Analyse Généalogique Des Races Bovines Laitières Françaises
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INRA Prod. Anim., D. BOICHARD (1), L. MAIGNEL (1, 2), 1996, 9 (5), 323-335 E. VERRIER (1, 2) Analyse (1) INRA Station de GŽnŽtique gŽnŽalogique Quantitative et AppliquŽe 78352 Jouy-en-Josas Cedex des races (2) Institut National Agronomique 16 rue Claude Bernard 75531 Paris Cedex 05 bovines laiti•res fran•aises La recherche du progr•s gŽnŽtique maximal ˆ court terme conduit ˆ un appauvrissement de la variabilitŽ gŽnŽtique ˆ long terme. Ce constat, tr•s gŽnŽral, est probablement tr•s marquŽ chez les bovins laitiers, le besoin en reproducteurs m‰les Žtant tr•s rŽduit du fait de lÕefficacitŽ exceptionnelle de lÕinsŽmination artificielle. Cet article prŽsente un bilan de la situation dans les huit principales races fran•aises, sur la base des donnŽes gŽnŽalogiques disponibles. Au cours des 25 derni•res annŽes, lÕŽlevage protŽique et du taux protŽique en 1993 (Col- bovin laitier en France a connu une intensifi- leau et al 1994), lÕobjectif de sŽlection est restŽ cation constante, tant par la voie gŽnŽtique assez stable tout au long de cette pŽriode et que par lÕamŽlioration de la conduite. LÕins- assez homog•ne entre populations animales tauration des quotas de production en 1984 et entre Žleveurs. nÕa pas modifiŽ fondamentalement cette Cet Žtat de fait a conduit ˆ une homogŽnŽi- orientation, lÕaugmentation de la productivitŽ sation du cheptel national et ˆ une simplifica- par vache Žtant compensŽe par une diminu- tion extr•me du paysage racial. La Frisonne tion du nombre de vaches. MalgrŽ des rapidement Ç holsteinisŽe È (Boichard et al inflexions nettes du crit•re de sŽlection vers 1993), bŽnŽficiant dÕun progr•s gŽnŽtique tr•s la quantitŽ de mati•re utile en 1978, puis vers ŽlevŽ, a progressŽ au dŽtriment des autres une combinaison de la quantitŽ de mati•re races, en particulier la Normande. Actuelle- ment, en dehors des populations faisant lÕob- jet de conservation et apr•s la reconversion des races Salers, Aubrac et Maine-Anjou RŽsumŽ en populations allaitantes, le cheptel laitier fran•ais ne compte plus que 8 races, dÕimpor- Cet article prŽsente un bilan de la variabilitŽ gŽnŽtique dans les huit principales tance numŽrique tr•s contrastŽe : la races bovines laiti•res fran•aises Žtabli ˆ partir de lÕinformation gŽnŽalogique. La PrimÕHolstein est majoritaire, la Normande et stratŽgie dÕouverture diff•re entre populations, les races Normande et Tarentaise la MontbŽliarde ont un effectif important et Žtant fermŽes, les races PrimÕHolstein, Pie Rouge des Plaines, Brune et Simmental Fran•aise faisant largement appel ˆ des g•nes extŽrieurs, tandis que les races une extension nationale, tandis que les MontbŽliarde et Abondance ont procŽdŽ ˆ une lŽg•re infusion de g•nes Holstein 5 autres races (Abondance, Pie Rouge des rouge. Lorsque la qualitŽ des gŽnŽalogies et la structure de la population permet Plaines, Brune, Tarentaise et Simmental de le calculer correctement, le niveau de consanguinitŽ est faible mais il sÕaccro”t Fran•aise) nÕont quÕune extension rŽgionale. assez rapidement, de lÕordre de 1 % par gŽnŽration, ce qui correspond ˆ un effectif Durant cette pŽriode, la sŽlection des races gŽnŽtique rŽalisŽ de quelques dizaines de reproducteurs. Le nombre dÕanc•tres laiti•res sÕest intensifiŽe dÕannŽe en annŽe, efficace, dŽrivŽ des probabilitŽs dÕorigine de g•nes, est compris entre 17 et 64 et dans un contexte de compŽtition entre races, nÕest pas corrŽlŽ avec le nombre de femelles dans la population. Les races bovines entre programmes nationaux intra race, voire laiti•res, du fait de lÕefficacitŽ de lÕinsŽmination artificielle, sont donc des popula- au niveau international en race Holstein. tions extr•mement rŽduites en terme dÕorigines gŽnŽtiques. Des Žtudes plus approfondies devront rapidement proposer des solutions visant ˆ prŽserver la LÕinstauration des quotas, provoquant une variabilitŽ gŽnŽtique, mais restant compatibles avec les programmes de sŽlection diminution du nombre de femelles et donc des actuels. Sans prŽjuger des rŽponses ˆ apporter, il semble cependant nŽcessaire, capacitŽs de financement des programmes de dÕune part, de maintenir toutes les populations existantes et, dÕautre part, dÕaug- sŽlection, nÕa pas remis en cause cet effort, menter le nombre de p•res ˆ taureaux. mais a plut™t accŽlŽrŽ les rŽformes de struc- ture et le regroupement des opŽrateurs. 324 / D. BOICHARD, L. MAIGNEL, E. VERRIER Cette compŽtition conduit ˆ rechercher le celui des autres esp•ces, permet de concentrer progr•s gŽnŽtique maximal ˆ court terme, au lÕeffort de sŽlection sur un tr•s petit nombre dŽtriment de la variabilitŽ gŽnŽtique ˆ moyen dÕindividus et rŽduit dÕautant lÕeffectif gŽnŽ- et long terme. Ce probl•me gŽnŽral est accen- tique des populations. tuŽ chez les bovins laitiers par deux phŽno- Cet article prŽsente une analyse rŽtrospec- m•nes : dÕune part, lÕintervalle de gŽnŽration tive de lÕŽvolution de la structure gŽnŽtique de est long, de sorte que le progr•s ˆ court terme la population au contr™le laitier des huit prin- nÕest pleinement exprimŽ quÕau bout de 8 ˆ 10 cipales races bovines laiti•res fran•aises, ana- ans, ce qui relativise la notion de long terme lyse rŽalisŽe ˆ partir de lÕinformation gŽnŽalo- aux yeux des sŽlectionneurs ; dÕautre part, le gique disponible. LÕobjectif est dÕŽtablir, sur la potentiel de diffusion exceptionnel des m‰les base dÕindicateurs simples, dans quelle par insŽmination artificielle, bien supŽrieur ˆ mesure la variabilitŽ gŽnŽtique disponible pour la sŽlection a pu •tre maintenue ˆ un niveau suffisant et sÕil ne conviendrait pas, en vue du long terme, dÕadopter certaines Evolution du nombre des inséminations premières pour les races Figure 1. mesures visant ˆ prŽserver cette variabilitŽ. françaises (source : UNCEIA). Inséminations premières (x 1000) Races d'extension nationale 3500 Prim'Holstein 1 / Situation actuelle des Normande principales races laiti•res Montbéliarde 3000 et Žvolution rŽcente Au cours des 30 derni•res annŽes, le 2500 nombre total de vaches insŽminŽes a aug- mentŽ rŽguli•rement jusquÕen 1984, et forte- ment dŽcru ensuite. Cette Žvolution gŽnŽrale 2000 traduit des Žvolutions raciales tr•s contras- tŽes, comme le montre la figure 1 relative au nombre de premi•res insŽminations. Dans les 1500 annŽes 60, la race la plus importante Žtait la Normande, mais la plupart des races avaient une extension limitŽe ˆ leur berceau dÕorigine 1000 ou leur premi•re aire dÕimplantation : la Fran•aise Frisonne Pie Noir (devenue PrimÕHolstein) dans le Nord et le Nord-Est de 500 la France, la Flamande dans le Nord, la Mont- bŽliarde en Franche ComtŽ, lÕAbondance et la Tarentaise dans les Alpes du Nord, la Brune 0 en Bourgogne et dans le Sud-Ouest, la Tache- 58 60 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 tŽe de lÕEst (devenue Simmental Fran•aise) Année dans lÕEst, et lÕArmoricaine (devenue Pie Inséminations premières (x 1000) Races d'extension régionale Rouge des Plaines) et la Bretonne Pie Noir en 140 Bretagne. Les annŽes 70 ont ŽtŽ marquŽes par le dŽveloppement de la Fran•aise Fri- sonne sur lÕensemble du territoire, en particu- Abondance lier dans lÕOuest, au dŽtriment de la Nor- 120 PRP mande et des races rŽgionales, qui ont vu Brune leurs effectifs sÕeffondrer. Dans le m•me Bretonne PN temps, la MontbŽliarde se maintenait dans 100 Tarentaise son berceau et se dŽveloppait dans le quart Simmental F Sud-Est et le Massif Central. Depuis 1984, Flamande toutes les races voient leur effectif diminuer, 80 particuli•rement la Normande, dont la rŽgres- sion rapide est inquiŽtante. Les effectifs au Contr™le Laitier (figure 2) 60 ont prŽsentŽ une tr•s forte croissance jusquÕen 1984, puis une relative stabilitŽ ensuite. Il en rŽsulte que la proportion contr™lŽe ne cesse de 40 sÕaccro”tre (65 % environ en 1995). Le crit•re le plus synthŽtique pour dŽcrire lÕeffort de sŽlection est le nombre de taureaux 20 mis ˆ lÕŽpreuve sur descendance chaque annŽe. Assez faible au dŽbut des annŽes 70, il a rŽguli•rement augmentŽ, et nÕa gŽnŽrale- 0 ment pas diminuŽ depuis 1984, en dŽpit de la 58 60 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 diminution du nombre de vaches ˆ insŽminer, Année donc de la capacitŽ de financement des pro- INRA Productions Animales, dŽcembre 1996 Analyse gŽnŽalogique des races bovines laiti•res fran•aises / 325 Figure 2. Evolution des effectifs de vaches Tableau 1. Nombre de taureaux indexés sur au contrôle laitier dans les trois races nationales descendance par année de naissance (moyenne (source : France Contrôle Laitier). sur 2 ans pour les 5 races régionales). Vaches contrôlées (x 1000) Race 1975 1982 1988 2000 Prim'Holstein Abondance 3 14 8 Normande 1800 Pie Rouge des Plaines 8 7 6 Montbéliarde Brune 7 8 4 1600 Tarentaise 2 8 2 Simmental 8 6 8 1400 MontbŽliarde 67 110 134 1200 Normande 146 139 147 PrimÕHolstein 345 734 614 1000 800 tion importante rŽside Žgalement dans la concentration des origines des taureaux de 600 testage sur un nombre de plus en plus faible 400 de p•res ˆ taureaux (tableau 2), en particulier depuis le dŽbut des annŽes 80, au profit de Depuis les annŽes 200 lÕintensitŽ de sŽlection, mais au dŽtriment de 80 le nombre de la sŽcuritŽ des rŽsultats et sans doute de la p•res ˆ taureaux 0 variabilitŽ gŽnŽtique. En aval, la production a beaucoup 60 64 68 72 76 80 84 88 92 de semence a ŽtŽ modifiŽe pour augmenter le Année nombre de doses produites par taureau, ce diminuŽ : de 1/3 en qui permet dÕaugmenter la pression de sŽlec- race MontbŽliarde grammes de sŽlection (tableau 1). Toutes tion apr•s testage (passŽe de 20 % ˆ 10 % de ˆ plus de 2/3 races confondues, plus de 1 000 taureaux sont taureaux mis en service) et de mieux satis- en Normande faire les Žleveurs en prŽservant un reliquat testŽs chaque annŽe.