Le Château De Versailles. Le Musée National Des Châteaux De
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_M_M_ MUSÉES ET MONUMENTS DE FRANCE PUBLIE SOUS LA DIRECTION DE PIERRE LEMOINE ÉDITÉ AVEC LE CONCOURS DE LA RÉUNION DES MUSÉES NATIONAUX ET DE LA FONDATION PARIBAS LE CHÂTEAU DE VERSAILLES LE MUSÉE NATIONAL DES CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET DE TRIANON PIERRE LEMOINE Inspecteur Général honoraire des Musées de France @ ii EDITIONS DE LA RÉUNION DES MUSÉES NATIONAUX ; ; ALBIN MICHEL La Fondation Paribas et la Réunion des musées nationaux ont apporté conjointement leur concours à la réalisation de ce troisième volume de la collection Musées et Monuments de France. Cette initiative marque la volonté de Paribas d'être associé à la pré- sentation au public français de chefs-d'oeuvre du patrimoine culturel universel. Les actions de mécénat engagées par Paribas s'inscrivent dans une longue tradition : voulant apporter sa contribution à une meilleure insertion du monde économique dans son environnement social, scientifique et culturel, Paribas s'est, depuis de nombreuses années et au-delà de nos frontières, attaché à encourager l'innovation scientifique, la conservation du patrimoine culturel et la création artistique. Cette démarche s'est confirmée et développée avec la création, début 1984, de La Fondation Paribas. Outre ses interventions dans le domaine social, cette Fondation s'efforce, en soutenant plus particulièrement les initiatives des jeunes, de promouvoir la recherche scientifique et technique, de favoriser l'expression artistique et culturelle. Couverture : RÉPARATION FAITE À LOUIS XIV PAR LE DOGE DE GÊNES DANS LA GRANDE GALERIE DU CHÂTEAU DE VERSAILLES, LE 15 MAI 1685. Frontispice : LOUIS xiv, par Lorenzo Bernini en 1665. (Ç) Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1987 10, rue de l'Abbaye, 75006 Paris © 1987 MUSÉES ET MONUMENTS DE FRANCE PARIS I.S.B.N. : 2-7118-2-134-X (broché) 2-226-028-14-5 (relié) TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION LES ORIGINES 7 LE CHÂTEAU DE LOUIS XIII 8 LES PREMIERS TRAVAUX DE LOUIS XIV 9 LE CHÂTEAU-NEUF 13 L'EXTENSION DU CHÂTEAU 17 LA CAPITALE DU ROYAUME 28 L'ŒUVRE DU XVIIIe SIÈCLE 30 TRIANON 32 LE MUSÉE NATIONAL 34 LE GRAND APPARTEMENT 39 LA GRANDE GALERIE OU GALERIE DES GLACES 57 LA CHAPELLE ROYALE 65 L'APPARTEMENT DU ROI 69 LE PETIT APPARTEMENT DU ROI 89 L'APPARTEMENT DE LA REINE 93 LES APPARTEMENTS DU DAUPHIN, DE LA DAUPHINE ET DE MESDAMES DE FRANCE 103 L'OPÉRA ROYAL 119 LES JARDINS 123 LE GRAND TRIANON 133 LE PETIT TRIANON 145 LA GRANDE ÉCURIE 153 Le Château de Versailles vers 1668 - Ce tableau de Pierre Patel montre avec une grande précision l'aspect que présentait le château après les premiers travaux or- donnés par Louis XIV en 1662 : l'espla- nade circulaire avec ses obélisques, l'avant- cour bordée par les nouveaux bâtiments des communs, et le château de Louis XIII, conservé mais embelli ; à droite, on distin- gue le bâtiment de la Grotte de Théthys avec son réservoir ; les jardins ont déjà leurs proportions définitives et le perce- ment du Grand Canal est amorcé. INTRODUCTION Le château de Versailles est, sans doute, la résidence royale la plus célèbre du monde, mais sa réputation et la fascination qu'il exerce ne sont peut-être pas dues uniquement à la splendeur de son architecture, de sa décoration intérieure et de ses jardins : au-delà de ces apparences, si magnifiques soient-elles, l'observateur attentif perçoit, en effet, une signification historique et un symbolisme profond qui donnent à la création de Louis XIV sa véritable dimension. Par son histoire et son destin, ce château est non seulement la plus somptueuse des demeures, mais encore et surtout un monument qui porte l'empreinte d'une pensée politique cohérente et qui exprime un programme artistique, économique et intellectuel, élaboré en un temps où la France rayonnait en Europe d'une gloire sans égale. LES ORIGINES Le domaine royal de Versailles est situé au sud-ouest de Paris, dans une vallée que dominent trois légères éminences : c'est sur l'une d'entre elles que se dresse le château actuel. Ce fut de tout temps un pays de bois, d'étangs et de marécages, dont les derniers ne furent asséchés qu'au XVIIIe siècle ; le climat y est encore aujourd'hui un peu plus rude que celui de la capitale, pourtant à peine éloignée d'une vingtaine de kilomètres. L'étymologie du nom de Versailles a été longtemps controversée : cependant, si l'on se rappelle qu'un « versail » est une terre dont les mauvaises herbes ont été arrachées, il faut admettre que le château le plus prestigieux du monde doit son nom à des terrains défrichés. Ce défrichement dut avoir lieu après le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), attribuant au chef normand Rollon les riches territoires qui étaient situés à l'ouest de cette rivière et qui allaient former la Normandie. Quoi qu'il en soit, c'est en 1038 qu'apparaît la première mention du nom de Versailles, dans une charte de l'abbaye Saint-Pair de Chartres que signe, en qualité de témoin, un certain Hugo de Versaillis. C'est à cette époque également que doit remonter la fondation de la seigneurie et de la paroisse, consacrée à saint Julien. Les sires de Versailles sont de modestes seigneurs, mais ils sont les vassaux directs du Roi ; leur château, au pied duquel se pressent l'église et les maisons du village, est construit sur la pente méridionale de la butte où s'élève le château actuel et au sommet de laquelle on ne voit alors qu'un moulin. La guerre de Cent Ans ruine le village, que ses habitants abandonnent ; mais, dès la paix revenue, les maisons sont reconstruites, les chemins réparés, les terres remises en culture. Le château féodal, en ruine, est restauré par le sire de Soisy, nouveau titulaire du fief. Ce bâtiment a disparu depuis longtemps, mais un acte notarié nous permet de nous le représenter : il était composé d'un corps de logis principal de cinq travées et d'une aile en retour de trois travées ; le portail était encadré de deux tourelles, et le domaine comprenait encore un colombier, deux cours, un jardin, un clos, des étables, des moulins à vent, quatre étangs et 80 arpents de bois, prés, taillis et terres labourables. En 1561, Martial de Loménie de Brienne, secrétaire d'État aux Finances de Charles IX, devient l'unique seigneur de Versailles ; il agrandit considérablement la seigneurie, qu'il porte à 450 arpents, soit 225 hectares. Le village compte alors environ 500 habitants, et l'on y trouve quelques pauvres auberges où couchent les bouviers venant de Normandie et se rendant à Paris. Mais Brienne est assassiné au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, et la seigneurie est rachetée à ses héritiers mineurs par Albert de Gondi pour la somme relativement importante de 35 000 livres. La famille de Gondi, originaire de Florence, est venue en France à la suite de Catherine de Médicis. Ses membres, protégés par la Reine et son fils Charles IX, ont amassé une fortune considérable, des honneurs et des titres. Le plus illustre d'entre eux est sans doute cet Albert de Gondi qui, peu de temps après l'acquisition de Versailles, sera fait maréchal de France et duc de Retz. Familier d'Henri III, il jouit aussi de la confiance du roi de Navarre, le futur Henri IV. Ce dernier, qui a déjà logé chez Brienne en 1570, séjourne chez Gondi du 7 au 9 juillet 1589. Devenu Roi de France, il reviendra de temps à autre à Versailles pour chasser, acceptant volontiers le souper que lui offre le duc de Retz. Le terrain, en effet, est très giboyeux, et le goût immodéré que les Bourbons auront toujours pour la chasse va décider du destin de Versailles. LE CHÂTEAU DE LOUIS XIII Henri IV est souvent accompagné du petit Dauphin ; celui-ci n'a que cinq ans lorsqu'il vient pour la première fois à Versailles, mais il s'attache vite à ce lieu dont l'aspect un peu sauvage convient à son humeur mélancolique. Devenu Roi, Louis XIII y revient fréquemment avec une suite réduite de familiers, au premier rang desquels figure le duc de Saint-Simon, le père du mémorialiste. Pendant longtemps, Louis XIII se contente, lorsque la chasse s'est trop prolongée, de coucher au château des Gondi ou parfois même sur la paille d'une méchante auberge. Il finit cependant par décider la construction, au sommet de la butte qui domine le château, d'un pavillon très modeste, entouré de quelques arpents de terre, où il se sente véritablement chez lui. Ce pavillon, composé d'un simple corps de logis de douze toises de long sur trois de large (environ 24 X 6 mètres) et de deux courtes ailes en retour, est édifié en 1623 ; rapidement transformé et agrandi, devenu méconnaissable, il reste pourtant le noyau initial autour duquel s'est développée la plus vaste résidence de la monarchie. Dans ce pavillon, le Roi ne dispose que de cinq petites pièces : antichambre, chambre, cabinet, salle et garde-robe ; quelques tapisse- ries, un meuble de damas vert ou de brocatelle, un billard et quelques LOUIS xiii, Roi de France et de Navarre coffres constituent l'essentiel du mobilier. C'est bien là ce « chétif (1601-1643), d'après Juste d'Egmont. château de Versailles », dont parle le maréchal de Bassompierre à l'Assemblée des Notables de 1627, « dont la construction duquel un simple gentilhomme ne voudrait pas prendre vanité » et que l'ambassadeur de Venise décrit comme « una picciola casa che fa fabricare a Versaglia per recreazione. » Mais ce simple pavillon se révèle vite insuffisant et, de 1631 à 1634, Louis XIII le fait agrandir sous la direction de Philibert le Roy : on l'élargit d'une toise du côté des jardins et on construit deux ailes en retour ; deux petites échauguettes coiffées d'un dôme de pierre relient les trois corps de logis, et la cour ainsi délimitée est fermée, du quatrième côté, par une étroite terrasse reposant sur des arcades fermées de grilles vert et or ; quatre pavillons décrochés se rattachent aux angles externes de la construction, et le tout est entouré d'un fossé que franchissent deux ponts ; précédant ce nouveau château, une avant-cour est bordée de deux petits bâtiments réservés aux communs.