Teodor Currentzis Mozart Requiem MENU › TRACKLIST › Français › ENGLISH › Deutsch › Sung Texts Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Requiem K.626
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MUSICAETERNA TEODOR CURRENTZIS MOZART REQUIEM MENU › TRACKLIST › FRANÇAIS › ENGLISH › DEUTSCH › SUNG TEXTS WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791) REQUIEM K.626 1 I. INTROITUS 4’37 2 II. KYRIE 2’11 III. SEQUENTIA 3 DIES IRAE 1’40 4 TUBA MIRUM 3’05 5 REX TREMENDAE 1’41 6 RECORDARE 4’53 7 CONFUTATIS 2’42 8 LACRIMOSA 3’44 IV. OFFERTORIUM 9 DOMINE JESU 3’09 10 HOSTIAS 3’58 11 V. SANCTUS 1’24 12 VI. BENEDICTUS 4’56 13 VII. AGNUS DEI 3’24 14 VIII. COMMUNIO: LUX AETERNA 5’08 TOTAL TIME: 46’32 SIMONE KERMES SOPRANO STÉPHANIE HOUTZEEL ALTO MARKUS BRUTSCHER TENOR ARNAUD RICHARD BASS THE NEW SIBERIAN SINGERS THE CHAMBER CHOIR OF THE NOVOSIBIRSK State ACADEMIC OPERA AND BALLET THeatre VYACHESLAV PODYELSKY CONDUCTOR GANA BARYSHNIKOVA, NADEZHDA KOKAREVA, ELENA KONDRATOVA, ALLA LEBEDEVA, MARGARITA MEZENTSEVA, ARINA MIRSAETOVA, VALERIA SAFONOVA, LUBOV SKURIKHINA, ELENA YURTCHENKO, NATALIA ZARIEVA SOPRANOS EKATERINA BATENEVA, MARIA KLENOVA, NINA NIKITINA, ANNA PENKINA, ELENA ROGOLEVA, ELENA STOLPOVSKIKH, MARINA TENITILOVA, LUDMILA TUKHAEVA, ANNA SHVEDOVA ALTOS DMITRY VESELOVSKY, ALEXANDRE ZVEREV, EVGENY MYSKOV, VASILY NOVIKOV, PAVEL PALASTROV, EVGENY RyMAREV, VLADIMIR SAPOZHNIKOV TENORS ALEXANDRE BEZRUKOV GENNADY VASILIEV, EVGENY IKATOV, SERGEY MEZENTSEV, ALEXANDRE NAZEMTSEV, VITALY POLONSKY, SERGEY TENITILOV BASSES MUSICAETERNA TEODOR CURRENTZIS CONDUCTOR INNA PROKOPIEVA, ELENA RAIS, IVAN PESHKOV, ARTEM SAVTECHENKO, NADEZHDA ANTIPOVA, AFANASY CHUPIN VIOLINS I YULIA GAIKOLOVA, EKATERINA ROMANOVA, LIANA ERKVANIDZE, DINA TURBINA VIOLINS II EVGENIYA BAUER, DMITRY PARKHOMENKO, OLEG ZUBOVICH, VALERIA SVETLOSANOVA VIOLAS ALEXANDER PROZOROV, EKATERINA KUZMINYKH, IGOR GALKIN, YURY POLYAKOV CELLOS DMITRY RAIS, DILYAVER MENAMETOV DOUBLE BASSES SVYATOSLAV KARAGEDOV TIMPANI LEONID GURIEV, PAVEL KURDAKOV TRUMPETS FLÓRA PÁDÁR, ALEXANDER GOLDE BASSOONS FLORIAN SCHÜLE, SEBASTIAN KÜRZL BASSET HORNS MATTHIAS SPRINZ, RALF MÜLLER, CHRISTINA HESS TROMBONES › MENU AIS Ç MYTHES ET RÉALITÉS DU REQUIEM DE MOZART FRAN PAR PATRICK BARBIER Si le Requiem de Mozart est l’une des œuvres les plus admirées de la musique occidentale, il a aussi beaucoup alimenté les fantasmes et les erreurs. Il faut dire que ce mystérieux homme en noir, venu commander à Wolfgang une messe des morts, avait de quoi impressionner un compositeur déjà très affaibli et intriguer la postérité : un tel « messager de la mort » n’annonçait-il pas la fin du compositeur ? Le célèbre film de Milos Forman, Amadeus, rajoute une pincée de pathos dans la scène de pure fiction (mais d’une grande force cinématographique !), où Mozart, sentant sa fin approcher, dicte le Confutatis de son Requiem à Salieri. Revenons aux faits. Si Mozart n’a jamais dicté sa dernière œuvre, il n’a pas vu non plus la mort frapper à sa porte. Il a seulement été perturbé par les visites successives et insistantes de l’intendant du comte Walsegg, venu le prier d’écrire un Requiem que son maître entendait donner à la mémoire de son épouse défunte. S’il y a quelque chose de troublant dans cette histoire, ce n’est pas la personnalité de l’émissaire, mais bien les intentions, honnêtes ou non, du comte Walsegg lui-même. Pourquoi avait-il entouré de secret cette commande et, surtout, pourquoi ne voulait-il pas que l’on fasse une copie du manuscrit avant de le livrer ? Simple désir de garder l’anonymat sur le compositeur jusqu’au jour de la création, ou volonté de s’approprier un jour la partition et de s’en déclarer l’auteur ? Une chose est sûre : Walsegg a frappé à la bonne porte. Mozart est un compositeur célèbre qui vient d’être nommé vice-maître de chapelle de la Cathédrale de Vienne, le 9 mai précédent. Ce titre honorifique montre aussi que Wolfgang, quoique franc-maçon, n’a jamais cessé d’écrire pour l’Église catholique. Sa mort subite en décembre 1791, à l’âge de 35 ans, laisse le Requiem aux mains de sa famille et de celui qui sera chargé de le compléter. Car c’est bien dans un état d’extrême épuisement que AIS Mozart s’attelle à cette partition. Réduit à une situation financière difficile, il doit, pour s’en sortir, Ç accepter toutes les commandes, aggravant sa fatigue et ce qu’on appellerait aujourd’hui son FRAN « stress ». Des trois dernières, deux sont achevées à temps : La Clémence de Titus, écrite en trois semaines et créée à Prague le 6 septembre précédent, et La Flûte enchantée, encore en cours de représentations au moment où il disparaît. Seul le Requiem demeure incomplet, faute de temps (ou par appréhension d’achever ce qu’il pouvait considérer comme sa propre messe funèbre !). Et pourtant, quelle perfection dans les pages qu’il nous laisse (environ la moitié de l’œuvre), quel testament musical d’une force et d’une luminosité sans pareilles ! Dès les premières mesures, une respiration haletante se met en place, partagée entre la mélodie sombre des bassons et cors de basset, et la réponse syncopée des cordes. Inspiration, expiration : nous ne serons partiellement libérés de ce spasme grandissant qu’avec l’entrée des chœurs. Tour à tour, chacune des voix évoque le repos éternel, Requiem aeternam, tandis que l’orchestre poursuit inlassablement cette lente pulsation de la vie, plus forte encore que la mort évoquée dans le texte. Même l’hymne de louange radieux du soprano soliste (Te decet hymnus) n’est qu’une parenthèse avant la reprise de l’angoissant et haletant ensemble choral. Tout s’apaise sur les dernières paroles de l’Introït, juste avant la fugue magistrale du Kyrie : tout au long du morceau, à un « sujet » véhément et descendant (sur les mots Kyrie eleison), repris tour à tour par chaque voix, s’oppose un « contre-sujet » qui déroule une cascade ascendante de doubles-croches (sur Christe eleison). Cette mécanique parfaite semble s’emballer dans une course folle jusqu’à l’impressionnante apothéose finale. Nous voici prêts à entrer de plain-pied dans le célébrissime Dies Irae (Jour de colère que ce jour-là) évoquant l’instant redouté du Jugement dernier. Les voix sont désormais parallèles pour scander le texte avec une force inouïe, tandis que l’orchestre se déchaîne dans les trémolos des cordes et le fracas des trompettes et timbales. La tonalité de ré mineur revêt aussi une forte charge symbolique pour Mozart : elle soutient dans ses œuvres les moments tragiques, ceux où l’homme se trouve confronté au divin et au questionnement sur la vie et la mort (c’est, par exemple, la tonalité de la mort de Don Juan). AIS La séquence du Tuba mirum est une succession de brefs épisodes, depuis l’énigmatique air Ç de basse avec trombone jusqu’au quatuor final traduisant les angoisses de celui qui redoute FRAN le Jugement dernier. Cet ensemble prépare à la vision grandiose du Dieu de majesté qui surgit, fortissimo, dans le Rex tremendae. Après avoir ouvert par une triple et solennelle acclamation du mot Rex, Mozart fait alterner deux épisodes essentiels : un double canon d’une indicible force, soutenu par le rythme pointé incessant des cordes, pour évoquer le Roi de puissance, et la frêle imploration des pécheurs sur les mots Salva me. Un climat nouveau s’est ainsi installé, créant une habile transition avec le superbe Recordare confié aux quatre solistes. Mozart, sentant ses forces diminuer, jugeait de la plus haute importance d’achever ce quatuor avant de mourir. Il compte parmi les plus belles pages vocales du compositeur et s’ouvre dans un univers de douceur et de calme par les paroles de l’alto et de la basse, Recordare Jesu pie (Souvenez vous, ô doux Jésus), aussitôt reprises par le soprano et le ténor. Ici l’homme prend conscience du sacrifice du Christ, supplie et gémit, mais sa prière semble planer au-dessus de ce monde, lui permettant de retrouver le calme et l’apaisement. Brisant soudain cette accalmie, un souffle de tragédie surgit avec les premiers mots duConfutatis : exacerbation des parties de cordes, ponctuées de coups secs de timbales, agitation du chœur masculin, auquel répond par deux fois l’humble Voca me des femmes. Tout s’apaise enfin pour nous mener en douceur vers l’instant de grâce. Le Lacrimosa est d’abord l’une des plus belles déplorations musicales de l’Histoire, avec sa sublime et plaintive mélodie, ponctuée par les rythmes syncopés des cordes. Entre berceuse et sanglots, Mozart nous offre ici une vision familière, presque amicale, de la mort. Mais cette page nous émeut aussi par son inachèvement. Le manuscrit montre les huit premières mesures à peu près complètes et, dans la neuvième, l’esquisse de la partie de soprano. Ensuite, plus rien ; la page est blanche. Mozart n’ira pas plus loin dans ce qu’il nommait lui-même son « chant funèbre ». La partition en serait restée là si Constance, sa veuve, n’avait demandé à Franz Xaver Süssmayr de la compléter, lui qui connaissait bien le style du maître pour l’avoir assisté dans la composition AIS des récitatifs de La Clémence de Titus. Sans doute aidé d’autres plumes, il poursuit le Lacrimosa, Ç ajoute les parties d’orchestre manquantes des précédents numéros, et complète ou invente les FRAN numéros suivants, non sans tenir compte des indications de dernière heure du maître ou des notes prises par Constance. Il faut lui rendre grâce de n’avoir pas trahi Mozart, au point qu’aujourd’hui nous écoutons ce Requiem d’une seule traite, sans nous rendre compte qu’il est l’œuvre de deux personnages, ni avoir à souffrir d’une seconde partie vraiment inférieure à la première. Le dynamique Domine Jesu avec sa puissante fugue (Quam olim Abrahae) revient à des procédés stylistiques déjà utilisés dans la première partie de l’œuvre. Süssmayr complète ici la pensée de Mozart, de même que lorsqu’il oppose à ce véhément Offertoire un Hostias baigné d’une douce lumière.