h B i s a t o l r a i q H d

O Soucieu-en-Jarrest R S u

S É e R I e E

2 0 1 4 Publication jarrézienne AVANT PROPOS Oucieu Sd’antan et d’aujourd’hui ou l’histoire inachevée d’un village…

Des celtes à l’an 1000 4 Ce document est davantage un recueil d’histoires, qu’un véritable récit historique. L’ époque romaine 5 D’ailleurs le village a son historiographe en la personne Le 8 e siècle 5 de Jacques Rivoire, auteur passionné et érudit d’un L'an 1000 6 ouvrage de référence : Soucieu-en-jarez et ses environs. L’ambition de ce document est plus modeste, il propose De la féodalité au 19 e 7 une approche anecdotique du passé du village. La féodalité 8 Remonter le fil du temps en évoquant les «historiettes», les légendes ou les évènements qui émaillèrent la vie Le 18 e siècle 10 quotidienne des Jarréziens du Moyen-age jusqu’à la La Révolution 11 Révolution, est une autre manière d’aborder l’histoire. Le 19 e siècle 13 Elle met l’accent sur la distance qui existe entre l’histoire vécue et la «grande histoire» telle qu’on se la repré - Le 20 e siècle 16 sente. La seconde guerre mondiale 27 Plus on se rapproche de l’époque contemporaine et plus le récit va s’enrichir de souvenirs crédibles, de témoi - L’ après guerre 29 gnages émouvants, d’expériences vécues. Puis débute ce troisième millénaire et c’est l’entrée du village dans Les années 60 31 un futur conditionnel. Le temps des fêtes 32 Des traces de l’Antiquité, en passant par des anecdotes d’antan, relatées en marge des différentes périodes his - Le vi llage évolue 34 h Le groupe mémoire au puits du Brichet toriques, jusqu’au vécu d’aujourd’hui, vous prendrez plaisir à remonter le fil du temps pour mieux cerner e Le 3 millénaire 35 l’identité du village. Un village entre ville et nature 36 Gérard Grange, maire de Soucieu-en-Jarrest 3 h Le réservoir de la Gerle témoignage du génie romain

Des Celtes [Les premiers habitants de la région sont des Celtes. L’ÉPOQUE ROMAINE à l’an Le Garon, principale «Le domaine de Socius» cée. Celui-ci traversera la com - rivière qui traverse La Gaule est conquise par les mune pour aboutir, après 86 km — un vrai travail de Romain ! — sur la commune, doit son Romains, avec Lugdunum tout près, l'Italie guère plus loin, la roma - l'acropole de Fourvière et alimenter nom, d'ailleurs, nisation est forte. La langue latine en eau la nombreuse population de à un mot d'origine remplace peu à peu le gaulois. Lugdunum. Le réservoir de chasse, élément constitutif du système de 1000 Dans les premiers siècles de l'ère celtique : «garo», siphon permettant de franchir la chrétienne, de grandes propriétés vallée du Garon, au lieu-dit «La qui signifie «âpre» rurales s'installent dans le Lyonnais. Gerle», représente une prouesse ou «sauvage». ] C'est là l'origine de beaucoup de technique. nos villages. Après la domination romaine, les Ainsi l'ancien nom de Soucieu était-il invasions étrangères commencent. SOCIACU, nom d'une propriété agri - Vient le temps des «barbares» : les cole, domaine d'un certain Socius. Burgondes fondent, à la fin du 5 e Au 1 er siècle, la construction de siècle un royaume éphémère l'aqueduc romain du Pilat est lan - englobant le Lyonnais. LE 8 ÈME SIÈCLE Les tuyaux de plomb s'emparer de , ils entreprirent «Il est permis de rêver… de l’aqueduc très convoités la destruction de l'aqueduc du Pilat et privèrent d'eau la population de Les Sarrazins déferlèrent sur la la ville. En souvenir de ce fait, les et remontèrent la vallée du quelques piles de l'aqueduc traver - Rhône. La légende dit que pour sant la vallée du Garon reçurent le 5 4 nom «d'Arcs des Sarrasins». En réa - alimentation en eau. La campagne lité, ceux- ci n'ont rien à voir avec la lyonnaise traversa une période d'in - destruction de l'aqueduc car, dans sécurité et le vol des tuyaux de l'ancienne langue fran çaise, le plomb par des bandes de pillards terme sarrazin désigne tout simple - fut une bonne affaire. ment une ruine romaine. Le chameau n'a pas été oublié par De la Les ar chéologues lyonnais estiment les Sarrazins. Sa silhouette résulte que c'est dès le 4 e siècle que la col - de l'action du temps. line de Fourvière fut privée de son féodalité [Pour se protéger ème des attaques, les habitants ont au 19 rehaussé le clocher qu’ils utilisent comme tour de guet ]

h Lithographie de Baron 19 e siècle. « Ruines » d’aqueduc romain L'AN 1000 Les dons à la grande Abbaye puissant. Ses possessions territo - de Savigny suffiront-ils riales sont immenses. Les gens for - à repousser la fin du monde ? tunés lui font d'importantes dona - Le village de Soucieu sort de la nuit tions pour racheter leurs fautes, la il est recommandé de rêver… des temps. panique règne, notamment à l'ap - L'abbaye de Savigny (près de proche de l'an 1000 et d'une hypo - l’ArbresIe) est un monastère très thétique fin du monde. 7 6 h La porte gothique de l’église côté sud

h L’ancienne LA FÉODALITÉ Ë DANS L’ÉGLISE SURPEU - église En 1445, le notaire Antoine Bigaud PLÉE, LA TRIBUNE S’EFFON - de Soucieu dresse l'inventaire des biens des DRE SUR LES PAROISSIENS e chanoines du chapitre de St Jean. Le 17 siècle commence à Soucieu Ces comtes de Lyon se compor - par un incident qui aurait pu être taient comme de véritables sei - comique mais qui fut tragique, gneurs. Ils percevaient la dîme, les relaté par le curé Coignet sur un redevances en nature et s'occu - registre paroissial : «Le second jour paient de la protection de leurs four). En cas d'alerte, tous les habi - du mois de septembre 1601, qui sujets. Ils aménagèrent pour cela tants se regroupaient à l'intérieur était le dimanche après la fête de une enceinte fortifiée englobant : de l'enceinte avec leurs richesses. saint Julien (patron de la paroisse de l'église, le cimetière, la cure, la mai - Ces fortifications ont subsisté très Soucieu) jour de la vogue pendant son de la dîme, les prisons, l'audi - longtemps. L'église était enclose que Messire Pierre Chanal, vicaire de toire de justice, les bâtiments sei - dans le fort. Soucieu, qui disait la grand'messe, faisait la seconde élévation du pré - gneuriaux (avec pressoir, cuve et Aucune route importante ne tra - cieux corps de Jésus-Christ, la tri - versait Soucieu. Le village, isolé, bune de l'église qui était chargée rompit les deux cuisses et les reins à était relié aux autres seulement par Ë CHARIVARI ! d'une multitude de peuple, rompit et Gasparde Challamel laquelle mourut des chemins traversant des vallons L'insécurité et l'isolement devaient tomba avec le dit peuple sur ceux qui six semaines après, elle cassa l'esto - inhospitaliers. De nos jours encore, rendre les habitants peu sociables. étaient sous la tribune. Cela blessa mac à la Chapon nanda, laquelle mou - de tous côtés, il faut franchir un Une histoire révèle combien ils plusieurs personnes, et par la folie du rut peu après l'autre. Cet événement pont pour entrer dans Soucieu. étaient moqueurs. En janvier 1378, peuple, une fille, sœur de Benoît miraculeux a été mis en mémoire par trois habitants de Soucieu s'étaient A la fin de la guerre de cent ans le Jaricot fut tuée. La chute de la tribune moi, André Coignet». ligués contre un bourgeois de Lyon village décimé va connaitre un qui avait épousé en seconde noces «baby boom». Les testaments de une femme de Soucieu. Ils avaient l'époque le confirment. 8 habitants insulté et battu les époux, exigé des ont ensemble 25 fils et 14 filles, naise propriétaire d’une maison à en plein essor. Les premiers tisse - vivres et fait pendant dix nuits charivari. soit une moyenne de 5 enfants Verchery finança la construction rands s'installent au bourg. Les chacun au moment où ils testent. d’une nouvelle nef et d’un choeur métiers de tous genres sont repré - en 1646. Au 17 e siècle, le village sentés, boucher, maître-cordon - L’ANCIEN RÉGIME perd peu à peu son allure féodale. Il nier, maître-charpentier, maréchal, Un fief important s'était développé château à Prasseytout (vieilles s'étend. Des constructions nou - voiturier, marchands de tous pro - sur le territoire de la paroisse, tours et fortifications). velles apparaissent comme le châ - duits et même un chirurgien et un englobant Prasseytout, Marjon, L'église était «fort petite et incom - teau de la Rivière bâti en 1669 (l'ac - maître-écrivain. Brichet, Rensuel, Argencieu et des mode», la nécessité d'un plus tuel château Brun). Comme tous les villages, Soucieu dépendances sur . Aujour - grand édifice se faisait sentir. Le commerce se développe : il y a possède son notaire, personnage d'hui encore, il reste des traces du Jeanne Demare, bourgeoise Lyon - 3 foires annuelles. L'artisanat est de première importance dans la vie 9 8 de l'Ancien Régime. Il représente le cabarets. Les seigneurs de Soucieu une augmentation de la population seigneur du village et porte le titre se veulent garants de la moralité de se fait sentir, les tisserands de plus de capitaine-châtelain. leurs sujets alors que ceux-ci ont en plus nombreux, se concentrent justement envie de faire la danse au autour de la rue Bacchus. Alors que la culture de la vi gne son du hautbois dans quelques Le mécontentement du peuple est très répandue au Moyen- cabarets, d'attraper le lièvre qui gîte s’accroît avec les mauvaises Age, la pêche de vigne s’ins - dans leur champ ou d'aller chahuter récoltes. L'hiver 1789, très rigou - talle dans les coteaux du lyonnais. (le charivari) quelques couples à l'is - Elle arrive du Moyen-Orient en pas - reux, ne fait qu'augmenter la sant par la Hongrie (Prunus persicae) sue du mariage ! Et l'on envoie le misère. Le coût de la vie s'élève rapi - seigneur à tous les diables, d'autant dement et la Révolution est accueil - plus qu'il y a double plaisir à faire ce lie comme un remède à tous ces qui est défendu ! A partir de 1750, malheurs.

LA RÉVOLUTION ÈME LE 18 SIÈCLE «Fontaine nationale. 1792. Au puits de h Le puits Brichet qui ne se tarit jamais» Le curé, le seigneur et les villageois se de Brichet cherchent querelle. De part sa proximité avec Lyon, À Soucieu comme ailleurs, le 18 e notre village est plus perméable siècle est le siècle de la désunion. Il aux idées nouvelles. Elles provo - est émaillé de querelles en tous quent ici, sinon l'enthousiasme, du genres, les unes sérieuses, les moins le consentement passif de la autres comiques, entre les habi - population. tants et leur curé, entre le curé et Il n'y a pas de véritable opposition les seigneurs, entre les seigneurs et aux forces révolutionnaires comme les villageois. Elles montrent un dans les villages de la montagne mécontentement grandissant et (les monts du Lyonnais). Il faut dire un besoin de revendication qui que la population n'est pas unique - engendrera la Révolution. D'autant ment rurale, elle comprend une la grande liberté est ouverte, beau - plus que l'autorité des seigneurs se population importante d'artisans et coup croient que tout va changer fait alors sentir de façon très d'ouvriers très favorables à la d'un jour à l'autre. pesante. Beaucoup d'interdictions : Révolution. Au mois de janvier 1790, la pre - pêche, chasse, charivari, fêtes sur Celle-ci débute à Soucieu dans une mière municipalité formée siège les places publiques ou dans les atmosphère de kermesse ; l'ère de tout de suite après avoir prêté ser - 11 10 h L’ancienne prison des seigneurs La Révolution apporte une plus nal révolutionnaire siège en perma - Ë Si la chute de Robespierre met grande égalité entre les citoyens et nence à Lyon, Robespierre essaye fin à la Terreur, c'est l'anarchie qui en théorie moins d'arbitraire dans de créer un nouveau culte, pour s'installe. Des bandes de brigands l'autorité. Cependant, en 1793 remplacer la religion catholique. en profitent pour mettre le canton à Robespierre doit mener la lutte Ainsi l'église de Soucieu devient feu et à sang. Ils vont se rendre célè - contre les «ennemis» de la France. «Temple de la Raison» voué au bres sous le no m des « chauffeurs du La Terreur s'installe, la période la culte de I'«Être Suprême» et une Lyonnais » attaquant de préférence plus tragique pour notre région est grande fête révolutionnaire est les fermes isolées. celle qui suit la prise de Lyon révol - organisée dans le village le Ils s'en prennent à plusieurs reprises tée contre la Convention. Le tribu - 19 Prairial An II. à la ferme de Chabran en mars 1795. Ils tuent la fille de la famille et un domestique. La municipalité de ÈME Soucieu essaie de rassurer la popula - LE 19 SIÈCLE tion et prend des mesures sévères avec l'aide des gendarmes de . Un système d'alerte est ment à la nation, l'époque du ser - organisé à l'aide de cloches pour pré - ment au Roi était révolue, l'adjectif venir la population de l'arrivée des «national» venait sur toutes les «chauffeurs». On distribue de la pou - lèvres. On le gravait partout, même dre dans tous les hameaux. sur les fontaines, comme sur le Les bandits utilisaient la fameuse vieux puits du hameau de méthode qui leur a valu leur surnom : ils Prasseytout où l’inscription est chauffaient les pieds de leurs victimes encore visible. Tous les biens des sur un feu de sarment pour savoir où suspects, des émigrés et des celles-ci cachaient leur «magot». Le contre-révolutionnaires sont alors ch ef de bande était surnommé étrange - placés sous séquestre, tels le châ - ment «le petit Monsieur». Il sera guillo - teau de la Rivière (château Brun), le tiné à Lyon sur la place des Terreaux. château de Prasseytout. Dans chaque commune, le Comité de partout, de sorte qu'il y a tout au plus Salut Public exige des déclarations six pouces de terre. La moindre Sous l'Empire, la commune est remise sont envoyés sur les champs de de récoltes, des recensements de sécheresse se fait sentir, au point en cause ! bataille. Partis derrière l'empereur à grains et farines car le ravitaille - que toutes les productions sont des - Le maire est un simple administra - la conquête de l'Europe ils n'oublie - ment se met à manquer. La mairie séchées. La commune manque teur nommé par le préfet. Le pre - ront jamais le pays natal. Leurs let - de Soucieu déclare : «Le sol de la d'eau les trois quart de l'été. Seule la mier garde champêtre est désigné. tres finissent toutes de la même commune est très ingrat, surtout vigne croît assez facilement». De nombreux garçons de Soucieu façon «Je vous prie de me marquer pour les grains. On trouve la roche 13 12 ce qui se passe de nouveau au pays. Leurs troupes sont canton - extraordinaire. On accepte la pays, si les vendanges ont été nées dans tous les villages environ - Monarchie, puis la République, bonnes, j'espère vous voir tous nants. Elles séjournent à Soucieu puis l'Empire avec passivité et sans ensemble pour la vogue». plus de deux ans et imposent des doute scepticisme. Après la chute de l'empereur en réquisitions successives. Néanmoins, sous la Ille République, 1815, les Autrichiens occupent le Les nombreux changements de Soucieu connaît une vie politique régime politique dans le courant du difficile. Pays de contact entre la 19 e siècle ne semblent pas avoir campagne et la ville, il sera sans Ë DES BANQUETS… suscité dans notre village un intérêt cesse tiraillé entre l'esprit conser - Pendant trois jours ! En 1827, vateur des uns fortement attachés pose les métiers à tisser. Soucieu Eustache Burtin, fils de M Burtin de Ë UN CLOCHER AUX aux traditions, et l'esprit révolution - en Jarrest compte en 1896, 403 la Rivière, trésorier de France et ALLURES DE TOUR DE PISE naire des autres, qui subissent l'in - maisons pour 1665 habitants, 446 bourgeois de Lyon, propriétaire du Faut-il in criminer la maladresse des fluence urbaine. veloutiers, 343 cultivateurs, 11 ins - château de la Flette fut promu capi - maçons ou le résultat d’une construc - «Les bistinclins» tituteurs, 8 boulangers, 8 cafetiers- taine de cavalerie. Il décida d’arro - tion reprise au fil des siècles ? cabaretiers, 8 cordonniers, 6 maré - ser ses nouveaux galons en invitant Dans toutes les rues, on entend leur chaux-ferrants. On travaille dans ses camarades d’enfance à un Comme l’église attenante, ce clo - claquement sec; le «bistanclac» (véri - son village. grand festin qui durerait trois jours. cher aurait été construit sur des table onomatopée) d'où on tirera fina - La commune entière prit part à la assises de différentes époques. lement le sobriquet des Jarréziens : L'année 1895 est marquée par les «Bistinclins». fête et but à la fortune de son glo - Lorsqu’il fut rehaussé pour servir de deux faits importants : la création rieux enfant. Mais son destin fut de tour de gu et, au 15 e siècle, on n’aurait Les maisons hautes sont conçues du corps des sapeurs pompiers courte durée. On suppose qu’il fut conservé que le mur ouest. Malgré de pour gagner de la lumière dans leur volontaires et la construction de tué en duel, deux ans plus tard. À puissants contreforts réalisés pour dernier étage. C’est là qu’on entre - l'école publique de filles. cette époque, royalistes et bonapar - contrer son inclinaison, la tour se serait tistes ne s’aimaient guère. lentement affaissée vers l’est. n «La banquière du ciel» théâtre pour se consacrer aux plus A la santé de la République ! La petite église initiale construite au (1799-1862) démunis. Elle imagine alors un dis - En avril 1848, un banquet démocra - 11 e siècle, agrandie en 1645 sera Issue d’une grande famille bour - positif pour récolter des fonds pour tique et social à 1 franc et vingt cen - entièrement démolie en 1836. Seuls geoise lyonnaise, Marie Pauline les missions, réunit des millions de times par personne eut lieu à Soucieu les piliers de pierre seront transportés Jaricot n’a probablement passé chrétiens adhérents, rencontre le dans le pré du fils Fillon, veloutier. Le dans une grande propriété de qu’une petite partie de son enfance pape, soutient la révolte des canuts en 1834 avant de mourir, totalement président en fut le citoyen Hugues Verchery (ancienne maison de César dans la ferme paternelle au hameau ruinée. Elle aura suscité à Lyon Gaudin, boulanger sur la place du Geoffray). La nouvelle église bénéficie de Verchery. autant l'admiration que le rejet. Son bourg. On but moult rasades de vin dès 1845 d’un ornement exceptionnel Animée par la foi de ses vingt ans, itinéraire spirituel lui a valu réce m- d’Argencieu ou des Pierres Blanches à grâce à l’acquisition d’une partie des cette jeune fille appliquera à la let - ment d’être élevée au rang de «véné - la santé de la République. D’après stalles et boiseries en provenance de l’abbé Bournet, les Pâques furent moins tre le principe évangélique «Nul ne rable», sachant qu’un petit groupe de l’abbaye de Cluny. Figurent aussi dans nombreuses cette année là : la politique peut servir Dieu et l'argent», aban - fidèles militent actuellement pour sa ce patrimoine deux beaux tableaux de faisait concurrence à la religion ! donnant ses vêtements de luxe, ses canonisation. Le village lui a donné l’Ecole française du XVII e. bijoux, brûlant ses livres et fuyant le sa place, en 1984. n 15 14 n o l l i r o M

o t o h p Les débris de roche s'accumulent, on construit des murets de part et d'autre des chemins. C'est le paysage dominant de cette première moitié du siècle. La sym - bolique de cette roche abondante ème dans tout le village est d'ailleurs représentée au collège, par une Le 20 sculpture contemporaine de Joseph [Un paysage Ciesla. Sous la roche, l'eau sourd de granit, d’eau un peu partout, mais pas suffisam - et de vigne ] ment et jamais quand il faut. Les siècle boutasses font la joie des écoliers 400 veloutiers au début qui s'exercent aux glissades ou du siècle ou la délocalisation pèchent les grenouilles et les sala - avant l’heure ? mandres ! Plus arides, moins géné - Après la révolte des Canuts pour reuses, les terres étaient jadis cou - l’amélioration de leurs conditions vertes de vigne. de travail, les entreprises lyon - naises recherchent une main d’œu - vre plus docile dans les campagnes Et la pêche de vigne ? alentour. Entre deux rangs de vigne, Souvenirs : «Mes grand parents dis - elle servait à prévenir l’oï - posaient de deux salles dans leur dium. C’était un fruit sauvage, au goût prononcé qu’on consommait pendant maison d'habitation, l'une était la vinification. complètement occupée par le Les lyonnais et les mineurs de la métier à tisser, ils se levaient à qua - Loire venaient faire provision de vin tre heures du matin, travaillaient à Soucieu, sans oublier la petite tard à la nuit tombée pour terminer réserve pour la route, jusqu'à qua - une pièce de I, 50 m 2, qu'ils descen - tre litres ! qui bien souvent les daient sur le dos jusqu'à Lyon. Un contraignait au retour à dormir petit bout de jardin et deux vaches h La queue pour l’eau dans le fossé. faisaient l'appoint. Ils vivaient de sur les livres et les souvenirs… place de la Flette, 1906. Grâce au réseau d'irrigation, l'eau pas grand-chose». arrivera du Rhône dans les années En 1896, on dénombrait à Soucieu 70, les vergers remplaceront défi - 446 veloutiers, dont 333 au bourg, nitivement les cépages. 79 à Verchery, 21 au Marjon et 12 17 16 h Sortie des veloutiers de l’usine Bonnardel h Le marché en 1900

Les coquetiers, sur plusieurs géné - Quatre foires (l'une en janvier, celle au Grand Champs. En 1926, ils ne Le bourg offrait un large éventail rations collectaient les oeufs et pro - du 12 mai , celle de la vogue et seront plus que 89, en 1936, l'ef - d'échoppes aujourd'hui disparues. duits laitiers d ans les fermes du ce lle du «cochon gras») permettent fectif chutera à 26. Plusieurs velou - La boutique Morillon (vers le café haut pour aller les vendre, deux fois aux habitants de faire provision de tiers so nt au chômage, une quin - du pèreVial) faisait commerce de par semaine, sur les marchés lyon - galoches, chapeaux, blouses, bérets. zaine d'ouvrières sont employées à la rouenneries (toiles de Rouen), nais, ils utilisaient la charrette, puis, et entre autres de choisir le cochon Manufacture de Velours et Peluches comme on les appelait. «Mais on y à partir de 1914, le chemin de fer. qu'ils engraisseront tout l'été. au Pillot. trouvait de tout ! Du caoutchouc La collecte de lait organisée après Soucieu compte une bonne dizaine pour les chaussettes, des lacets, Les années d'avant-guerre ont guerre leur portera un coup fatal. de cafés, les hommes se retrouvent des boutons, du coton à repriser, donné le coup de grâce à la profes - Les anciens évoquent le bourrelier pour jouer aux boules sous les pla - c'était Melle Morillon qui tenait la sion de veloutier. Bénédicte Bret fut Berthelot, dit père «Lolotte», l'horlo - tanes à Verchery comme à Marjon. la dernière veloutière du village. Elle boutique. Son père était photo - ger «le Père Souchon», infaillible cessa son activité en 1957, à 80 graphe, (Charles ou Antoine) c'était dans la réparation des mécanismes, n Histoire de cordonnier ans. Sa dernière commande fut un le frère d'Etienne le peintre». et «Toine Bret», infatigable sonneur tapis de table en soie bleu saphir, On trouvait aussi modiste, cordon - de cloches. Tant et si bien que de L'anecdote rapportée durant la pour la restauration de Versailles. La nier, tailleur, quincaillerie, maroqui - son vivant le père Deflotrière s'était seconde guerre met en scène, Duchamp le cordonnier de la rue vieille dame fut effrayée de constater nier, horloger, nombreux bistrots et toujours refusé d'électrifier le clo - Bas-Culs. «Cet homme là acceptait qu’en 2 heures chaque jour elle même deux maternités ! cher ! absolument tous les souliers que les gagnait l’équivalent d’un mois de tra - Un ancien se souvient : «L'une était Le village a ses manufactures, signe habitants lui amenaient mais il ne vail autrefois. en face de la cure, et même que le d'une activité bien implantée les réparait jamais ! Parce qu'il Ë«LE PÈRE POIZAT, charron, curé fermait toutes les portes et les (fabrique de porte monnaie n'avait rien. Et puis d'abord il avait pour habitude de préparer son volets quand il s'apercevait qu'on Bonnardel, place du Pillot) ce mot est n'avait pas le goût ! Il buvait des feu au beau milieu de la route», on le allait accoucher. T’as des choses passé dans le langage courant : «Dis canons, il n'avait point de colle, il contournait pour aller à l'école». qu'il voulait ni voir, ni entendre !». donc, t'as pas oublié ton bonnar del ?» n'avait pas de clou, il n'avait rien ! 19 18 h La fin des moissons

Evidemment, les gens ont perdu non pacifique on retiendra même et on lui apprendrait à tenir son patience, ils ont porté plainte. Un la démission d'un maire en 1896. ménage.» Les petits jarréziens beau jour, tous ceux qui avaient Jean-François Assada fut acculé à connaissaient aussi deux façons de encore des grollons chez le père cette décision pour avoir inscrit son jouer aux billes, les règles pou - Duchamp se sont rendus au tribu - fils à l'école «congrégationaliste». vaient changer selon qu'on jouait nal, à Lyon. Duchamp avait mis, lui, Témoignage : «Ils étaient Rouges, ils «à la libre» ou «à la laïque». toutes ses chaussures dans une étaient Blancs, les gens ne savaient Durant de longues années, l'école grande valise. pas toujours bien pourquoi. Les publique fut dirigée par Claude et Le président du tribunal : «Monsieur soirs d'élection, on buvait beau - Thérèse Barange, de 1928 à 1955, Duchamp, vous gardez tous les sou - «Un des bruits familiers de l’été durant coup, on s'échauffait, très vite on fortement inspirés par la tradition liers des clients, qu'est-ce que vous mon enfance était le ronflement de la entendait : «À bas la calotte, vive la laïque et républicaine. L'école de en faites ?» Il a ouvert la valise et batteuse, on reconnaissait à des kilo - République !» Mon grand-père Soucieu fut l'une des premières à tous les souliers sont tombés. mètres son bruit sourd qui accompa - quant à lui, était monté sur la table adopter la mixité dès 1939 ! Son «Mais ils sont tous là, que voulez gnait les chaleurs de l’été» et avait crié : «Vive nous !» influence dépassa largement les murs vous que je fasse, je ne peux pas les Très tôt, les gamins attachent la II fallait alors choisir entre l'école de l'école, jusqu'en 1960, Claude réparer, j'ai pas de clou, j'ai pas de vigne, récoltent les petites libre au Château Brun, tenue par les Barange fut le secrétaire de mairie. cuir, j'ai pas de ligneul.» pommes de terre, râtèlent les prés religieuses de St-Joseph et l'école Le président : «Tachez de les réparer derrière le chargement de foin, publique. Et cela posait parfois de Etrange Marianne… Quand la et remballez moi ces grollons !» Sur ramassent de l'herbe pour les sérieux problèmes. On dit que les monarchie abrite la république ce, tout le monde a quitté la salle du lapins, des orties pour les cochons, commerçants, qui ne souhaitaient 14 Juillet 1920 : M de Sousy remet tribunal.» n mènent les vaches au champ et déplaire à personne, mettaient le officiellement le buste de Marianne promènent les chèvres quand ils ne garçon «à la publique» et la fille «à au maire de l'époque, M Poizat. possèdent pas assez de terrain.» la libre» avec l'idée que «là bas, on Datée de 1848, la statue n'a pas lui donnerait de bonnes manières une allure de star moderne mais h La cavalcade du 2 octobre 1904 h Procession de la fête Dieu à Soucieu elle a une belle histoire. Il s'agit «À bas la calotte, d'un e Marianne «miraculée» ce qui vive la république !» est très paradoxal pour ce symbole Le village s’est structuré autour de la République, ajoutons que son d’une lutte qui va traverser le siè - maintien même, la tête légèrement cle, opposant les «Calotins»aux penchée, évoque «une figure miséri - «Républicains» D'un côté une tradi - cordieuse», tout aussi surprenante. tion conservatrice, catholique, de Ce buste provient de Pontcharra l'autre l'affirmation anticléricale qui sur Turdine. Le plébiscite du 21 se livreront un combat sans novembre 1852 rétablissant la concession dans cette première dignité impériale entraîna la des - moitié du siècle. Parmi les étapes truction systématique des sym - qui marqueront cette coexistence boles de la république. Un citoyen 21 20 h Les conscrits

h Ce buste provient de Pontcharra sur Turdine La Grande Guerre «Je suis de la classe la plus creuse du siècle. On était 6 conscrits. On a dû payer le tribut de la guerre de 14.» La population souffre, les femmes assurent les travaux des champs et le tissage. En 1906 le village comp - tait 1506 habitants, ce nombre chutera à 1135 en 1921.

Les traditions reprennent leurs droits Soucieu a ses cavalcades, sa fan - fare, sa société de gymnastique, Les «Mystères de Noël» : arrivé à organisé avec ses ouailles de célè - ses majorettes, sa vogue et son tir à Soucieu en 1926, l’abbé Deflo - bres représentations. L'abbé Farjat, l'anguille ! (Le Rhône, poissonneux trière, dit père Déflo, a préparé et en véritable artiste a peint tous les courageux sauva Marianne de la est proche). décors au moyen d'un pinceau qu'il destruction. Le buste trouva refuge Les anciens évoquent les veillées accrochait tout simplement sur un dans les combles du château d'autrefois, agréables mais labo - Ë SALLE ST JEAN (1910) manche à balai. Ces fresques cham - d'Avauges près de Saint-Forgeux rieuses : l'hiver particulièrement, où Les paroissiens l’ont construite sur pêtres, grandeur nature, sont où il fut caché par son sauveur à l'on confectionnait les «chapons» leurs deniers et à la sueur de leur stockées aujourd'hui à la salle St- l'insu du marquis Alexis d'Albon, de vigne, des «sarments coupés à front pendant 10 ans. Jean. Ce théâtre là se jouait à guichets propriétaire du château. Pendant trois yeux» et destinés à être repi - Sa devise «Dieu, Patrie et Liberté» h Les mystères de Noël de très nombreuses années, qués au printemps, où les femmes lui confère un charme désuet et Marianne resta ainsi dans la clan - préparaient les couronnes de attachant. La jeunesse prend goût destinité, longtemps introuvable perles en commande ; l'été où l'on aux représentations théâtrales qui malgré les recherches policières et «prenait le frais» entre voisins, sur n’ont pas toutes un caractère spéci - les instructions des préfets. On ne le pas de la porte. fiquement religieux. Son fondateur, sait pas exactement quand elle fut Tout au long de l'année, les cons crits le curé Michallon l’a voulu ainsi : extraite de sa cachette, en portaient la cocarde aux filles, selon Dieu et la patrie certes, mais il fallait revanche, il est avéré qu'en 1920, la coutume, chacune leur préparait quand même penser à l’autre moitié l'arrière petit fils de ce républicain un repas. Ensuite on s'éparpillait du village ! L’homme de foi avait donc obstiné faisait officiellement don dans les hameaux pour porter la insisté pour qu’on inscrive en fronton du buste à la commune de brioche et chanter le mai. Tout se cette liberté qui rassemble. Soucieu. terminait encore par un banquet ! 23 22 fermés tous les dimanches de lavoirs répartis entre le bourg et ses décembre, il permettait aussi de rétri - hameaux. Celui de la place de la buer les institutrices de St-Joseph ! Flette est d'ailleurs à l'origine d'une controverse. À qui cette rue du Les changements au quotidien 8 mai 1945 doit elle son ancienne Les blanchisseuses désertent la rue appellation ? Bas-culs. Était-ce la rue «Bacchus» des cavistes et veloutiers adeptes de la «chopine» ou la rue «Bas-culs» débouchant sur le lavoir du village, situé en contrebas où s’activaient les blanchisseuses ? En 1930 la boulangère, personne très conve - nable, la désignait pudiquement «la rue du nom». À cette époque, les rues n’avaient pas leur plaque ! h La ligne de chemin de fer Repères Ë LE «GRAND ZÈ» h Le lavoir l'usage qu'on pouvait en faire à 1900 : installation du premier poste «Le Grand Zè» était «toucheur de l'époque. L'électricité fait son apparition en téléphonique tenu par un gérant. vaches», il convoyait les vaches du 1926. Trois ans plus tard, l'eau du 13 avril 1932 : les habitants de Haut- A la suite du développement du maquignon, à pied, jusqu’à Tassin la barrage de Thurins arrive sur les Marjon signent une pétition afin service de cars, la ligne sera défini - Demi Lune . Ensuite, le maître reve - éviers du village. Elle bouleversera d’obtenir l’eau potable. tivement abandonnée en I933. nait par le train, mais il avait un chien vraiment les traditions. Les 8 juillet 1945 : par souci d’écono - extraordinaire, capable de refaire la femmes abandonneront la «Buye» mie, seulement 8 lampes sur 51 route en sens inverse, pour arriver qui les rassemblait autour des six seront mises en fonction dans le vil - toujours avant lui et l'attendre tran - quillement à la gare.» h Le transformateur de la fée électricité lage, aux carrefours de préférence. 1945 : l’électricité arrive à Chatêtre. La construction de la ligne de chemin de fer, en créant un remblais modifie L’impériale d’Étienne radicalement les accès au village ! II y avait autant de monde sur l'im - Elle débute en 1887, la ligne sera périale qu'à l'intérieur de ce véhi - électrifiée en I9ll. cule de 50 places. L'expression L'anecdote du «Grand Zè» permet usuelle «On rentrera ben encore d'avoir une assez fidèle représenta - un !» faisait qu'on poussait tout le monde. Ceux qui n'arrivaient vrai - tion de la vitesse de l’omnibus et de 25 24 ment plus à rentrer montaient sur 1936 : l'arrivée des réfugiés espagnols l'impériale et le véhicule affrontait Ils trouveront des débouchés dans alors la montée du Grand-Champ le bâtiment. À la campagne, le ter - en cahotant. rain est encore très bon marché, les nouveaux arrivés accèdent à la pro - h Le pont sur le Furon priété. Soucieu gagnera ainsi cette réputation d'hospitalité qui ne lais - h Premières voitures : familles Gonon et Vial sera pas les ressortissants portugais indifférents, ils constitueront alors la Les premières voitures séduisent seconde vague d'immigration. les uns et inquiètent les autres ! Il h La première pompe à essence faut dire qu’elles étaient conduites par des femmes… séduisantes naturellement. LA SECONDE GUERRE MONDIALE CODE DE LA ROUTE : Ë «Je ne partirai pas parce qu’il faut À QUAND LES ZONES 12 ? Les années noires que les résistants demeurent en Le maire de la commune de n «On ne pactise pas avec le mal, France. Moi si je suis pris, je ne lais - Soucieu-en-Jarrest : on s’essaie à le serai personne derrière moi» l considérant que des accidents détruire. Micky Barange, 24 ans. n n Etienne Morillon 1884- 1949 graves sont souvent occasionnés Bien que notre «Ce drôle de monsieur qui s’installe par l’imprudence des conducteurs tendresse n Joseph Comeau devant une coupe de fruit, une des divers véhicules allant à une souffre, 17 ans, natif de allure démesurée, ne sommes-nous grappe de raisin et qui peint, sans Verchery, rejoindra jamais nous dire un mot» pas tacitement l considérant qu’il appartient à l’au - d’accord ?» Jean Naville - 23 ans le maquis dYzeron, Au début du siècle, c'est d'abord un torité municipale de prendre des on ne saura rien Engagé dans le renseignement, le nom qui se lit au bas des cartes pos - mesures pour assurer la sécurité de des circonstances jeune homme est tombé en prépa - tales, une silhouette familière, en la circulation, de sa disparition. rant le débarquement des forces costume anglais. Étienne pose alors l arrête : Trois rues du vil - all iées dans le midi. n er lage rappellent la pour ses frères, Charles et Antoine, l art 1 : il est expressément défendu n Micky Baran ge n photographes au village. Il occupera aux voitures attelées, aux véloci - mémoire de ces jeunes résistants. a fondé et dirigé n ensuite I'atelier, au rez-de-chaussée pèdes et spécialement aux automo - le mouvement Un quatrième nom figure sur le de la maison familiale. Portraitiste biles et autres véhicules de ce genre uni des jeunes monument aux Morts. Le comman - de talent, l’artiste laissera à la posté - de dépasser l’allure de douze kilomè - résistants dant Guillaud, a vécu quelques rité de célèbres natures mortes. Il tres à l’heure dans la traversée du (JMUR) avant mois, sous un faux nom, à Soucieu. s'imposera comme l'un des maîtres bourg de Soucieu. d’être torturé Chargé de cacher des armes dans la campagne environnante, il fut exé - de la peinture Lyonnaise. n Fait à Soucieu en Jarrest, le 9 décembre puis exécuté le cuté le 20 août 1944 à Côte Lorette. n 1904. 12 juillet 44. 27 26 Durant ces années de guerre, les avec une mitraillette. «Moi, le boulot drapeau tricolore à son sommet. Ë DES PETITS jarréziens ont réussi à manger à leur que j'ai fait à la Résistance, vous n'en Trop tôt, car les allemands mon - PENSIONNAIRES JUIFS faim, cultivant la moindre parcelle avez pas fait autant, alors foutez- moi taient, on venait de les apercevoir en Soucieu comptait deux maisons le camp de là, parce que je vais vous de jardin. Les habitants des «com - Cherron. Prévenu à la hâte par le d'enfants. Parmi ses petits pension - munes du bas», com me St-Genis transformer en écumoire !» Ce jour naires de la Vallonière Mme Naville a Lavai, montaient d'ailleurs se ravitail - là, ils sont partis et n'ont plus rien maire, le grim peur de la veille, tota - réussi à cacher quelques jeunes ler à Soucieu. À l'époque, une grosse demandé». lement dégrisé n'osait plus cette ration correspondait pour un adoles - fois remonter sur le clocher ! Il fal - enfants juifs, évitant de justesse des Si jamais ils voient le drapeau, ils vont visites de la Gestapo. Elle recevra la cent à 350 grammes de pain. prendre des otages ou brûler le village ! lait pourtant faire très vite ! En der - Souvent, c'était moins. médaille des Justes en 1995 à titre «Juste avant la libération, le père F. nière minute quatre jeunes du vil - posthume. Mme Joliet qui accueillait Retour : «Parmi les prisonniers, quel- passablement éméché, est monté lage ont entrepris l'ascension péril - ques uns sont revenus. on ne sait sur la croix du clocher pour ficeler le leuse. Sauvés !» aussi une dizaine de pensionnaires, rue comment !» «B.C et son équipe ne du Perron a effectivement reçu une savaie nt nager ni les uns, ni les autres. visite de la Gestapo, mais le petit juif Ils ont pourtant traversé la Loire qu'elle cachait elle aussi, n'a pas été comme ils ont pu. Ensuite, ils ont voulu APRÈS GUERRE découvert. faire une prière à la basilique de Fourvière, mais ils n'ont eu que le Les lyonnais montent respirer temps de rentrer par une porte et sortir le bon air par l'autre. Les allemands étaient là ! Dès les années 20, l'auberge du Les fugitifs sont allés voir le curé qui Coq gaulois (sur la route d'accès Témoignage : «Les bonshommes leur a fourni des «fringues» civiles pour étaient à peu près tous partis, l'es - rentrer à Soucieu». aux aqueducs romains) était répu - sence et les chevaux étaient réquisi - tée pour son omelette et ses fro - tionnés. On en utilisait encore beau - mages blancs. Les jarréziens co nti - coup pour les travaux des champs. Témoignage : «À la fin de la guerre, nuent d'y trouver une part de tarte, certains allaient rançonner les gens, Réquisitions : «les femmes ont dû affirmant que chacun avait fait du un verre de limonade. Les habitués atteler les boeufs et même les marché noir. Ils leur demandaient 30 viennent jouer au boules. Rose et h L’auberge du Coq Gaulois vaches !» 000F c'était énorme (environ 50 € son époux accueillent les soyeux village; l'hôtel de la poste, puis l'hô - Il y avait une certaine organisation : maintenant) ! Beaucoup ont donné, Lyonnais (pas toujours avec leur tel du midi disposeront de cham - le génie rural qui était en cheville sauf le boulanger. Car on n'en savait épouse). Curieux destin pour cette bres à l'étage. À l'hôtel de la poste, avec la Résistance, gérait les entre - rien à l'époque, mais c'était lui qui auberge : avec sa chapelle ouverte embrigadait les gens pour aller au dans la grande salle du rez-de- prises de battage. Il avait attribué au public, elle fut aussi le siège d'une chaussée, chaque samedi, on l'essence à tous les entrepreneurs maquis d’. Le boulanger ne communauté religieuse, qui œuvre range les caisses pour faire des puis communiqué leurs adresses. faisait pas de marché noir, il donnait Le maquis allait donc chercher l'es - du pain à tout le monde, il passait pour le quart-monde. bals ou installer le cinéma. toute la nuit à taper les gerbes de blé sence chez les gens qui en avaient Aux beaux jours, les Lyonnais n Jeanne Condamin : première sur une benne (pour déjouer les femme élue en stock et camouflée». contrôles établis sur les batteuses), il affluent, ils viennent en famille goû - Rationnement : la «monnaie mâ - récupérait le blé, allait le faire mou - ter les joies de la campagne. Si 1945 sera l'année d'obtention du choire» : un bout de lard, un litre dre chez le meunier. Quand ils sont Chaque été la population double à droit de vote pour les femmes fran - d'huile ou u n poulet ! venus le rançonner, il les a accueillis Soucieu. Ces vacanciers logent au çaises, elle restera à Soucieu celle 29 28 d'une élection. Jeanne Condamin est tuait le premier recours des jarré - la première jarrézienne à siéger au ziens. Au plus fort de la vague d’im - Conseil Municipal. Elle y restera migration espagnole puis portu - plus de trente ans. Ses concitoyens gaise, Marie Madeleine Bousset resteront marqués par le personnage s’était emparée d’une «méthode humble, hors du commun qui fit de Assimil» bien décidée à mieux cette universitaire, «pétrie» dans le comprendre les maux de ses Les terroir, un docteur en sciences phy - clientes. À la pharmacie, on trou - siques, chargée de cours à la vait d'abord des sièges pour s'as - [Somptueuse, Sorbonne. En 1976, elle recevra la seoir, on glanait des conseils. légion d'honneur, au terme d'une vie L'heure du thé était sacrée. la kermesse d'été qu'elle consacrera modestement aux au Clos Champ ! autres, à son travail et à la foi. n Repères années n La bibliothèque de Jeanne l 26 décembre 1965 : faute d’utilisa - Les chars fleuris Vindry teurs, le pont à bascule est définiti - feront leur apparition «Elle avait deux passions, son com - vement fermé, il sera vendu à un en 1959, ils se merce et la lecture». ferrailleur pour 150 f. succéderont dans un Dans sa boutique de mercerie, Melle l1966 : la commune décide de met - 60 tre une taxe sur les chiens : 7,50 f défilé ininterrompu Vindry possédait une quantité de jusqu'en 1992. livres très importante qu'elle prêtait pour les chiens de chasse et d’agré - volontiers le dimanche après la ment, 1,50 f pour les autres. messe. Ce n'est qu'en 1977 qu'un Constitués de milliers local au dessus de la poste permettra de fleurs en papier de réunir les livres du village, on y Ë ROGER KOVALSKI, 1934- préparées tout au long accédait par un escalier très raide. 1975 de l'hiver, ces créations En 1982, avec l'achat et la restaura - «Écoute, il y a derrière la vitre, du originales mobiliseront tion de la tour, la bibliothèque côté de Dargoire, un tremblement de l'imagination ère n associative trouvera sa 1 place. lumière, l'image de feux que nous et l'ingéniosité n La pharmacie de Marie- allumâmes et qui bougent encore, Madeleine Bousset loin des années». de la quasi totalité du village. ] «On venait me chercher pour une Extrait de la pierre milliaire. 1961 dispute, un méchant coup de fusil, Un jeune homme de dix-sept ans une chute de toit ou un accouche - revient chaque été dans la maison fami - n ment qui tournait mal» liale de Verchery. sur l’histoire et sur la vie.» Il faudra attendre la fin des Louis Aragon Poète déjà, il connaîtra ses heures de années 60 pour voir s’installer un médecin au village. gloire avant une mort précoce en 1975. Jusque là l’officine consti - Un prix littéraire porte son nom. 31 30 «l'enterrement» dans la liesse, les LE TEMPS DES FÊTES Ë SORTIE DE BAL jeunes gens brûlent un cercueil sur À l'époque, il y avait des costauds la place, avant le dernier bal ! Des bals pour financer Association sportive : «En 1961, ses redoutés. Mon frère qui revenait de César Geoffray (1901-1972) les nouvelles associations ! fondateurs a vancent chacun la guerre d'Algérie avait un costume n 10 000 anciens francs et défrichent Salle Albert Grey , c'est l'Amicale tout neuf. C'était une bande de Saint «II faut que la Laïque qui organise les bals eux mêmes le terrain de football». Fons qui était venue en tractions musique pénètre publics. 1960 sera la grande Ils sont une petite dizaine, convain - avant, munie de manivelles et dans les besoins époque de l'orchestre local «Dany cus que ce ballon rond porte un chaînes de vélo. Ils étaient une tren - de l'homme au - Mario» dont la réputation s'étend idéal social et éducatif. Jean Garin taine, la bagarre a été mémorable, on tant ou presque bien au delà des limites du canton. qui laissa son nom à la salle de sport les a poursuivis jusqu'à Montagny et que l'eau et le Malgré les mises en garde formu - fut l'un des leurs ! ma soeur Rose qui criait : «Ton costume soleil, et que son lées lors de la messe dominicale, Association des familles : une initia - neuf, tu vas abîmer ton costume neuf !» chant soit le aux dires de certains, les jeunes tive masculine ! prolongement naturel de la filles du village s'aventurent sur la «Chargés de répartir les denrées parole» piste. Dix ans plus tard, des alimentaires allouées par le service Les jarréziens se souviennent de ce bagarres à répétitions déclenchées de santé après guerre, ces pères de pèlerin au grand béret qu’ils croi - La vogue a traversé les siècles par les bandes venues «d'en bas», famille jarréziens eurent l’idée d’ad - saient à Verchery. L’homme en san - des conditions de sécurité du bâti - joindre la location des premières Elle débute le premier samedi de dales, à la carrure imposante fut un ment trop précaires mettront un ma chines à laver, pour soulager septembre, les bistrotiers sortent visionnaire, un père spirituel qui terme à ces joyeux dimanches leurs épouses et faire en sorte les tables place de la Flette, on ne dans la seconde moitié du siècle, a après-midi ! Leur organisation régu - qu’elles puissent recevoir des cours peut plus circuler, la bataille de conquis des foules de jeunes à la lière relevait d'un véritable engage - de couture» En 1959, ils ouvraient confettis est réputée dans toute la ment qui a permis de financer en cause du chant en fondant le la première cantine scolaire. région, la fête se poursuit jusqu'au Mouvement International «À cœur grande partie, l'équipement et les mardi midi avec le «bal des Vieux», sorties des écoles publiques. MJPT : les jeunes de l’époque la Joie» et les Choralies de Vaison-la- construisent de leurs mains. au début du siècle cette journée est Romaine. n h L’orchestre Dany Mario 1974 : le père Magat est l’un des fériée ! Elle se clôt en soirée par plus fervent partisan du projet pro - posé par François Fond, maire de l’époque. Les jeunes, épaulés par des bénévoles se relaient sur le chantier pour assembler le kit «Mille club» qu’André Malraux des - tinaient aux loisirs, la Maison Jarrézienne pour Tous. Cette fameuse maison pointue qu'on verra émerger face aux écoles. 33 32 e LE VILLAGE ÉVOLUE Le 3 Po ur retenir ses enfants au village, la Sa devise demeure : «Sois toujours municipalité entreprend la construc - soucieux de ton honneur, aye pour tion du premier lotissement communal. ce bon jarret noble cœur». Trente années ont passé depuis la 1974 : la mairie quitte la place millénaire [Pour franchir première vague d’immigration François Durieux pour s’installer à la porte de l’an espagnole. De nouvelles familles l’emplacement de l’ancien lavoir, se sont installées, d'autres com - place de la Flette. 2000, le chameau mencent à déménager; elles sont a été restauré, tentées par plus de confort et sur - Création d’un réseau d’irrigation tout le chauffage central qu'offrent Dans les années 70, les prêt à traverser les nouvelles habitations collec - vergers de pommes, de un nouveau tives aux Minguettes de Vénissieux pêches et de petits fruits millénaire. ] ou plus près, aux Pérouses, à rouges (framboises et . Et si les fils du pays sui - fraise) vont se développer et succé - vaient tous ce mouvement ? der à une polyculture vivrière et un Des Lyonnais restent dans les mai - élevage en déclin. La vigne a dis - sons de vacances. Peu à peu s'ame - paru sans que la commune n'ait su nuise le caractère rural du village, saisir la chance que représentait le les années 70 seront marquées par classement en AOC du secteur. le «boom pavillonnaire». Beaucoup Avec l'eau du Rhône qui arrive sur de nouveaux arrivants, venus de la les Coteaux, l'agriculture s'ouvre ville pour trouver un cadre de vie sur l'avenir, le blason du village (qui naturel viennent grossir la popula - sera définitivement adopté en tion jarrézienne. 1986) en témoigne : la branche de cerisier est volontairement incom - 1960 : Soucieu obtient plète, d'autres fleurs doivent son nom définitif ! éclore. Soucieu, commune des Coteaux-du-Lyonnais, fait partie du Hélas, il ne s'inspire pas fidèlement jardin de Lyon qualifié de verger le de l'histoire locale. Las de voir sa plus varié de France. bonne ville trop facilement confon - due avec les villages du Gier, le Et la pêche de vigne ? Pour maire de l'époque, Jean Vaillant, a répondre aux nouvelles attentes des consommateurs poussé au choix d'une orthographe sur la qualité et l’origine certifiée des jugée arbitraire . Si «Jarez» devient produits, la pêche de vigne devient définitivement «Jarrest», les habi - une production typiquement locale. tants resteront des jarréziens. Depuis 1994 elle a sa fête. 35 34 h Une des quelques 300 bêtes à cornes encore présentes dans le village

l’objet d’une attention particulière, avec notamment la création de jar - dins d’enfants. Le village a aussi la chance de disposer de plusieurs places publiques — on en compte une bonne dizaine — la plus récente étant la place Jeanne Condamin. Tous ces espaces de respiration jouent un rôle essentiel pour « le bien vivre ensemble ». Le village veut conserver Leur mise en valeur et leur maillage son ancrage rural par des voies de circulation douces Des formes vallonnées, des rivières, sont en cours de réalisation. marques de la variété paysagère, L’évolution sociologique et le coût invitent à la promenade ; des prai - UN VILLAGE ENTRE VILLE ET NATURE élevé du foncier ont fait naître une ries ou paissent vaches ou brebis À l’aube du troisième millénaire, la Vivre dans un village forme de crise du logement ; faute signalent une agriculture pay - situation périurbaine de la com - à taille humaine de moyens suffisants, l’accès à la sanne ; des vergers omniprésents mune a des effets sur l’ambiance signent une nature géné reuse. Si Soucieu, qui n’est accessible que propriété des jeunes couples est du territoire, pour les plus nostal - cette agriculture nourricière, tou - par un pont d’où qu’on vienne, a rendu plus difficile. L’offre de loge - giques c’est comme un parfum de jours bien présente, façonne notre ro mpu avec une situation d’isole - ment doit ainsi s’adapter et s’étoffer « paradis perdu. » Je me souviens, paysage et constitue le principal sup - ment, comme en témoigne l’évolu - comme au nouveau quartier de la avant, les poules traversaient port de notre identité, ce n’est pas tion de la population qui aujourd’hui Piat, où 39 logements à loyers devant la maison… ». Le village sans difficulté. Aujourd’hui les exploi - embarqué dans le train du change - avoisine les 4000 habitants. modérés s’ajoutent au parc locatif tout en répondant aussi aux tations agricoles sont confrontées à ment reste un lieu d’échange, Situé en lisière d’agglomération, le la mondia lisation, dans le même d’émotions, de reconnaissance, qui besoins des personnes âgées ou village attire les familles citadines à temps, l’émergence des préoccu - veut conserver son identité rurale handicapées. la recherche d’un « bonheur à la pations environnementales permet et conviviale. Il s’est engagé dans la campagne ». Face à la pression fon - Soucieu-en-Jarrest ne veut pas que la société porte un regard plus voie du Développement durable cière qui en découle, la protection connaître le destin de villages de afin d’orienter ses projets et ses attentif à ce monde rural qui doute. des espaces agricoles et naturels a l’agglomération parisienne, c’est En témoignent l’essor des ventes choix. En 2012, Soucieu en Jarrest été renforcée. Notons que la com - ainsi que « le village de Montmartre » est l’une des 335 collectivités de directes à la ferme et le désir par - mune a la chance de bénéficier est devenu une curiosité touris - France à rédiger un Agenda 21. tout réaffirmé d’une alimentation Ainsi les aspects sociaux, écono - d’une ceinture verte naturelle tique, et ses vendanges une acti - saine et naturelle. Dans la logique miques et environnementaux sont constituée par les vallées du Garon vité… folklorique. Pour son troi - du développement durable, le pris en compte à travers les 48 et du Furon. sième millénaire, Soucieu veut res - maintien d’une agriculture à proxi - actions choisies en concertation avec Dans les secteurs urbanisés du vil - ter un village où il fait bon vivre, mité de la ville conforte son deve - les acteurs locaux de la commune. lage, les espaces de rencontre font entre ville et nature. nir. Cependant, quels que soient les 37 36 h La nouvelle bibliothèque h L’Espace Flora Tristan pements, tels que l’École mater - vigne à la peau épaisse et duve - nelle ou l’Espace Flora Tristan com - teuse a donné naissance à la necta - portent des parements en pierre vigne, à la peau lisse et au goût du conçus comme autant « d’ac - jour, création variétale récente qui croches » dans ce parti pris patri - enrichit le patrimoine végétal de la monial. commune. La protection et la mise en valeur du site de la vallée en Barret (700 hectares d’espace naturel sensible) traduisent la prise de conscience de l’atout nature. Composée d’une modes de production et de com - mosaïque de milieux naturels e mercialisation, l’avenir repose sur diversifiés (boisements, prairies h 17 édition de la Fête de la pêche de vigne la capacité d’adaptation des exploi - humides, landes, affleurements giles, supports d’une biodiversité tations. Face à la pression foncière rocheux, vergers…), la vallée en particulièrement riche. qui fragilise l’agriculture, des Barret abrite de nombreuses Parmi d’autres sites naturels remar - actions sont mises en place pour espèces animales et végétales. quables à préserver, citons la vallée sécuriser le foncier agricole sur le Enfin, la présence de vestiges de du Furon, le puits du Brichet, le bois long terme et faciliter les transmis - l’aqueduc du Gier, l’un des plus Bouchat… Les arbres isolés, , sions d’exploitation et les installa - longs aqueducs construit par les les mares font aussi l’objet d’une tions de jeunes. L’élevage et sur - Romains (86 km), confère à ce site attention particulière. Collectivités et tout les cultures fruitières représen - une réelle valeur patrimoniale. Il associations se mobilisent pour tent l’essentiel de l’activité agri - fait l’objet d’un plan de gestion qui sensibiliser la population au res - cole. Des parfums de terre, de prai - doit concilier la maîtrise de la fré - pect et à la protection de ce patri - ries et le spectacle des vergers fleu - moine environnemental. Diverses ris rythment les saisons pour le quentation de cet espace de respi - actions sont mises en œuvre : ani - plus grand bonheur des habitants. ration dominical pour les familles mations scolaires, charte paysa - Mais n’oublions pas qu’il n’y a pas et la protection d’écosystèmes fra - gère, charte de l’Agri-citoyen, de campagne sans agriculteur ! charte de l’Éch’eau-citoyen. Un patrimoine « au sens large » La fête de la Pêche de Vigne est Le village se caractérise par son devenue la fête du village, lequel patrimoine bâti, dont ses hautes s’est autoproclamé « capitale de la maisons en pierre. L’omniprésence pêche de vigne ». C’est une fête de de la pierre a été confortée ces der - l’agriculture et de la nature aux nières années avec la restauration portes de Lyon. Devenue une pro - de murs en pierre réalisée dans les duction à part entière, la pêche de règles de l’art. Les nouveaux équi - 39 38 h L’école maternelle « fait écho » à la Tour h Le quartier de la Piat Bouger autrement trouvait sur le site les écoles Les habitants, lassés des bouchons publiques, la Maison Jarrézienne et confrontés à l’envolée des cours pour tous (MJPT) et les jeux de du pétrole, vont devoir changer boules. Puis s’était installée la leurs habitudes. Si la mobilité est halte-garderie « la Cajolerie ». La une nécessité économique et Commune bâtit la « Maison de la sociale, les nombreux déplace - Musique », puis la bibliothèque- ments engendrent des nuisances médiathèque « Éclats de lire », la (environnement, sécurité), notam - « Maison du Judo » et les locaux du ment lorsque la voiture individuelle service jeunesse sont venus com - est encore le mode de déplace - pléter l’offre. À proximité une mai - ment ultra dominant. Dans le but son médicale regroupant méde - de répondre aux besoins de dépla - cins, dentistes et kinésithérapeutes cement tout en réduisant les nui - voyait le jour. Les rez-de-chaussée sances, la collectivité développe sont réservés à des locaux associa - 2 l’offre de transport collectif notam - tifs, les 300 m d’espace collectif ment pour les déplacements quoti - ainsi dégagés sont mis à disposi - diens domicile-travail, ainsi que les tion pour partie à l’association des lage. Concernant le handicap men - ment améliorer la capacité opéra - modes doux pour les courtes dis - anciens du village et pour l’autre tal, un établissement d’accueil de tionnelle sur les deux communes. tances (marche, vélo). L’inter partie à la MJPT. La création de la jour avec petit appartement collec - modalité est la solution d’avenir nouvelle place Jeanne Condamin, tif adjoint s’est aussi développé sur L’intercommunalité monte avec des cars de rabattement, à la des murets en pierre, une fontaine « la Ferme de Verchery ». en puissance végétalisée, des cheminements pié - fois sur le réseau urbain de trans - L’Espace Flora Tristan, nouvelle La Commune de Soucieu-en-Jarrest ports et sur le rail. La collectivité tons et cyclables parachèvent la appartient à la Communauté de structuration de ce nouveau quartier. salle d’animation a été inaugurée le soutient aussi les solutions de 25 janvier 2005. Une des plus Communes du Pays Mornantais, la covoiturage. C’est bien une nou - L’action conjuguée de l’intercom - anciennes maisons du vieux bourg Copamo, qui regroupe 16 com - velle culture des déplacements qui munalité et des associations a per - rénovée en 2013 sera dédiée à la munes de tailles diverses, soit émerge, elle amène les habitants à mis le développement des services culture et au patrimoine. 27 000 habitants. Les compé - changer peu à peu de comporte - aux familles : accueil petite Aujourd’hui l’offre de services à la tences de cette structure se sont ment et contribue dans un village enfance, centre de loisirs, services population continue de s’étoffer étoffées ces dernières années. comme Soucieu, exposé aux nui - de soins et d’aide à domicile… Fruit grâce à l’intercommunalité, dans Elles concernent des services sances du trafic, à améliorer la qua - d’un projet associatif opiniâtre, une une logique de mutualisation des essentiels : développement écono - lité de vie. maison d’accueil spécialisé desti - moyens, comme en témoigne la mique et emploi, habitat et dépla - L’offre de services s’étoffe née à des jeunes adultes polyhan - fusion récente des corps de cements, agriculture et environne - dicapés a vu le jour en 2008. La ment, services jeunesse et petite Avec l’aménagement du nouveau sapeurs pompiers de Soucieu et « Maison Soleil », qui offre 48 Orliénas. La construction program - enfance, action sociale et culture… quartier de la Piat, un nouveau places, et 6 accueils de jours repré - « pôle de services » s’est structuré mée pour 2015 d’une nouvelle La mutualisation des moyens doit sente quelque 80 emplois sur le vil - au cœur du village. À l’origine, on caserne face au collège, va grande - permettre de développer ces ser - 41 40 vices intercommunaux dans un Communauté de Communes et souci d’équité et de solidarité. Les départements/régions. La conception traditionnelle de l’ur - et des usages non prévisibles dans habitants qui conservent d’abord le banisme opposerait la ville à la le présent. C’est aussi un héritage « reflexe mairie » souhaitent des Paroles d’avenir campagne, la première ne pouvant en paysages, en espaces naturels et services toujours plus performants Le Syndicat de l’ouest lyonnais se développer que sur le dépérisse - espaces traditionnels bâtis que et accessibles. L’enjeu pour la regroupe 47 communes associées ment de l’autre. La campagne vue nous avons le devoir de préserver. Copamo est de conjuguer une pour faire exister ce territoire qui ne comme le réservoir d’expansion de intercommunalité de proximité veut pas être « dilué » dans l’agglo - la ville est un modèle périmé. Il avec l’intercommunalité de déve - mération lyonnaise. Elles souhai - existe aujourd’hui une alternative ❝Nous aurons le destin que loppement. tent promouvoir un mode de déve - au phénomène de banlieue fut-elle nous aurons mérité. ❞ La commune reste la cellule de loppement durable pour le terri - chic, qui est le réseau de villages, à Albert Einstein base qui fait vivre la démocratie toire de l’Ouest lyonnais qui, mieux condition que la pérennité des locale. Mais face à la Nouvelle relié au Grand Lyon par des trans - espaces agricoles et des ceintures métrople lyonnaise hyper puis - ports collectifs, veut continuer vertes soit garantie. Notre espace sante, les communes de la périphé - d’évoluer dans un cadre paysager villageois doit être regardé comme rie doivent aussi se reconnaître de qualité. Ce positionnement un patrimoine, avec une déontolo - dans une identité commune et coo - rejoint celui de l’association gie de l’aménagement prévoyante SOUCIEU, LE VILLAGE pérer étroitement pour conforter ALCALY, dit de la voie durable, qui et prudente, de nature à préserver QUI CHANTE l’équilibre ville/campagne. Aujour - prône des solutions alternatives son autonomie et sa vitalité écono - Ancré sur notre commune grâce à César Geoffray (voir p33) le chant d’hui notre maillage territorial se struc - pour contester les projets autorou - mique et sociale. Ce patrimoine tiers qui menacent fortement donne à Soucieu des airs de fêtes. C'est l'oc - ture autour des couples Communes / doit être géré comme un espace casion de rassemblements très appréciés l’équilibre de ce territoire. susceptible de conserver dans le autour de la chorale, de l'école de musique futur, des potentialités d’adaptation éponyme ou du Festival Brassens.

ËFLORA TRISTAN Les maires de Soucieu-en-Jarrest (1803 – 1844) : pionnière féminine, militante emblé - 1790 Jean VERGER ; 1793 François ASSADA ; 1802 Jean PERREL ; 1815 Jean PINAT ; matique des canuts au 19 e siècle. Voyageuse infati - 1816 Jean PERREL ; 1817 Jean Antoine VINDRY ; 1831 Jean Claude FAYETTON ; 1837 gable, Flora Tristan sillonna la France pour plaider la Jean Marie CHAMBRY ; 1840 Jean PINAT ; 1855 Jacques GRANJON ; 1860 Antoine cause des ouvriers textile. Le village de Soucieu, qui GETTE ; 1874 Jean Marie FAYETTON ; 1884 Tony ASSADA ; 1892 Jean Marie MARTI - comptait nombre de ces veloutiers et métiers à tisser NANT ; 1895 Jean François ASSADA ; 1900 François THEVENET ; 1919 Michel POIZAT ; 1929 Jean Pierre JARICOT ; 1935 François VILLARD ; 1938 François FILLON ; 1940 (résultat d’une délocalisation avant l’heure), en situa - Louis TRAUTWEIN (nommé par le préfet) ; 1944 Antoine TRAIVE ; 1959 Paul VAILLANT ; e tion précaire à la fin du 19 siècle, a ainsi choisi de ren - 1965 Jean François DURIEUX ; 1973 François FOND ; 1989 Jean CHATAIN ; 1993 - dre hommage à cette grande dame, difficile à classer. 1995 – 2001 - 2008 etc. Gérard GRANGE. Grand-mère du peintre Paul Gauguin, féministe avant Citoyens d’honneur : Antonin GINON pour 60 ans de présidence ; Jacques RIVOIRE, his - l’heure, Flora Tristan soutint la cause des femmes les torien du village. plus démunies. Elle connut un destin contrasté : bourgeoise idéaliste, croyante et «Soucieu-en-Jarrest, Balade historique» est une publication de la mairie — directeur de la publication : romantique, elle mourut prématurément à l’âge de 41 ans. Gérard Grange — Commission communication : Sylvie Broyer, Véronique Lacoste, Ginette Coquet, Bernadette Pecile, Delphine Corbière — Illustrations humoristiques : Dubouillon. 43 42 ❝Autrefois la vie à Soucieu était rythmée par l’agriculture. C’était une existence rude, qui permettait à peine aux 6 2 familles de vivre correctement. 2 1

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Mairie de Soucieu-en-Jarrest Place de la Flette • 69510 Soucieu-en-Jarrest • tél : 04 78 05 26 33 Site : www.soucieu-en-jarrest.fr Mail : [email protected]