Debus sy Mélodies dejeunesse

DonnaBrown StéphaneLemelin

ACD22209 ATM A Classique ClaudeDebussy (1862-1918) Mélodiesdejeunesse

DonnaBrown soprano • StéphaneLemelin piano 1 Pantomime 2:20 13 Rêverie 2:03 1882 (Paul Verlaine) 1880 (Théodore de Banville) 2 En sourdine 3:20 14 Souhait 2:32 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 3 Mandoline 1:43 15 Pierrot 1:23 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 4 Clair de Lune 3:15 16 Zéphyr (Triolet à Philis) 1:22 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 5 Fantoches 1:44 17 Il dort encore (Hymnis) 2:34 1882 (Paul Verlaine) v. 1882 (Théodore de Banville) 6 Romance • Silence ineffable 2:39 18 Fête galante 1:48 1883 (Paul Bourget) 1882 (Théodore de Banville) 7 Musique 2:00 19 Rondeau : Fut-il jamais douceur 1883 (Paul Bourget) de cœur pareille… 2:25 8 Beau Soir 2:30 1882 (Alfred de Musset) 1880 (Paul Bourget) 20 Apparition 3:48 9 Paysage sentimental 3:47 1884 (Stéphane Mallarmé) 1883 (Paul Bourget) 21 Berceuse : Il était une fois 10 Romance • Voici que le printemps 2:23 une fée qui avait un beau sceptre 3:22 1883 (Paul Bourget) pour une voix sans accompagnement / pour «La Tragédie de la mort», pièce en 11 Regret 2:37 un acte de René Peter, 1899 1884 (Paul Bourget) for solo voice / for “La Tragédie de la mort,” 12 La Romance d’Ariel 4:27 one-act play by René Peter, 1899 1884 (Paul Bourget) Mallarmé, encore une fois, dans un texte inti- maine. Il faudrait des volumes entiers pour tulé Magie (nous devons cette trouvaille à raconter cette lamentable histoire; pour montrer Collage André Boucourechliev) : «Évoquer, dans une comment, en fait de versification comme en fait sur des mélodies de jeunesse ombre exprès, l’objet tu, par des mots allusifs, d’autre chose, l’homme déchu est rebelle à la no - jamais directs, se réduisant à du silence égal, tion de liberté.» Alors, le musicien évacue peu à «Toute âme est une mélodie, qu’il s’agit de renouer.» comporte tentative proche de créer : vraisem - peu l’anecdotique, le convenu, pour s’offrir une STÉPHANE MALLARMÉ , CRISE DE VERS , 1892/1897 blable dans la limite de l’idée uniquement mise perspective privilégiée sur un paysage qu’il avait en jeu par l’enchanteur de lettres jusqu’à ce que, encore à défricher. Ce que nous dit Jean-François bloui par une Debussy, sur quelque quatre-vingt-cinq certes, scintille, quelque illusion égale au re - Gautier se réalise sous nos yeux dans les Éfigure, une voix, d’où mélodies, en dédie vingt-sept à la jolie voix d’a - gard.» Et Debussy d’être l’ensorceleur de sons, mélodies de jeunesse : «Debussy ne pouvait se naît le désir de plaire, de mateur de Madame Vasnier, dont la plupart de de timbres, d’harmonies et de rythmes. contenter d’illustrer musicalement la significa - séduire par l’allusion du celles enregistrées ici, qui datent toutes de sa Il est remarquable que le jeune Debussy, mal - tion intellectuelle du texte; c’eût été recourir aux chant. Marie-Blanche «jeunesse» (sauf la Berceuse pour la Tragédie gré une éducation déficiente, ait su être inter - trucages et aux conventions de la romance de Vasnier, c’est elle le de la mort , qui date de 1899), c’est-à-dire avant pellé par des poètes de qualité et même qui ont salon; ce qui le requiert, c’est l’expression d’une rossignol au nid déjà son départ pour la Villa Médicis en 1885, suite fait époque et marqué la postérité, tels les signification sensible, non pas des paroles, mais chaud, la «bouche de à l’obtention du Prix de Rome. Il était élève au Banville, Verlaine, Bourget et Mallarmé. Certes, à propos, ou d’après, les paroles. La musique, ici, fée mélodieuse» (De - Conservatoire de Paris depuis 1872. certaines des premières mélodies s’appuient sur découvre des circonstances sous le poème, elle bussy) qui opère ce Le moderne en musique comme en poésie, des vers parfois un peu falots, dont il tire une en métamorphose le contexte et la situation…» charme avant qu’à Rome en cette fin de siècle française, existe «concur - musique à peine supérieure; mais en revanche, Nous y sommes presque; et puis, comment pour - la Villa Médicis n’avale remment aux grandes orgues générales et sécu - il laisse pressentir celui qui sera parmi les plus rait-on bouder le plaisir et la grâce des premiers pour deux ans le jeune laires, où s’exalte, d’après un latent clavier, faune. Il lui écrit en grands compositeurs de mélodies de tous les jets sur les Fêtes galantes de Verlaine ? Cette l’orthodoxie» (Mallarmé); les mouvances nou - temps lorsqu’il se frotte aux stances les plus in - musique jeune n’est pas évanescente, mais scin - dédicace ce qu’elle au - velles, qui nécessairement cherchent et se rait compris : «ce n’est spirées de Banville ou de Verlaine. On y sent tillante; elle peint plus qu’elle n’illustre, suggère cherchent, comme toute jeunesse intelligente, que Debussy était prêt à aller au-delà du lyrisme plus qu’elle ne dit, mais est néanmoins sub - pas la musique qui fait se nomment (sans qu’il soit impératif de les la beauté du chant mais d’un Massenet et d’adopter un chant plus près stantielle . «Enfin, nous affirme André nommer) impressionnisme (contre son gré) et des «mouvements de l’âme», une rythmique Boucourechliev, les mélodies de Debussy ne le chant, qui fait la symbolisme. Le premier, en lettres et en beauté de la musique. plus près du mot. sont pas, contrairement à ses œuvres de piano musique, se trouve avec bonheur exprimé dans On plaidait alors dans le monde littéraire ou d’orchestre, des œuvres d’«avant-garde», (Surtout pour la mi - une phrase «jumelle» de Baudelaire et de De - enne .)» Et lui «découvrait, en même temps que pour plus de liberté, et Debussy était peut-être mais des musiques d’accès direct, puissamment la nécessité, pour un compositeur, de plaire, bussy, pour «[une prose poétique / une l’artiste le plus suprêmement libre. De Théodore originales, d’expression libre, suprêmement poé - celle, plus exigeante encore, de ne pas se men - musique] assez souple [et] assez heurtée pour de Banville, il avait écouté non seulement les tiques au-delà même des textes sur lesquels elles tir en n’écrivant que pour plaire» (Jean-François s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, vers mais le Petit Traité de poésie française s’appuient.» Gautier). Voilà ce que le génie découvre en soi- aux [ondulations / caprices] de la rêverie.» Le (1872), alors un phare pour cette génération : «Le JACQUES -A NDRÉ HOULE même, que le Conservatoire semblait dénier. second, en littérature mais pourquoi pas en grand obstacle à la perfection de notre poésie, musique également, se laisse soupçonner chez c’est l’amour de la servitude, c’est la lâcheté hu -

4 5 owe this find to André Boucourechliev): “To It would take pages and pages to tell this pa - conjure up, in a deliberate shadow, the hushed thetic story, to show how, in poetry as in other ACollage object—by allusive, always oblique words, re - areas, fallen mankind is impervious to the no - of Thoughts on Youthful Works duced to an even silence—implies an attempt tion of freedom.” So, the musician gradually “Every soul is a melody, which must be rekindled.” almost to create. It is plausible within the lim - does away with the trivial and conventional, STÉPHANE MALLARMÉ , CRISE DE VERS , 1892/1897 its of the idea put into play only by the en - and opens up unique vistas that are begging to azzled by a figure, a On a total of some eighty-five mélodies chanter of letters, until, assuredly, sparkles an be discovered. What Jean-François Gautier tells Dvoice, whence comes (French art song) he composed, Debussy dedi - illusion equal to the gaze.” Debussy is the sor - us is actually in the making in the youthful the desire to please, to cated twenty-seven to the lovely amateur voice cerer of sounds, timbres, harmonies and mélodies : “Debussy could not content himself seduce by the allusion of Madame Vasnier. Most of the songs recorded rhythm. with illustrating the intellectual meaning of the of song. Marie-Blanche here are among those, and they all date from his It is remarkable that Debussy, despite a text in music; that would have been falling back Vasnier, she is the “youthful” period (except for the Berceuse pour mediocre education, would have been touched on the tricks and conventions of the sentimen - nightingale whose nest la Tragédie de la mort , which dates from 1899), by such good and great poets as Banville, Ver - tal lovesong. Debussy endeavours for a sensi - is already warm, the that is to say the period preceding his departure laine, Bourget and Mallarmé, who marked their tive understanding, not of the words, but about, “melodious fairy mouth” for the Villa Medici in 1885 after having ob - own time as well as times to come. Admittedly, or according to, the words. Here, the music (Debussy) who casts the tained the Prix de Rome. He had been a student several of his first mélodies are modeled on finds circumstances that underlie the poem; the spell before the Villa of the Paris Conservatoire since 1872. rather pale poetry, from which he delivers music transmutes its context and situation…” Medici in Rome swal - Modernism in music as in poetry, during hardly superior music; on the other hand, he We are almost there… and besides, how could lows up the faun for two this French fin de siècle , exists “concurrently gives a feeling for the great composer of serious we not be taken in by the refinement of the long years. He writes in to the general and secular grand organs, where song he would become when he tackles the early versions on Verlaine’s Fêtes galantes a dedication to her what from a latent keyboard orthodoxy is exalted” most inspired stanzas of Banville and Verlaine. poems? This youthful music is not evanescent, she apparently had un - (Mallarmé). The new pathways, which of ne - One hears a Debussy on the verge of going be - but scintillating; it paints more than it illus - derstood: “Music is not cessity seek out and search within them - yond the lyricism of Massenet and ready to trates, suggests more than it states, but is nev - the beauty of song, but selves—as do all intelligent youth—are called adopt a style of singing closer to the “move - ertheless substantial . “In conclusion,” writes song the beauty of Impressionism (against its will) and Symbol - ments of the soul” and a rhythm that better es - André Boucourechliev, “Debussy’s mélodies music. ( Especially in ism. The former, in poetry and in music, is fe - pouses that of the words. are not—contrary to his piano and orchestral mine .)” And he “was licitously expressed in the following “twin” In those years, some literary circles were music—“avant-garde” works, but music that is discovering the neces - quote from Baudelaire and Debussy, who seek pleading the case for more freedom; Debussy directly accessible, brilliantly original, free in sity for the composer not “[a poetical prose / a type of music] sufficiently was possibly the freest of artists. He had not its expression, and supremely poetical beyond only to please, but also— supple and sufficiently abrupt to adapt to the only listened to the poetry of Théodore de even the texts on which they rely.” what is even more demanding—not to lie to lyrical movements of the soul, to the [undula - Banville, but to his Little Treatise of French Po - JACQUES -A NDRÉ HOULE oneself by writing only to please” (Jean- tions / whims] of reverie.” The lat ter, in litera - etry (1872), then the beacon of a generation: François Gautier). That is what genius finds in ture and why not in music, is hinted upon by “The love of servitude and the cowardice of oneself, and what the Conservatoire denies. Mallarmé, once again, in a text titled Magic (we man: those are the great obstacles of our poetry.

6 7 DonnaBrown soprano onna Brown, ceux de Lanaudière, de la Grange Mesley, des onna Brown, known for the floating angelic Fanny Mendelssohn lieder with pianist Dconnue pour sa Côtes basques, des Arcs, du Domaine Forget, du Dquality of her voice and the intelligent mu - Françoise Tillard, Requiem der Versohnung voix angélique et l’in - Club musical de Québec, et de musique de sicality of her interpretations, has worked with under , and Gitanjali , written telligence musicale de chambre d’Ottawa. many of the world’s leading conductors, in - for her voice by R. Murray Schafer, under Mario ses interprétations, a Avec plus de deux douzaines d’enre- cluding Gardiner, Rilling, Giulini, Sawallisch, Bernardi. On the ATMA label, she has recorded travaillé avec de gistrements à son actif, Donna Brown est fière Barenboim, Jordan, Pinnock, and Tate. with the pianist Stéphane Lemelin a disc of nombreux chefs des d’avoir participé à de nombreuse premières She has sung in various opera houses German lieder, titled Frühlingslieder. plus réputés, dont parutions, telles que Rodrigue et Chimène (De - throughout the world, notably those of Paris, As a special guest artist, Donna Brown per - Gardiner , Rilling, bussy – Denisov) avec , Scylla et Lyon, London, Geneva, Brussels, Tokyo, formed at the prestigious Théâtre des Champs- Giulini, Sawallisch, Glaucus (Leclair) et la Messe solennelle Toronto, Vancouver, in such roles as Pamina, Élysées in Paris in Debussy’s Le Martyre de Barenboim, Jordan, (Berlioz) avec , des lieder de Gilda, Sophie, Almirena, Morgana, Rosina, and Saint Sébastien with the Orchestre National de Pinnock et Tate. Fanny Mendelssohn avec la pianiste Françoise the world premiere creation of the role of France under the direction of , and Elle a chanté dans Tillard, le Requiem der Versohnung avec Hel - Chimène in Debussy’s unfinished opera Ro - in a Debussy recital organized by Radio-France plusieurs maisons muth Rilling, et Gitanjali , œuvre écrite ex - drigue et Chimène for the opening of the reno - as part of a major project to perform, record and d’opéra à travers le pressément pour sa voix par R. Murray Schafer, vated opera house of Lyon. archive all the works by Claude Debussy. monde, notamment sous la direction de Mario Bernardi. Elle a réal - Donna Brown has also become internation - celles de Paris, Lyon, isé sous étiquette ATMA, avec le pianiste ally renowned as a concert recital artist, and has Londres, Genève, Stéphane Lemelin, un disque de lieder alle - given recitals in the Théâtre des Champs- Bruxelles, Tokyo, Toronto et Vancouver, dans mands intitulé Frühlingslieder . Élysées, Bastille, Théâtre de la Ville, and Musée des rôles tels que Pamina, Gilda, Sophie, En tant qu’invitée spéciale, Donna Brown d’Orsay in Paris, Espace Malraux in Chambéry, Almirena, Morgana, Rosina, ainsi que dans la s’est produite au prestigieux Théâtre des Pollack Hall in Montreal and at various festi - création en première mondiale du rôle de Champs-Élysées à Paris dans Le Martyre de vals including Festival de Lanaudière, Festival Chimène dans l’opéra inachevé de Debussy, saint Sébastien de Debussy avec l’Orchestre de la Grange Meslay, Festival des Côtes Rodrigue et Chimène , pour la réouverture de National de France sous la direction de Kurt basques, Festival Les Arcs, Domaine Forget, Le l’Opéra de Lyon. Masur, puis dans un récital Debussy organisé Club musical de Québec, and the Ottawa Cham - Donna Brown s’est aussi distinguée comme par Radio-France dans le cadre d’un projet ma - ber Music Festival. récitaliste de calibre international, et s’est pro - jeur visant à exécuter, à enregistrer et à archiver With over two dozen recordings to her duite en récital au Théâtre des Champs-Élysées, tout l’œuvre de Claude Debussy. name, Ms. Brown is proud to have taken part in au Théâtre de la Bastille, au Théâtre de la Ville numerous ‘first releases’ such as Rodrigue et et au Musée d’Orsay à Paris, à l’Espace Malraux Chimène (Debussy – Denisov) under Kent à Chambéry, à la Salle Pollack de Montréal, Nagano, Scylla et Glaucus (Leclair) and Messe ainsi que dans de nombreux festivals, dont solennelle (Berlioz) under John Eliot Gardiner,

8 9 pianist with a broad and eclectic repertoire Mr. Lemelin’s latest re - StéphaneLemelin Athat ranges from the Classical period to the leases include a 1999 piano twentieth century and from art song literature to Juno-nominated record - the Romantic concerto, Canadian pianist ing of works for piano and téphane Lemelin se produit régulièrement à l’Université Yale où il a obtenu un doctorat en Stéphane Lemelin has received particular praise orchestra by Saint-Saëns, Stravers le Canada et les États-Unis et a musique. M. Lemelin a été professeur à for his interpretations of Schubert, Schumann, Fauré and Roussel with donné plusieurs concerts en Europe. Invité l’école de musique de l’Université Yale et il Fauré and Ravel. He tours regularly in the the CBC Vancouver Or - assidu des festivals d’été, dont le Festival in - enseigne maintenant à l’Université d’Alberta à United States and Canada and has given nu - chestra under Mario ternational de Lanaudière, le Festival de Edmonton. Lauréat du concours international merous performances in Europe. Bernardi (CBC SM 5178), musique de chambre d’Ottawa et le Festival Robert Casadesus de Cleveland, il a été réci- A frequent participant in summer festivals a recording of Poulenc’s international du Domaine Forget, il a collaboré piendaire de plusieurs prix nationaux et inter - including the Lanaudière International Festival, L’Histoire de Babar and avec des artistes tels que Donna Brown, nationaux, dont des bourses du Conseil des Parry Sound, Domaine Forget, Ottawa, and Van - Debussy’s La Boîte à jou - Boris Berman, James Campbell, Jacques Arts du Canada, de la Fondation des Arts de couver Chamber Music Festivals, he has collab - joux (ATMA), and a col - Israelievitch, David Shifrin, Walter Trampler l’Alberta et du gouvernement de l’Autriche. orated with artists such as Donna Brown, Boris lection of Frühlingslieder et les quatuors à cordes St-Lawrence, Muir et Le premier enregistrement de M. Lemelin Berman, Jacques Israelievitch, David Shifrin, with soprano Donna Morency. Il a aussi été soliste de la plupart (Scènes de la forêt , opus 82, et Fantasiestücke , Walter Trampler, and the St Lawrence and Muir Brown (ATMA). Mr. des principaux orchestres canadiens, dont opus 111, de Schumann; Sonate en la majeur , String Quartets. He has appeared as soloist with Lemelin’s concerts and l’Orchestre Symphonique de Montréal sous la D. 959, de Schubert) a paru chez SRI en 1992 most of Canada’s major orchestras including the recordings are frequently heard on CBC radio direction de . Les concerts de et a été qualifié d’«exquise réussite» par le Montreal Symphony under Charles Dutoit. and have been broadcast on NPR affiliate sta - M. Lemelin sont entendus fréquemment sur Washington Post. Son intégrale des Nocturnes Recital engagements have included London’s tions. les ondes de Radio-Canada et ses enre- de Gabriel Fauré (Disques Radio-Canada) a Wigmore Hall, the Phillips Collection in Wash - Stéphane Lemelin was born in Mont-Joli, gistrements ont été diffusés mondialement. Un également été reçu avec enthousiasme par la ington, the Ladies Morning Musical Club in Quebec, in 1960. After studying with Yvonne pianiste au répertoire vaste et varié s’étendant critique. Trois disques sont parus récemmen t: Montreal and the Vancouver Recital Society. Hubert in Montreal, he worked with Karl-Ulrich de la période classique au vingtième siècle et quatre œuvres pour piano et orchestre de Stéphane Lemelin has made several record - Schnabel in New York, Leon Fleisher at the allant de l’accompagnement de lieder aux Saint-Saëns, Fauré et Roussel avec l’Orchestre ings as a soloist and chamber musician. His first Peabody Conservatory, and Boris Berman and grands concertos romantiques, ses interpréta - de Radio-Canada à Vancouver sous la direc - CD, released by Scandinavian Records in 1992, Claude Frank at Yale University where he tions de Schubert, Schumann, Fauré et Ravel tion de Mario Bernardi (Disques Radio- contains works by Schumann and Schubert earned the Doctor of Musical Arts degree. ont suscité des commentaires particulièrement Canada), un enregistrement de L’Histoire “recorded to exquisite effect” (The Washington A laureate of the Casadesus International élogieux. de Babar de Poulenc et de La Boîte à Post). His recording of the complete Nocturnes Competition in Cleveland, he is the recipient of Stéphane Lemelin est né à Mont-Joli, au joujoux de Debussy avec la comédienne Kim of Gabriel Fauré for the CBC Records has also several national and international awards, in - Québec. Élève d’Yvonne Hubert à l’École Yarochevskaya (ATMA), et un disque de lieder received enthusiastic reviews. Two recordings cluding grants from the Canada Council, the Al - Vincent D’Indy de Montréal, il travailla en - allemands intitulé Frühlingslieder avec la (one of French and the other of American music berta Foundation for the Arts, and the Austrian suite avec Karl-Ulrich Schnabel à New York, soprano Donna Brown (ATMA). for cello and piano) showcase his collaboration Government. Leon Fleisher au Peabody Conservatory de with cellist Tanya Prochazka (ATMA). Mr. Lemelin is currently Professor of Music Baltimore, Boris Berman et Claude Frank à at the University of Alberta, in Edmonton.

10 11 1. Pantomime Pantomime 3. Mandoline Mandolin Paul Verlaine (1844-1896) Paul Verlaine Pierrot, qui n’a rien d’un Clitandre, Pierrot, who is no Clytander, Les donneurs de sérénades The givers of serenades Vide un flacon sans plus attendre, Empties a bottle without further ado Et les belles écouteuses And the lovely listeners Et, pratique, entame un pâté. And, practical, starts on a pie. Échangent des propos fades Exchange vapid words Cassandre, au fond de l’avenue, Cassandra, at the end of the avenue, Sous les ramures chanteuses. Under the singing branches. Verse une larme méconnue Sheds a misunderstood tear C’est Tircis et c’est Aminte, There is Thyrsis and Aminta Sur son neveu déshérité. For her disinherited nephew. Et c’est l’éternel Clitandre, And there is the eternal Clytander, Ce faquin d’Arlequin combine That rascal Harlequin plans Et c’est Damis qui pour mainte And there is Damis who, for many a L’enlèvement de Colombine The abduction of Columbine Cruelle fait maint vers tendre. Heartless woman, writes many a tender verse. Et pirouette quatre fois. And pirouettes four times. Leurs courtes vestes de soie, Their short silk coats, Colombine rêve, surprise Columbine dreams, surprised Leurs longues robes à queues, Their long dresses with trains, De sentir un cœur dans la brise To sense a heart in the breeze Leur élégance, leur joie Their elegance, their joy Et d’entendre en son cœur des voix. And to hear voices in her heart. Et leurs molles ombres bleues And their soft blue shadows, Tourbillonnent dans l’extase Whirl around in the ecstasy 2. En sourdine Muted D’une lune rose et grise, Of a pink and grey moon, Paul Verlaine Et la mandoline jase And the mandolin babbles Calmes dans le demi-jour Calm in the half-light Parmi les frissons de brise. Amid the quavering of the breeze. Que les branches hautes font, Made by the high branches, Pénétrons bien notre amour Let us fill our love De ce silence profond. With this profound silence. 4. Clair de Lune Moonlight Paul Verlaine Fondons nos âmes, nos cœurs Let us mingle our souls, our hearts Et nos sens extasiés, And our enraptured senses Votre âme est un paysage choisi Your soul is a choice landscape Parmi les vagues langueurs Amid the lazy languor Que vont charmant masques et bergamasques, Charmed by masquers and revellers Des pins et des arbousiers. Of the pines and the arbutus tress. Jouant du luth, et dansant, et quasi Playing the lute and dancing and almost Ferme tes yeux à demi, Half close your eyes, Tristes sous leurs déguisements fantasques. Sad beneath their fanciful disguises. Croise tes bras sur ton sein, Cross your arms on your breast, Tout en chantant sur le mode mineur While they sing, in the minor key, Et de ton cœur endormi And from your sleeping heart L’amour vainqueur et la vie opportune, Of victorious love and of fortunate living, Chasse à jamais tout dessein. Chase away all plans forever. Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur They do not seem to believe in their happiness, Laissons-nous persuader Let us be persuaded Et leur chanson se mêle au clair de lune, And their song mingles with the moonlight, By the soft and lulling breeze, Au souffle berceur et doux Au calme clair de lune triste et beau, With the calm moonlight, sad and beautiful, Qui vient à tes pieds rider Which comes to ripple at your feet The waves of russet grass. Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Which makes the birds dream in the trees, Les ondes de gazon roux. Et sangloter d’extase les jets d’eau, And makes the fountains sob with ecstasy, Et quand, solennel, le soir And when, solemnly, the evening Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres. The tall, slim fountains among the marble statues. Des chênes noirs tombera, From the black oaks falls, Voix de notre désespoir, The voice of our despair, Le rossignol chantera. The nightingale, will sing. 12 13 5. Fantoches Puppets 7. Musique Music Paul Verlaine Paul Bourget Scaramouche et Pulcinella Scaramouche and Pulcinella La lune se levait, pure mais plus glacée The moon rose, pure but more chilly Qu’un mauvais dessein rassembla Brought together by a mischievous plot, Que le ressouvenir de quelqu’amour passée, Than the remembrance of some past love, Gesticulent, noirs sous la lune. Gesticulate black under the moon. Les étoiles, au fond du ciel silencieux, The stars, deep in the silent sky, Brillaient, mais d’un éclat changeant, comme des yeux Shone, but with a furtive twinkle, like eyes Cependant l’excellent docteur However the good doctor Où flotte une pensée insaisissable à l’âme. Reflecting a thought elusive to the soul. Bolonais cueille avec lenteur From Bologna slowly gathers Et le violon, tendre et doux, comme une femme And the violin, gentle and sweet, lie a woman Des simples parmi l’herbe brune. Medicinal herbs from the brown grass. Dont la voix s’affaiblit dans l’ardente langueur, Whose voice softens in its languorous ecstasy, Lors sa fille, piquant minois, While his saucily pretty daughter Chantait : «Encore un soir perdu pour le bonheur». Sung: “Again an evening’s happiness lost.” Sous la charmille, en tapinois, Glides slyly, half-nude, Se glisse demi-nue, en quête Under the arbour, in search of 8. Beau Soir Beautiful Evening De son beau pirate espagnol, Her handsome Spanish pirate, Paul Bourget Dont un langoureux (amoureux) rossignol Whose distress and amorous nightingale When the rivers turn pink in the setting sun, Clame la détresse à tue-tête. Proclaims at the top of his voice. Lorsque au soleil couchant les rivières sont roses, And a warm breeze rushes through the wheat fields, Et qu’un tiède frisson court sur les champs de blé, A plea for happiness seems to come from all things Un conseil d’être heureux semble sortir des choses And rise towards the troubled heart. Et monter vers le cœur troublé. Un conseil de goûter le charme d’être au monde, A plea to relish the charm of being alive Cependant qu’on est jeune et que le soir est beau, While we are young and the evening is fair, Car nous nous en allons comme s’en va cette onde, For we pass away, as passes the wave, It to the sea, we to the grave. 6. Romance – Silence ineffable Romance – Ineffable silence Elle à la mer, nous au tombeau. Paul Bourget (1852-1935) Silence ineffable de l’heure Ineffable silence of the moment 9. Paysage sentimental Sentimental Landscape Où le cœur aimant sur un cœur When the heart, loving another, Paul Bourget Se laisse en aller et s’endort, Frees itself and sleeps Sur un cœur aimant qui l’adore ! On a loving heart which he adores! Le ciel d’hiver, si doux, si triste, si dormant, The winter sky, so soft, so sad, so dormant, Où le soleil errait parmi des vapeurs blanches, In which the sun wandered amidst the white mists, Musique tendre des paroles, Tender music of the words, Était pareil au doux, au profond sentiment Was like the sweet, profound feeling Comme un sanglot de rossignol, Lie a nightingale sighing, Qui nous rendait heureux mélancoliquement Which made us happy—though melancholy Si tendre qu’on voudrait mourir, So tender that one wants to die, Par cet après-midi de baisers sous les branches. On that afternoon of kisses beneath the branches. Sur la bouche qui les soupire ! On the mouth that whispers them! Branches mortes qu’aucun souffle ne remuait, Dead branches that no wind stirred, L’ivresse ardente de la vie The passionate abandon of life Branches noires avec quelque feuille fanée, Black branches with a few faded leaves, Fait défaillir l’amant ravi, Makes the ecstatic lover swoon, Ah ! que ta bouche s’est à ma bouche donnée Ah! how your lips gave themselves to mine Et l’on n’entend battre qu’un cœur, And one hears hearts beating as one, Plus tendrement encor dans ce grand bois muet, More tenderly still in this great silent wood, Musique et silence de l’heure ! The music and silence of the hour. Et dans cette langueur de la mort de l’année ! And in this languor of the dying year!

14 15 La mort de tout sinon de toi que j’aime tant The death of everything, except you whom I love so, Quelque chose de toi qui fut à moi : Something of you who once belonged to me Et sinon du bonheur dont mon âme est comblée, And except the happiness that fills my soul, Car j’ai possédé tout de ta pensée, Because I once filled all your thoughts, Bonheur qui dort au fond de cette âme isolée, The happiness that sleeps deep in my secluded soul, Et mon âme, trahie et délaissée And my soul, betrayed and forlorn Mystérieux, paisible et frais comme l’étang Mysterious, peaceful and cool as the pond Est encor tout entière à toi. Still belongs entirely to you. Que nous vîmes au fond de la pâle vallée. We saw in the depths of the pale valley. Devant le ciel d’été, tiède et calme, Underneath the summer sky, warm and calm, Je me souviens de toi comme d’un songe. I remember you as in a dream. 10. Romance - Voici que le printemps Romance – Here is spring Paul Bourget 12. La Romance d’Ariel Ariel’s Romance Voici que le printemps, ce fils léger d’Avril, Here is spring, that light-footed son of April, Paul Bourget Beau page en pourpoint vert brodé de roses blanches, Handsome page in green doublet embroidered with white roses. Paraît, leste, fringant, et les poings sur les hanches, He appears, light, frisky, his hands on his hips Au long de ces montagnes douces, Along these fading mountains, Comme un prince acclamé revient d’un long exil. Like a prince welcomed home from a long exile. Dis ! viendras-tu pas à l’appel Say! will you not come at the call De ton délicat Ariel Of your delicate Ariel, Les branches des buissons verdis rendent étroite The branches of the green thickets make narrow Qui veloute à tes pieds les mousses ? Who turns the moss at your feet into velvet? La route qu’il poursuit en dansant comme un fol; The route he follows dancing like a fool; Sur son épaule gauche il porte un rossignol, On his left shoulder he carries a nightingale, Suave Miranda, je veux Sweet Miranda, I want Un merle s’est posé sur son épaule droite. A blackbird sits on his right shoulder. Qu’il fasse juste assez de brise There to be just enough breeze Pour que ce souffle tiède frise That this lukewarm breath of wind Et les fleurs qui dormaient sous les mousses des bois And the flowers which slept under the moss in the woods Les pointes d’or de tes cheveux ! Curls the golden ends of your hair. Ouvrent leurs yeux où flotte une ombre vague et tendre, Open their eyes where a vague and tender shadow floats, Et sur leurs petits pieds se dressent, pour entendre And stand up on their little feet to hear Les clochettes de digitales The little bells of the foxgloves Les deux oiseaux siffler et chanter à la fois. The two birds whistle and sing at the same time. Sur ton passage tinteront, Will tinkle as you pass by, Les églantines sur ton front The wild roses will shed Car le merle sifflote et le rossignol chante; For the blackbird whistles and the nightingale sings; Effeuilleront leurs blancs pétales. On your head their white petals. Le merle siffle ceux qui ne sont pas aimés, The blackbird whistles at those who are not loved, Et pour les amoureux languissants et charmés, And for languishing and enchanted lovers, Sous ce feuillage du bouleau Under the birch tree’s foliage Le rossignol prolonge une chanson touchante. The nightingale prolongs his touching song. Blondira ta tête bouclée; Your curly hair will become more blond; Et dans le creux de la vallée And in the hollow of the valley Tu regarderas bleuir l’eau. You will see the water become more blue. L’eau du lac lumineux ou sombre, The water of the lake, luminous or dark, 11. Regret Regret Miroir changeant du ciel d’été, Changing mirror of the summer sky Paul Bourget Qui sourit avec sa gaîté Which smiles gaily Devant le ciel d’été, tiède et calme, Underneath the summer sky, warm and calm, Et qui s’attriste avec son ombre; And saddens in its shadow. Je me souviens de toi comme d’un songe, I remember you as in a dream, Symbole, hélas ! du cœur aimant, Symbol, alas, of the loving heart, Et mon regret fidèle aime et prolonge And my faithful sorrow loves and prolongs Où le chagrin, où le sourire Where the sorrows and the smile Les heures où j’étais aimé. The hours when I was loved. De l’être trop aimé, se mire Of the one too loved, is reflected Les astres brilleront dans la nuit noire; The stars will twinkle in the dark night; Gaîment ou douloureusement. With joy or with grief. Le soleil brillera dans le jour clair, The sun will shine in the bright day Au long de ces montagnes douces, etc. Along these fading mountains, etc. Quelque chose de toi flotte dans l’air, Something of you remains around me Qui me pénètre la mémoire. Reaching deep into my memory.

16 17 13. Rêverie Reverie 15. Pierrot Pierrot Théodore de Banville (1823-1891) Théodore de Banville Le zéphir à la douce haleine The sweet-breathed zephyr Le bon Pierrot, que la foule contemple, The good Pierrot whom the crowd watches, Entrouvre la rose des bois, Half-opens the wild rose, Ayant fini les noces d’Arlequin, Being through with Harlequin’s wedding, Et sur les monts et dans la plaine, And over hill and dale Suit en songeant le boulevard du Temple. Follows dreamily the boulevard du Temple. Il féconde tout à la fois. He fertilizes everything all at once. Une fillette au souple casaquin A girl in a flowing blouse Le lys et la rouge verveine The lily and the red verbena En vain l’agace de son œil coquin; Vainly entices him with her naughty eyes; S’échappent fleuris de ses doigts, Slip, in bloom, from his fingers; Et cependant mystérieuse et lisse And mysterious and sleek Tout s’enivre à sa coupe pleine All partake of his libations Faisant de lui sa plus chère délice, Making him her dearest delight, Et chacun tressaille à sa voix. And stir at the sound of his voice. La blanche Lune aux cornes de taureau The white moon with her bull’s horns Jette un regard de son oeil en coulisse Throws a sidelong glance Mais il est une frêle plante But there is one frail plant À son ami Jean Gaspard Deburau*. On her friend Jean Gaspard Deburau*. Qui se retire et fuit, tremblante, Who, trembling, withdraws and flees Le baiser qui va la meurtrir. The kiss that would harm it. *Jean-Gaspard Deburau (1796-1846) : un célèbre mime français *Jean-Gaspard Deburau (1796-1846): a famous French mime Or, je sais des âmes plaintives Now I know some plaintive souls Qui sont comme les sensitives That are like the sensitive plant, Et que le bonheur fait mourir. And that die of happiness. 16. Zéphyr (Triolet à Philis) Zephyr Théodore de Banville Si j’étais le Zéphyr ailé, If I were the winged Zephyr, 14. Souhait Wish J’irais mourir sur votre bouche. I would go to die on your lips. Théodore de Banville Ces voiles, j’en aurais la clé, Of theses veils I would have the key, Si j’étais le Zéphyr ailé. If I were the winged Zephyr. Oh ! quand la Mort, que rien ne saurait apaiser, Ah! when Death, which nothing can appease, Will take us both in a last embrace Près des siens pour qui je brûlai Near the bosom for which I burned, Nous prendra tous les deux dans un dernier baiser Je me glisserais dans la couche. I would slip into the bed. Et jettera sur nous le manteau de ses ailes, And throw upon us the mantle of his wings, May we rest beneath twin stones! Si j’étais le Zéphyr ailé, If I were the winged Zephyr Puissions-nous reposer sous deux pierres jumelles ! J’irais mourir sur votre bouche. I would go to die on your lips. Puissent les fleurs de rose aux parfums embaumés May ever so fragrant roses Sortir de nos deux corps qui se sont tant aimés, Rise from our two bodies that loved each other so, Et nos âmes fleurir ensemble et, sur nos tombes And our souls blossom together, and on our tombs, Se regarder longtemps d’amoureuses colombes ! Loving doves gaze at each other a long while.

18 19 17. Il dort encore (Hymnis) He is sleeping still (Hymnis) 19. Rondeau : Fut-il jamais douceur de cœur Rondeau Théodore de Banville pareille ... Alfred de Musset (1810-1857) Il dort encore une main sur la lyre ! He is sleeping still, a hand upon the lyre! Il ne verrait ni mon triste délire He could see neither my miserable madness Fut-il jamais douceur de cœur pareille Was there ever something so sweet Ni ces longs pleurs qui tombent de mes yeux. Nor the long tears flowing from my eyes. À voir Manon dans mes bras sommeiller ? As to see Manon asleep in may arms? Charmeur divin, tandis que tu sommeilles, Divine charmer, while you slumber, Son front coquet parfume l’oreiller; Her dainty brow perfumes the pillow; Autour de toi voltigent les abeilles. All around you bees are buzzing. Dans son beau sein j’entends son cœur qui veille. In here lovely breast I hear her heart standing guard. Le doux poëte est l’envoyé des dieux ! The sweet poet is a messenger from the gods! Un songe passe, et s’en vient l’égayer. A dream passes and suddenly enlivens it. La blanche étoile errante aux cieux t’adore. The errant white star in he heavens adores you. Ainsi s’endort une fleur d’églantier, So does and a sweetbriar flower fall asleep, Ferme tes yeux ravis, sommeille encore, Close your blissful eyes and sleep still, Dans son calice enfermant une abeille. Its calyx enclosing a bee. Anacréon, chanteur mélodieux. Anacreon, melodious singer. Moi, je la berce; un plus charmant métier I cradle her; a more charming task Tandis que fuit la nuit enchanteresse, While vanishes the enchanted night, Fut-il jamais ? Was there ever? Qu’un rythme heureux te berce et te caresse. May a happy rhythm rock and embrace you. Le doux poëte est l’envoyé des dieux ! The sweet poet is a messenger from the gods! Mais le jour vient, et l’Aurore vermeille But daybreak approaches and the crimson sky Effeuille au vent son bouquet printanier. In the wind strips of petals its vernal bouquet. Le peigne en main et la perle à l’oreille, A comb in her hand and pearls on her ears, À son miroir Manon court m’oublier. Manon runs to her mirror, forgetting me. 18. Fête galante Fête galante Hélas ! l’amour sans lendemain ni veille Alas! can such a short-lived love Théodore de Banville Fut-il jamais ? Still be called love? Voilà Sylvandre et Lycas et Myrtil, Car c’est ce soir fête chez Cydalise. Here come Sylvander and Lycus and Myrtilus Partout dans l’air court un parfum subtil For tonight Cydalise is hosting a celebration. 20. Apparition Apparition Dans le grand parc où tout s’idéalise. Everywhere the air is filled with a subtle fragrance Stéphane Mallarmé (1842-1898) In the big park where all is idealized. Avec la rose, Aminthe rivalise; La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs The moon became sad. Tearful seraphim, Philis, Églé, que suivent leurs amants, Aminta rivals the rose; Phyllis and Ægle, followed by their lovers, Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Dreaming, bow in hand, in the calm of Cherchent l’ombrage en mille endroits charmants. Vaporeuses, tiraient de mourantes violes Diaphanous flowers, drew from dying viols Dans le soleil qui s’irrite et qui joue, Seek the shade in a thousand charming places. In the irritable and playful sun, De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles. White sobs gliding on the azure of the corollas. Luttant d’orgueil avec les diamants, — C’était le jour béni de ton premier baiser. —It was the blessed day of your first kiss. Sur le chemin, le paon blanc fait la roue. Which tries to outshine diamonds, On the path, the white peacock fans its tail. Ma songerie aimant à me martyriser My musings, loving to make me a martyr, S’enivrait savamment du parfum de tristesse Were deviously intoxicated by the perfume of sadness, Que même sans regret et sans déboire laisse Which even without regret nor tribulations leaves La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli. The pick of a dream in the heart that plucked it. J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli I wandered, then, eyes riveted on the aged pavement, Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue When, with the sun in your hair, in the street Et dans le soir, tu m’es en riant apparue And in the evening, you appeared to me, laughing; Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté And I thought I saw the fairy with her cap of light, Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté Who, long ago, passed through my sweet slumbers of a Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Spoiled child, always, from her half-closed hands, Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées. Allowing white bouquets of perfumed stars to fall like snow. 20 21 21. Berceuse: Il était une fois une fée qui avait un beau sceptre Lullaby for “The Tragedy of Death” pour «La Tragédie de la mort» — René Peter

Il était une fois une fée qui avait un beau sceptre blanc. Once upon a time there was a fairy with a lovely white sceptre. Il était une plaintive enfant qui pleurait pour des fleurs fanées. There was a plaintive little girl who wept over wilted flowers. La fée en la voyant pleurer détacha des fleurs de son sceptre et les laissa doucement tomber; The faire, seeing her cry, plucked the flowers from here sceptre and let them gently fall; l’enfant les noua dans ses tresses et lui dit : «En as-tu encore ?» the child tied them in her braids and asked her, “Do you have any more?” Il en tomba mille et mille autres le long de ses yeux, le long de sa bouche, des mauves, des jaunes et des rouges; There fell scores and scores of flowers along her eyes and her mouth, some purple, some yellow and some red; l’enfant en couvrit ses épaules. with them, the child covered her shoulders. Il lui dit : «En as-tu encore ?» She asked, “Do you have any more?” Il en tomba tout autour d’elle, autant de parures nouvelles, des colliers clairs, des ceintures d’or, There fell some more all around her, like new jewellery, light necklaces, sashes of gold, and others ran along her d’autres couraient le long de ses jambes, legs, cachant ses pieds sous des guirlandes. hiding her feet under the garlands. «En as-tu ? En as-tu encore ?» “Do you have any? Do you have any more?” La blanche fée enfin descendit; elle ôta des cheveux de la petite fille The white fairy descended at last; she rid the little girl’s hair les fleurs répandues les premiers et qui étaient déjà flétries. of the first fallen flowers, already wilted. Mais l’enfant les lui prit des mains et les jeta sur le chemin avec de légers cris de colère. But the child took them from her hands and threw them onto the path, while letting out slight cries of anger. Et la fée, la blanche fée dit : «Pourquoi jeter ces fleurs sur le chemin ? And the fairy, the white fairy said, “Why throw these flowers by the wayside? Tandis qu’elles passent d’autres naissent : c’est ton bonheur, c’est ton bonheur que tu laisses.» While they fade, others are born. It is your happiness you are leaving behind.”

Enregistrement, réalisation et montage / Produced, recorded, and edited by: Johanne Goyette Salle Françoys-Bernier, Domaine Forget, St-Irénée (Québec) 2-3 novembre 1999 et 9-10 octobre 2000 / November 2-3, 1999 and October 9-10, 2000 Adjoints à la production / Production assistants : Valérie Leclair, Jacques-André Houle Graphisme / Graphic design : Diane Lagacé Couverture / Cover art: © Getty Images

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