lon la direction, repris le service Les confédérations restent à l’écart la CFDT-cheminots. mais les grévistes les estiment insuffi- devant quelques centaines de mili- « à titre individuel ». Une quaran- santes. C’est aux gens de décider. Il tants communistes réunis à la Mu- taine de centres restaient donc pa- Les grandes confédérations ne croient pas à l’extension du conflit DOUBLE JEU DE LA CGT ? n’est pas facile de les calmer. Cela tualité, Bernard Thibault, dirigeant ralysés. à d’autres catégories du personnel de la SNCF, ni à l’ensemble des Le premier syndicat de la SNCF fait quinze ans que ça mijote. La di- des cheminots CGT, avait eu des Pourtant, la réunion de travail transports. A la CGT, le conflit est suivi de très près par la confédéra- ne souffle pas non plus sur les rection récolte ce qu’elle a semé. » propos étrangements prémoni- que la direction et les syndicats tion. Bernard Dexet, responsable du secteur « luttes », reconnaît braises. Sans attendre l’interven- A une semaine des élections, la toires (Le Monde du 15 mai) : «A avaient tenue dans la nuit de jeudi que « le climat social est très tendu à la SNCF », mais, pour le moment, tion télévisée de Louis Gallois, le CGT joue-t-elle un double jeu ? partir de midi, demain, il n’y aura à vendredi avait semblé fructueuse la nature du conflit reste professionnelle, et sa gestion relève de la président de la SNCF, au journal Sur cette question, les autres syn- pas beaucoup de trains, je suis déso- (Le Monde du 17 mai). Les agents fédération des cheminots, dirigée par Bernard Thibault. de 20 heures sur France 2 – inter- dicats divergent : « Je ne le crois lé de vous l’annoncer », avait-il dit, commerciaux des trains – appella- A la CFDT, il n’est pas question que la confédération s’exprime sur vention que ses responsables affir- pas. Dans la plupart des assemblées avant d’ajouter, « N’est-ce-pas le tion officielle pour désigner les le sujet. Indépendamment des relations houleuses qu’elle entretient ment ne pas avoir pris la peine générales, la CGT appelle à la re- plus sûr moyen de ne pas voir les neuf mille contrôleurs – avaient avec sa fédération de l’équipement et des transports, la direction de d’écouter –, la CGT a publié un questions sociales échapper au dé- bénéficié de mesures catégorielles la CFDT estime que le conflit de la SNCF relève de la branche chemi- communiqué ambigu. Selon elle, bat électoral ? » qu’un syndicaliste évalue à environ nots. A Force ouvrière, le sentiment est identique. Attentif à l’évolu- les « acquis déjà obtenus par l’ac- Un trafic en pointillé Electoralement, la droite peut ti- 100 millions de francs et la direc- tion de conflit, Marc Blondel est tenu informé par Jean-Jacques Car- tion » sont réels, mais « il apparaît rer argument d’une France en par- tion à plusieurs dizaines de mil- mantrans, secrétaire général de la fédération des cheminots. clairement que les mesures finan- Selon la direction de la SNCF, tie paralysée par une grève catégo- lions. cières jugées généralement insuffi- le trafic devait être normale- rielle menée par quelques milliers Hausse des primes, augmenta- santes par la plupart des agents ment assuré sur les lignes Paris- de cheminots. Dans l’entourage tion des effectifs... la direction bourg, jusqu’à mardi matin. La di- CFDT et la CFTC pour le 14 mai, à commerciaux de trains découlent de Londres, Paris-Bruxelles, Paris- d’Anne-Marie Idrac, secrétaire n’avait pas lésiné pour tenter de rection qui, dans la matinée, se fé- l’origine de la grève actuelle. la politique d’austérité salariale de Genève, de même que sur Paris- d’Etat aux transports, on observe résoudre à chaud un problème ré- licitait d’avoir pu mener «un Vendredi, l’unité syndicale qui la SNCF ». Rennes et les lignes de banlieue, seulement que, dans ce conflit, la current depuis dix ans : le malaise dialogue social d’une grande ri- avait prévalu en avril et dans une C’est pourquoi, sans appeler ex- sauf Paris-Est. Le trafic devait base déborde les syndicats, y d’une profession qui ne sait plus si chesse », jugeait « injustifiable » et moindre mesure au cours de la plicitement à une extension du être « proche de la normale » sur compris la CGT, et que nul ne sait sa fonction est de contrôler les « inexplicable » la poursuite de la table ronde avec la direction, volait mouvement, « elle invite ses mili- Paris-Lyon et Paris-Rouen. Ail- comment cela va évoluer. Samedi « usagers » ou de conseiller les grève. en éclats. Alors que Bernard Thi- tants, l’ensemble des cheminots à leurs, la circulation des trains matin, la direction de la SNCF es- « clients ». Hormis Sud-Rail, non représen- bault, secrétaire général charisma- peser plus fort dans chaque service est plus aléatoire. Informations pérait que le travail allait progres- A la sortie de cette réunion, tous tatif au niveau national et par tique des cheminots CGT et son pour l’ouverture rapide de réelles par Minitel (3615 SNCF) ou en té- sivement reprendre au cours du les syndicats affichaient leur satis- conséquent non invité à la table homologue de la CFDT, Bruno négociations salariales ». Quant aux léphonant au 08-36-35-35-35. week-end. faction, y compris la CGT, qui esti- des négociations, tous les syndi- Dalberto, prenaient soin de rester contrôleurs, la CGT les « appelle à Pour la banlieue parisienne, mait que « les nouvelles propositions cats ont été dépassés par la en retrait et de laisser leurs colla- conserver leur unité par des prises contacter le 01-53-90-20-20. Frédéric Lemaître Les Lyonnais ont hésité avant de voter La droite dénonce la grève, le PS pose la « question des salaires » SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT du RPR, surenchère. D’abord entre les syndicats eux- blis, ne sachant pas ce qui pourrait leur être ré- la poursuite du mouvement Patrick Stefanini a déclaré, vendredi 16 mai, mêmes. Ensuite, entre les syndicats et les coordi- servé en cas de victoire de la droite. » « tout à fait inadmissible que, à la veille d’un nations du genre SUD-Rail. Il s’agit d’un piège « La question des salaires est posée d’une ma- LYON cette plate-forme revendicative. week-end de retrouvailles familiales, des cen- diabolique où la notion de service public est per- nière globale, ajoute M. Bartolone. La proposi- de notre correspondant régional « Si l’on ne fait rien, ils vont bientôt taines de milliers de nos concitoyens se trouvent due de vue. Aujourd’hui, la SNCF enregistre tion de Lionel Jospin de conférence annuelle sur Ce fut une « AG » hésitante, en nous supprimer dans les trains », a pris en otages dans des conditions scandaleuses » 2 milliards de francs de pertes, alors que la Bun- les salaires est encore plus justifiée devant de suspens. A écouter les interven- soutenu un ACT qui, il y a quel- par la grève des contrôleurs SNCF. desbahn allemande, qui présente un bénéfice de telles revendications. » tions des cent cinquante à deux ques mois, travaillait sur le réseau « Le comportement des agents de la SNCF va plus de 2 milliards de francs, nous indique la voie Place du Colonel-Fabien, au siège du PCF, où cents contrôleurs entassés, ven- de la banlieue parisienne. Chacun être jugé de manière extraordinairement sévère à suivre. L’attitude de certains agents de la SNCF l’on se garde bien de livrer des pronostics sur dredi 16 mai, dans un foyer de la en convenait, mais fallait-il s’enga- par les forces vives de notre pays, qui assurent me paraît suicidaire en ce qui concerne l’avenir l’évolution du mouvement, on constate simple- SNCF à Lyon, la tendance semblait ger dans un long conflit ? Faute de tous les jours la création de richesses, qui créent de leur entreprise. On nous annonce en outre une ment que « tout ceci témoigne d’une efferves- à la reprise du travail. Pourtant, réponse, et en attendant de savoir des emplois, qui participent à la lutte contre le nouvelle grève à Air France. Je pose la question : y cence et d’un mouvement social qui ne s’est pas quand est arrivé enfin le moment comment les collègues des autres chômage, et qui elles n’ont pas le droit de faire a-t-il un service public dans l’avion ? » arrêté durant cette campagne ». du vote, ce fut clair et net : onze ECT (établissement commercial grève de manière complètement inopinée, et sans Le mouvement pourrait être un « point d’ap- voix pour l’arrêt du mouvement, des trains) se comportaient, la préavis », a-t-il dit dans un communiqué. PAS DE PRONOSTICS pui et un levier important » pour tous ceux qui douze abstentions. Il était inutile grève a été plébiscitée. Pour vingt- « Nous sommes dans un pays où la SNCF dispose Pour le Parti socialiste, Claude Bartolone a ne « veulent pas donner un chèque en blanc à qui de comptabiliser les mains levées quatre heures. « Mais déconnez d’un quasi-monopole de transport des voyageurs déclaré au Monde : « Lorsqu’on voit des salariés que ce soit ». pour la poursuite de la grève jus- pas, les gars, partez pas en week- par le rail », a souligné M. Stefanini, ajoutant dépassser leurs organisations syndicales et refuser De son côté, Alain Krivine, porte-parole de la qu’à samedi à midi. end!», a dit un cheminot. Une que « c’est au président de la SNCF de négocier un compromis, cela mérite de regarder quelles Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ex- Avant de trancher, l’assemblée souscription a été ouverte pour avec les organisations syndicales représenta- peuvent en être les causes. Je pense que ce sont les prime dans un communiqué son soutien aux s’est cherchée. Même certains dé- acheter de quoi improviser un bar- tives ». attaques continuelles de l’Etat contre le service grévistes de la SCNF et à ceux du transport aé- légués syndicaux paraissaient becue dans la cour. André Santini, le porte-parole UDF de la public et notamment contre la SNCF qui amènent rien. « Le ras-le-bol des salariés s’exprime de ma- sceptiques : « J’sais pas quoi faire », campagne de l’union RPR-UDF, a déclaré au les salariés à essayer d’aller le plus loin possible nière assez inhabituelle jusqu’au cœur de cette a reconnu « Momo », membre de Bruno Caussé Monde : « J’observe, dans ce conflit, une double dans le cadre des rapports de force qu’ils ont éta- morne campagne électorale », observe-t-il. la CGT. Pendant presque deux heures, les contrôleurs ont tourné autour du pot, entre des discours plutôt durs des adhérents A Lille, pour la défense du service public Conflit ouvert à Air France de SUD ou de la CFDT, et la crainte de se « mettre à dos » les LILLE taire » et revendique « un salaire décent ». « Au- usagers. Tous étaient pourtant de notre correspondante jourd’hui, explique-t-il, 40 % de mon salaire sont entre la direction et les pilotes d’accord sur un point : la direction Il est presque 20 heures, vendredi 16 mai, à la composés de primes. Quand tu tombes malade, les de la SNCF, selon eux, n’avait rien gare de Lille-Flandres. Ici, le mouvement de grève primes tombent aussi. Ce n’est plus possible. Il faut AU MILIEU des multiples grèves jeune qui n’a même pas les moyens lâché. des contrôleurs SNCF entamé le 13 mai se poursuit, que les primes soient basculées en salaires. » qu’ont connues Air France et Air de manger correctement peut mettre et la mobilisation reste forte. Les syndicats font état Ce qui détermine Bernard, chef de bord depuis France Europe (ex-Air Inter) ces la sécurité en question ». « PARTEZ PAS EN WEEK-END ! » de plus de 80 % de grévistes. En fin de matinée, l’as- quatre ans et demi, à continuer le mouvement, «ce dernières années, un fait impor- La direction fait valoir que la né- « C’est une journée à ne pas rater, semblée générale a reconduit le mouvement de sont les conditions de travail liées au manque d’effec- tant était passé inaperçu : depuis gociation sur ce point n’est pas faut pas se tromper », a résumé un grève à l’unanimité. Le ton est monté en début tif ». La direction parle de deux cents embauches au 1993, les pilotes d’Air France achevée et que la grève coûtera ACT, agent commercial des trains, d’après-midi : la gare de Lille-Flandres a été blo- niveau national. C’est de la roupie de sansonnet, n’avaient jamais cessé le travail. Le 100 millions de francs par jour. appellation répertoriée des contrô- quée par une cinquantaine de contrôleurs. Aucun estime-t-il. « Aujourd’hui, on se bat pour des effectifs tout-puissant Syndicat des pilotes « Quatre jours de grève effacent le leurs. « Ça, on le sait, lui a lancé un train n’est sorti ni entré de 14 heures à 17 heures. Si supplémentaires parce qu’on n’est pas assez nom- de ligne (SNPL) était un partenaire résultat net prévu pour l’exercice ac- collègue, mais qu’est-ce que tu pro- le trafic a repris lentement, il reste sérieusement breux. On n’a pas les moyens de remplir les missions de Christian Blanc. Ce consensus a tuel et donc toute possibilité de poses ? » Un autre a suggéré d’at- perturbé, surtout au niveau régional, où l’on parle qui sont les nôtres. » Cet avis est partagé par un de été rompu. Fin avril, les instances croissance », explique un commu- tendre la nomination d’un média- d’un train sur quatre, voire sur cinq. ses collègues : « Notre travail ne s’arrête pas au dirigeants du SNPL ont été desti- niqué dans lequel elle se déclare teur pour cesser la grève. «Ton Vendredi soir, ils sont une petite trentaine de gré- contrôle des billets. On a une mission d’information, tuées au profit d’un exécutif beau- « résolue à maintenir le programme médiateur, lui a-t-on répondu, il va vistes rassemblés dans une salle du « service d’accueil des usagers, mais aussi de sécurité à bord coup plus radical. dans son intégralité ». M. Blanc a se pointer en costume-cravate au commande du personnel », qu’ils ont décidé d’oc- des trains », explique celui-ci, en déplorant le fait Le 14 mai, le bureau du SNPL a envoyé une lettre à chaque pilote journal de 20 heures et annoncer cuper pour l’occasion. Une petite dizaine y passe- que certains trains, aujourd’hui, sont sûrement par- appelé les pilotes à cesser le travail dans laquelle il rappelle le chemin que tout est réglé. Et nous, on sera ront la nuit, les autres reviendront samedi matin tis avec des cadres non formés à la sécurité des pas- les 20, 21, 22 et 23 mai pour protes- déjà parcouru par l’entreprise et Gros-Jean comme devant ! » pour participer à l’assemblée générale qui doit dé- sagers. ter contre la volonté de la direction les réformes qui restent à ac- Il y a eu un petit moment de si- cider de la suite du mouvement. Alain, lui, se félicite du fait que les dernières ac- de négocier, fin juin, une double complir. Selon lui, la « logique dé- lence ; chacun a interrogé son voi- tions menées à Lille ont permis l’embauche de cin- échelle des salaires des pilotes, qui vastatrice de conflit (...)est mortelle sin du regard. Puis Momo, monté « ON N’EST PAS ASSEZ NOMBREUX » quante jeunes « en leur donnant un statut ». Car la permettrait des économies en en univers concurrentiel ». sur une chaise, a expliqué que le Tous estiment les propositions de la direction sauvegarde du statut est, ce soir, dans toutes les payant moins les futurs nouveaux La direction espère qu’une partie week-end de la Pentecôte, « c’est le bien insuffisantes et, pour Thierry Follet, respon- têtes. Comme la défense du service public. « Il y a embauchés. Dans un communi- des pilotes ne suivront pas la tiroir-caisse pour la SNCF ». En sable des agents de train et délégué du personnel de plus en plus de jeunes recrutés en contrats privés, qué, le SNPL accuse la direction de consigne du SNPL, prise sans clair, poursuivre la grève pendant CGT, « il y a fort à parier qu’en l’absence de négocia- dénonce un des grévistes. On les prend, par « mener une attaque sans précédent consultation préalable des syndi- ces jours où les trains sont bondés, tions sérieuses, la grève sera revotée et que le mouve- exemple, pour les opérations “Gilet rouge” lors des contre la profession de pilote de qués. Gilles Bordes Pages, membre c’était peut-être le meilleur moyen ment va se prolonger au moins jusqu’à mardi ma- grands départs et, après, on les jette. Il faut se bagar- ligne ». Jean-Charles Corbet, nou- du conseil d’administration au titre de faire pression sur la direction. tin ». rer contre ça ! » Il est déterminé à se battre « pour la veau président du SNPL d’Air du SNPL jusqu’au 24 avril, a écrit à Un délégué CFDT a pris la suite sur Autour d’une bière ou d’un café, chacun parle des défense du service public, comme en novembre-dé- France, explique que « cette profes- chaque pilote pour condamner la chaise, répétant les « quatre re- raisons de la grogne et des revendications, les- cembre 1995 ». Les contrôleurs ne veulent pas être sion n’a d’avenir que si elle reste l’attitude de la nouvelle direction vendications », dont « la qualifica- quelles « ne s’arrêtent pas aux questions de sa- taxés de corporatisme. soudée et cohérente » et que « dans du syndicat. tion D, et non la C, comme dit la di- laires », insiste Frédéric, agent depuis quatorze ans, un cockpit, la cohabitation d’un rection ». Personne ne contestait qui ne veut pas « d’une petite prime supplémen- Nadia Lemaire vieux qui roule en Jaguar et d’un F. Le. LeMonde Job: WMQ1805--0007-0 WAS LMQ1805-7 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0358 Lcp: 196 CMYK
LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 25 MAI ET DU 1er JUIN LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 / 7 Alain Juppé tente de confirmer Le PS présente une militante associative son implantation à Bordeaux contre « l’ultra-libéral » Alain Madelin Le successeur de Jacques Chaban-Delmas doit compter avec un PS renforcé Opposée à l’ancien ministre de l’économie et des finances Pour sa première campagne législative à Bordeaux, Delmas, doit tenir compte d’une gauche socialiste qui dans son fief de Redon, Simone Bourges défend ses valeurs Alain Juppé, devenu maire de la ville en 1995 et candi- s’est renforcée autour de Gilles Savary. Les atouts du dat dans la circonscription que quitte Jacques Chaban- maire sont nombreux, mais la victoire n’est pas acquise. « de chaleur humaine et de convivialité »
BORDEAUX passent encore là-dessus. Car il y a accommodés de leur situation REDON (Ille-et-Vilaine) « Je ne suis plus toute jeune, tan- tion entre 1965 et 1971. « Dans la de notre correspondant régional des compensations : une faculté d’alliés objectifs ; mais d’autres de notre correspondante régionale dis qu’il donne l’impression de l’être ville, le climat est complice, assure- Alain Juppé mène sa campagne de dialogue et d’écoute exception- contentieux ont été ouverts qui Simone Bourges hausse les encore, observe-t-elle. Je ne peux t-elle, les gens se montrent amusés bordelaise, dans la deuxième cir- nelle. M. Juppé subit avec le sou- peuvent peser sur cette élection : épaules et lâche, sur le ton de l’évi- pas rivaliser avec son côté désin- et... dubitatifs. » conscription de la Gironde, celle rire – pas trop quand même – les en entrant au Palais Rohan, dence : « Tout le monde sait que, en volte, un peu play-boy. Je suis une Reste à faire campagne dans le de Jacques Chaban-Delmas, reproches les plus vifs. Il se M. Juppé a fait la part belle aux mère de famille, avec une expé- reste de cette vaste circonscription comme une élection municipale. montre éventuellement un peu sec militants, prenant le risque d’assu- PORTRAIT rience professionnelle, et j’ai der- que briguent treize candidats, à la L’enjeu est capital pour lui. Il s’agit pour répondre, mais il répond et mer une certaine impopularité, car « Je ne peux pas rière moi des décennies de vie asso- fois rurale et s’étirant jusqu’aux de savoir s’il a mieux su note tout sur son petit carnet. La ils étaient très proches de son pré- ciative à Redon. Tandis qu’il habite portes de Rennes. Il a d’abord fallu convaincre sur le plan local que terreur de son entourage, ce petit décesseur et partisans d’une ges- rivaliser avec son côté Paris et n’a jamais connu que la po- prendre le temps de rédiger. « J’ai sur le plan national. carnet : auxiliaire d’une mémoire tion qui a montré ses limites. Il a désinvolte, litique. » dû me battre avec les jeunes de la Bordeaux a voulu un maire pre- d’éléphant, il sert à rendre des rompu, néanmoins, sans prendre un peu play-boy » Mme Bourges dénonce volontiers section, ils auraient trouvé naturel mier ministre. Elle a choisi de re- comptes comme à en demander. de gants, avec les lobbies qui fai- le goût de son principal adversaire que j’adopte leur langage. J’ai eu du nouer, avec un autre, le pacte pas- Au bout de deux ans, M. Juppé saient la pluie et le beau temps à la pour le cumul des mandats et son mal à imposer mes mots de chaleur sé en 1947 avec connaît mieux Bordeaux que la mairie de Bordeaux. Ille-et-Vilaine, les trois circonscrip- absentéisme. Elle dit vouloir lui humaine, de convivialité, etc. » M. Chaban-Delmas. Elle a vu une plupart de ses adjoints, dont cer- Plus serré à droite, M. Juppé au- tions réservées aux femmes par le PS montrer que « la politique ce n’est C’est la première fois que la opportunité en M. Juppé, le lui a tains sont en fonction depuis plus ra moins de place à gauche : il ne ne sont pas gagnables. » Son défi à pas que du média et du discours », photographie de Mme Bourges fait savoir et l’a élu en 1995, tout de vingt ans. Il est regardé par bénéficiera plus de cet appoint, ve- elle est d’affronter Alain Madelin mais elle reconnaît que sa véri- – cheveux blancs et lunettes – fi- en marquant une petite réserve : beaucoup de Bordelais comme nu du radicalisme comme du PS, dans son fief de Redon. Cela rend table motivation est plus viscé- gurera sur les murs de Redon. elle a voté du bout des doigts, lui une sorte de préfet appelé pour re- et qui votait « Chaban » par prin- plutôt combative cette femme de rale : « Madelin, avec ses idées libé- Avant que ne débutent les laissant passer tout juste la barre mettre de l’ordre dans la boutique, cipe. Le vieux pacte n’a plus de rai- soixante-huit ans. rales de plus en plus ultra, il « grands machins », c’est-à-dire les des 50 %. Quatre points de moins capacité que peu de gens lui son d’être et, surtout, le Parti so- « Voilà vingt ans que des hommes commence à nous irriter ! » réunions publiques qui doivent que son prédécesseur en 1989, an- contestent. cialiste a réussi à constituer une de gauche l’ont affronté, des jeunes, Militante de mouvement d’édu- quadriller la circonscription, la née où les électeurs de la capitale véritable force militante et à se do- d’autres moins, sans résultat », cation populaire, présidente d’une candidate a connu son heure de de l’Aquitaine avaient affiché net- RUPTURE AVEC LES LOBBIES ter d’un chef de file. M. Savary se constate-t-elle. Son époux, maire association d’handicapés, des pa- gloire, le 6 mai, avec la visite de tement, pour la première fois, leur Cependant, le gain de notoriété prend même à rêver en se souve- socialiste de Redon de 1983 à 1995, rents d’élèves du lycée public pen- soutien de Lionel Jospin. « En vingt réticence devant le poids des ans ne compense pas nécessairement nant qu’autrefois, il y a bien long- s’y est essayé. Pourquoi ne mène- dant dix ans, cette ancienne ins- ans, c’était la première fois qu’on et des affaires. l’altération de la relation de proxi- temps, la capitale de l’Aquitaine rait-elle pas le combat à son tour, pectrice des contributions directes avait un national chez nous. J’avais La dissolution de l’Assemblée mité. Gilles Savary, son adversaire votait à gauche... elle qui est, comme elle se définit est bien connue dans le secteur de le trac... » nationale donne au nouveau socialiste, a sans doute tort quand elle-même, « l’exacte anti-Made- Redon. Elle y a siégé comme maire de Bordeaux l’occasion de il se plaint d’une concurrence dé- Pierre Cherruau lin » ? conseillère muncipale d’opposi- Martine Valo vérifier si la période de concubi- loyale pour cause de campagne nage peut se transformer en ma- nationale. M. Juppé semble l’avoir riage doublement consenti. Les re- compris quand il décide de préser- lations entre Bordeaux et Alain ver les rares moments d’intimité Juppé sont complexes. Il a bien été bordelaise que lui réserve la cam- accueilli et il n’y a pas eu d’entaille pagne. Il était jusqu’alors impos- dans le contrat. Même au plus fort sible pour lui d’entrer dans un des grèves de l’hiver 1995, Bor- commerce sans être suivi par six deaux, beaucoup plus pénalisée caméras et autant de preneurs de que les autres capitales régionales, son, vingt photographes et cin- n’a pas bronché. « On l’a voulu, on quante journalistes. Désormais, l’a eu », disaient alors les Borde- l’itinéraire de campagne demeure lais, au plus fort des embouteil- « top secret ». lages. Les incertitudes du candidat Juppé ne tiennent pas seulement à EXTRAORDINAIRE GAUCHERIE des problèmes d’image. En deux M. Juppé a sa part dans cette ans, il a pris des mesures ou abor- confiance, dont il est difficile de dé des dossiers dont il est difficile dire si elle repose sur son aura de de mesurer l’impact si vite. Plan premier ministre ou sur sa façon lumière ou réactivation de l’amé- d’être maire de Bordeaux. Le can- nagement des quais : il a surtout didat à la succession de M. Cha- administré des placebos. Substitu- ban-Delmas au poste de député tion d’un tramway au métro, créa- est son contraire. Incapable de tion d’une zone franche sur la rive passer quelque part à l’heure dite, roite, prise en compte du gisement de faire deux galipettes entre trois touristique bordelais : il a su trou- sourires et de repartir ailleurs pour ver des solutions rapides, efficaces reprendre l’exercice. Cela, les Bor- et consensuelles, même si la zone delais le lui pardonnent. franche est aujourd’hui contestée Pire encore, M. Juppé se pré- par les voisins. sente partout avec une extraordi- Les principales inconnues naire gaucherie, dont on ne sait si trouvent sans doute leur origine elle est timidité ou rigidité. Il cause dans la façon dont il a liquidé le « pointu » et lit devant les enfants « système Chaban ». Le différend des écoles des discours écrits avec Jacques Valade paraît au- dignes d’un sous-préfet de la jourd’hui résorbé, et les deux IIIe République. Les Bordelais hommes semblent s’être fort bien
DÉPÊCHES a INTERVENTION PRÉSIDENTIELLE : Lionel Jospin a déclaré, vendredi 16 mai, sur France-Info : « Si le président de la République, à son retour de voyage de Chine, devait intervenir à nouveau, il serait nor- mal que nous puissions lui répondre ». Le premier secrétaire du PS es- père que M. Chirac ne choisira pas d’intervenir le vendredi 23 mai au soir, juste avant la fin légale de la campagne sur les ondes. a MINISTRES COMMUNISTES : selon Michel Rocard, s’il y a une majorité de gauche après les élections, les communistes devront choi- sir entre participer ou non à un « gouvernement dirigé par les socia- listes et fermement européen », a-t-il affirmé, vendredi 16 mai, sur France-Inter. Robert Hue a qualifié, vendredi, de « propos de cam- pagne » les affirmations de M. Rocard. Dans une majorité de gauche, « il y aura une majorité de socialistes, mais ces socialistes auront été élus avec des voix communistes », a-t-il précisé sur LCI. a FRONT NATIONAL : entre 5 500, selon la police, et 7 000 per- sonnes ont manifesté, vendredi 16 mai, leur hostilité à la venue de Jean-Marie Le Pen, à Nancy. De même, une centaine de militants de Ras l’Front, de SOS-Racisme, du PS et du PCF ont manifesté, le même jour, à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) contre la tenue d’une réu- nion publique avec Samuel Maréchal, directeur du Front national de la jeunesse. Par ailleurs, une quinzaine de personnes ont porté plainte pour coups et blessures à la suite d’incidents opposant des partisants de Jacques Bompard, maire (Front national) d’Orange, à des militants antiracistes lors d’un meeting frontiste, le 15 mai, à Vaison-la-Ro- maine (Vaucluse). a PREMIER MINISTRE : président d’Idées-Action, Alain Madelin, a déclaré, vendredi 16 mai à Grenoble, « un peu fort de café » les « persécutions » dont « peut être l’objet » Alain Juppé. Le président du Sénat, René Monory, a néanmoins déclaré, vendredi 16 mai, à Cavail- lon (Vaucluse), qu’« Alain Juppé sera peut-être remplacé, car la poli- tique va changer » si la majorité sortante est victorieuse le 1erjuin. «Il ne faut pas jeter la pierre à Juppé mais, maintenant, il faut faire une autre politique, une politique de croissance visant à doubler notre ex- cédent commercial », a ajouté M. Monory. a ENA : l’association des anciens élèves de l’ENA a annoncé, ven- dredi 16 mai, qu’elle avait reçu une lettre dans laquelle Alain Madelin lui donne « les explications les plus apaisantes sur sa pensée concernant l’Ecole nationale d’administration » (Le Monde du 16 mai). M. Madelin admet avoir cité la formule incriminée (« L’Irlande a l’IRA, l’Espagne a l’ETA, l’Italie a la Mafia, la France a l’ENA »), mais il précise : « Ce n’est pas pour la prendre à mon compte, mais pour m’appuyer sur son effet- choc afin de développer aussitôt une idée différente, à savoir que le pro- blème en France n’est pas justement celui des énarques, mais celui de tout un système de pouvoir et de décision aujourd’hui usé et bloqué ». LeMonde Job: WMQ1805--0008-0 WAS LMQ1805-8 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 45Fap:99 No:0359 Lcp: 196 CMYK
8 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 25 MAI ET DU 1er JUIN Comment Jacques Chirac porte la révolution dans le domaine réservé des trois armées et du complexe « militaro-industriel » Après avoir mis fin à l’obligation du service militaire, le chef de l’Etat se heurte aux résistances de certains industriels Le sujet militaire n’avait eu droit qu’à des dans les réflexions de Jean Picq, éphémère militaires au RPR, décide de moderniser Paris, indique que le Parti socialiste ne re- député (RPR) des Hauts-de-Seine, considère allusions durant la campagne de 1995. secrétaire général de la défense nationale, l’outil de défense. Dans des entretiens au viendra pas « sur la suppression du service que le rendez-vous citoyen institué par la Mais, à peine élu, Jacques Chirac, puisant et François Fillon, spécialiste des questions Monde, Bertrand Delanoë, sénateur (PS) de obligatoire », tandis que Jacques Baumel, majorité « n’apporte rien à la défense ».
EN CE DÉBUT de 1996, une année qui marquera les rela- tions entre les politiques et le « complexe militaro-industriel » en France, Pierre Messmer, an- cien premier ministre de Georges Pompidou et ancien ministre des armées du général de Gaulle, vient d’être reçu par Jacques Chirac à l’Elysée. Sur le perron, l’ancien colonel (de ré- serve) de la légion étrangère se livre, visiblement satisfait d’avoir été compris, à des confi- dences aux journalistes, qui
LES SEPT SUJETS CAPITAUX Le récit d’un choix présidentiel
Demain : la croissance étouffée s’enquièrent, dès sa sortie du bureau présidentiel, de la te- neur de ses conversations avec le chef de l’Etat, chef des armées selon la Constitution. M. Messmer n’ignore rien de la chose militaire, qui le pas- sionne. Face aux journalistes, qui savent en quelle considéra- tion le tient un président de la République attiré, lui aussi, par les dossiers de défense depuis qu’il a servi comme jeune sous- lieutenant dans un régiment blindé en Algérie, M. Messmer laisse filtrer que les Français doivent s’attendre à une muta- tion radicale de leur système de défense et que le pays va profes- sionnaliser ses armées. L’ancien légionnaire pro- voque un sérieux trouble. Aussi- tôt, les proches du ministre de la défense en titre, Charles Millon, s’émeuvent de telles indiscré- sion de quelques conseillers, qui menace continentale principale » née) et des effectifs (25 % en privatisation du nouveau s’étendent sur quelque tions. Pourquoi, regrettent-ils, récusent cette appellation. Tels est devenue caduque. A moyenne) dans les armées. groupe), électronique (avec la 5 000 hectares au total. Pour la avoir ainsi brisé le secret sur la Jean Picq, l’éphémère secrétaire l’époque, M. Chirac avait gardé Elle professionnalise ses privatisation de Thomson et son grande joie de ceux qui veulent révolution – car c’en est une ! – général de la défense nationale, le silence, tout en donnant l’im- forces – fini le service obliga- rapprochement avec ses éven- aménager autrement le terri- de l’institution de défense en au début du septennat, et an- pression d’être en recherche sur toire, vive le rendez-vous ci- tuels repreneurs dans le secteur toire national. Pour la tristesse chantier devant un comité stra- cien directeur financier, avant la un terrain qu’il affectionne par- toyen – de façon à les rendre militaire), nucléaire et électro- de ceux qui vivent au contact tégique d’experts, tenus, eux, au première cohabitation du temps ticulièrement. Le fait est que le plus mobiles dans le cadre d’in- mécanique (avec davantage de des garnisons et qui redoutent devoir de réserve ? Au ministère de François Mitterrand, au rapport Fillon de 1991 a, de terventions extérieures. Elle souplesse dans la gestion des les retombées économiques de de la défense, on infirme donc groupe Aerospatiale, puis direc- toute évidence, servi de base à leur suppression. Pour la satis- les fuites ou les indiscrétions teur au groupe Matra-Hachette sa réflexion et qu’il a directe- faction de certains élus locaux, qui paraissent dans la presse. ensuite. Ou François Fillon, de- ment inspiré, plus tard, les arbi- Au Parlement gronde la fronde, qui y voient enfin la chance de La campagne pour l’élection venu ministre délégué à la trages présidentiels de 1996. réaliser les projets d’infrastruc- présidentielle en 1995 n’avait poste, à l’espace et aux télé- Le 22 février 1996 donc, à l’oc- conduite par Philippe Séguin, tures dont leurs collectivités ont rien laissé deviner. Sauf des al- communications, dans les gou- casion d’un entretien télévisé besoin et que, par leur présence, lusions brèves et furtives de vernements Juppé, et auteur en qu’il regrettera, après coup, de président de l’Assemblée nationale, les armées contribuaient à geler. M. Chirac, le sujet avait semblé octobre 1991 d’un rapport qui n’avoir pas pu maîtriser à sa Préparées en comité straté- tabou. Comment imaginer que prônait – sur cinq à six ans – le guise, M. Chirac rend son ver- et Xavier de Villepin, président gique puis en conseil de dé- cet aggiornamento de l’outil mi- passage à une armée profes- dict. fense, à l’Elysée, convoqué à un litaire et industriel de défense sionnelle, une baisse drastique « Je veux avoir, dit-il, une dé- de la commission sénatoriale des affaires rythme rarement atteint aupa- serait donné plus tard en des effectifs, surtout au sein de fense qui soit, à la fois, plus effi- ravant, ces initiatives reçoivent exemple d’une modernisation l’armée de terre, et une refonte cace, plus moderne et moins coû- étrangères, de la défense et des forces armées leur consécration officielle. de l’Etat tant préconisée par le structurelle de fond en comble teuse (...), et je veux que nous Mais elles suscitent aussi des RPR ? de l’outil de défense. ayons une industrie qui soit la crispations parce que, tout en M. Messmer avait eu raison M. Fillon confiera : « J’ai alors meilleure du monde et ouverte supprime certains systèmes groupes d’armement terrestre dessinant l’avenir des armées, trop tôt. Mais il n’avait pas été essuyé un tir de barrage. » Il sur les Européens. » La France d’armes nucléaires. ou naval). les ministres concernés et les le seul, car le lent travail de ré- trouve sur sa route ceux qui ne « réduit la voilure », comme Enfin, elle réorganise son in- En 2002, les armées devraient chefs militaires doivent gérer un flexion et de maturation du pré- veulent pas qu’on touche aux disent les militaires en évoquant dustrie de défense, nationale et s’être séparées de pas moins de quotidien – la conduite des sident de la République s’était dogmes de la dissuasion et du la baisse simultanée, d’ici à privée, autour de quatre pôles : 540 implantations – casernes, crises en Afrique et en Europe – opéré quelques années aupara- service national dans un monde 2002, des crédits (20 milliards de aéronautique (avec la fusion ouvrages fortifiés, établisse- qui est loin d’être « un long vant. En catimini, sous l’impul- où tout a changé depuis que «la francs économisés chaque an- Dassault-Aerospatiale, puis la ments, bases ou hôpitaux – qui fleuve tranquille ». Des bbb
Les programmes des partis politiques en matière de défense
b La plate-forme d’union rétablissement d’un service b Le PS. Lionel Jospin s’est RPR-UDF. « Sous l’autorité du militaire, « plus court » et « plus déclaré personnellement président de la République, la qualifiant », et la « préservation » favorable à un service France affirmera sa présence et la « reconversion » de volontaire, ouvert aux femmes dans le monde et poursuivra la l’industrie d’armement. et aux hommes. Délégué modernisation de son outil de b Le FN. Favorable à un service national à la défense, Paul défense et du service national ». militaire volontaire et à « une Quilès considère que « l’objectif b Le PCF. Hostile à « toute armée de professionnels » mais est la défense du territoire militarisation de l’Union hostile à un service civil, le national et européen », et il européenne », le PCF prône Front national souhaite que le critique la « projection » de « une armée fondée sur une budget annuel de la défense forces « à l’extérieur » comme le conception strictement s’élève à 5 % du produit retour au comité militaire de défensive ». Il plaide pour le intérieur brut. l’OTAN.
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LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 25 MAI ET DU 1er JUIN LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 / 9
bbb échanges, dont on ap- souvent le modèle d’armée britan- invité dans ces voyages officiels prendra ensuite qu’ils ont été nique en exemple, s’en tient à la parce qu’il exporte des produits Bertrand Delanoë, sénateur (PS) de Paris francs et vifs pour éviter d’avoir à professionnalisation et écarte tout de haute technologie, ou Yves Mi- les qualifier de brutaux, opposent appel à des contrats temporaires chot, le PDG d’Aerospatiale, tous même les membres de ces ins- de volontaires. Il va devoir deux engagés dans la privatisa- « Nous ne reviendrons pas sur la suppression du service » tances décisionnelles lors de composer in fine. Pour fidéliser les tion de Thomson et la réorganisa- séances animées. liens entre la nation et son armée, tion du pôle électronique. « Que critiquez-vous dans l’instauration d’un tient à l’Etat de contrôler ces exportations. Il serait Ce n’est pas le front du refus. qui tracassent députés et séna- Serge Dassault a aussi ses en- « rendez-vous citoyen » ? inacceptable que la France se rende complice de mas- C’est déjà l’amorce de résistances teurs, on invente à la va-vite le trées à l’Elysée. Il acceptera de – La suppression du service militaire obligatoire a été sacres ou d’atteintes aux droits de l’homme avec des au « séisme » qui s’annonce. En concept fourre-tout – unique au parler avec M. Michot, polytech- décidée par le chef de l’Etat. C’est un fait sur lequel matériels fournis à des dictatures. quelque sorte, une façon pour monde – d’un rendez-vous citoyen nicien comme lui, qu’il tutoie. Il nous n’entendons pas revenir. Rien ne serait pire que – Comment envisagez-vous le désarmement nu- ceux qui le subiront d’indiquer à de cinq jours, un ersatz de service s’était refusé au dialogue avec de désorganiser à nouveau notre appareil de défense. cléaire de la France ? un pouvoir peu enclin à écouter national qui obligera femmes et Louis Gallois, le prédécesseur, en En revanche, comme Paul Quilès et moi-même l’avons – Depuis Jean Jaurès, les socialistes ont toujours œu- les critiques ou les avis divergents hommes. affirmant qu’il discute avec le seul exprimé au Parlement, personne ne croit aux vertus vré pour une politique liant la sécurité au désarme- et convaincu de détenir « la » so- Dans le domaine des restructu- actionnaire, l’Etat. « En résumé, magiques de ce « rendez-vous citoyen ». Qui peut ment. Nous ne pouvons qu’être satisfaits des réduc- lution que les réformes projetées rations industrielles de la défense, tout le monde discute avec tout le croire qu’on peut forger un esprit de défense en moins tions significatives des deux grands arsenaux ne passeront probablement pas c’est une logique calquée sur le monde », raconte un industriel. de cinq jours ? Soyons sérieux ! Commençons par ren- stratégiques. Mais ne brûlons pas les étapes ! Pour l’ins- comme une lettre à la poste. standard américain – celui du gi- Jusqu’à l’Etat qui négocie avec forcer l’instruction civique dans les lycées et collèges, et tant, la Douma russe n’a toujours pas ratifié les accords Motivés ou non, les éclats de gantisme des entreprises en situa- M. Dassault pour évaluer son pa- améliorons la médecine scolaire. Il n’en reste pas moins Start-2, même s’il semble qu’un accord de principe ait voix n’épargnent personne. Jugé tion de quasi-monopole, au point trimoine familial. que nous demeurons très attachés à la permanence été conclu entre Bill Cliton et Boris Eltsine à Helsinki. trop diplomate, l’amiral Jacques que le Pentagone devra s’émanci- Pour autant, le résultat n’est d’un lien fort entre les citoyens et la défense du pays. La posture nucléaire stratégique de la France est Lanxade, alors chef d’état-major per de la loi anti-trust – qui pas aujourd’hui au niveau des ef- – Comment espérez-vous rendre rentables des conforme à sa stratégie de dissuasion. Nous avons des armées, se voit reprocher par oriente la réflexion des conseillers forts déployés. Ni même à l’image industries de défense qui ne seraient pas privati- contribué au désarmement nucléaire depuis le début M. Chirac, qui a une mémoire présidentiels. des restructurations à l’améri- sées ? des années 90. Une éventuelle participation de la d’éléphant, son attentisme alors – Il n’y aura pas de nouvelles privatisations. La droite France à des discussions ne serait envisageable qu’à la qu’il était chef de l’état-major s’accroche au dogme libéral, mais l’industrie de défense condition de ne pas compromettre la crédibilité de particulier de M. Mitterrand à L’industrie de défense n’est pas une industrie comme une autre. C’est à la notre dissuasion, qui repose sur une stricte suffisance. l’Elysée pendant les opérations puissance publique de donner ses orientations pour – Quelle serait, selon vous, l’attitude la plus effi- décidées, en 1988, de reprise en doit faire peau neuve. Du moins des restructurations qui sont nécessaires. Depuis deux cace que la France devrait adopter, notamment force de la grotte d’Ouvéa, où ans, l’industrie américaine se réorganise – avec le sou- face à Washington, pour obtenir la reconnaissance s’étaient réfugiés des indépen- l’a-t-on cru. Mais toutes tien massif de son administration – et a entamé une vé- d’une identité européenne de défense ? dantistes de la Nouvelle-Calédo- ritable guerre de conquête des marchés extérieurs. Il – Le processus de construction d’une identité euro- nie. Il ne sera pas prolongé à son les administrations, qui s’estiment n’y a pas plusieurs alternatives. Si nous voulons la sur- péenne de défense est en panne. Le gouvernement a poste. vie de l’industrie de défense, nous devons produire eu- amorcé un processus de réintégration de l’OTAN sans Une crise éclate aussi entre le impliquées à plusieurs titres, s’en mêlent ropéen ou, alors, se résigner à acheter américain. Tel négociations préalables, sans contreparties. La réalité, général Bernard Janvier, légion- est l’enjeu. C’est pourquoi notre objectif est la constitu- c’est que l’OTAN est aujourd’hui une alliance de sé- naire relevant du secrétaire géné- tion de pôles européens dans le secteur, qui donnera la curité sous domination américaine. Les relations avec ral de l’ONU pour son comman- A l’Elysée, les notes convergent, caine, menées avec promptitude taille critique pour faire face à cette compétition. l’Allemagne, notre partenaire privilégié, se sont beau- dement en Bosnie, et le chef de que rassemble sur son bureau le pour satisfaire les actionnaires. – Comment voyez-vous l’avenir des exportations coup dégradées dans le domaine de la défense. C’est l’Etat. M. Chirac lui reproche de secrétaire général adjoint, Jean- Quinze mois après que d’armement ? pourquoi il importe de lancer une initiative afin de n’avoir pas répliqué « au canon » Pierre Denis. On ne le claironne M. Chirac se fut prononcé, Das- – La France n’a pas de véritable politique d’exporta- donner à l’Union européenne (UE) les moyens de sa quand les Serbes agressent des pas sur les toits, mais l’idée qui sault-Aviation et Aerospatiale ne tion. Le plus souvent, les acteurs industriels agissent de sécurité collective. L’identité européenne de défense « casques bleus » français de la prévaut est bien de parvenir à sont toujours pas mariés. Le re- manière désordonnée, et nos exportations sont encore se fera, d’abord, avec les pays membres de l’UE, no- Forpronu à Sarajevo et les concevoir des « champions natio- preneur de Thomson-CSF reste à tributaires d’une seule zone géographique. Nous de- tamment par le biais de l’Union de l’Europe occiden- prennent en otages. Le général naux » capables, dans chaque sec- désigner. GIAT Industries, le spé- vons adopter une politique coordonnée et dynamique. tale (UEO). Il est nécessaire de renforcer la crédibilité Janvier a beau faire observer qu’il teur de pointe, de s’associer en cialiste de l’armement terrestre, Ce qui implique une présence commerciale incessante de cette instance, et cela passe comme Lionel Jospin ne dépend pas, en la circonstance, position de force à des parte- et la DCN, qui réunit les arsenaux et continue sur le long terme. La reconquête du marché l’a rappelé, par un raffermissement des liens entre la du chef de l’Etat, il sera marginali- naires européens. Du moins, c’est de l’Etat, stagnent dans une situa- européen est un objectif vital pour notre industrie et France et l’Allemagne. » sé à la tête de l’Institut des hautes ainsi que le comprennent les alliés tion plus que précaire. Le celle de nos partenaires de l’Union européenne. C’est la études de défense nationale futurs des Français. complexe militaro-industriel se clé du développement de nos exportations. Il appar- Propos recueillis par J. I. (IHEDN). Après le limogeage, au petit défend. Il ne fait peut-être pas de En conseil supérieur propre à matin du 21 février 1996, lors d’un l’obstruction. Mais cela y res- chacune des trois armées, des tête-à-tête de quinze minutes semble. « Il y a, observe Pierre Po- chefs militaires dénoncent la poli- avec M. Juppé, du PDG de Thom- quin, le patron des patrons de tique du fait accompli : eux qui, à son, Alain Gomez, qui a survécu à l’armement terrestre, quelque l’imitation du général Pierre de tous les changements de majorité chose de surréaliste. » Percin Northumberland, propo- depuis sa nomination en 1982 et Personne, ajoute-t-il en subs- saient que la réforme ne soit pas qui faisait de la résistance à sa fa- tance, ne conteste le besoin de précipitée et qu’on étale son exé- çon, la voie paraît libre : l’indus- faire des efforts. Mais les indus- cution sur une dizaine d’années trie de défense doit faire peau triels sont pris dans une tenaille, au lieu des six ans prévus, se neuve. Du moins l’a-t-on cru. entre l’urgence qu’il y a de res- plaignent qu’on ne les a pas en- Mais toutes les administrations, tructurer – avec les conséquences tendus et que les jeux étaient faits qui s’estiment impliquées à plu- désastreuses que sont la ferme- à l’avance. Bercy – sous-entendu, sieurs titres, s’en mêlent. ture de sites et l’allègement des la direction du budget – l’a em- La cacophonie s’installe, de fait, effectifs – et la nécessité d’abais- porté. entre Matignon (à qui il arrive de ser leurs coûts, tandis que l’Etat Les considérations financières conduire en direct des entretiens diminue ou étale ses commandes ont dicté la réorganisation en avec les PDG en cause), la défense et que le client à l’exportation cours. En conseil de défense, elles (via sa délégation générale pour joue de la compétition avec des dictent les interventions du pre- l’armement), l’économie et les fi- fournisseurs étrangers singulière- mier ministre quand Alain Juppé nances (par le biais de la direction ment agressifs. s’aventure, avec prudence, dans le du Trésor) ou l’industrie, pour Dès lors, comment contracter secteur réservé du chef de l’Etat. s’en tenir à l’essentiel. M. Chirac les prix tout en faisant des profits, Mais au Parlement gronde la lui-même choisit de consulter, et gages d’investissements ulté- fronde, conduite par Philippe Sé- brouille parfois les cartes. rieurs ? Et M. Poquin conclut : guin, président de l’Assemblée na- Dans les avions qui acheminent « Connaissez-vous des capitalistes tionale, et Xavier de Villepin, pré- la délégation présidentielle à qui ont envie aujourd’hui d’investir sident de la commission l’étranger, les patrons concernés dans le secteur de la défense à des sénatoriale des affaires étrangères, se retrouvent côte à côte, comme conditions pareilles ? » de la défense et des forces armées. par hasard, tels Jean-Luc Lagar- Dès l’origine, M. Chirac, qui cite dère, le PDG de Matra, souvent Jacques Isnard Jacques Baumel, député (RPR) des Hauts-de-Seine « Le rendez-vous citoyen n’apporte rien à la défense » « Approuvez-vous la suppression du service na- indispensable à notre indépendance face à la concur- tional obligatoire et qu’attendez-vous d’un « ren- rence féroce des groupes américains. Comme les princi- dez-vous citoyen » limité à cinq jours ? pales puissances militaires font face aux mêmes diffi- – La professionnalisation de nos armées, trop long- cultés, il n’est pas anormal que les plus hautes autorités temps retardée, est tout à fait justifiée. Malheureuse- de l’Etat s’engagent pour soutenir leurs industries. ment, les priorités financières du gouvernement ne per- – M. Chirac a réduit l’arsenal nucléaire national. mettent pas de mener à bien, à la fois, la modernisation Est-ce pour vous la fin souhaitable de la dissuasion des équipements, le développement d’une composante dans le monde ? d’appoint nécessaire à la défense de notre territoire et – Rendues possibles par la nouvelle conjoncture inter- l’indispensable professionnalisation des forces. Sait-on nationale, les réductions de nos forces nucléaires ne que, avec les 120 milliards de francs d’endettement du doivent pas remettre en cause notre attachement à la Crédit lyonnais payés par les contribuables, la France dissuasion nucléaire. Mais il nous faut rester vigilants, en pourrait s’offrir huit porte-avions nucléaires ? raison des risques de prolifération des armes nucléaires » Je doute qu’une nouvelle majorité revienne sur la et autres armes – chimiques ou biologiques – de des- professionnalisation. En revanche, il me paraît indispen- truction massive. Il nous faut maintenir la modernité de sable de réorganiser et de renforcer nos forces de ré- notre dissuasion, grâce à la simulation d’essais, sans né- serve pour le temps de crise. Quant au « rendez-vous ci- gliger d’étudier une défense anti-missile de notre sol. toyen », il est une novation originale, mais qui n’apporte Dans ces conditions, il me paraît indispensable de pré- rien à la défense. C’est trop ou trop peu. A l’usage, il fau- server les compétences du Commissariat à l’énergie ato- dra sans doute revoir son utilisation, ses activités et sa mique et d’Aerospatiale. durée. – Une défense européenne autonome a-t-elle un – Comment voyez-vous la réorganisation de l’in- sens hors de l’OTAN si certains alliés de la France dustrie de défense ? hésitent à transformer l’Union de l’Europe occi- – C’est un exercice doublement délicat. Il nous faut re- dentale (UEO) en bras armé de l’Union euro- grouper nos industries de défense en deux pôles – aéro- péenne (UE) ? nautique et électronique – et les inscrire dans le contexte – Considérant que la sécurité de l’Europe ne peut être d’une industrie européenne. Dès la fin des années 80, le abandonnée au bon vouloir des Américains, notre pays Royaume-Uni et l’Allemagne ont constitué des « cham- s’est efforcé de créer une défense européenne à côté de pions nationaux ». Nous n’avons guère de choix, et il l’Alliance atlantique. Nos partenaires ont préféré le mol nous faut procéder au regroupement de nos forces afin oreiller de la sécurité « otanienne » à une volonté de de pouvoir mieux négocier les alliances européennes in- puissance européenne. La France a dû se résigner à se dispensables, notamment dans le domaine spatial. C’est rapprocher de l’OTAN, pour essayer d’y préserver une pourquoi la politique de privatisation de Thomson-CSF identité européenne. A la veille du « sommet » de et d’Aerospatiale devra être poursuivie sans a priori l’OTAN à Madrid, en juillet, la lamentable affaire du idéologique. L’Etat devra garder un droit de regard pour commandement Sud-Méditerranée ne nous laisse guère que nos intérêts nationaux soient préservés. d’illusions. L’UEO, prise en étau entre l’OTAN et l’UE, – Etes-vous pour une politique d’exportation cessera-t-elle, enfin, d’être un théâtre d’ombres pour di- « tous azimuts » des armements, au besoin encou- plomates bien élevés et militaires impuissants ? L’UEO ragée sur le terrain par le chef de l’Etat ? peut être utile pour la mise en œuvre d’une politique – Les armements ne sont pas un bien d’équipement d’armement, le développement de forces européennes ordinaire. Leur exportation doit s’inscrire dans notre po- et leur participation à des opérations limitées n’impli- litique étrangère. Il est donc exclu qu’elle soit « tous azi- quant pas directement l’Alliance atlantique. » muts ». Cependant, il est essentiel de conserver en France, ou dans l’Union européenne, la base industrielle Propos recueillis par J. I. LeMonde Job: WMQ1805--0010-0 WAS LMQ1805-10 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0361 Lcp: 196 CMYK
10 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 25 MAI ET DU 1er JUIN
La campagne officielle, ou comment faire L’incertitude des électeurs de la propagande sans trop en avoir l’air pèse sur l’issue du scrutin Seuls les petits partis, d’ordinaire privés des médias audiovisuels, s’engagent avec entrain La campagne électorale n’a pas mobilisé La campagne dite « officielle » a commencé le de ces émissions qu’ils jugent peu suivies, bien début de soirée. Les « petits » s’y précipitent les Français. Leur indécision pourrait être 12 mai sur les ondes du service public de la télé- que neuf millions de personnes, selon le Conseil avec davantage d’entrain puisqu’elles leur per- vision et de la radio. Les grands partis se méfient supérieur de l’audiovisuel, regardent celles du mettent d’accéder aux médias audiovisuels. la clef du premier comme du second tour
CELA MANQUE légèrement d’une émission dont ils ont l’im- listes de l’image font de leur d’Europe 1, qui avait été suspendu d’insolence, d’impertinence, de pression que personne ne la re- mieux pour retenir l’attention du de cette radio en 1993, pendant Évolution des intentions de vote au premier tour contradiction. En termes poli- garde. Le Conseil supérieur de téléspectateur, en ponctuant les une semaine, pour avoir animé les tiques, on dira que cela manque l’audiovisuel indique pourtant monologues de quelques mouve- assises nationales du RPR. Le PS, 21 AVRIL en pourcentage d’opposition. Les émissions de que l’émission de 20 h 30 touche ments de caméra : plan rapproché qui, par le passé, a eu recours à 50 Annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale la campagne presque autant de téléspectateurs (cadrage à hauteur de la taille ou cette stratégie du faire-valoir, dit RPR-UDF-DIVERS DROITE dite « offi- que le journal qui la précède, soit de la poitrine) pour commencer, trouver « la formule trop conve- 40 38 cielle », qui a quelque neuf millions. Mais il ne gros plan sur le visage à mi-par- nue ». Ses candidats se présentent 38 PS DIVERS GAUCHE commencé précise pas si les gens bâillent de- cours, zoom arrière lorsqu’on ap- donc eux-mêmes. Il s’agit d’un 30 28 27 lundi 12 mai à vant leur poste... proche de la conclusion. Ils inter- homme et d’une femme, jeunes, FN la télévision, En fait, la campagne officielle calent des plans d’ensemble ou peu connus, qui ont des chances 20 14 ont décidé- intéresse surtout les candidats des des plans de coupe lorsque les de gagner une circonscription, et 16 PC ment du mal à petits partis, qui n’ont pas facile- candidats sont plusieurs. qui parlent à tour du rôle. Elle : 9 10,5 faire oublier ment accès aux médias. Le Parti Bien sûr, il y a des « pros » des « Bonjour, je suis Laurence Rossi- 10 ÉCOLOGISTES 7 7,5 ce qu’elles sont : des émissions de de la loi naturelle ou le Parti hu- plateaux, tel Jean-Pierre Raffarin, gnol, je suis juriste et je suis candi- 3 propagande. Les hommes poli- maniste, qui sont en réalité des ministre des petites et moyennes date du Parti socialiste dans l’Oise. 0 2 EXTRÊME GAUCHE tiques y professent leur doctrine sectes, n’ont pas manqué pareille entreprises, du commerce et de Ma vie ressemble à celle de beau- 7-8 22 28-29 5-6 10-12 14-15 sans être interrompus par un ad- occasion de faire du prosélytisme. l’artisanat, qui se penche vers la coup d’autres... » Lui : « Bonjour, je AVRIL 1997 MAI 1997 Source : CSA versaire ou un journaliste. Le télé- Les « vols yoggiques », sortes de caméra pour lui dire qu’on a scan- m’appelle Yann Gallut. J’ai trente et spectateur, qui s’est habitué à ce bonds effectués pieds croisés sous daleusement « sous-estimé, méses- un ans, je suis avocat, et je me pré- L'enquête la plus récente, réalisée les 15 et 16 mai auprès d'un que les hommes politiques soient les cuisses, sont une des curiosités timé les PME depuis quinze ans », sente dans le Cher... » échantillon de 1 008 personnes inscrites sur les listes électorales, mis sur le gril par des chaînes de offertes par ces émissions. ou Jacques Delors, capable, en A ces mises en scène un peu a été rendue publique par France 3, France Inter, France Info et plus en plus indépendantes du Les partis politiques font de deux prises seulement, de parler théâtrales, les réalisateurs pré- Le Parisien (daté 17 mai). pouvoir, a l’impression de revenir gros efforts pour rendre leurs 1 minute 26 exactement. fèrent les tournages extérieurs, en arrière de quelques décennies. émissions attrayantes. Le principe autorisés depuis 1988. Jusqu’à BRÈVE, entrecoupée de week- l’extrême gauche. Quant au Front Lorsqu’elle a été créée, cette de l’égalité des règles et des présent, les candidats y étaient ends prolongés, sans autre drama- national, il semble n’avoir eu ni le campagne officielle constituait un moyens prévu par la loi trouve ici « Bonjour, je suis peu favorables, parce qu’ils turgie que l’attente du premier temps ni les moyens de desserrer progrès pour la démocratie. C’est ses limites : les plus riches réa- prennent du temps – il faut at- tour de scrutin, cette campagne l’étau du classique affrontement à l’occasion de la première élec- lisent, à leurs frais, des documents juriste et je suis tendre le soleil et éviter les électorale n’aura donc eu, jusqu’à droite-gauche dans lequel s’est tion du président de la Répu- vidéographiques ou sonores qu’ils bruits –, mais, cette fois, beau- présent, aucun impact significatif inscrit le débat électoral. blique au suffrage universel, en insèrent dans leurs émissions. Le candidate du Parti coup y ont eu recours. Antoine sur l’opinion des Français. Les ul- Cette campagne sans événe- 1965, que le général de Gaulle a RPR a ainsi imputé sur ses Waechter s’est fait filmer dans une times sondages publiés, samedi ment ni débat saillant n’a pas donné aux candidats qui se pré- comptes de campagne le clip qui socialiste dans l’Oise. barque, au milieu d’une rivière, 17 mai, avant la dernière semaine contribué, à l’évidence, à mobili- sentaient contre lui l’occasion lui sert de générique : mains pour montrer qu’il « conserve le précédant le scrutin – pendant la- ser les Français. Huit jours avant le d’intervenir à la télévision. Depuis d’homme, de femme et d’enfant Ma vie ressemble cap » d’une « écologie indépen- quelle leur diffusion est interdite premier tour, leur indécision pa- 1966, majorité et opposition se qui se rejoignent sur fond bleu. dante », refusant à la fois gauche par la loi – confirment la stabilité raît toujours aussi forte puisque, partagent à égalité le temps d’an- C’est aussi sur son compte de à celle de beaucoup et droite. Pendant qu’il parle, dé- des intentions de vote des per- selon la dernière enquête de CSA, tenne. campagne que le Parti socialiste a file lentement le paysage d’un ma- sonnes interrogées. trois électeurs sur cinq, seulement, Lorsque TF 1 a été privatisée, en imputé les micros-trottoirs qui d’autres... » rais, où l’on apprend qu’EDF veut Hormis le « déclic » initial de se disent très sûrs de leur choix. 1986, elle n’a plus été soumise à ouvrent ses émissions. Pour que réaliser une centrale nucléaire. l’annonce de la dissolution de L’attitude des quelque 40 % d’élec- l’obligation de présenter la cam- celles-ci n’aient pas l’air trop offi- Brice Lalonde apparaît au détour l’Assemblée nationale, rien n’est teurs potentiels qui sont encore pagne officielle. Or les chaînes de cielles, le PS a décidé de donner la Il y a aussi les novices, qui ba- d’un sentier, cravaté sous un ciré parvenu, en l’espace d’un mois, à hésitants ou sans opinion pourrait service public ont constaté que parole aux Français. Un mono- fouillent, oublient leur texte et re- breton jaune, et chaussé de bottes bousculer les équilibres de l’opi- bien être la clef du scrutin législa- cette émission, diffusée à 20 h 30, space blanc, dont le capot porte gardent n’importe où. Les réalisa- de plastique : on est à Saint-Briac nion publique qui prévalaient tif. leur faisait perdre de l’audience l’inscription « Dites ce que vous teurs refusent de leur faire lire un (Ille-et-Vilaine), commune dont il avant la décision présidentielle. Au soir du premier tour, elle au prime time, le public les quit- avez sur le cœur », sillonne la téléprompteur, qui leur donnerait est maire. Pour donner du rythme Créditée de 38 % d’intentions de pourrait conduire, si elle perdure, tant au moment où passaient de France, en musique. « Tous ceux l’air encore plus figé. Depuis 1988, à son intervention, le réalisateur vote au début du mois d’avril, la à un niveau d’abstention record et longs tunnels de propagande qui voient la voiture peuvent s’ex- les montages sont autorisés. Tou- lui a fait dire chaque morceau majorité sortante, qui avait pour- peser ainsi fortement sur la confi- (quinze minutes par candidat). primer. Nous n’interrogeons pas de tefois, les réalisateurs préfèrent dans un décor différent : devant tant l’initiative, se situe toujours guration du second tour, tant le Pour éviter que le service public militants ! », jure Claude Estier, di- refaire la prise, six, sept, dix fois une maison au toit de chaume, au même niveau. La tribune de niveau de participation influe sur ne soit pénalisé, le Conseil supé- recteur de la campagne officielle. s’il le faut, pour conserver une dans un champ de pâquerettes, Jacques Chirac, publiée dans la la capacité du Front national à rieur de l’audiovisuel a décidé, en A Bordeaux, une jeune femme certaine spontanéité. derrière une haie, au bord de la presse de province le 7 mai, et qui maintenir ses candidats et à exer- 1993, que seules les émissions agent d’assurances assure qu’«au Le plus dur, c’est de faire les mer. Pour sa part, Dominique était censée relancer la campagne, cer son pouvoir de nuisance à l’en- courtes (environ une minute) pas- conseil municipal, Juppé est de plus présentations. Certains partis font Voynet a fait venir les équipes de est restée sans effet. contre de la majorité sortante. seraient à 20 h 30, les modules en plus suffisant, arrogant, désa- appel à de vrais-faux journalistes. la SFP dans le Jura. En dépit d’un léger frémisse- Quant au second tour, décisif dans plus longs étant diffusés à des gréable ». En Corrèze, un institu- Cathy Capvert, attachée de presse Même Alain Krivine est parti à ment au début du mois de mai, les la très grande majorité des cir- heures de moindre audience. teur affirme que « quand on est du Parti communiste et ancienne la campagne : il s’est fait prendre socialistes sont dans la même si- conscriptions, son issue reste aléa- Nombre de candidats viennent élu, on a des devoirs ». Dans le stu- rédactrice à L’Humanité, interroge devant le clocher de la Force tran- tuation, impuissants à atteindre le toire dans la mesure où une évolu- à reculons dans les studios de la dio de la Maison de Radio-France, les candidats en tête à tête. L’UDF quille, décor de l’affiche de Fran- cap des 30 % d’intentions de vote tion de 1 point d’intentions de Maison de Radio-France : alors les candidats répliquent à ce qui fait appel à David Lacombled, çois Mitterrand en 1981, pour qui les placerait en bonne posi- vote, en faveur d’un camp ou de qu’ils manquent de temps pour vient d’être exprimé. chargé de la communication in- mieux dénoncer une gauche qui tion. Tout juste observe-t-on, de- l’autre, fait « bouger » une tren- faire campagne, ils se demandent Le studio, c’est l’enfer, pour les terne et des relations publiques. « a fait une politique de droite ». puis cinq semaines, un léger ren- taine de sièges. s’il est bien utile de consacrer plu- réalisateurs, car les plans y sont Le RPR a eu recours à Olivier de forcement des intentions de vote sieurs heures à la préparation extrêmement limités. Ces spécia- Rincquesen, ancien journaliste Rafaële Rivais en faveur des communistes et de Gérard Courtois
CARNET
AU CARNET DU « MONDE » – Françoise, Sylvie et Michèle Brun, – Le président de la Confédération des in- Le pasteur Olivier HUIN – Depuis le 14 septembre 1996, ses filles, dustries céramiques de France, Georges FAURE Anniversaires de naissance Jean-Christophe Brun, s’est éteint à Paris, le 6 mai 1997. Jean-Louis FRASCA son petit-fils, Le bureau de la Confédération et ses s’est éteint trop vite, à quatre-vingt-quatre Raymonde Brun, membres, ans, le 30 avril 1997. – Ainsi, tout « Le Monde » sait que le Selon son vœu, les obsèques ont eu lieu repose dans un cercueil à une place. 17 mai 1997 notre fille chérie, sa sœur, Je l’aimai, je l’aime et je l’aimerai. ont la douleur de faire part du décès de ont la tristesse de faire part du décès de L’inhumation suivie d’un culte dans la plus stricte intimité. Juliette GUILLOSSOU d’actions de grâce ont eu lieu à Vabre M. Jacques BRUN, M. Félix BENOIT-CATTIN, (Tarn), le vendredi 2 mai. Cet avis tient lieu de faire-part. – Il y a un an, disparaissait a vingt ans ! docteur ès lettres, leur président d’honneur, professeur d’université, président d’honneur De la part de 4, place Charles-de-Gaulle, Nina PAVLIK officier des Palmes académiques, Papa, Maman, Choupi, et tous ceux qui de la Société française Suzon Faure, 59300 Valenciennes. des industries céramiques, Ceux qui l’ont connue et aimée se t’aiment... Martine et Tanguy Allaigre survenu à Paris, le 14 mai 1997, dans sa président d’honneur souviennent. quatre-vingtième année. de l’Institut de la céramique française, et leurs enfants, Décès président d’honneur Hervé et Laurence Faure, Anniversaires de décès Les obsèques auront lieu le mardi des amis du Musée de Sèvres, Pascal et Marie-Thérèse Faure Conférences – De Perrégaux. Nice. 20 mai, à 11 heures, au cimetière parisien et leurs enfants, d’Ivry, 44, rue de Verdun (Ivry). dans sa quatre-vingt-dix-septième année, Ainsi que les familles Faure, de Luze, Jean-Pierre ENARD Paul et Simone Benalloul, le 15 mai 1997. Perrin, Boyer, LES ENTRETIENS 49, boulevard Saint-Marcel, DU TROISIÈME MERCREDI Pierrette et André Ruchier-Berquet, Parents et amis. 75013 Paris. La cérémonie religieuse sera célébrée nous quittait il y a dix ans. avec Jean AMBROSI Pierre, Sylvie et Paul, le 20 mai, à 11 heures, en l’église Saint- Ses enfants et petits-enfants, Sulpice. « Jésus, ...accorde à ton enfant une place « Symptômes et désir de changement Les familles Benalloul et Bettan, – Le président de l’université du dans le Royaume de ta grâce. » Nous le portons toujours dans nos en médiation thérapeutique » font part du décès de Maine, (Prière anglaise). cœurs. Le doyen de la faculté des lettres et Espace l’Harmattan, 21 bis, rue des sciences humaines, – Ita Gattegno, Guillaume Enard, Ecoles, Paris-5e. M. Sylvain BENALLOUL, 6, rue Jean-de-la-Fontaine, Les personnels, son épouse, 81100 Castres. Magali Clément, Mercredi 21 mai 1997, à 20 heures. Les étudiants, Michelle et Jean-Claude Guillon, Ses familles, parentes et alliées, Entrée libre. survenu le 15 mai 1997, dans sa quatre- Danielle Gattegno, Et tous ses amis. vingt-sixième année, un mois et demi ont la tristesse d’annoncer le décès de Catherine et Diego Cesarsky, – Le directeur du MNHN, après son épouse, ses enfants, Communications diverses M. Jacques BRUN, Jean-François, Hélène, Martino, Le directeur du laboratoire de professeur honoraire, Guido, Mathieu et Rose, minéralogie, – 19 mai 1997, – A partir du 23 mai 1997, tous les Denise. directeur honoraire ses petits-enfants Et l’ensemble des personnels du vendredis, de 23 heures à l’aube, l’Amitié du département d’études germaniques, et arrière-petite-fille, Muséum, Xavier GAUTIER. latine organise une soirée entièrement Les obsèques auront lieu le mardi officier dans l’ordre Eugénie Gattegno, « Salsa ». 20 mai, à 14 h 30, à l’Athanée de Nice, des Palmes académiques, sa sœur, ont le regret de faire part du décès de 42, avenue Saint-Augustin, suivies de la ont la douleur de faire part du décès de Un an déjà ! Salons du Rozès, e crémation à 16 heures, au CNCA, route survenu à Paris, le 14 mai 1997, dans sa M. Paul PELLAS, 19, rue Bobillot, Paris-13 , métro Place- Tes amis du BILD et de Documents ne d’Italie. nationale 202. quatre-vingtième année. M. Félix GATTEGNO, directeur de recherche émérite se consolent pas de ton absence et t’en- au CNRS, tourent de leurs fidèles pensées. Dîner : 20 heures + soirée, 120 francs. Résidence les Jardins de Cimiez, survenu le 15 mai 1997, à l’âge de quatre- Soirée : 23 heures, 80 francs 5, avenue Michel-de-Cimiez, – Nicole Dupeyre-Logan, vingt-sept ans. survenu le 14 mai 1997. + 1 consommation. 06000 Nice. son épouse, Philip, Sylvia, Diane et Karen, Les obsèques auront lieu le mardi Scientifique de renommée Souvenirs ses enfants 20 mai, à 11 h 30, au cimetière de Sèvres. internationale, Paul Pellas a accompli une et leurs conjoints, carrière de minéralogiste au MNHN, où il – Depuis le 18 mai 1990, Ses frères, Ni fleurs ni couronnes. s’est consacré à l’étude des météorites. Et toute sa famille de France et d’Amérique, « Le soir. La mer n’a plus de lumière et, Bernard CHARLIER, ont la douleur de faire part du décès de comme aux temps anciens, professeur de lettres, tu pourrais dormir dans la mer. » DESS de psychologie clinique Alain DUPEYRE-LOGAN, Paul Eluard. et pathologique, diplomate, 37, rue des Binelles, est absent, mais reste toujours présent survenu le 24 avril 1997. 92310 Sèvres. pour tous ceux qui l’ont aimé. LeMonde Job: WMQ1805--0011-0 WAS LMQ1805-11 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0362 Lcp: 196 CMYK
11 SOCIÉTÉ LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997
AFFAIRES Les juges Eva Joly et (Hauts-de-Seine), de manière à assis- mai. b À CETTE OCCASION, plusieurs à Genève, créée en 1992 par Loïk Le Sofineg, les magistrats de la Cour des Laurence Vichnievsky devraient ef- ter à l’ouverture d’un coffre-fort, qui documents relatifs aux conditions Floch-Prigent pour assister les filiales comptes écrivaient que « des faits fectuer, sans doute dès la semaine du n’avait pu être effectuée par le PGG d’acquisition du réseau de stations- de participation d’Elf en matière fi- constitutifs d’enrichissements sans 19 au 25 mai, une nouvelle perquisi- du groupe pétrolier, Philippe Jaffré, service Minol dans l’ex-Allemagne de nancière – ont été saisis. b DANS UN cause et/ou d’abus de biens sociaux tion à la Tour Elf, à Courbevoie lors de la perquisition de jeudi 15 l’Est et à la Sofineg – une filiale basée RAPPORT d’instruction consacré à la ne peuvent être écartés ». Une nouvelle perquisition aura lieu prochainement au siège d’Elf Les juges d’instruction Eva Joly et Laurence Vichnievsky ont saisi, jeudi 15 mai, des documents relatifs à une filiale genevoise d’Elf – la Sofineg –, ainsi qu’aux conditions d’acquisition du réseau de stations-service Minol dans l’ex-Allemagne de l’Est
LA PERQUISITION conduite, des scellés soient apposés sur la enquêteurs. Au terme de ces re- nierie d’études et de gestion (Sofi- bureau du « responsable de la sé- documents, dont certains datent de jeudi 15 mai, au siège du groupe serrure, afin que personne ne cherches, qui se sont prolongées neg), filiale genevoise ayant permis curité » du groupe, Jean-Pierre Da- plusieurs années, concernent entre Elf-Aquitaine, à Courbevoie puisse s’emparer de son contenu tard dans la nuit de jeudi à vendredi le transfert de dizaines de millions niel, au 42e étage. Ancien officier de autres les investigations des magis- (Hauts-de-Seine), par les juges hors la présence des enquêteurs. (Le Monde du 17 mai), le PDG d’Elf de francs hors la comptabilité du la Légion, puis des services secrets trats Thierry Jean-Pierre, Renaud d’instruction Eva Joly et Laurence Fort tendu, M. Jaffré se serait em- a exigé de relire une à une toutes groupe, et sur laquelle l’enquête de français, M. Daniel est chargé, de- Van Ruymbeke ou Eric Halphen, Vichnievsky, ne restera pas sans porté contre l’intrusion des juges, les pièces saisies, afin d’en vérifier la Cour des comptes s’était heurtée puis 1979, de la sécurité des sites sans lien apparent avec Elf. Une lendemain. Les policiers de la bri- escortées d’une quinzaine de poli- le contenu. Ces documents ont en- à de nombreuses entraves (lire ci- pétroliers et des agents du groupe à note évoque par exemple les gade financière devraient effectuer, ciers, jusque dans son bureau, alors suite été placés sous scellés et em- dessous). Les juges auraient aussi l’étranger, mais aussi des questions comptes du Groupement des régies dans la semaine du 19 au 25 mai – même que le groupe Elf s’est portés par les policiers. saisi « quelques éléments » relatifs à liées au renseignement. Fort de ses réunies (GRR), structure liée au fi- sans doute mercredi –, une nou- constitué partie civile en 1995 dans Mme Joly avait récemment adres- l’acquisition par Elf du réseau de contacts personnels, il semble avoir nancement du Parti républicain. velle incursion dans la Tour Elf, afin le dossier instruit par Mme Joly sé à la présidence d’Elf une série de stations-service Minol, en 1992 dans mené des enquêtes sur des sujets Ces pièces ont été remises au par- d’assister à l’ouverture d’un coffre- contre ses anciens dirigeants. Les réquisitions afin d’obtenir la pro- l’ex-Allemagne de l’Est – opération parfois fort éloignés des activités quet de Nanterre dans le cadre fort, qui n’a pu être effectuée par le bureaux de deux des dirigeants ac- duction de documents susceptibles à propos de laquelle le parquet de d’Elf, ainsi qu’en témoignent quel- d’une procédure incidente et pour- PDG du groupe pétrolier, Philippe tuels les plus importants du groupe, d’intéresser son enquête. Elle Paris a délivré un réquisitoire sup- ques-unes des « notes blanches » raient, le cas échéant, être trans- Jaffré. Ce dernier ayant assuré, jeu- Frédéric Isoard, directeur général semble avoir finalement choisi d’al- plétif (Le Monde du 30 avril). (sans en-tête ni signature) décou- mises aux magistrats concernés. di soir, ne pas être en mesure d’ou- des hydrocarbures, et Jean-Luc Ver- ler chercher elle-même les dossiers Les enquêteurs ont également vertes dans son coffre, et se présen- vrir sur l’heure cette armoire forte, meulen, responsable de l’Afrique, espérés, notamment ceux de l’énig- fait irruption dans l’un des points tant comme des synthèses d’en- Jacques Follorou les deux magistrates ont exigé que ont également été fouillés par les matique Société financière d’ingé- les plus secrets de la Tour Elf : le quêtes judiciaires en cours. Ces et Hervé Gattegno La Cour des comptes s’interroge sur « des faits d’enrichissement sans cause et/ou d’abus de biens sociaux... » à la Sofineg DE toutes les investigations de cière de l’entreprise [Elf-Aquitaine] toutefois les magistrats dans leur André Tarallo, avec pour mission de francs de « dépenses d’affrète- important des charges de la Sofineg la Cour des comptes sur le groupe a excipé de la « réglementation « rapport d’instruction ». Mais d’en organiser la dissolution. Il ment, autrement dit de locations (a minima 85 millions de francs, soit Elf-Aquitaine, celles consacrées à suisse » interdisant le transport cette annotation perfide ne fut pas semblait alors clair, dans l’entou- d’avions », alors qu’Elf disposait de plus de 50 % de ses charges totales) la Société financière d’ingénierie hors de Suisse des pièces maintenue dans la version défini- rage de M. Jaffré, qu’il ne devait sa propre flotte aérienne. Au ne font l’objet d’aucune justifica- d’études et de gestion (Sofineg) comptables, pour en refuser la mise tive du rapport. pas y avoir d’« affaire Sofineg ». terme de deux auditions – de tion. Aucune hypothèse quant à furent les moins abouties. Et pour à disposition de la Cour », notait « La direction actuelle du groupe, Sur ce chapitre, le rapport défi- quatre heures chacune – d’Alain l’usage et aux destinataires de ces cause : créée en 1992 à l’instigation ainsi leur rapport définitif, daté du fut-il alors écrit, a reconnu que le nitif de la Cour des comptes – celui Bechtel, alors directeur général fonds ne peut donc être a priori de Loïk Le Floch-Prigent, officiel- 22 mai 1995. D’autre part, il était dispositif mis en place depuis 1992 daté du 22 mai 1995 – fut donc des filiales de participation d’Elf- écartée. » lement pour assister les filiales de évident que les enquêteurs de la [incluant la création de la Sofineg] plus allusif que réellement accusa- Aquitaine, la Cour avait conclu Fort discrètement, les services participations d’Elf en matière fi- Cour des comptes n’étaient nulle- avait été l’occasion de “gaspillages toire. Les magistrats y relevaient la que « le recours par les sociétés du fiscaux se penchèrent à leur tour nancière, cette énigmatique sous- ment habilités à franchir la fron- tout à fait regrettables”. » Le suc- présence, dans les comptes de la groupe aux services de Sofineg sur les comptes de la Sofineg à la filiale avait été basée à Genève, où tière pour aller chercher en Suisse cesseur de M. Le Floch-Prigent, Sofineg pour la période 1992-1993, [n’apparaissait] pas justifié » et que fin de l’année 1995. Une vérifica- ses activités s’exerçaient à l’abri du de quoi nourrir leurs recherches, Philippe Jaffré, avait lui-même or- de quelque 85 millions de francs « la question du niveau de rémuné- tion fut entamée par la direction droit helvétique. Si bien qu’au même si la société helvétique qui donné un contrôle de la filiale de « charges externes non identi- ration de Sofineg au regard de ses des services fiscaux de Paris-Ouest, mois de février 1994, lorsque les les intéressait était une filiale suisse, et en avait tiré la conviction fiées », de 16 millions de francs prestations effectives [était] posée » portant sur la gestion de sa suc- magistrats de la Cour des comptes d’une entreprise nationale fran- qu’hormis ces « gaspillages », au- d’« honoraires également non iden- – en 1993, les filiales d’Elf lui cursale en France, créée en 1993 qui avaient entrepris le contrôle çaise. « Il est tout aussi évident que cune véritable infraction n’avait tifiés », ou encore de 68 millions de avaient versé quelque 125 millions pour assumer les tâches aupara- du groupe pétrolier – alors en voie l’actionnaire, au demeurant unique, été commise. Geneviève Gomez, francs de « dépenses de person- de francs d’honoraires. vant confiées à la direction des fi- de privatisation – sollicitèrent une qu’est la société Elf-Aquitaine a le femme de confiance et véritable nel », alors même que la liste du liales de portefeuille du groupe. extension de leur saisine aux pouvoir de se faire transmettre les bras droit du nouveau PDG, prit, personnel de la société n’avait pas « AUCUNE JUSTIFICATION » Les enquêteurs du fisc se mirent comptes de la Sofineg, ils se heur- documents comptables nécessaires fin 1993, la présidence de la Sofi- été transmise, ni d’ailleurs aucune C’est peu dire que, dans leur alors en rapport avec ceux de la tèrent à une double impossibilité. à la compréhension de l’activité et neg, jusqu’alors occupée par le note d’honoraires. Etait également « rapport d’instruction », les ma- Cour des comptes. Leurs investiga- D’une part, « la direction finan- des résultats de Sofineg », notaient « monsieur Afrique » du groupe, pointée la présence de 39 millions gistrats s’étaient montrés plus tions devaient porter notamment tranchants. « Des faits constitutifs sur l’application de la TVA aux d’enrichissement sans cause et/ou prestations de conseil dispensées d’abus de biens sociaux ne peuvent par la Sofineg, ainsi que sur la Bernard Tapie dit n’avoir « rien inventé » dans son mode de gestion de l’OM être à ce jour écartés, écrivaient-ils. réintégration des résultats de cette [...] L’absence d’informations pré- filiale helvétique à ceux du groupe MARSEILLE Monaco. Pour celle de Cantona, l’imprésario de club « honnête et propre » – lui valent un suc- cises sur les charges réelles de Sofi- Elf et de ses filiales. Nul ne sait ce de notre envoyé spécial Alain Migliaccio, a encaissé une commission cès facile dans une salle composée pour partie de neg, qui dégage un résultat – sur que devint cette vérification, ni Cette équipe a fière allure : Manuel Amoros et d’appoint de 600 000 francs via une société bar- fidèles de l’OM. « Y en a qui ont fait les mêmes dix-huit mois – certes modeste (en- même si le juge Eva Joly en fut in- Carlos Mozer en défense ; Abedi Pelé en milieu celonaise. conneries que nous mais qui n’ont pas fait une viron 21 millions de francs), mais si- formée. Interrogée le 26 février de terrain ; Eric Cantona et Enzo Francescoli en M. Migliaccio, l’un des principaux agents fran- grande équipe ! », poursuit Bernard Tapie à pro- gnificatif au regard de son chiffre par Mme Joly, Mme Gomez – qui a attaque... Transfert après çais, affirme que le joueur n’était pas au courant pos des différents concurrents français de l’OM. d’affaires (11 %), ne permet pas de quitté le groupe en 1996 – avait in- transfert, le tribunal correc- des « détails » de l’opération. Venant à sa res- Il ironise également sur les sportifs résidant à mieux comprendre la justification diqué qu’«à [son] arrivée, il n’y tionnel de Marseille re- cousse, M. Tapie souligne l’importance de ces l’étranger dans le but, d’après lui, de payer moins d’un tel mécanisme de transfert de avait plus aucune archive à la tour compose l’OM des années « conseillers » pour les vedettes des stades, y d’impôts : Yannick Noah, Alain Prost, Jean- fonds en Suisse [...]. En l’état actuel [Elf] concernant Sofineg ». Tapie. Pourtant, aucun de compris hors période de transfert : « Les agents Claude Killy... Manuel Amoros lui-même a long- de ses informations, la Cour ces joueurs n’est présent, ne sont pas des milliardaires et ils ont vraiment du temps été résident italien. Tout cela pour dire constate donc qu’un pourcentage H. G. pas même à titre de témoin. boulot : les joueurs les appellent même quand la té- que l’OM aurait agi ainsi parce que la pression Le président Guy Richarté lé est en panne ou que le gosse a une dent de sa- fiscale était trop forte, et non dans le but de s’en est d’ailleurs étonné, gesse ! » « blanchir » de l’argent ou d’obtenir un enri- estimant que certains d’entre eux auraient pu L’ancien président de l’OM commence à chissement personnel. Six nationalistes corses écroués être poursuivis. En leur absence, c’est aux an- prendre ses marques dans ce procès. Il intervient L’Olympique de Marseille serait-il donc vic- ciens dirigeants et aux impréesarios qu’il revient souvent. Se lève, s’agite, apostrophe l’avocat de time d’un acharnement judiciaire ? Me Jean Ap- HUIT PERSONNES PROCHES DES MILIEUX NATIONALISTES de s’expliquer sur les montages financiers mis en la Ligue nationale, avec une flagrante volonté pietto, avocat de la Ligue nationale de football, CORSES ont été mises en examen, dans la nuit de vendredi 16 à sa- place à l’occasion des transferts. d’élargir les débats à l’ensemble du football. Ce rappelle que d’autres enquêtes ont été déclen- medi 17 mai, par le juge d’instruction parisien Gilbert Thiel. Six Le mécanisme est souvent le même : en dehors qui est reproché à l’OM ne pourrait-il l’être à chées ailleurs ; notamment Paris, sur le PSG d’entre elles ont été écrouées dans le cadre de l’information judiciaire de la somme officielle dûment déclarée, le club d’autres clubs, français et étrangers ? « Nous d’avant Canal Plus. « Faisons donc le procès de la sur plusieurs attentats commis en Corse-du-Sud, à partir de sep- accordait de substantiels « compléments » aux n’avons rien inventé », répète-t-il, à propos de ces démesure du football », suggère alors l’ancien mi- tembre 1996, qui avaient donné lieu à une série d’interpellations (Le joueurs et à leurs agents. Cet argent net d’impôt méthodes, paraît-il « nécessaires », pour enrôler nistre de la ville. Mais le président du tribunal a Monde du 14 mai). Au cours de leur garde à vue, et dans le prolonge- était versé sur des comptes bancaires à l’étran- les meilleurs joueurs. Au fil de ses interventions, surtout le souci des 101 millions de francs du dos- ment de l’enquête, une cache d’armes et d’explosifs a été découverte ger, en empruntant souvent des circuits surpre- il met ainsi en cause le Matra-Racing – au- sier marseillais. Visiblement agacé par la straté- dans une bergerie de la région d’Ajaccio. Le ministre de l’intérieur a nants, grâce à un système de facturation dou- jourd’hui disparu – de Jean-Luc Lagardère ; l’AS gie des prévenus, il finit par lancer : « Au bout de félicité, jeudi, les « services de police et de gendarmerie, qui ont déman- teux. Pour la venue du Monégasque Amoros, les Monaco « qui n’a pas à s’expliquer sur l’origine cinq jours d’audience, j’aimerais bien que les uns telé un commando à l’origine de nombreux attentats revendiqués par fonds complémentaires (3,5 millions de francs) des fonds », et surtout le Paris Saint-Germain, et les autres cessent de fuir leurs responsabilités. » l’ex-FLNC-canal historique ». et les factures ont circulé entre l’Irlande, la passé et actuel. Suisse, la Grande-Bretagne et la Principauté de Ses allusions au PSG – qualifié ironiquement Philippe Broussard DÉPÊCHES a ATTENTAT : un engin incendiaire a été déposé devant une congrégation catholique, vendredi 16 mai, à Lyon, le jour-même où la grande mosquée de la ville et la synagogue de Villeurbanne étaient Deux décisions de justice contradictoires sur la prévisibilité des avalanches visées par des attentats du même type. Des restes d’un cocktail Molo- tov ont été retrouvés devant la congrégation des servantes du Saint- GRENOBLE personne morale, a été condamnée la veille des Jeux olympiques d’hi- « l’imprévisibilité » de l’avalanche Sacrement. Le grand mufti et le grand rabbin de Lyon ont exprimé de notre correspondant régional à 250 000 francs d’amende. Le pro- ver d’Albertville de 1992. La coulée du 21 novembre 1992 et qui conjointement leur « réprobation face aux tentatives d’attentats ». Le tribunal correctionnel de Gre- cureur de la République avait re- s’étant arrêtée à quelques dizaines écartent toute faute de la part de la a Une explosion d’origine criminelle a touché une agence de la noble présidé par Pascal Leclerc a quis des peines de neuf à douze de centimètres seulement de la commune de Val-Thorens et de son Société générale à Marseille, vendredi 16 mai vers 22 h 30, blessant considéré, jeudi 15 mai, que l’ava- mois de prison avec sursis pour les piste, la station n’avait pas jugé service des pistes. légèrement deux personnes habitant l’immeuble qui abrite la banque. lanche survenue le 1er janvier 1996 deux « patrons » des pistes. utile de traiter ce versant avec des Le débat autour de la prévisibilité a ÉDUCATION : plus de 400 enseignants de Seine-Saint-Denis ont sur une piste de l’Alpe-d’Huez L’accident survenu à l’Alpe- déclencheurs artificiels d’ava- ou non du départ des avalanches manifesté, vendredi 16 mai, devant l’inspection académique de Bo- (Isère), qui fit un mort, était par- d’Huez peut, dans une certaine me- lanches. Le parquet d’Albertville ne s’éteindra pas avec ces deux bigny, pour soutenir les grévistes du collège Evariste-Galois de Se- faitement « prévisible ». Trois cou- sure, être comparé à celui qui se avait écarté la responsabilité de la catastrophes. Les meilleurs experts vran, qui dénoncent, depuis trois semaines, les difficultés de travail et lées de neige étaient descendues de produisit le 21 novembre 1992 sur commune et du service des pistes en débattent, en vain, depuis de la violence au quotidien. Venus d’une quarantaine de collèges et ly- façon quasi simultanée des ver- l’un des principaux « boulevards » et un non-lieu fut prononcé le longues années. Ainsi, Philippe cées, les manifestants ont réclamé un plan d’urgence pour l’ensemble sants qui entourent le glacier de Sa- de la station de Val-Thorens (Sa- 5 avril 1993. Traynard, qui a siégé pendant plus du département. Ils ont annoncé une grève générale, jeudi 22 mai, renne. Selon le tribunal, la raideur voie). Une avalanche partie de Le dépôt d’une plainte avec de dix ans à la commission départe- dans les établissements de Seine-Saint-Denis. de la pente – environ 35 degrés – et 2 850 mètres d’altitude était venue constitution de partie civile, quel- mentale de sécurité de l’Isère et a FICHIERS : le préfet des Pyrénées-Orientales a déposé trois l’importance du manteau neigeux – mourir 680 mètres plus bas, sur la ques mois plus tard, à la demande qui, à ce titre, fut, à la demande du plaintes dans le cadre de l’affaire du fichier des juifs du camp de Ri- 1,5 mètre – rendaient ce dernier ex- piste Jean-Béranger, où elle enseve- des familles des victimes, permit de ministère public, appelé à témoi- vesaltes, a annoncé, vendredi 16 mai, la préfecture. Les deux pre- trêmement instable. Le tribunal a lit dix skieurs, dont sept furent tués. rouvrir le dossier. Après quatre an- gner à l’audience du procès de mières actions ont été engagées pour « recel d’archives publiques dé- condamné, pour homicide involon- Cette coulée n’était pas inconnue nées d’instruction, le juge Serge l’Alpe-d’Huez, a comparé les ava- tournées » contre l’auteur de la découverte des documents et le taire, Christian Reberbel et André du service des pistes, comme l’avait Bougnon, qui n’a prononcé aucune lanches aux fruits mûrs : «Ça journaliste qui en a révélé le contenu. Une troisième plainte a été dé- Roderon, respectivement directeur tout d’abord laissé entendre le mise en examen, devrait rendre tombe ou ça ne tombe pas, c’est im- posée contre X... pour « vol d’archives publiques ». des pistes et chef du secteur où se maire de la commune, Georges une ordonnance de non-lieu dans prévisible. » Mais les magistrats de a ACCIDENT : trente habitations ont été évacuées après un af- produisit l’accident, à six mois de Cumin. Descendue en 1990 au les toutes prochaines semaines. Le Grenoble n’ont pas adopté cette faissement minier survenu jeudi 15 mai à Moutiers (Meurthe-et-Mo- prison avec sursis. La société des même endroit, elle avait été réper- 12 mai, le substitut du procureur de position. selle). Le mouvement de terrain a touché quatre-vingts maisons et en remontées mécaniques de l’Alpe- toriée sur la carte de localisation la République, René Ternoy, a dé- a rendu quatre autres inhabitables. d’Huez (SATA), citée en tant que probable des avalanches réalisée à posé des réquisitions soulignant Claude Francillon LeMonde Job: WMQ1805--0012-0 WAS LMQ1805-12 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0363 Lcp: 196 CMYK
12 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 HORIZONS ENQUÊTE
Considéré comme un allié indispensable La véridique histoire aux Occidentaux pour lutter contre le du maréchal Mobutu communisme en Afrique, le président qui a construit une fortune du Zaïre a longtemps bénéficié de 4 milliards de dollars du soutien financier massif des Américains en pillant son pays avant d’organiser son propre l’entrée de la Financial Times. Au nombre qu’une fois la guerre froide ter- lars [110 millions à 137 millions role Collins. En 1986, la prési- voie privée qui également des biens fonciers de minée que M. Mobutu a estimé de francs] sont passés entre ses dence a ainsi encaissé 15 mil- système de mène à la villa la famille, un hôtel et des ré- sa fortune insuffisante pour lui mains sous forme d’aides des ser- lions de dollars (82 millions de del Mar, une sidences en Afrique du Sud et permettre de garder le pouvoir. vices secrets et du gouvernement francs). Cependant, selon le détournement pierre honore la une plantation de café au Bré- Joseph-Désiré Mobutu prend, américains. » Quand, en 1975, la même document, M. Mobutu a mémoire de Sir sil. en 1965, la tête d’un pays dont guerre civile éclate en Angola, dépensé cette année-là 94 mil- Winston Chur- Masquant l’étendue des inves- les réserves de cuivre, de cobalt, l’argent que la CIA destine aux lions de dollars et les institu- des fonds chill, citoyen tissements essentiellement fi- de diamant et de bois sont im- forces de l’Union nationale tions politiques 172 millions d’honneur de nancés par les fonds de l’Etat menses ; dont les terres, sur de pour l’indépendance totale de (soit 517 millions et 946 millions publics et Cap-Martin. C’est dans l’avenue zaïrois, beaucoup de biens sont vastes étendues, conviennent à l’Angola (Unita) est confié à AChurchill que prend l’impasse détenus par des sociétés écrans, la culture du café et du cacao. M. Mobutu pour qu’il le remette des richesses ombragée. Au bout, la résidence des associés ou des membres du Entre 1970 et 1994, le Zaïre a aux rebelles en lutte contre le « Entre 20 millions que possède sur la Côte d’Azur clan ne portant pas le nom de reçu de l’Occident 8,5 milliards Mouvement populaire pour la le président zaïrois Mobutu Mobutu. Pour le Financial de dollars (47 milliards de libération de l’Angola (MPLA), et 25 millions de son pays. Sese Seko, autre monument. Times, ces avoirs immobiliers se francs) de subventions et de que soutient Moscou. A la grille, un panneau avertit concentrent surtout dans les prêts. Or, durant cette période, « Puis l’Angola est passé sous de dollars Son maintien le visiteur de la présence de riches faubourgs de la capitale à l’exception de cinq années influence cubaine, et le Zaïre est chiens de garde. Le mur d’en- belge. pour lesquelles les chiffres ne apparu comme un rempart sur (110 millions ceinte cache la villa, qu’un Une fortune, amassée en sont pas disponibles, les re- lequel on pouvait compter. La au pouvoir agent immobilier de la région trente ans de pillage, qui, selon cettes à l’exportation n’ont été, politique occidentale, sous la à 137 millions estime entre 25 millions et le Trésor américain et le FMI, selon le Fonds monétaire inter- conduite des Etats-Unis, a consis- lui a coûté 30 millions de francs. représenta près de 4 milliards national (FMI), que de 10,7 mil- té à apporter toute l’aide possible de francs) « C’est les enfants que nous de dollars (22 milliards de liards de dollars (59 milliards de à M. Mobutu », déclare Léo Tin- une partie voyons le plus, dit le marchand francs) au milieu des années 80. francs). « Au vu de tels résultats, demans, qui fut premier mi- sont passés de journaux voisin. Des sept-huit Mais l’argent a fondu quand le on a du mal à croire qu’il ait été nistre belge de 1974 à 1978. ans, avec des liasses de billets de prix à payer pour rester au pou- fait grand-chose au Zaïre sur le M. Mobutu a très vite exploité entre ses mains de sa fortune, 500 francs, et qui achètent tout. voir a grimpé. plan économique ou social, sa position stratégique, instau- Même eux sont plus riches que Mobutu est le fruit de la compte tenu de l’aide allouée », rant un système de détourne- sous forme d’aides qui s’élevait, moi. Mais on sait d’où vient tout guerre froide. En 1960, Patrice indique un tout récent rapport ments de fonds. « Tout de suite, cet argent, et on n’aimerait pas Lumumba, devenu premier mi- interne de la Banque mondiale. nous avons fait passer par Mobu- des services secrets que Mobutu vienne se retirer ici. nistre de l’ancien Congo belge, tu 1 million de dollars destinés à au milieu On s’y opposerait. Le peuple se met à courtiser le bloc de EPUIS toujours, le pré- l’Angola. Mais peu de temps et du gouvernement français s’y opposerait. » l’Est. Les services secrets améri- sident zaïrois se sert des après, l’Unita est venue se des années 80, Une histoire de vénalité et de cains projettent de l’assassiner, D richesses du pays pour plaindre que ses hommes avaient américains », affirme corruption que celle de Mobu- et lui cherchent un remplaçant amadouer les opposants, faire faim, que les moyens man- à près de tu, celle d’un des dictateurs les pour barrer la route au commu- taire les critiques et récompen- quaient. Pas un sou n’était par- John Stockwell, plus extravagants d’Afrique, qui nisme. Ils le trouvent en la per- ser les séides. « Mobutu a su bâ- venu aux Angolais. Nos de- pendant trente-deux ans de sonne de Joseph-Désiré Mobu- tir tout un réseau de protections. mandes auprès de Mobutu pour ancien chef 22 milliards pouvoir a réussi – comment et tu, chef militaire de trente ans Il a distribué beaucoup d’argent qu’il transmettre l’argent sont pourquoi ? – à obtenir des aides dont les compagnons d’armes pour rester au pouvoir. Ses be- restées vaines », indique John de la CIA au Zaïre de francs de l’étranger. C’est l’histoire de Stockwell, qui a dirigé l’opéra- son enrichissement personnel et tion secrète de soutien aux du pillage de la nation, des En 1978, l’entreprise d’Etat Gécamines, forces de l’Unita. « La CIA a de francs), ce qui donne une complicités internationales qui toujours su qu’allaient dans ses idée de l’étendue des autres l’ont rendu possible. géant du cuivre et du cobalt, poches d’énormes sommes sources financières. L’enquête du Financial Times d’argent. » Pour 1989, une étude – tou- le montre : en dépit des preuves reçoit l’ordre de virer sur un compte Mais M. Mobutu reçoit des jours de la Banque mondiale – évidentes selon lesquelles, de- montants beaucoup plus impor- indique que 209 millions de dol- puis le début du régime, M. Mo- présidentiel la totalité de ses recettes tants que ceux que lui offrent lars (1,15 milliard de francs) pris butu a détourné et gaspillé les les services secrets américains, sur les crédits de l’Etat ont été fonds qui lui étaient alloués, à l’exportation, qui s’élèveront, dont il refuse un jour un don de inscrits par la Banque centrale des institutions financières, avec 25 000 dollars (137 000 francs) du Zaïre à la rubrique « autres la bénédiction de leur gouver- dès 1989, à 1,2 milliard de dollars des mains de Lawrence Devlin, biens et services ». nement, ont continué de verser leur représentant à Kinshasa. « Les nombreux créanciers du des subventions, dont bien peu (6,6 milliards de francs) Les spoliations du président, Zaïre n’ont pas la moindre sont allées au peuple zaïrois. avec l’accord du Parlement, chance, pas la moindre, je le dis Les biens immobiliers consti- s’élèvent officiellement, dès la bien, de revoir leur argent. (...) tuent la partie la plus visible vont arrêter et exécuter Lu- soins en liquidités sont farami- fin des années 60, entre 30 % et Mobutu et son gouvernement ne des avoirs à l’étranger de mumba cette même année, sans neux », commente un ancien 50 % du total des investisse- se soucient pas de rembourser les M. Mobutu. La villa del Mar fait l’aide des Etats-Unis. sous-secrétaire d’Etat américain ments publics, pour atteindre prêts et se moquent de la dette partie d’un ensemble luxueux « Les Américains sont interve- aux affaires africaines, qui l’a 65 millions de dollars (357 mil- publique. (...) Il y a toujours eu, de plusieurs résidences dont nus au moment de l’indépen- côtoyé quotidiennement. « Il a lions de francs) durant la seule et il y a encore, un obstacle ma- elle est la plus vaste au flanc dance parce que le pays était fi- entretenu une garde présiden- année 1988. Outre ces détourne- jeur qui bouche toute perspec- d’une colline qui dégringole nancièrement un bon filon, tielle forte de dix mille hommes. ments, sur lesquels le Parlement tive : la corruption de l’équipe au vers la mer. explique M. John Stockwell, an- Et beaucoup de ceux auxquels il n’exerce plus ensuite aucun pouvoir », déclarait dans un rap- De la Belgique à la Côte- cien chef de la CIA au Zaïre. A faisait confiance l’ont, semble-t- contrôle, M. Mobutu reçoit des port secret du FMI, qui circula d’Ivoire, de la Suisse au Maroc, l’époque, Mobutu impressionnait. il, volé – y compris ses enfants. fonds destinés aux « institutions en 1982, un banquier allemand, c’est l’une des vingt propriétés Personne, en 1960, n’aurait ima- S’il leur donnait à investir 5 mil- politiques », parmi lesquelles la Erwin Blumenthal, détaché en dont on sait qu’elles appar- giné ce qui allait arriver. » lions de dollars en cash, la Fondation Mama Mobutu et le 1978 auprès de la banque cen- tiennent à M. Mobutu ou à son Pendant plus de vingt ans, somme disparaissait. » parti au pouvoir, le Mouvement trale du Zaïre. entourage. Leur valeur avoisine présidents, généraux, espions et Avant comme après son arri- populaire pour la révolution. Trois ans auparavant, dans au moins les 23 millions de banquiers occidentaux ont vu vée au pouvoir, « Mobutu a reçu Un rapport de la Banque une lettre en date du 11 juin livres sterling (200 millions de en lui un allié indispensable de la CIA des millions de dollars mondiale publie, sur les années 1979 adressée à Jacques de La- francs) d’après les estimations contre le communisme, et nul les premières années, affirme 1980-1987, les informations ob- rosière, alors directeur général d’agents immobiliers et les n’a rien fait pour mettre un John Stockwell. Ainsi, entre tenues par deux chercheurs du FMI, M. Blumenthal écrivait : actes de vente obtenus par le frein à ses excès. Ce n’est 20 millions et 25 millions de dol- américains, Steve Askin et Ca- « La situation au Zaïre est allée LeMonde Job: WMQ1805--0013-0 WAS LMQ1805-13 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0364 Lcp: 196 CMYK
HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 / 13
Le patrimoine immobilier connu
1 ZAÏRE ■ 11 palaces Les biens immobiliers constituent Toutes les propriétés n’ont pas Dont : - “Gbadolite ” dans le nord du pays la partie la plus visible des avoirs toujours été aquises à son - le palais de Kawele, domaine présidentiel comprenant une pagode chinoise étrangers du président Mobutu. nom propre, mais parfois par à Nsele près de Kinshasa D’après les estimations d’agents son entourage ou par des prête- immobiliers ou les actes de noms. Certaines sont détenues 2 FRANCE ■ 2 propriétés vente consultés, la valeur par des sociétés écrans ou - 1 appartement avenue Foch de 800 m2, 2 Avenue Foch (Paris) de la vingtaine de des associés, ce qui rend Reglain Photo : F. proche de l’Arc de Triomphe propriétés qu’il possède aujourd’hui difficile de - 1 villa sur la Côte d’Azur, la “Villa del mar” au cap Martin (entre 25 et 30 millions de francs) en Afrique, en Europe et situer avec précision au Brésil avoisine l’état du
3 BELGIQUE ■ 9 propriétés les 200 millions patrimoine Dont le château de Frocourt à Eghezée, de francs. immobilier. près de Namur - 65MF 3 4 2 4 SUISSE ■ 1 propriété 5 6 - 1 maison à Savigny (près de Lausanne) - 31,6 MF (mise sous séquestre par le gouvernement suisse) 7 2 “Villa del mar” Roquebrune-Cap-Martin
Photo : Germain Rey
8 5 PORTUGAL ■ 1 propriété - résidence “La Casa agricola Solear” - 14 MF 1 9 6 ESPAGNE ■ 2 propriétés - 1 villa à Marbella - La résidence à Boadilla del Monte, près de Madrid - 8 MF Le Monde
7 MAROC ■ 1 palais 10 4 Villa de Savigny (Suisse)
Photo : GAMMA Infographie : 8 SÉNÉGAL ■ 1 propriété - 1 villa dans le quartier des Almadies à Dakar 11
9 CÔTE-D’IVOIRE - Propriétés à Abidjan
10 AFRIQUE DU SUD - Propriétés et hôtels à Johannesburg
1 Le “ Kamanyola” (sur le fleuve Zaïre) 1 Gbadolite (Zaïre) 10 Villa en Afrique du Sud 3 Propriété de l’avenue Pict (Bruxelles) 11 ■ Photo : GAMMA PRESSE Photo : SIPA Photo : Didier Lebrun BRÉSIL 1 plantation de café Photo : GI Deppe
dans le sens que je redoutais. » lance penchait. »Un ancien belles de Laurent-Désiré Kabila. de Cap-Martin, Mobutu Sese port interne au gouvernement genevois Jean Ziegler, adver- La confiance semble fortement agent des services secrets zaï- Cependant, si sa fortune s’est Seko dispose, entre autres lieux belge rédigé par Hendrijk van saire depuis longtemps du se- ébranlée entre le régime et le rois, Emmanuel Dungia, se sou- réduite ces dernières années, de villégiature, de la Casa Agri- Dijk, membre de l’ambassade cret bancaire helvétique, refuse FMI. vient que « l’argent que dépen- M. Mobutu reste extrêmement cola Solear, une résidence de Belgique au Luxembourg. Le l’idée que l’essentiel de la for- Mais le pillage systématique sait Mobutu à séduire et riche. Il possède des parts dans comptant douze chambres et président zaïrois fait partie des tune de M. Mobutu ait, à ce des finances publiques, que corrompre les grands de ce des sociétés suisses et alle- 8 hectares de terrain à Areias de chefs d’Etat qui blanchissent jour, quitté le pays. M. Blumenthal dénonce en monde lui procurait une grande mandes, des liquidités et un Porches, dans l’Algarve portu- dans ce pays des sommes « Nous ne parlons pas de 1 mil- termes accablants, n’affecte ni satisfaction ». portefeuille immobilier dont le gais. Sa cave compte quatorze d’argent « fantastiques ». Il fi- lion de dollars déposé sur un les donateurs ni les gouverne- Mamadou Touré, qui dirigea centre est Bruxelles. mille bouteilles, auxquelles gure au côté du Libyen Muam- compte en banque, mais de tout ments étrangers. Son rapport au FMI le département Afrique, s’ajoutent les très coûteux un empire financier qui s’est coïncide avec l’arrivée des connaissait l’existence des U Zaïre, il est proprié- – nous précise-t-on sur place – construit de par le monde en troupes cubaines en Angola, comptes spéciaux vers lesquels taire d’un vaste domaine portos vieux de soixante-six « Nous avions trente ans », précise M. Ziegler, dont la présence va cimenter le le régime détournait les recettes A à Gbadolite, dans le ans, qu’il apprécie au plus haut qui estime que « plusieurs mil- soutien américain à Mobutu. à l’exportation. « A la fin des nord du pays. Il y a fait point parce qu’ils ont son âge. découvert liards de dollars » de la fortune C’est, sans doute, la raison pour années 70 et au début des an- construire un palais de marbre, Ce bien, acquis pour le compte de M. Mobutu ont été investis laquelle les mises en garde du nées 80, dit-il, il s’est passé au une piscine olympique et une de M. Mobutu en 1985, mais en- que certains revenus en Suisse. banquier n’ont pas été enten- Zaïre des choses très bizarres. piste d’aéroport capable d’ac- registré au nom d’une société A son sens, cependant, plus le dues. Dès 1988, cinquante mille Nous avions découvert que cer- cueillir un Concorde. Non loin anonyme dont le président est à l’exportation gouvernement reportera le gel soldats cubains se trouvent sur tains revenus à l’exportation du de Kinshasa, le domaine prési- Jaime de Cunha Viana, est ac- de ces avoirs, plus il court le le sol angolais pour combattre pays n’étaient pas enregistrés par dentiel de Nsele s’enorgueillit tuellement évalué à 400 millions du pays n’étaient pas risque de les voir s’évanouir. l’Unita aux côtés du gouverne- la Banque centrale, mais portés d’une imposante pagode d’escudos (14 millions de « Si cela arrivait, la Suisse serait ment marxiste de Luanda. sur des comptes spéciaux ouverts chinoise couronnée de mala- francs). Homme d’affaires, enregistrés par alors coupable de complicité Selon ses propres informa- auprès d’établissements commer- chite. Sur le fleuve voisin, est M. Viana fut le chef de file de dans un gigantesque détourne- tions, le Fonds monétaire inter- ciaux hors du pays. Au lieu d’être amarré le Kamanyola, un stea- l’importante communauté por- la banque centrale, ment de fonds. » Le gouverne- national a accordé au Zaïre remboursés, les prêts de l’étran- mer à trois ponts aménagé se- tugaise au Zaïre ; il est au- ment, poursuit Jean Ziegler, a neuf prêts d’une valeur de ger étaient ainsi détournés. Lors- lon les goûts de luxe de M. Mo- jourd’hui considéré comme le mais portés agi avec « une grande légèreté ». 231 millions en droits de tirage qu’il avait besoin d’argent pour butu. Des sofas de soie rose en représentant de M. Mobutu au Son attitude est « typique de spéciaux entre 1967 et 1982, un voyage, Mobutu envoyait un forme de conques agrémentent Portugal. sur des comptes l’hypocrisie helvétique » qui alors que M. Blumenthal achève préposé en Europe retirer d’un les salons, et l’emblème à tête En Espagne, le président zaï- fonde les rapports avec le Zaïre la rédaction de son rapport. compte spécial la somme néces- de léopard qui lui est cher orne rois possède une villa luxueuse spéciaux depuis des années. En no- Mais trois fois ce montant sera saire. Les responsables de la l’argenterie, ainsi que le linge et des hôtels à Marbella. Dans vembre dernier, Genève a refu- ensuite alloué, entre l’année du Banque centrale zaïroise vivaient de table et de maison. la banlieue madrilène de Las ouverts auprès sé de renouveler le visa d’entrée rapport et 1989. dans la peur. Il leur fallait faire Au total, il possède à Lomas, une superbe résidence à de M. Mobutu. Il n’en a pas ce que Mobutu demandait. » Bruxelles neuf propriétés fon- Boadilla del Monte a été ac- d’établissements » toujours été ainsi. RWIN BLUMENTHAL a Pourtant, tout ne s’est pas cières – de l’immeuble de bu- quise, en 1983, 200 millions de L’homme politique suisse qui découvert des comptes toujours passé comme le pré- reau au manoir et au château pesetas (8 millions de francs) au à l’étranger, raconte a entretenu les relations les E bancaires spéciaux ou- sident zaïrois l’aurait souhaité. entouré de son parc, dans les nom de sa belle-sœur. plus étroites avec M. Mobutu verts au nom de la Banque cen- « Deux événements l’ont marqué, quartiers résidentiels de Uccle Ses comptes bancaires cepen- Mamadou Touré, est Nello Celio, membre du Par- trale du Zaïre auprès de sept commente un haut fonction- et Rhode-Saint-Genèse. L’une dant restent introuvables. Les ti radical démocrate et pré- établissements financiers à naire américain. En 1978, le de ces propriétés se trouve à gouvernements occidentaux ne du FMI sident de la Confédération hel- l’étranger, à Bruxelles, à Paris, à s’en sont inquiétés qu’une seule vétique en 1972. Décédé en Genève, à Londres et à New fois, en 1991, quand les Etats- 1995, M. Celio, qui appartenait York, où l’on retrouve les mil- « En 1990, mettant fin au système Unis, la France et la Belgique mar Kadhafi, de l’Irakien Sad- au conseil d’administration du lions de revenus à l’exportation ont enquêté sur les holdings dé- dam Hussein et de l’empereur Crédit suisse, avait présidé Alu- disparus du budget. Les verse- de parti unique, il a créé quarante-cinq tenus dans leur pays. La France centre-africain récemment dis- suisse, la seule société d’alumi- ments effectués sur ces comptes et les Etats-Unis ont abandonné paru, Jean-Bedel Bokassa. nium du pays. Il avait participé font bien apparaître les sommes partis qu’il a dû financer pour en garder l’idée de geler les avoirs de Un banquier suisse a déclaré de très près au projet d’installa- en question. En 1978, l’entre- M. Mobutu sur leur territoire, qu’il serait « très surprenant » tion d’une fonderie au Zaïre et prise d’Etat Gécamines, géant le contrôle. Cela lui a coûté sous le prétexte qu’ils y étaient que l’on découvre, appartenant était président d’Eurotrust, im- du cuivre et du cobalt, reçoit très limités. La Belgique, pour à M. Mobutu, des sommes im- portant fonds d’investissements l’ordre de virer sur un compte beaucoup d’argent, qu’il a soustrait sa part, a regretté de ne pas portantes encore investies dans entretenant des liens avec Kins- présidentiel la totalité de ses re- disposer de moyens légaux suf- des banques helvétiques. «Le hasa. cettes à l’exportation – qui au secteur productif », fisants en cas de saisie des bon sens le plus élémentaire l’au- Aujourd’hui, M. Mobutu est s’élèveront dès 1989 à 1,2 mil- biens. ra, depuis longtemps, amené à atteint d’un cancer et l’incerti- liard de dollars (6,6 milliards de commente un haut fonctionnaire américain Parmi les banques dont on sortir l’essentiel de son argent du tude demeure quant aux héri- francs). sait qu’elles ont traité avec pays, afin d’éviter la mésaventure tiers de sa fortune. Il ne man- « Nous pensions, au début, que M. Mobutu et ses prête-noms fi- survenue aux héritiers de l’ex- quera certes pas de parents, de Mobutu était le seul à pouvoir marché du cuivre s’étant effon- proximité du Musée de l’Afrique gurent dans le rapport Blumen- président des Philippines, Ferdi- collaborateurs et d’alliés pour gouverner le Zaïre, indique dré, ses protégés ont exigé d’être centrale, édifié pour commémo- thal de 1982 la Banque Bruxelles nand Marcos, dont les comptes tenter de s’approprier une par- M. Tindemans. Il avait, à nos payés en dollars, et non en mon- rer les exploits du premier pré- Lambert, Paribas, le Crédit bancaires ont été bloqués pen- tie de ce qui reste. Mais le yeux, le talent, la puissance, l’in- naie du pays. Puis, en 1990, met- dateur des immenses richesses commercial, Indosuez, la Mi- dant plus de dix ans. » peuple zaïrois, que le pouvoir telligence... puis tout a changé. tant fin au système de parti du Zaïre, le roi de Belgique dland Bank et l’Union de mobutiste a laissé sur le bord Et ne l’a plus intéressé que unique, il a créé quarante-cinq Léopold II. banques suisses. A Commission fédérale du chemin, va, lui aussi, vouloir l’argent, d’où qu’il vienne, des partis qu’il a dû financer pour en A Paris, à quelques pas de Interrogées sur leurs éven- des banques suisses a, en récupérer ce qui lui a été volé. sociétés privées, des gouverne- garder le contrôle. Cela lui a l’Arc de triomphe de l’Etoile, tuelles relations d’affaires avec L avril, demandé à douze La question est de savoir si ments étrangers. Il n’avait au- coûté beaucoup d’argent, qu’il a dans le 16e arrondissement hup- M. Mobutu, toutes se sont abri- grands établissements du pays les pays qui, à l’heure actuelle, cune idée de ce qu’est une poli- soustrait au secteur productif pé, M. Mobutu dispose d’un ap- tées derrière le secret bancaire. s’ils détenaient des comptes au accueillent ces avoirs sont prêts tique financière ; mais – aux mines, celles de cuivre partement de 800 m2 au premier Seule la Midland a accepté d’en nom de M. Mobutu. Tous ont à lever le voile du secret der- qu’importait puisque l’argent d’abord, puis celles de dia- étage du no 20 de l’avenue Foch, dire plus : « Nous ne détenons répondu par la négative, mais rière lequel ils se cachent, avec continuerait d’affluer. Il n’était mant. » près du fourreur qui a confec- aucun compte ouvert au nom de des proches collaborateurs du M. Mobutu, depuis tant d’an- pas facile de trouver une attitude Plus récemment, des millions tionné ses sept toques de léo- M. Mobutu. Nous avons un président zaïrois ont confirmé nées. commune à l’égard de Mobutu. Il de dollars ont été engloutis pard. Un pied-à-terre commode compte avec une banque du au Financial Times que le gros y avait ceux qui investissaient au dans la désastreuse opération pour les visites aux présidents Zaïre qui est dormant depuis de ses disponibilités se trou- Jimmy Burns Zaïre et flattaient le président, et qui consistait à faire appel à des français successifs, qui ont été plus d’un an. » vaient toujours sur des comptes et Mark Huband ceux qui se montraient hostiles. mercenaires serbes de Bosnie ses fidèles alliés. Le nom de M. Mobutu a été en Suisse. Copyright : Financial Times Nul doute de quel côté la ba- pour affronter les forces re- Pour le changer de sa maison cité dernièrement dans un rap- Le parlementaire socialiste Traduction : Sylvette Gleize LeMonde Job: WMQ1805--0014-0 WAS LMQ1805-14 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0365 Lcp: 196 CMYK
14 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 HORIZONS-DÉBATS
Front national pourrait s’en trouver une assemblée de gauche plutôt Jean-Marie Le Pen pénalisé, jusqu’à 2,5 % des suffrages que pour une assemblée RPR-UDF. exprimés, selon des sondages effec- Mais, pour y parvenir, M. Le Pen se tués, il est vrai, au début du mois. heurte au tropisme antisocialiste de par Antoine Rufenacht peut-il faire Parce que son électorat comprend son électorat. Vive le cumul ! une forte proportion d’ouvriers, de Le temps du « gaucho-lepé- ARO sur les cumu- Le maire d’une très grande ville et n’est-ce pas empiéter considérable- chômeurs et de personnes sans di- nisme », s’il a existé, paraît révolu : lards ! L’affaire n’est le président d’une très grande ment sur le libre choix du chef de battre plôme. Et parce qu’il recueille un 70 % des électeurs FN se sentent pas nouvelle. Déjà communauté urbaine ou d’un dis- l’Etat quand il nomme les mi- maximum de suffrages parmi les éloignés de la gauche, 76 % pensent Jean Gabin, dans les trict ? Dans la logique du non- nistres ? Et dans un pays où les personnes les moins intéressées par que le PS n’est pas prêt à gouverner H cumul, ne faut-il pas aller plus loin : comportements sont tellement res- années 60, avait été accusé de tous la majorité ? la politique, celles qui, par nature, le pays, 71 % souhaitent la mise en les péchés pour vouloir être à la fois interdire par exemple au patron pectueux du pouvoir central, n’est- sont les plus enclines à ne pas aller œuvre d’une politique libérale comédien et propriétaire terrien. d’un grand parti d’être aussi res- il pas souhaitable que ceux qui Suite de la première page voter dans un scrutin de faible im- contre 14 % qui optent pour une Aujourd’hui, ce sont les poli- ponsable d’une grande collectivité ? exercent à Paris une autorité quasi plication. Il est d’ailleurs frappant politique socialiste ou social-démo- tiques qui sont dans le collimateur. Naturellement, sur ces différents monarchique (sous le contrôle de Cette dernière condition est es- de constater que, en suffrages ex- crate. Jean-Marie Le Pen aura les Au nom d’un grand projet : changer points, le législateur devra trancher. bureaucrates de Bercy) soient sentielle, car elle signifie que le seuil primés, le FN recueille ses meilleurs plus grandes difficultés à faire bas- la République. Pas moins... Il tranchera comme il l’a fait pour le confrontés deux ou trois jours par de qualification varie selon la parti- scores aux élections présidentielles, culer plus de 30 % de son électorat En effet, la même personne ne financement des campagnes élec- semaine aux réalités de la vie de cipation électorale : avec une forte scrutin de la participation maxi- actuel vers le vote socialiste. Au saurait être efficace si elle occupe torales : en mettant en place des province ? participation, 12,5 % des inscrits male, et ses plus mauvais aux euro- mieux pourrait-il espérer convertir deux mandats « lourds » : parle- règles dont les effets pervers – mal Quant aux prétendus liens entre peuvent signifier 16 % des suffrages péennes, scrutin de la plus forte ses troupes à une abstention de re- mentaire, maire d’une grande ville, évalués – seront multiples et provo- le développement de la corruption exprimés ; avec une faible participa- abstention. fus des deux blocs en présence. responsable d’une région ou d’un queront des résultats inverses de et le cumul des mandats, soyons sé- tion, la barre peut aller au-delà des Mais, au-delà de l’effet sur son Quant à la majorité, sa campagne département. C’est d’ailleurs une ceux escomptés. rieux ! Un parlementaire n’est 20 %. score, une forte abstention aurait antisocialiste peut bien apparaître à vérité incontestable puisque, dans Car, dans l’affaire des cumuls guère « corruptible » puisqu’il Or, pour mettre en œuvre sa stra- pour conséquence de réduire beaucoup comme désuète, elle n’en les sondages, une majorité de Fran- comme dans le financement de la exerce l’essentiel de son pouvoir de tégie des triangulaires, Jean-Marie comme peau de chagrin le nombre constitue pas moins le moyen sans çais pensent ainsi... vie politique, on part d’un constat manière collective. De ce point de Le Pen se heurte à un ennemi invi- des maintiens du Front national au doute le plus efficace pour obliger De bons esprits prétendent exact : des abus existent. Et on en vue, le patron d’une collectivité est sible : la menace de forte abstention second tour de scrutin. En s’ap- l’électeur frontiste à oublier son même que le cumul des mandats tire des conclusions hâtives : il faut évidemment plus « fragile ». qui pèse sur ces élections législatives puyant sur le modèle de simulation mécontentement à l’égard des pou- favoriserait la corruption. Enfin, ce réglementer. La lutte contre la corruption précipitées. Les sondages té- électorale mis au point à la Sofres, voirs en place pour marquer, face à sont des experts qui s’expriment : La démocratie doit être ver- passe par un contrôle plus adapté moignent du faible intérêt des Fran- on a croisé les deux variables essen- la gauche, sa communauté d’appar- parmi les responsables politiques, tueuse. Mais la vertu ne se décrète aux exécutifs et par une sévérité ac- çais pour la campagne (la moitié ne tielles : le score du Front national en tenance avec la majorité. ce sont souvent les plus gros cumu- pas. Il appartient au peuple d’ap- crue dans le choix des investitures s’y intéresse pas, contre un tiers suffrages exprimés (de 13 % à 17 %) Curieuse élection, en définitive, lards qui multiplient les déclara- précier et d’en tirer les consé- politiques. Le cumul ne change rien d’habitude), de leur sentiment de et le niveau d’abstentions en rete- qui n’assurera vraisemblablement tions contre les cumuls. Sur l’air quences. à l’affaire. faible différence entre les pro- nant trois hypothèses : une très pas un progrès de la démocratie. bien connu : « Faites ce que je dis, Qu’il soit préférable d’éviter les S’il fallait véritablement expéri- grammes des grands partis (70 % le faible abstention (comme en 1986), Puisque l’abstention devient l’alliée pas ce que je fais. » cumuls qui rendent illusoire l’exer- menter une réglementation anti- pensent) et d’une absence totale une forte abstention (comme en de la majorité, en réduisant le Etonnante, cette propension à cice véritable des responsabilités, cumul, c’est peut-être le cumul du d’attentes quant aux conséquences 1993) et l’hypothèse d’une absten- nombre de triangulaires du second soulever de faux débats lorsqu’il est assurément. Mais n’est-ce pas aux mandat de sénateur avec celui de éventuelles du scrutin : 61 % jugent tion record, montant jusqu’à 40 % tour et qu’un antisocialisme ar- difficile de régler les vrais pro- électeurs d’en décider ? Sur quelles président de conseil général qu’il que les résultats de l’élection ne des électeurs inscrits. chaïque assure le ciment de la blèmes. Et des débats sans fin, car bases et selon quels critères fixer faudrait envisager : c’est évidem- changeront rien à leur vie de tous L’effet que montre le tableau 2 droite et de l’extrême droite. Jean- ils ne peuvent aboutir qu’à de mau- « l’indisponibilité » de l’élu : impor- ment là que le cumul offre le plus les jours. est impressionnant. Avec une abs- Marie Le Pen peut encore rêver de vaises solutions. tance réelle des responsabilités, dis- de tentations. J’attends paisible- tention à 20 %, le FN pourrait se battre ses records électoraux, mais Dans la diversité de nos collecti- tance entre les lieux où s’exercent ment une initiative en ce sens... maintenir dans deux cents cir- il est peu probable qu’il se trouve, vités territoriales, quel seuil faut-il ces responsabilités, mode de fonc- Au-delà de l’effet sur conscriptions si le score moyen est cette fois encore, en position d’ar- fixer pour évaluer leur impor- tionnement de l’élu lui-même, de 15 % des suffrages, et dans près bitrer le duel du second tour entre tance ? Doit-on mettre sur un pied complémentarité des fonctions, Antoine Rufenacht est pré- son score, une forte de trois cents s’il atteint 17 %. Avec la gauche et la majorité. d’égalité le président du conseil gé- d’autres encore ? sident (RPR) du conseil régional de une abstention à 30 %, le FN ne néral de Lozère et le président du On voudrait qu’un ministre soit Haute-Normandie et maire du abstention aurait pourrait se maintenir que dans un Jérôme Jaffré conseil régional d’Ile-de-France ? interdit de fonctions électives. Mais Havre. peu plus de cent circonscriptions pour conséquence de avec 15 % de suffrages, et dans un maximum de cent soixante-treize réduire comme peau avec 17 % des voix. Avec une abs- tention à 40 %, il ne serait encore en de chagrin le nombre piste que dans environ soixante-dix circonscriptions s’il recueille 15 % de des maintiens suffrages, et dans un peu moins de cent circonscriptions s’il atteint du Front national 17 %. La menace sur la majorité est ra- au second tour dicalement différente selon le ni- veau exact de la participation. Avec de scrutin une abstention à 20 %, le RPR et l’UDF pourraient perdre de cin- quante à quatre-vingt-cinq sièges, Dans ces conditions, le risque est avec une abstention à 30 %, la me- grand de voir l’abstention dépasser nace porte sur trente-cinq à cin- les niveaux exceptionnels qu’elle quante sièges, avec enfin une abs- avait atteints en 1988 (33,9 %) et en tention à 40 %, seuls dix à vingt 1993 (30,7 %). On ne peut même pas sièges se trouvent directement me- exclure que le record absolu d’abs- nacés par le maintien des candidats tention, depuis 1875, établi lors des frontistes. législatives de 1988, soit battu le 25 Avec une forte abstention, l’arme mai prochain. fatale des triangulaires devient une Là est le talon d’Achille du Front épée de bois. Dans son désir de national. Car l’abstention n’est pas vaincre la majorité, il ne reste plus à une variable neutre, ni sociologi- Jean-Marie Le Pen qu’à travailler au quement, ni politiquement. On re- corps son électorat pour le trouve, dans la propension à l’abs- convaincre de voter socialiste au se- tention, les clivages qui ont joué par cond tour dans les cas, de loin les exemple dans le partage du vote de plus fréquents, d’un duel entre le Maastricht entre le « oui » et le candidat PS et le candidat RPR- « non ». Ce sont ainsi les ouvriers, UDF. les chômeurs, les personnes sans di- Aujourd’hui, les sondages in- plôme qui s’abstiendront le plus. diquent que, dans ce cas de figure, L’effet sur la répartition des suf- la moitié des électeurs du FN vote- frages est réel (tableau 1). raient RPR-UDF, entre le cinquième La gauche ne devrait pas souffrir et le quart voteraient socialiste et le d’une forte abstention car ses élec- reste s’abstiendraient ou voteraient teurs, plus politisés que la moyenne, blanc ou nul. Un déplacement de se mobiliseraient relativement 10 % des suffrages lepénistes vers le mieux. L’union RPR-UDF n’en candidat socialiste ferait battre la souffrirait pas davantage, car son majorité dans une trentaine de cir- électorat comprend une forte pro- conscriptions supplémentaires. portion de personnes âgées très at- C’est sans doute ce qui explique tachées à l’accomplissement de leur l’ardeur du président du Front na- devoir civique. En revanche, le tional à marquer sa préférence pour
L’IMPACT D’UNE FAIBLE PARTICIPATION ÉLECTORALE SUR LA DISTRIBUTION DES SUFFRAGES
Suffrages exprimés Résultats sur les seuls sur l’ensemble interviewés sûrs Ecart de l’échantillon d’aller voter (85 % des interviewés) (59 % des interviewés)
Parti communiste 10 11 + 1 Extrême gauche 2 2 = Parti socialiste 27,5 28 + 0,5 Divers gauche 2 2 = Ecologistes 5 4 – 1 RPR-UDF 34,5 37 +2,5 Droite indépendante et divers droite 4,5 4 – 0,5 Front national 14,5 12 – 2,5 TOTAL 100 % 100 %
Enquêtes SOFRES cumulées, 2 000 interviews du 2 au 10 mai.
L’IMPACT DE LA PARTICIPATION ÉLECTORALE SUR LE MAINTIEN AU 2e TOUR DES CANDIDATS DU FRONT NATIONAL Abstention Abstention Abstention à 20 % à 30 % à 40 %
Nombre de maintiens possibles du FN au 2e tour si le FN a 13 % 129 72 43 si le FN a 14 % 156 90 55 si le FN a 15 % 198 114 70 si le FN a 16 % 238 139 77 si le FN a 17 % 289 173 94 Nombre de sièges perdus par la majorité en raison du maintien FN si le FN a 13 % 33 16 8 si le FN a 14 % 42 20 10 si le FN a 15 % 54 35 12 si le FN a 16 % 68 43 13 si le FN a 17 % 84 52 17 LeMonde Job: WMQ1805--0015-0 WAS LMQ1805-15 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0366 Lcp: 196 CMYK
HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 / 15 L’Université en (vraies) questions La présidentielle par Pierre Mœglin iranienne entre L est des remèdes pires selon les consignes ministérielles criminer, enseignants et tutelle à des publics croissants et de plus que les maux qu’ils depuis plusieurs années, l’on n’étant, pour leur part, respon- en plus hétérogènes, soumis à de veulent guérir. Les re- n’emprunte pas uniquement à la sables que du contrôle de la quali- pressants impératifs économiques commandations de terminologie industrielle ; ce sont té. et sollicité par des forces poli- sanctuaires et stades I les techniques du « flux tendu » Faute de prendre la mesure de tiques et sociales contradictoires ? Claude Reichler sur l’Université dans votre page « Débats » du qui sont mises en œuvre, pour une tels phénomènes, Claude Reichler Que vaut-elle également face à la par Fariba Adelkhah 25 avril me semblent être de ceux- production au plus juste – juste s’en tient à une recommandation disqualification du grand récit du là. D’abord parce qu’elles pro- prix, juste à temps – combinant aussi inutile que dangereuse : sau- savoir spéculatif, alors que tout OUR la première fois en fonction de critères souvent as- cèdent d’un diagnostic incomplet ; effectifs, mètres carrés, encadre- vons ce qui peut l’être, les sciences pousse l’Université à s’interroger de son histoire, l’Iran sez flous, n’est évidemment pas ensuite parce que la médication ments et ressources administra- humaines. Le reste, y compris l’en- activement sur sa contribution à ne connaît pas démocratique. Mais elle n’exclut ni est contestable et inefficace ; enfin tives. L’on connaît cependant la seignement des langues, est aban- la culture et au savoir de son d’avance le résultat une vivacité indéniable de la cam- situation de l’enseignement supé- donné au règne de la marchandise temps ? P pagne, ni une transformation no- parce que le cas requiert un traite- d’une élection présidentielle. Le ment d’une tout autre ampleur. rieur : bâtiments dégradés et vé- et de l’utilitarisme. Grave erreur Mériteraient aussi d’être envisa- premier tour de ce scrutin est fixé table des termes du débat poli- L’auteur part d’un constat : tustes, conditions de travail déplo- d’appréciation ! Outre que la dis- gées les voies d’une moder- au 23 mai. On ne peut exclure un tique qui attestent les capacités « L’économisme (...) n’est pas seule- rables, taux d’échec alarmant. crimination entre disciplines ou fi- nisation universitaire qui, sans cé- second tour, la semaine suivante, d’adaptation de la République isla- ment une pratique de gestion (...), De même, quand un rapport of- lières est arbitraire et choquante, der à la facilité du one best way, tant paraît serrée la compétition mique. c’est aussi un langage. » Et, dit-il ficiel récent évoque le « change- elle aurait pour conséquence renverrait dos à dos économisme entre les deux candidats les mieux En dépit de l’arrestation ou du en substance, puisque ce langage ment des habitudes de consomma- d’isoler les secteurs à protéger, et nostalgie. Ainsi ne seraient plus placés : Ali-Akbar Nategh Nouri, le départ de plusieurs journalistes ou a envahi l’Université, il faut s’en tion » pour caractériser l’attitude d’en faire des ghettos et de les opposés, entre autres, profession- champion de la droite conserva- intellectuels en vue durant l’hiver, débarrasser avant d’engager le dé- des étudiants et de la société vis- promettre, fragilisés, à une dispa- nalisation et culture générale, for- trice, et Mohammad Khatami, le la presse a gardé sa liberté de ton, bat sur le projet universitaire lui- à-vis des diplômes, la formule rition certaine dès qu’intervien- mation de base et recherche de représentant de l’alliance entre la fût-ce sous contrôle, et sa plurali- même. Qui conteste que la qualité s’inspire de la rhétorique consu- drait la question de leur finance- pointe, financement privé et ser- gauche islamique et les « servi- té. Par ailleurs, tous les candidats de ce débat, urgent et nécessaire, mériste, mais elle témoigne sur- ment. vice public, souci de l’efficacité et teurs de la reconstruction », c’est- s’accordent à dire que « le peuple dépende beaucoup des termes tout de ce que le marketing est au- Quant au débat lui-même, il est refus du rendement. à-dire les rafsandjanistes. Les son- n’a pas besoin de tutelle » et à re- employés ? jourd’hui la rationalité dominante bien vite escamoté. De quoi s’agi- Ainsi, par exemple, le recours dages se suivent – autre grande connaître la souveraineté du suf- Toutefois, le problème n’est pas des politiques éducatives. Or l’on rait-il en effet, si ce n’est de reve- aux outils modernes serait-il première – mais ils ne se res- frage universel en s’efforçant de la là, et l’on en manquera l’essentiel n’a pas assez pris garde à ce que nir purement et simplement au considéré comme ce qu’il est : un semblent pas, donnant gagnant concilier avec le principe du ve- si l’on tient pour de simples méta- cela implique : au nom d’une res- modèle de l’Université du moyen indispensable mais exi- tantôt l’un, tantôt l’autre. layat-e faqih (l’omnipotence du phores les références au marché et ponsabilité illusoire car imposée, XIXe siècle ? Passons sur la men- geant pour améliorer le savoir et Le débat est singulier et révèle « guide suprême » sur toutes les au management. En réalité, dans les « usagers » – ainsi les étudiants tion discutable d’un modèle his- sa diffusion, certainement pas bien l’ambiguïté profonde du sys- institutions de l’Etat), quitte à l’enseignement comme ailleurs, sont-ils désignés ! – sont sommés torique unique, comme si, simul- pour en réduire la dépense. Il en tème politique iranien. Moham- donner de ce principe une inter- l’économisme n’est pas seulement d’agir en clients autonomes, infor- tanément ou successivement, va de la qualité du débat sur l’Uni- mad Khatami se pose en leader de prétation constitutionnaliste, un langage ; il est aussi, il est més et rationnels. Ce qu’ils ne Berlin, Paris, Cambridge et Har- versité et son avenir. l’opposition, mais en réalité il bé- comme Mohammad Khatami. d’abord une pratique. Et c’est à la sont évidemment pas, par défini- vard n’avaient eu le leur. Implici- néficie du soutien de la majorité pratique qu’il faut s’attaquer, da- tion. Des fragments de cursus plus tement, c’est du seul idéal alle- des membres du gouvernement de vantage qu’au vocabulaire, qui se ou moins appariés leur sont pro- mand de l’université Pierre Mœglin est professeur Hachemi Rafsandjani, auquel la En dépit de contente de la refléter. posés, à charge pour eux de gérer humboldtienne qu’il est ici ques- à l’université Paris-Nord, directeur Constitution interdisait de se re- Lorsque par exemple des étu- au mieux leur trajectoire. Naturel- tion. du Laboratoire des sciences de l’in- présenter pour un troisième man- l’arrestation ou du diants sont comptabilisés en lement, en cas d’échec, ce sont Mais que vaut cette référence formation et de la communication dat. « stock », « flux » et « cohortes », eux et eux seuls qu’ils doivent in- pour un système de masse, ouvert (LabSic). Ali-Akbar Nategh Nouri est le départ de plusieurs président du Parlement et considé- ré comme le candidat officieux du journalistes ou régime, mais les élections législa- tives de mars-avril 1996 avaient intellectuels en vue montré les limites de l’audience de sa faction, et la puissante Société durant l’hiver, la des enseignants de l’école reli- gieuse de Qom, qui avait semblé presse a gardé sa lui donner son aval, a pris quelque distance après que Mohammad liberté de ton, fût-ce Khatami se fut déclaré candidat. La différence entre les deux fa- sous contrôle, et sa voris se jouera certes dans les urnes, même s’il faut faire la part pluralité. Par ailleurs, de probables manipulations à l’ini- tiative des deux camps, mais aussi tous les candidats dans le désistement des autres candidats, Mohammad Rey-Shah- s’accordent ri, le porte-parole populiste des nostalgiques de la Révolution, et à reconnaître Seyyed Reza Zavârehi, un laïc proche de Ali-Akbar Nategh Nouri la souveraineté du et manifestement chargé de sé- duire la partie de l’électorat lassée suffrage universel de la prééminence politique des clercs. L’avantage semble donc rester du côté des conservateurs De même, le discours politique malgré le dynamisme de la cam- s’écarte de l’unanimisme révolu- pagne de Mohammad Khatami. tionnaire et tend à désigner les ac- Cependant, l’importance du ré- teurs dans leur diversité, voire sultat final doit être relativisée. leurs divisions. Derrière la stabilité L’heureux élu, quel qu’il soit, verra de la classe dirigeante se lisent la sa marge de manœuvre contrainte flexibilité des institutions poli- à la fois par la multiplicité des tiques et les mutations de la socié- centres de décision, par la crise té, qu’avaient déjà révélées les économique et par la différencia- élections législatives de 1996. tion croissante de la société. En L’avenir de l’Iran procédera de ces particulier, le nouveau président batailles intérieures plutôt que du devra compter avec le Guide de la mirage des solutions alternatives Révolution, Ali Khamenei, qui a extérieures. joué un rôle décisif dans l’agré- Symbole, parmi d’autres, de ce ment des différents candidats (ou balancement de la République dans la mise à l’écart de certaines entre la fidélité à son idéologie hé- personnalités qui auraient été sus- gémonique, l’islam, et son inévi- ceptibles d’entrer dans la course) ; table ouverture au changement, avec le Parlement qui dispose de notamment sous la pression de la prérogatives réelles et dont la croissance démographique, la mo- composition est beaucoup plus di- bilisation électorale s’effectue si- versifiée depuis 1996. multanément dans l’enceinte des Il lui faudra enfin compter – et grands sanctuaires et dans celle ce n’est pas le moins important – des stades. avec le populaire Hachemi Raf- Chacun des principaux candi- sandjani, qui vient d’être nommé à dats semble soutenu par un lieu la tête de l’Assemblée pour la dé- saint : Ali-Akbar Nategh Nouri par fense de la raison d’Etat, chargé de le sanctuaire de l’imam Reza à conseiller le Guide de la Révolu- Mashhad, Mohammad Khatami tion et d’arbitrer les éventuels par le mausolée de l’imam Kho- conflits entre le Conseil de surveil- meyni, Mohammad Rey Shahri lance de la Constitution et le Parle- par celui de Shahzadeh Abdol ment. Azim, à Rey. Cette dernière Assemblée L’implication de la mosquée semble d’ailleurs vouée à être revi- dans la campagne est d’autant talisée, ne serait-ce qu’en raison plus évidente que celle-ci coïncide de la personnalité de Hachemi avec Moharram, le mois du deuil. Rafsandjani. La stabilité du per- Durant les processions d’Ashura et sonnel dirigeant et la diffusion du les réunions qui célèbrent la mé- pouvoir parmi un nombre crois- moire du roi des martyrs, l’ardeur sant d’institutions devraient assu- des fidèles de l’imam Hussein se rer la continuité de la politique confond parfois avec celle des par- étrangère et de la politique écono- tisans de tel ou tel candidat. Mais, mique de l’Iran. pour reprendre l’expression en N’allons pas en conclure qu’il vogue, le « fourneau de l’élection » s’agit d’élections pour rien. A l’ins- brûle également dans les stades : tar des législatives de l’année der- les meetings s’y tiennent volon- nière, elles témoignent d’une tiers, et les meilleurs sportifs ne réelle mobilisation de la société manquent pas d’exprimer leur pré- pour la chose publique, en dépit férence. du scepticisme dont font preuve les Iraniens dans leurs conversa- tions. Pas moins de 238 personnes, dont 9 femmes, ont fait acte de Fariba Adelkhahest char- candidature, le Conseil de surveil- gée de recherche au Centre lance de la Constitution n’ayant d’études et de recherches interna- retenu en définitive que quatre tionales (CERI-Fondation nationale noms. Cette sélection très sévère, des sciences politiques). LeMonde Job: WMQ1805--0016-0 WAS LMQ1805-16 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0367 Lcp: 196 CMYK
16 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 HORIZONS-ANALYSES
LE COURRIER DES LECTEURS La campagne pour les a ainsi suscité beaucoup de commentaires. Nos lecteurs consi- 0 123 élections législatives du 25 mai et du 1er juin nourrit une bonne dèrent que, pour surmonter la crise de confiance qui affecte partie du courrier reçu par Le Monde au cours des deux der- les relations entre les Français et leurs élus, il faut, comme l’a 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 nières semaines. Le débat sur les institutions lancé dans notre dit M. Giscard d’Estaing et comme l’affirme la gauche, que la Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F journal, le 7 mai, par cinq spécialistes de droit constitutionnel France soit gouvernée autrement. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Internet : http : //www.lemonde.fr ÉDITORIAL Une autre façon de faire de la politique La vérité des chiffres par Thomas Ferenczi A République a ses blics, et notamment les comptes rites : à chaque alter- sociaux, seraient beaucoup plus DE NOMBREUX lecteurs ont réagi à « l’ap- sur le rôle de support joué par Le Monde. Elle La désaffection des Français à l’égard des nance, tous les gouver- dégradés que prévu. Est-ce pel pour changer la République » lancé le considère qu’un journal n’est pas le lieu le plus formes actuelles de la politique, attestée par L nements ont pour ha- exact ? Bien que nous lui en 7 mai, à la « une » du Monde, par cinq consti- adéquat pour accueillir une telle initiative. Elle beaucoup de sondages et confirmée par la per- bitude d’engager un « audit » des ayons fait la demande, le minis- tutionnalistes qui estiment qu’une réforme de se demande si les cinq « sages » souhaitent plexité que semblent susciter les élections lé- finances publiques. En 1986, tère des finances s’est toujours la distribution des pouvoirs est un des moyens « donner une impulsion pour réveiller la gislatives, est, selon nous, assez grave pour Jacques Chirac avait demandé à refusé à communiquer la « note de combattre « la déprime France » ou si leur texte « n’est que la mise en que le thème soulevé par les cinq constitution- Renaud de La Génière de dresser de perspective » de cette adminis- française ». valeur autosatisfaisante de leur pouvoir intellec- nalistes soit jugé digne de figurer en bonne le bilan de la gestion socialiste. En tration. Ce type de document est, Certains de nos lecteurs tuel ». « En cette fin de siècle où les outils de place dans la campagne. « La critique la plus 1993, Edouard Balladur avait fait évidemment, à interpréter avec s’étonnent de l’importance communication ne manquent pas (Minitel, In- radicale de notre action ne nous oppose pas une de même en installant la commis- précaution. La direction du bud- que nous avons donnée à ternet, courrier, téléphone), explique-t-elle, autre politique, mais une autre façon de faire de sion Raynaud, mais n’en avait pas get a l’habitude de relever tous cet événement, auquel nous n’aurait-il pas été moderne de leur part de se la politique » : cette phrase d’Alain Juppé, rap- exploité les conclusions après le les risques de dérapage, même avons consacré, en pre- donner les moyens de lancer un mouvement afin pelée par Patrick Jarreau, responsable de la sé- suicide de Pierre Bérégovoy. En- ceux qui ont peu de chances de se mière page, une « man- de faire pression sur nos chers hommes poli- quence France, dans une analyse récente (Le fin, en 1995, M. Chirac avait an- réaliser, et ses estimations sont chette » de quatre co- tiques ? » Monde du 29 avril), justifiait par avance l’ou- noncé qu’il rééditerait l’opération souvent exagérément pessi- lonnes, ainsi que deux pages intérieures et D’autres lecteurs proposent de compléter verture d’un tel débat. pour connaître l’état, « calami- mistes. Il reste que le gouverne- l’éditorial du jour. « Permettez-moi de me dire les propositions du « groupe des cinq ». Nous Quatre colonnes à la « une », était-ce trop ? teux », dans lequel M. Balladur ment oppose le silence à de nom- agacé, sinon agressé, par votre titre du 7 mai », publions ci-dessous quelques extraits de leurs En temps ordinaire, peut-être. En période de avait laissé les finances pu- breuses questions que les nous écrit, par exemple, Daniel Schmidt, de lettres. Celles-ci témoignent d’une évidente in- campagne électorale, non. Sans prétendre se bliques. Mais il n’a pas tenu pa- électeurs peuvent légitimement Paris, qui ajoute : « Ce modeste texte avait-il be- satisfaction à l’égard de l’organisation des substituer aux partis politiques, Le Monde es- role, de peur d’accroître les frac- se poser. Comment, par exemple, soin d’être amplifié à ce point ? » Selon notre pouvoirs et d’une forte demande de démocra- time conforme à sa mission de soumettre à la tures au sein de la majorité. sera financé le déficit cumulé de correspondant, « il y a du Labiche et du Courte- tie participative. Elles répondent, en tout cas, discussion publique des propositions qui En annonçant à son tour que la Sécurité sociale, sur les années line dans cette docte réunion qui s’approprie à au vœu de notre journal, qui était de lancer contribuent, selon lui, à lutter contre la « frac- lui aussi commanderait un audit, 1996 et 1997, qui – quoi qu’il ar- grand bruit quelques idées à peu près aussi une vaste discussion sur les institutions de la ture démocratique ». En sollicitant les cinq ju- Lionel Jospin semble donc envisa- rive – atteindra au moins 75 mil- neuves que « le Doyen » et plus anciennes que République. Notre page « Débats » s’est éga- ristes, notre journal, précisait l’éditorial du ger de recourir à une pratique an- liards de francs ? Faudra-t-il re- ses acolytes ». lement fait l’écho de cette controverse, no- 7 mai, tentait notamment de « réveiller une cienne. On serait presque tenté courir à des économies Nathalie Salaün, de Vauréal (Val-d’Oise), tamment dans Le Monde du 14 mai, avec les ar- campagne morose ». Dans ces conditions, de dire... à une vieille ficelle ! Car budgétaires – et lesquelles ? – s’interroge également, quoique dans des ticles signés l’un de Joël Mekhantar, l’autre de l’ampleur donnée à l’appel du « groupe des l’opération-vérité n’est jamais dé- pour compenser en 1998 le termes différents, sur le statut de cet appel et Sylvain Bourmeau et Bastien François. cinq » nous paraît légitime. nuée d’arrière-pensées. Quand manque à gagner de 37,5 mil- un candidat en campagne an- liards de francs correspondant à nonce une telle expertise, c’est la « soulte » de France Télécom ? UNE SIXIÈME RÉFORME tiques collégiales élues, et en pre- jouer toute règle et corrompant contrôle à l’opposition (...). Mais pour instiller le doute : pour ac- On comprend donc que M. Jos- Il me semble qu’une sixième ré- mier lieu, à l’Assemblée nationale ? tout ce à quoi ils touchent, hors la ne faut-il pas dès maintenant frap- créditer l’idée que les comptes of- pin évoque un audit. Mais cela ne forme, essentielle, compléterait Une telle réforme constitutionnelle limitation draconienne du pouvoir per plus fort, aller plus loin ? (...) ficiels sont enjolivés, voire tru- saurait suffire. Si l’opinion ne dis- celles préparées par les cinq serait l’occasion privilégiée d’ins- d’Etat devenu la proie d’intérêts La cellule démocratique de base qués. Par avance, on peut ainsi pose pas des chiffres dans leur « sages ». Il faut absolument ré- crire ce principe dans la loi fonda- privés. Aucun Etat n’a jamais fait le doit devenir le quartier de quel- prévenir son électorat que si détail, peu importe la virgule, duire à six ou sept le nombre des mentale de la République. (...) bonheur de ses « sujets », c’est ques milliers d’habitants, avec une toutes les promesses électorales c’est la tendance qui compte. Et régions françaises. France Télécom Aucun principe de philosophie plus souvent leur malheur qu’il a décentralisation de ce qui peut ne seront pas tenues, ce sera évi- celle-ci est connue. L’électeur sait a divisé le pays en cinq. C’est peut- politique ne me semble conférer cruellement provoqué. (...) l’être pour favoriser l’apprentis- demment parce que la situation l’état délabré des finances pu- être un peu court. Mais quel est le une légitimité indépassable à la Chacun des prétendus porte-pa- sage par le plus grand nombre de est plus dégradée qu’on ne le bliques. Il doit pouvoir choisir en sens de ces régions de deux ou prétendue neutralité asexuée du role des citoyens laisse sans la gestion. pensait. C’est le coup de « l’héri- connaissant les recettes que les trois départements ? Onze régions pouvoir qui sert toujours d’alibi à contrôle effectif les autorités agis- Une grande ville serait dirigée tage ». uns et les autres comptent utiliser ont une part inférieure à 3 % du to- son exercice quasi exclusif par les sant au nom du peuple, son ambi- par une « boulê » de cinq cents Pourtant, cette fois, le débat a pour y remédier. Le débat démo- tal de la valeur ajoutée brute fran- hommes. Quel tribut, du reste, tion étant d’y être coopté par ceux membres, siégeant quatre fois par un autre enjeu. Selon des simula- cratique exige donc que la droite çaise. Quatorze une population in- cette apparente légitimité paie en- dont il se constitue bien vite un mois, comme l’était Athènes. Les tions confidentielles de la direc- comme la gauche répondent clai- férieure à trois millions core à la longue histoire de l’exclu- complice. Seule l’incompatibilité hauts fonctionnaires, comme il y a tion du budget, révélées par Le rement à ces questions. Avant le d’habitants... Le coût de ces super- sion des femmes de la vie sociale ? entre mandat dans une assemblée 2 600 ans, devraient être élus eux Monde du 18 avril, les comptes pu- vote, et non pas après. structures trop petites est exorbi- Au-delà de la question institution- délibérante quelconque et mandat aussi et rendre des comptes à l’en- tant, politiquement, financière- nelle, la parité est désormais, à exécutif quelconque, et pour une trée et au départ de leurs fonc- ment, et ces microrégions sont un l’heure où est épuisée la dyna- durée suffisante après la fin de ses tions. Les élus qui ont failli doivent 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani frein à la création d’une Europe mique de la révolution contracep- mandats, serait efficace. être rigoureusement inéligibles. Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; forte, parce que composée de ré- tive, des contraintes juridiques et Roland Verhille Les juges doivent être élus, tout Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint gions fortes, qui auront confiance des discours volontaristes, la seule Sangatte (Pas-de-Calais) comme les shérifs. Directeur de la rédaction : Edwy Plenel en elles. Réduire le nombre des ré- mesure qui est susceptible de faire, Jean-Pierre Lefebvre Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé gions, c’est rendre attractive une à nouveau, substantiellement pro- FRAPPER PLUS FORT Le Blanc-Mesnil Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Bruno de Camas, Pierre Georges, Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre carrière politique régionale, gresser l’égalité concrète entre les Bravo. Vous avez su mettre le (Seine-Saint-Denis) Directeur artistique : Dominique Roynette comme en Allemagne, lutter hommes et les femmes, en boule- doigt sur une matière essentielle. Rédacteur en chef technique : Eric Azan contre la tentation du cumul, per- versant la perception symbolique Rien ne pourra bouger, en effet, NON AU QUINQUENNAT Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment mettre de décentraliser l’éduca- du pouvoir. dans ce pays en l’absence d’une ac- Les « cinq raisons » données par Médiateur : Thomas Ferenczi tion, l’économie... Laurence Helm tualisation de la délégation de M. Olivier Duhamel (Le Monde du pouvoir (...). 7 mai) comme « imposant » le Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Daniel Gall Paris Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet Chatou Il faut donc réviser la Constitu- quinquennat me paraissent peu LA PERVERSION tion, rendre plus aisée la consulta- convaincantes. Que les respon- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président L’ÉGALITÉ PAR LA PARITÉ DES POLITICIENS tion par référendum et la révision sables américains, anglais ou alle- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Comment ne pas souscrire à Cinq éminents spécialistes de de la Constitution, fixer à cinq ans mands soient élus pour quatre ou André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) l’appel visant à changer la Répu- l’organisation des pouvoirs publics le mandat présidentiel, supprimer cinq ans ne signifie pas que le Le Monde est édité par la SA Le Monde blique lancé par cinq éminents disent dans vos colonnes quoi faire le cumul des mandats, assurer l’in- même régime convienne aux Fran- Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. constitutionnalistes ? Comment ne pour pallier le dévoiement de la dépendance de la justice, suppri- çais, dont la vivacité latine appelle Capital social : 935 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». pas y voir le berceau d’une mesure Ve République opéré par les pro- mer les postes prébendiers, faire un contrepoids fait de stabilité. Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, plus radicale, véritablement refon- fessionnels de la politique vilipen- élire la totalité des structures lo- Loin d’être un « archaïsme fran- Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance datrice de la République et du dés par les Français. cales, contrôler mieux les hauts çais », le septennat pourrait bien pacte social sur lequel elle repose : Mais on peut craindre qu’il fonctionnaires, accroître les être un besoin durable. la parité entre les hommes et les n’existe pas de remède à la perver- moyens des cours régionales des Gilles Curien, ILYA50 ANS, DANS 0123 femmes au sein des instances poli- sion de ces politiciens habiles à dé- comptes, faire jouer son rôle de Cornimont (Vosges) Elégance et sagesse LA SAISON de Paris bat le rap- souplir la carrure des épaules et La pauvreté, en Europe comme aux Etats-Unis pel de toutes les beautés printa- allonger la jupe de 3 ou 4 centi- nières ! Chaque femme éprouve le mètres ; accompagnez-le d’un CINQUANTE-SEPT millions de statistique, les pays d’Europe du statistiques utilisées pour établir pauvres travaillent, ils constituent désir de renouveler son élégance, amusant jumper de jersey rayé. pauvres. Malgré son prétendu Nord, on s’en doutait, appa- cette comparaison ne sont pas ce qu’on appelle les très bas sa- mais un duel s’établit entre la sé- Si vous manquez d’un ensemble « modèle social », l’Europe des raissent comme les moins mal lo- exactement identiques, aucun ré- laires. Un autre tiers est à la re- duction des formes neuves et la à la fois chic et pratique, je vous Quinze compte aujourd’hui près tis : toujours en 1993, la propor- sultat important ne s’en trouve traite, le tiers restant est soit inactif retenue qu’impose pour beau- conseille un de ceux dont Lanvin de cinquante-sept millions de tion des pauvres dans la pour autant faussé. (19 %), soit au chômage (13 %) », coup la voix sévère de la raison. Il et Lelong ont le secret : petite personnes vivant en dessous du population totale ne dépassait Première constatation, le lit-on dans la note de l’Office sta- faut concilier les deux : être élé- veste très courte cintrée à la taille, seuil de pauvreté. C’est donc plus pas 6 % au Danemark, 11 % en Al- nombre de pauvres a sensible- tistique. Par type de ménages, la gante et malgré tout maintenir à arrondie du bas, se portant soit de 17 % des habitants de l’Union lemagne, 13 % en Belgique et aux ment progressé durant cette famille monoparentale, avec des notre budget son difficile équi- sur une jupe droite, soit sur une qui auraient un revenu net infé- Pays-Bas, 14 % en France, mais période dans l’Europe (des enfants de moins de seize ans, est libre. robe entière de même tissu. Ceci rieur à la moitié du revenu moyen elle atteignait 26 % au Portugal, Douze, à l’époque) : il aurait ainsi la plus exposée au risque de bas- Les collections de printemps qui en lainage, en flanelle ou en im- en vigueur dans leur pays. En 22 % en Grèce et... 22 % au augmenté de près de 10 %, mais, culer dans la pauvreté, suivie par nous ont initiées à la ligne nou- primé. N’oubliez pas alors que le France, ce seuil, conduisant à une Royaume-Uni. sans en donner d’explication, le les jeunes isolés de moins de velle – ligne qui moule le buste et marine est grand favori ! exclusion quasi forcée, était éva- Le recensement réalisé par l’Of- Réseau indique que le nombre de trente ans, puis par les retraités, arrondit nonchalamment les Vous possédez un manteau de lué en 1993 à 3 716 francs par fice constitue, à lui tout seul, une démunis a été, sur cette période, vivant seuls, de plus de soixante- hanches sous de souples drapés – lainage un peu démodé ? Faites le mois. mise en cause sévère du modèle en recul sensible en France cinq ans. Le rapport souligne aus- nous offrent un merveilleux teindre dans les tons corinthe, Tels sont quelques-uns des libéral proposé par Margaret (− 17,9 %) ainsi qu’en Italie si la fragilité économique des fa- champ d’idées neuves pour ajou- mousse ou piment, et transfor- chiffres, accablants, qui res- Thatcher et par ceux qui lui ont (− 13,7 %). Il a en revanche aug- milles élevant trois enfants ou ter à notre garde-robe ou pour la mez-le en une de ces charmantes sortent d’un rapport instructif, succédé. Au Royaume-Uni, le menté de manière spectaculaire plus de moins de seize ans. transformer. vestes vagues qui font fureur mais malheureusement ancien, chômage diminue certes, mais la en Grande-Bretagne (+ 46,8 %), A force de « diaboliser » le mo- Par les clairs matins de mai vous cette saison. que vient de publier l’Office sta- pauvreté explose. De bonnes atteignant près de 13 millions de dèle américain, l’Europe finirait porterez encore votre tailleur de tistique des Communautés euro- sources, on apprend d’ailleurs personnes en 1993. par oublier qu’elle a en déjà ac- l’année dernière ; il sera charmant E. de Semont péennes. Le tableau ainsi dressé a que l’administration britannique L’EAPN nous a communiqué le quis les défauts, sans en avoir les et très à la page si vous faites as- (18-19 mai 1947.) fait sensation outre-Atlantique. A avait multiplié les efforts pour tableau recensant la situation de qualités. s’en tenir à cette analyse, les obtenir que le rapport ne sorte l’année 1994, que, nous dit-on, les Etats-Unis avec leurs ghettos et pas avant les élections du 1er mai ! experts de l’Office statistique ont Philippe Lemaître 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS autres zones interdites compte- été prié de garder sous le coude. Télématique : 3615 code LEMONDE raient donc moins de laissés- AUGMENTATION Quelques pays sont en progrès pour-compte de la croissance que Le Réseau européen des asso- (l’Allemagne, la Belgique, l’Ita- RECTIFICATIF Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC la moralisatrice Europe. Outre- ciations de lutte contre la pauvre- lie,les Pays-Bas), mais la France ou 08-36-29-04-56 Atlantique, rappelait en première té et l’exclusion sociale (EAPN), rechute (17 % de pauvres au lieu ORDINATEURS Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 page l’International Herald Tri- une organisation non gouverne- de 14 %) et la Grande-Bretagne, Les disques durs des mo- bune du 15 mai, les chiffres offi- mentale (ONG) très appréciée par lanterne rouge avec le Portugal, dèles 7161 et 7201 de la gamme In- Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 ciels évaluent à moins de 14 % la la Commission de Bruxelles, pu- plonge (25,3 % au lieu de 22 %). finia, lancée par Toshiba (Le part de la population qui peut blie, en s’appuyant sur les travaux L’aggravation du chômage Monde du 17 mai), disposent res- Le Monde sur Compuserve : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr être classée parmi les indigents, de l’Office statistique, un tableau contribue bien sûr à grossir les pectivement de 2,5 et 3,1 gigaoc- un chiffre qui serait d’ailleurs en instructif sur l’évolution du mal rangs des démunis. Mais il n’en tets de mémoire, et non de 2,5 et Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 recul ces toutes dernières années. entre la fin des années 80 et 1993. est pas l’unique pourvoyeur «Un 3,1 mégaoctets, comme il a été in- D’après les travaux de l’Office On nous assure que si les bases peu plus d’un tiers des ménages diqué par erreur. LeMonde Job: WMQ1805--0017-0 WAS LMQ1805-17 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0368 Lcp: 196 CMYK
17 ENTREPRISES LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997
MATIÈRES PREMIÈRES Les une longue période. b LES GROUPES surcapacités et des fortes fluctua- FRAGMENTÉS dans un marché mon- AMÉRICAINS International Paper et actionnaires commencent à se lasser papetiers sont, aux yeux des inves- tions de prix. b MALGRÉ LA REPRISE dial, les papetiers lancent des opéra- Weyerhauser veulent profiter de ces de l’industrie papetière. Soumise à tisseurs, largement responsables de de la consommation, les cours de la tions de recentrage et de concentra- mouvements pour mieux s’implan- de fortes variations de cycle, celle-ci cette situation. Ils investissent trop pâte à papier restent faibles, autour tion de part et d’autre de ter en Europe. Le sud-africain Sappi n’arrive pas à gagner de l’argent sur et trop ensemble, provoquant des de 550 dollars la tonne. b TROP l’Atlantique. b LES PRODUCTEURS est également intéressé. L’heure des mégafusions a sonné dans l’industrie papetière Sous la pression des actionnaires qui dénoncent la trop faible rentabilité du secteur, les firmes engagent des opérations de recentrage et de concentration. Le groupe Worms s’interroge sur une cession de sa participation dans Arjo Wiggins Appleton
QUE FAIRE d’Arjo Wiggins Ap- finlandais UPM-Kymmene, autre- sion et des groupes d’investisseurs être les premiers à agir. Le numéro pleton (AWA) ? Depuis plusieurs Des prix stabilisés fois partisan d’une intégration prenant le relais des groupes pape- un mondial, International Paper, mois, la réflexion est ouverte chez complète, vient de vendre une tiers. qui a racheté le français Aussedat- Worms sur l’avenir de sa participa- usine de carton à un concurrent na- Ces mouvements de recentrage Rey en 1989, semble surveiller de LA PÂTE À PAPIER DE RÉFÉRENCE (NBSK) tion dans le papetier franco-britan- tional, Metsae-Serla Oy, et a an- et de concentration risquent de très près les désinvestissements et nique. La situation ne le satisfait noncé la cession de sa filiale Rauma s’accélérer. « L’heure des méga-fu- les recentrages en Europe. Weyer- plus. Malgré ses 40 % dans AWA, le en dollars par tonne 540-550 $ (mécanique). Enso, autre papetier sions va sonner. Les concentrations hauser, premier producteur mon- groupe Worms n’est toujours pas finlandais, a acquis, le 28 avril, la vont s’opérer entre les grands dial de pâte à papier, qui n’a jamais 1000 considéré comme l’actionnaire ma- majorité du capital du fabricant de joritaire face aux investisseurs bri- papier-journal allemand E. Holtz- tanniques. Surtout, le papier ne lui 800 Malgré une reprise mann, et a ainsi conforté sa place Les prix sous influence du dollar assure pas les revenus récurrents de la consommation, de troisième fabricant européen de que le groupe familial espère. 600 les prix de la pâte papier d’édition. Les carnets de commande des papetiers sont bons, mais les prix Plusieurs hypothèses sont à à papier restent ne remontent pas. Le cours de la pâte à papier de référence NBSK, l’étude. Worms pourrait soit déci- LE RELAIS DES FONDS DE PENSION qui est tombé de 1 OOO à 500 dollars la tonne entre octobre 1995 et 400 faibles. der de vendre sa participation, soit Stocks importants Outre-Altantique, les évolutions février 1996, peine depuis à franchir la barre des 520 dollars. Au rester mais en ne conservant que la sont encore plus spectaculaires : 1er mai, les principaux producteurs de pâte ont annoncé une aug- et dollar pèsent partie la moins cyclique d’AWA : les 200 l’industrie papetière, qui était res- mentation à 560 dollars la tonne. Mais sans parvenir à l’imposer. A papiers fins et la distribution. A cet sur son évolution. tée très fragmentée, entreprend la Bourse d’Helsinki les contrats à terme pour septembre cotent effet, le groupe devrait réaliser une 0 une consolidation de grande am- 545 dollars. scission entre ses activités et céder 1993 94 95 96 97 pleur. Les américains Fort Howard Au-delà des stocks importants (2 millions de tonnes environ), un son activité dans les papiers ther- Source : Le Monde et James River ont annoncé, le élément nouveau pèse sur les prix papetiers : le dollar. Alors que les miques et autocopiants (dont sa fi- 5 mai, leur rapprochement en vue prix de la pâte avaient commencé à augmenter à la fin de 1996, ils liale américaine Appleton), qui re- de créer le deuxième groupe mon- sont redescendus au fur et à mesure que la monnaie américaine présentent des gros volumes mais baisses de 60 %, 70 % voire 90 % de tudes, les groupes investissent trop, dial dans les papiers à usage do- s’appréciait. Pour ne pas perdre de parts de marché, les producteurs aussi de gros dangers. Des diffi- leurs bénéfices l’an dernier af- et de manière trop simultanée, mestique et sanitaire, derrière Kim- américains ont préféré ajuster leurs prix en fonction de la hausse du cultés pouvant surgir avec les fichent encore au premier trimestre créant des surcapacités gigan- berly-Clark Scott. Les canadiens dollar. Les Européens en tirent profit puisque, depuis le début de autres actionnaires dans cette opé- des résultats décevants. « Je ne suis tesques qui amplifient les variations Abitibi-Price et Stone-Consolidated l’année, le dollar a augmenté de plus de 10 % par rapport à la ration, le groupe Worms étudie que modérément optimiste pour cycliques. « Les investisseurs n’ac- avaient annoncé leur mariage en moyenne des monnaies européennes. aussi la possibilité de lancer une 1997 », affirmait le PDG du groupe cepteront pas longtemps de soutenir février, afin de s’affirmer comme OPA sur la totalité du capital finlandais UPM-Kymmene, jeudi un secteur qui n’a pas dégagé suffi- l’un des premiers producteurs de d’AWA pour réaliser la scission sans 15 mai, en soulignant la faiblesse samment de résultat pour couvrir le papier-journal sur le continent groupes », prédit un observateur. réussi à s’installer sur le marché eu- encombre par la suite. des prix papetiers. coût de son capital pendant sept des nord-américain. Dans le même Ces opérations, en cours aux Etats- ropéen, semble également intéres- A l’instar de Worms, de nom- dix dernières années », soulignait le temps, des groupes très intégrés, Unis, pourraient se poursuivre de sé. Le producteur sud-africain Sap- breux actionnaires commencent à DES RÉVISIONS DÉCHIRANTES président du groupe papetier irlan- comme Georgia-Pacific, cèdent à part et d’autre de l’Atlantique, les pi pourrait se manifester très réfléchir sur l’avenir de leur enga- Mais les investisseurs refusent dais Smurfit, lors de la présentation tour de bras leurs actifs moins im- papetiers ne pouvant continuer à rapidement. Depuis plusieur mois, gement dans les groupes papetiers désormais de se contenter de cette de ses résultats au mois d’avril. portants pour se recentrer sur quel- conserver une organisation régio- son nom est régulièrement avancé et à vouloir peser sur leur stratégie. seule explication conjoncturelle. Ne pouvant plus ignorer les at- ques spécialités papetières. En nale, alors que leur marché est de- sur les marchés boursiers pour la Ils sont lassés des performances Pour eux, le secteur papetier est tentes de leurs actionnaires, les quelques mois, des milliards d’hec- puis longtemps mondial. reprise d’AWA. très médiocres du secteur. Les responsable de sa faible rentabilité. groupes papetiers commencent des tares de forêts ont changé de mains Les groupes américains, très mal groupes qui ont enregistré des Refusant de changer leurs habi- révisions déchirantes. En Europe, le aux Etats-Unis, les fonds de pen- implantés en Europe, pourraient Martine Orange La Lufthansa sera privatisée Total inaugure une raffinerie en Chine du Nord DALIAN années afin de participer au mana- travaux en main. Sinopec, qui pos- teurs pour pouvoir apposer ses avant la fin 1997 de notre envoyé spécial gement d’une raffinerie dont l’ou- sède une quarantaine de raffineries couleurs dans leurs stations-ser- Au son des tambours et des verture était prévue en 1995. Le dans le pays, a prélevé dans cha- vice et y vendre des lubrifiants à sa LA COMPAGNIE AÉRIENNE allemande Lufthansa pourra être pri- cuivres d’une fanfare d’écoliers sur groupe entrait à hauteur de 20 % cune de ses installations des spé- marque. Sa percée reste embryon- vatisée en totalité avant la fin 1997. La Bundesrat, la chambre fond d’oriflammes aux couleurs dans la société Wepec (West Pacific cialistes chargés de refaire et naire avec, par exemple, deux sta- haute du parlement allemand, a adopté, vendredi 16 mai en vives claquant au vent et de slo- Petrochemical Company) aux côtés d’achever le chantier en un temps tions à son enseigne à Pékin. deuxième lecture, le projet de loi nécessaire. L’Etat possède encore gans appelant les travailleurs à plus de la ville de Dalian et de la record. 37,5 % du capital, via la banque publique Kreditanstalt für Wiede- de responsabilité et d’initiative, le compagnie de négoce pétrolière En mai 1996, pas moins de 8 000 « ÉCORNER LE MONOPOLE » raufbau, alors que la première étape de la privatisation remonte à ministre de l’industrie, Franck Bo- chinoise Sinochem. ouvriers arrivaient sur le site pour Mais le groupe place ses espoirs octobre 1994. Le gouvernement avait annoncé à la fin de l’année rotra, a inauguré, samedi 17 mai, la L’objectif était de construire une « régler plus de 6 000 problèmes de dans la région de Dalian, où se dernière son intention de se séparer définitivement de sa partici- raffinerie de Dalian dans la pro- raffinerie de 5 millions de tonnes conception et de construction en trouve la raffinerie. « Toute notre pation. « Le chemin vers la privatisation complète est maintenant vince du Liaoning, sur la côte nord- capable de transformer des pé- moins de trois mois », racontait stratégie consiste à écorner le mono- clair », a dit Matthias Wissmann, le ministre fédéral des transports. est de la Chine, non loin de l’ex- troles à haute teneur en soufre, et M. Cai Xi You, le directeur adjoint pole d’Etat, à prendre une petite La cession permettra d’engranger quelques milliards de deutsche- Port-Arthur. donc peu chers, venant du Moyen de Wepec, lors de l’inauguration. place au soleil dans la perspective marks supplémentaires au moment où le ministère des finances Cette unité est la seule installa- Orient, en produits légers (essence, Une occasion pour lui d’exalter les d’un grand changement qui n’est ce- cherche, par tous les moyens, à respecter les critères du traité de tion de raffinage réalisée par les kérosène, gazole). Comme prévu, mérites des ouvriers, dont l’un pendant pas à un horizon prévi- Maastricht. Elle surviendra dans la foulée de l’ouverture à la Chinois avec un partenaire étran- 70 % de la production devaient être « n’a pas pu se rendre au chevet de sible », explique Thierry Pflimlin, le concurrence du ciel européen, le 1er avril dernier, et s’inscrit dans la ger, en l’occurrence Total. Qualifié réexportés vers la Corée du Sud et sa femme qui accouchait » et représentant général de Total en logique du gouvernement allemand selon laquelle libéralisation et par les autorités locales « du plus le Japon, le reste étant destiné au d’autres « ont dû reporter leur ma- Chine. privatisation sont indissociables. (Corresp.) grand projet sino-français après la marché domestique chinois. riage ». Depuis la fin du mois de A long terme, le groupe français centrale nucléaire de Daya Bay », septembre 1996, sept unités sur voudrait importer en Chine du DÉPÊCHES avec un coût de 1,013 milliard de DÉFICIENCES douze fonctionnent, et les der- GNP (gaz naturel liquéfié) pour a ALITALIA : la compagnie aérienne italienne a annoncé, ven- dollars (5,7 milliards de francs), En 1993, alors que le chantier nières entreront en service au troi- faire fonctionner les centrales élec- dredi 16 mai, une perte de 1 217 milliards de lires (4,1 milliards de dont 200 millions de dollars pour était bien engagé, les Français s’in- sième trimestre. La raffinerie pro- triques du pays. Pour l’heure, les francs) en 1996, pour un chiffre d’affaires de 7 814 milliards de Total, ce complexe figurait au pro- quiétèrent, non pas de la concep- duira à plein régime à la fin de réticences sont fortes : l’investisse- lires, en hausse de 3,3 %. Ce résultat prend en compte 901 milliards gramme de la visite du président tion de l’usine mais des capacités l’année prochaine. ment est considérable, et les de lires de charges de restructuration suite à un plan, accepté par de la République, Jacques Chirac. techniques des firmes la réalisant. Contrairement aux prévisions, Chinois estiment qu’ils ont suffi- les syndicats, mais toujours en examen à Bruxelles. Mais son voyage étant raccourci On s’aperçut de déficiences sur la l’essentiel de la production (85 %) samment de charbon pour ne pas a EUROTUNNEL : la société exploitante du tunnel sous la pour raisons électorales, ce fut au qualité des soudures comme dans est destinée à la consommation recourir à une source d’énergie Manche espère commencer à payer des dividendes à ses action- ministre de l’industrie d’assurer le montage de certaines installa- domestique chinoise. Cette inver- plus coûteuse. D’autres groupes naires à partir de 2006 si le rééchelonnement de sa dette de 80 mil- cette inauguration pour laquelle tions. Total provoqua une crise en sion des tendances ne peut que ra- pétroliers comme Shell et Mobil liards de francs se poursuit comme prévu, selon l’édition du 17 mai les moyens n’avaient pas fait dé- refusant de financer sa quote-part vir Total, qui souhaite se faire une nourrissent la même stratégie que du Financial Times. La société commencerait à être bénéficiaire en faut. des travaux. Le chantier s’arrêta et place sur le marché de la distribu- Total. La différence se fera sur la 2005 ou 2006 si le trafic évolue comme elle l’escompte. Sur la voie rapide d’une dizaine le conflit dura deux ans. La solu- tion chinoise, encore complète- capacité d’apporter le financement a RENAULT : la date de réunion du comité de groupe européen de kilomètres reliant la zone tion fut trouvée avec l’entrée dans ment contrôlée par l’Etat. Comme du projet. de Renault sur la fermeture de l’usine de Vilvorde, rendue obliga- économique spéciale de Dalian à la le tour de table du raffineur chinois tous les pétroliers, le groupe fran- toire à la suite de la décision de la cour d’appel de Versailles, le raffinerie, des groupes de plusieurs Sinopec, qui reprit l’ensemble des çais essaie de s’allier à des distribu- Dominique Gallois 7 mai, n’a toujours pas été fixée, à l’issue des discussions, vendredi dizaines de militaires, armés de ba- 16 mai. De source syndicale, il y a « désaccord » entre la direction lais et de pelles, nettoyaient le bi- du groupe et le bureau du comité sur l’ordre du jour : « La direction tume pendant que la signalisation voudrait se cantonner au minima juridique, alors que le CGE réclame était peinte à la hâte, sur la chaus- Le financier suisse Martin Ebner un examen en profondeur des solutions alternatives, et la désignation sée neuve. d’experts », a-t-elle ajouté. La date de convocation du CGE et Dalian, avec ses cinq millions l’ordre du jour devrait être connu mardi 20 mai. d’habitants, qui se classe au troi- devient le premier actionnaire de Winterthur a PHILIPP HOLZMANN : le premier groupe allemand de BTP a sième rang des ports chinois, se annoncé, vendredi 16 mai, qu’il étudiait avec le groupe industriel veut « la future Hongkong du WINTERTHUR, le troisième détiennent 5,5 % des actions de soulignant que ses fonds d’inves- Deutsche Babcock les possibilités d’une coopération plus intensive Nord ». L’arrivée de Total dans groupe suisse d’assurances, vient Winterthur. M. Ebner s’est illus- tissement sont présents dans les dans les techniques d’énergie et d’environnement, particulière- cette région remonte à 1991, date à de se découvrir un nouvel ac- tré, ces dernières années, par de meilleures sociétés. Ces fonds ment à l’international. Les deux sociétés coopèrent déjà au sein de laquelle les Chinois décidaient tionnaire. Le financier suisse farouches batailles contre la di- sont actionnaires importants de nombreux groupes d’étude en Allemagne. d’ouvrir le secteur du raffinage à Martin Ebner, porte-drapeau rection du premier banquier Nestlé, d’UBS, de la Banque a DAIMLER-BENZ : le groupe allemand réexamine son projet condition de réexporter les pro- d’un capitalisme plus actif et suisse, UBS. Il qualifie sa montée suisse, de Zurich Insurance ou de fabriquer des monospaces en Chine, dont l’investissement glo- duits raffinés sur le marché asia- plus respecteux des actionnaires, en puissance dans Winterthur du groupe pharmaceutique bal est évalué à 1,4 milliard de marks (4,7 milliards de francs), en tique en plein essor. Quelques a annoncé, vendredi 16 mai, dé- d’« amicale ». « Depuis 1992, les Roche. raison de son manque de viabilité économique, a indiqué, vendredi groupes, comme Shell, Elf et Total, tenir 14,5 % du capital du groupe résultats de Winterthur ont conti- L’entrée de Martin Ebner dans 16 mai, un de ses porte-parole. Mercedes prévoyait de construire saisissaient, non sans mal, l’oppor- d’assurances, ce qui en fait le nuellement augmenté, sans que Winterthur relance les spécula- 60 000 monospaces et 100 000 moteurs essence et diesel par an en tunité. premier actionnaire. Le financier cette amélioration se traduise, tions sur de possibles regroupe- Chine. Shell réduisit progressivement a dépensé 1 milliard de francs jusqu’à cette année, dans les cours ments dans le monde financier a BRITISH AIRWAYS : la compagnie aérienne britannique fait ses ambitions et n’aurait plus, à ce suisses (4 milliards de francs) au de Bourse. Nous avons vu une oc- suisse. La compagnie d’assu- face à une menace de grève de ses hôtesses et stewards, à la suite jour, qu’un projet d’usine vers Can- cours des quatre derniers mois, casion à saisir », a-t-il expliqué. rances a noué des coopérations d’un différend sur les salaires. La British Airline stewards and ste- ton. Elf, qui projetait d’investir par l’intermédiaire de BK Vision Après avoir stagné, en effet, pen- avec la banque Crédit suisse et le wardesses association va organiser un vote par courrier auprès de 2,5 milliards de dollars dans la et Stillhalter, deux de ses fonds dant trois ans, le prix de l’action réassureur Swiss Re. Celui-ci a ses 8 500 adhérents chez British Airways, en leur demandant de construction d’une raffinerie à d’investissements, pour acquérir Winterthur a augmenté de 44 % déclaré, à plusieurs reprises, qu’il soutenir un mouvement de protestation, comme l’exigent les lois Shanghaï, abandonnait en octobre cette participation. depuis janvier. n’y avait aucun projet d’échange sociales britanniques. 1995. De son côté, Total rejoignait Par ailleurs, M. Ebner déclare De son côté, l’assureur se féli- de participations entre les trois un projet existant depuis plusieurs que des clients de sa compagnie cite de l’entrée de M. Ebner, en groupes. – (Bloomberg.) LeMonde Job: WMQ1805--0018-0 WAS LMQ1805-18 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0369 Lcp: 196 CMYK
18 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 PLACEMENTS ET MARCHÉS
MATIÈRES Incertitude avant la réunion du conseil de la Réserve fédérale PREMIÈRES Le comité de politique monétaire de la banque centrale des Etats-Unis se réunit mardi 20 mai. Impensable voilà peu, Le café au plus haut COURS DU CAFÉ ARABICA un statu quo monétaire apparaît aujourd’hui probable en raison des signes de ralentissement de l’économie américaine EN CENTS PAR LIVRE 237 La semaine a été marquée sur les marchés Unis, les indicateurs économiques publiés rait s’abstenir de procéder à un nouveau taires internationaux. En France, le rende- le 15 mai financiers internationaux par la remontée ont revélé une baisse de régime de l’activi- resserrement de sa politique monétaire. ment de l’emprunt d’Etat à 10 ans s’est re- du yen face au dollar. La monnaie japo- té et l’absence de tensions inflationnistes. Un statu quo sur les taux directeurs améri- plié de 5,68 % à 5,55 %, les investisseurs 240 naise a atteint son niveau le plus élevé de- Dans ces conditions, la Réserve fédérale, cains pourrait renforcer le mouvement de ayant, par ailleurs, été rassurés par la re- puis le mois de décembre 1996. Aux Etats- qui réunira son conseil mardi 20 mai, pour- baisse des taux sur les marchés obliga- montée de la droite dans les sondages. 220
LA PLUPART des professionnels révélaient conformes aux prévi- avec précision s’il ne représente quer des turbulences sur le marché 200 des marchés financiers avaient in- Vigueur du yen sions des analystes. Or les bénéfices qu’une simple pause ou s’il est des changes en accélérant la re- terprété le relèvement du niveau dégagés au premier trimestre ont l’amorce d’une tendance durable. montée du yen vis-à-vis du dollar. 180 des fonds fédéraux décidé à la fin DOLLAR CONTRE YEN été, dans l’ensemble, très élevés. Un statu quo monétaire aux La devise japonaise a atteint, jeudi, du mois de mars par la banque cen- Par ailleurs, les indicateurs Etats-Unis serait de nature à ren- son cours le plus élevé depuis le 160 trale des Etats-Unis comme la pre- Echelle inversée économiques publiés au cours des mière étape d’un grand mouve- 112 115,40 YENS derniers jours ont reflété un ralen- 140 ment de resserrement de la le 16 mai tissement de l’activité. Au mois Le deutschemark a faibli politique monétaire américaine. Ils 114 d’avril, les ventes au détail ont re- 120 avaient parié sur de nouvelles culé de 0,3 %, tandis que la produc- Les difficultés budgétaires allemandes ont provoqué, cette se- 116 22 nov. 1er jan. 9 mai hausses des taux en estimant tion industrielle restait stable. Le maine, un recul du deutschemark. Celui-ci a cédé du terrain face à qu’une augmentation limitée à un 118 taux d’utilisation des capacités de l’ensemble des devises européennes, cotant vendredi soir 1996 1997 Source : Bloomberg quart de point n’allait pas suffire à 120 production a pour sa part reculé, 3,3685 francs et 986 lires. Le ministre allemand des finances, Theo refroidir la machine économique et revenant de 83,7 % à 83,4 %. Du cô- Waigel, a avoué, jeudi 15 mai, que les recettes fiscales seront infé- à apaiser les tensions inflationnistes 122 té de l’inflation, les prix de gros ont rieures de 18 milliards de marks (60 milliards de francs) aux prévi- C’EST UN CAFÉ très chaud qui naissantes. Sur la foi de ces antici- 124 reculé de 0,6 % en avril et ceux de sions initiales. Face à ce dérapage, Bonn souhaite réévaluer les ré- est servi en ce moment sur le mar- pations, le contrat eurodollar 3 détail ont enregistré une progres- serves d’or de la Bundesbank, afin d’augmenter le volume du ché mondial. Les cours de l’arabica, mois, qui reflète l’évolution future 126 sion modérée de 0,1 %. bénéfice de la banque centrale qui sera reversé à l’Etat fédéral. dont le niveau était déjà très satis- des taux à court terme, s’était forte- 128 Après un premier trimestre ex- L’utilisation de cet artifice comptable met l’Allemagne dans une faisant en début d’année, ont en- ment déprécié, tandis que les ren- ceptionnellement vigoureux position de faiblesse pour dénoncer les manœuvres budgétaires des er core grimpé. Tant et si bien qu’ils dements obligataires étaient re- 22 nov. 1 jan. 9 mai (+ 5,6 % en rythme annuel), la crois- autres pays et pour s’opposer à l’entrée de l’Italie dans l’Union mo- atteignaient, à la clôture du 15 mai montés – les taux progressent 1996 1997 sance économique américaine de- nétaire. Inquiets à l’idée que l’euro intègre des devises de mauvaise à New York, 237 cents la livre pour quand le cours des titres baisse – de Source : Bloomberg vrait s’inscrire à un niveau nette- réputation, telle la lire, les investisseurs préfèrent se tourner vers la le contrat de mai rapproché. Il faut 6,92 % à 7,20 %. ment moindre au deuxième. Dans monnaie américaine. Malgré son plongeon face au yen, le dollar a remonter à l’année 1986 pour trou- Il n’est pas certain que la réu- Le yen a regagné 10 % un discours prononcé il y a dix réussi à gagner, cette semaine, un peu de terrain face aux devises ver pareille flambée. Jamais, depuis nion, mardi 20 mai, du conseil de la de sa valeur face au dollar jours à New York, Alan Greenspan européennes (1,70 mark et 5,72 francs vendredi soir). vingt ans, les stocks de café vert Réserve fédérale valide ce scénario depuis un mois. avait estimé que « si le ralentisse- n’ont jamais été aussi bas, à et débouche sur un durcissement ment attendu dans la croissance de 1,657 million de sacs fin mars. La monétaire. Certes, la vigueur de 14 % depuis un mois et a totale- la demande ne se manifeste pas, forcer le mouvement de baisse des 26 décembre 1996, à 114,63 yens politique des flux tendus et les ge- Wall Street semble plaider pour un ment effacé la baisse observée à la nous devrons agir en réponse à toute taux obligataires internationaux. En pour un dollar. Les autorités moné- lées de 1994-1995, qui avaient ré- relèvement du niveau des fonds fé- fin du mois de mars et au début du tension sur les marchés de crédit France, le taux de l’obligation assi- taires japonaises, qui s’inquiétaient duit la récolte brésilienne, ont vidé déraux. On se souvient des mises mois d’avril. comme de la consommation ». Les milable du Trésor à dix ans s’est re- depuis plusieurs mois de l’affaiblis- les réserves. L’inquiétude des opé- en garde adressées par le président M. Greenspan ne semble plus statistiques économiques publiées plié de 5,68 % à 5,55 % cette se- sement excessif du yen, ont tout rateurs se nourrit aussi de la décep- de la Réserve fédérale, Alan guère s’inquièter, toutefois, du ni- depuis ayant en majorité indiqué maine, les investisseurs ayant, par lieu d’être satisfaites. En un mois, tion engendrée par les productions Greenspan, à l’égard de « l’exubé- veau des actions américaines. Il est une nette baisse de régime, la Ré- ailleurs, été rassurés par la remon- leur monnaie a regagné 10 % de sa décevantes d’Amérique latine, de rance irrationnelle » des marchés vrai qu’il avait précisé, dès le début serve fédérale pourrait choisir de tée de la droite dans les sondages valeur face au billet vert. Colombie particulièrement, le se- boursiers. Or la Bourse de New du mois de mars, que les cours passer son tour. Elle attendrait d’en effectués en vue des élections légis- L’équilibre reste toutefois fragile. cond producteur mondial après le York atteint de nouveaux sommets n’étaient pas injustifiés si les résul- savoir plus sur la nature du ralen- latives. Un redressement trop prononcé du Brésil. historiques. Elle s’est appréciée de tats des entreprises américaines se tissement actuel pour déterminer Il pourrait, en revanche, provo- yen mettrait en péril la reprise de Selon le représentant du groupe l’économie japonaise, largement d’exportateurs colombiens, la soutenue par les exportations. A cueillette va être moins importante l’inverse, sa rechute, en incitant les que prévu. De 10,2 millions de sacs Marché international des capitaux : la perspective de l’euro et le franc suisse investisseurs japonais à augmenter (de 60 kilos), les prévisions sont leurs placements à l’étranger, pour- tombées à 9,5 millions au plus. La UN ÉTAT EUROPÉEN qui lève des fonds sur opérations soit libellée en francs français. Paris les rendements associés au florin sont les rait fragiliser la Bourse de Tokyo et saison dernière a été trop pluvieuse le marché international des capitaux dans la permet, depuis l’automne dernier, que des em- mêmes que ceux du franc. Un autre pays euro- aggraver la crise du système ban- et les mouvements sociaux se sont monnaie d’un pays voisin se soumet à des prunts en francs français soient lancés hors de péen s’est distingué ces derniers jours, la Fin- caire nippon. Elle risquerait aussi succédé. En revanche, les nouvelles règles édictées à l’étranger. Il doit se confor- France. lande, qui attend depuis des semaines à Paris d’augmenter le surplus commercial du Brésil sont meilleures. Alors mer, sinon à des directives officielles, du moins Il est, par contre, difficilement imaginable et qui, inopinément, s’est adressée au marché japonais et de provoquer une nou- qu’en janvier les experts donnaient à des usages qu’il n’a pas contribué à imposer que le deutschemark soit utilisé. La Banque suisse, où il lui a été fait un excellent accueil. velle guerre commerciale entre la récolte à 22 millions de sacs, elle et sur lesquels il n’a guère de prise. Certains, centrale allemande continue en effet d’exiger L’émission finlandaise, que dirigeait la Société Washington et Tokyo. a finalement été relevée à 25, voire souhaitant échapper à ces contraintes, envi- que les emprunts en marks voient le jour en Al- de banque suisse, porte sur 200 millions de La tâche des autorités moné- 27 millions de sacs. La seule pro- sagent donc de lancer chez eux des emprunts lemagne, sous la direction d’un établissement francs suisses pour une durée de huit ans. L’af- taires japonaises est donc délicate. vince du Minas Gerais en produit en devises qui auraient les mêmes caractéris- financier de son pays. Si, donc, la Belgique faire est intéressante dans la mesure où le Tré- Elles doivent s’efforcer de mainte- plus de la moitié, apparaissant tiques que leurs obligations du Trésor. voulait contracter un emprunt en marks à sor public d’Helsinki en conserve le produit tel nir le dollar dans un couloir étroit « plus que jamais comme le nouveau Un pays qui offrirait simultanément des moyen ou à long terme, il lui faudrait, comme quel. C’est un des rares emprunteurs de l’an- compris entre 115 et 125 yens. Jus- cœur de la caféiculture brési- titres en plusieurs grandes devises euro- à l’accoutumée, se soumettre aux règles du née à n’avoir pas pris la précaution de se pro- qu’à présent, elles y sont parvenues lienne », souligne Le Cyclope dans péennes aurait de bonnes chances d’élargir le compartiment allemand du marché des capi- téger immédiatement contre le risque de en utilisant la seule arme des mots. sa récente édition 1997. Toutefois, cercle des investisseurs auxquels il s’adresse. taux. change. La Suisse ne faisant pas partie de A elles seules, les déclarations d’Ei- pas d’optimisme prématuré : la Cela devrait logiquement faire diminuer le L’Italie continue de contracter des emprunts l’Union européenne, sa monnaie est sujette à suke Sakakibara, directeur des af- période des gelées s’annonce. coût moyen de l’intérêt de sa nouvelle dette. sur le marché international à une cadence sou- des fluctuations assez vives par rapport à celles faires internationales au ministère Méfiance n’est pas raison, mais En outre, ce serait un excellent moyen de se tenue, et c’est chaque fois pour elle l’occasion des Quinze. Pour l’heure, le franc suisse est très des finances, surnommé « M. Yen » on se rappelle encore qu’en 1994 il préparer à l’introduction de l’euro, qui, lors- de s’illustrer. La publicité qui accompagne les fort. Et c’est précisément ce qui attire les em- sur les marchés financiers, ont réus- avait suffi de deux nuits de gel pour qu’il existera, mettra en concurrence directe grandes émissions internationales est beau- prunteurs, lesquels bénéficient de conditions si à arrêter, de façon brutale et anéantir la moitié de la récolte bré- les différents Etats de notre continent habilités coup plus grande que celle dont bénéficient les très économiques (le taux d’intérêt nominal de spectaculaire, le mouvement de dé- silienne. Bien que tirés par l’arabi- à partager la monnaie commune. opérations émises à domicile. Et comme le Tré- l’emprunt est de 3,25 % l’an), tout en ayant de préciation de la devise japonaise. Si ca, les prix du robusta gardent des Si le calendrier de Maastricht est tenu, il sor romain en est à sa quatrième réussite inter- bonnes raisons d’espérer que l’emprunt ne celui-ci venait à reprendre, les res- niveaux plus modestes. Ils ont ou- reste assez peu de temps pour donner suite à nationale de l’année, son prestige auprès des continuera pas trop à s’apprécier. ponsables nippons pourraient tou- vert, le 16 mai sur le Liffe londo- de tels projets. L’avènement de l’euro est prévu investisseurs ne cesse d’augmenter. Il vient de Tous les regards des spécialistes se tournent jours compter sur leurs réserves de nien, à 1 960 dollars la tonne pour le début de 1999. Aussi ne devrait-on pas lancer des obligations aux Pays-Bas, pour un maintenant vers l’Autriche, qui, depuis quel- changes très importantes (220 mil- (quand même mieux que 1 570 dol- trop tarder à savoir quel pays a réussi à ré- montant total de 1,25 milliard de florins et ques mois, a cessé de s’endetter en francs liards de dollars) et vendre des lars affichés en janvier). En manque soudre toutes les nombreuses difficultés tech- d’une durée de quinze ans, sous la direction de suisses, privilégiant les devises de l’Europe quantités considérables de billets d’arabica, des acheteurs s’inté- niques qu’implique un projet aussi ambitieux. la banque ABN AMRO. commune. Mais dans le passé, la trésorerie pu- verts. Ils auraient aussi la possibilité ressent au robusta, mais les très La Belgique semble être très avancée dans ses Dans leur majorité, les titres ont été achetés blique viennoise a toujours su mettre à profit de relever le taux d’escompte de la bonnes perspectives de récolte en études et pourrait peut-être, dès cette année, par des investisseurs néerlandais, mais une les périodes de hausse de francs lorsqu’elles banque centrale, fixé au niveau his- Indonésie et surtout en Côte- émettre à Bruxelles des emprunts en devises partie non négligeable a été acquise par des étaient associées à des bas niveaux de taux toriquement bas de 0,5 % depuis le d’Ivoire empêchent les prix de s’en- dont le profil serait semblable à celui de ses bailleurs de fonds français. Ceux-ci recherchent d’intérêt. mois de septembre 1995. voler. obligations linéaires en francs belges. Si elle le des titres de qualité de longue durée, et il se faisait, il est probable qu’au moins une de ces trouve que, pour des échéances de quinze ans, Christophe Vetter Pierre-Antoine Delhommais Carole Petit
TOKYO NEW YORK PARIS LONDRES FRANCFORT Paris s’affranchit de la campagne électorale INDICE NIKKEI DOW JONES CAC 40 FT 100 DAX 30 p+ 2,64% p+ 0,35% p+ 5,71% p+ 1,36% p+ 1,18% et vole de record en record 20 324,73 points 7 194,67 points 2 784,28 points 4 693,90 points 3 604,55 points SEULE PLACE à avoir cédé du phorie a trouvé sa traduction dans échanges quotidiens portant sur consécutive, a gagné du terrain. terminer la séance officielle à 7 194,67 points. Les marchés de- terrain au cours de la semaine du 5 les cours : en cinq séances, les va- plus de 10 milliards de francs. Ven- Mardi, elle inscrivait un sommet 3 604,55 points, soit une progres- vront passer l’obstacle de la réu- au 9 mai, la Bourse de Paris a effec- leurs françaises ont progressé de dredi, alors que la progression n’a absolu en cours de séance, à sion de 1,18 % par rapport au ven- nion de la Fed, mardi, pour se stabi- tué un rebond spectaculaire au 5,71 % et terminé, vendredi, sur un été que 0,30 %, pas moins de 9 mil- 4 720,30 points, passant pour la dredi 9 mai. « Les clignotants de la liser, indiquent les analystes. Les cours de la période écoulée, ali- nouveau record de clôture, à liards de francs de titres ont été première fois au-dessus de Bourse restent au vert à moyen chances d’un relèvement des taux gnant cinq séances consécutives de 2 784,28 points. En séance, pour la échangés. Pour Jacques-Antoine 4 700 points, et vendredi l’indice terme », estiment les économistes continuent à évoluer autour de hausse et plus de 5 % de gains. Wall première fois de son histoire, l’in- Bretteil, d’International capital ges- Footsie terminait à 4 693,90 points, de la Commerzbank dans leur rap- 50 %. Street termine pratiquement sur ses dice CAC 40 a même franchi le seuil tion, ces échanges étoffés té- soit un gain hebdomadaire de port boursier hebdomadaire, en La Bourse de Tokyo devrait rester niveaux de la semaine passée, tan- des 2 800 points (2 804,51 points) moignent du retour des investis- 1,36 %. Selon les opérateurs, le mar- raison de la « combinaison idéale de ferme après avoir atteint, cette se- dis que Londres et Francfort at- avant de céder du terrain sous l’ef- seurs anglo-saxons, qui avaient ché reste sous le charme de l’indé- taux bas et d’un environnement de maine, son plus haut niveau de teignent de nouveaux sommets. La fet de ventes de précaution à la quelque peu délaissé le marché pendance accordée à la Banque changes favorables ». l’année dans le sillage du redresse- Bourse de Tokyo termine à son plus veille d’un week-end prolongé. français ces dernières semaines. d’Angleterre pour la fixation des Bien que son score hebdoma- ment du yen face au dollar. « L’in- haut niveau de l’année. D’autant que certains opérateurs taux d’intérêt. La City de Londres a daire soit très moyen (0,35 % sur la dice Nikkei devrait continuer à se L’inébranlable conviction affi- pensent que, mardi 20 mai, la Ré- VERS LES 2 900 POINTS ? mis une semaine à digérer cette ré- semaine), Wall Street a aussi établi montrer ferme », a déclaré Hajime chée par les boursiers selon laquelle serve fédérale pourrait durcir sa po- Selon certains opérateurs, cette forme historique, qui, selon elle, a deux records : le premier lundi, à Morishita, président d’Ace Securi- l’actuelle majorité sera reconduite litique monétaire américaine. tendance haussière devrait se pour- d’un seul coup considérablement 7 292,75 points, et le second jeudi, à ties. « A moins d’une appréciation lors des élections législatives a en- La liquidation du terme boursier suivre jusqu’à la fin juin, et il n’est renforcé la « crédibilité » de la poli- 7 333,55 points. Mais vendredi, excessive du yen, il devrait, pour l’ins- voyé l’incertitude des opérateurs de mai est pour l’instant gagnante pas exclu que l’indice CAC 40 at- tique monétaire britannique. dans le sillage des valeurs de haute tant, fluctuer dans une fourchette aux oubliettes. Une fois la crainte de plus de 9,89 %. Depuis le début teigne les 2 850 points, voire les Outre-Rhin, l’heure a également technologie et du marché obliga- comprise entre 19 500 et de la cohabitation écartée, la de l’année, les valeurs françaises 2 900 points à la fin du premier se- été à la course aux records : lundi et taire, qui a réagi négativement à la 21 000 points », a-t-il ajouté. L’in- Bourse de Paris est franchement re- gagnent 20,2 %, une performance mestre, niveau que de nombreux mardi, l’indice DAX de la Bourse de progression plus forte que prévu dice Nikkei a terminé la semaine à partie de l’avant : le franc évolue dans la moyenne des autres opérateurs avaient fixé pour la fin Francfort a battu de nouveaux re- des mises en chantier de logements 20 324,73 points, son plus haut ni- actuellement sous les 3,37 francs grandes places. de l’année. cords avant de faire une pause mer- en avril aux Etats-Unis, la Bourse veau de l’année, après avoir gagné pour 1 deutschemark, son niveau Cette progression s’est effectuée Les autres places européennes credi et jeudi. La dernière séance de new-yorkaise a fortement reculé. 521,95 points en cinq séances, soit d’il y a un mois, et les autres dans des volumes de transactions terminent également la semaine à la semaine lui a donné l’occasion de Au cours de cette seule séance, l’in- une progression de 2,64 %. grandes places internationales hors du commun au cours des des niveaux records. La Bourse de dépasser, pour la première fois de dice Dow Jones a cédé battent record sur record. Cette eu- séances de mardi et mercredi, les Londres, pour la sixème semaine son histoire, les 3 600 points, pour 138,88 points (– 1,89 %), à François Bostnavaron LeMonde Job: WMQ1805--0019-0 WAS LMQ1805-19 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0370 Lcp: 196 CMYK
19 AUJOURD’HUI LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997
COMMUNICATION Havas sée à la fois en France (Lille) et en Doncieux, directeur des régions TECHNIQUES de communication nales deviennent concurrentes di- Advertising, numéro un de la publi- Belgique (Bruxelles). b LES d’Euro RSCG. Elles sortent de leur électronique, notamment pour le té- rectes des grandes agences pari- cité en Europe, a annoncé, fin avril, AGENCES régionales de publicité périmètre géographique tradition- létravail, profiteront en priorité aux siennes. Or leur rentabilité, qui la création d’Euro RSCG United, pre- « sont mortes en tant que telles », nel pour s’occuper de clients natio- agences basées en régions. De avoisine souvent 15 %, fait déjà pâ- mière agence « euro-régionale » ba- explique à cette occasion Jérôme naux, voire internationaux. b LES complémentaires, les agences régio- lir d’envie les ténors parisiens. Les publicitaires français redécouvrent leurs agences régionales Face à la croissance d’un marché régional estimé à 1 milliard de francs, les groupes réorganisent leurs réseaux. Les agences ne limitent plus la prospection à leur zone géographique d’origine, pour concurrencer désormais les grosses agences parisiennes LES AGENCES régionales créées qu’a pris en compte son groupe en agences Euro RSCG en régions forme de spécialisation. « Il faut par les groupes de publicité en annonçant, mardi 29 avril à Le poids des réseaux régionaux (soit plus de 17,5 % de l’activité en des agences régionales finement po- France il y a une vingtaine d’années Bruxelles, la création d’Euro RSCG France), 219,3 millions pour les on- sitionnées », explique Yves Gille, voient leur périmètre d’activité United. Celle-ci relie, selon une or- ENSEIGNES MARGE BRUTE 97 EFFECTIFS COUVERTURE ze agences de Publicis (20 % de président de DDB Trade, pôle qui ganisation transversale basée sur l’activité du groupe en France), en- s’élargir : elles sortent de leur zone en milliards de francs regroupe les agences régionales de de chalandise pour acquérir une di- les techniques de communication viron 100 millions de francs pour DDB, seule enseigne américaine à mension nationale, voire interna- numérique (courrier électronique, AGENCE EURO RSCG 278,0 440 18 villes les quatre agences de BDDP en posséder un réseau régional en tionale. « Les agences régionales de visioconférence, Intranet), les dont : 1996 (soit 14,6 % de l’activité en France. Ainsi, DDB The Way, à publicité sont mortes en tant que agences lilloise (ex-Euro RSCG •Euro RSCG United (cumul 81,0 France) et 81 millions de francs Toulouse, travaille essentiellement telles, estime Jérôme Doncieux, pa- Nord) et bruxelloise (ex-Euro Lille et Bruxelles) pour les cinq agences DDB Trade dans les secteurs du luxe, du textile •Euro RSCG Ensemble (cumul 51,8 tron de l’activité régionale d’Euro RSCG Belgique). Forte de cette en- Lyon, Annecy, Dijon) (soit 15 % des profits de DDB et de la parfumerie, quand DDB RSCG (groupe Havas Advertising). vergure renouvelée, Euro RSCG France). Lille se concentre sur les budgets Plus de la moitié de leur marge brute United se positionne comme une AGENCE PUBLICIS 219,3 500 21 villes de la grande distribution. dont : se fait en dehors de leur périmètre agence « euro-régionale ». Sa di- •Publicis Hourra ! (Lille) 31,0 COMPLÉMENTARITÉ En revanche, au sein de Publicis, géographique traditionnel. » Ces mension européenne se traduit, •Publicis Grand Angle (Brest) 30,2 Cette bonne santé a longtemps on joue plutôt la carte de la propos, loin de sonner le glas de la notamment, par un système de été soutenue par des budgets éma- complémentarité. Les agences ré- AGENCE BDDP/GGT (1) 100,0 200 7 villes publicité en régions, cachent plutôt double facturation (en euros et en dont : nant des maisons mères. Construits gionales doivent se concentrer sur une révolution. monnaie locale), et sa capacité à •Jump (Lyon) 52,0 dans les années 70, les réseaux les budgets qui échappent aux Les états-majors des principaux travailler en six langues. Avec étaient à l’origine de simples bu- agences parisiennes. Une stratégie groupes publicitaires en France re- 81 millions de francs de marge AGENCE DDB (2) 81,0 104 5 villes reaux de représentation chargés de de développement qui permet à voient entièrement le fonctionne- brute et un effectif de 105 per- (1) chiffres 1996 décliner la communication des Publicis de « ratisser » large. «De ment de leurs filiales régionales et sonnes, Euro RSCG United devient (2) dont DDB Trade Paris marques automobiles (Renault grandes agences parisiennes ne sau- n’hésitent plus à parler d’alterna- la troisième agence du réseau Euro Source : Le Monde pour Publicis, Peugeot et Citroën raient pas forcément traiter des bud- tive à un parisianisme typiquement RSCG en France. pour Euro RSCG, et Volkswagen gets de communication souvent infé- français. « Notre combat est celui de Le marché de la publicité en régions (hors Paris) est évalué, par pour DDB) auprès des concession- rieurs au million de francs », toutes les bonnes agences, affirme TRAVAILLER À DISTANCE certains professionnels, à 1 milliard de francs. naires. Puis, les agences sont deve- souligne Dominique de La Taille, Jean-Michel Carlo, vice-président Cette évolution stratégique vise nues pluridisciplinaires. Ainsi, directeur des régions à Publicis. d’Havas Advertising, il faut que la à coller à une réalité de marché Jump, agence lyonnaise de BDDP, D’ailleurs, pour lui, les PME repré- France devienne un pays moderne émergente : l’Union européenne tion sont contraintes de se réorga- nales se portent bien. Elles af- intervient-elle dans l’aide à l’inno- sentent un vrai marché : « Une pe- où tout ne se décide pas en un seul gomme progressivement les fron- niser, de grossir, de se moderniser. fichent généralement une bonne vation, le design graphique, la pro- tite entreprise n’a pas forcément de endroit. » Et le patron de l’activité tières, la modernisation des A l’instar d’Euro RSCG United, qui santé financière et des perfor- motion et l’édition. Les agences ré- directeur marketing, du coup française du premier groupe euro- moyens de transport raccourcit la espère dorénavant attirer une par- mances d’exploitation à faire pâlir gionales travaillent désormais pour l’agence joue un rôle de consultant, péen de citer les cas de l’Alle- durée des déplacements (TGV), et tie des entreprises du nord de la d’envie les ténors parisiens. Avec la grande distribution, les PME et très en amont, dans la commerciali- magne, de l’Italie et de l’Espagne, la montée en puissance des nou- France, qui confient, traditionnelle- des taux de rentabilité à deux les collectivités territoriales. sation des produits. » Et dans ce do- « où l’on trouve des agences de pu- velles technologies permet, désor- ment, leurs investissements publi- chiffres, souvent proches des 15 %, Selon les groupes publicitaires, la maine, la confiance d’hommes qui blicité performantes sur l’ensemble mais, de travailler à distance. Tout citaires aux grandes agences pari- elles contribuent dans une propor- stratégie de croissance en région se connaissent n’est pas près d’être du territoire ». conduit à abolir les distances. Du siennes. tion croissante à la marge brute oscille entre spécialisation et remplacée par des machines. Aussi C’est cette « évolution naturelle, coup, l’avantage lié à la proximité Mais cette adaptation forcée réalisée par les principales en- complémentarité. Au sein du ré- performantes soient-elles. qui va dans le sens de l’Histoire, de géographique disparaît. Les n’est pas pour autant une mesure seignes en France : 278 millions de seau DDB, l’évolution des agences la géographie et de la sociologie » agences régionales de communica- de sauvetage. Les agences régio- francs en 1997 pour les neuf régionales passe par une certaine Florence Amalou
SPORTS DÉPÊCHES a RADIO : le conseil des prud’hommes a donné raison, ven- dredi 16 mai, au journaliste Philippe Alexandre, qui en sep- Daniel Costantini, entraîneur de l’équipe de France de handball tembre 1996, lors de la fusion de la CLT, maison-mère de RTL, et du groupe allemand Bertelsmann-UFA, avait demandé à faire jouer la clause de cession (Le Monde du 6 novembre 1996). RTL « L’objectif est de se passer des anciens » va donc devoir verser à l’ancien chroniqueur matinal des dom- mages et intérêts, dont le montant sera fixé par la commission arbitrale. Les Français remettent leur titre de champion du monde en jeu au Japon, avec une formation rajeunie a PUBLICITÉ : Pascal Dasseux et Nicolas Menat ont été pro- mus directeurs généraux adjoints de BL/LB, filiale française « Comment avez-vous vécu la saient. lorisés d’être là et ont confiance. si ils restaient, il fallait qu’ils res- de Léo Burnett, aux côtés d’Eric Delannoy, directeur général, et quatrième place aux Jeux – Comment avez-vous préparé La deuxième génération est celle pectent les statuts de cette équipe. Bruno Lacoste, directeur de la création. Leur contribution de- d’Atlanta ? ces championnats du monde ? des joueurs de vingt-six, vingt-sept Je suis lucide : les jeunes suivent vrait permettre d’élargir à l’ensemble de l’agence une méthodo- – J’ai été très amer. J’ai toujours – Nous sommes la seule équipe ans. Eux, ils veulent être stars sans les règles, les vieux ne suivront pas. logie jusqu’ici pratiquée à un niveau expérimental consistant à subodoré que cette équipe pouvait du monde qui n’a rien fait pendant le palmarès des autres ; ils sont la Alors, il faut que je sois coulant. rapprocher différents services de l’entreprise. Un des exemples exploser. Ce qui m’a le plus intri- quatre mois et demi. Le pro- génération intermédiaire à qui les Imaginez que Richardson et Stoec- de cette méthode avait été fourni par la campagne d’United gué, c’est qu’aucun des joueurs n’a gramme avait été construit ainsi « barjots » ont fait de l’ombre. Et klin partent, nous serions ennuyés Airlines avec l’utilisation de taxis parisiens. revendiqué le travail comme un parce que je pensais amener au Ja- puis, il y a encore des « barjots » à court terme. a TÉLÉVISION : le bouquet de chaînes numériques DF1, ap- élément essentiel de réussite. pon l’équipe d’Atlanta. Le résultat de Barcelone : Jackson Richardson – Jusqu’à quand comptez-vous partenant au groupe Kirch, a obtenu, jeudi 15 mai, de la cour – Vous avez eu des regrets ? a entraîné l’explosion et il a fallu et Stéphane Stoecklin sont heu- rester l’entraîneur de l’équipe de d’appel de Hambourg, l’autorisation d’émettre sur toute l’Alle- – J’ai toujours eu des regrets repartir sur de nouvelles bases. reux de vivre. France ? magne. Le jugement en première instance estimait que DF1 ne quant à la carrière de cette équipe. Nous avons donc fait peu de mat- – Ils restent vos fers de lance. – Entraîneur est une vie passion- pouvait diffuser ses programmes que dans sa région d’origine, Je savais que tant que nous ches ensemble. J’espère que l’os- – Je compte sur les anciens pour nante. C’est toujours la même, la Bavière. n’avions pas pris une claque, il mose se fera au Japon. leur capacité à se transformer. Aux mais il y a toujours quelque chose nous manquait quelque chose. Je – Qu’attendez-vous des cham- Jeux olympiques tout le monde à reconstruire, surtout avec le repense, par exemple, aux cham- pionnats du monde ? avait étudié et adapté son jeu en handball français. Je ne sais pas en- pionnats du monde en Suède, en – Ils sont une pierre à la fonction d’eux. Jackson Richard- core quand je partirai. Ce sera sans ABONNEMENT VACANCES 1993. L’équipe vient d’être médail- construction de l’équipe dans l’op- son, défenseur no 1, va devenir doute après un échec. Cela pour- lée de bronze aux Jeux olympiques tique des Jeux de l’an 2000. Nous notre argument offensif puisqu’au- rait aussi venir de moi. Un matin, de Barcelone, a fait des élimina- devons aller en Australie en mé- cun des jeunes n’a encore la di- je me réveillerai peut-être en di- Ce n’est vraiment pas le moment toires médiocres et a obtenu sa daillables. Il faut aussi changer les mension de Denis Lathoud ou Fré- sant, basta. Je n’aurai plus envie de place en demi-finale à l’arraché mentalités. Je veux montrer déric Volle, qui sont partis. me lever pour aller m’entraîner 123 contre l’Espagne. Si nous avions qu’avec moins de qualités, une Stoecklin (meilleur buteur de avec des barjots. La fédération doit de vous passer du perdu ce match, nous aurions équipe peut arriver aux mêmes ré- l’équipe) va peut-être devenir un être prête à me remplacer, car je ne peut-être été plus réalistes. Quel- sultats. Car les jeunes sont diffé- passeur. ferai pas un jour de plus lorsque je Abonnez-vous ! ques jours après, elle est vice- rents. Ils ont le sens des réalités. – Et les nouveaux ? prendrai ma décision. Vu ce que je souhaite m’abonner au Monde pendant mes vacances championne du monde. A Atlanta, Avec eux, nous allons peut-être ar- – La porte leur est de plus en j’ai fait, je me réserve le droit d’ar- OUI, j’aurais pu être plus directif, mais river à quelque chose de plus ra- plus ouverte. L’objectif est de les rêter quand je veux. (en France métropolitaine uniquement). je n’en avais pas envie avec des tionnel : perdre et gagner quand former et de pouvoir se passer des Je choisis la durée suivante : 701 MQ 005 champions du monde. Je ne me on le mérite. vieux, ils ont donc intérêt à faire Propos recueillis par 2 semaines (13 Nos): 91 F 2 mois (52 Nos): 360 F voyais pas renvoyer des cham- – Vous repartez avec une attention. Quand la France s’est Bénédicte Mathieu pions dans leur chambre quand ils équipe rajeunie. Que pouvez- qualifiée pour les Jeux olympiques, 3 semaines (19 Nos): 126 F 3 mois (78 Nos): 536 F passaient l’après-midi à prendre le vous espérer ? en 1990, je ne savais pas que Ri- 1 mois (26 Nos): 181 F 1 an (312 Nos): 1 890 F soleil avant un match ou lorsque – C’est une formation composée chardson et Stoecklin existaient. Les Français ̈ Je joins mon règlement soit : F par certains ont fêté les premières mé- de trois générations. Nous avons Avec cette nouvelle équipe, dailles françaises alors que notre une vraie chance avec les jeunes. lorsque nous monterons sur le Gardiens : Christian Gaudin, Chèque bancaire ou postal à l’ordre du Monde tournoi n’avait pas commencé. Je Ils sont plus mûrs que les « bar- prochain podium, je voudrais que Bruno Martini, Francis Franck. Par carte bancaire No pensais qu’ils savaient ce qu’ils fai- jots » à leur âge, ils se sentent va- l’on dise Costantini n’est pas le Ailiers droit : Philippe Julia, Date de validité Date et signature obligatoires plus fort, mais nul d’entre eux Stéphane Joulin ; pivots : Guéric n’était indispensable. Aucun Kervadec, Semir Zuzo ; Ailiers Une équipe profondément remaniée joueur de l’équipe de France n’est gauche : Stéphane Cordinier, Eric 97 97 propriétaire des « barjots ». Amalou ; Arrières droit, Stéphane ̈ Mon adresse en vacances : du au La France remet son titre en jeu aux championnats du monde, – Votre façon de travailler a-t- Stoecklin, Patrick Cazal, Bernard Nom : Prénom : qui ont lieu au Japon jusqu’au 1er juin. Elle rencontrera d’abord elle changé ? Latchimy ; demi-centres : Jackson Adresse : l’Italie le 18 mai, la Corée du Sud le 20 mai, l’Argentine le 21 mai, la – Je prends plus de précautions Richardson, Guillaume Gilles ; Norvège le 24 mai et la Suède le 25 mai. Elle doit être parmi les qu’avant. Je fais des réunions où je arrières gauche : Marc Marc quatre premiers de la poule pour espérer aller en huitièmes de fi- rappelle la déontologie de l’équipe Wiltberger, Yannick Reverdy. Code postal : Localité : nale. Aujourd’hui, la formation championne du monde en 1995, en – arriver à l’heure, penser à ré- Seuls Christian Gaudin, Bruno ̈ Mon adresse habituelle : Islande, est une équipe profondément remaniée. Dix des seize cupérer. Je stigmatise les erreurs Martini, Guéric Kervadec, Nom : Prénom : joueurs sélectionnés vivent leur premier mondial, et seul Sté- plutôt que de les laisser filer. Je suis Stéphane Stoecklin, Patrick Cazal Adresse : phane Stoecklin et Jackson Richardson sont des rescapés de plus directif mais pas encore et Jackson Richardson comptent l’aventure des « barjots », médaillés de bronze aux Jeux olym- « garde-chiourme ». Je ne dé- parmi les « héros » des Code postal : Localité : piques de Barcelone, en 1992. Le renouvellement avait été accéléré barque pas encore à 1 heure du championnats du monde 1995. vous pouvez également vous abonner sur 3615 LE MONDE code ABO après sa déconvenue aux Jeux d’Atlanta, en août 1996, où elle avait matin dans les chambres pour voir Guillaume Gilles et Semir Zuzo, * Pour l’étranger nous consulter pris la quatrième place. Daniel Costantini avait écarté des joueurs, s’ils sont là, dans quel état ou avec âgés de vingt ans, évoluent Bulletin à renvoyer au moins 12 jours avant votre départ à : d’autres avaient démissionné. Autour de Stoecklin et Richardson, qui. également dans l’équipe de France LE MONDE service abonnements il attend beaucoup de Guillaume Gilles ou de Semir Zuzo, les plus » Récemment, j’ai dit aux espoirs. 24, avenue du Général-Leclerc – 60646 Chantilly Cedex – Tél. : 01-42-17-32-90 jeunes de la formation (vingt ans). joueurs qu’ils pouvaient partir, que LeMonde Job: WMQ1805--0020-0 WAS LMQ1805-20 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0371 Lcp: 196 CMYK
20 / LE MONDE / DIMANCHE 18 - LUNDI 19 MAI 1997 AUJOURD’HUI
LIEU Courriers signés en tête Dans les coulisses du Grand Rex Commercial ou personnel, le papier à lettres LE SIÈCLE touchant à sa fin aime se retourner sur ses pas. On lance un message. commémore, on se remémore, on repasse les bobines en noir et Un travail passionnant pour les graphistes blanc avec délectation et presque sans nostalgie. Travail d’archiviste du vingtième siècle plutôt joyeux, quand les sil- houettes s’estompent et reposent exposé au Musée de la Poste, à Paris le regard, loin d’une actualité haute en couleurs trop soutenues, IL EST l’intime de la vie de bu- prises durant un demi-siècle ? parfois insoutenables. reau, s’imposant à l’ouverture de Une exposition au Musée de la Un lieu parisien, dans ce pano- toute lettre, de tout fax. L’en-tête Poste, relayée par un important rama de cinquantenaire cannois, de lettre se glisse en préalable à numéro de la revue Signes, pré- paraît promis à une carrière du- l’échange, comme une politesse sente les repères historiques es- rable : les coulisses du Grand Rex. dont l’absence serait choquante. sentiels des images de marque Cinéma géant dressé par Jacques Autant il est perçu fugitivement, dans le courrier. Leur importance Haïk sur les Grands Boulevards en autant il s’efface devant le pro- s’affirme dès le début du siècle. 1932, inauguré avec Les Trois pos qu’il annonce. Il marque le Avec les industriels, les mouve- Mousquetaires, le Rex, relancé en passage du nom à la marque. Il ments avant-gardistes sont les 1988 avec un écran « grand large » relie celle-ci au logotype. premiers à s’en préoccuper. Cette en l’honneur du Grand Bleu pour La force du logo se dissout à conjonction a priori curieuse de 52 semaines de succès, n’avait ja- l’oral, mais pourtant il reste une l’art et de l’industrie ne se dé- mais, contrairement à d’autres, re- mémoire de typographie dans le mentira jamais. noncé à sa grande salle. En 1981, son : difficile de penser à la SNCF Il est plaisant de constater que un nouveau ministre de la culture sans en voir l’italique gras ; à La le mouvement Dada, tout armé avait pris soin de l’inscrire sur l’in- Poste sans retrouver ce caractère de dynamite qu’il s’affirme, se ventaire des monuments histo- machine bleu sur fond jaune ; au dote d’emblée, comme la plus riques pour le protéger de la fin Monde sans visualiser son go- sage des entreprises, d’un papier désastreuse du Gaumont-Palace thique. Chacun semble d’évi- à en-tête pour proclamer ses ma- de la place Clichy (détruit en
dence installé à jamais dans le nifestes. Certes, il choisit une ty- 1997 SIGNES MARS 1973). Mais il n’y avait pas de me- temps, alors qu’il n’a cessé d’être pographie éclatée, bien faite nace. en mouvement avec lui. Qui a re- pour agacer l’époque. Mais il lui L’architecte Peter Behrens a fait évoluer le logotype de l’entreprise allemande AEG dès le De la passion au contraire, sous marqué et mémorisé les réduc- faut affirmer son entreprise par début du siècle. Ci-dessus, visuel de lancement pour une ampoule électrique réalisé en 1907. la direction de Philippe Hellmann, tions et les agrandissements du un en-tête avant de laisser place qui avait succédé à son père en titre de ce journal ? Qui sait qu’il à la parole. Il lui faut communi- De Stijl aux Pays-Bas ou le sur- ments des ouvriers. Aujourd’hui, maine de Versailles, Cité des 1967, et qui est l’initiateur de ce a été redessiné à plusieurs re- quer. Tout comme le mouvement réalisme en France. « La forme plus que jamais la lettre et le logo sciences de La Villette, ont mis au parcours dans les coulisses. Jamais plastique typographique doit ac- sont les premiers éléments d’une point avec des professionnels la le Grand Rex n’a cessé de faire son compagner par les moyens op- stratégie industrielle dont té- syntaxe et le rythme graphique cinéma : avec Grace Kelly au bras tiques qui sont les siens ce que la moigne le graphiste Ruedi Baur : de leur représentation écrite. de Rainier de Monaco, avec Gary voix et les gestes de l’orateur ac- « BMW est probablement l’une des Mais la partie est encore loin Cooper et Mylène Demongeot, complissent pour ses idées », esti- entreprises ayant poussé le plus d’être gagnée. Trop de proposi- avec Liz Taylor et Richard Burton mait le constructiviste soviétique loin ce principe. La charte gra- tions médiocres, relayées par pour la première de Cléôpatre, El Lissitsky après s’être frotté au phique, impressionnante, va jus- l’inculture de responsables lo- dont on retrouve les images, entre Bauhaus. Car, comme dans bien qu’à définir la position des auto- caux, prennent le pas sur les dé- Bardot, Belmondo, Deneuve, De- d’autres domaines au croisement mobiles dans les lieux de vente, les marches les plus innovantes. On pardieu et Gabin, projetées dans de l’art et de la vie quotidienne, tableaux et images présents dans en jugera devant le travail remar- une des pièces du labyrinthe. la contribution du Bauhaus se ré- les bureaux, et le style des corres- quable de rigueur et de fantaisie vèle essentielle. pondances. Le tout est préconçu, des Graphistes associés pour le UN ITINÉRAIRE SURPRENANT A Dessau, en Allemagne, à la régularisé et imposé d’une ma- théâtre de Rungis, rejeté par le Ouverts depuis quelques mois, fin des années 20, Herbert Bayer nière autoritaire, au plan mondial. maire de la commune avec l’ap- les espaces techniques derrière choisit les caractères bas de Le garage ou le lieu de vente situés préciation suivante : « Un monu- l’écran offrent un itinéraire sur- casse, c’est-à-dire « l’opposition dans une ville africaine doivent ment de vulgarité et comme par le prenant, aménagé par l’agence qui la plus radicale aux formes ar- ressembler à s’y méprendre à ceux passé illisible ! Oui, la culture est avait réussi l’inoubliable premier
SIGNES MARS 1997 SIGNES MARS chaïques du gothique... qui repré- de Munich ; aucune liberté n’est malade ! » Cité-Cinés − mais raté le second − sente l’esprit de la modernité », laissée au responsable local. » L’image de marque est cepen- et par le scénographe Pascal Ma- Soixante-dix ans séparent le papier à en-tête du mouvement estime la graphiste Ursula Held. dant désormais suffisamment zoyer. Court (40 minutes) mais in- Dada, né à Zurich en 1916, et celui conçu par le graphiste Hitler se chargera de rappeler à PRENDRE CONSCIENCE installée dans les lieux de culture, tense moment d’évocation des Roger Pfund pour le Théâtre Am Stram Gram à Genève. ceux qui auraient considéré ce Durant les dernières décen- pour que son absence concertée métiers et des trucs du cinéma, il changement comme un détail nies, avec un retard notable sur puisse aussi représenter une stra- met en valeur une institution de combien le graphisme est affaire le privé, les institutions ont tégie cohérente. Ainsi, le plus an- spectacle complet qui, à la grande La Poste en toutes lettres politique : une des premières me- commencé à prendre conscience cien musée municipal des Pays- époque, entretenait autour de la sures prises à l’arrivée des nazis de l’importance de la lettre, de Bas, le Centraal Museum projection du film, un orchestre, La Poste (service public), qui dépense tant d’énergie à bourrer au pouvoir sera d’imposer leurs formulaires, de leurs d’Utrecht, a t-il lancé en 1990 un un ballet et des attractions comme les boîtes aux lettres de publicité, propose, sous le titre de comme signe de la germanité le convocations ou de leurs invita- projet présenté comme « anti- cette Féerie des eaux, inaugurée « Courriers distingués », une exposition pertinente sur « L’image retour au gothique. Avant de re- tions. design total ». Les propositions en 1954 en lever de rideau du film de marque à travers le courrier », tout en célébrant d’entrée, venir sur leur décision après En France, à la différence des d’une dizaine de graphistes néer- Tant qu’il y aura des hommes, où avec un bel aplomb, sous forme d’Accumulations à la Arman, le qu’ils eurent découvert que l’un Pays-Bas ou de l’Allemagne, le landais sont associées sans au- Fred Zinnemann donnait juste- mélange de courrier désirable et de courrier indésirable extrait des caractères les plus répandus, graphisme d’utilité publique pro- cune contrainte de marque ou de ment le beau rôle à l’eau et à la d’une dizaine de boîtes aux lettres. Une scénographie légère met le Schwabacher, avait été dessiné gresse encore trop lentement. logo. Chacun, visiblement, a pris vague. en valeur les raretés de la collection Ex-Libris (papiers à en-tête par un juif ! Les organismes culturels ont été plaisir à se surprendre lui-même. Rencontre avec King Kong dans d’artistes des années 20 et 30), avant de réunir en six grandes fa- D’emblée, le graphisme aura les premiers à saisir son impor- Les typographies se mêlent en l’escalier, passage dans un tunnel milles (industrie et commerce ; institutions publiques ; associa- été au cœur de l’idée de design tance. La quasi-totalité des mu- combinaisons multiples : une en- étoilé de sourires de stars et de dé- tions ; culture ; médias, architectes, photographes et graphistes ; global. Dès 1907, l’architecte Pe- sées et des théâtres sont mainte- veloppe inspirée du mouvement clarations d’amour... Le visiteur se artistes) les lettres, enveloppes, cartons d’invitations, flyers et ter Behrens est chargé par la nant dotés de leurs propres De Stijl peut enfermer une lettre déplace à l’intérieur de la lanterne objets d’une centaine de commanditaires réalisés par quelques firme d’électricité AEG de définir signes d’identité : Louvre, Biblio- en caractères nouille. L’en-tête magique, glisse dans un ascenseur dizaines de graphistes. ce qu’on n’appelle pas encore thèque nationale de France, Do- n’a plus rien d’autre en tête que à l’envers de l’écran géant, dé- une charte graphique. Partant de sa liberté, et le musée est identi- couvre une cabine de projection ૽ Courriers distingués. Musée de la Poste, 34, boulevard de Vaugi- l’imprimé, il va étendre sa volon- fié aux signes de ce renouvelle- et devient peu à peu le figurant rard, 75015 Paris, tél. : 01-42-79-24-00. Du lundi au samedi, jusqu’au té de maîtrise des signes jus- ment incessant. d’un tournage. Avant de se voir 3 août. Le numéro de mars 1997 de la revue Signes, dense et riche- qu’aux pavillons d’exposition de projeté lui-même dans un extrait ment illustré (190 F), fait office de catalogue. la marque, et même aux loge- Jean-Louis Perrier du film dont il pourra acheter la cassette vidéo. Les techniques du son, de résumer, sur les nouveaux accessoires, Ces à disquettes, poche-soufflet l’image et de l’électronique sont Sacs-objets et mots-valises à un gros « G » sur la languette de la businessmen pour téléphone portable, etc.), mises en action pour conduire le fermeture-éclair. A quoi itinérants ces sacs, serviettes et visiteur, ouvrir les portes, lancer A l’instar des autres accessoires ressemblent-ils, ces fétiches rigides et forment, mallettes sont photographiés des voix, projeter des silhouettes,
(mocassins, parfum...) créés par noirs qui ne jouent la distance que pour comme de D. R. sur le catalogue dans un noir en n’ayant jamais recours aux l’Américain Tom Forde, les nouveaux éveiller le désir ? Rompant avec le cuir juste, le cœur et blanc droit sorti des vieux mannequins type Grévin : ici, tout bagages de la maison Gucci sont conçus de sanglier, qui servait autrefois de de cible de la nouvelle ligne Pasha, films policiers. Peggy Huyn Kinh s’en bouge, le cinéma, c’est le mouve- comme des objets doués de signe de reconnaissance, ils appelée, chez Cartier, à concurrencer explique : « Mon homme d’affaires ment. Et ce fondu-enchaîné de personnalité, qui ne demandent qu’à s’enchasublent de mastercalf, un veau les bagages bordeaux des années 70. possède un côté Batman, un peu l’histoire vivante du 7e art se s’exposer sur un socle. Leurs aînés se si longuement brossé qu’il en devient Lisses et noirs, secrets et cossus, ils mystérieux. Le cuir liégé de ses bagages ne conclut, pour ceux qui le sou- contentaient de servir leurs maîtres glacé. D’abord testé sur les sacs et les illustrent la philosophie de leur décevrait pas James Bond : il résiste à haitent, par une séance classique, avec humilité, proclamant par le sigle portefeuilles, il cuirasse aujourd’hui créatrice, Peggy Huyn Kinh : « Le sac est toutes les éraflures. » A son sens, le du bon côté de l’image. GG ou le ruban tricolore tout ce qui toutes sortes de sacs de voyage, de un compagnon doué d’une vie propre. » bagage-objet n’a rien d’une révolution. aurait dû aller de soi : excellence des plage et autres fourre-tout, auquel son Là aussi, la marque se résume à un Il en appelle, au contraire, à ces Michèle Champenois matières et des finitions, appartenance éclat d’obsidienne confère une subtil signe de reconnaissance : les années 50 où les esthètes des deux à la caste du succès. Ces labels, dévoyés présence mystérieuse. Presque un boutons-poussoirs de la serrure sont sexes communiaient encore dans le ૽ Les étoiles du Rex, 1 bd Poisson- par la copie, perdirent leur raison pouvoir... Si Gucci n’est pas la première ceux de la montre Pasha. luxe des belles choses. Peggy Huynh nière, 75002 Paris. Mercredi, same- d’être à mesure que les objets marque à tendre vers cette ambition, Pourquoi le noir ? « Parce que cette Kinh ne s’est d’ailleurs pas privée de di et dimanche, de 10 heures à s’emplissaient d’une identité elle est la seule à proposer aux femmes couleur-matière produit une netteté, une diffuser, sous sa propre signature, des 19 h 30. Tarif : 40 F (65 F pour un reconnaissable. un concept que Louis Vuitton, avec sa évidence rassurantes. Un homme bagages-objets aux formes abstraites et billet couplé avec une place de ci- Tandis que les mocassins dure et sobre ligne Taïga, en cuir vert d’affaires se doit d’être bien accompagné. pures, mais dessinés pour les femmes. néma). Prix de groupe : 35 F, abandonnaient leur mors profond légèrement grainé, avait conçu Son bagage parle pour lui. » Doués de groupe de scolaires, 25 F. Rensei- emblématique, le sigle Gucci vint se pour les hommes d’affaires. tous les raffinements Cartier (pochette Jacques Brunel gnements : 08-36-68-05-96 et Mi- nitel 3615 REX. LeMonde Job: WMQ1805--0021-0 WAS LMQ1805-21 Op.: XX Rev.: 17-05-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 46Fap:99 No:0372 Lcp: 196 CMYK
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