Histoire De Merville. Ou Les Heurs Et Malheurs D'une Cité Flamande
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Général L.D. BÉZÉGHER (du C.R ) HISTOIRE DE MERVILLEou Les heurs et malheurs d'une cité flamande /Général L.D. BÉZÉGHER (du C.R.) HISTOIRE DE MER VILLE ou Les heurs et malheurs d'une cité flamande Edité sous l'égide du Comité d'Edition de l'Histoire de Merville, Mairie 59660 Merville Dépôt légal 2m. trimestre 1976 - Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. AVANT-PROPOS FLANDREAU LION ! FLANDREFLANDRE AUX LIENS... Ces deux cris paraissent symboliser le destin de notre terroir. Le premier — qui est le cri de guerre des vieux Flamands — rappelle leur légendaire courage tant sur les champs de bataille que dans les durs labeurs de l'exis- tence, tandis que le second, amère constatation d'un anonyme, évoque le sort tragique d'un pays qui, sur cette frontière que constitua longtemps la Lys supérieure, a vécu un grand nombre d'heures douloureuses et passé trop souvent de mains en mains. Passionné d'histoire dès l'enfance, nous avions toujours été frappé par le fait que le passé de Merville — le cher pays de notre famille maternelle, où nous ramenèrent chaque année les vacances scolaires et plus tard l'exode d'octobre 1914 - n'avait jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. Lorsqu'on questionnait à ce sujet nos concitoyens plus âgés, l'on obtenait généralement que des réponses vagues et le plus1 souvent erronées... C'est donc d'abord la curiosité qui nous a incité à entreprendre cet ouvrage que nous envisagions comme un hommage à notre petite patrie, si meurtrie en 1918, mais, par la suite —horrifié par l'ampleur et la fréquence des désastres subis — nous avons considéré comme un véritable devoir de signaler au public non averti que notre malheureuse cité, en un palmarès peu enviable, avait connu entre 879 et 1940 six destructions totales et au moins cinq destructions partielles, auxquelles s'ajoutaient d'innombrables et dévastatrices inondations. Bien entendu, cet hommage s'adresse surtout à nos devanciers qui, grâce à l'exceptionnelle richesse de notre terre et surtout grâce à l'énergie et à la légendaire ténacité de la race flamande, sont toujours parvenus à relever leurs ruines et à rendre à leur ville et à leurs fermes leur belle activité. Ayant constaté combien la croyance populaire locale comportait d'injustice à l'égard de nos alliés anglais à propos de leur rôle en 1918, nous avons été heureux de pouvoir mettre au contraire en évidence le glorieux sacrifice que plusieurs de leurs unités ont consenti pour une défense sans espoir autour de Merville. C'est intentionnellement que nous avons conservé à ce livre la forme d'une suite chronologique et, pour rendre plus intelligible la succession des événe- ments, nous n'avons pas cru devoir nous borner à isoler étroitement la vie locale, mais nous avons voulu à la fois la rattacher à celle des communes voisines et l'intégrer dans l'histoire de la Flandre Maritime, ou flamingante (le « Westhoek » ou coin de l'Ouest). C'est en effet à celle-ci que — bien que de langue française — elle s'est trouvée étroitement mêlée, puisque, pendant longtemps et pour son malheur, sa situation périphérique en a fait paradoxa- lement la véritable « marche méridionale ». Certes, ce travail comporte de nombreuses lacunes dues à la destruction de nos archives (surtout celle du 11 avril 1918), mais, à défaut des documents eux-mêmes disparus, nous avons eu la bonne fortune d'en trouver une analyse suffisamment explicite dans maints inventaires ayant subsisté et, surtout, dans celui, si complet, que la municipalité de Merville en avait fait dresser avant 1893, sous une forme très claire et suivant une classification maintenant officielle. Il subsiste néanmoins un déséquilibre certain entre le XVIIIe siècle, pour lequel les documents abondent, et le XIXe où ils sont — hélas ! — assez rares. Au fur et à mesure du déroulement des événement sous notre plume, nous avons pu constater l'insuffisance et le caractère parfois tendancieux des informations de certains historiens francophones quant au passé de la Flandre flamingante, mais surtout nous avons pu apprécier le caractère exceptionnel du destin de cette cité qui, — comme en atténuation à ses nom- breux malheurs — n'a connu jusqu'à la Révolution d'autre seigneur temporel que les Chanoines de Saint-Amé de Douai, dont la lointaine mouvance s'est toujours voulue souple et libérale : on sait qu'un proverbe allemand affirme que « l'on était heureux sous la crosse » (abbatiale). Pour ne pas alourdir notre texte, nous avons rejeté « in fine », aux Annexes, l'énumération des multiples fiefs vicomtiers de notre terroir — seigneuries souvent de minime importance et n'impliquant nullement noblesse — ainsi que des notes généologiques et héraldiques sur quelques familles mervil- loises, et de très nombreuses listes. Nous nous excusons d'avoir introduit dans la période contemporaine quelques notes strictement personnelles, mais se rapportant à des faits vécus. Enfin — après avoir souligné que, par une extraordinaire coïncidence, nous avons habité tout enfant à Douai, place Saint-Amé, sur l'emplacement même de la vieille collégiale de nos chanoines — nous remercions ici chaleureu- sement tous ceux et celles, si nombreux qui ont bien voulu nous aider ou nous conseiller dans nos recherches — et tout particulièrement Mme Henriette Frison, le capitaine Édouard Bourel, M. Claude Vanlaer et M. le professeur Louis Trenard. L.D. BEZEGHER (Claix, septembre 1971-octobre 1972) NOTA : 1) Notre couverture porte, à gauche, les armoiries de la ville de Merville, qui, fort anciennes, sont aussi celles du Chapitre de Saint-Amé de Douai. Elles se lisent : « Coupé d'or et d'azur ; à trois fleurs de lis de l'un à l'autre », et à droite, celles de la Flandre : « D'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules ». 2) Des énumérations parfois longues d'actes ou de pièces d'archives d'intérêt local ont été groupées en paragraphes imprimés en caractères plus petits ; plus - , spécialement destinées aux Mervillois, elles peuvent être négligées par le lecteur pressé ou étranger au pays. r a la fin de cet ouvrage, les Annexes suivantes : Liste des Prévôts du Chapitre de Saint-Amé. 256 Liste de leurs receveurs. 259 Les Méreaux du Chapitre de Saint-Amé. 260 Les fiefs vicomtiers de Merville. 263 Le texte de la Ghisle (ou coutume) de Merville du 2 septembre 1451. 271 Essai d'une liste des Baillis de Merville. 278 Essai d'une liste des Mayeurs et Premiers échevins de Merville. 280 Liste des Curés de Merville. 282 Liste des Bourgeois de Merville de 1703 à 1722. 284 Notes héraldiques et généalogiques succinctes sur quelques familles notables de Merville. 288 Liste des Mervillois morts pour la France entre 1796 et 1962. 302 Liste des victimes du bombardement aérien du 12 juin 1944. 314 ROQUIS ET ILLUSTRATIONS Environs de Merville (extrait de la carte au 1/ 50.000e). 10 Le « Briquet de Bourgogne » , 55 Merville, dans la « Flandria Illustrata » de Sanderus (XVIIe siècle). 74 bis. Le château de La Motte-au-Bois avant 1645. 84 L'Hôtel de Ville de 1720. 118 La bataille de Jersey 1781, par John Singleton Copley. 140 Portrait de J.-B. de Songnis fils. 182 Les ruines de l'église après l'incendie de 1881. 196 L'église Saint-Pierre vers 1914. 206 L'offensive allemande dans les Flandres en avril 1918. 220 Les insignes régimentaires des principales unités britanniques s'étant illustrées autour de Merville en 1918. 224 Les ruines de l'Hôtel de Ville en 1918. 226 Les ruines de l'église paroissiale en 1918. 227 Les ruines de la rue Thiers en 1918. 228 La nouvelle église Saint-Pierre en 1927. 236 Son maître-autel et ses fonts baptismaux. 238-240 Le nouvel Hôtel de Ville et son beffroi. 242 L'église de Caudescure. 244 L'achèvement du pont provisoire sur la Lys par le Génie britannique en septembre 1944. 250 Blasons de quelques familles mervilloises. (2 planches 290 Blasons de quelques familles mervilloises. à l'annexe n° 10) 296 DT) MÊME AUTEUR — Historique du 21" Bataillon de chasseurs à pied (1952) (épuisé) — Le Pays Souabe (1953) (épuisé). — Le Pays de Bade (1954) (épuisé). — Le Pays Rhénan de la zone française d'occupation (1955) (épuisé). — Claix et Pont-de-Claix à travers les siècles (aux cahiers de l'Alpe à Grenoble; novembre 1968). En préparation : — Manuel d'héraldique franco-allemand. — « Galerie » des militaires dauphinois. — Histoire de Bourbourg. Chapitre 1 Le cadre climatique et géographique Merville, important chef-lieu de canton du Nord depuis la Révolution, est un gros bourg aux confins de la Flandre française et de l'Artois : sa limite sud, marquée approximativement par la Lys, se confond avec celle séparant les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est distante à vol d'oiseau de 50 km de Dunkerque, 30 de Lille, 12 d'Hazebrouck, 14 de la frontière belge et 30 d'Ypres, et fait partie de l'arron- dissement de Dunkerque. Son territoire absolument plat offrirait des horizons illimités s'il n'était coupé dans toutes les directions de haies et de lignes d'arbres. Situé au point le plus bas de la région, il n'est qu'à seize mètres au-dessus de la mer, sur un sol d'argile imperméable à travers lequel l'infiltration des eaux est pratiquement nulle. Il est traversé par trois rivières, au cours forcément lent : — D'ouest en est, la Lys, venue des Monts d'Artois et dont la large vallée rappelle un peu la plaine côtière ; — Du nord au sud, la Bourre, née aux contreforts des Monts de Flandre et confluant avec la Lys à l'ouest de la ville ; — Et au sud, la Clarence, non navigable, qui, descendue aussi des Monts d'Artois, conflue avec la Lys en aval de Merville.