cite de la musique

cité-chanson

du vendredi 22 au dimanche 24 mars 1996

notes de programme cité-chanson cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général

"Ecoutez la chanson bien douce qui ne chante que pour vous plaire... " On avait un peu de mal ces dernières années à suivre l'injonction du poète : la chanson s'était faite massivement dansante mais inaccessible si on ne parlait pas sa langue vernaculaire (l'anglais), et, péché mortel, infredonnable. Et puis insensiblement, le courant vient de s'inverser. C'est que la chanson, il n'y a pas plus mauvaise graine : chassez-la des ondes, elle remet ses pas dans ceux de Carco et de Mac Orlan pour refleurir dans la rue et dans les bars. Ouvrez l'œil dans les cités : les rappeurs s'échangent les dictionnaires de rimes et débattent de poétique. Quant au jazz, il reprend plaisir à mettre des mots sur les sons, et les rockers découvrent qu'en France il existe "un blues à trois temps, le musette" (B.Vian). Etonné et ravi, le public encourage ces nouveaux convertis, l'acoustique gagne sur l'électricité, les bacs des dis­ quaires se garnissent de toute la chanson du siècle. Les quotas aidant, on peut dire que la chanson en France a retrouvé la mémoire et les voies de son identité ; non pour se replier sur elle-même, mais dans une dynamique qui la fera encore mieux dialoguer avec ces belles étrangères que sont les musiques du monde. Les artistes programmés à la cité de la musique cette saison sont tous, chacun à leur manière, porteurs de ce souffle nouveau. Et afin qu'ils y respirent tout à leur aise, plus qu'une simple date de récital, nous leur avons proposé un espace de liberté, propice à l'invention, à l'aventure. On y retrouvera donc des comédiens chanteurs qui remonteront le fil des débuts de la chanson qui souingue ! (titre du spectacle), avec le metteur en scène Laurent Pelly pour guide. La soirée Mauvaise graine présentera de la chanson réaliste qui hésite à se dire poétique, mais qui l'est diablement dans l'énergie du rock : elle est représentée par les Têtes Raides, la Tordue, deux groupes parisiens ; Casse-Pipe et Miossec, eux sont bretons (ils aiment le dire). Anne-Marie Tinot

Fip est partenaire du cycle cité-chanson

notes de programme | I vendredi 22 mars - I7h30 / parvis de la cité de la musique musiques de rue

Bobun Brass Band fanfare de 25 musiciens

Les Rustines Martine Demaret, chant Louise de la Celle, accordéon cité-chanson

Bobun Brass Band

Cette fanfare de rue compose un mélange unique entre le big band de jazz, la fanfare funky, et la formation afro-cubaine. Une libre asso­ ciation d'incendiaires n'ayant qu'une idée en tête : "illuminer nos rues de leurs reflets cuivrés et réchauffer nos chaumières aux sons chauds de leurs percussions". Il faut préciser que la puissance de feu n'exclut pas la finesse des arrangements.

Les Rustines

Le répertoire des belles romances de ne se chante plus seulement dans les mariages et les maisons de retraite : une nouvelle généra­ tion de chanteurs et de comédiens s'en est emparée. Et en effet on ne se lasse pas d'A Paris dans chaque faubourg ou de la Complainte de la Butte. Quand les Rustines y ajoutent leur touche personnelle, le Paris populaire de ces chansons prend une autre dimension, celle de la tendresse et de l'émotion. Pour ajouter à notre bonheur, elles ont ressorti quelques raretés comme La Môme Catch-cach ou Le Petit bal perdu de Bourvil. A reprendre en chœur sans modération.

notes de programme | 3 vendredi 22 mars - 20h / salle des concerts mauvaise graine à la Villette

Miossec Christophe Miossec, chant Guillaume Jouan, guitare, trompette - Christophe Le Bris, bassiste Olivier Melano, violon, guitare

Casse-Pipe Louis-Pierre Guinard, chant Tonio Marinesco, batterie - Philippe Onfray, accordéon Christophe Menguy, basse - Gil Riot, guitare, , chœur

Têtes Raides Christian Olivier, chant Grégoire Simon, saxophone - Scott Taylor, trompette Jean-Luc Millot, batterie - Serge Begout, guitare Pascal Olivier, basse - Dominique Brunier, violoncelle

La Tordue Benoît Morel, percussions, bandonéon, chant Eric Philippon, grosse caisse, planche, contrebasse, guitare, banjo, chant Pierre Payan, guitare, tuba, accordéon, chant, timbales, casseroles, scie,

Le concert est enregistré par France Musique

Joël Simon, régie générale Jean-Marc Letang, régie plateau Marc Gomez, régie lumières Didier Panier, régie son cité-chanson mauvaise graine à la Villette

Les quatre groupes présentés ce soir à la cité de la musique sont sûrement très différents les uns des autres mais ils ont quelque chose en commun, sans savoir forcément quoi. La cité de la musique a pro­ voqué leur réunion pour qu'ils le découvrent. Les dix-huit musiciens et chanteurs des Têtes Raides, La Tordue, Casse-Pipe, Miossec, se sont donc retrouvés à plusieurs reprises pour répéter pendant l'hiver à Paris et en Bretagne. On découvrira à la fois le résultat de cette ren­ contre et une partie du répertoire de chacun des groupes.

Têtes Raides - La Tordue

La guinguette a rouvert ses volets. Aujourd'hui. Dehors, la banlieue a remplacé les faubourgs, et le périph' tourne à la place de la zone. La guinguette a rouvert ses volets. Aujourd'hui. Dehors il y a des par­ kings à la place des terrains vagues, et la fracture sociale à la place de la misère. Mais l'accordéon envoie ses petits refrains, et le passé danse. Et on danse avec lui. Il y a là de la beauté. La java est bleue comme un paquet de gitanes, et la valse est brune sous la lune en néons. Le petit bal n'est plus perdu. Il est pile au carrefour, tremblé comme un mirage mais prêt à étinceler, là, près du dernier bar à ne pas être fermé, à côté de la fête foraine, pas loin du canal. Juste à côté du mur couvert de tags et des ombres de la nuit. Debout dans l'air du temps. Pollué. Brillant de pubs clignotantes. L'air du temps. Où miroitent les histoires anciennes, et où se cristal­ lisent les désirs d'avenir. Et qui se rappelle les horizons et les chansons d'avant. Ah, s'il y a de la nostalgie à l'enseigne des Têtes Raides et de La Tordue, ce n'est pas précisément celle de Radio-Bleue, mais bien celle qui renvoie au mal du pays. Le pays dont on est l'héritier, le pays intérieur qu'on n'en finit pas de s'approprier. C'est de la nostalgie sans tristesse, conquérante et gaillarde. De la nostalgie au futur. Qui fait naître du neuf en chahutant les rengaines d'hier. Qui câline les petits refrains familiers et les bouscule, les bascule en douceur, pour leur faire chanter des imprécations valsantes où brille la lame de rasoir des punks, qui a remplacé le couteau des voyoux d'antan. Les Têtes

notes de programme | 5 cité-chanson

Raides et La Tordue ouvrent une scène merveilleusement neuve. Ils ne sont pas tout à fait les seuls à avoir fait divorcer l'accordéon et les cartes vermeil. L'épatant Gérard Blanchard avait, il y a longtemps déjà, trafiqué les perles de cristal en ceinture cloutée. Arno le Belge a fait longtemps sonner un accordéon bien déjanté sur une batterie implacable. Entre autres. L'accordéon musette s'est depuis une dizaine d'années refait une sacrée jeunesse de rocky. Avec les Têtes Raides, avec La Tordue, c'est une nouvelle étape dans l'affirmation d'une identité rock à la française, comme Léonard Cohen a pu au Canada faire sonner ses prières sexy en tordant l'ensemble de ses musiques, comme l'Italie a su créer une chanson où se mêlent toutes les influences musicales du pays, fragments jazzy, canzonetta, airs populaires et arrangements savants, et voix, chez Lucio Dalla, chez Franco Battiato, irréductiblement, splendidement italienne... Ici, avec ces deux groupes à l'évidence "soul brothers", le trio de La Tordue et la belle équipe des Têtes Raides, semblablement, loin de l'in­ ventaire des ressources du patrimoine et loin de l'allégeance à une forme unique, se frottent et se mêlent des chants de marins biseau­ tés, des refrains rue de Lappe, des petites gigues qui s'aiguisent, la musique est riche de ses passés, s'offre des allures de fanfare, d'or­ phéon, ou d'orchestre de chambre, vicieusement bricolé, on se per­ met tout, en direct et en artisans, sans synthés, et l'électricité est dans les nerfs. Tout physique, charnel, présent. La rue s'illumine et bouleverse, avec la Tordue, la scène s'incendie, avec les Têtes Raides. Mine de rien, c'est assez arrogant. Et passablement risqué. Parce qu'il n'y a rien alors pour se raccrocher. Pour se dissimuler. La musique est somptueusement toute nue, et d'autant plus qu'elle joue, qu'elle cite, qu'elle déjoue, qu'on passe d'un soupçon de Marc Orlan à un clin d'oeil à Francis Lemarque, des ritournelles limpides aux rythmes caraïbes, de l'insurrection à la déclaration d'amour, et que ça tourbillonne, et que les voix refusent avec vigueur toute ten­ tation "crooneuse". Graves, roides, brutes de décoffrage. Avec une énergie pressante. Elles disent des petits mots insolemment bancals. Le violoncelle rêve. Pour nous "consolater". La scie musicale est sous tension. La voix propose une cérémonie. Et blague. On danse, oui, mais sur quel pied ? La guinguette est de guingois. Elle s'agrandit en vieux dancing dédoré et fluo, en théâtre où se trémousse la jubi­ lation de vivre, frondeuse, nerveuse et ironique. Ce qui rayonne là,

6 | cité de la musique cité-chanson c'est un lyrisme, cassé et irrésistible, qui essaie de "rempailler le malaise". Allez, "ne pleurons pas sur ce qu'il reste dans les faubourgs, ça continue de se raconter".

Casse-Pipe

Les dandies sont décalés. Par définition. Quand la pop s'enlise, ils sortent les épingles à nourrice, trucident les petites fleurs et se bom­ bent no future sur des tee-shirts réchappés des poubelles. Quand le rap est badgé culturel et le grunge étiqueté fréquentable, les dandies, ceux qui désirent rester un peu vivants, un peu à cran, qui n'ont pas le goût majoritaire mais déplorablement préfèrent ce qui est tenu en lisière, les dandies vivent en Bretagne - notamment - et chantent des chansons perverses - avec élan : refrain léger, accordéon et batterie, l'auditeur innocent croit qu'il va flirter avec le bal populaire revisité, l'auditeur innocent s'est égaré. Car voici un tango et voici des petits mots, précis et redoutables, et c'est le cabaret qui soudain se repeuple. Le cabaret naufragé, le cabaret impossible, celui qui tangue comme un bistrot, et sent plus la bière que le Champagne. Le velours n'y est plus qu'un souvenir, et la scène en est nue comme dans un vieux gymnase. Là, la chanson est un show, les paillettes sont dans la tête et la fumée est un rideau, passent des bouffées de valse et la voix chaloupe, c'est dramatique, c'est ironique, c'est excessif, c'est théâ­ tral, comme dans la chanson... réaliste, et c'est sapé par la désinvol­ ture, c'est du naïf qui se réinvente, c'est du littéraire qui se met en boîte, les Casse-Pipe ne donnent ni dans le rock ni dans la variété ni dans aucune catégorie aisément identifiable, ils ont définitivement l'élégance d'être un genre à eux tout seuls. Dans le rond de lumière cerné par la musique gracile et parfaitement irrésistible, la voix arti­ cule des histoires cassées, sanglantes, on ne les a jamais entendues et on les sait : par cœur. Un genre à eux tout seuls. Oui. Parce que ces petits moments-là, souriants ou déchirants, s'offrent comme une mise en crise de nos simples comptines, en douceur, comme l'énervement de nos vieux tourbillons, d'un répertoire ancien, oublié, qui resurgit, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Plus dépouillé, plus coupant, fier de proposer ses clichés, qui d'être ainsi étreints, sans ver­ gogne, avec une passion goguenarde, en retrouvent leur pouvoir de

notes de programme | 7 cité-chanson douces tristesses, et de pur plaisir par cœur. Comme des souvenirs qu'on ignorait être à nous, mais que pourtant, on reconnaît. Au cabaret du Casse-Pipe, il y a les docks en fond de scène et le violon fait horizon. Le parolier de Piaf croise Marc Minelli, Modiano croise Fassbinder, les frontières sont brouillées, les complaintes ont de faux airs de bastringues, les fantômes crient, il y a du bouffon, il y a du frisson, de la sensation : c'est peut-être bien ce que l'on appelle une émotion.

Miossec

"Chant-animation-états d'âme à la con" : c'est Miossec (Christophe) par lui-même. Simple et direct. Une voix toute proche, entre murmure et coup de gueule retenu, entre séduction et menace, des guitares lumi­ neusement acoustiques, et un très mauvais esprit. Très. Et qui de surcroît ne tient pas à se corriger. Miossec préfère Brest à Paris, la nuit au jour, les bistrots aux boîtes, et l'humain en chair, en os et en sueur, aux âmes éthérées. Miossec a un net penchant pour les dérapages et les diffé­ rentes formes de rage, ce qui n'empêche pas le refus net de se prendre au sérieux. Autant dire que Miossec (Christophe) est le petit cousin de nos beaux vieux chuchoteurs, de Gainsbourg à ...Gainsbarre-ils ne sont pas légion-, qui caressent les jolis mots mal élevés et les émois que d'ordinaire on tait, ceux qui séduisent par leur autoportrait, confidence ou roman, qu'importe, en écorché rigolard et poignant. Miossec (Christophe) impose sa psalmodie au bord du tremblement, tend une voix quasi monocorde, la casse fugacement pour quelques sanglots, rires ou larmes, et refuse avec superbe toute tentative de charme, tandis que derrière les guitares tricotent leurs obsessions. Et ce monde-là est proche, tout proche, et hantant, et ce monde-là à la force prenante de ces rencontres nocturnes qui se passent de civi­ lités, et font immédiatement de l'amitié. Car Miossec a le roman­ tisme sec, sarcastique, impudique, qui sait nous dire sa vérité et se dire ses quatre vérités, comme autrefois un Fantasio, en oscillant entre la confession d'ivrogne, la tchatche juvénile, la moquerie de soi, et la conviction que l'autre, celui à qui s'adressent les ballades haut-vol­ tage, est, absolument, un semblable, un frère. Miossec (le groupe), se refuse aux effets, se contente d'une pulsation, de la joie tranquille des guitares, et des vibrations du violon de Blaine Reininger, qu'on est

8 | cité de la musique cité-chanson

à peine surpris de retrouver dans cette équipée secrète et méchamment aimante de marins de comptoir : lui qui, jadis, faisait partie d'un groupe mutant, high tech et décadent, qui s'appelaitTuxedomoon et qui nous manque encore. Avec Miossec, on n'arpente pas le macadam du rock'n roll, on est dans l'éternel royaume des ports, beaux comme un théâtre, où le désespoir se fait rigolade, et vice-versa, évidemment, vice... L'endroit rêvé pour se sentir petit et pour se sentir de la gran­ deur. "Pour les coups de pied aux étoiles oh pour ça je suis le roi quand je m'achève sur les comptoirs comme une grosse baleine"... Voix urgente, intime, et pourtant "distanciée", d'un rien, mélopée qui cogne comme le sang aux poignets, Miossec hallucine le port et affûte les mots tout bêtes où se racontent pour rire, pour saigner, des vieilles tristesses et de la joie quand même. "Au ras des pâquerettes", comme il tient à le préciser. Avec un détachement à vif. Ce n'est pas du rock'n roll. Mais ça balance et c'est, dieux des bars, merci, vulgaire, et c'est tonique. Comme le rock'n roll. Et comme dans le rock'n roll, on s'y demande "qu'est-ce qui nous manque dis-le moi. Mais qu'est-ce qu'on cherche dans ces moments-là... Des moments de plaisirs" : ce n'est pas du rock'n... mais c'est peut-être bien le chant fêlé et rigolard d'une g-g-génération. Evelyne Pieiller

notes de programme | 9 cité-chanson

Paroles... Une fois passé du côté d'la vie sage plus rien à faire Têtes Raides mais quand tu gigotes je chavire doucement St-Vincent tu me ravigotes tant Christian Olivier - Coader/Têtes Raides et les yeux sanglants

Les mots qui s'étalent Si t'es le talent dans toutes les chansons moi je serais l'envie faut se le dire la froide lame c'est un fantôme et si nos deux vies n'y touche pas s'éclairent un moment brûlant d'arôme dans une harmonie regarde tout bas je resserrerais les dents l'air innocent de St-Vincent Un p'tit coup de couteau On a maquillé trois p'tites balles dans le dos nos squelettes érodés St-Vincent joue avec les mots c'est bien plus pratique du wiskey ou d'la vodka mais l'un sans l'autre peu importe ça ira le cœur n'ose pas je veux partir encore mais l'un dans l'autre la vie va son va Il cousait sa vie effleurant le vent St-Vincent si le temps vous en dit rue des brouettes On n'est pas nihiliste mais les artistes c'est la rue qui dit tout ça St-Vincent ça n'existe pas le prochain sur la liste mais la chanson va c'est toi tu me raconteras à

Un p'tit coup de couteau trois p'tites balles dans le dos La chanson du trépassé St-Vincent joue avec les mots Christian Olivier - Coader/Têtes Raides du wiskey ou d'la vodka peu importe ça ira Sur la tremblante neige je veux partir encore son corps gisait une frontière un lambeau

10 | cité de la musique cité-chanson

si j'avais dans la gorge La Tordue la corde tendue dis-toi que l'on forge Paris, octobre 61 un malentendu Benoît Morel l'histoire nouvelle la belle hécatombe Paris sous Paris tombe tombe Paris sous la pluie tombe et ruisselle Trempé comm'un'soupe c'est mon frère Saoul comm'un'barrique il est parti pour faire la guerre Notre-Dame est vierge Mêm'si elle est à tout l'monde Dans le ventre de la mer Et malgré son penchant ses yeux dormaient Pour les cierges une litière un tombeau si j'avais dans la bronche A l'heure où les gargouilles baillent le souffle en suspendu Le bossu du parvis les vents me brûlaient la tronche S'en va pisser sa nuit l'océan me l'a pas rendu Dans les gogues du diable se frottant l'envie Alors bavent les gargouilles d'absence elle éponge Sur les premières grenouilles ponge ponge S'entend de bénitier ponge l'oubli Bien plus bêtes que leur pied c'est ma mère Qui ne fut jamais pris qui pleure mon père O pas de mauvais plis Dans leur lit refroidi Sur le sanglant bitume Tombeau des vieilles filles sa main tremblait Cachot de la vertu c'est Pierre, mon marmot Pourtant pas d'ciel en vue si j'avais dans la pogne Surtout pas de septième la lame tendue Pour ces corps en carême ce manteau de charogne Au cœur empaillé qui t'a vendu Au cul embastillé A l'abri des bascules Vous m'entendez chanter Et à leur grand dam moi qui suis déjà mort Qui est tout'minuscule alors chante encore Ne connaîtront jam' la chanson du trépassé Ais ni la grâce ni les co-éditionsYouYou / FKO Grasses matinées

notes de programme | 11 cité-chanson

C'pendant que Paris Pas t'jours au bon endroit Paris sous Paris O bon peuple françois Paris Paris saoul Dors sur tes deux oreilles En dessous de tout Mais je n'jurerai pas Dessaoule par d'ssus les ponts Loin s'en faut aujourd'hui Que la Seine est jolie Que l'histoire ne s'enraye Ne s'raient ces moribonds Sous le ciel de Paris. Qui déshonorent son lit Mais qu'elle traîne par le fond Inhumant dans l'oubli Les grands bras Une saine tuerie Benoît Morel C'est paraît-il légal Les ordres sont les ordres Les grands bras des feux sur la mer C'est Paris qui régale Le vent qui s'roule dans la poussière Braves policières hordes La neige et l'oubli aussi De coups et de sang ivres Tout aux tavernes et aux filles Qui eurent carte et nuit blanches Pour leur apprendre à vivre Les champs par l'orage couchés A ces rats d'souche pas franche Les rires et les chants engrangés Qu'un sang impur et noir La brume qui dort sous la pluie abreuve nos caniveaux Tout aux tavernes et aux filles Et on leur fit la peau Avant d'perdre la mémoire... Les caresses de ciel à la dune Le vin qui nous promet la lune Des pandores enragés La longueur des mers en défi aux fenêtres consentantes Tout aux tavernes et aux filles Et en passant soit dit Qui ne dit mot acquiesce Les fruits du hasard et le jour Durent pourtant résonner Les gestes perdus les choses de rien De la chaussée sanglante Les lames aux aguets des bandits Jusque dans les Aurès Tout aux tavernes et aux filles Leurs cris ensevelis Sous la froide chaux-vive Les grands bras des feux sur la mer D'une pire indifférence Le vent qui s'saoule dans la poussière Accompagnée de « vivent Les ailes des chiens et les îles Les boules Quiès et la France ! » Tout aux tavernes et aux filles Croissez chères grenouilles Que l'histoire ne chatouille sur une idée de François Villon

12 | cité de ta musique cité-chanson

Casse-Pipe bizarres, des suppôts de taverne aux visages Le foulard noir (ivre libre) blafards, Denis Flageul/Gil Riot/Philippe Onfray un troupeau de bandits, une farce macabre Je ne parlerai plus où des putains s'accouplent à des de ce qui blesse et tue. traîneurs de sabre. Je laisserai les mots Eux, drapés de lambeaux de dra­ aux rats et aux corbeaux. peaux mitraillés, Et puis je mettrai mon foulard noir ils marchent lentement avec le poing pour aller traîner dans les bars ! levé. Porté comme un roi nègre et râlant Le noir c'est la couleur qu'il faut dans aux étoiles, ces instants, un poète les suit en pressentant la ou le rouge peut-être, un liseré de voile. sang autour du cou serré, pour entrer dans Et vous rentrez chez vous et vous fer­ la danse mez vos portes ! et pour suivre les pas, la suprême élé­ Vous dites qu'après tout le diable les gance ! emporte ! Moi, je suis de ceux-là, je suis de cette Voici le long des rues des sortes de engeance. pouilleux Ivre et libre je suis, sans croix, sans qui s'avancent debout, sans maître allégeance ! et sans dieu. Ivre d'être debout et libre s'il le faut Se mêle une musique à cette masca­ de plonger sans remord la lame du rade couteau. des violons bohémiens et des espa- Sans espoir de châteaux, sans rêve gnolades. de conquête, On y devine aussi l'amorce d'un dans le ventre encore chaud où pal­ refrain, pite la bête ! qui parle de l'amour et des beaux len­ demains... Et je veux qu'on m'enterre Qu'il faisait bon danser au printemps croix de bois, croix de fer, des cerises ! dans le quartier des chiens Que les fruits étaient doux dans leur et sur ma tombe, Rien ! rouge chemise ! Et puis mon cœur on donnera Vous dites que ce sont des fantômes au diable qui n'existe pas !

notes de programme | 13 cité-chanson

Etat critique Ca ira peut-être mieux ailleurs Gil Riot Car je serai en permanence Ton angélique enfant de chœur J'ai traversé tous les états La coupe aux lèvres de préférence en douce mes propres frontières, Le poitrail nu, tire en plein cœur je les ai passés, clandestin, me cachant ma propre folie Regarde-moi sans défiance Sans coup de sonde, sans froideur Les états d'âme, les états d'homme, Oh ma belle innocence L'état des choses, l'état d'ennui, Qui avance à coup de cutter les tapis rouges que j'ai souillés, Même si c'est la crise en permanence les taverniers qui m'ont saoulé Et que nous sommes complètement chômeurs L'état de nos pauvres amours On trouvera la solution je pense et l'étalage de nos violences Allez avance, n'aie pas peur ont anéanti à jamais l'état de ma pauvre cervelle. C'est au fond de tes yeux C'est au fond de tes yeux Dans l'établissement où je suis les états de choc sont admis, Regarde un peu la France mais les étagères à souvenirs C'est magnifique non, toute cette tor­ se trouvent dans un état critique. peur Tous ces anciens de l'adolescence J'ai traversé tous les états en douce Immobiles devant Pasqua l'horreur mes propres frontières, je les ai passés, clandestin, C'est au fond de tes yeux me cachant ma propre folie. C'est au fond de tes yeux Que je foutrai le feu Que je foutrai le feu Miossec Et l'on aura si chaud tous les deux Regarde un peu la France Qu'on dira merde au bon Dieu Christophe Miossec/Guillaume Jouan On dira merde au bon Dieu Et surtout à Jean Paul II Je t'en prie fais moi confiance Et surtout à Jean Paul II Encore cinq secondes, encore une heure Même si je merde en permanence

14 | cité de la musique cité-chanson

Non Non Non Non Un peu à bout, c'est rien (Je ne suis plus saoul) Moi je veux de toi Christophe Miossec C'est tout

Je vous téléphone encore, ivre mort Mais ne raccroche pas encore, écoute au matin moi bien Car aujourd'hui c'est la Saint- Moi je voudrais qu'une fois encore Valentin Tu me prennes pour quelqu'un Et je me remémore notre nuit très Et que tes yeux brillent si fort bien Comme moi quand je suis plein Comme un crabe déjà mort Bouffé par les remords de la Saint- Tu t'ouvrais entre mes mains Valentin

Ceci est mon vœu, ceci est ma prière Editions Polygram Music/Rosebud Music Je te la fais les deux genoux à terre

Non non non non Non non non non Je ne suis plus saoul Un peu à bout, c'est rien Moi je crois en toi C'est tout

Allo oui c'est moi encore, écoute moi

Moi la nuit quand je m'endors Je t'imagine très bien Perdue sous d'autres corps Me réclamant en vain Bouffée par les remords de la Saint- Valentin

Ceci est mon vœu, ceci est ma prière Je te la fais les deux genoux à terre

Non non non non Non non non non Je ne suis plus saoul

notes de programme | 15 samedi 23 mars - I7h30 / parvis de la cité de la musique

musiques de rue

Bobun Brass Band fanfare de 25 musiciens

Lila Fichette chorale de 30 à 45 musiciens

La vache libre 2 clowns musicaux cité-chanson

Bobun Brass Band

Cette fanfare de rue compose un mélange unique entre le big band de jazz, la fanfare funky, et la formation afro-cubaine. Une libre asso­ ciation d'incendiaires n'ayant qu'une idée en tête : "illuminer nos rues de leurs reflets cuivrés et réchauffer nos chaumières aux sons chauds de leurs percussions". Il faut préciser que la puissance de feu n'exclut pas la finesse des arrangements.

Lila Fichette

C'est une chorale. C'est-à-dire une quarantaine de filles et de garçons qui chantent ensemble. Les chansons qu'ils chantent sont écrites par quelques- uns d'entre-eux. L'hiver ils répètent. L'été ils sortent pour chanter. (Cette année dès le printemps spécialement pour la cité de la musique). Dans la rue surtout. C'est une position géographique qui leur convient. Ce qui les réunit, c'est sans doute qu'ils s'aiment bien. Ce qui fait que ça continue, c'est qu'ils chantent ensemble par plai­ sir. Pour rien, sauf le plaisir de chanter ensemble. Tant qu'ils chanteront ensemble pour rien, sauf le plaisir de chanter, ils croient qu'il y aura des gens pour les écouter.

La vache libre

Ce duo discret se compose d'un garçon quelque peu violoniste et très mime, et d'une fille très clown un tantinet xylophoniste. Quand ils se produisent en salle, ils ont besoin d'un rideau. Dehors, ils le trouvent sur place. Comment ? Surprise ! Ils en font très peu, comme on dit que d'autres "en font des tonnes". Vous, je ne sais pas, mais moi, c'est ça qui me fait rire chez des comiques, l'étonnement, pas "les tonnes".

notes de programme | 17 samedi 23 mars - 20h dimanche 24 mars - 16h30 / salle des concerts

« Souingue ! - une revue sérieuse » de l'influence du jazz sur la chanson française

Quand ça balance (E. Marnay - M. Legrand) 1964

Jazz Band... Partout (Julsam - H. de Bozi) 1920 J'vous aime pas (J. Hess - A. Bausil) 1932 Sous le lit de Lily (J. Hess - C. Trenet) 1930

Je suis swing (J. Hess - Hornez) 1938

Plus je t'embrasse (M. François - Ryan) 1955 Chez moi (J. Féline - P. Misraki) 1935

Clopin Clopant (P. Dudan - B. Coquatrix) 1947

J'aime pas (B. Vian - CL. Laurence, B. Vian) 1965 Coucher avec elle (R. Desnos - M. Legrand) 1962 Ce mortel ennui (S. Gainsbourg) 1958

Indifférente (S. Gainsbourg) 1959 Count Basie (M. Filip - N. Hefti) 1958

Moi j'préfère la marche à pied (B. Vian - H. Salvador) 1960 J'coûte cher (B. Vian - J. Walter) 1965 Nous avions 20 ans (B. Vian - A. Goraguer) 1957 Black Trombone (S. Gainsbourg) 1962

Les mains d'une femme dans la farine (C. Nougaro - R. Brown, S. Allen) 1966 A bâtons rompus (P. Perrin - C. Parker) 1962 Toujours-jamais (3. Demy - M. Legrand) 1967 Dansez sur moi (C. Nougaro - N. Hefti) 1973 Les Duettistes (Anne et Claude Germain) 1993

Laurent Pelly, mise en jambes Thierry Boulanger, piano et arrangements Fabienne Guyon, Florence Pelly, Gilles Vajou et Jacques Verzier, chant David Gore, batterie Benoît Dunoyer de Segonzac, contrebasse Joël Adam, lumières

Le concert du samedi 23 mars est enregistré par France Musique

Le concert du dimanche 24 mars est présenté par Jean-Pierre Derrien

remerciements à Guilaine Tortereau, à la manufacture des Beaux Vêtements et à l'Habilleur (Paris) remerciements pour son conseil amical à Christiane Legrand

coproduction cité de la musique, Cargo Grenoble C D N A Jean-Laurent Paolini, administrateur de production

Noël Leriche, régie générale Jean-Luc Pétrement, régie plateau Roland Picault, régie lumières Didier Panier, régie son cité-chanson

« Souingue ! - une revue sérieuse »

La guerre était finie, la der des der. On n'avait plus besoin de fixer la ligne bleue des Vosges, et les yeux se portaient vers les rivages lointains de l'Amérique, l'opulente, l'électrique, qui avait envoyé ses p'tits gars se battre sur le vieux continent. Les demoiselles se faisaient couper les che­ veux, et portaient des robes indécentes, elles n'avaient plus de poitrine mais elles exhibaient des fume-cigarette d'une longueur choquante, la Belle Epoque et ses frous-frous, c'était quasiment de la préhistoire, on abordait les temps nouveaux, où les adultes et leurs tragiques erreurs n'auraient plus place : on allait être terriblement, frénétiquement modernes, et tant pis, et tant mieux, si les gens sérieux trouvaient que ces années étaient complètement folles. Terminé, le caf'conc', terminés les petits plaisirs des parents, après les millions de morts et le désespoir, la nouvelle génération allait s'offrir une jeunesse sauvage. Place aux rythmes nègres, aux danses révoltantes, aux chansons fantasques : le jazz est là, le swing déboule, et le music-hall ouvre ses portes. Pendant une quarantaine d'années, la grande scène du music-hall va être somptueuse : les musiciens du grand orchestre se lèvent comme un seul homme pour faire sonner leurs cuivres, les girls se trémoussent dans leurs paillettes et leurs plumes, le chanteur fait des claquettes en levant son haut de forme. C'est excitant, c'est exaltant, c'est épa­ tant. Maurice Chevalier détaille avec désinvolture les beautés de sa Valentine, Joséphine Baker file des trilles ravissants et inimitables, la Miss balance son Ça, c'est Paris, l'air complice, le music-hall est luxueux, joyeux, dispendieux, il ruisselle de lumières, il fourmille de danseurs, il soulève une salle entière, et les boulevards reprennent ses refrains avec entrain, comme autant d'hymnes parisiens, comme autant de mots de passe rigolos et entraînants, qui signent l'adhésion à une insouciance fiévreuse, à une élégance légère, coquine, très aristocra- tiquement populaire, qui va dans le monde entier être synonyme de Paris. Le jazz épouse la java, le swing énerve des mélodies bien de chez nous, et le music-hall devient d'emblée si éminemment frenchy que partout, c'est l'Olympia qui le représentera. Mais dans les années 60, quand Johnny se roulera par terre en martelant yeah yeah, le jazz s'éclipsera et les revues s'évanouiront, les petites chansons torpillantes seront remplacées par les twists et les ballades d'auteurs-composi­ teurs-interprètes, et ce sera alors une tout autre histoire.

20 | cité de la musique cité-chanson

Laurent Pelly, metteur en scène, vient de monter la Baye de Philippe Adrien à Grenoble, Peines d'amour perdues de Shakespeare à l'Odéon et au Cargo de Grenoble, un Marivaux, qui lui aussi n'était pas tout à fait sans apprécier la pure beauté du dérapage gaguesque contrôlé. Récemment, avec les Bouchons, il a fait reverdir les chansons de Mireille et Jean Nohain, délicieuses extravagances libertines et goguenardes, qu'on avait fini par ne plus entendre à force de les connaître vague­ ment. Avec Souingue !, revue sérieuse, en vingt-quatre chansons (ou à peu près) et quatre chanteurs exactement, il entreprend de rallumer les feux de la rampe, et de nous repeupler la mémoire de ce que nous n'avons pas oublié, mais estompé : de Je suis swing à Clopin-Clopant, de Paul Misraki à Boris Vian, de Trenet à Gainsbourg, ce sont les joies de la chanson effervescente, qui n'a d'autre souci que de sourire, d'autre ambition que d'intoxiquer l'auditeur par un petit refrain bien obsé­ dant, une pulsation irréprochable, c'est le bonheur de la chanson qui se partage, innocente et sophistiquées, dans la pure réjouissance de se sentir juvénilement en vie, et d'attaque, et parfaitement ignorant des tristes lois du bon sens. Faire retentir le swing, ça ne s'appelle pas don­ ner dans le rétro, mais proposer une cure de jouvence. E.P

Trent'neuf de fièvre

Avec Souingue !, nous (et vous) allons suivre, à travers une revue sérieuse et faussement didactique, le rôle qu'a joué le jazz dans la chanson fran­ çaise depuis 1920 et Jazz band partout jusqu'à aujourd'hui avec Gainsbourg, Nougaro ou Legrand sans oublier le passage obligé par Vian, Salvador, Trenet, Ventura ou Les Zazous. Pour faire Souingue !, nous avons farfouillé dans le répertoire et redécouvert ou retrouvé ces tré­ sors d'invention, de drôlerie, ces délires de la musique, ce délire des mots. Souingue !, un prétexte à des jeux, un prétexte à inventer, guidé par notre seul plaisir et par ce mot magique : le Music-Hall. Le Music-Hall échappe à toutes les règles et bouscule toutes les conventions. Il a tous les attraits et toutes les faiblesses de la liberté, le masque du rire, la curiosité. Le Music-Hall a l'imagination sans limites. Laurent Pelly

notes de programme | 21 cité-chanson

Paroles... Refrain Je suis swing Je suis Swing Je suis swing André Hornez/Johnny Hess Zazou... zazou Zazou - zazouzé La musiqu'nègre et le jazz hot Je suis swing Sont déjà de vieill's machin's Je suis swing Maintenant pour être dans la note C'est fou... c'est fou Il faut du swing... C'que ça peut m'griser Le swing n'est pas un'mélodie Quand je chante Le swing n'est pas un'maladie Un p'tit refrain Mais aussitôt qu'il vous a plu J'épouvante Il vous prend et n'vous lâch'plus La concierge et les voisins Je suis swing Je suis swing Je suis swing Je suis swing Zazou... zazou... Zazou... zazou... Zazou - zazouzé Je suis heureux comm'tout Je suis swing Je suis swing C'est fou... c'est fou Quand ça balance C'que ça peut m'griser F. Marmay/M. Legrand Quand je chante Un chant d'amour Quand ça balance on est deux le jazz Je l'pimente de tas d'petits trucs et moi autour Je crois même qu'on est trois Je suis swing La contrebasse la batterie le jazz et Je suis swing moi Zazou... Zazou... Ça fait déjà plus que ça C'est gentil comm'tout... Le vibraphone les trombones le jazz et moi Afin d'chanter à l'Opéra Quand on s'est donné le la J'allais voir le Directeur Il ne manque plus qu'les trompettes J'voulais chanter la Traviata et puis voilà En ré majeur Ça me cogne dans les doigts Il m'a d'abord interrogé Est-c'que vous êtes ténor léger Quand ça balance alors là je suis chez Basse chantante ou baryton moi J'ai répondu "Ah, mais non !" C'est mon passeport mon drapeau

22 | cité de la musique cité-chanson ma bible à moi J'reviens à plus d'cinq sacs dès que le tempo est là Je coûte cher Alors... Alors... Encore... Encore Je fais l'Opéra la Madeleine une fois Je suis fringuée comme une vrai reine Quand ça balance alors là je suis chez Et il faut voir mon mac moi J'ai des pavés en or pur sur le coin C'est mon passeport mon drapeau d'mon trottoir ma bible à moi Pour que ce soye assorti j'en ai plein Dès que le tempo est là la mâchoire Quand ça balance quand l'orchestre J'ai des culottes en vison qu'j'ai fais est avec lui faire pour l'hiver Alors là ça fait du bruit Et j'ai des bagues aux doigts Quand ça balance le plafond vole en Comme la Begum n'en a pas éclats Je coûte cher dans un grand tonnerre de voix Y en a plus d'un qu'en a souffert Ça dégringole... Du sommet du sep­ Je suis pire qu'un tremblement tième ciel d'terre Sitôt que le jazz est là On s'en r'lève pas Et ça rigole dans son cœur qui prend J'coûte cher des ailes Et ça lui cogne dans les doigts En toutes saisons c'est le boulevard Quand ça balance alors là je suis chez mon grand salon moi Et j'y r'çois l'soir tous les amis qui C'est mon passeport mon drapeau passent me voir ma bible à moi (bis) On n'boit pas de porto on ne mange 1.2.3.4. et ça va. pas de gâteau Mais quand on r'part tout l'monde me dit que j'sais r'cevoir J'coûte cher Y a des raisosns pour ça B.Vian/J.Walter Je coûte cher Fallait que j'élève mon p'tit frère Les hommes ramenez vous Fallait que j'nourisse mon grand-père Y a une vamp de service dans l'quar- Qu'était dans la mélasse tier Je coûte cher J'allais pas r'faire le coup de ma mère Je coûte cher Qui s'est fait enlever aux bains de J'fais pas les quartiers populaires mer Je n'appelle n'importe quel frère Par un marchand de glace

notes de programme | 23 cité-chanson

Depuis que j'vais dans la vie j'ai eu nuit je compte mes pieds un tas d'ennuis Dansez sur moi dansez sur moi dan­ J'ai jamais gardé l'même père plus sez sur moi dansez sur moi d'une année entière J'en savais plus à 10 ans qu'vous n'en Dansez sur moi dansez sur moi savez maintenant Le soir de mes funérailles Mais ça s'est passé il est temps de Que la vie soit feu d'artifice et la mort jouer placé un feu de paille Je veux faire la femme la plus riche Un chant de cygne s'est éteint mais du cim'tière un autre a cassé l'œuf Si t'as la trouille fais toi la paire Sous un saphir en vrai saphir miroite Y a pas d'pardon y a pas d'pardon mon sillon neuf y'a pas d'pardon Je coûte cher Dansez sur moi dansez sur moi dan­ sez sur moi dansez sur moi dansez sur moi Dansez sur moi C. Nougaro/G. Hefti

Dansez sur moi dansez sur moi Le soir de vos fiançailles dansez dessus mes vers luisants comme un parquet de Versailles Embrassez-vous enlacez-vous Ma voix vous montre la voie La voie lactée la voix clarté où les pas ne pèsent pas Dansez sur moi dansez sur moi dan­ sez sur moi Sur moi

Dansez sur moi dansez sur moi Qui tourne comme un astre Etrennez-vous étreignez vous Pour que vos cœurs s'encastrent Tel un tapis tapis volant je me tapis sous vos pieds C'est pour vous que sur mes doigts la

24 | cité de la musique cité - chanson biographies Têtes raides des sculptures des 1984 : Christian, Cali Chats Pelés, groupe et Grégoire forment de graphistes dont fait les Têtes Raides dans partie Christian. Ils leur banlieue sud. s'adjoignent alors un Influencés par les violoncelle et une gui­ Clash comme par tare acoustique qui les Damia ou Marguerite rapprochent encore de Duras, ils mêlent la la chanson, comme le complainte de l'accor­ prouve l'album Les déon à la ruée des Oiseaux (WEA). En cuivres. Leurs concert, ils invitent concerts fascinent et comédiens ou trapé­ dérangent, les musi­ zistes, jouent devant ciens se cachent der­ un film, peaufinent rière des masques en des lumières au clair- plâtre blanc, soignent obscur théâtral et un décor et lumières pour son extrêmement pré­ créer une ambiance à cis. Les sept Têtes part. Emerge la pré­ Raides prennent la sence unique de musique au sérieux et Christian, Pierrot ça commence à s'en­ meurtri à la voix de tendre : l'album Fleur calcaire, immédiate­ des Yeux (WEA) est ment fascinant. classé dans les Rejoints par d'autres « disques de l'année musiciens, ils muent 1994 » par Libération, en Têtes Raides et Le Monde et Télérama. auto-produisent un 1996 sera raide avec disque 25 cm emballé leur nouvel album Le dans du carton gaufré, Bout du Toit. Jean Not Dead But Bien Corti, accompagna­ Raides (1989). teur de Brel, jette un L'année suivante, leur bout d'accordéon sur premier CD Mange tes le premier single Morts (FNAC Music) Hermaphrodite. est accompagné d'un livret de 50 pages avec

notes de programme | 25 cité - chanson

La Tordue phone... La Tordue est Tonio Marinesco) En octobre 1990, alors mûre pour renforce la formation Pierre, pianiste sans entrer en studio. qui devient quatuor. piano, rencontre Leur premier album Les membres du Benoît, propriétaire Les choses de rien groupe commencent à d'un piano mais plus à (Moby Dick/Média 7) composer leurs l'aise pour jouer du est un étonnant coup propres morceaux et crayon. Pierre hérite de maître : 16 chan­ quelques auteurs écri­ de l'instrument et sons tournées à la vent pour eux (Denis tous deux composent main, à la séduction Flageul, Philippe un morceau sans immédiate et durable. Marlu, Marc Minelli). paroles, La petite valse. La pochette est dessi­ Avec l'arrivée de Fil, guitariste et co­ née par Les Chats Christophe Menguy à locataire de Pierre, Pelés, groupe de gra­ la basse acoustique, rejoint tout naturelle­ phistes où se retrou­ Casse-Pipe passe à ment le duo. La vent Benoît, chanteur cinq musiciens.Le Tordue écrit quelques de La Tordue, et premier CD Chansons chansons qu'ils rodent Christian, chanteur Noires, tome 1 est sorti en première partie des des Têtes Raides. en 1994, en auto-pro­ Têtes Raides, avant de duction. Le deuxième débuter vraiment au Casse-Pipe CD Café du Siècle est théâtre duTourtour En 1990, se rencon­ sorti en janvier 1996, en mars 1992. Suivent trent Louis-Pierre produit par Kerig et près de 400 concerts Guinard et Philippe distribué parWMD. dans toute la France, Onfray, deux musi­ Et toujours, sur scène, du pavé des rues aux ciens en rupture de avec une centaine de petites salles de spec­ groupes. S'ensuivent concerts par an... tacle, en passant par 80 concerts dans les de nombreux festivals. cabarets bretons et du Miossec Pour l'anecdote, La grand ouest pour ce Face au spectre de Tordue a remporté au duo chant et accor­ Brel, à Brest le dos printemps 94 le déon, avec principale­ tourné à l'Amérique, Grand Prix du festival ment des reprises de contre vents et Chorus des Hauts de chansons réalistes. En marées, le mec Seine, ainsi que le 1992, la rencontre Miossec crache, Prix du Sentier des avec deux musiciens secoué par des rafales Halles et le prix du issus du milieu rock de haut-le-cœur. La coup de cœur franco­ rennais (Gil Riot et tempête fait rage en

26 | cité de la musique cité - chanson lui. Regarde un peu la ter, à descendre aux Arthur Rimbaud, La France, qu'il dit. Enfin enfers comme l'ami famille Fenouillard de si on se désespérait « Gilles », avec « une Christophe, Talking naguère à Billancourt bouche, un cœur, heads d'Alan et aujourd'hui par­ quelques Bennett... Depuis tout, quelqu'un se membres/On est tous juillet 1994, Laurent dévoue, retrousse les à louer/De janvier à Pelly est meneur en manches, tire la décembre/Pour scène associé au langue, règle des quelques années ». Cargo - Centre comptes. Il n'y a plus Dramatique National de gants à prendre, Laurent Pelly des Alpes. En février exceptés ceux de Mike crée, en 1980, la com­ 1995, il crée L'heureux Tyson. Ah, si la bêtise pagnie Le Pélican stratagème de sans frontières pouvait avec laquelle il met en Marivaux, actuelle­ être mise K.O., réta­ scène Si jamais j'te ment en tournée. Sa mée à mort une pince de Labiche, Le dernière création est bonne fois pour dîner bourgeois de La Baye de Philippe toutes. Dans son coin, Henri Monnier, En Adrien au Cargo. Miossec s'y emploie. cas de pluie de Philippe Avec ses mots, ter­ Béglia. Puis au Centre Thierry Boulanger ribles comme le furent Dramatique du Nord- Après des études Les Rocks Les Plus... , Pas-de-Calais, il met musicales au de l'idole Johnny revi­ en scène Chat en poche Conservatoire de sitée dans La fille à qui de Feydeau et Le Nancy et à l'Ecole je pense : « Et malgré Tartuffe de Molière. Normale de Paris, tout l'amour que tu De 1989 à 1994, Thierry Boulanger me donnes/Tu n'en Laurent Pelly codirige débute comme pia­ feras jamais assez/Car la compagnie Le niste et chef de chant c'est l'alcool, lui, qui Pélican en collabora­ sur des spectacles de me donne/Les plus tion artistique avec théâtre musicaux et beaux rêves que je Agathe Melinand. De lyriques dans des pro­ fais ». Cette lucidité nombreuses mises en ductions de l'Opéra- fait tituber. Son scène ont suivi Comique, la auteur ne se prive pas comme par exemple : Compagnie Fracasse, des joies et surtout Madame Angot de la Comédie de des peines, de Maillot, Un cœur sous Picardie, le Théâtre de l'ébriété. Il en paye le une soutane - Tentative la Potinière, l'Atelier prix, quitte à s'esquin­ de commémoration sur Théâtre Actuel... Il

notes de programme | 27 cité - chanson participe en tant que (Nomination aux gnie Fracasse puis La pianiste accompagna­ Césars comme java des mémoires au teur et arrangeur à de meilleur jeune espoir théâtre de la nombreux tours de féminin et aux Renaissance. chant dans les styles Molière comme révé­ Dernièrement à cabaret, chanson lation). Genève, la comédie, le musicale, tango argen­ chant et la danse ont tin ou variété/jazz. Il Gilles Vajou été de nouveau réunis est également compo­ Comédien, chanteur, dans La revue, un siteur de musique de danseur, c'est aux spectacle conçu et film, musique de Bouffes Parisiens que réalisé par Pierre scène et de chansons Gilles Vajou débute sa Naftule. pour des spectacles carrière dans musicaux, courts Mam 'zelle Nitouche Florence Pelly métrages ou pièces de puis dans Madame pas a travaillé au théâtre théâtre. Dame ! A la Comédie avec Laurent Pelly (Le Française, on a pu le dîner bourgeois, Chat en Fabienne Guyon voir dans Un chapeau poche, Quel amour Ses bagages sont de paille d'Italie, d'enfant, La famille aujourd'hui bourrés Monsieur de Fenouillard...), avec de costumes presti­ Pourceaugnac, La Jean-Louis Martin- gieux : Cosette des fausse suivante ainsi Barbaz (Barouf à Misérables, Madeleine qu'en tournée dans Chioggia, Lola des Parapluies de Napoléon. Au Théâtre Montes), avec Sylvie Cherbourg, Audrey de Paris, il joue dans Coulon (Shame), avec dans La petite boutique Cats et enchaîne avec Alain Marcel (L'élixir des horreurs, Grisabella les Misérables à d'amour), avec pour Cats, sans oublier Mogador. Alain Bernard Murât (La Peter Pan. Elle a tra­ Marcel lui confie les dame de chez Maxim 's) vaillé aux côtés de rôles de Gremier dans et avec Jérôme Savary Michel Legrand, Kiss me Kate, Harry et (La chauve-souris). Mireille, Robert Karpatty dans My fair Elle a chanté les chan­ Hossein, Claude- Lady et le rôle du sons de Mireille et Michel Schoenberg, vieux serviteur dans Jean Nohain au sein Jacques Demy, Alain Don Pasquale de du groupe Les Marcel... Elle a reçu Donizetti. Il fait Le Bouchons à les encouragements tour du monde en 80 l'Olympia, au Théâtre de toute la profession jours avec la compa­ de la Potinière et au

28 | cité de la musique cité - chanson

Théâtre national de le rôle de Cami dans contemporain. Il crée Chaillot. Au cinéma et Cami, drame de la vie le récital Duo en face à la télévision, elle a courante et celui de avec Jean-Pierre tourné avec Philippe Penthée dans Les Arnaud (hautbois). de Broca, Denis Bacchantes d'Euripide. Au théâtre, il compose Amar, Jean Chapot, Il interprète ensuite et interprète la Tom Clegg, Serge Bill/Lucentio dans le musique pour La belle Moati. Elle a joué à la Kiss me Kate de Porter et la bête de Michel Ligue d'Improvisation monté par Alain Vittoz au festival de Française de 1986 à Marcel à Mogador. Pierrefonds 1991.Il 1993. Premiers pas dans est membre du l'opéra avec le rôle de Vincent Courtois Jacques Verzier Franz dans Les contes quartet depuis sa Après des débuts mar­ d'Hoffman création. Il effectue qués par la rencontre d'Offenbach vus par également des tour­ de Philippe Adrien et Louis Erlo. Depuis nées JMF en duo avec deux spectacles Rêves cinq ans, c'est la Vincent Courtois de Kafka et Kevoï grande épopée des (violoncelle). Il est co- d'Enzo Corman en sa Bouchons qui chan­ fondateur du groupe compagnie, Jacques tent Mireille et Jean Polysons (rencontres Verzier a travaillé au Nohain, de l'Olympia de musiques improvi­ théâtre avec Laurent à la Potinière et au sées) et joue régulière­ Pelly, Nathalie Théâtre national de ment dans les Schmidt et Robert Chaillot. ensembles Terra Cantarella. Puis ce fut Nova, Bolovaris, Quoi de neuf Docteur ?, la rencontre de Benoît Dunoyer Turkish Blend... Il Jérôme Savary et la de Segonzac collabora notamment reprise du rôle du Après des études de avec Claude maître de cérémonies violoncelle, de clari­ Barthélémy, Louis dans Cabaret. nette et de contre­ Sclavis, Henri Texier Première incursion basse, Benoît Dunoyer et pour la chanson dans l'univers lyrique de Segonzac joue avec Khaled, Juliette, avec Alain Marcel et les ensembles Talila, Melayne Les aventures du roi Accroche Note, Favennec... Pausole à l'Opéra de Stringendo, Lausanne. Intervalles et Retrouvailles avec Archimusic dans un Philippe Adrien pour répertoire classique et

notes de programme | 29 cité - chanson

David Gore Lille dirigé par Débutant comme Laurent Cugny. Il par­ tambour dans une ticipe à l'enregistre­ harmonie locale, il ment de trois disques étudie la percussion avec les chanteurs au Conservatoire de Jean-Yves Lievaux et Douai puis au Patrick Consoli ainsi Conservatoire qu'avec un groupe de National de folklore antillais. Boulogne-Billancourt où il obtient un pre­ mier prix de percus­ sion en 1988. Parallèlement, il tra­ vaille avec le batteur Mokhtar Samba, et obtient l'année sui­ vante un premier prix de batterie au Conservatoire National d'Aubervilliers / La Courneuve. C'est avec le vibraphoniste Franck Tortillier, qu'il obtient en 1982 un premier prix de vibra- jazz à l'école de musique de Massy- Palaiseau. Son expérience est très diverse : il a l'oc­ casion de jouer dans le Big Band du Conservatoire de Boulogne-Billancourt dirigé par Claude Bolling, et celui de

30 | cité de la musique prochains concerts réservations : 44 84 44 84

la direction d'orchestre

master-classes et concerts mardi 2 avril - 14h30 œuvres travaillées de Pierre Boulez et Tristan Murail David Robertson, direction artistique - Ensemble Intercontemporain mercredi 3 avril - 20h œuvres travaillées de Michael Jarrell et Edgar Varèse David Robertson, direction artistique - Ensemble Intercontemporain jeudi 4 avril - 14h30 œuvre travaillée de Olivier Messiaen Pierre Boulez, direction artistique Françoise Pollet, soprano - Orchestre de Cleveland jeudi 4 avril - 20h concert dirigé par les chefs stagiaires David Robertson, présentation - Ensemble Intercontemporain vendredi 5 avril - 10h30 œuvre travaillée de Igor Stravinsky Pierre Boulez, direction artistique - Orchestre de Cleveland vendredi 5 avril - 20h concert de clôture Pierre Boulez, direction Françoise Pollet, soprano - Orchestre de Cleveland chanson samedi 13 et dimanche 14 avril - 20h et 14h30 Juliette Rimes féminines formules de la cité de la musique

Parcours musique Carnet musique jeunes

deux formules simples pour mieux profiter de toutes les activités de la cité de la musique

souscription tout au long de l'année 1. 44 84 44 84

3615 citémusique (1,29 Frs TTC la minute)

Parcours musique : à partir de 150Frs les 3 concerts Carnet musique jeunes : 140Frs les 4 concerts cité de la musique

renseignements 1.44 84 45 45

réservations individuels 144 84 44 84 groupes 1.44 84 45 71 visites groupes musée 1.44 84 46 46

3615 citemusique (1,29F TTC la minute)

cité de la musique 22I, avenue Jean Jaurès 750I9 Paris M Porte de Pantin

I H^B M m j U" événement France/nier Telerama