Debussy (1862-1918) Mélodiesdejeunesse
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Debus sy Mélodies dejeunesse DonnaBrown StéphaneLemelin ACD22209 ATM A Classique ClaudeDebussy (1862-1918) Mélodiesdejeunesse DonnaBrown soprano • StéphaneLemelin piano 1 Pantomime 2:20 13 Rêverie 2:03 1882 (Paul Verlaine) 1880 (Théodore de Banville) 2 En sourdine 3:20 14 Souhait 2:32 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 3 Mandoline 1:43 15 Pierrot 1:23 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 4 Clair de Lune 3:15 16 Zéphyr (Triolet à Philis) 1:22 1882 (Paul Verlaine) 1881 (Théodore de Banville) 5 Fantoches 1:44 17 Il dort encore (Hymnis) 2:34 1882 (Paul Verlaine) v. 1882 (Théodore de Banville) 6 Romance • Silence ineffable 2:39 18 Fête galante 1:48 1883 (Paul Bourget) 1882 (Théodore de Banville) 7 Musique 2:00 19 Rondeau : Fut-il jamais douceur 1883 (Paul Bourget) de cœur pareille… 2:25 8 Beau Soir 2:30 1882 (Alfred de Musset) 1880 (Paul Bourget) 20 Apparition 3:48 9 Paysage sentimental 3:47 1884 (Stéphane Mallarmé) 1883 (Paul Bourget) 21 Berceuse : Il était une fois 10 Romance • Voici que le printemps 2:23 une fée qui avait un beau sceptre 3:22 1883 (Paul Bourget) pour une voix sans accompagnement / pour «La Tragédie de la mort», pièce en 11 Regret 2:37 un acte de René Peter, 1899 1884 (Paul Bourget) for solo voice / for “La Tragédie de la mort,” 12 La Romance d’Ariel 4:27 one-act play by René Peter, 1899 1884 (Paul Bourget) Mallarmé, encore une fois, dans un texte inti- maine. Il faudrait des volumes entiers pour tulé Magie (nous devons cette trouvaille à raconter cette lamentable histoire; pour montrer Collage André Boucourechliev) : «Évoquer, dans une comment, en fait de versification comme en fait sur des mélodies de jeunesse ombre exprès, l’objet tu, par des mots allusifs, d’autre chose, l’homme déchu est rebelle à la no - jamais directs, se réduisant à du silence égal, tion de liberté.» Alors, le musicien évacue peu à «Toute âme est une mélodie, qu’il s’agit de renouer.» comporte tentative proche de créer : vraisem - peu l’anecdotique, le convenu, pour s’offrir une STÉPHANE MALLARMÉ , CRISE DE VERS , 1892/1897 blable dans la limite de l’idée uniquement mise perspective privilégiée sur un paysage qu’il avait en jeu par l’enchanteur de lettres jusqu’à ce que, encore à défricher. Ce que nous dit Jean-François bloui par une Debussy, sur quelque quatre-vingt-cinq certes, scintille, quelque illusion égale au re - Gautier se réalise sous nos yeux dans les Éfigure, une voix, d’où mélodies, en dédie vingt-sept à la jolie voix d’a - gard.» Et Debussy d’être l’ensorceleur de sons, mélodies de jeunesse : «Debussy ne pouvait se naît le désir de plaire, de mateur de Madame Vasnier, dont la plupart de de timbres, d’harmonies et de rythmes. contenter d’illustrer musicalement la significa - séduire par l’allusion du celles enregistrées ici, qui datent toutes de sa Il est remarquable que le jeune Debussy, mal - tion intellectuelle du texte; c’eût été recourir aux chant. Marie-Blanche «jeunesse» (sauf la Berceuse pour la Tragédie gré une éducation déficiente, ait su être inter - trucages et aux conventions de la romance de Vasnier, c’est elle le de la mort , qui date de 1899), c’est-à-dire avant pellé par des poètes de qualité et même qui ont salon; ce qui le requiert, c’est l’expression d’une rossignol au nid déjà son départ pour la Villa Médicis en 1885, suite fait époque et marqué la postérité, tels les signification sensible, non pas des paroles, mais chaud, la «bouche de à l’obtention du Prix de Rome. Il était élève au Banville, Verlaine, Bourget et Mallarmé. Certes, à propos, ou d’après, les paroles. La musique, ici, fée mélodieuse» (De - Conservatoire de Paris depuis 1872. certaines des premières mélodies s’appuient sur découvre des circonstances sous le poème, elle bussy) qui opère ce Le moderne en musique comme en poésie, des vers parfois un peu falots, dont il tire une en métamorphose le contexte et la situation…» charme avant qu’à Rome en cette fin de siècle française, existe «concur - musique à peine supérieure; mais en revanche, Nous y sommes presque; et puis, comment pour - la Villa Médicis n’avale remment aux grandes orgues générales et sécu - il laisse pressentir celui qui sera parmi les plus rait-on bouder le plaisir et la grâce des premiers pour deux ans le jeune laires, où s’exalte, d’après un latent clavier, faune. Il lui écrit en grands compositeurs de mélodies de tous les jets sur les Fêtes galantes de Verlaine ? Cette l’orthodoxie» (Mallarmé); les mouvances nou - temps lorsqu’il se frotte aux stances les plus in - musique jeune n’est pas évanescente, mais scin - dédicace ce qu’elle au - velles, qui nécessairement cherchent et se rait compris : «ce n’est spirées de Banville ou de Verlaine. On y sent tillante; elle peint plus qu’elle n’illustre, suggère cherchent, comme toute jeunesse intelligente, que Debussy était prêt à aller au-delà du lyrisme plus qu’elle ne dit, mais est néanmoins sub - pas la musique qui fait se nomment (sans qu’il soit impératif de les la beauté du chant mais d’un Massenet et d’adopter un chant plus près stantielle . «Enfin, nous affirme André nommer) impressionnisme (contre son gré) et des «mouvements de l’âme», une rythmique Boucourechliev, les mélodies de Debussy ne le chant, qui fait la symbolisme. Le premier, en lettres et en beauté de la musique. plus près du mot. sont pas, contrairement à ses œuvres de piano musique, se trouve avec bonheur exprimé dans On plaidait alors dans le monde littéraire ou d’orchestre, des œuvres d’«avant-garde», (Surtout pour la mi - une phrase «jumelle» de Baudelaire et de De - enne .)» Et lui «découvrait, en même temps que pour plus de liberté, et Debussy était peut-être mais des musiques d’accès direct, puissamment la nécessité, pour un compositeur, de plaire, bussy, pour «[une prose poétique / une l’artiste le plus suprêmement libre. De Théodore originales, d’expression libre, suprêmement poé - celle, plus exigeante encore, de ne pas se men - musique] assez souple [et] assez heurtée pour de Banville, il avait écouté non seulement les tiques au-delà même des textes sur lesquels elles tir en n’écrivant que pour plaire» (Jean-François s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, vers mais le Petit Traité de poésie française s’appuient.» Gautier). Voilà ce que le génie découvre en soi- aux [ondulations / caprices] de la rêverie.» Le (1872), alors un phare pour cette génération : «Le JACQUES -A NDRÉ HOULE même, que le Conservatoire semblait dénier. second, en littérature mais pourquoi pas en grand obstacle à la perfection de notre poésie, musique également, se laisse soupçonner chez c’est l’amour de la servitude, c’est la lâcheté hu - 4 5 owe this find to André Boucourechliev): “To It would take pages and pages to tell this pa - conjure up, in a deliberate shadow, the hushed thetic story, to show how, in poetry as in other ACollage object—by allusive, always oblique words, re - areas, fallen mankind is impervious to the no - of Thoughts on Youthful Works duced to an even silence—implies an attempt tion of freedom.” So, the musician gradually “Every soul is a melody, which must be rekindled.” almost to create. It is plausible within the lim - does away with the trivial and conventional, STÉPHANE MALLARMÉ , CRISE DE VERS , 1892/1897 its of the idea put into play only by the en - and opens up unique vistas that are begging to azzled by a figure, a On a total of some eighty-five mélodies chanter of letters, until, assuredly, sparkles an be discovered. What Jean-François Gautier tells Dvoice, whence comes (French art song) he composed, Debussy dedi - illusion equal to the gaze.” Debussy is the sor - us is actually in the making in the youthful the desire to please, to cated twenty-seven to the lovely amateur voice cerer of sounds, timbres, harmonies and mélodies : “Debussy could not content himself seduce by the allusion of Madame Vasnier. Most of the songs recorded rhythm. with illustrating the intellectual meaning of the of song. Marie-Blanche here are among those, and they all date from his It is remarkable that Debussy, despite a text in music; that would have been falling back Vasnier, she is the “youthful” period (except for the Berceuse pour mediocre education, would have been touched on the tricks and conventions of the sentimen - nightingale whose nest la Tragédie de la mort , which dates from 1899), by such good and great poets as Banville, Ver - tal lovesong. Debussy endeavours for a sensi - is already warm, the that is to say the period preceding his departure laine, Bourget and Mallarmé, who marked their tive understanding, not of the words, but about, “melodious fairy mouth” for the Villa Medici in 1885 after having ob - own time as well as times to come. Admittedly, or according to, the words. Here, the music (Debussy) who casts the tained the Prix de Rome. He had been a student several of his first mélodies are modeled on finds circumstances that underlie the poem; the spell before the Villa of the Paris Conservatoire since 1872. rather pale poetry, from which he delivers music transmutes its context and situation…” Medici in Rome swal - Modernism in music as in poetry, during hardly superior music; on the other hand, he We are almost there… and besides, how could lows up the faun for two this French fin de siècle , exists “concurrently gives a feeling for the great composer of serious we not be taken in by the refinement of the long years.