Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Proposition d’une nouvelle approche d’évaluation de l’accès à l’eau : application dans la Commune de (Bénin)

Proposal for a new approach to assessing access to water : application in the Municipality of Savalou ()

SEBO VIFAN Eric Géographe-Environnementaliste Ecole des Sciences et techniques du Bâtiment et de la Route (ESTBR/UNSTIM) Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT/FASHS/UAC) Laboratoire d’Etude des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR/UAC) E-mail : [email protected]

TCHAHOU Sèvègni Brice Géographe-Aménagiste Institut Universitaire de Technologie (IUT/UNSTIM) Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT/FASHS/UAC)

ASSOGBA Patricia Etudiante, Géographie Humaine et Economique

AGBOSSOU K. Euloge Directeur de l’Institut National de l’Eau (INE/UAC) Directeur Laboratoire d’Hydraulique et de Maîtrise de l’Eau (LHME/UAC)

RESUME L’accès à l’eau potable est un sujet abordé par de nombreuses études dans le monde y compris au Bénin, où cette problématique a été régulièrement abordée sous les angles des modes d’approvisionnement et de qualité. Par ailleurs, les indicateurs officiels d’évaluation de l’accès à l’eau comme le taux de couverture des besoins en points d’eau ou encore le taux de desserte en eau n’intègrent pas les aspects de disponibilité de la ressource, de son accessibilité et de la capacité financière des ménages à faire face au coût de cession de l’eau au niveau de certains points d’eau. De ce fait, l’acuité des difficultés liées à l’accès n’est pas souvent perceptible. La présente étude réalisée dans la Commune de Savalou, analyse donc davantage la question à travers les paramètres sus-cités et propose un indice d’accès à l’eau potable (IAEP) qui agrège lesdits paramètres.

Pour réussir l’étude, un échantillon de 141 ménages a été utilisé pour collecter les informations auprès des ménages. Pour le reste, comme il a été précisé plus haut, un indice d’accès à l’eau potable (IAEP) a été construit et comparé au taux de desserte qui est l’indicateur officiel d’accès à l’eau potable.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 1 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Les résultats révèlent de profonds problèmes de disponibilité de l’eau en termes de mauvaise répartition des points d’eau et de desserte de la population : en dehors des traits hydrogéologiques qui compromettent la réalisation des points d’eau et limitent les débits, les difficultés liées à l’accès l’eau sont aussi perceptibles en ce qui concerne l’accessibilité : 33,33 % des ménages parcourent plus de 1 000 m en aller-retour et 28,36 % des ménages parcourent entre 400 m et 1 000 m en aller-retour, pour s’approvisionner en eau potable, toutes saisons confondues. Or, les normes OMS stipulent qu’un ménage ne doit pas faire plus de 200 m en aller-retour pour s’approvisionner en eau potable. La valeur économique de l’eau présente quant à elle, de 1 390 FCFA à 41 700 FCFA pour s’approvisionner entre 1 m3 et 30 m3 pour une population déjà assez pauvre (86,32 % de la population gagne moins de 50 000 FCFA par mois). Tout ceci par la détermination de l’IAEP montre que l’accès à l’eau dans la Commune de Savalou est à 68,09 % difficile. Mots clés : Savalou, eau potable, accès, indicateurs, maladies diarrhéiques.

ABSTRACT Access to clean water is a topic addressed by many studies worldwide including in Benin, where this issue has been regularly addressed in the angles of the supply and quality modes. Moreover, the official indicators for assessing the access to water as the needs of coverage in water sources or the water service rates do not include aspects of availability of the resource, accessibility and financial ability of households to cope with the water disposal costs at certain water sources. Therefore, the acuteness of the problems related to access is often not noticeable. This study conducted in the municipality of Savalou, so the issue further analysis through the above- mentioned parameters and offers access to potable water index (APEI) aggregating said parameters.

To pass the study, a sample of 141 households was used to collect information from households. For the rest, as has been mentioned above, access to drinking water index (APEI) was constructed and compared to the rate of service which is the official indicator of access to clean water.

The results reveal deep problems of water availability in terms of poor distribution of water points and population service : outside the hydrogeological characteristics that affect the achievement of water points and limit the flow rates, difficulties related to access water are also noticeable in terms of accessibility : 33.33 % of households travel more than 1000 m in return and 28.36 % of household roam between 400 m and 1000 m in return, to provide drinking water, all seasons. But the WHO standards require that a household should not be more than 200 m in return for supplies of drinking water. The economic value of the water in turn, of 1390 FCFA 41,700 to FCFA to stock between 1 m3 and 30 m3 for a population already quite poor (86.32 % of the population earns less than 50,000 FCFA per month). All this by determining APEI shows that access to water in the Municipality of Savalou is 68.09 % difficult.

Keywords: Savalou, drinking water, access indicators, diarrheal diseases.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 2 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

INTRODUCTION Les enjeux liés à l’eau sont vitaux pour le fondement même de l’existence humaine sur la terre. Et les nombreuses recherches des astrophysiciens et autres à connaître l’origine de l’eau sur la terre, découvrir la présence de l’eau sur d’autres planètes ou astres du système solaire, etc. (WILDE, et al., 2001 ; VALLEY, et al., 2002 ; HALLIS, et al., 2015) confirment bien cette importance capitale de l’eau pour l’homme. C’est aussi ce qui explique l’engouement d’un nombre important de chercheurs de toutes disciplines qui ont abordé et/ou qui continuent de disséquer la problématique de l’accès à l’eau potable tant dans le monde que dans les pays en développement (BOUGUERRA, 2003 ; UNESCO, 2003 ; DORIER-APPRILL, 2006 ; OGORON, 2008 ; GOMEZ, 2010 ; MBIAMANY-N’TCHORERET, 2010 ; ASSEMOUATCHOA, 2011 ; SEBO, et al., 2013). Par ailleurs, l’important accroissement de la population mondiale qui a quadruplée depuis 1900 s’est accompagné d’une explosion de la consommation en eau (BOUGUERRA, 2003). Or, la terre regorge de 1,4 milliards de km3 d’eau sur lesquels environ 1 % seulement est accessible à l’homme (DIOP et RECACEWICZ, 2003). Donc, avec cette explosion démographique qui n’est pas prête à s’arrêter, l’eau douce disponible par habitant dans le monde diminue et au rythme actuel, les deux-tiers de l’humanité subiront dans les prochaines années une grave situation de pénurie d’eau (OMS, 2006) : dorénavant, les hommes se doivent de faire des efforts surhumains afin de trouver, de s’approvisionner et de conserver l’eau dans des conditions salubres (ONU, 2005). En 2000, l’OMS avait constaté que 1,1 milliards de personnes ne sont pas raccordées à un système moderne d’alimentation en eau. Cette évaluation de l’OMS lui a permis d’établir que, dans les pays en développement, le quart de la population n’a pas accès à des services modernes d’approvisionnement en eau potable.

L’Afrique est le continent le plus touché par cette situation de l’accès à l’eau potable bien qu’il dispose d’abondantes ressources en eau de surfaces : 17 grands fleuves et plus de 160 lacs majeurs sans compter la réserve en eau souterraine (MUTUME, 2004 ; MACDONALD, et al., 2012) : plus de 60 % de la population africaine au sud du Sahara n’ont pas accès à l’eau potable (OMS, 2006).

Le Bénin, à l’instar de la plupart des pays africains en voie de développement est concerné par ce problème d’accès à l’eau (AYENAN, 2009). Malgré les efforts de l’Etat béninois à travers la réalisation de nombreux et différents points d’eau (PE), certaines localités du pays, comme la Commune de Savalou continuent de vivre une situation pénible d’accès à l’eau potable : la population se rabat régulièrement sur les eaux de surface surtout pendant la saison sèche où les puits se tarissent bien que les données officielles fassent état d’un taux de desserte de 66,35 % pour la Commune de Savalou par rapport à une moyenne départementale des Collines qui est de 65,7 % (BDI/DG-Eau/MERPMEDER, 2014). De plus, les études relatives à la problématique de l’accès à l’eau, tant en Afrique subsaharienne qu’au Bénin et même dans la Commune de Savalou, se sont toutes focalisées sur les conditions d’approvisionnement et de gestion de l’eau potable, la qualité de l’eau de consommation dans les ménages, etc. (BABADJIDE, 2010 ; GOMEZ, 2010). Ainsi, les recherches s’intéressant aux questions de localisation des ouvrages hydrauliques par rapport aux agglomérations, à la capacité financière des ménages à disposer d’eau potable sont inhabituels : un ouvrage hydraulique réalisé à grand

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 3 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

coût ne sert à rien si la population à laquelle il est destiné se trouve à plusieurs kilomètres de son lieu d’implantation ; un tel ouvrage ne sert également à rien si la population à laquelle il est destiné ne dispose pas des moyens financiers nécessaires et suffisants pour " s’y acheter " l’eau. Ces affirmations interrogatives montrent bien qu’aucun des principaux paramètres (disponibilité, accessibilité géographique, accessibilité financière, qualité, commodité, etc.) de l’accès à l’eau n’est négligeable. Ce sont également elles qui ont motivé la présente recherche qui vise essentiellement à mieux appréhender la réalité désormais, la réalité de l’accès à l’eau à travers l’essentiel de ses paramètres agrégé en un indicateur composite.

1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE DU SECTEUR D’ETUDE La figure 1 présente la situation géographique du secteur d’étude.

Figure 1 : situation géographique de la Commune de Savalou

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 4 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Située en plein centre du Bénin à 240 kilomètres de Cotonou (capitale économique du Bénin), la Commune de Savalou est comprise entre 7°34’06’’ et 8°12’34’’ de latitude Nord d’une part et 1°37’34’’ et 2°8’12’’ de longitude Est d’autre part (figure 1). Elle partage ses frontières avec les Communes de Dassa-Zoumè et de Glazoué à l’Est ; de Bantè au Nord, le département du Zou au Sud et la République du Togo à l’Ouest sur environ 65 km (limite Nord-Sud). Elle s’étend sur près de 58 km de l’Ouest à l’Est et couvre une superficie de 2 674 km² ; soit 2,37 % du territoire national.

2. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.1. Echantillon et échantillonnage L’enquête de terrain a été réalisée auprès de 141 ménages sur la base d’un échantillon déterminé par la formule de SCHWARTZ (1995) : Ν = Zα²РQ/d² avec N = taille de l’échantillon ; Zα = écart fixé à 1,96 qui correspond à un degré de confiance de 95 % ; P = nombre de ménage de l’arrondissement/nombre de ménage de la Commune ; Q = 1- P ; d = marge d’erreur qui est égale à 5 %. Le tableau I présente la taille de l’échantillon.

Tableau I : taille de l’échantillon Effectif de la population Application du protocole Arrondissements Echantillon (10 %N) estimée de 2014 par l’INSAE de SCHWARTZ (N) Aga 13 833 125 13 Agbado 12 537 115 12 Attakè 10 498 97 10 10 072 94 9 Doumè 21 093 181 18 7 256 69 7 14 702 132 13 9 519 89 9 Lema 10 830 100 10 Logozohè 6 865 65 7 4 429 43 4 9 449 88 9 Ouessè 10 554 98 10 12 856 117 12 TOTAL 15 4495 1 413 141 Source : INSAE, 2006 + Résultats d’enquête de terrain, 2014

Bien que la taille de l’échantillon soit déterminée à partir de l’effectif total de la population du secteur d’étude, ce sont les ménages qui ont été interviewés à partir des chefs de ménage accompagnés de leur(s) épouse(s) quand il s’agit des hommes. La présence des femmes lors des interviews était particulièrement utile, car c’est à elle et aux enfants surtout qu’incombe la tâche de l’approvisionnement en eau potable. Quant au choix des unités statistiques, il est aléatoire.

2.2. Techniques et outils de collecte des données L’entretien direct est la technique de collecte de données utilisée dans le cadre de la présente recherche. A cet effet, un questionnaire a été élaboré pour la collecte des informations utiles et

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 5 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

nécessaires auprès des ménages. Ces informations sont relatives aux types d’ouvrages hydrauliques exploités par les ménages et à leur mode de gestion, aux modes d’approvisionnement, de transport, de stockage et de conservation de l’eau, à la qualité de l’eau de consommation, aux procédés de potabilisation de l’eau, aux distances parcourues par les ménages pour s’approvisionner en eau potable, au coût de cession du mètre cube d’eau potable, à la capacité des ménages à faire face au coût de l’eau potable, etc.

Toutefois, les indicateurs officiels de l’accès à l’eau potable notamment, l’inventaire des points d’eau, les taux de desserte, etc. ont été collectés auprès de la DG Eau.

2.3. Traitement des données et analyse des résultats Il a commencé par un dépouillement manuel des questionnaires renseignés. Ensuite, il y a eu successivement la numérisation des données grâce à EXCEL et l’apurement de la base de données ainsi constituée. Enfin, les différents traitements statistiques ont clos cette partie.

2.3.1. Disponibilité de l’eau potable L’analyse de la disponibilité en eau a été réalisée sur la base des ouvrages hydrauliques fonctionnels (forages, puits, sources aménagées, etc.) dans le secteur d’étude. Elle s’est aussi appuyée sur la pression exercée sur les points d’eau (à travers les ratios PE/hbts) et l’évolution du taux de desserte en eau potable de la population. Le taux de desserte, calculé en fonction du nombre de points d’eau fonctionnels, est exprimé par le protocole statistique suivant :

Taux de desserte = 100 x (250 x Effectif PE(fonctionnel)/Effectif total de la population)

2.3.2. Accessibilité des points d’eau L’accessibilité géographique des ouvrages hydrauliques a été analysée essentiellement par la spatialisation des informations y afférentes avec le logiciel Arc-View. Mais avant, les distances euclidiennes parcourues par les populations pour se rendre aux points d’eau ont été mesurées par tracking à l’aide de GPS en reliant différents points des agglomérations aux différents points d’eau dans les villages du secteur d’étude.

2.3.3. Capacité financière des ménages La capacité des ménages à faire face au « coût de l’eau » a été analysée à partir des volumes d’eau consommés par les ménages et le prix de cession du mètre cube d’eau. « Pour réaliser cette estimation, il a été procédé dans un premier temps à la catégorisation en classe, des volumes d’eau consommée mensuellement par ménage. Ensuite, les valeurs nominales des seuils de chaque classe ont été multipliés par le prix moyen de cession du mètre cube d’eau au niveau des sources d’approvisionnement en eau » (SEBO et al., 2013).

2.3.4. Qualité de l’eau La qualité de l’eau a été appréciée à travers l’exploitation des résultats de nombreuses études antérieures (BOUKARI, 1982 ; BLALOGOE, 2002 ; GOMEZ, 2010 ; etc.). Les conditions de gestion de l’eau de consommation et la salubrité autour des points d’eau, qui constituent également des facteurs dégradant de la qualité de l’eau ont été aussi examinés.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 6 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

2.3.5. Construction d’un indice d’accès à l’eau potable (IAEP) L’indice d’accès à l’eau potable (IAEP) est un indice synthétique construit. Il est apprécié à travers des paramètres qui traduisent d’une manière ou d’une autre, les conditions d’accès à l’eau potable. Ces paramètres concernent la qualité de l’eau, l’accessibilité aux points d’eau et la valeur financière de l’eau. Pour construire l’IAEP, le nombre de modalités par variable a été uniformisé à trois et il a été affecté des coefficients de 1 à 3 aux différentes modalités en fonction de leur importance. Le tableau II présente les variables et les modalités utilisées pour la construction de l’IAEP.

Tableau II : variables et modalités utilisées pour la construction de l’IAEP Paramètres Variables Modalités Qualité de l’eau Sources d’approvisionnement en eau (A) 1 = SONEB, Forage ; 2 = Puits ; 3 = Eaux de surface Matériels de stabilisation de l’eau au 1 = Sachet ; 2 = Feuilles végétales ; cours du transport (B) 3 = Autres (à préciser) Natures du récipient de stockage (C) 1 = Terre cuite (jarre) ; 2 = Plastique (seau) ; 3 = Métallique (barrique) Procédés de potabilisation de l’eau (D) 1 = Ebullition ; 2 = Décantation, chloration, javellisation et autres ; 3 = Rien Accessibilité au PE Distances parcourues pour 1 = Moins de 200 m ; 2 = Entre 200 m et s’approvisionner (E) 500 m ; 3 = Plus de 500 m Valeur financière Prix de cession du mètre cube d’eau (F) 1 = Moins de 200 FCFA ; 2 = Entre 201 et de l’eau 400 FCFA ; 3 = plus de 401 FCFA

La construction de l’IAEP, a été réalisée par une moyenne arithmétique présentée par le n protocole statistique suivant : 1 IAEP = ∑ nixi i N i=1

푛 avec 푁 = ∑푖=1 푛푖 et xi les coefficients (les variables C, D, E, et F étant considérées deux fois plus importantes que A et B). Appliqué aux variables retenues, le protocole statistique devient : 1

IAEPi = [A + B + 2(C + D + E + F)] 10 Avec cette approche, les résultats attendus au niveau des IAEP sont des valeurs numériques entières allant de 1 à 3 et correspondant respectivement aux valeurs nominales "accès facile", "accès moyen" et "accès difficile".

3. RESULTATS ET DISCUSSION

3.1. Disponibilité de l’eau dans la commune de Savalou La présente section présente les caractéristiques physiques et humaines du milieu qui fondent la disponibilité de l’eau.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 7 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

3.1.1. Contexte climatique La commune de Savalou se trouve dans une zone climatique de transition entre le subéquatorial et le tropical humide de type soudano-guinéen. C’est la zone où s’estompent les influences de la mousson du sud-ouest et de l’alizé continental (harmattan) du nord-est (ASSOGBA, 2011). Cette situation détermine la répartition des pluies qui est marquée par une alternance de deux saisons pluvieuses (mars à juillet et septembre à novembre) et de deux saisons sèches (décembre à mars et en août correspondant à la flexion des précipitations)

La moyenne annuelle des pluies est de 1 150 mm. Toutefois, cette pluviométrie varie suivant les années entre 864 et 1 637 mm. Les températures sont élevées toute l’année avec des minima qui se situent entre 23 °C et 24 °C et des maxima qui varient de 35 °C à 36 °C (ASSOGBA, 2011).

Les périodes humides sont les périodes de recharge de la nappe phréatique et de renouvellement des eaux de surface. Par contre, pendant les périodes sèches, la commune est exposée au tarissement des points d’eau et à l’assèchement des vallées. Ceci expose les points d’eau aux risques de contamination chimiques et bactériologiques. Elles expriment de ce fait la disponibilité de l’eau.

3.1.2. Contextes géomorphologique et hydrogéologique « La structure morphologique du secteur d’étude, dictée par les roches en place, joue un rôle important dans la constitution des réservoirs d’eau » (GOMEZ, 2010). En effet, la Commune de Savalou repose sur une pénéplaine cristalline caractérisée par une vieille surface d’aplanissement de formations métamorphiques (gneiss, granites alcalins, etc.), magmatiques (microgranites) et sédimentaires d’âge tertiaire (quartzites, quartzites feldspathiques à mica blanc, dépôts terrigènes) sur laquelle le substratum topographique est entrecoupé de formes résiduelles de reliefs (collines, inselbergs) en forme de dôme (HOUNDENOU, 1999). Les inselbergs de Savalou montrent la roche-mère avec des diaclases donnant des pentes relativement fortes (ADJANOHOUN, 1999) variant de 3 % à 5 % à l’est vers la rivière Agbado et 8 % à 10 % vers le nord-ouest, au pied des collines. Ces pentes viennent s’échouer régulièrement dans des zones marécageuses, réceptacles naturels des eaux de ruissellement. Ainsi, les formes de relief engendrent avec le concours du contexte climatique, des réservoirs d'eau constitués par les retenues collinaires, les nappes d’eau souterraine, les vallées, etc.

Sur le plan hydrogéologique, les réservoirs souterrains sont constitués dans les altérites surmontant les roches en place, dans les roches fracturées ou dans les fissures qui facilitent l’infiltration des eaux pluviales. Mais la faible perméabilité des formations poreuses comme les altérites limite le débit des ouvrages hydrauliques. Pour un débit optimum, il faut donc à la base des altérites, un système drainant naturel capable d’induire un grand volume d’eau. Ce système drainant peut être des arènes sableuses, des fissures au sommet de la roche, ou une fracture. L’importance de l’altération devient la condition sine qua non pour la formation de gisements d’eaux souterraines (GBATCHO, 1992 ; BOKO, 1998 ; BLALOGOE, 2002).

Du point de vue de la profondeur, les forages du secteur d’étude atteignent environ 45 m pour un niveau d’eau variant entre 10 m et 25 m (figure 2). Le taux de réussite de ces forages est de 70 % à 80 % à Savalou et alentours (SOGREAH, 1997).

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 8 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Figure 2 : situation hydrogéologique de la Commune de Savalou

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 9 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

3.1.3. Réseau hydrographique Le principaux cours d'eau de Savalou sont saisonniers : Agbado (avec ses affluents : Kinsissa,

Sèhossou, Agbéto et Lévia), Klou, Gbogui, Azokan. Ils drainent le secteur d’étude surtout pendant la période de pluie. Les dos de baleine affleurant à faible profondeur génèrent des réserves d’eau logées dans les poches rocheuses ou de véritables mares boueuses exploitées par les pasteurs (GOMEZ, 2010). Du fait de leur localisation en zone de roches cristallines, ils s’assèchent juste après l’arrêt des pluies. Malgré cela, ils servent pour la population, de sources d’approvisionnement en eau de consommation. Aussi, leur lit sont-ils surcreusés par les populations pour servir de points d’eau même en saison sèche (photo 1).

Photo 1 : approvisionnement en eau au niveau d’une mare à Tchetti Prise de vue : GOMEZ, 2010

3.1.4. Sources recommandées et pression démographique sur les points d’eau La Commune de Savalou bénéficie depuis plusieurs années de nombreuses réalisations d’ouvrages hydrauliques tels que les forages (forages équipés de pompe à motricité humaine

(FPM), les bornes fontaines (BF), et les puits modernes. Dans l’ensemble de la Commune en

2014, un besoin d’environ 618 points d’eau se note pour une population de 154 495 habitants avec un point d’eau pour 250 personnes. Mais en décembre 2014 où ont lieu les enquêtes de terrain dans le cadre de la présente recherche, la Commune de Savalou ne disposait que de 410 points d’eau fonctionnels dont la répartition géographique est faite par la figure 3.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 10 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Figure 3 : répartition géographique des ouvrages hydrauliques dans la Commune de Savalou

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 11 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

La figure 3 dessine deux zones distinctes de concentration des ouvrages hydrauliques :  l’est (du nord-est au sud-est) où se retrouvent les arrondissements de Ottola, Doumè, Tchetti, Lèma et Djaloukou ;  l’ouest et le nord-ouest où se retrouvent les arrondissements de Aga, Agbado, Monkpa, Attakè, Ouessè, Kpataba, Lahotan, Logozohè et Gobada.

Bien que les arrondissements de Agbado, Monkpa et Attakè se retrouvent dans une zone de forte concentration des ouvrages hydrauliques, ils sont néanmoins les moins pourvus. Ce sont également des arrondissements à forte concentration de puits modernes pour la plupart hors d’usage. L’analyse de cette situation amène à conclure que le politique envisagerait certainement la proximité des villages environnants de Agbado, Monkpa et Attakè, plus ou moins bien pourvus, comme une solution de desserte pour lesdits arrondissements.

La croissance exponentielle de la population a pour conséquence une pression énorme sur les infrastructures hydrauliques (tableau III).

Tableau III : inventaire des points d’eau potable dans la Commune de Savalou Total PE Ratio nombre d’habitants/nombre Arrondissements Population Besoins en PE fonctionnels de points d’eau AGA 13 833 55 29 477 AGBADO 12 538 50 14 896 ATTAKE 10 498 42 17 618 DJALOUKOU 10 071 40 36 280 DOUME 21092 84 60 352 GOBADA 72 57 29 27 269 KPATABA 14 702 59 42 350 LAHOTAN 9 519 38 24 397 LEMA 10 831 43 27 401 LOGOZOHE 6 866 27 29 237 MONKPA 4 429 18 4 1 107 OTTOLA 9 449 38 23 411 OUESSE 10 554 42 31 340 TCHETTI 12 856 51 47 274 SYNTHESE 154 495 618 410 Source : BDI/DG-Eau/MERPMEDER, 2014

Les résultats du tableau III sont révélateurs de l’énorme pression sur les points d’eau (tableau III). En dehors de l’arrondissement de Logozohè qui présente un ratio de 237 habitants/point d’eau (ratio normal par rapport au ratio national qui est de 250 habitants/point d’eau), il peut être également considéré que les arrondissements de Gobada, Tchetti et Djaloukou, avec respectivement des ratios de 269 habitants/point d’eau, 274 habitants/point d’eau et 280 habitants/point d’eau, restent aussi dans les normes. Les autres arrondissements présentent des ratios de deux à quatre fois supérieurs à la norme nationale. L’arrondissement de Monkpa présente exceptionnellement un ratio supérieur à la norme nationale de près de cinq fois.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 12 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Les pannes récurrentes des ouvrages hydrauliques, l’incapacité financière des ménages à faire face aux dépenses d’approvisionnement en eau au niveau des sources recommandées, les contraintes liés à la réalisation desdits équipements, etc. sont les principales raisons qui expliquent cette forte pression démographique sur les points d’eau (SEBO, 2014) dans la Commune de Savalou. Tout ceci affecte le potentiel des ménages à s’alimenter exclusivement en eau potable issue des ouvrages d’exhaure. Cette pression démographique sur les points d’eau amène la population à rechercher des sources d’eau complémentaires qui ne sont rien d’autres que les sources non recommandées. 3.1.5. Sources non recommandées Les eaux pluviales, de puits traditionnels et des cours d’eau (comme décrit au niveau du réseau hydrographique) constituent les sources non recommandées.

Le premier mode de recueillement des eaux pluviales consiste à recueillir directement l’eau au fur et à mesure des événements pluvieux avec toutes sortes de récipients disponibles dans le ménage : seaux, bassines, jarres, bidons, barriques, etc.

Le deuxième mode satisfait au souci de recueillement d’un volume très important d’eaux pluviales. De ce fait, des citernes sont érigées dans certaines concessions. L’eau collectée par les gouttières des toitures est canalisée jusqu’à la citerne, généralement installée non loin des murs (photo 2).

Photo 2 : citerne de recueillement d’eau pluviale installée dans une maison à Ahossèdo Prise de vue : ASSOGBA, 2014

L’orifice de cette citerne est couvert de matériaux ne garantissant aucune potabilité de l’eau contenue dans la citerne. Ces ouvrages sont régulièrement sujets à des fissures de leurs parois en parpaing nécessitant ainsi des réparations fréquentes. Ainsi, seuls les ménages relativement nantis se dotent de tels équipements. Ce qui explique leur rareté dans la Commune.

Quant aux puits traditionnels, ce sont les formes anciennes de puits, installées dans la plupart des localités par des artisans puisatiers. Ces puits souvent sans margelle, tarissent pendant la saison sèche. Leurs abords immédiats sont sales avec formation de bourbier dans lequel traînent puisettes et cordes, ce qui dégrade la qualité de l’eau des puits.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 13 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Planche 1 : puits traditionnels situé à Honmè non loin du palais royal de Savalou Prise de vue : ASSOGBA, 2014 3.2. Accessibilité des ménages à l’eau potable Dans la Commune de Savalou, 33,33 % des ménages parcourent plus de 1 000 m en aller-retour pour s’approvisionner en eau potable, toutes saisons confondues. Pour une distance de 400 m en aller-retour, 38,29 % des ménages ont été enregistrés et 28,36 % des ménages parcourent entre 400 m et 1 000 m en aller-retour. Mais, ces distances sont plus élevées dans les milieux ruraux que le centre urbain. Ainsi, dans le centre urbain, le problème de l’accessibilité se pose moins puisque 67,38 % de la population urbaine accède aux points d’eau à moins de 100 m. Par contre, en milieu rural, il faut faire en moyenne 1 600 m pour s’approvisionner en eau. La relative facilitée observée dans l’approvisionnement en eau dans le centre urbain de Savalou relève de la fourniture de l’eau potable par la SONEB.

Ces résultats comparativement aux normes OMS (200 m en aller-retour pour s’approvisionner en eau potable), montrent qu’un peu moins du tiers (28,92 %) des ménages de la Commune de Savalou accède à l’eau potable. Ces résultats qui illustrent parfaitement les difficultés d’accessibilité à l’eau potable dans la Commune de Savalou sont similaires aux Résultats de MADAMONBE (2007), CAPO-CHICHI (2008), BABADJIDE (2010), GOMEZ (2010) et SEBO (2014).

3.3. Capacité financière des ménages L’analyse de la capacité financière des ménages à faire face aux coûts liés à l’approvisionnement en eau passe par plusieurs étapes. Il s’agit d’abord de quantifier le volume d’eau consommé par ménage, d’établir ensuite le budget théorique de consommation d’eau par ménage et enfin, de comparer ce budget théorique aux revenus des ménages.

Dans la Commune de Savalou, le prix moyen de cession du mètre cube d’eau varie entre 320 FCFA et 4 000 FCFA. Il est aisé de comprendre à travers ces chiffres que le prix de cession du mètre cube d’eau (198 FCFA) par la SONEB est largement inférieur au prix fait au niveau des forages ou des Postes d’Eau Autonomes (PEA). Pis, il est inimaginable qu’un ménage débourse 4 000 FCFA pour s’approvisionner en un seul mètre cube d’eau. Ces conditions financières de

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 14 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

cession de l’eau limitent forcément la majorité de la population savaloise qui essentiellement rurale, serait d’un niveau de vue relativement faible. Le tableau IV présente l’estimation du budget mensuel théorique de consommation d’eau par ménage.

Tableau IV : budget mensuel théorique de consommation d’eau par ménage (1) (2) (3) (4) (5) 01 198 1 390 198 1 390 05 198 1 390 990 6 950 10 198 1 390 1 980 13 900 15 198 1 390 2 970 20 850 20 198 1 390 3 960 27 800 25 198 1 390 4 950 34 750 30 198 1 390 5 940 41 700 Source : résultats d’enquête de terrains, 2014 (1) : volumes d'eau par ménage par moi (en m3) ; (2) : prix de cession du mètre cube d'eau par la SONEB (1ère tranche) ; (3) : prix moyen de cession du mètre cube d'eau au niveau des points d’eau (en FCFA) ; (4) : prix mensuels théoriques par ménage (en FCFA) calculés à partir du (2) ; (5) : prix annuels théoriques par ménage (en FCFA) calculés à partir du (3)

L’analyse du tableau IV montre que les ménages de la Commune de Savalou dépenseraient théoriquement par mois entre 1 390 FCFA et 41 700 FCFA pour s’approvisionner entre 1 m3 et 30 m3 d’eau au niveau des points d’eau recommandés. Pour les mêmes volumes, ils dépenseraient entre 198 FCFA et 5 940 FCFA s’ils s’approvisionnaient au niveau du réseau de la SONEB. Ces résultats confirment ceux de SEBO (2014) qui constat « que ce sont les populations les plus pauvres qui paient plus chèrement l’eau potable ». Les revenus de ménages confirment également un tel état des choses. C’est du moins ce que révèle le tableau V qui présente d’ailleurs les revenus des ménages du secteur d’étude.

Tableau V : revenus mensuels approximatifs des ménages de la Commune de Savalou Revenus (en Moins de 51 000 à 100 001 à 151 000 à Plus de TOTAL FCFA) 50 000 100 000 150 000 200 000 2 000 000 Proportion de 86,32 09,47 02,94 00,00 01,27 100,0 la population Source : résultats d’enquête de terrains, 2014

Il ressort de l’analyse du tableau V que 86,32 % des ménages doivent satisfaire tous leurs besoins avec moins de 50 000 FCFA par mois. Environ neuf pour cent (9,47 %) des ménages ont un revenu variant entre 51 000 FCFA et 100 000 FCA par mois. Seulement 4,21 % des ménages gagnent plus de 100 000 FCFA par mois. Il faut cependant signaler que presque la totalité des ménages gagnant plus de 100 000 FCFA résident dans le centre urbain de Savalou ou dans ses périphéries. Ceux gagnant moins de 50 000 FCFA résident pour la grande majorité en milieu rural savalois.

La pression qu’exerceraient le budget mensuel théorique de consommation d’eau sur ces revenus déjà faibles est énorme. Cette pression pourrait être de l’ordre de 03 % à 84 % sur le revenu de ceux qui gagnent moins de 50 000 FCFA et de l’ordre de 00,70 % à 21 % sur le

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 15 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

revenu de ceux qui gagnent environ 200 000 FCFA. Or, ce sont ces derniers qui, vivant dans le centre urbain ou dans ces périphéries, accèdent à l’eau de la SONEB.

Ces résultats sont similaires avec ceux de CAIRNCROSS (1990) et de SEBO (2014).

3.4. Qualité de l’eau de consommation dans la Commune de Savalou Etant donné que la population, vue les contraintes à l’accès à l’eau potable décrites plus haut, recourent aux sources non recommandées, il est important de se pencher sur la question de la qualité de l’eau qu’elle consomme. L’idéal aurait été de recourir à des prélèvements d’échantillon d’eau à analyser. Mais, les contraintes financières n’ont pas permis de réaliser cela. L’analyse présentée dans cette section (tableau VI) s’appuie alors sur les résultats d’autres études notamment sur les résultats des analyses bactériologiques réalisées par GOMEZ (2010) et les résultats de la surveillance bactériologique organisée par la DG Eau.

Tableau VI : qualité de l’eau de consommation dans la Commune de Savalou Puits Citerne Paramètres traditionnel Rivière (Sinli) Rivière (Agbado) Normes (Kpataba) (Tchetti) Innombrable + Innombrable + Coliformes 58 + formation de Innombrable formation de formation de 10/ml fécaux champignons champignons champignons Coliformes 90 + formation de Innombrable Innombrable Innombrable 10/ml totaux champignons Pas de fermentation Streptocoques Positive Positive Innombrable Innombrable de lactose ni fécaux production de gaz Eau de mauvaise Eau de mauvaise Eau de mauvaise Eau de mauvaise Observation Eau saine qualité qualité qualité qualité Source : GOMEZ, 2010 + surveillance DG Eau, 2014

Il ressort de l’analyse du tableau VI qu’aucun échantillon d’eau ne présente la qualité d’eau saine. Les échantillons d’eau des rivières sont ceux de plus mauvaise qualité. L’eau de puits traditionnel est la moins mauvaise.

Les raisons qui expliquent la mauvaise qualité de l’eau sont nombreuses. Il peut être cité la nature de la source elle-même, les processus de contamination dus aux modes de gestion des ordures ménagères et des excrétas, au manque d’hygiène et d’assainissement et à l’inefficacité des méthodes de potabilisation de l’eau. Mais, le plus frappant reste l’insalubrité autour des points d’eau. En effet, les eaux de surfaces (cours d’eau) « sont directement utilisées pour la lessive et la vaisselle. La satisfaction des besoins ménagers et de production de la population en eau, au bord et/ou directement dans les eaux de surface, rend donc insalubre la source » (SEBO, 2014). De plus, les abords des forages et puits sont très mal entretenus.

3.5. Taux de desserte et indicateur d’accès à l’eau potable (IAEP) Le taux de desserte est un indicateur qui permet d’évaluer l’effectif de la population desservi par les points d’eau fonctionnels dans un milieu. Se référant au tableau VII, la satisfaction du

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 16 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

besoin en point d’eau pour l’ensemble de la Commune (en décembre 2014) est de 66,35 %. Mais, cette satisfaction d’ensemble n’est qu’une façade qui cache des disparités profondes.

Tableau VII : taux de desserte dans la Commune de Savalou Taux de desserte Arrondissements Population Besoins en PE Total PE fonctionnels (%)

AGA 13 833 55 29 52,41

AGBADO 12 538 50 14 27,92

ATTAKE 10 498 42 17 40,48

DJALOUKOU 10 071 40 36 89,37

DOUME 21092 84 60 71,12

GOBADA 72 57 29 27 93,01

KPATABA 14 702 59 42 71,42

LAHOTAN 9 519 38 24 63,03

LEMA 10 831 43 27 62,32

LOGOZOHE 6 866 27 29 105,59

MONKPA 4 429 18 4 22,58

OTTOLA 9 449 38 23 60,85

OUESSE 10 554 42 31 73,43

TCHETTI 12 856 51 47 91,40

SYNTHESE 154 495 618 410 66,35

Source : BDI/DG-Eau/MERPMEDER, 2014

Il ressort de l’analyse du tableau VII que la Commune de Savalou est desservie à 66,35 %. Il est néanmoins constaté que certains arrondissements sont très peu desservis à l’image de Monkpa (22,58 %), de Agbado (27,92 %) ou encore de Attakè (40,48 %). L’arrondissement le mieux desservi est celui de Logozohè qui pointe à 105,59 % de taux de desserte. Les autres arrondissements présentent un taux de desserte qui varie entre 60 % et 93 %.

Pour comparer ces résultats théoriques à la réalité, il a été procédé à la détermination d’un indice d’accès à l’eau potable (IAEP) suivant la démarche décrite dans l’approche méthodologique. Les résultats relatifs à l’IAEP sont présentés dans le tableau VIII.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 17 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

Tableau VIII : résultats de la détermination de l’IAEP IAEP ARRONDISSEMENT TOTAL Moyen Difficile % compris dans arrondissement 5,56 % 94,44 % 100,00 % AGA % du total 0,71 % 12,06 % 12,77 % % compris dans arrondissement 0,00 % 100,00 % 100,00 % AGBADO % du total 0,00 % 9,93 % 9,93 % % compris dans arrondissement 0,00 % 100,00 % 100,00 % ATTAKE % du total 0,00 % 7,80 % 7,80 % % compris dans arrondissement 55,56 % 44,44 % 100,00 % DJALLOUKOU % du total 3,55 % 2,84 % 6,38 % % compris dans arrondissement 28,57 % 71,43 % 100,00 % DOUME % du total 2,84 % 7,09 % 9,93 % % compris dans arrondissement 71,43 % 28,57 % 100,00 % GOBADA % du total 3,55 % 1,42 % 4,96 % % compris dans arrondissement 38,46 % 61,54 % 100,00 % KPATABA % du total 3,55 % 5,67 % 9,22 % % compris dans arrondissement 33,33 % 66,67 % 100,00 % LAHOTAN % du total 2,13 % 4,26 % 6,38 % % compris dans arrondissement 50,00 % 50,00 % 100,00 % LEMA % du total 3,55 % 3,55 % 7,09 % % compris dans arrondissement 57,14 % 42,86 % 100,00 % LOGOZOHE % du total 2,84 % 2,13 % 4,96 % % compris dans arrondissement 20,00 % 80,00 % 100,00 % MONKPA % du total 0,71 % 2,84 % 3,55 % % compris dans arrondissement 55,56 % 44,44 % 100,00 % OTTOLA % du total 3,55 % 2,84 % 6,38 % % compris dans arrondissement 30,00 % 70,00 % 100,00 % OUESSE % du total 2,13 % 4,96 % 7,09 % % compris dans arrondissement 80,00 % 20,00 % 100,00 % TCHETTI % du total 2,84 % 0,71 % 3,55 % % compris dans arrondissement 31,91 % 68,09 % 100,00 % TOTAL % du total 31,91 % 68,09 % 100,00 % Source : résultats d’enquête de terrain, 2014

Il ressort de l’analyse du tableau VIII que Bien que dans le centre urbain savalois, certains ménages disposent de la connexion au réseau de la SONEB, aucun ménage n’a un accès facile à l’eau potable. Il est plutôt observé que 68,09 % de la population de la Commune de Savalou ont un accès difficile à l’eau potable tandis que 31,91 % y ont un accès moyen. Seuls dans les arrondissements de Djalloukou (89,37 %), Gobada (93,01 %), Logozohè (105,59 %) et Tchetti (91,40 %) où les taux de desserte sont les plus élevés, il est remarqué que les proportions des ménages ayant un accès moyen à l’eau potable dépassent 50 %. Il y a également les cas des arrondissements de Agbado (00,00 %), Attakè (00,00 %) et Aga (05,56 %) où les proportions des ménages ayant un accès moyen à l’eau potable sont insignifiantes voire nulles. Dans le reste des arrondissements, les proportions des ménages ayant un accès moyen à l’eau potable n’atteignent pas 40 % à l’exception de l’arrondissement de Lèma (50 %).

Ces résultats infirment le taux de desserte 66,35 % officiellement établi par les services de l’Etat en charge de la réalisation des points d’eau, de la production et de la distribution de l’eau

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 18 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

potable. L’accès théorique à l’eau (taux de desserte) ne correspond donc pas l’accès réel à l’eau (IAEP) des populations. Ceci s’explique par le fait que plusieurs variables sont agrégées pour déterminer l’IAEP. Par exemple, le fait de disposer de l’eau de la SONEB à domicile, ce qui bonifie les paramètres de "distances parcourues" et de "qualité" de l’eau à la source, peut être compromis par l’usage des récipients souillés, de la capacité financière des ménages à faire face aux coûts de l’eau, etc.

CONCLUSION L’eau est une ressource indispensable à la vie de tous les êtres vivants. Sa disponibilité - quantité et qualité - en temps voulu, constitue une préoccupation majeure permanente pour toute population. Dans la Commune de Savalou, le problème de disponibilité de l’eau se pose. En effet, la situation hydrogéologique caractéristique de la Commune, imprime à la réalisation des forages, un taux de réussite de 70 % à 80 % pour des ouvrages atteignant environ 45 m. Cependant, le débit de ces ouvrages hydrauliques est faible et devient critique en saison sèche au cours de laquelle les puits tarissent et les cours d’eau s’assèchent. De plus, la mauvaise répartition des points d’eau font de certains arrondissements (Ottola, Doumè, Tchetti, Lèma et Djaloukou, Ouessè, Kpataba, Lahotan, Logozohè et Gobada) des zones bien pourvues et d’autres (Agbado, Monkpa et Attakè) des zones moins pourvues. Par ailleurs, la population exerce une énorme pression sur les ouvrages hydrauliques. En dehors des arrondissements de Logozohè, Gobada, Tchetti et Djaloukou, qui présentent des ratios « nombre d’habitants/nombre de points d’eau » relativement normaux par rapport au ratio national qui est de 250 habitants/point d’eau, les autres arrondissements présentent des ratios de deux à cinq fois supérieurs à la norme nationale. Tout ceci impacte négativement la disponibilité de l’eau dans la Commune de Savalou.

A cette « indisponibilité de l’eau » s’ajoutent la valeur financière de l’eau. En effet, l’eau au niveau des forages n’est pas gratuite. Son acquisition exige alors des ménages de débourser une certaine somme. La population, déjà assez pauvre (86,32 % de la population gagne moins de 50 000 FCFA), devrait faire face à une dépense théorique de 1 390 FCFA à 41 700 FCFA pour s’approvisionner entre 1 m3 et 30 m3 d’eau au niveau des points d’eau recommandés, alors que pour les mêmes volumes, elle ne dépenserait qu’entre 198 FCFA et 5 940 FCFA si elle s’approvisionnait au niveau du réseau de la SONEB. Cette dépense théorique représente 03 % à 84 % du revenu de la frange de la population qui gagne moins de 50 000 FCFA.

Les longues distances parcourues par la population ne facilitent pas, elles aussi, l’approvisionnement en eau des ménages : 33,33 % des ménages parcourent plus de 1 000 m en aller-retour et 28,36 % des ménages parcourent entre 400 m et 1 000 m en aller-retour, pour s’approvisionner en eau potable, toutes saisons confondues. Or, les normes OMS stipulent qu’un ménage ne doit pas faire plus de 200 m en aller-retour pour s’approvisionner en eau potable.

Au terme de la présente étude, il peut être donc conclut que l’accès à l’eau est sérieusement compromis dans la Commune de Savalou. Le taux de desserte 66,35 % n’est d’ailleurs pas confirmé par l’indice d’accès à l’eau potable calculé, qui révèle qu’aucun ménage n’a un accès

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 19 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

facile à l’eau dans le secteur d’étude même à Logozohè où le taux de desserte atteint 105,59 %. Pire, l’IAEP démontre, avec 68,09 % de la population ayant un accès difficile à l’eau, que le taux de desserte n’est pas un indicateur qui révèle la réalité de l’accès à l’eau. Il est donc important que la démarche d’évaluation proposée par la présente recherche soit adoptée, réétudiée et affinée à travers d’autres recherches par d’autres auteurs spécialistes de la question de l’accès à l’eau afin que cette nouvelle méthode permette d’approcher au mieux la réalité de l’accès à l’eau dans les pays africains au sud du Sahara.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ADJANOHOUN, D., (1999) : Les techniques de gestion des écosystèmes lacustres et péri- lacustres : l'exemple des populations de pêcheurs du lac Ahémé au sud-Bénin. Mémoire de DEA, FLASH/UNB, 61 p. ASSEMOUATCHOA, A., (2011) : Difficultés d'approvisionnement en eau potable des ménages du village de Gblainvié. Master international environnement, eau et santé, Université de Lomé, 51 p. AYENA, M. G., (2009) : Problématique de l’eau potable dans l’arrondissement de Lissazounmè (commune d’Agbangnizoun). Mémoire de maîtrise en Géographie, FLASH/UAC, 81 p. BABADJIDE, C. L., (2010) : Etude de l’influence de la pollution hydrique sur la santé humaine dans le bassin du fleuve Mono au Bénin. Thèse de doctorat, EDP/GENV/FLASH/UAC, 208 p. + annexes. BDI/DG-Eau/MERPMEDER, (2014) : Situation des points d'eau au Bénin : point des réalisations par village au 31 décembre 2014. Cotonou, 249 p. BLALOGOE C. P., (2002) : L’eau et la Santé publique en milieu de climat de transition : étude de cas de la commune de Glazoué. Mémoire de maîtrise en géographie, FLASH/UAC, 110 p. BOKO, M., (1998) : Climat, eau et société au Bénin. In Annales de la FLASH, UAC, 50 p. BOUGUERRA, M.L., (2003) : Les batailles de l’eau pour un bien être de l’humanité. Paris, éditions Charles Léopold Mayer. BOUKARI, M., (1982) : Contribution à l’étude hydrogéologique des régions de socle de l’Afrique intertropicale : Hydrologie de la région de Dassa-Zoumé (Bénin). Thèse de spécialité, Université de Dakar, 131 p + annexes.

CAIRNCROSS, S., (1990) : Water Supply and the Urban Poor. In J. Hardoy, S. Cairncross and D. Satterthwaite (eds.), The Poor Die Young, London, Earthscan Publications, pp 109-126. CAPO-CHICHI, B., (2008) : La quête d’eau potable en saison sèche, du côté de Kpataba. Lettre du Bénin-9, Aqueduc Info, document disponible en ligne sur le site http://www.aqueduc.info/La-quete-d-eau-potable-en-saison. DIOP, S., REKACEWICZ, Ph., (2003) : Atlas mondial de l’eau. Une pénurie annoncée, Paris, Éd. Autrement, coll. Atlas/monde, PNUE, 63 p.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 20 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

DORIER-APPRILL, E., (2006) : La gestion de l’eau et des déchets dans les villes des PVD, entre modèles exogènes et pratiques populaires. In Ville et Environnement sous la direction d’Elisabeth DORIER-APPRILL, SEDES, Paris, pp. 385-408. GBATCHO, A. M., (1992) : Contribution à l’étude des rythmes pluviométriques et hydrologiques du bassin de l’Ouémé au pont de Savè. Mémoire de maîtrise de géographie, UNB, Abomey-Calavi, 68 p. GOMEZ, C.A., (2010) : Qualité des eaux de consommation et l’état de santé des populations en milieu Itcha-Ifè dans le département des Collines au Bénin. Thèse de Doctorat Unique de géographie, EDP/FLASH/UAC, 265 p. HALLIS, L. J., et al., (2015 : Preuve de l’eau primordiale dans le manteau profond de la terre. In Science vol. 350, issue 6262, pp. 795-797, DOI : 10.1126 / science.aac4834. HOUNDENOU, C., (1999) : Variabilité climatique et maïsiculture en milieu tropical humide, diagnostic et modélisation : l’exemple du Bénin. Thèse de Doctorat Unique. Université de Bourgogne. Dijon, 341 p. MACDONALD, A. M., et al., (2012) : Quantitative maps of groundwater resources in Africa. In Environmental Research Letters, volume 7, numéro 2, 8 pages. MADAMOMBE, I., (2007) : L'eau qui améliore la vie. In Afrique Renouveau, volume 21, n° 1 (01/04/2007), pp 14-15. Document disponible en ligne sur le site http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol21no1/211-nepad-tanzanie.html. MBIAMANY-N’TCHORERET, J., (2010) : la tragédie d'accessibilité à l'eau potable. Document disponible en ligne sur le site www.juliette.abandokwe.over-blog.com/arti. MUTUME, G. (2004) : Alimentation en eau des zones rurales, le gouvernement s’engage à fournir de l’eau à tous d’ici à 2008. In Afrique Renouveau ONU, Vol. 18, N°2, 21 pages. OGORON, D., (2008) : Le management des associations d'usager d'eau (AUE) dans le cadre d'hydraulique villageoise au Bénin : cas de quatre AUE dans le département de Zou. Mémoire de maîtrise en science de gestion, Université de Parakou au Bénin, 64 p. OMS, (2006) : Prévenir la maladie grâce à un environnement sain. Une estimation de la charge de morbidité imputable à l'environnement. Document disponible en ligne sur le site www.who.int/quantifying_ehimpacts/publications/preventingdisease.pdf ONU, (2005) : Rapport du Projet Objectifs du Millénaire. Equipe de Projet sur l’eau et l’assainissement :http://www.unmillenniumproject.org/documents/TF7-water-F.pdf SCHWARTZ, D., (1995) : Méthodes statistiques à l’usage des médecins et biologistes. Collection statistique en biologie et en médecine, 4ème édition, Flammarion, Médecine et Sciences, Paris, 314 p. SEBO, E., (2014) : Analyse des facteurs de différenciation de la morbidité diarrhéique dans le bassin géographique sud-béninois du fleuve mono (Afrique de l’Ouest). Thèse de doctorat unique, UAC/FLASH/EDP, Cotonou, 339 p.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 21 Journal of Advance Research in Social Science & Humanities ISSN: 2208-2387

SEBO, E., et al., (2013) : valeur économique de l’eau potable dans le bassin géographique sud- béninois du fleuve Mono (Afrique de l’Ouest) : étude comparative entre zone inondable (ZI) et zone non inondable (ZNI). Les cahiers du CBRST, N°4, décembre 2013, Bénin, pp. 52-67. SOGREAH, (1997) : Etude de la stratégie nationale de gestion des ressources en eau au Bénin – Etude de l’intrusion saline dans l’aquifère alimentant. Volet A – Direction de l’Hydraulique, Cotonou, 74 p. + annexes. UNESCO, (2003) : L’eau pour les homes, l’eau pour la vie : résumé. Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau. Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau, 36 pages. VALLEY, J. W., et al., (2002) : A cool early earth. In Geology, vol. 30, issue 4, pp. 351-354. WILDE, S. A., et al., (2001) : Evidence from detrital zircons for the existence of continental crust and oceans on the Earth 4.4 Gyr ago. In Nature, vol 409, issue 11, pp. 175-178.

Volume-4 | Issue-10 | October,2018 22