Les Intellocrates

Expédition en Haute Intelligentsia Des mêmes auteurs

L'AFFAIRE ALATA (Seuil, 1977). LES PORTEURS DE VALISES (Albin Michel, 7979). L'EFFET ROCARD (Stock, 1980). Hervé Hamon, Patrick Rotman

Les Intellocrates

Expédition en Haute Intelligentsia

Éditions Ramsay 9, rue du Cherche-Midi, 75006 © Éditions Ramsay. Paris, 1981 ISBN : 2-85956-225-7 « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle, quand l'intérieur en est rempli par rapine et intem- pérance! » Évangile selon saint Matthieu, XXIII 25.

Précautions de rigueur

Nous allons violer un tabou. Nous allons parler d'intellec- tuels. Comme nous parlerions de marins-pêcheurs ou de coureurs cyclistes : sans désinvolture et sans courbettes, avec le souci de l'information exacte, avec derrière nous une enquête patiente. Nous n'allons pas parler des purs producteurs d'idées, mais de cette catégorie d'intellectuels qu'on nomme, faute de terme français adéquat, l'intelligentsia. C'est-à-dire le milieu étroit, fermé et puissant des hommes et des femmes qui occupent les carrefours stratégiques; ils sont les « agents de la circulation » entre l'Université où ils pèsent, l'édition qu'ils orientent, et les médias qu'ils investissent. Reconnus par leurs pairs, ils ont réussi à briser le cercle de leur spécialité et à opérer la jonction avec le grand public. Ce sont les « intellocrates ». Ce livre n'est pas un essai mais un reportage. Une promenade fureteuse, une expédition par moments acrobatique. Nous ne nous sommes pas contentés de dépouiller des textes, nous nous sommes portés vers nos personnages, nous les avons saisis en chaire et à table, chez eux et dans la rue. Nous les avons questionnés par oral et par écrit 1 Et nous relatons ici les enseignements de ce voyage. Notre propos est d'évaluer le pouvoir social des intellectuels, non de dresser l'inventaire des idéologies en cours. Il est de montrer, de dévoiler le fonction- nement d'une société à bien des égards secrète et jalouse de ses secrets, de la contraindre ainsi à plus de transparence. Ceux qui

1. Lire p. 329 la liste des personnes interviewées. Toutes les citations dépourvues de référence sont extraites d'entretiens avec les auteurs. « en » sont, ceux qui habitent le « village », n'apprendront pas grand-chose de ce livre et s'empresseront sans doute de le relever. Ce travail ne leur est pas destiné. Nous n'avons pas la prétention d'expliquer aux universitaires, aux écrivains, aux éditeurs, ce qu'est leur propre monde. Mais nous voulons informer, puisque les intéressés ne s'en chargent guère, les gens qui ne sont pas domiciliés dans le sixième arrondissement de Paris, qui ne sont pas professeurs au Collège de , qui ne sont pas lauréats du , qui ne sont pas conseillers d'une maison d'édition, qui ne sont pas critiques dans un journal influent, de la manière dont se traite, en France, la pensée. Initialement, cet ouvrage devait paraître aux Éditions du Seuil qui nous l'avaient commandé. Le manuscrit, remis le 5 mai 1981, a d'abord été chaleureusement accepté, programmé, et confié au service de fabrication. Ce processus a été interrompu sous la pression de ceux qui, 27 rue Jacob, ont retrouvé dans le chapitre consacré aux prix littéraires une description inoppor- tune de leur activité - confirmant par leur attitude la pertinence du propos. La presse a largement rendu compte du très vif débat qui a divisé les Éditions du Seuil, attribuant à notre enquête une connotation scandaleuse contraire à sa nature. L'actualité seule nous a suggéré cette entreprise; nous n'avons rigoureusement aucun compte à régler. Si nous citons des noms, si nous rapportons des faits, si nous nous permettons quelque irrévé- rence, c'est parce qu'une étude n'a aucune valeur si elle reste floue, et aucune saveur si elle est prisonnière d'interdits. Rien ne nous est plus odieux que le poujadisme anti-intellectuels.

Paris, septembre 1981 H.H., P.R.

P.S. Dans la presse, dans l'édition, les structures et les postes sont mobiles. On murmure que Robert Hersant... On chuchote que chez Hachette... Les mutations et permutations possibles voire probables, pour spectaculaires qu'elles soient, affectent peu à court et moyen termes les lignes de force ici décrites. Que le lecteur veuille bien, à l'occasion, rectifier de lui-même. PROLOGUE

Mon village à l'heure du repas ITINÉRAIRE ITINÉRAIRE

1. Tombe de Sartre. 1 bis. Éd. Albin Michel. 2. La Coupole. 3. La Closerie des Lilas. 4. Presses de la Cité. 5. Éd. Robert Laffont. 6. Éd. Ramsay. 7. École des Hautes Études en Sciences Sociales (Maison des Sciences de l'homme). 8. La Mar lot te. 9. Chez tante Madée. 10. Le Récamier. 11. Éd. La Table Ronde. 12. Bar de l'hôtel du Pont-Royal 13. Éd. Gallimard. 14. Institut d'études politiques 15. Bar Le Twickenham. 16. Éd. Fayard. 17. Éd. Grasset. 18. École nationale d'administration. 19. Le Relais Saint-Germain. 20. Éd. de Minuit. 21. Lipp. 22. La grosse Horloge. 23. Éd. du Seuil. 24. Le Muniche. 25. Éd. Stock. 26. Éd. Mercure de France. 27. La Méditerranée. 28. Éd. Flammarion. 29. Hachette. 30. P.U.F. 31. Le Balzar. 32. Sorbonne. 33. Collège de France. '34. Lycée Louis-le-Grand. 35. Panthéon.

Un village. Juste un village. Écrivains en vogue, critiques à la mode, éditeurs dans le vent, intellectuels à la page forment une tribu de quelques centaines de têtes. Ils se connaissent, s'apprécient et se jugent, s'évaluent et se dévaluent. A l'intérieur du cercle, aucun secret ne résiste plus d'une heure : projets et ruptures, goûts et dégoûts, tout se sait, tout se raconte. Rien d'étonnant : l'intelligentsia évolue du matin au soir dans le même espace. Si l'on excepte nombre de journalistes qui officient sur la rive droite, son quartier général tient dans un arrondissement et demi - le sixième, enrichi d'un morceau de cinquième et d'un fragment de septième. Nous invitons le lecteur peu familier des lieux et du milieu à nous accompagner pour une visite initiatique. Il va découvrir le décor et les personnages. Qu'il suive donc le guide. Donnons-nous rendez-vous à midi, cimetière du Montpar- nasse, devant la tombe de Sartre, hommage à l'ombre nostalgi- que qui hanta pendant un demi-siècle les rues avoisinantes. Nous quittons l'endroit par le boulevard Edgar-Quinet, que nous traversons. L'immeuble des Éditions Albin Michel occupe l'angle du square Delambre et de la rue Huyghens. Jean Elleinstein en surgit. Il a l'air soucieux du gars qui vient de rater une affaire. Emboîtons-lui le pas jusqu'au carrefour Vavin. L'historien qui fut communiste s'approche du kiosque à journaux, achète -Magazine et s'y plonge. Rasséréné, il reprend sa marche boulevard du Montparnasse. Va-t-il rentrer chez lui ? Non, il dépasse le 108 et pénètre dans la Coupole. Au fond de la salle, à droite, un homme grand et rond, silhouette de grizzli malicieux, lui fait signe : c'est Georges Suffert, dont le journal, le Point, est tout près. Abandonnons-les à leurs agapes pour jeter un coup d'œil au Select, de l'autre côté du boulevard : pas de visage connu en vitrine, il est trop tôt. Sur le même trottoir, quelques centaines de mètres plus haut, voici la Closerie des Lilas. Poussons la porte à tourniquet. Jean-Edern Hallier achève son troisième whisky (double). A la terrasse, Georges Pérec est absorbé par ses mots croisés. 12 heures 30. Notre promenade nous a entraînés, à travers le petit Luxembourg puis le grand, jusqu'au Sénat. Descendant la rue Garancière, nous nous arrêtons au seuil d'un empire, celui des Presses de la Cité. Le porche du numéro 12 ouvre sur une cour pavée. Le bâtiment a le front et l'emphase d'un ministère d'État. Derrière les portes vitrées automatiques, qui jurent avec la pierre de taille et le fer forgé, on devine un hall design platement agrémenté de plantes vertes. Au mur, l'orgueilleux écusson « Plon Nourrit & Cie » rappelle la tradition. Nous nous esquivons discrètement quand sort Christian Bourgois, élégance romaine et verres fumés, qu'escorte son directeur général, Bernard de Fallois. Place Saint-Sulpice, nous longeons la devanture des Éditions Robert Laffont, le plus américain des éditeurs français. Puis nous empruntons la rue du Vieux-Colombier, tournons à gauche au carrefour de la Croix-Rouge, et enfilons la rue du Cherche- Midi - l'une des mieux fréquentées. Devant le numéro 9, un gaillard moustachu se bat avec le démarreur de sa Honda CX 500. C'est Jean-Pierre Ramsay, patron des éditions du même nom; il adresse un signe d'adieu à un autre moustachu qui ressemble fort au romancier Erik Orsenna. La machine rugit, perturbant la queue qui s'étire aux portes de Poilâne, le boulanger « in » de la capitale. Nous avançons vers le croisement avec le boulevard Raspail, et le franchissons. L'immeuble de métal et de verre qui nous domine - ô combien! - est le temple de la notoriété universitaire, la Maison des sciences de l'homme. Le chauffeur de attend son « client » au volant d'une Citroën grise. 12 heures 45. Comme (presque) tous les midis, François Furet, président de l'École des hautes études, déjeune à la Marlotte, sise au 57 de notre rue. Il est en compagnie de Pierre Nora, son beau-frère, directeur de collection chez Gallimard, et entame un canard à la berrichonne (39,50 F). A quelques pas, rue Dupin, chez Tante Madée, ce sont les politologues qui se régalent. Roland Cayrol attaque une fricassée de palourdes au basilic (56 F), et recommande chaleureusement à son interlo- cuteur, le conseiller de la SOFRES Jérôme Jaffré, un saumon sauvage à l'émincé de poireau et au citron vert (57 F). Ils termineront par une spécialité maison, le nougat glacé (25 F). Avalons notre salive et poursuivons. Rue de Sèvres, nous apercevons Michel Rocard qui jaillit de chez Maniatis - l'artiste capillaire préféré des grosses têtes - où Romuald, son coiffeur d'élection, lui a discipliné l'épi. Retra- versant le boulevard Raspail, nous nous heurtons à Catherine Clément, chef du service culturel du Matin, qui selon son habitude fonce tête baissée en rêvant de Lacan. Dans une impasse tranquille, Jean-Claude Fasquelle, PDG des Éditions Grasset, partage au Récamier avec Max Gallo une sole au champagne et aux tagliatelles fraîches (140 F pour deux). Il en reste sans voix. Suivons le boulevard Raspail jusqu'à sa confluence avec le Saint-Germain, et descendons vers la Seine. Très vite, avant les Éditions de la Table Ronde, nous obliquons sur la droite. Au bar du Pont-Royal, Pierre-Jean Remy guette Jean-Edern Hallier qui s'est attardé à la Closerie. Si le délai se prolonge, l'écrivain le plus rapide de l'ouest (parisien) aura le temps de concocter un nouveau best-seller. Nous atteignons le 5 de la rue Sébastien- Bottin. Minute de recueillement. Ces murs quelconques, ornés de trois lettres de fer : « NRF », abritent le Saint des Saints de la littérature. Une porte étroite, une plaque discrète : « Éditions Gallimard. En cas d'absence, s'adresser rue de l'Université. » Obéissant à la suggestion, nous tournons le coin et stoppons à hauteur du numéro 17. Tout s'explique : les auteurs Gallimard sont reçus par l'entrée de service; mais les soirs de galas académiques, la maison avoue sa façade, solennelle, grandiose, celle d'un hôtel particulier riche et bourgeois. Dans la cour, Jean d'Ormesson converse avec Michel Tournier qui a délaissé sa campagne. Par la rue du Pré-aux-Clercs, nous regagnons le boulevard Saint-Germain que nous coupons une fois encore pour aborder la rue Saint-Guillaume, tout entière livrée à l'Institut d'études politiques, alias « Sciences-po ». Alain Duhamel, consultant sa montre, se dirige vers son vélosolex appuyé au mur. Les studios l'attendent. Nous nous faufilons au milieu des futurs cadres de la nation et, pour quelques instants, nous engageons dans la rue de Grenelle, sur notre gauche. A l'intersection de celle-ci et de la rue des Saints-Pères, nous découvrons le Twickenham, pub anglais dont le fog a tamisé les vitres. Bernard-Henri Lévy y tient salon. Auprès de lui, Philippe Sollers est perdu dans la contemplation de sa propre photographie, en couverture de Tel Quel. Sur l'autre trottoir de la rue des Saint-Pères, Claude Durand déboule des Editions Fayard dont il est le PDG, dépasse l'École nationale d'administration, et file vers le Saint-Germain en négligeant la vitrine de Grasset qui est pour lui sans surprise. Il s'éloigne. Au carrefour, nous prenons à gauche. 13 heures 15. Au Relais Saint-Germain, Françoise Verny, éminence grise des Éditions Grasset, est en grands pourparlers avec François Nourissier, académicien Goncourt, qui plante sa fourchette dans une aiguillette de bœuf à la moutarde de Meaux. Demi tour. Un crochet par la rue du Dragon, juste pour entrevoir Yves Berger, lui aussi directeur littéraire chez Grasset, précéder au Tiburce - cuisine classique mais salle feutrée - quatre jurés du prix Interallié. Et nous amorçons un virage à gauche. Rue Bernard-Palissy, la petite maison de trois étages, décrépite et toute en hauteur, qui héberge les Editions de Minuit, ne paie vraiment pas de mine. Le maître céans, Jérôme Lindon, en costume brun sélect et sobre, disparaît à l'angle de la rue de Rennes. Nous marchons sur ses traces. Risquerons-nous un œil chez Lipp? Puisque nous y sommes... François-Régis Bastide, l'homme au profil à couper au Cocteau, goûte un pied de porc farci avec Matthieu Galey, critique littéraire à l'Express. Plus loin, Georges Vedel médite sur un bœuf gros sel. C'est devenu un rite : nous traversons le boulevard Saint- Germain. Nous débouchons dans la rue Saint-Benoît - sans même tourner la tête vers le café de Flore : il n'y a plus guère que Jean-Paul Enthoven, journaliste au Nouvel Observateur et rétro en diable, pour y fixer ses rendez-vous. 13 heures 30. A la Grosse Horloge, rue Saint-Benoît précisément, Jean-Claude Guillebaud, l'un des directeurs litté- raires du Seuil, achève un navarin de coquilles Saint-Jacques (54 F). Assis en face de lui, Jacques Julliard avale son turbot à un train d'enfer. Il rentre de la conférence de rédaction du Nouvel Observateur, doit participer, en début d'après-midi, à une réunion du Seuil, assurer ensuite son séminaire à l'École des hautes études, et boucler après dîner un article pour Esprit (on allait oublier le cocktail à l'ambassade américaine). Pour le moment, il discute avec Guillebaud - qui sort de sa poche intérieure une calculatrice extra-plate - d'une idée qui lui est chère : une enquête sur l'intelligentsia. Dehors, tandis qu'ils s'acheminent vers le 27 de la rue Jacob, siège des éditions, ils conviennent que le chapitre gastronomique ne devrait pas en être exclu. Rue de Buci, au Muniche, la salle est pleine. Bernard-Henri Lévy a perdu Sollers mais trouvé Marek Halter. Dans un box, l'historien Jean-Paul Aron expédie un foie vénitienne en devisant avec Jean-Marie Borzeix, le patron de la littérature au Seuil. Jean-Marie Domenach, ancien directeur d'Esprit, dia- logue, solitaire, avec son steak tartare en ruminant la conférence qu'il prononcera sous peu à l'École polytechnique. Par la rue de l'Ancienne-Comédie, repaire des Éditions Stock (dont le PDG a retenu une table chez Lapérouse), nous rejoignons le carrefour de l'Odéon. La rue de Condé, où niche le Mercure de France, nous mène au théâtre. 14 heures. Devant l'enseigne bleue de la Méditerranée est garée une moto qui nous rappelle quelque chose. Une brève inspection du restaurant confirme l'impression. C'est bien Jean-Pierre Ramsay qui est attablé avec Claude Gallimard. Ils comparent les mérites respectifs de leurs établissements et, incidemment, ceux d'un médaillon de langouste au coulis d'oursins (80 F) et d'un gigot de mer aux échalotes (45 F). Cent mètres plus loin, rue Racine, les Éditions Flammarion déploient leur frontispice fin de siècle (XIX il s'entend). Nous dégringo- lons la rue Monsieur-le-Prince, contournons la Faculté de médecine, et échouons sur l'inévitable Saint-Germain, à l'en- droit où débute l'enfilade des étalages de la librairie Hachette. Sur l'autre rive du boulevard, les Presses universitaires de France narguent la devanture de Payot. En deux ares, trois maisons : c'est encore mieux qu'au Monopoly. Nous remontons jusqu'à la rue des Écoles, et tournons à gauche. Au Balzar, François Châtelet et Gilles Deleuze digèrent une raie au beurre noir. A trois tables d'eux, François Maspero (dont la boutique, place Paul-Painlevé, est voisine) prend le café avec l'historien Pierre Vidal-Naquet. Dédaignant la Sorbonne, nous voici rue Saint-Jacques, sous les fenêtres du Collège de France, pinacle de la pensée. D'un généreux coup de pédale, Emmanuel Le Roy Ladurie surgit à vélo pour donner son cours. Encore cinquante mètres, et nous sommes à la loge du lycée Louis-le-Grand où souffrirent des générations de khâ- gneux (avant d'ordonner, à leur tour, la souffrance de leurs successeurs). Mais l'entreprise concurrente, Henri-IV, avec son cloître fraîchement ravalé, est à proximité, derrière le Panthéon. Le pompeux édifice où dorment nos gloires nationales est, en quelque sorte, le terme naturel de notre visite.

Concentration des lieux, concentration des hommes, concen- tration des pouvoirs. Notre village est une République des cumulards. « Personne qui cumule des emplois, des avantages auxquels elle ne devrait pas avoir droit », indique le Petit Robert qui précise que le mot est péjoratif. Écartons d'emblée cette connotation peu flatteuse, pour ne retenir que l'idée d'addition : elle est chargée. Exemple s'il en fut : Alain Duhamel, avant que les bourrasques électorales du printemps 1981 ne le contraignent à restreindre ses activités. Notre modèle, s'il a perdu de son actualité, illustre toujours le mécanisme. Comment devient- on simultanément éditorialiste et conseiller à la direction d'Europe 1, producteur et éditorialiste à Antenne 2, éditorialiste au Nouvel Economiste, collaborateur du Monde, chroniqueur au Provençal et à Rhône-Alpes, conseiller à la SOFRES, professeur à l'Institut d'études politiques? Pour ce fils et petit-fils de médecin, la voie royale était tracée. La chance et un sens aigu de l'opportunité ont infléchi une trajectoire qui se serait achevée, sinon sous la blouse blanche, uniforme familial, du moins dans la haute fonction publique ou le management. A la fin de sa première année de « Sciences-po », les parents d'Alain Duhamel l'incitent fortement à travailler, durant l'été, dans la société que préside un de ses oncles. Il refuse et appelle au téléphone Jacques Fauvet, alors rédacteur en chef du Monde, pour solliciter une place de stagiaire. D'habitude, ce genre de poste se quémande longtemps à l'avance, mais un postulant s'est désisté le matin même. Voici Alain Duhamel rue des Italiens pour trois mois. Jacques Fauvet prépare un ouvrage sur l'histoire du parti communiste. Il embauche l'étudiant en sciences politiques pour des travaux de documentation. On sympathise. Les enfants de Jacques Fauvet jouent au tennis; Alain Duhamel se débrouille honorablement sur un court. Échange de services, en 1963, son diplôme de l'IEP en poche, Duhamel devient chroniqueur au Monde. Un bonheur n'arrive jamais seul. Il signe des papiers dans Témoignage chrétien, collabore à l'Express, et, fort de cette naissante notoriété, est promu en 1967 maître de conférences à « Sciences- po ». Il pratique toujours le tennis, notamment avec un journaliste du Figaro, Michel Bassi, de niveau équivalent. Posséder un bon revers permet de les éviter. Trois ans plus tard, Pierre Desgraupes, responsable de l'information sur la première chaîne, confie à Bassi l'émission « A armes égales ». Alain Duhamel, co-producteur, est de la partie. Lorsqu'on a mis un pied dans l'audio-visuel, le tout est d'y poser le second; il y parvient en 1973, bombardé chroniqueur à Europe 1. La même année, la SOFRES requiert ses conseils. Enfin (provisoire- ment), Jean-Pierre Elkabbach l'invite en 1977 à créer avec lui sur Antenne 2 une nouvelle émission politique, « Cartes sur table ». Pour être exemplaire, le profil d'Alain Duhamel n'est certes pas unique. Dans la haute intelligentsia poursuivre deux ou trois activités professionnelles à la fois est d'une extrême banalité. Tout intellectuel d'envergure est un cumulard en puissance. La diversité et la multiplication des sollicitations qui pleuvent sur lui sont signes et garants de son ascension. Le triangle université-édition-médias autorise d'infinies combinai- sons : journaliste tenté par une direction de collection, professeur gagné par l'attrait des rotatives, éditeur fasciné par le petit écran. On peut commencer modestement, comme Antoine Spire, assistant à l'université de Rennes, collaborateur régulier de l'émission « Panorama » sur France-Culture, auteur d'articles pour Témoignage chrétien, éditeur refoulé. D'ici dix ans, s'il ne dérape pas en route, il aura progressé dans divers secteurs. Les ingrédients d'une carrière se réunissent bien avant qu'éclate la notoriété. Celle-ci n'est que la soudaine illumination d'un travail antérieur. Des spécimens? Ils abondent. Honneur au doyen d'entre eux : Raymond Aron. Professeur au Collège de France, « patron » d'un laboratoire à l'École des hautes études, éditorialiste à l'Express et dans la presse régionale (les Dernières Nouvelles d'Alsace), il est également l'inspirateur de la revue Commen- taire qui regroupe ses disciples. Marc Ferro, lui aussi directeur d'études boulevard Raspail, maître de conférences à l'École polytechnique, collaborateur du Monde diplomatique, est encore directeur de collection chez Payot et auteur de séries télévisées - pour parfaire l'ensemble, ajoutons qu'il est co-directeur de la prestigieuse revue historique les Annales. Georges Duby, professeur au Collège de France, chargé de collection chez Armand Colin et chez Larousse, siège au conseil d'administra- tion de TF 1. Dans un style différent, Jacques Chancel, conseiller à la direction d'Antenne 2, producteur du « Grand

1. Le terme est de Régis Debray, in Le pouvoir intellectuel en France, Ramsay, 1979. échiquier » sur cette même chaîne et de « Radioscopie » à France-Inter, est également conseiller chez Hachette où il publie ses œuvres. François-Régis Bastide, conseiller littéraire au Seuil, animateur. de l'émission « Le masque et la plume », est l'un des jurés du prix Médicis et appartient au Conseil national des lettres. D'autres, moins connus, sont néanmoins influents : Roger Vrigny, romancier Gallimard, conseiller littéraire chez Calmann-Lévy, produit des émissions sur France-Culture. siège au jury Renaudot et occupe la vice-présidence de la Société des gens de lettres. Quel que soit le point de départ, la spécialité d'origine, chacun étend son domaine (merveilleux passe-partout que l'étiquette omniprésente de conseiller!). Le cumul ne se décrète pas, ni ne se planifie. Rares sont ceux qui décident un beau jour de collectionner les fonctions comme d'autres les cravates. La plupart sont emportés par un subtil mélange de chance, de compétence et de travail. Être au bon endroit au bon moment, figurer sur la case adéquate, ne relève pas nécessairement de machiavéliques calculs; une amitié de jeunesse, un compagnonnage estudiantin, un copinage sportif, une affinité politique, une complémentarité professionnelle sont susceptibles de provoquer le déclic. Une porte s'entrebâille, et le fonceur fonce, quitte à prendre des risques. Après les « événe- ments » de mai 1968, Max Gallo, maître-assistant à la faculté de Nice, écrit un essai, Gauchisme, Réformisme et Révolution, qui a le don de séduire Jean-François Revel, conseiller littéraire auprès de Robert Laffont. Il propose à Gallo d'entrer chez l'éditeur comme directeur de collection. C'est la première bifurcation. Plus tard, Revel encore l'introduira à l'Express, et Max Gallo, écrivain, journaliste, éditeur, finira par renoncer à l'enseignement. Si Alain Duhamel avait pratiqué le tennis avec moins d'assiduité, sa trajectoire eût-elle été aussi fulgurante? Pénétrer sur la piste exige de l'adresse. S'y maintenir implique de réelles capacités. Le vide entraîne le bide. Jean Elleinstein, qui fit quelque temps illusion, en est réduit, après avoir épuisé le circuit des gazettes, à rendre sa copie en un lieu où son nom sert de paravent. « On ne dure pas si l'on est mauvais, estime Alain Duhamel. J'ai bâti ma carrière sur les cumuls et j'ai bonne conscience : ceux qui en sont capables maîtrisent bien leur métier. Il y a des avocats qui ont plus de dossiers que d'autres, des médecins plus de malades. Moi, c'est pareil. La concentration n'empêche pas la concurrence profes- sionnelle de jouer. J'ai assez de gens accrochés à mes basques, espérant ma place, pour vérifier qu'il n'est pas de rentes de situation » Voire. L'intellectuel qui occupe deux ou trois carrefours stratégiques devient, presque malgré lui, incontournable. Il annexe sa part du territoire et contrôle tout ce qui bouge sur ses terres. Le cumulard en vient à n'avoir pour rivaux que d'autres cumulards, avec lesquels il négocie de puissance à puissance. Le monde intellectuel appartient aux lève-tôt. Le cumul est une ascèse. Assez de lamentations, ironise le bas-clergé; s'ils vivent ainsi, c'est qu'ils aiment cela. Sans doute, mais qu'est-ce qui motive cette course effrénée, cette fuite en avant? L'argent? Au départ, ce n'est pas déterminant. Reste que, peu à peu, les exigences du standing, l'accoutumance à un train de vie interdisent le retour en arrière. « L'intellectuel gagne un peu plus d'un million de centimes par mois et dépense le double », constate un membre du sérail. Les piges, les droits, les conférences assurent l'appoint. On peut toutefois s'enrichir en économisant ses forces. L'appât de la fortune n'explique pas tout. Le désir de paraître, la reconnaissance sociale, l'audience à l'étranger sont des motivations probablement plus vives. L'in- tellectuel démarché en permanence entre dans l'arène des classements implicites. « Les cumuls, affirme Jean-Marie Domenach, suscitent un phénomène comparable aux tournois que Borg est, sans trêve, obligé d'accepter. Les tenants du titre sont continuellement " challengés ", alors qu'ils doutent d'eux- mêmes. » Il s'agit finalement du pouvoir. Multiplier les fonctions, c'est multiplier les responsabilités. Et elles se consolident les unes les autres. L'universitaire qui dirige une collection chez un éditeur a barre sur ses collègues qui souhaitent publier. Il accentue sa

1. Propos recueillis en novembre 1980. propre promotion. Les « thésards » le saluent bas, le public afflue à son séminaire, il est invité à la télévision. Mais, attention, l'édifice est fragile; qu'une pièce se rompe et l'ensemble s'écroule. Le cumulard est condamné à cumuler, sinon il régresse. Ainsi s'opère une implacable décantation, qui est la face amère des déjeuners souriants. Ils ne sont pas plus de deux cents à exercer leur puissance. Et parmi ceux-là, une trentaine peut-être sont en mesure de lancer, d'accélérer, de freiner, de bloquer le cours des idées. Une trentaine. Réellement microscopique, ce monde - nous vous avions prévenus. Maintenant, entrons dans le détail.

CHAPITRE PREMIER

Les mandarins ont des pépins

(Ils sont au pouvoir. Ils se sont fait élire à l'École des hautes études.)

Il faut bien commencer par là. L'enseigne rituelle du marché des idées, la raison sociale des concepteurs et des grossistes, c'est l'enceinte universitaire. Elle est - en droit - la matrice, la source, même si la tradition veut qu'on y reproduise plus qu'on n'y produit. Par les temps qui courent, les porches, les colonnades et les cloîtres ont cédé le terrain à des édifices provisoires et frileux, éclatés, qui sont aux campus verdoyants ce que la deux-chevaux est à la Rolls (la robustesse en moins). L'Université française a des allures de palais des courants d'air. Et cela ne semble pas être une simple question de maçonnerie. L'architecture intel- lectuelle, apparemment, ne se porte guère mieux que l'autre. Les matériaux qualifiés il y a peu de révolutionnaires s'érodent prématurément. Le moral s'en ressent. Malaise, dépression - la terminologie psychologique est impuissante à rendre l'atmosphère ambiante. D'ailleurs, les symptômes sont multiples et parfois contradictoires. Ici, c'est une excitation fébrile et vociférante. Là, un abattement chargé d'ennui. Plus loin, une sérénité affectée, qui s'abrite vaille que vaille derrière une négation du réel. Non, les universitaires ne sont pas victimes d'états d'âme. Ils assistent, contraints et forcés, à l'effacement de leurs repères si ce n'est de leurs convic- tions. D'abord, l'Université singulière et majuscule n'est plus. Le pluriel est de mise, et la majesté se ternit. Les universités sont aujourd'hui une constellation d'unités distinctes, happées par une gravitation commune mais agitées de mouvements propres. La loi d'orientation de 1968, élaborée par Edgar Faure et soutenue par Charles de Gaulle, n'a pas été seulement affadie mais reniée et détournée. Sa pierre angulaire, l'autonomie, a été prétexte à un morcellement que n'accompagnait aucune véri- table délégation de pouvoir. Au fil des années soixante-dix, un président d'université est devenu un préposé à la distribution du fuel domestique, des amphithéâtres et des diplômes (sous réserve que l'autorité de tutelle, par le jeu des habilitations, ait conféré quelque finalité marchande à l'examen considéré). Rien de plus ou si peu : un maire qui n'aurait même pas le droit de lever l'impôt. L'ordinateur central répartissait les enveloppes, le ministre déterminait la carte des enseignements, le recteur faisait office de préfet. L'image rassurante et désuète d'une institution corrodée par la lourdeur et l'emphase mais jalouse de ses franchises s'est estompée. La raréfaction des débouchés a bloqué les effets positifs du reflux démographique. Faute de traverses, les étudiants s'en- gouffrent, s'entassent. A l'exception des grandes écoles et de quelques « centres d'excellence », l'Université a été transformée en salle des pas perdus où l'on piétine en attendant des trains fantômes. La machine tourne à vide, consomme une énergie considérable pour l'entretien de ceux qui l'entretiennent. Indé- pendance minée, effet social incertain, dislocation générale : comment s'étonner qu'une telle débâcle, dont les suites ne sont pas réversibles en quelques mois, ait entraîné une crise d'identité et, dans le public, une baisse de prestige? Jadis, l'entrée dans la carrière signifiait quinze ans de galères. L'impétrant ramait avec dévotion pour le compte de son patron. Il savait qu'un jour la succession serait ouverte et que ce serait son tour de commander la chiourme. Le contrat est demeuré aussi rude, aussi esclavagiste que par le passé. Avec une notable différence : aucune clause n'a plus garanti la libération finale. Comment s'étonner que les galériens en herbe soient partis ramer ailleurs? Témoin la considérable décrépitude de l'École normale supérieure. Il y a belle lurette que la République des normaliens est devenue celle des énarques. Georges Pompidou fut le dernier rejeton de la rue d'Ulm à conquérir la première chaire de l'Etat - encore avait-il dû, pour y parvenir, transiter par la Banque. A défaut de vous promettre un portefeuille, le séjour à l' « Ecole » vous assurait l'accès aux filières royales de la notoriété intellectuelle, vous munissait d'un sésame permanent qui valait tous les titres. Vous comptiez parmi l'élite; ce n'était pas un vain mot. A l'heure qu'il est, les anciens normaliens s'inquiètent du contraste entre la pérennité du critère symbolique qui les distingue et l'évidente déliquescence de l'institution. « Sauver la Rue d'Ulm » est désormais un mot d'ordre 1 La sauver de quoi? D'un transfert massif : en 1980, 19 des 25 premiers énarques recrutés par concours interne (réservé à la fonction publique) sont des normaliens. L'explication du phénomène est aisée. Il y a un problème d'ouverture intellectuelle : Normale supérieure cumule l'exclusion des sciences sociales rejetées par l'althussé- risme dans les ténèbres de l'idéologie, et le repli douillet sur les humanités éternelles. Vous n'avez guère le choix qu'entre Derrida et Sénèque. Et puis, il y a un problème de carrière : le brillant khâgneux qui s'est échiné à ingurgiter du thème grec, qui franchit de plus en plus difficilement, à la sortie, la barre de l'agrégation, se retrouve après six ans de combat professeur de CES à cheval sur trois postes. Sa carte de visite a beau resplendir, il se sent pour le moins frustré. La crise de la pépinière normalienne est révélatrice de la grande détresse qui ravage le champ universitaire. L'intelli- gentsia de gauche, dont les enseignants constituent l'ossature, a perdu une bataille sous Valéry Giscard d'Estaing et a failli perdre une guerre. Au lendemain de mai 1968, elle n'a saisi que du bout des doigts les perches libérales que lui tendait hâtivement le pouvoir. Elle craignait d'être « récupérée ». Elle redoutait une « privatisation » du service public et, pour se prémunir contre tout « démantèlement », réclamait constam- ment l'arbitrage, l'estampille, la garantie de l'État. Sommé de

1. Cf. Alain Touraine, « Pour sauver la Rue d'Ulm », Le Monde, 15 janvier 1981. « prendre ses responsabilités », le ministère les a prises : il a remodelé par le fer et par le feu le paysage de ses administrés, rétabli les caciques dans leurs privilèges, centralisé les plans de carrière, verrouillé l'embauche. La gauche universitaire n'a pas été victime d'un putsch exécuté par surprise. Elle a manqué d'imagination. Elle a géré sans suffisamment s'investir. Elle a promu contre les mandarins ses propres notables. Elle n'a libéré ses ressources et ses larmes qu'acculée à la défaite. L'exemple de Vincennes-Paris VIII est éloquent : tandis qu'une minorité assumait l'expérience, une autre minorité sapait l'entreprise. Il a fallu la menace d'une liquidation pour que tous s'unissent en une lutte défensive. La gauche universitaire - toutes tendances confondues - a été longtemps victime d'un mouvement pendulaire vers la droite, qu'a stoppé l'élection de François Mitterrand. Un monde saturé, tronçonné. Ce tableau pessimiste ne signifie nullement que l'Université est frappée de stérilité constitutive. Elle conserve, pleine et entière, sa fonction de réservoir intellectuel. Mais ce réservoir, actuellement, s'épanche au compte-gouttes. Cela tient aussi, il est vrai, au climat général, au rejet du « tout-théorie », des œuvres « incontournables ». Malgré la nouvelle donne politique, le style « sermon sur la montagne » est en chute libre. La réaction logique des universitaires est un repli sur un discours plus rare, plus compétent - c'est-à-dire fondé et strictement limité à l'aire scientifique de son auteur -, bref plus « sérieux ». Réaction tardive, qui ne résout pas le problème de la circulation de ce discours, de son audience. Si l'on veut éviter de patauger dans l'ontologie, on conviendra avec Pierre Bourdieu que l'intellectuel est celui que les autres intellectuels reconnais- sent comme tel, et que cette reconnaissance est le premier enjeu de son travail. Or, aujourd'hui, le circuit de la reconnaissance n'est pas simple mais double. Il ne suffit pas à un universitaire de susciter l'intérêt de ses pairs. Il faut encore qu'il emprunte l'autre circuit, celui d'une diffusion large, par le truchement de l'édition non spécialisée et des médias qui par définition ne le sont pas. Cette quasi-obligation n'est pas le résultat mécanique et instantané de la prolifération fulgurante des tubes cathodiques et des livres au format de poche. La révolution intellectuelle a anticipé sur la révolution technologique. Avant Sartre, les universitaires n'avaient pas droit de cité dans les maisons commerciales. Ils publiaient chez Alcan ou chez Vrin et ne se préoccupaient pas, ou peu, de « l'effet de réalité » de leurs œuvres. C'était là un souci qu'on abandonnait aux littérateurs. Sartre et les siens ont définitivement perturbé cette quiétude villageoise. A la fois par une exhortation : l'intellectuel ne saurait faire l'économie d'un engagement public; et par une pratique éditoriale : les philosophes savants ont exposé leur philosophie savante dans la vitrine incongrue de Gaston Gallimard. La mutation était de taille. Elle n'a pas déclenché pour autant une course folle au vedettariat. Ceux qui se voulaient discrets le sont restés, y compris les plus grands. Le succès d'un chercheur comme Claude Lévi-Strauss - qui évite les caméras - provient de la confluence d'un talent d'écrivain, d'une politique nouvelle des maisons d'édition et de la percée des sciences humaines. Une génération d'intellectuels a eu ainsi la chance de conquérir une audience impressionnante sans rien renier de sa rigueur scientifique, sans danses du ventre ni pirouettes d'amuseurs. En ces temps bénis, il fut loisible d'être mandarin et star. Il était également loisible de préserver son prestige mandarinal en fuyant le star-system. A cet âge d'or - et d'argent - succède l'ère du soupçon. La demande culturelle des classes moyennes, le changement radical des modes de communication, l'intensité des controverses idéologiques du moment (la guerre du Vietnam, Mai 1968), ont incité les universitaires à s'autoriser d'amples excursions hors de l'institution sclérosée. Et même lorsque se sont éteints les feux de la révolution, il est apparu que ces détours par l'extérieur étaient un moyen utile et agréable de pallier les lenteurs, voire les blocages, de la carrière. Beaucoup ont tenté l'aventure. Peu ont réussi. Ils sont maintenant accusés par leurs collègues de s'être dévoyés et de favoriser l'emprise médiocre et omniprésente des médias. achemine des vivres aux populations démunies. Il revendique sa judaïté, ce qui lui vaut des solidarités fortes. Calculateur, il ne mesure pas toujours l'exaspération qu'il suscite. Naïf, il s'étonne de ne pas être aimé davantage. Pierre Nora

Directeur littéraire chez Gallimard, Pierre Nora édite le nec plus ultra de la production en sciences humaines. Fils de chirurgien, frère de Simon Nora, il est né à Paris en 1931. Il fréquente la khâgne du lycée Louis-le-Grand (1951-1952), passe l'agrégation d'histoire, enseigne à Oran, et rentre à Paris avec un livre-choc, les Français d'Algérie (1961). Assistant puis maître de conférences à l'Institut d'études politiques, il est élu en 1976 directeur d'études à l'École des hautes études. Fondateur de la collection historique « Archives » chez l'éditeur René Julliard (où il côtoie son ami Jean-François Revel), il entre en 1966 à la NRF pour y développer le secteur des sciences humaines. Il sacrifie son œuvre personnelle à la création de la « Bibliothèque des idées », puis de la « Bibliothè- que des histoires », et publie Duby, Le Roy Ladurie, Foucault. En 1980, il lance la revue le Débat. Lié à Jean Daniel comme à Jean-François Revel, à François Furet comme à Jacques Julliard, Pierre Nora est à l'intersection de la plupart des grands flux idéologiques qui ont marqué ces dernières années. François Nourissier

Écrivain et journaliste, François Nourissier est un des plus formidables « cumulards » de la république des lettres. Fils d'un exploitant forestier, il est né à Paris en 1927. Diplômé de l'Institut d'études politiques, il mène de front des carrières journalistique, éditoriale et littéraire. Collaborateur de France- Observateur, d' Esprit, de la Nouvelle Revue française, rédacteur en chef de la Parisienne, il entre chez Grasset en 1958 comme directeur littéraire. Malgré des éclipses, il est resté attaché à cette maison où il est toujours membre du conseil éditorial. Auteur de douze romans (Un petit bourgeois, le Maître de maison), il reçoit en 1970 le prix Fémina pour la Crève. Il est élu sept ans plus tard à l'académie Goncourt. Critique littéraire au Point et au Figaro-Magazine, il n'oublie jamais de saluer un de ses confrères, voisins et amis. Cet écrivain qui se veut « à l'écart des chapelles et des idéologies » apporte, lors de l'élection présidentielle, son soutien à Valéry Giscard d'Estaing. Cet humaniste antiraciste et libéral côtoie au Figaro-Magazine les mousquetaires de la . Il écrit des livres, les sélectionne, les critique et les prime. Il faut quelque dextérité pour assumer toutes ces tâches sans se brouiller avec le monde entier. François Nourissier y parvient. Jean d'Ormesson

Écrivain et journaliste, le comte Jean d'Ormesson est né en 1925. Il est le fils d'un ambassadeur de France, par ailleurs marquis (la dynastie remonte à un conseiller de Michel de l'Hospital). Aux titres de noblesse s'ajoutent les titres univer- sitaires : formé à Louis-le-Grand et à Henri-IV, il est admis à l'École normale supérieure, obtient les grades de licencié en histoire et ès lettres, décroche l'agrégation de philosophie. Sa carrière débute, sous de Gaulle, par la collaboration à divers cabinets ministériels. Il accède ensuite à des charges plus hautes (secrétaire général du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'UNESCO), gère puis dirige la revue Diogène, lie de plus en plus ses activités au Figaro dont il devient le directeur général. Jean d'Ormesson s'éloigne du quotidien quelque temps après son achat par Robert Hersant, mais accepte une chronique régulière au Figaro-Magazine. Ecrivain célébré, membre de l'Académie (qui lui a décerné son grand prix du roman en 1971), l'auteur de Dieu, sa vie, son œuvre est un personnage omniprésent et de bonne compagnie. Outre le Figaro-Magazine, on trouve sa signature dans la NRF, Arts, le Point, Paris-Match. Son visage est bien connu des télespectateurs. Quoique ne détenant aucune fonction officielle chez Gallimard (dont il a quitté le Comité de lecture lors de son entrée au Figaro), il y jouit d'une réelle influence. Bref, Jean d'Ormesson, qui circule beaucoup, est l'une des plus spirituelles estafettes des lettres bourgeoises. Louis Pauwels

Rédacteur en chef du « Figaro-Magazine », Louis Pauwels est né en 1920 à Paris. Instituteur puis secrétaire général de l'association «Travail et Culture» (1945-1949), il devient rédacteur en chef de Combat entre 1949 et 1955, et assume également la direction du magazine Arts (1952-1955). Il est ensuite nommé directeur de la rédaction de Marie Claire et fonde, en 1961, la revue Planète. Responsable des services culturels du Figaro depuis 1977, il a reçu de son ami Robert Hersant la charge de lancer, en 1978, le Figaro-Magazine. Auteur d'une vingtaine de romans et d'essais (Monsieur Gurdjieff, le Matin des magiciens, Blumrock l'admirable), Louis Pauwels joue avec la nouvelle droite un rôle analogue à celui de Maurice Clavel pour la nouvelle philosophie : il est son antenne dans le monde. En ouvrant les colonnes de son journal à et ses compagnons, Louis Pauwels fait du Figaro-Magazine l'organe implicite d'une droite offensive et cultivée. Bernard Pivot

Journaliste, producteur de l'émission « Apostrophes », Bernard Pivot a probablement plus de pouvoir que quiconque sur la vie des livres. Né à Lyon en 1935, fils d'épicier, il est diplômé du Centre de formation des journalistes. Courriériste au Figaro littéraire de 1958 à 1974, il est parallèlement chroniqueur à Europe 1 (1970-1974), puis remplit cette fonction au Point (1974-1978). En 1973, il produit l'émission «Ouvrez les guillemets » et, un an plus tard, lance « Apostrophes », première formule littéraire à rencontrer le très grand public. Il est par ailleurs, depuis 1975, rédacteur en chef du mensuel Lire. Conseiller municipal de Quincié-en-Beaujolais où il possède une villa agrémentée d'une piscine (qu'il s'est offerte grâce aux indemnités de licenciement du Figaro), Bernard Pivot, chevalier du Mérite agricole, a un violon d'Ingres, la gastronomie, et une passion, le football. Compagnon du beaujolais, il a participé une seule et unique fois à une manifestation : contre l'implantation d'une raffinerie de pétrole à proximité des grands crus. Il observe la vie parisienne avec malice et détachement, et délaisse volontiers la compagnie des grosses têtes pour celle des grandes toques (Bocuse, Chapel). Bertrand Poirot-Delpech

Feuilletonniste du « Monde », Bertrand Poirot-Delpech est une des trois ou quatre signatures qui régentent la critique. Né à Paris en 1929, fils de médecin, il est ancien élève de la khâgne du lycée Louis-le-Grand et licencié ès lettres. Il entame sa carrière journalistique au Monde, en 1951, comme chroniqueur judi- ciaire. En 1959, il assure la critique dramatique, et, treize ans après, hérite du prestigieux « rez-de-chaussée » jusqu'alors tenu par Pierre-Henri Simon. Romancier, auteur d'une dizaine de livres, il a obtenu le prix Interallié en 1958 pour le Grand dadais, et le grand prix de l'Académie française en 1970 pour la Folle de Lituanie. Homme de gauche et prolétaire de cœur, Bertrand Poirot-Delpech cultive l'anticonformisme d'un bourgeois libéral. Suspecté de briguer l'habit vert, il affecte de fuir les mondanités et affiche envers les éditeurs une indépendance trop rare dans ce métier. Un article signé de sa main est une des clés du succès. Il ne l'ignore pas, mais se garde d'en abuser. René Rémond

Professeur à l'université de Paris X-Nanterre et à la Fondation nationale des sciences politiques, René Rémond est né en 1918 à Lons-le-Saunier. Élève de l'École normale supérieu- re, agrégé d'histoire et docteur ès lettres, il est successivement assistant à la Sorbonne, directeur d'études à la FNSP (1956), professeur à l'Institut d'études politiques, enseignant à Nanterre dont il occupe la présidence entre 1971 et 1976. Il a détenu maints postes de responsabilité au sein d'organismes officiels : premier vice-président de la Conférence des présidents d'uni- versité, il fut aussi membre du conseil d'administration de l'ORTF et de celui de Radio-France. Depuis 1975, il appartient au Conseil supérieur de la Magistrature, et il préside l'Institut d'histoire du temps présent. Collaborateur du Monde, du Progrès de Lyon, d'Ouest- France, de la Croix, du Point, il intervient encore dans de multiples publications spécialisées. Directeur de la Revue historique, responsable de collection chez Armand Colin, on lui doit une vingtaine d'ouvrages (la Droite en France, la Règle et le consentement). Fréquemment invité à la radio et à la télévision, expert en politologie sur les ondes d'Antenne 2, il est un des intellectuels qui ont le plus contribué à « médiatiser » la science politique, à gommer la frontière entre l'histoire contemporaine et le journalisme. Jean-François Revel

Écrivain et journaliste, Jean-François Revel (de son vrai nom : Ricard) est né en 1924 à Marseille. Élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, il enseigne d'abord à Mexico, puis à Florence, enfin au lycée Jean-Baptiste-Say à Paris. Responsable des pages littéraires de France-Observateur (1960-1963), il entre ensuite à l'Express comme éditorialiste. Membre du conseil d'administration de cet hebdomadaire, il en devient le directeur en 1978. Fondateur de la collection « Libertés 2000 » chez Jean- Jacques Pauvert, il « l'emmène » avec lui chez Robert Laffont où il s'installe en 1965 comme conseiller littéraire. Il y dirige les collections « Le monde qui se fait » et « Notre époque », qu'il abandonne lorsqu'il est nommé à la tête de l'Express. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages (Pourquoi des philoso- phes?, la Cabale des dévots, Ni Marx ni Jésus, la Tentation tota- litaire). Jean-François Revel fut un des conseillers de François Mitterrand à l'époque de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste; il se présenta même sous cette étiquette aux élections législatives de 1967. Il a rompu avec le PS quand celui-ci a voulu s'étayer sur une alliance avec les communistes. Promoteur d'un courant libéral et anticommuniste, il a donné une nouvelle impulsion à un journal qui battait de l'aile, puis l'a quitté brusquement à la suite d'un désaccord avec son proprié- taire, Jimmy Goldsmith. Georges Suffert

Idéologue du « Point » et producteur de l'émission « La rage de lire», Georges Suffert est né en 1927 à Paris. Fils de petits hôteliers, il participe, jeune lycéen, aux combats de la libération de Paris. Courageux, il sera en première ligne d'innombrables manifestations pendant des années. Sans diplôme, il effectue divers petits métiers, fonde en 1949 une revue, les Mal-Pensants, dont le titre est tout un programme. Après un passage au commissariat au Plan, il devient en 1953 rédacteur en chef de Témoignage chrétien. En 1958, il entre à France-Observateur qu'il abandonne cinq ans plus tard pour l'Express où il atteint le grade de rédacteur en chef-adjoint. Avec Olivier Chevrillon et Claude Imbert, il prend part à la « scission » de 1971 et contribue au démarrage du Point, dont il est directeur-adjoint de la rédaction jusqu'en 1978. Il est également éditorialiste au Républicain lorrain. Catholique, Georges Suffert a effectué le parcours du chrétien de gauche et a fini par traverser l'échiquier politique en diagonale. Longtemps collaborateur d'Esprit, rédacteur en chef (entre 1958 et 1962) des Cahiers de la République de Pierre Mendès France, il est durant sept ans (1958-1965) l'énergique secrétaire général du Club Jean-Moulin, et adhère un temps au PSU. Il a aujourd'hui tracé une croix sur ce passé. Ses anciens amis, et ils sont légion, parlent de lui avec émotion et rancune, et l'accusent d'avoir perdu son âme dans l'affaire Curiel. Goûtant l'aisance, séduisant, contradictoire, Georges Suffert demeure, malgré une cote en baisse, un grand « circulateur ». Alain Tour aine

Directeur d'études à l'EHESS, Alain Touraine, né en 1925 dans le Calvados, est fils de médecin. Khâgneux - à Louis- le-Grand -, normalien, agrégé d'histoire et docteur ès lettres, il est d'abord chercheur au CNRS (1950-1958) avant d'être élu, en 1960, à l'École pratique des hautes études. De 1966 à 1969, il enseigne la sociologie à Nanterre et sera aux premières loges pour observer le mouvement de Mai 1968. Directeur jusqu'en 1981 du Centre d'étude des mouvements sociaux, il a occupé de nombreux postes de responsabilité au sein de l'institution universitaire. Chroniqueur au Matin, collaborateur des revues Esprit et Faire, auteur d'une vingtaine de livres (la Conscience ouvrière, Production de la société, la Voix et le regard), Alain Touraine est l'un des rares universitaires - hormis les historiens - qui fournissent l'effort de vulgariser leur pensée. Cette volonté de sortir du sérail l'expose au reproche de légèreté et de complai- sance envers les médias. Il n'empêche que son influence est sensible, par exemple chez les militants de la CFDT ou les écologistes. Ex-membre du PSU, proche du parti socialiste, rocardien, il ne ménage pas une certaine gauche dont il a jadis prédit la mort. Françoise Verny

Directrice littéraire chez Grasset, Françoise Verny est agrégée de philosophie, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de Sèvres. Elle consacre deux années au CNRS avant d'opter pour la presse : elle collabore à l'Express, monte dans la hiérarchie à l'Echo de la mode, et devient corédactrice en chef du Nouveau Candide. En 1964, elle entre aux Éditions Grasset pour y développer le secteur des idées. Depuis, elle n'a cessé d'étendre son emprise dans une maison dont elle est la véritable « tête ». Ancienne militante communiste, elle continue d'entretenir des relations avec certains dirigeants dont Grasset édite les livres. Par ailleurs, elle est lectrice chez l'éditeur de bandes dessinées Dargaud, écrit des adaptations de romans pour la télévision (les Chevaux du soleil, de Jules Roy, Dickie-Roi, de Françoise Mallet-Joris). Écrasante personnalité, elle fascine « ses » auteurs à qui elle sait, fine psychologue, tenir le discours qui convient. Inconnue du grand public, elle est une figure clé du milieu éditorial. Sources

1. Liste des personnes interviewées :

Pierre Ajame Max Gallo François-Régis Bastide Marcel Gauchet Blandine Barret-Kriegel Claude Glayman Pierre Bourdieu Jean-Claude Guillebaud Christian Bourgois Marek Halter Jean-Marie Borzeix Jean-Edern Hallier Anne-Marie Bourgnon Jacques Icher André Burguière Jean-Noël Jeanneney Roland Cayrol Christian Jelen Michel Chodkiewicz Janik Jossin Catherine Clément Jacques Julliard Bernard Clavel Jean-François Kahn Annie Kriegel Pierre Daix Jérôme Lindon Jean Daniel Emmanuel Le Roy Ladurie Alain de Benoist Bernard-Henri Lévy Jean-Marie Domenach Philippe Meyer Alain Duhamel Pierre Nora Claude Durand Louis Pauwels Jean Elleinstein Jacqueline Piatier Jean-Paul Enthoven Bernard Pivot Francis Esménard Bertrand Poirot-Delpech François Furet Bernard Pingaud François George Jean-Pierre Ramsay René Rémond Paul Thibaud Jacques Revel Olivier Todd Pierre Rosanvallon Pierre Vidal-Naquet Jean-Claude Simoën Françoise Verny Antoine Spire Patrick Viveret Georges Suffert Monique Wendling.

Les auteurs remercient en outre les 47 autres personnes (écrivains, journalistes, attachés de presse, universitaires, con- seillers d'édition) qui ont accepté de s'entretenir avec eux mais préféraient que leur nom ne fût pas cité. Ils expriment enfin leur gratitude aux bibliothécaires des lycées Louis-le-Grand et Henri-IV.

2. Les cent personnes qui forment l'échantillon d'enquête utilisé au chapitre « Portrait de groupe avec chiffres » :

Henri Amouroux, Jean-Pierre Angrémy, Jean-Paul Aron, Raymond Aron, Jacques Attali, Robert Badinter, Blandine Barret-Kriegel, François-Régis Bastide, Jean-Marie Benoist, Yves Berger, Jacques Berque, Alain Besançon, Lucien Bianco, Pierre Birnbaum, Jean Boissonnat, Jean-Marie Borzeix, Alain Bosquet, Pierre Bourdieu, Christian Bourgois, Fernand Brau- del, Jean-Denis Bredin, Christine Buci-Glucksmann, André Burguière, Jean Cau, Roland Cayrol, Hélène Cixous, Cathe- rine Clément, Michel Cournot, Michel Crozier, Pierre Daix, Jean Daniel, Alain de Benoist, Alain Decaux, François de Closets, Jean-Toussaint Desanti, Jean-Marie Domenach, Jean d'Ormesson, Michel Droit, Georges Duby, Alain Duhamel, Claude Durand, Jean Dutourd, Maurice Duverger, Jacques Fauvet, Marc Ferro, André Fontaine, André Frossard, Michel Foucault, François Furet, Matthieu Galey, Max Gallo, Roger Garaudy, Marcel Gauchet, François George, Jean-Claude Guillebaud, Gisèle Halimi, Jean-Edern Hallier, Marek Halter, François Jacob, Jean-Noël Jeanneney, Claude Julien, Jacques Julliard, Jean-François Kahn, Annie Kriegel, Jacques Lacan, Jean Lacouture, Armand Lanoux, Georges Lapassade, Gilles Lapouge, Jacques Le Goff, Emmanuel Le Roy Ladurie, Claude Lévi-Strauss, Jean-François Lyotard, Claude Mauriac, Alexandre Minkovski, Pierre Miquel, Maurice Nadeau, Pierre Nora, François Nourissier, Hélène Parmelin, Louis Pauwels, Bernard Pingaud, Bernard Pivot, Bertrand Poirot-Delpech, Jean-Pierre Ramsay, Madeleine Rebérioux, René Rémond, Jean-François Revel, Jacques Revel, Philippe Robrieux, Maxime Rodinson, Pierre Rosanvallon, Claude Roy, Jean- Louis Servan-Schreiber, Georges Suffert, Paul Thibaud, Olivier Todd, Alain Touraine, Georges Vedel, Jean-Marie Vincent, Patrick Viveret.

Éditions Ramsay 9, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris, Tél. : 544.55.05 Ouvrages publiés au 1er septembre 1981 par ordre de parution

Documents, Essais, Histoire

VENDANGES AMÈRES, Emmanuel Maffre-Baugé. MA ROUTE ET MES COMBATS, André Bergeron. DUEL ROUGE, François Missoffe. MENDÈS FRANCE, Alain Gourdon. PROPOS DE MAUVAIS GOÛT, Julien Cheverny. LIBERTÉ TOMBÉE DU CIEL, Henri Deplante. QUESTIONNAIRE POUR DEMAIN, Jean-Louis Servan-Schreiber. LA GAUCHE PEUT SAUVER L'ENTREPRISE, Jean Matouk. POUR UNE POIGNÉE DE BOUDIN, Serge Adam. EUROPES, Jacques Huntzinger. SOLUTIONS SOCIALISTES, Serge-Christophe Kolm. 20 h 07, 19 MARS 1978. LÉGISLATIVES : LA GAUCHE BATTUE, Frédéric Moreau. LE CENTRE POMPIDOU, UNE NOUVELLE CULTURE, Robert Bordaz. LE CINÉMA ET MOI, Sacha Guitry. Présenté par F. Truffaut. LETTRES SUR LA DANSE, Noverre. Présenté par Maurice Béjart. FOOTBALL EN LIBERTÉ, Michel Hidalgo. AVANTAGE FRANCE! F. Jauffret, Ch. Quidet. CLUBINOSCOPE 78, Gérard Carreyrou, Richard Art et Marie Marcowith. ET SI ON ALLAIT FAIRE UN TOUR JUSQU'À LA POINTE? OU DIX ANS D'HISTOIRE DES FRANÇAIS EN VACANCES ET EN VOYAGES, Jean-Francis Held. LE PULL-OVER ROUGE, Gilles Perrault. DÉFI DU MONDE, CAMPAGNE D'EUROPE, Edgard Pisani. LA FRANCE À L'ABATTOIR, Pierre Bourgeade. ASSEZ MENTIR, Vercors, Olga Wormser-Migot. DIEU QUE LA CRISE EST JOLIE, Philippe de Saint-Robert. LE POUVOIR INTELLECTUEL EN FRANCE, Régis Debray. LA BEAUTÉ DU MÉTIS, Guy Hocquenghem. HISTOIRE DU SOLDAT, DE LA VIOLENCE ET DES POUVOIRS, Alexandre Sangui- netti. L'ARMÉE DU RIRE. L'HUMOUR DANS LES PAYS DE L'EST, Viloric Melor. VINCENT MOULIA, LES PELOTONS DU GÉNÉRAL PÉTAIN, Pierre Durand, préfacé par Armand Lanoux. CÂLINE, Serge Delarue. LES FEMMES PRÉFÈRENT LES FEMMES, Elula Perrin. TANT QU'IL Y AURA DES FEMMES, Elula Perrin. ATTENTION CAMPAGNE! Franz-André Burguet. LA VIE À BOUT DE BRAS, Michel Lardy. TON AVENTURE, PEUPLE DE GAUCHE 1920-1979, Guy Perrimond. 78, SI LA GAUCHE L'EMPORTAIT, sous la direction de J.-F. Held. DAME L'ÉCOLE, André Henry. IL ÉTAIT PLUSIEURS « FOI », Monique Gilbert. POUR QUELQUES CHRÉTIENS DE PLUS, Claude Gault. JOUER AU PAPA ET À L'AMANT. DE L'AMOUR DES PETITES FILLES, Nancy Huston. MÉMOIRES DE MADAME CAMPAN, première femme ae chambre de Marie- Antoinette. DES FOUS DE MER, Henri Bernard. BABOUCHKA, Marina Vlady, Hélène Vallier, Odile Versois, Olga Baïdar. LA VIE AVANT LA VIE, Hélène Wambach. LE FOOTBALL BUSINESS, Daniel Hechter. MÉMOIRES VOLÉES, Jean-Hervé Lorenzi, Éric Le Boucher. LES APPRENTIS SORCIERS, J. Rifkin, T. Howard. LES INDIENS DU CANADA, Sabine Hargous. Jean-Pierre Vittori présente : CONFESSIONS D'UN PROFESSIONNEL DE LA TORTURE. La guerre d'Algérie. L'AFFAIRE PETIOT, Jean-François Dominique. LE MAGNÉTISME. HISTOIRE, TECHNIQUES ET APPRENTISSAGE DU POUVOIR MAGNÉ- TIQUE, Émile Wanono. ASTROLOGIE ET SEXUALITÉ, Judith Bennet. ANTI-GUIDE DE MOSCOU, Alexandre Dimov. LES AVENTURES DE MA VIE, Henri Rochefort. Présentées par Jean Guichard- Meili. LE P.C.F. DANS LA GUERRE, Stéphane Courtois. UN CHÂTEAU EN ALLEMAGNE, SIGMARINGEN 1944-1945, Henry Rousso. LE CAS WALLENBERG, Jacques Derogy. L'ILE DE LUMIÈRE, Bernard Kouchner. UN JUIF PAS TRÈS CATHOLIQUE, Alexandre Minkowski. LA SAGA DES GISCARD, Pol Bruno. L'UNIVERSITÉ ASSASSINÉE : VINCENNES 1968-1980, Pierre Merlin. L'ALLAITEMENT, Marie Thirion. LE CHOC AMOUREUX, Francesco Alberoni. LE PASSEUR, Daniel Durandet. CHANGER L'IMPÔT, POUR CHANGER LA FRANCE, Pierre Uri. LES DERNIERS BÛCHERS, Robert Muchembled. LEURS VIES TRÈS INTIMES, Wallace.

Romans, Récits

DEVENIR CÉCILE, Lionel Rocheman. FORTERESSE SOLITUDE, Pierre Barluet. DE QUEL AMOUR BLESSÉ, Huguette Maure. LE PRIX D'UNE MÈRE, Ferdinand Freed. SI L'ON POUVAIT PARLER D'AMOUR ET RIRE ENCORE! Chantal Demaisière. ALLIGATOR, Shelley Katz. SOUVIENS-TOI ÉLÉONORE ! Caroline Babert. ORCA, Arthur Herzog. ENTRE DIEU ET DIABLE, Emmanuel Maffre-Baugé. LA GUARDIA AIRPORT, Pierre de Plas. CÉRÉBRO, I. Frédefon, J. Davin. LES JOURS TROP BLEUS, Pierre Dumoulin. LE JUGEMENT DE POITIERS, Jean Demélier. PLUS TARD AU BORD DU LAC, Marcel Domerc. LE FILS MÈRE, Gail Parent, traduction Erik Kahane. LE DÉSERT DE L'IGUANE, Alain Dubrieu. STALINODIE, Pierre Hulin. UN LYCÉEN À BUCHENWALD, Jacques Bailly. RÊVE D'INCESTE, Elisabeth Mesner. LA JEANNE D'ARC EST ROUILLÉE, Jacques Krier. LA TABLE D'ASPHALTE, Revzani. RAHEL, MA GRANDE SŒUR, Clara Malraux. BALLADE POUR UN PÈRE, Xavier Emmanuelli. MARIE, Annick Bernard. LA POUDRE. CONFESSIONS D'UN REVENDEUR D'HÉROÏNE, Léon Serguine. ALICE AU PAYS DES FEMMES, Elula Perrin. AMANDA MIRANDA, Richard Peck, traduction Marc Albert. LA BANQUIÈRE, Georges Conchon, Jean Noli. LES MÉANDRES DE LA MOSELLE, Caroline Babert. UN HOMME CASSE, Daniel Karlin. CRÉPUSCULAIRES, Chantal Chawaf. LES CONFETTI NOIRS, Gérard Rougeron. MARIE DUPLESSIS, LA DAME AUX CAMÉLIAS, Bertrand Poirot-Delpech. MOURIR UTILE, David Pearl, Jacqueline Khayat. LES GENS D'ICI, Gilles Perrault. MAIN BASSE SUR WALL STREET, Michael M. Thomas. TALON AIGUILLE, Ferdinand Freed. COUVRE FEUX, Clarisse Nicoïdski. DERNIER OCÉAN, Michel Rachline. LE GRAND ARC ORIENTABLE, Jean-Francis Held. LALIBELLA OU LA MORT NOMADE, Jean-Noël Pancrazi, Hélène-Vernet, Suzel Galliard, Nicolas Philibert.

Collection « Mots »

BALACE BOUNEL, Marco Koskas. LE CAILLOU, Clarisse Nicoïdski. RIDES, Charles Simmons, traduction Gilles Chahine. LE MARIN BLANC DU PRÉSIDENT, Jerome Charyn, traduction Birgitta Hessel. LES HOMMES-SPIRALE, Nicole-Lise Bernheim. LES PETITS CHEMINS DE L'ABIME, Pierre Joffroy. SIGNES PARTICULIERS, Pascal Bonafoux. LA GRILLE, Pierre-Louis Humbert. LA MANDUCATION, François Forestier.

Collection « Affinités Électives »

MAUPASSANT ET LES AUTRES, Jacques Chessex. MILLE MILLER, Clément Lépidis.

Collection « Lettres Étrangères »

LA FUITE DES ANDES, Plinio Mendoza. PROLOGUE POUR UNE FEMME, Nina Schneider. Beaux Livres

ISRAËL, OMBRE ET LUMIÈRES, SOUS la direction de Joseph Kessel. CHEFS-D'ŒUVRE DE LA PHOTO ÉROTIQUE... ANTHOLOGIE DU VERS UNIQUE, Georges Schéhadé. LA DERNIÈRE MODE, GAZETTE DU MONDE ET DE LA FAMILLE, Stéphane Mal- larmé. GUIDE PRÉCIEUX DES APHRODISIAQUES, Antoine Grenelle. INTRÉPIDE EUROPE, Chenez. L'OPÉRA DE 1597 À NOS JOURS. FRESQUES DE SALLES DE GARDE, Jacques Le Pesteur. Collection « Nostalgie »

LES GRANDS GOALS DE L'HISTOIRE, Philippe Robrieux. HISTOIRE DE PIAF, par Monique Lange. LE VEL'D'HIV, Liliane Grunwald et Claude Cattaert. L'ÂGE D'OR DU ROCK'N'ROLL, François Jouffa, Jacques Barsamian. LUIS MARIANO, Jean-Louis Chardans. HISTOIRES DE FAMILLES ROYALES (2 tomes), Arnaud Chaffanjon. L'UNIVERS DES VOIX : LES DIVAS, Charles Dupêchez, Dominique Fernandez. VILLES D'EAUX, Erik Orsenna, Jean-Marc Terrasse. ILS SONT MORTS TROP JEUNES, Marianne Sinclair.

Collection « Biographie »

HAENDEL, Janine Alexandre-Debray. NIZAN, DESTIN D'UN RÉVOLTÉ, Pascal Ory. JEAN LE BON ET SON TEMPS, Georges Bordonove. TEILHARD DE CHARDIN, L'HOMME, LE PRÊTRE, LE SAVANT, Mary Lukas et Ellen Lukas. Mémoires de Saint Simon

1-1691-1694. Présenté par F.-R. Bastide. 2-1695-1699. Présenté par Ph. Erlanger. 3-1699-1702. Présenté par le duc de Castries. 4-1702-1705. Présenté par J.-L. Curtis. 5-1705-1707. Présenté par J. de Lacretelle. 6-1707-1709. Présenté par Sainte-Beuve. 7-1709-1710. Présenté par E. Le Roy Ladurie. 8-1710-1711. Présenté par Hyppolyte Taine. 9-1711-1713. Présenté par Didier Martin. 10-1713-1714. Présenté par Barbey d'Aurevilly. 11-1714-1715. Présenté par André Maurois. 12-1715-1716. Présenté par Henri de Montherlant. 13-1717-1718. Présenté par le duc de Lévis Mirepoix. 14-1718. Présenté par René Girard. 15-1718-1720. Présenté par Erik Orsenna. 16-1720-1721. Présenté par J.-C. L. de Sismondi. 17-1721-1723. Présenté par Ph. Sollers. 18-Table alphabétique générale des Mémoires. Collection « Vie antérieure »

HENRI QUATRE, Gaston Bonheur. CALLAS, UNE VIE, Pierre-Jean Rémy. L'ENRAGÉ, Dominique Rolin. CORTÉS OU L'AFFRONTEMENT DES DIEUX, Jean Duché. LES CINQ GIROUETTES, Jean-Louis Bory. JULIE DE LESPINASSE. MOURIR D'AMOUR, Jean Lacouture, Marie-Christine d'Aragon. L'ABBÉ DON JUAN, Jacques Perry.

Collection « Reliefs »

Philippe Ariès présente : LA CIVILITÉ PUÉRILE, Érasme. André Fermigier présente : TROIS MAÎTRES, Alexandre Dumas. Michel de Certeau présente : LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIII SIÈCLE, Jules Verne. Henri Guillemin présente : DE L'ABSOLUTISME ET DE LA LIBERTÉ, F. de Lamen- nais. Dominique Fernandez présente : TRAITÉ DES EUNUQUES, Charles Ancillon. Michel Tournier présente : ESSAI SUR LES FICTIONS, Germaine de Staël. Gérard Guégan présente : THÉORIE DE L'AMBITION, Hérault de Séchelles.

Guides Pratiques

Où JOUER AU TENNIS, Gilles Lambert, Michel Sutter. BIEN MANGER PRÈS DES AUTOROUTES, Pierre Amalou. BIEN VIVRE SA GROSSESSE, Pr Yves Malinas. L'AIDE-MÉMOIRE DE LA JEUNE MAMAN, Marguerite Kelly, Elia Parsons. LA CUISINE AUX FRUITS, Marc Giniès. PÂTES ET RIZ, 230 FAÇONS DE LES ACCOMMODER, Elmo Coppi. MES TABLES DE FÊTES, 91 RESTAURANTS PARISIENS, Claude Olievenstein. JEUX, ASTUCES, BRICOLAGE DE SOIZIC, Soizic Corne. GUIDE KRONENBOURG DE L'ALSACE AUTHENTIQUE, Jacques Legros. Nouvelle édition 1980. GUIDE KRONENBOURG DU NORD-PAS-DE-CALAIS AUTHENTIQUE, André Gam- bin. GUIDE KRONENBOURG DE LA PROVENCE-CÔTE D'AZUR AUTHENTIQUE, Laurence- Edwige Andréani, Jacques Gantié, Jean Rambaud. GUIDE KRONENBOURG DE LA BRETAGNE AUTHENTIQUE, Jean Markale.

« Les livres Femme pratique »

LE CAHIER DE COUTURE DE MAMAN, Françoise Lebrun. DÉCORS DE TABLE, Béatrice Malan, Marine Jacquemin. LA NOUVELLE CUISINE POUR CHIENS, Béatrice de Goutel. J'ACCOUCHE EN SÉCURITÉ, Docteur David Élia. LES ENFANTS ET LE DIVORCE, Richard A. Gardner, présentation du Dr Julien Cohen-Solal. LES VERTUS DES PLANTES, Maguelonne Toussaint-Samat. CES MERVEILLEUX DESSERTS, Alice Vogel. LES SEINS, Ghislaine Andréani. LE CAHIER DE TRICOT DE MAMAN, Françoise Lebrun. VOTRE TEMPS VOUS APPARTIENT, Diana Silcox.

« Anthologie »

ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE POLICIÈRE, Jacques Sadoul, Coll. J.-J. Pauvert. ANTHOLOGIE DES LECTURES ÉROTIQUES, Jean-Jacques Pauvert.

« Jean-Jacques Pauvert aux Éditions Ramsay »

LA STRATÉGIE DU MENSONGE, DU KREMLIN À GEORGES MARCHAIS, Auguste Lecœur. SOL INVICTUS (MA DERNIÈRE MÉMOIRE, T. 3), Raymond Abellio. LE POÈTE RUSSE PRÉFÈRE LES GRANDS NÈGRES, Edward Limonov. MLLE DE MUSTELLE ET SES AMIES, Pierre du Bourdel. LES QUEUES DE KALLINAOS, Hubert Monteilhet. LA MACULÉE, DIALOGUES DE NUIT, Jane Evelyn Atwood. LA FEMME FARDÉE, Françoise Sagan. Cet ouvrage a été réalisé sur SYSTÈME CAMERON par Firmin-Didot S.A. pour le compte des Éditions Ramsay le 22 septembre 1981

Imprimé en France Dépôt légal : 3 trimestre 1981 N* d'édition : 465 — N° d'impression : 8866 Ils règnent sur l'université, ils dirigent l'édition, ils inves- tissent les médias, et souvent les trois à la fois. Ecrivains en vogue, critiques écoutés, éditeurs dans le vent, intellectuels à la page, ils sont !es agents de la circulation des idées. Une tribu de quelques centaines de têtes. Hervé Hamon et Patrick Rotman, au terme d'une enquête minutieuse, dépeignent les lieux, les rites, les figures de ce monde rétif à l'investigation. Leur livre n'est pas un essai mais un reportage, une promenade fureteuse qui entraîne le lecteur dans les temples universitaires, les grandes mai- sons d'édition, les salles de rédaction, les studios. Comment fonctionne la critique, sont lancés les livres, distribués les prix littéraires? D'où vient le pouvoir d'Emmanuel Le Roy Ladurie ou de Bernard Pivot, de Raymond Aron ou de Jean Daniel? Répondre à ces ques- tions, c'est dévoiler des mécanismes, décrire des circuits, explorer des réseaux. Sans désinvolture et sans courbettes, avec humour et précision, les auteurs violent un tabou: ils examinent le mode et le train de vie des "intellocrates".

Hervé Hamon et Patrick Rotman ont publié ensemble Les Porteurs de valises (1979) et L'Effet Rocard (1980).

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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