| 1 Portrait de la communauté de New Carlisle

« Sortir du cadre du gouvernement pour impliquer la société civile, le secteur du bénévolat et le secteur privé est un pas essentiel vers l’action pour l’équité en santé. Une plus grande participation communautaire et sociale au processus d’élaboration des politi- ques aide à prendre des décisions justes sur les questions d’équité en santé. » (Organisation Mondiale de la Santé).

AUTEURES

Mary Richardson, Ph.D., anthropologue, Direction du développement des individus et des communautés, Institut national de santé publique du Québec

Joëlle Gauvin-Racine, M.A., anthropologiste

CONCEPTION ET MISE EN PAGE

CMA Medeiros, Réseau communautaire de la santé et des services sociaux

TRADUCTION

Anne Rogier, interprète et traductrice accréditée

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier CASA pour leur collaboration exceptionnelle, en particulier Cathy Brown (directrice), Maria Chatterton (coordonnatrice) et Fay Gallon (agente administrative). Nous remercions également Denise Dallain et la municipalité de New Carlisle, David Felker de CASA, Valerie Gilker de CEDEC et le CSSS Baie-des-Cha- leurs. Nous désirons aussi remercier Denis Hamel et Mélanie Tessier de l’Institut national de santé publique du Québec pour leur aide précieuse avec les données statistiques.

2 | Table des matières

Un projet de développement des communautés 4 Bâtir des communautés en santé 4 Accès aux soins de santé parmi les groupes linguistiques minoritaires 6 Des réalités changeantes au sein des populations d’expression anglaise au Québec 7 Six portraits de communautés d’’expression anglaise au Québec 9

NEW CARLISLE 11 Trajectoire historique de la communauté d’expression anglaise de New Carlisle 11 Tendances démographiques récentes en Gaspésie 15

PERSPECTIVES COMMUNAUTAIRES SUR NEW CARLISLE 20 La vie communautaire à New Carlisle 21 Niveau d’instruction 27 Conditions économiques 34 Environnement 41 Vers la santé et le bien-être collectif et personnel 44

SOMMAIRE ET CONCLUSION 48 Endnotes 51

| 3 Un projet de développement des communautés

En 2009, le Réseau social de santé et de services communautaires (RCSSS) a conclu avec l’Institut national de santé publique (INSPQ) une entente pour mieux connaître la population de langue anglaise du Québec dans le cadre d’un programme concernant les projets de santé destinés aux communautés de langue officielle en situation mino- ritaire. Cette collaboration a entre autres pour but de mieux comprendre les communautés d’expression anglaise du Québec, initiative envisagée ici dans une perspective de développement des communautés.

Il y a bien des façons d’aborder le développement des communautés, et Le développement les groupes qui y participent sont aussi nombreux que variés et comptent des communautés entre autres les travailleurs en santé publique. Dans le cas du Québec, le a été défini comme « un proces- soutien au développement des communautés a été retenu comme l’une des sus de coopération volontaire, principales stratégies d’intervention en santé publique. Un grand nombre d’entraide et de construction de d’agences et de centres de santé et de services sociaux prennent donc part liens sociaux entre les résidents au développement des communautés. et les institutions d’un milieu local, visant l’amélioration des Le processus de développement des communautés repose sur certains conditions de vie sur les plans stratégies et principes d’action : physique, social et économi- que1». L’objectif consiste en fait à • la participation citoyenne ce que les membres des commu- • le renforcement du pouvoir d’agir (empowerment) individuel et nautés agissent de manière col- communautaire lective et trouvent des solutions • la concertation intersectorielle et le partenariat à des problèmes communs en • l’adoption de politiques publiques favorables à la santé planifiant le développement de • la réduction des inégalités sociales et des inégalités de santé tous les aspects du bien-être des collectivités. Il s’agit d’améliorer Le principe sous­-jacent est le suivant : en renforçant le pouvoir des person- la qualité de vie des populations nes et des collectivités, elles auront une meilleure emprise sur leur santé et et de réduire les inégalités socia- leur avenir, tout en réduisant les inégalités entre les membres de la collec- les. tivité.2

Bâtir des communautés en santé

Conformément à l’engagement du RCSSS d’aborder la santé d’une population dans une optique qui tienne comp- te de l’éventail des déterminants de la santé, ce projet adopte une vision holistique de la santé. En d’autres termes, il s’agit d’entrevoir des moyens d’améliorer la santé de la population, en considérant la santé comme un produit des déterminants sociaux et environnementaux qui se conjuguent pour influer sur l’état de santé.

Les nombreux facteurs qui contribuent à la santé sont qualifiés de déterminants de la santé, lesquels sont définis comme les facteurs individuels, sociaux, économiques et environnementaux que l’on peut associer à un problème de santé en particulier ou encore à un état de santé global.3 Même si les déterminants de la santé sont nombreux – revenu et statut social, réseaux de soutien social, éducation, emploi et conditions de travail, milieu physique, biolo- gie et génétique, services de santé, entre autres –, les recherches ont démontré que le contexte socio‑économique et l’environnement physique comptent parmi les principaux déterminants de la santé.

4 | BÂTIR DES COMMUNAUTÉS EN SANTÉ Au sein d’une même région, les communautés peuvent afficher des différences marquées en matière de santé, de bien‑être et de qualité de vie, et certaines de ces différences sont liées aux conditions économiques et sociales.

Déterminants de la santé

Ceci signifie que les communautés peu‑ vent influer sur la santé et le bien‑être de leur population en tentant de réduire les inégalités entre les personnes et de créer une « commu‑ nauté en santé ».

Lalonde, Marc (1974) A New Perspective on the Health of Canadians, Ottawa: Health and Welfare

Une communauté en santé comporte les caractéristiques suivantes :

• Les citoyens ont accès à de l’eau potable, de la nourriture, des logements de qualité • Les citoyens se sentent en sécurité dans leur municipalité • Les citoyens y ont accès à un travail qui les satisfait • Les jeunes ont envie d’y rester ou d’y revenir pour fonder une famille • Les citoyens jouissent d’un environnement physique propre, sécuritaire et de haute qualité • Les groupes d’entraide sont nombreux et bien articulés entre eux • Les citoyennes et citoyens entretiennent des liens constants avec leur héritage culturel et biologique, de même qu’avec les individus et les groupes avec qui ils cohabitent, développant ainsi un sentiment d’appartenance à leur communauté • De nombreuses activités sociales, sportives et culturelles encouragent les citoyens à être actifs et à se maintenir en santé • L’accès aux différents services publics et privés y est facile pour tous les citoyens • L’activité économique y est importante et bien diversifiée • Les citoyens participent aux décisions qui les touchent • Les citoyens ont accès à des services de santé adéquats et sont de façon générale en bonne santé»4

Un nombre important de déterminants de la santé échappent aux individus et seule la communauté peut les in- fluencer. Donc, tout comme le renforcement du pouvoir individuel est important pour la santé et le bien‑être, il en va de même pour celui de la communauté. Il s’agit donc de renforcer les capacités de la communauté pour qu’elle puisse se structurer de façon à améliorer la qualité de vie de ses membres. Hormis les indicateurs traditionnels tels que l’économie et la démographie, nous devons tenir compte de facteurs tels que la vie démocratique, la dynamique de la communauté et le capital social, qui témoignent de la santé de la communauté comme un organisme vivant.5

| 5 Accès aux soins de santé parmi les groupes linguistiques minoritaires

Après les conditions économiques et sociales, les soins de santé se classent deuxièmes parmi les déterminants de la santé (et seraient responsables d’environ 25 % de la santé des personnes). Il est donc crucial d’avoir accès aux soins de santé et aux services sociaux. Or, de nombreux facteurs peuvent faciliter ou entraver l’accès à ces services. Les recherches démontrent que la langue est l’un de ces facteurs et qu’elle peut donc être considérée comme un déterminant de la santé. Les barrières linguistiques sont parfois source d’inégalités de santé parce que les problèmes de communication et de compréhension limitent le recours aux services de prévention, allongent le temps consacré aux consultations et aux examens diagnostiques, et influent sur la qualité des services où la langue joue un rôle clé – tels que les services de santé mentale, les services sociaux, et les services de réadaptation.

Les barrières linguistiques réduisent également la probabilité que les patients suivent correctement le traitement, et qu’ils soient satisfaits des soins et services reçus6. Les communautés linguistiques en situa‑ tion minoritaire ont souvent plus de difficulté à obtenir des services dans une langue qu’elles comprennent bien, et même les communau‑ tés de langue officielle se heurtent à certains obstacles.

Photo: http://phil.cdc.gov/PHIL_Images/

Pour bon nombre de Québécois d’expression anglaise, l’accès aux soins de santé et aux services sociaux demeure un défi, même si les taux de bilinguisme au sein de ce groupe sont à la hausse, et les anglophones sont plus suscepti- bles que d’autres groupes linguistiques de pouvoir tenir une conversation tant en français qu’en anglais.7 En outre, l’accessibilité aux soins de santé et aux services sociaux en anglais varie grandement suivant les différentes régions de la province.8

Le Réseau communautaire de santé et de services sociaux a été fondé en 2002 pour aider les communautés d’ex- pression anglaise à résoudre ces difficultés. Il a été créé en vue de soutenir les efforts déployés par ces communautés pour développer l’infrastructure communautaire et instaurer des relations et des partenariats stratégiques au sein du système de santé et de services sociaux, aux fins d’améliorer l’accès aux services.9 Ainsi, le Réseau tente d’aider les communautés d’expression anglaise du Québec à réduire les inégalités de santé et à promouvoir la vitalité des communautés. Par le biais d’une série de projets et de partenariats qui relient les partenaires publics et communau- taires, le RCSSS tente de renforcer les réseaux aux niveaux local, régional et provincial afin d’influer sur les déter- minants de la santé et sur les politiques publiques, et de développer les services.

Comment se fait-il qu’un groupe qui constitue la majorité linguistique dans toutes les autres provinces (en fait, dans l’ensemble de l’Amérique du Nord) ait besoin de ce soutien? La situation des Québécois anglophones a changé au cours des dernières décennies, et une meilleure compréhension de ces transformations permettrait de jeter un éclairage nouveau sur les réalités actuelles.

6 | Des réalités changeantes au sein des populations d’expression anglaise au Québec

Depuis la Conquête britannique en 1759, la population anglophone du Québec a connu d’importants change- ments démographiques, politiques et sociaux. Après la défaite des forces françaises, un nombre croissant d’anglo- phones sont venus s’établir dans ce qui constitue aujourd’hui le Québec. Même si ces colons n’étaient en aucun cas tous bien nantis, la population anglophone était autrefois bien représentée parmi l’élite économique et politique du Québec. La position des anglophones est demeurée solide au moins jusqu’à la moitié du XXe siècle, mais les chan- gements d’ordre politique ont toutefois entraîné un exode croissant d’anglophones de la province et un déclin de la vitalité de certaines des communautés qu’ils constituaient. Ainsi, de 1971 à 2001, la population dont l’anglais était la langue maternelle a chuté de 25 %, pour ne représenter que 8,3 % au lieu de 13,1 % de la population du Qué- bec. Entretemps, la population francophone a légèrement augmenté (de 80,7 % à 82,5 %), tandis que la proportion de la population s’exprimant dans d’autres langues a presque doublé par rapport à l’ensemble de la population (de 6,2 % en 1971 à 10,3 % en 2001).10

Toutefois, au cours de la période de 1996 à 2006, la population d’expression anglaise du Québec a augmenté de 68 880, tandis que sa proportion de la population de la province était légèrement supérieure en 2006 par rapport à 1996. La période 2001‑2006 fut marquée par une croissance pour la plupart des populations régionales anglo- phones, et par une légère baisse démographique uniquement parmi les groupes anglophones de la Côte-Nord et de Gaspésie - Îles-de-la-Madeleine. Par rapport à l’ensemble de la population, l’Estrie et les Laurentides ont fait l’objet d’une baisse démographique régionale. Les régions où la population d’expression anglaise a le plus augmenté étaient Montréal, Laval, la Montérégie et l’Outaouais.

Évolution de la taille et de la proportion de la population anglophone, 1996-200611

Taille de la population d’expression anglaise Proportion de la population régionale Région 1996 2001 2006 1996 2001 2006 Province de Québec (total) 925 840 918 955 994 720 13,1 % 12,9 % 13,4 % Bas-Saint-Laurent 933 820 1 295 0,5 % 0,4 % 0,7 % Saguenay – Lac-Saint-Jean 1 795 1 765 1 830 0,6 % 0,6 % 0,7 % Québec - Capitale-Nationale 12 745 11 065 11 840 2,0 % 1,8 % 1,8 % Mauricie et Centre-du-Québec 6 033 4 885 4 995 1,3 % 1,1 % 1,1 % Estrie 24 770 23 390 23 580 9,1 % 8,4 % 8,0 % Montréal 560 813 563 940 595 920 32,1 % 31,6 % 32,7 % Outaouais 53 863 53 945 58 720 17,6 % 17,2 % 17,4 % Abitibi – Témiscamingue 6 363 5 315 5 355 4,2 % 3,7 % 3,8 % Côte-Nord 6 100 5 740 5 630 6,0 % 5,9 % 5,9 % Nord-du-Québec 12 080 14 385 16 945 31,5 % 37,4 % 42,8 % Gaspésie - îles-de-la-Madeleine 10 580 9 740 9 505 10,2 % 10,2 % 10,2 % Chaudière-Appalaches 3 340 2 685 3 705 0,9 % 0,7 % 1,0 % Laval 50 713 53 385 68 460 15,5 % 15,7 % 18,8 % Lanaudière 8 850 8 215 10 115 2,4 % 2,1 % 2,4 % Laurentides 31 213 30 565 33 175 7,3 % 6,7 % 6,6 % Montérégie 135 653 129 125 143 645 10,9 % 10,2 % 10,7 %

| 7 Mais comment définir une personne « d’expression anglaise »? La population d’expression anglaise du Québec comprend les citoyens de l’ensemble de la province qui choisissent d’employer l’anglais et qui s’identifient à la com- munauté d’expression anglaise. Pour certaines de ces personnes, l’anglais est leur langue maternelle, tandis que pour d’autres, l’anglais est la première langue officielle qu’elles parlent, et leur langue maternelle est une langue autre que l’anglais ou le français. Dans des régions de forte immigration (notamment dans la région de Montréal), le déclin de la population anglophone a été atténué par la présence de certains de ces allophones qui s’expriment en anglais comme deuxième langue.

La communauté anglophone a toujours été diversifiée (elle était au départ composée d’Anglais, d’Écossais, de Gallois et d’Irlandais, de catholiques, de juifs et de divers groupes protestants, entre autres), et cette diversité s’est accentuée au fil du temps pour finalement englober des personnes originaires de nombreuses régions du monde. Aujourd’hui, la communauté d’expression anglaise est composée de nombreuses sous communautés multicultu- relles et multiraciales.12 En outre, le contexte dans lequel chacune d’elles évolue varie grandement. Tandis que la majorité de la population dont l’anglais est la première langue officielle vit dans la région de Montréal (environ 80 %),13 de nombreuses communautés d’expression anglaise se situent dans des régions rurales ou éloignées de la province. Dans certains cas, la population d’expression anglaise représente une infime proportion de la population locale, tandis que dans d’autres municipalités, elle représente parfois un pourcentage important, voire une majorité.

L’évolution de cette réalité démographique pose plusieurs défis aux communautés d’expression anglaise, tels que les problèmes relatifs au vieillissement de la population et de l’exode parmi les aidants naturels et les jeunes. Par exem- ple, parmi la population dont l’anglais est la langue maternelle, 8,3 % ont quitté le Québec pour aller s’établir dans le reste du Canada entre 1991 et 1996; ensuite, entre 1996 et 2001, 8,9% ont quitté. Or, pour l’ensemble de la population, ces taux n’étaient que de 1,6 % et 1,7 % pour ces mêmes périodes. Les anglophones plus jeunes étaient les plus susceptibles de quitter la province : 15,8 % des jeunes de 25 à 34 ans sont partis, tandis que ce pourcentage est beaucoup moins élevé pour la population de 65 ans et plus.14 Cela signifie que lesgénérations qui incarnent l’avenir de leur communauté et qui peuvent prendre soin des membres de leur famille vieillissants ne sont souvent pas sur place pour le faire. Ceux qui restent sont parfois surchargés par leurs fonc‑ tions d’aidant naturel, et la structure d’âge de la communauté penche alors vers les groupes d’âge plus avancé. L’impact sur la santé et le besoin de services est parfois marqué.

Un autre défi a trait à la situation socio‑économique de la population d’expression anglaise au Québec. La pauvreté a beau ne pas toucher l’ensemble des Québécois d’expression anglaise, elle est néanmoins une réalité pour nombre d’entre eux, et l’écart est parfois important entre les personnes d’expression anglaise et française. Par exemple, dans certaines régions, les familles d’expression anglaise sont plus susceptibles d’avoir un faible revenu que leurs voisins d’expression française. Il en va de même pour le niveau d’instruction : dans certaines régions, la population d’expression anglaise est moins susceptible que ses homologues francophones d’avoir achevé ses études secondaires ou d’avoir poursuivi des études post‑secondaires.15

Ces enjeux sont de bons indicateurs de la vitalité démographique, dimension importante de la santé des communautés. La vitalité démographique fait référence aux caractéristiques des communautés telles que le taux de vieillissement et de chômage, la proportion d’aidants naturels par rapport aux aînés, la taille de la population et, dans le contexte québécois, le degré de bilinguisme.16 Une bonne compréhension de la vitalité démographique permet aux travailleurs de la santé, aux municipalités, aux décideurs et aux membres des communautés de planifier adéquatement les services, activités et programmes qui répondront aux besoins de la collectivité. Par exemple, si une communauté compte une forte proportion d’aînés, les générations d’aidants naturels assument un poids plus lourd des soins à prodiguer, et il faudra peut‑être prendre des mesures pour répondre à la fois aux besoins des aînés et de leurs aidants naturels. Ou bien, lorsque la population d’une communauté disparaît progressive‑ ment, les services communautaires et les structures institutionnelles perdent un capital humain vital

8 | DES RÉALITÉS CHANGEANTES AU SEIN DES POPULATIONS D’EXPRESSION ANGLAISE AU QUÉBEC et les réseaux sociaux s’érodent; la planification doit donc porter sur le renforcement du tissu social.

Ce projet est mené dans le contexte de ces transformations, et nous tentons donc de décrire et d’illustrer la grande diversité des communautés d’expression anglaise au Québec, en présentant le portrait de certaines communautés.

Six portraits de communautés d’expression anglaise au Québec

Pour comprendre plus à fond la réalité actuelle des communautés d’expression anglaise, ce projet de recherche-ac- tion adopte une méthode participative passant par la réalisation de portraits de communautés. Six des initiatives de réseautage et de partenariat du RCSSS ont été invitées à choisir une communauté dans leur région pour participer au processus de portraits de communautés. Conformément aux principes de développement des communautés, ce projet a été mené dans un esprit de recherche participative. Dans la pratique, ceci veut dire que le travail est axé sur la communauté (village, quartier, communauté d’identité), fait participer les membres de la communauté au processus, vise à éclairer l’action (orientations futures des politiques, programmes et projets) et comporte la col- lecte systématique d’information. Ce travail repose sur la conviction suivant laquelle la communauté est experte en ce qui la concerne. Dans une recherche-action de type participatif, les participants acquièrent des connaissances, une capacité de réfléchir de manière critique, et une culture de l’apprentissage. Les communautés sont alors plus à même de trouver et d’élaborer des solutions à des problèmes locaux. Les chercheurs qui recourent à cette méthode constatent que ce processus permet autant aux personnes qu’aux communautés de renforcer leur pouvoir d’agir.17 Le renforcement du pouvoir d’agir consiste à accroître la capacité des personnes et des groupes d’opérer des choix et de traduire ces choix en mesures et résultats recherchés. Au cœur de ce processus s’inscrivent des mesures qui renforcent les atouts individuels et collectifs et qui améliorent l’efficacité et l’équité des contextes organisationnel et institutionnel régissant l’utilisation de ces atouts.

En choisissant les communautés qui participeront à cette phase du projet, nous avons visé la diversité. Certaines communautés se situent dans un contexte urbain et multiculturel, d’autres dans des communautés rurales ou des villages, et d’autres encore dans des communautés éloignées du Québec. À certains endroits, la population d’expres- sion anglaise constitue une très faible proportion de la population, tandis que dans d’autres, elle représente une proportion plus importante. Certaines communautés sont prospères, tandis que d’autres sont plus vulnérables. Nous avons également tenu compte de l’intérêt local et de la capacité de participer au processus de portrait de com- munauté. Dans certains cas, une communauté a été choisie parce que le coordonnateur ou l’organisation hôte de l’initiative de réseautage et de partenariat y voyait une bonne occasion d’entrer en contact avec cette communauté et de mieux la connaître. Dans d’autres cas, nous étions en présence d’un contexte favorable pour rassembler les intervenants et regrouper les connaissances et les ressources, par exemple, si une municipalité était en train d’élabo- rer une politique de la famille et des aînés, ou si un centre de santé était en train d’évaluer les besoins de la commu- nauté d’expression anglaise.

| 9 Les six communautés sélectionnées pour cette phase du projet sont les suivantes :

Communauté Région Association régionale Sutton Montérégie-Est Townshippers’ Association Saint-Léonard Montréal-Est Réseau de l’est de l’île pour les services en anglais (REISA) Laval Laval Youth and Parents AGAPE Association Inc. New Carlisle Gaspésie Committee for Anglophone Social Action (CASA) Sept-Îles Côte-Nord North Shore Community Association (NSCA) Bonne-Espérance Basse-Côte-Nord Coasters Association

La méthode utilisée pour les portraits de communauté s’inspire de diverses approches utilisées par les groupes actifs dans le domaine du développement des communautés, notamment au sein du Réseau québécois de Villes et Villages en santé, parmi les municipalités et parmi les directions de santé publique. Le processus comporte plu- sieurs étapes. La première consiste à faire participer les intervenants locaux au processus. La deuxième a pour objet de recueillir les données existantes, sous forme de statistiques, de rapports antérieurs et d’autres informations sur la communauté. Quant à la troisième, elle consiste à obtenir des données qualitatives par la voie d’une réunion publique (consultation de la communauté) au cours de laquelle divers thèmes sont abordés et où l’on demande aux membres de la communauté d’échanger sur les perspectives de développement de leur communauté. Dans cer- tains cas, pour veiller à ce que toutes les perspectives soient entendues et qu’un vaste éventail de personnes soient appelées à participer, des entrevues de groupe ou des discussions individuelles peuvent avoir lieu avec d’autres membres de la communauté.

L’information ainsi recueillie est ensuite analysée et résumée par thème, l’accent étant mis dans cha‑ que cas sur les atouts de la communauté et sur les difficultés auxquelles elle se heurte sur les plans suivants : vie sociale et communautaire, économie et revenus, éducation, environnement, santé et bien‑être. L’information est ensuite résumée et le portrait tracé, après quoi il est validé auprès des membres de la communauté et des autres intervenants. Ce portrait présente le résultat de ce processus. Les portraits peuvent ensuite servir à planifier les mesures définies en fonction de la réalité locale, telle que décrite par les membres de la communauté. Comme chaque communauté est différente, la façon d’aborder les problèmes variera forcément, tout comme les résultats qui en découleront.

10 | SIX PORTRAITS DE COMMUNAUTÉS D’EXPRESSION ANGLAISE AU QUÉBEC NEW CARLISLE UNE PETITE VILLE DE GASPÉSIE

New Carlisle, située dans la région administrative de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, fait partie de la municipalité régionale de comté de Bonaventure. Cette municipalité se situe sur la pointe extrême sud de la Gaspésie, dans la Baie-des-Chaleurs. Elle s’étend sur 68 kilomètres carrés, entre les municipalités de Bonaventure à l’ouest et de Paspébiac à l’est. Elle est à peu près à mi chemin entre Campbellton (Nouveau Brunswick) et Percé (Québec).

New Carlisle, située dans une région rurale, est entourée d’un mélange de grands champs et de forêts, avec la vaste Baie-des- Chaleurs au sud et le Nouveau-Brunswick au large. Cette mu‑ nicipalité est dotée d’un centre résidentiel et commercial, qui compte plusieurs maisons et autres édifices, ainsi qu’un grand nombre d’arbres adultes qui longent la rue principale. Lors du Recensement de 2006, 1 370 personnes vivaient à New Carlisle, et la densité de population est donc assez faible.

La Gaspésie

Trajectoire historique de la communauté d’expression anglaise de New Carlisle

Des pêcheurs micmacs aux descendants européens

Bien avant que les Européens n’arrivent sur la côte nord est des Amériques, les Micmacs occupaient la région. Les découver- tes archéologiques confirment leur présence en Gaspésie il y a plus de 2 000 ans, mais ils n’ont vécu de manière permanente dans la région qu’à partir du XVIe siècle, et ne passaient probablement que l’été sur la côte pour pêcher.18 Lorsque Jacques Cartier a revendiqué cette terre au profit de la France en 1534, les Micmacs s’étaient déjà habitués à la traite avec les Euro- péens.

Durant le siècle qui a suivi la visite de Cartier, de nombreux postes de pêche saisonniers ont été établis et la région est demeurée surtout une destination de pêche saisonnière pour les pêcheurs européens jusqu’au XVIIIe siècle. Plus d’un millier d’Acadiens se sont également établis dans la Baie-des-Chaleurs entre 1755 et 1760, après le Grand Dérangement, d’abord à l’embouchure de la rivière Restigouche. Toutefois, en 1760, après la victoire britannique dans la dernière bataille navale dans laquelle la France et l’Angleterre se sont disputés la possession du continent nord américain – bataille qui a eu lieu à Restigouche – les Acadiens ont été de nouveau déplacés, le long de la côte de la Baie-des-Chaleurs, et les anglophones ont commencé à migrer vers la Gaspésie. En 1765, le recensement comptait plusieurs familles d’origine anglaise dans la ville de Gaspé, ainsi que des marchands britanniques dans la région de la Baie-des-Chaleurs. Un groupe important d’Irlandais s’est également établi à Percé vers 1770 et, tandis que certains d’entre eux se sont rapidement assimilés à la collectivité franco canadienne, bon nombre d’entre eux ont conservé leurs traditions dans des villes telles que Douglastown et Barachois.

Parmi ces nouveaux colons figurait , marchand de , qui a établi l’assise de l’empire de pêche Charles Ro- bin and Co. à Paspébiac en 1776. C’était la deuxième compagnie créée au Canada après la Compagnie de la Baie d’Hudson.

DES PÊCHEURS MICMACS AUX DESCENDANTS EUROPÉENS | 11 De nombreux ouvriers sont venus des îles Anglo-Normandes s’établir dans la région, à l’instar de quelques Acadiens. Cette compagnie, qui allait devenir le plus gros exportateur canadien de morue, a offert du travail et l’accès aux produits commer- ciaux à une forte proportion de la population pendant plusieurs décennies. Charles Robin exerçait une forte mainmise sur la vie politique, économique et sociale de la Gaspésie à cette époque.

Afflux de loyalistes

Vers la même époque, l’indépendance des États-Unis a amené un grand nombre d’Américains britanniques qui étaient fidè- les à la Couronne britannique à immigrer au Canada. Tandis que la guerre se propageait dans les 13 colonies à l’issue de la Déclaration d’indépendance en 1776, les loyalistes ont été déclarés traîtres dans tous les États à l’exception de la Géorgie et de la Caroline du Sud. Leurs propriétés ont été saisies et vendues, ils ont perdu leur droit de vote et ont été interdits de toute fonction publique. En 1783-1784, de 40 000 à 50 000 loyalistes se sont enfuis vers le Canada.

Près de 500 de ces loyalistes sont arrivés en Gaspésie, et un grand nombre d’entre eux se sont établis à Petit Paspébiac qui a été baptisé Carlisle, puis New Carlisle par la suite. En 1830, le navigateur Joseph Barthe, de Carleton, a déclaré que cet endroit « est devenu le plus fort village de la Baie des Chaleurs avec 100 maisons étirées le long de la baie ». Ce groupe de colons a provoqué de nombreux changements et a constitué Nicolas Cox, lieutenant gouverneur de la Gaspésie (1775) a joué un rôle le premier afflux véritable de colons crucial dans l’établissement des loyalistes en Gaspésie. Il a choisi la région à anglophones en Gaspésie. C’est sur‑ l’ouest de Paspébiac pour les établir, loin des Acadiens qui avaient été récem- tout grâce à leurs efforts que les assi‑ ment déportés de Nouvelle Écosse pour avoir refusé de prêter serment à la ses de nombreuses institutions anglo‑ phones ont été posées. La Gaspésie Couronne britannique. En arrivant, chaque famille recevait 81 hectares de est devenue une mosaïque culturelle bonnes terres et 20 hectares supplémentaires pour chaque femme et enfant. effervescente, où Anglais, Irlandais, Elle recevait également des outils agricoles, des semences, de l’approvisionne- Écossais, habitants des îles Angl0-Nor‑ ment pour trois ans, de la literie et des meubles. Mais la vie était difficile sans mandes, Acadiens et Français du Qué‑ route, sans port en hiver et sans communication avec le monde extérieur. Dès bec se sont véritablement établis. le XIXe siècle, certaines familles sont parties pour l’Ontario, les Cantons de l’Est ou les États-Unis.

Croissance puis déclin de la population anglophone

Au tournant du XIXe siècle, la population totale de la péninsule était d’environ 3 000 âmes et la région était parmi les plus dynamiques du pays, avec comme forces motrices l’activité agricole, la construction navale, la pêche et la foresterie. La com- munauté d’expression anglaise dominait le paysage économique, social et politique; parmi 37 nominations politiques faites de 1791 à 1841, seules quatre concernaient des francophones.

En 1851, la population totale était passée à 19 546 habitants, dont la moitié étaient anglophones. La population anglo- phone, qui vivait surtout dans la région de la Baie-des-Chaleurs, représentait en 1861 une proportion de 5 % de l’ensemble des anglophones du Québec. D’autres régions qui comptaient une proportion importante d’anglophones à l’époque étaient Montréal, Québec, la vallée de l’Outaouais et les Cantons de l’Est. En 1871, la communauté anglophone de Gaspésie était surtout composée d’Anglais (33 %), d’Irlandais (32 %) et d’Écossais (20 %). Trente cinq pour cent de cette population était catholique.

12 | TRAJECTOIRE HISTORIQUE DE LA COMMUNAUTÉ D’EXPRESSION ANGLAISE DE NEW CARLISLE La collectivité anglophone, qui représentait 50 % de la population totale au milieu du XIXe siècle, atteint son apogée dans les années 1930. En 1961, cette collectivité ne représentait plus qu’environ 30 % de la population totale, en raison surtout de facteurs économiques. L’assimilation a également contribué à ce déclin; tandis que la Gaspésie comptait 17 000 habitants d’origine britannique en 1871, moins de 14 000 d’entre eux étaient identifiés comme étant d’expression anglaise.

Anglophones en Gaspésie, 1861-2006 Dès les années 1930, un grand nombre d’anglophones ont com- mencé à partir dans le cadre de l’exode général de cette région. Tandis que les francophones étaient de plus en plus nombreux à occuper des postes municipaux, administratifs et professionnels, les anglophones commençaient à se comporter comme une mino- rité. Depuis lors, le nombre d’an- glophones n’a cessé de diminuer à un taux comparable à celui de l’ensemble de la population.

Malgré ce déclin démographique, les anglophones continuaient à se comporter comme la majorité. L’anglais demeurait la langue des affaires, et les francophones avaient tendance à devenir bilingues lorsqu’ils étaient en interaction avec des anglo- phones.

Prospérité, déclin et renaissance à New Carlisle

D’un petit village agricole fondé par une centaine de loyalistes, New Car- lisle est rapidement devenu le siège du comté de Bonaventure et le centre administratif de la Gaspésie.19 Une classe moyenne et certains membres de l’élite sont venus s’y établir dès le début du XIXe siècle. Sa fonction de centre administratif du comté comprenait l’administration de la justice, qui attirait des juristes, des avocats de district, des notaires et un shérif, ainsi qu’une prison (1809). Cet héritage de la classe moyenne est encore présent dans de nombreux édifices historiques de New Carlisle qui existent toujours. Ses églises attestent également de son riche héritage : Knox Pres- byterian (construite en 1820), St. Andrew’s Anglican (1826), Notre-Da- me-de-la-Médaille-Miraculeuse (1878), Zion United (1925) et une Bible Chapel (1935). Les anglicans ont été les premiers à s’établir dans la région, puisque la plupart des loyalistes étaient anglicans, mais l’église presbyté- rienne a été la première construite. Il semble que ces divers groupes aient toujours vécu en harmonie.

En 1876, New Carlisle est devenu une municipalité, où le secteur des affaires et l’industrie étaient dynamiques. Avec l’avènement du chemin de fer, la construction d’un quai en eau profonde et le progrès matériel qui a marqué le début du XXe siècle, l’économie s’est diversifiée et la municipa- Photo: http://gaspesie.quebecheritageweb.com/

PROSPÉRITÉ, DÉCLIN ET RENAISSANCE À NEW CARLISLE | 13 lité a repris une fois de plus une position de tête dans la région. Ce dynamisme a attiré quelques Acadiens et Canadiens fran- çais dans la région, surtout des commerçants de la région de Québec, qui pratiquaient quant à eux la religion catholique.

La prospérité de la deuxième partie du XIXe siècle a attiré en Gaspésie de nombreux visiteurs qui venaient par bateau pour jouir de la beauté des lieux, pour profiter des nombreuses rivières à saumon et pour bénéficier des vertus des bains de mer thérapeutiques et de l’air marin. Les premiers touristes qui sont venus dans la région appartenaient à la classe moyenne ou à l’aristocratie, et ils se déplaçaient à bord de bateaux ou de traversiers. Une fois le chemin de fer construit et le réseau routier devenu carrossable, ils ont été suivis de nombreux touristes. Dès 1850, de somptueuses villas, telles que les grands hôtels de New Carlisle, ont commencé à voir le jour. Pour répondre à la demande croissante des touristes qui faisaient escale ou qui venaient séjourner depuis le début du XXe siècle, de nouveaux établissements ont ouvert leurs portes pour les accueillir : c’était l’époque des grands hôtels de luxe.

Mais l’apparente prospérité de New Carlisle au XIXe siècle cachait une réalité plus sombre pour les agriculteurs et les com- merçants. La société était hautement stratifiée et la mobilité sociale quasi nulle. Le capital économique dépendait surtout de l’exploitation et de la servilité de la main d’œuvre qui vivait dans la pauvreté et la privation. Cette division des classes et les disparités des conditions de vie parmi les membres de cette collectivité, bien que n’étant certes pas l’exception dans la région, est importante pour bien comprendre comment ce village s’est développé tout au long de son histoire, marquée par une stra- tification sociale, et des inégalités toujours présentes.

Pendant la Première Guerre mondiale, environ 10 % de la population de New Carlisle s’est engagée dans l’armée. En guise de témoignage de leur sacrifice, l’Ordre impérial des filles de l’Empire a planté des arbres tout au long de la rue principale, donnant ainsi à cette rue l’aspect caractéristique qu’elle a conservé jusqu’à aujourd’hui. Une fois encore, pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Néo Carlinois étaient en faveur de la conscription et ont été nombreux à s’engager. La région de la Gaspésie comptait la plus forte proportion d’habitants qui se sont engagés dans la Deuxième Guerre mondiale. D’après le Recensement de 1931, la population totale du Canada était de 10 376 786 habitants. Quant au Québec, il en comptait 2 874 662, soit 26,9 % de la population du Canada. En ce qui concerne les comtés de Gaspé et de Bona- venture, ce chiffre était de 78 249, soit 2,7 % de l’ensemble de la population du Québec, et pourtant, plus de 4 000 Gaspésiens ont apporté une contribution militaire substantielle. Cette situation se démarquait nettement du reste du Québec, qui a voté contre la conscription. Cette Photo: Maria Chatterton différence de perspectives s’explique peut être par le passé loyaliste qui a marqué New Carlisle et par sa proximité culturelle du Canada.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le village a connu une croissance économique et sociale rapide. Par exem- ple, en 1906, John Hall Kelly a fondé la Bonaventure and Gaspé Telephone Company, dont le siège était à New Carlisle et qui desservait Bonaventure et Paspébiac.20 En 1933, Charles Houde a recueilli 5 500 $ auprès de figures proéminentes de la région, en leur promettant une station de radio bilingue. Il a acheté une antenne de 100 watts, assez puissante pour couvrir les côtes gaspésienne et acadienne de la Baie des Chaleurs, et il a commencé la radiodiffusion. Cette station, CHNC, existe d’ailleurs toujours.21

Aujourd’hui, cette municipalité demeure de bien des manières l’épine dorsale de la structure institutionnelle de la popula- tion d’expression anglaise de Gaspésie. Elle est entre autres le siège de la Commission scolaire Eastern Shores, du Committee for Anglophone Social Action, et du journal SPEC. Créé en 1974, il demeure le seul journal anglophone de l’est du Québec. En outre, New Carlisle compte quelques bureaux et services importants, tels que le ministère des Transports, le bureau de la MRC, le ministère du Développement économique, une prison, un établissement de soins de longue durée (CHSLD), un Centre de formation pour adultes et quelques entreprises privées.

Néanmoins, au fil des ans, la ville a perdu quelques sièges sociaux d’entreprises et de bureaux gouvernementaux qui lui don-

14 | TRAJECTOIRE HISTORIQUE DE LA COMMUNAUTÉ D’EXPRESSION ANGLAISE DE NEW CARLISLE naient tant d’importance. Par exemple, le nombre d’emplois qu’offraient les chemins de fer nationaux du Canada est passé de 300 à 5. Québec Téléphone employait autrefois 50 à 100 employés. Il y avait également le bureau de l’assurance auto- mobile (SAAQ), divers ministères (agriculture, tourisme, ressources naturelles, etc.), la Sûreté du Québec et des magasins, entre autres. Ainsi, jusqu’au début des années 1950, New Carlisle était un chef de file dans la Baie-des-Chaleurs, mais son importance a progressivement diminué avec la modernisation et le développement du tourisme, car certains gros employeurs se sont implantés ailleurs.

Mais l’histoire de New Carlisle ne serait complète sans la mention de son statut particulier que lui confère le lieu de naissance d’un des Québécois les plus célèbres : René Lévesque. Né le 24 août 1922 de Diane Dionne-Pineault et de Dominic Lévesque, jeune avocat, René Lévesque a passé son enfance à New Carlisle. Les premières années de sa vie illustrent bien le milieu de l’époque : il a appris le français et l’anglais à l’école et dans le village, et a commencé à travailler à la station de radio CHNC à l’âge de 14 ans où il traduisait des dépêches de l’anglais au français. Après avoir quitté la Gaspésie, il a continué à travailler comme journaliste pour devenir ensuite membre du Parti libéral de Jean Lesage, et être élu en 1960 à l’Assemblée législative. Pendant cette période, il a dirigé plusieurs ministères et on lui doit la nationalisation de l’électricité et la réforme de l’éthique politique. Mais il est surtout réputé comme fondateur du Parti québécois (1968) et comme Pre- mier ministre du Québec de 1976 à 1985. Son gouvernement a fait surtout sa marque en adoptant une nouvelle réglementation de l’assurance automobile, des lois de zonage visant à protéger les ter- res agricoles, en abolissant le financement anonyme des campagnes électorales et peut être encore Photo: Mary Richardson plus en adoptant la loi 101, qui a fait du français la langue officielle du Québec et qui comportait des mesures pour la protéger. New Carlisle se signale comme lieu de naissance de ce célèbre Québécois par une statue érigée dans le parc voisin de l’hôtel de ville.

Tendances démographiques récentes en Gaspésie

Dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, l’anglais est la première langue officielle de 10,2 % de la population, pro- portion inférieure à celle de la population d’expression anglaise de l’ensemble de la province.22 Toutefois, sur le territoire de la Baie-des-Chaleurs, cette proportion est de 16 %, ce qui est plus élevé que la moyenne provinciale. Le pourcentage est éga- lement plus fort que pour les autres territoires des CSSS de la région de la Gaspésie.

Première langue officielle parlée pour divers territoires CSSS de la CSSS de la CSSS du Province de RSS Gaspésie-Îles-de-la- CSSS Cote-de- Baie-des- Rocher- Québec Madeleine des Îles Gaspe Chaleurs Perce Première nombre 994,720 9,505 875 2,600 5,155 820 langue of‑ ficielle parlée pourcentage 13,4 % 10.0% 6.7% 13.5% 16.0% 4.8% - anglais Première nombre 6,373,223 83,643 12,105 16,623 26,963 16,223 langue of‑ ficielle parlée pourcentage 85.7% 89.8% 93.3% 86.5% 83.9% 95.2% -français nombre 7,435,900 93,180 12,975 19,220 32,156 17,045

Population pourcentage 100% 100% 100% 100% 100% 100% totale

Source: RCSSS 2009-2010 Baseline Data Report (Recensement de 2006)

PROSPÉRITÉ, DÉCLIN ET RENAISSANCE À NEW CARLISLE | 15 Première langue officielle parlée dans divers territoires

En Gaspésie, le déclin de la po‑ pulation anglophone affiche à peu près le même taux que celui de l’ensemble de la population. De 2001 à 2006, la population d’expression anglaise a diminué de 9,5 % tandis que ce chiffre est de 9,7 % pour l’ensemble de la population de la région. Toute‑ fois, ce déclin démographique frappe surtout la petite commu‑ nauté d’expression anglaise car il devient impossible de justifier la présence des infrastructures, des services et des institutions pour une population en régres‑ sion.

Source : RCSSS 2009-2010 Baseline Data Report (Recensement de 2006)

Dynamique linguistique : bilingue mais pas autant que d’autres Québécois d’expression anglaise Proportion de la population dont la langue maternelle est le français ou l’anglais, pour divers territoires

Contrairement à la situation de la province en général et de la Baie-des-Chaleurs, la langue maternelle d’environ deux tiers de la population de New Carlisle est l’anglais, tandis que le fran‑ çais est la première langue d’en‑ viron un tiers de la population.

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006, Profil des communautés, Municipalité de New Carlisle (langue maternelle)

16 | TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES RÉCENTES EN GASPÉSIE Bilinguisme, divers territoires et groupes linguistiques Selon Statistique Canada, en 2006, près de 70 % de la popu‑ lation d’expression anglaise du Québec était bilingue, et environ 90 % des jeunes Québécois d’ex‑ pression anglaise étaient capa‑ bles de tenir une conversation en anglais et en français à l’âge de 21 ans. Or, il en va autrement dans la région de Gaspésie-Îles-de-la- Madeleine où la population d’ex‑ pression anglaise est plus portée à être bilingue que ses voisins d’expression française (43,5 % par rapport à 19,6 % en 2001), mais ils sont beaucoup moins bilingues que la population d’ex‑ pression anglaise du reste du 23 Source: Statistiques Canada, Recensement de 2006, Profil des communautés, Municipalité de New Carlisle Québec .

À New Carlisle, environ 40 % de la population parlent à la fois l’anglais et le français. Toutefois les proportions varient forte- ment, selon l’âge et la langue maternelle.

Langue maternelle Connaissance des langues officielles

Source : Recensement de 2006, Profil des communautés, Municipalité de New Carlisle

DYNAMIQUE LINGUISTIQUE | 17 Une communauté d’expression anglaise vieillissante

La communauté d’expression anglaise de Gaspésie vieillit plus rapidement que la majorité d’expression française. La région compte 1 850 aînés d’expression anglaise qui ont plus de 65 ans, et qui représentent 21,6 % de la population d’expression anglaise. Le nombre d’aînés est sensiblement plus élevé que parmi la population d’expression française et dans l’ensemble de la province. En fait, la population d’expression anglaise de Gaspésie compte 26 % plus d’aînés que la population d’expres- sion française. La population d’expression anglaise compte également une moins forte proportion de personnes de 40 à 64 ans, et le nombre d’aidants naturels est donc moins grand. Par ricochet, le réseau de soutien social est plus faible et les aînés sont plus vulnérables.

Structure d’âge de la population, par langue, par âge et par territoire

Source : RCSSS, 2010. Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

Les tendances démographiques au New Carlisle

Lors du Recensement de 2006, New Carlisle comptait 1 370 âmes, par rapport à 1 431 en 2001, ce qui représente un recul de 4,3 %. Ce déclin depuis le Recensement de 1996 jusqu’à celui de 2001 était de 7,0 %.24

Évolution de la population de New Carlisle, 1991-2006 Population totale 1996 2001 2006 1,538 1,431 1,370 Évolution de la population -7.0% -4.3% Source : Recensement de 2006, Profil des communautés, Municipalité de New Carlisle

18 | LES TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES AU NEW CARLISLE Pour l’ensemble de la population (d’expression française et anglaise), les groupes d’âge de 0 à 19 ans sont relativement nom- breux, mais ceux de 20 à 39 ans le sont beaucoup moins. Quant au groupe de 40 à 59 ans, et celui de plus de 60 ans, ils représentent une proportion importante de la population.

Si l’on ventile les populations d’expression française et anglaise par langue maternelle, les différences sont marquées. Compte tenu du fait que la population d’expression anglaise représente environ deux tiers de l’ensemble, les personnes d’expression anglaise qui appartiennent aux groupes d’âge plus jeunes (0-24 ans) sont proportionnellement plus nombreuses, et il en va de même des personnes d’expression française des groupes d’âge moyen (25-64 ans), la répartition étant équilibrée parmi ces populations de 65 ans et plus. En outre, la population d’expression anglaise de 15 à 24 ans est très peu nombreuse, et celle d’expression française encore moins. Ceci s’explique peut-être par le fait que les francophones quittent New Carlisle pour poursuivre leurs études ou pour travailler en dehors de la communauté, tandis que ce ne sont pas tous les anglophones qui le font. Une autre raison pourrait être que les possibilités d’études post-secondaires en anglais sont moins nombreuses ou moins valorisées dans la région.

Population de New Carlisle, par âge et par langue

Source : Recensement de 2006, Profil des communautés, Municipalité de New Carlisle

UNE COMMUNAUTÉ D’EXPRESSION ANGLAISE VIEILLISSANTE | 19 PERSPECTIVES COMMUNAUTAIRES SUR NEW CARLISLE Dresser un portrait de New Carlisle : méthode et sources

Dans une perspective de développement des communautés, il importe de mobiliser la population pour la faire participer aux questions qui lui importent. Même si les statistiques marquent un bon point de départ et contribuent à jeter un éclairage sur certaines réalités qui touchent une communauté, il importe de dépasser le stade des statistiques et de connaître la perspective de la population locale. Pour amorcer ce processus à New Carlisle, la responsable du projet (Mary Richardson) a fait une première visite en avril 2011. Le Committee for Anglophone Social Action (CASA) était le principal point de contact parmi les divers organismes parce qu’il parraine l’une des Initiatives de réseautage et de partenariats du RCSSS. Il s’agit d’un orga- nisme communautaire à but non lucratif créé en 1975 pour desservir la population d’expression anglaise de Gaspésie; elle est donc en contact avec de nombreux groupes de la région.

Au cours de cette visite, plusieurs intervenants ont été consultés. Il s’agit de personnes ou de groupes qui s’intéressent particulièrement à divers aspects du développement de la communauté. Citons entre autres le directeur de la municipalité de New Carlisle, un agent local du CEDEC, un employé du centre local de développement (CLD) qui tra- vaille avec les communautés d’expression anglaise de Gaspésie, le directeur de Carrefour famille (organisme communautaire local qui travaille avec les familles) et les employés du CASA. Ces réunions ont permis de recueillir de l’information qui pourrait s’avérer utile pour dresser le portrait et évaluer les intérêts de ces divers groupes. Plusieurs intérêts com- muns aux divers groupes étaient identifiés : un sondage mené par un employé du CLD auprès des jeunes de la Baie-des-Chaleurs, et une politique des familles et des aînés que la municipalité est en train de rédiger. Photo: Mary Richardson

En outre, un bref questionnaire a été préparé pour recueillir de l’information sur le sentiment d’appartenance et l’engage- ment des Néo-Carlinois, et CASA a demandé à des membres de la communauté de le remplir lors de son assemblée générale annuelle. Puis, le 9 juillet 2011, a eu lieu une consultation auprès de la communauté. L’invitation a été envoyée à tous les membres de la communauté et le débat structuré a été suivi d’un barbecue. Une trentaine de personnes étaient présentes. La moitié d’entre elles étaient âgées de plus de 40 ans et étaient déjà bien impliquées à la vie de la communauté. Leur niveau d’instruction et leur statut socioéconomique semblaient généralement élevés, quoique ces données n’aient pas été recueillies. En conséquence, l’information qui en ressort ne représente pas nécessairement tous les points de vue possibles; par exemple, les adolescents n’étaient pas présents. Toutefois, aux fins de présenter leurs perspectives, nous avons inclus les résultats de sondages menés auprès des élèves d’écoles primaires et secondaires au cours de la même période. En outre, peu d’individus de statut socioéconomique moins élevé ont assisté à la consultation. Si, dans les suites de ce portait, on voulait recueillir leurs perspectives, il faudrait envisager une démarche différente.

Dans les sections ci-dessous, nous analyserons les perspectives des Néo-Carlinois sur cinq thèmes, telles qu’elles ont été exprimées lors de la consultation auprès de la communauté : vie communautaire, éducation, économie, santé et bien-être et, enfin, environnement. Cet ordre suit à peu près l’importance des thèmes pour déterminer la santé; comme les conditions socioéconomiques influent sur à peu près la moitié de l’état de santé des personnes, nous présentons d’abord la vie com- munautaire, suivi de l’éducation (étroitement liée aux conditions socioéconomiques), puis de l’économie. Nous présentons ensuite l’environnement suivi par la santé et le bien-être. Dans cette section, nous insistons sur les problèmes de soins de santé et nous abordons également des problèmes plus généraux et ayant trait à la santé telle que le mode de vie, les habitudes de vie, les problèmes de santé qui touchent la population, entre autres.

Dans chaque cas, nous soulignerons les points forts et les défis de la communauté, ainsi que certaines perspectives d’avenir. Un tableau sommaire est présenté à la fin du document. Cet aperçu peut servir à éclairer la prise de décision et à stimuler

20 | LES TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES AU NEW CARLISLE l’engagement de la communauté. La case au début de chaque section offre un aperçu de l’importance de cet aspect pour la santé collective et personnelle, d’après des preuves scientifiques.

La vie communautaire à New Carlisle un fort sentiment d’appartenance à la communauté

Dans cette section, nous présentons les perspectives exprimées par les membres de la communauté lors de la consultation tenue en juillet 2011 à propos de la vie sociale et communautaire de New Carlisle, suivies de certaines statistiques pertinen- tes et de perspectives d’avenir.

Le soutien des familles, des amis et des communautés est favorable à la santé. Les réseaux de soutien sont importants pour aider les gens à résoudre des problèmes et à faire face à l’adversité. Ils renforcent le sen- timent personnel d’être maître des circonstances de la vie. Les réseaux de soutien renforcent un sentiment de bien-être et servent de tampon contre les problèmes de santé. Dans l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP), plus de quatre Canadiens sur cinq ont dit avoir quelqu’un à qui ils pouvaient se confier, quelqu’un sur qui ils pouvaient compter en cas de crise, quelqu’un sur qui ils pouvaient compter pour demander conseil et quelqu’un qui leur donnait l’impression d’être aimé et entouré. Certains experts en la matière ont conclu que l’effet d’isolement social sur la santé peut être aussi important que des fac- teurs de risques établis tels que le tabagisme, l’activité physique, l’obésité et l’hypertension.

L’importance du soutien social s’étend également à la communauté dans un sens plus large. La vitalité civique fait référence à la solidité des réseaux sociaux au sein d’une communauté. Elle se reflète dans les institutions, les organisations et les façons informelles de donner auxquelles les personnes recourent pour échanger des ressources et créer des liens avec autrui. En outre, la stabilité sociale, la reconnaissance de la diversité, la sécurité, les bonnes relations de travail et la cohésion des communautés créent une société favorable qui réduit ou évite un grand nombre de risques éventuels pour la santé. Les interventions socia- déterminant social de la santé les ou communautaires viennent enrichir le répertoire de stratégies que possède une personne pour faire face aux changements et pour favoriser la santé.25

En Gaspésie, une grande force de la communauté d’expression anglaise est son esprit d’entraide. Le taux de bénévoles est élevé, surtout parmi la génération de 50 ans et plus. Souvent, la population ne compte pas sur les institutions et services so- ciaux et publics, mais fait appel aux amis, à la famille et aux réseaux communautaires. Ceci alimente hélas la notion erronée voulant que la communauté d’expression anglaise soit dotée de ses propres services, et alourdit le fardeau des aidants naturels non rémunérés.

En même temps, le tissu social que de nombreux aînés de la communauté ont tissé et qui les a soutenus pendant des années est en train de disparaître. Les Instituts féminins, les Légions et d’autres organismes culturels ont fermé leurs portes, car il

UNE COMMUNAUTÉ D’EXPRESSION ANGLAISE VIEILLISSANTE | 21 leur est de plus en plus difficile de mener leurs activités en raison du nombre décroissant et du vieillissement de leurs membres.26

Seules quatre organisations communautaires dotées d’un mandat précis pour desservir la population d’expression anglaise existent actuellement : le Committee for Anglo- phone Social Action (CASA), Carrefour famille New Carlisle, Vision Gaspé-Percé Now et le CEDEC de Gaspésie. Les institutions officielles qui desservent spécifiquement la population d’expression anglaise comptent la Commission scolaire Eastern Shores, la section anglaise du cégep de Gaspé et SPEC, le journal hebdomadaire. Photo: Mary Richardson

Points forts de New Carlisle

Les membres de la communauté qui ont participé à la consultation de juillet 2011 ont repéré de nombreux aspects de la vie sociale et communautaire de New Carlisle qui sont source de fierté pour sa population. Les participants étaient unanimes à dire qu’il règne un bon sens de la communauté à New Carlisle. Ils ont l’impression que les gens participent aux activités, avec de nombreux bénévoles et du soutien à ceux qui en ont besoin. « On ne manque jamais de bénévoles, quelle que soit la cause. »

Parmi les personnes qui ont participé à la consultation, 95 % prennent part aux activités de la communauté, 79 % sont membres d’un organisme ou d’une association, 47 % sont responsables d’un comité et 58 % ont indiqué qu’ils avaient l’in- tention d’y participer au cours de l’année à venir. Tous ont souligné l’importance de la participation, à raison de 84 % qui ont signalé qu’ils avaient fait du bénévolat au cours des six derniers mois, de 31 % qui ont fait du bénévolat pendant plus de 16 heures au cours des six derniers mois, et de 63 % qui ont fait du bénévolat pendant plus de cinq heu- res au cours des six derniers mois.

Le climat qui règne dans le village et le caractère « tricoté serré » de la communauté en font un en- droit de choix pour élever des enfants parce que tout le monde se connaît et que c’est un lieu sans danger. Comme une personne l’a expliqué, « je suis très fière de notre communauté à cause de la façon dont les gens se réunissent pour des activités familiales pour les enfants ». Photo: Mary Richardson

Un aspect de cet état de choses est la présence des personnes d’expression anglaise et française dans la même communauté, qui vivent en harmonie et qui organisent des activités ensemble. Un participant a dit que « ce qui démarque notre com- munauté, c’est la façon dont les anglophones et les francophones peuvent travailler ensemble. »

En outre, le passé loyaliste de New Carlisle et ses lieux historiques sont source de fierté et d’attrait pour les touristes. Comme une personne l’a expliqué, « je suis très fière du riche héritage de cette communauté et des efforts qui sont déployés pour permettre aux jeunes générations de l’explorer. » La présence de la maison Kempffer attire certainement l’attention sur cette histoire, et offre aux touristes et à la population locale un lieu où ils peuvent l’explorer.

La présence d’un grand nombre de services et d’infrastructures vient enrichir la vie communautaire : les parcs munici- paux, le Chalet Optimiste, Carrefour famille (organisme communautaire qui offre de nombreuses activités pour les familles), un camp biblique, des écoles communautaires et un centre de formation pour les adultes, un foyer pour personnes âgées, un

22 | LA VIE COMMUNAUTAIRE À NEW CARLISLE centre pour handicapés et un journal anglophone, entre autres. À titre d’organisme régional établi à New Carlisle qui a pour mission de servir la communauté d’expression anglaise, CASA joue également un rôle important dans le développement social, tant à l’échelon local que régional.

Un autre atout est le fait qu’un grand nombre de Néo-Carlinois ont quitté la Gaspésie pendant quelques années et sont fiers d’être revenus chez eux et, dans certains cas, d’y avoir trouvé un emploi. Un grand nombre des Néo-Carlinois qui revien‑ nent chez eux ont une bonne formation et ont du travail.

Les événements qui sont organisés enrichissent également beaucoup la vie communautaire : dîner d’Action de grâces, célé- bration de la fête du Canada, sapin de Noël au parc et père Noël pendant les Fêtes, entre autres.

Défis à relever à New Carlisle

Toutefois, les participants ont signalé certaines difficultés au cours de la consultation. En ce qui concerne les jeunes, les défis ont trait au manque d’activités pour les enfants, surtout depuis la fermeture de la piscine et de la salle de billard. Il n’y a ni scouts, ni club 4H, ni cadets pour combler ce vide. Comme une personne l’a expliqué, « il y a plus d’activités pour les aînés que pour les jeunes de 18 à 25 ans ici ».

Quant à la dynamique communautaire, un participant a bien résumé une préoccupation partagée comme quoi New Carlisle n’est pas aussi dynamique qu’il le pourrait : « Parfois, New Carlisle a l’esprit fermé. Les gens ont beaucoup de mal avec le changement. Je ne pense pas que nous soyons aussi positifs que nous pourrions l’être. Nous sommes au point mort depuis 15 ans. Des choses ont été faites auparavant mais n’ont pas marché et certaines attitudes nous mènent à une impasse. Nous avons beaucoup de bénévoles, mais ce sont toujours les mêmes. Je crois que New Carlisle pour- rait connaître une croissance plus rapide et meilleure. »

Plusieurs personnes ont commenté la situation des bénévoles dont on dit qu’ils ne sont pas toujours au rendez-vous. Certai- nes personnes ont même dit qu’elles « ne voulaient que faire partie que du succès » ou « refusaient de siéger à des comités qui n’offrent rien de tangible. »Une autre personne a fait l’aveu suivant : « Je ne sais pas exactement où participer. Je pourrais proposer des idées mais je ne sais pas où les proposer. » D’après ces commentaires, il faudrait peut-être aiguiller les bénévoles éventuels et les associer à des projets pertinents.

Quelques statistiques sur la vie sociale et communautaire

Pour avoir une idée du degré de soutien social dont bénéficie la population, nous pouvons examiner le nombre de personnes qui vivent seules ou au sein d’une famille monoparentale, car ces personnes sont moins susceptibles d’avoir de l’aide pour les tâches quotidiennes ou pour le soutien affectif courant. Vivre avec des membres de la famille peut par contre être source de soutien social plus grand.

Dans l’ensemble du Québec, environ 70 % de la population vit au sein de familles comptant un couple marié ou en union libre, près de 12 % vit dans une famille monoparentale et environ 13 % vit seule. À l’échelle provinciale, les personnes d’ex- pression anglaise sont plus nombreuses à vivre avec des membres de leur famille et vivent moins souvent seules.

Dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, toutefois, un pourcentage plus élevé de personnes d’expression anglaise vit au sein d’une famille monoparentale (16,1 % par rapport à 12,2 % parmi la population d’expression française). Les person- nes d’expression anglaise sont plus nombreuses à vivre seules également (13,5 % des anglophones et 10,9 % des francopho-

QUELQUES STATISTIQUES SUR LA VIE SOCIALE ET COMMUNAUTAIRE | 23 nes).

Dans le territoire de la Baie-des-Chaleurs, l’écart se creuse encore plus : 17,3 % des personnes d’expression anglaise par rap- port à 11,4 % des personnes d’expression française vivent dans une famille monoparentale. Dans la Baie-des-Chaleurs, les personnes d’expression anglaise sont 52 % plus nombreuses à vivre dans une famille monoparentale, 93 % plus nombreuses à vivre avec des membres de leur famille et 25 % plus nombreuses à vivre seules.

Situation des ménages RSS Gaspésie-Îles-de-la-Ma‑ Province de Québec deleine CSSS Baie-des-Chaleurs Anglais Français Anglais Français Anglais Français Marié ou en union libre 70.7% 69.7% 64.1% 71.5% 61.9% 73.0% Famille monoparentale 11.8% 11.7% 16.1% 12.2% 17.3% 11.4% Personne seule 12.0% 13.4% 13.5% 10.9% 13.9% 11.1% Source : RCSSS, 2010. Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

Situation des ménages, divers territoires

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006

24 | LA VIE COMMUNAUTAIRE À NEW CARLISLE Proportion de la population vivant sous le seuil de faible revenu, selon le mode de vie du ménage et le territoire

La pauvreté est souvent plus grande parmi les per‑ sonnes seules ou qui vivent dans une famille monopa‑ rentale. Le tableau ci-des‑ sous montre que les per‑ sonnes qui vivent avec une personne non apparentée, les personnes qui vivent seules ou les personnes qui vivent au sein d’une famille monoparentale risquent plus souvent de vivre sous le seuil de faible revenu.

Source: RCSSS 2010. Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

Revenu médian net d’impôt en 2005 ($), par type de famille

À New Car‑ lisle, on observe les mêmes tendances dans le sens où le revenu médian net d’impôt est le plus fai‑ ble parmi les familles monoparen‑ tales.

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006

Perspectives d’avenir

Compte tenu du fort pourcentage de personnes qui vivent dans une famille monoparentale ou qui vivent seules, et du fait que ces situations sont plus souvent liées à un faible revenu, le soutien social et communautaire semble crucial.

Lors de la consultation auprès de la communauté, un grand nombre de personnes avaient l’impression qu’une maison de jeunes pourrait les aider à offrir le genre d’activités qui manquent actuellement pour les jeunes. Les adolescents en particu-

PERSPECTIVES D’AVENIR | 25 lier n’ont aucun endroit qui leur est propre pour se réunir et pour organiser des activités, ou simplement pour se rencontrer. Il faudrait que ce centre soit dirigé par une personne qualifiée (probablement avec une formation en services sociaux) qui pourrait créer une bonne relation avec les adolescents et les aider à poursuivre leurs intérêts. Cette personne pourrait égale- ment les orienter vers les services dont ils pourraient avoir besoin et trouver de l’aide si nécessaire.

Le futur Centre scolaire-communautaire (CLC) est considéré comme un progrès qui permet de répondre à de nombreux besoins de la communauté. Toutefois, ce n’est pas un endroit réservé précisément aux jeunes. Les participants ont signalé qu’il serait bon que le CLC soit ouvert en été, lorsqu’un grand nombre de jeunes sont désœuvrés.

D’autres idées viennent des jeunes mêmes. En 2010-2011, le Centre local de développement (CLD) a mené plusieurs activités avec les jeunes d’âge divers pour recueillir leurs idées sur ce qu’ils aimeraient voir dans leur communauté. Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils utiliseraient et dans quelle proportion, si cela existait dans leur village, 65 % des élèves de l’école secondaire ont dit qu’ils participeraient à des activités d’entraînement (70 % ont dit qu’ils le feraient régulièrement), 60 % ont dit qu’ils fréquenteraient un centre d’accueil, 50 % ont dit qu’ils participeraient au soccer et 29 % ont dit qu’ils iraient dans un centre de planche à roulettes. Parmi d’autres idées qui ont été suggérées, citons des films en anglais, une piscine, une bonne patinoire, une Photo: Mary Richardson salle de jeux électroniques, du saut à vélo, des leçons de musique, entre autres.

Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils aimeraient avoir dans leur communauté, les jeunes ont mentionné un vaste éventail de sports d’équipe (ex. : volleyball, soccer, baseball), des sports individuels (ex. : auto-défense, danse, yoga), des activités artisti- ques (ex. : sculpture sur bois, modelage, poterie, vitrail), des ateliers de cuisine, entre autres.

Résumé de la vie communautaire

Les Néo-Carlinois sont fiers de leur héritage et du fait qu’ils vivent dans une communauté bilingue. Ils apprécient le fait que ce soit une petite ville, les gens ont un fort sentiment d’appartenance à la communauté et peuvent y élever leurs enfants dans un milieu positif et sans danger. Par contre, ces points forts sont parfois source de défis. En raison de la petite taille de la collectivité, il est par ailleurs difficile d’avoir assez d’installations et d’activités pour les jeunes. D’aucuns croyaient également que même si les bénévoles sont nombreux, ils ont peut-être besoin d’être plus guidés dans le choix des activités auxquelles ils vont se consacrer. Dans une perspective d’avenir, les participants de la consultation ont insisté sur les activités pour les jeunes telles qu’un lieu de rencontres pour les adolescents et le Centre scolaire-communautaire comme endroit qui permettrait de poursuivre des activités pendant l’été. Les élèves de niveau secondaire ont également proposé de nombreuses idées au cours d’un sondage mené par le CLD pour les activités qu’ils souhaiteraient avoir dans leur collectivité ou dans les environs.

Un tableau sommaire est fourni à la fin du document.

26 | LA VIE COMMUNAUTAIRE À NEW CARLISLE Niveau d’instruction Vers une communauté qui appuie l’apprentissage continu

Dans cette section, nous présentons les perspectives exprimées par les membres de la communauté lors de la consultation tenue en juillet 2011 à propos de l’éducation à New Carlisle, suivies de certaines statistiques pertinentes et de perspectives d’avenir.

L’état de santé s’améliore avec le niveau d’instruction. L’éducation, étroitement liée au revenu et au statut social, est source de connaissances et de compétences qui permettent de résoudre bien des problèmes. Elle contribue à renforcer le sentiment de mainmise et de maîtrise des circonstances de la vie. Elle accroît les débouchés d’emploi et les possibilités de sécurité du revenu, ainsi que la satisfaction au travail. L’édu- cation rend plus apte à obtenir et à comprendre l’information qui aide à rester en bonne santé.

Les personnes plus instruites ont plus facilement accès à un milieu physique sain et sont plus en mesure de préparer leurs enfants à l’école que celles qui ont un faible niveau d’instruction. Elles ont également tendance à moins fumer, à être plus actives physiquement et à avoir accès à une alimentation plus saine. de la santé Dans l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de 1996-1997, seuls 19 % des répondants

déterminant social qui n’avaient pas fait d’études secondaires ont qualifié leur santé d’excellente par rapport à 30 % des diplômés d’université. Les Canadiens peu alphabétisés sont plus nombreux à ne pas avoir d’emploi et à être pauvres, sont en moins bonne santé et meurent plus jeunes que les Canadiens très alphabétisés.27

Points forts de New Carlisle

Lors de la consultation auprès de la communauté, de nombreux atouts différents ont été signalés dans le domaine de l’édu- cation. Premièrement, les personnes appréciaient le fait que leurs enfants peuvent faire une grande partie de leurs études dans leur village natal. Les participants avaient l’impression que les classes moins nombreuses à l’école faisaient en sorte que les élèves recevaient une attention plus personnelle.

En outre, l’équipe d’enseignants est considérée comme solide et consciente de tout problème dont pourraient souffrir les élèves. Ainsi, l’école est dotée d’une plus grande discipline et structure que ce à quoi on pourrait s’attendre ailleurs. Un autre point fort est le programme d’immersion française qui a commencé à l’automne de 2011, ainsi que le par‑ cours de formation axé sur l’emploi pour les élèves qui ne réussissent pas bien à l’école. Les programmes de petits déjeuners, qui sont offerts à un coût minime, sont également un atout pour les élèves.

Dans la communauté, l’organisme Carrefour famille offre un soutien à l’éducation, tout particulièrement en offrant des programmes de devoirs scolaires. Le Centre de formation pour adultes est également un atout précieux accessible à tous. La Life Association offre également un soutien aux grands handicapés, et dans le village de Bonaventure (village voi- sin à l’ouest), il y a des services offerts aux jeunes enfants (jusqu’à l’âge de six ans) qui ont des besoins spéciaux.

Le Centre scolaire-communautaire de New Carlisle collabore avec les enseignants, les parents, les familles et les par- tenaires communautaires pour offrir un vaste éventail d’activités qui améliorent l’accès aux débouchés et à l’apprentissage continu, ce qui contribue au développement et au renforcement général de la collectivité. Comme chaque collectivité est différente, avec ses propres besoins et défis, les activités sont créées en fonction des enjeux importants que chacune présente. Pour New Carlisle et les villages voisins, les priorités incluaient les activités sportives, la musique, la lecture et l’accès à des

POINTS FORTS DE NEW CARLISLE | 27 ateliers éducatifs en anglais.

Jusqu’à présent, le Centre scolaire-communautaire a présenté des vidéo- conférences sur des sujets tels que l’intimidation, la santé mentale avec Ami–Québec, les pingouins du zoo Columbus, l’auteur Cleaver Bea- trice, et une session avec les Alouettes de Montréal. Le Centre est très animé avec des activités en après-midi et en soirée telles que des cours de danse (hip-hop, ballet), des soirées sportives, des cours de musique (guitare, tambour), des cours de dessin, des classes régulières d’entraî- nement physique, de yoga et de danse aérobique, ainsi que des cercles de lecture, des activités littéraires et un club des espions. Un édifice qui tombait dans l’obscurité après la journée scolaire est maintenant très Photo: Mary Richardson animé et déborde de vie, de rires et d’apprentissage, créant ainsi un climat accueillant qui stimule le désir d’apprendre.

Défis à relever à New Carlisle

Certains problèmes et défis signalés lors de la réunion ont trait auxlimites des services et du soutien pour les enfants handicapés ou ayant des besoins spéciaux. Les participants ont indiqué que les aides-enseignants n’ont pratique‑ ment pas de formation ou d’instruction dans le domaine, même si certains assistent à un atelier de temps à autre. Les aides-enseignants et les éducateurs du groupe ont tous reconnu cette préoccupation. Ils ont signalé qu’ils assistaient bel et bien aux ateliers et qu’ils cherchaient de l’information sur l’internet, mais qu’il n’existe aucun suivi ou soutien. Certains ont indiqué qu’il y a des ressources, mais qu’elles coûtent très cher, et qu’elles ne sont pas toujours couvertes par les budgets sco- laires et qu’il faut attendre trop longtemps pour les obtenir.

Les défis mentionnés lors de la consultation auprès de la communauté avaient tous trait aux besoins spéciaux et aux aides-en- seignants. Toutefois, les statistiques démontrent que le niveau d’instruction est assez faible, comme nous le verrons ci-des- sous. En outre, le sondage mené sur la santé et le bien-être par l’Agence de santé publique pour la région indique que 21 % des jeunes de la Baie-des-Chaleurs entrent à l’école secondaire avec un retard dans leur éducation, par rapport à 16 % pour l’ensemble du Québec. De plus, 10,9 % des jeunes sont placés sous la protec- tion de la jeunesse pour des problèmes de comportement, comparativement à 4,4 % pour l’ensemble du Québec.28

L’un des objectifs du Centre scolaire-communautaire consiste à améliorer cet état de chose. La situation à l’école secondaire de New Carlisle indique que des améliorations sont en train d’être apportées. En 2006, 21 élèves de New Carlisle sont entrés en neuvième année et, au bout de quatre ans, seuls cinq d’entre eux (21 %) ont obtenu leur diplôme avec des crédits pour pouvoir entrer au cégep. En 2007, toutefois, 17 élèves sont entrés en neuvième année et, au bout de quatre ans, 11 d’entre eux (65 %) ont obtenu leur diplôme pour pouvoir entrer au cégep. Il en va de même en 2008 lorsque 17 autres élèves de New Carlisle sont entrés en neuvième année. Dans la promotion de 2011, onze élèves (65 %) avaient obtenu leur diplôme et pouvaient entrer au cégep.29

Photo: Mary Richardson

28 | NIVEAU D’INSTRUCTION Quelques statistiques sur l’éducation pour la Gaspésie et New Carlisle

Dans l’ensemble de la province, le niveau d’instruction a augmenté au cours des dernières générations; les jeunes générations sont plus susceptibles que les Québécois plus âgés d’avoir achevé leurs études secondaires ou d’avoir poursuivi des études post-secondaires. Dans l’ensemble, les Québécois d’expression anglaise sont plus susceptibles d’avoir un diplôme universi- taire que ceux d’expression française (24,6 % par rapport à 15,3 %). Toutefois, pendant plusieurs années, le Recensement a signalé que la population d’expression anglaise de la région de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine n’est pas aussi instruite que la majorité régionale d’expression française, qui, quant à elle, se situe en deçà des normes provinciales et nationales. Par rapport à la population d’expression anglaise de l’ensemble du Québec, celle de la région est généralement plus nombreuse à avoir un faible niveau d’instruction et beaucoup moins susceptible d’afficher un niveau d’études poussé.

Niveau d’instruction le plus élevé par groupe d’âge

11 - RSS de la Gaspésie-Îles- 1101 - CSSS de la Baie- Province de Québec de-la-Madeleine des-Chaleurs

Anglais Français Anglais Français Anglais Français Total 44,7% 47,4% 68.4% 57.2% 66.1% 52.0% Diplôme d’études 25-44 ans 30,2% 29,% 54.3% 39.0% 53.5% 30.2% secondaires ou moins 45-64 ans 43,3% 46,1% 66.2% 53.9% 63.3% 48.3% Certificat ou diplôme Total 9,3% 16,3% 13.2% 17.3% 14.4% 20.6% d’apprentissage 25-44 ans 10,1% 21,2% 19.3% 22.8% 19.1% 26.8% d’une école de mé- tiers 45-64 ans 10,8% 17,6% 14.0% 20.3% 16.1% 25.4% Certificat ou Total 16,2% 16,1% 11.0% 14.1% 10.9% 14.0% diplôme de collège, 25-44 ans 19,3% 20,7% 16.7% 21.1% 18.0% 20.7% de cégep ou autre qu’universitaire 45-64 ans 14,3% 14,9% 10.9% 13.2% 10.5% 12.8% Certificat ou diplôme Total 5,2% 4,8% 2.4% 3.6% 3.0% 4.1% universitaire en deçà 25-44 ans 5,8% 4,8% 1.9% 3.5% 1.6% 5.0% du niveau du bacca- lauréat 45-64 ans 5,8% 6,0% 2.7% 4.8% 3.3% 5.0% Total 24,6% 15,3% 5.1% 7.7% 5.5% 9.2% Certificat ou diplôme 25-44 ans 34,7% 23,5% 7.7% 13.6% 8.6% 17.1% universitaire 45-64 ans 25,8% 15,5% 6.0% 7.7% 6.2% 8.6%

Source : RCSSS, Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

Dans la région de la Baie-des-Chaleurs, la population d’expression anglaise est plus susceptible que la population d’expres- sion française d’avoir un faible niveau d’instruction (66,1 % des personnes d’expression anglaise ont un certificat d’études secondaires tout au plus, par rapport à 52,0 % de la population d’expression française, dont une plus grande proportion continuent leurs études). En outre, le taux des certificats d’apprentissage ou d’une école de métiers parmi la population d’expression anglaise est inférieur à celui de la population d’expression française (14,4 % par rapport à 20,6 %), dans une région axée surtout sur l’industrie primaire où ces compétences sont un grand atout pour l’emploi. La population d’expres- sion anglaise est également moins susceptible d’avoir un diplôme collégial ou équivalent (10,9 % par rapport à 14,0 %) ou un diplôme universitaire (5,5 % par rapport à 9,2 %).

Ces chiffres indiquent que la population d’expression anglaise est désavantagée sur le plan socioéconomique, et révèlent éga- lement une disparité sociale entre la population d’expression française et anglaise. En outre, ils sous-entendent que le niveau d’alphabétisation est parfois assez faible, ce qui est associé à des difficultés de trouver et de comprendre de l’information écrite, d’avoir accès aux services, et de consulter les professionnels de la santé ou de l’éducation, par exemple.

QUELQUES STATISTIQUES SUR L’ÉDUCATION POUR LA GASPÉSIE ET NEW CARLISLE | 29 À New Carlisle, ces tendances sont semblables. Parmi les groupes d’expression anglaise et française de 25 à 44 ans, la plus forte proportion a un diplôme d’études secondaires, suivie par un diplôme de cégep. La proportion de la population qui se classe ensuite n’a aucun certificat ou diplôme. Parmi la population locale, rares sont ceux qui ont fait des études universitai- res. Parmi le groupe de 45 à 64 ans, il en va de même, avec une proportion encore plus élevée de francophones qui ont un diplôme d’études secondaires, et une proportion beaucoup plus élevée d’anglophones qui n’ont aucun certificat ou diplôme. Les taux de formation universitaire sont à peu près les mêmes parmi la population d’expression française et anglaise.

Niveau d’instruction à New Carlisle, par groupe d’âge et par langue (première langue officielle parlée)

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006, données extraites par l’Institut national de santé publique du Québec

Un faible niveau d’instruction a entre autres pour conséquence que les personnes qui ont fait peu d’études sont moins aptes à parler français, ainsi qu’à lire et écrire en français. Dans une province dont la langue officielle est le français, ceci peut signifier l’exclusion de certains types d’emplois et d’autres débouchés, et risque d’aggraver l’isolement social, car les contacts sont plus difficiles avec les personnes qui n’appartiennent pas à son groupe linguistique. Les graphiques ci-dessous illustrent l’amélioration du bilinguisme au fur et à mesure que le niveau d’instruction augmente.

30 | NIVEAU D’INSTRUCTION Maîtrise du français parlé, par niveau d’instruction

Sondage sur la population d’expression anglaise de Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, novembre 2011

Ability to read and write in French

Source: RCSSS 2010. Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

RÉSUMÉ DE LA VIE COMMUNAUTAIRE | 31 Perspectives d’avenir

Les participants à la consultation auprès de la communauté ont proposé plusieurs changements qui leur paraissent souhaita- bles pour l’avenir.

La quasi totalité des participants a signalé l’importance d’intéresser et de faire participer davantage les parents à l’édu- cation de leur enfant, et de faire participer davantage la communauté dans les écoles.

« Nous avons dit à quel point nous vivons dans une collectivité amicale, solidaire et dotée d’une menta- lité communautaire; nous devons instaurer ce genre de culture dans le domaine de l’éducation et inculquer une sentiment d’appartenance à la collectivité au niveau de nos écoles. »

Les participants ont l’impression que le nouveau Centre sco- laire-communautaire pourrait marquer la première étape sur cette voie.

Tous les participants ont reconnu l’importance du français dans le système scolaire anglophone. Ils sont unanimes à dire que si les jeunes sont bilingues, ils seront plus susceptibles de revenir dans la région. Ceci doit donc être une priori- té lorsqu’ils entrent à l’école et non pas lorsqu’ils en sortent; il est alors trop tard.

Chaque classe devrait être évaluée pour déterminer le besoin d’un « aide-enseignant ». Ce n’est pas parce qu’un enseignant n’a aucun élève codé comme ayant des besoins

Photo: Mary Richardson spéciaux qu’il n’a pas d’élèves qui travaillent à un rythme différent ou qui ont besoin d’un soutien supplémentaire. Un aide-enseignant pourrait offrir cette aide supplémentaire, en permettant à ces élèves de réussir et de suivre le reste de la classe.

D’après plusieurs participants, lorsque les élèves ne remplissent pas les exigences éducatives pour leur niveau scolaire, , il fau- drait les faire redoubler. Ceci éviterait que les élèves obtiennent un diplôme sans savoir lire ou écrire. Plutôt que de fournir aux élèves des lecteurs et des scribes pour rédiger leurs examens, cet argent et ce temps pourraient être consacrés à aider les élèves à améliorer leurs compétences d’écriture et de lecture. Là encore, ceci devrait se faire tôt.

Les écoles ont besoin de psycho-éducateurs et de conseillers d’orientation professionnelle. Ces personnes pour- raient aider tous les élèves à cerner leurs points forts, à choisir leur orientation et à découvrir comment y accéder.

Les élèves qui ont de la difficulté dans leurs études ont néanmoins besoin d’éprouver un sentiment d’appartenance. Ils ont des points forts et des talents, et ont besoin d’un climat éducatif qui leur permette de réussir. Cela ne veut pas nécessai- rement dire qu’il faille les « pousser vers la formation des adultes ». Il faudrait les encourager à terminer leurs études secondaires, selon les commentaires formulés par les participants de la consultation.

Un grand nombre de participants ont également exprimé le besoin de développer les activités parascolaires autres que le sport, telles que l’art et le théâtre.

32 | NIVEAU D’INSTRUCTION Le Centre de formation pour adultes Anchor est un atout précieux pour New Carlisle, mais il offre les mêmes cours depuis qu’il a ouvert ses portes. Les participants ont l’im- pression qu’il faudrait changer les programmes pour répondre aux besoins d’emploi de la collectivité et des élèves. Voici certaines des suggestions qui ont été faites : soudure, plomberie, électricité, hygiène dentaire, aide à l’enseignement et éducation spécialisée. Plusieurs parti- cipants sont convenus qu’il faudrait offrir l’apprentissage d’un plus grand nombre de métiers, mais au sein des écoles mêmes.

Photo: Mary Richardson

Bon nombre de personnes croient qu’il y a un besoin criant de gens de métier; ce peut être là une très belle carrière qui permette de bien gagner sa vie. Toutefois, les métiers font l’objet de certains préjugés qu’il faudrait éliminer.

Une autre suggestion : que le centre Anchor offre des programmes de téléenseignement universitaire. Offrir un plus grand nombre de programmes au centre Anchor pourrait contribuer à assurer la formation pour des emplois qui ne sont actuellement pas comblés, surtout ceux qui sont nécessaires pour maintenir les professionnels dans la région ou pour les y attirer (dentistes, médecins, infirmiers, enseignants et avocats). On espère que ceci contribuerait à ramener le groupe d’âge de 20 à 28 ans dans la région.

Comme il est difficile de recruter des enseignants qualifiés, les postes sont parfois comblés par des personnes non certifiées qui seraient et qui sont en fait d’excellents enseignants. La région devrait offrir desprogrammes et de l’aide financière pour la formation pédagogique. Ceci assurerait une stabilité pour les étudiants et de l’employabilité pour la collectivité.

Résumé de Niveau d’instruction

Le vaste éventail de suggestions indique à quel point les gens prennent à cœur la question de l’éducation. Ces suggestions couvrent l’éventail complet des groupes d’âge, des groupes communautaires et des établissements d’enseignement, en se concentrant sur la façon dont ils peuvent tous contribuer aux débouchés pour les personnes de tous âges, de toutes com- pétences et de tous intérêts. Cette perspective est celle d’une collectivité qui est favorable aux possibilités d’apprentissage continu pour tous.

Un tableau sommaire est fourni à la fin du document.

RÉSUMÉ DE NIVEAU D’INSTRUCTION | 33 Conditions économiques Exploiter les atouts de la communauté pour progresser

Dans cette partie, nous présentons les perspectives exprimées par les membres de la communauté lors de la consultation tenue en juillet 2011 à propos des conditions économiques de New Carlisle, suivies de certaines statistiques pertinentes et de perspectives d’avenir.

Il est amplement démontré qu’un statut économique et social plus élevé favorise la santé. Ces deux facteurs sont considérés comme les déterminants de la santé les plus importants. L’état de santé s’amé- liore chaque fois que l’on grimpe un échelon social et que le revenu augmente d’un cran. Un revenu plus élevé favorise des conditions de vie optimales, dont un logement sûr et une bonne alimentation. Le degré d’emprise que les gens ont sur les circonstances de la vie et la capacité de s’adapter à des situa- tions stressantes constituent des influences déterminantes. Plus le revenu et le statut social sont élevés, en général, plus la personne a l’emprise nécessaire et de plus grandes ressources pour s’adapter.

Les études démontrent que les choix restreints imposés par des moyens limités et une faible capacité d’adaptation à des situations de stress aggravent la vulnérabilité d’une personne à un éventail de mala- dies. Par exemple, seulement 47 % des Canadiens de la tranche de revenu la plus basse qualifient leur santé de très bonne ou d’excellente, par rapport à 73 % des Canadiens du groupe de revenu le plus élevé. Les Canadiens à faible revenu sont plus susceptibles de mourir plus jeunes et de souffrir d’un plus grand nombre de maladies que les Canadiens à revenu plus élevé.

Et chose qui est peut-être la plus intéressante de toutes, les études révèlent que les grandes différences dans la répartition du revenu (l’écart entre les riches et les pauvres) constituent un déterminant plus important de la santé que le revenu total produit par une population. Les écarts de revenu au sein des groupes et entre eux aggravent les problèmes sociaux et l’état de santé. En d’autres termes, plus une société est égalitaire et équitable, plus la santé de la population est susceptible d’être bonne.

Certes, le revenu est étroitement lié aux conditions économiques et aux débouchés d’emploi. Le chô- mage, le sous-emploi, le travail stressant ou dangereux sont souvent liés à une moins bonne santé. Les personnes qui ont une plus grande emprise sur leurs conditions de travail et qui ont un emploi causant moins de stress sont en meilleure santé et vivent souvent plus vieilles que celles qui exercent un travail

déterminant social de la santé et des activités plus stressantes ou plus risquées.

En outre, l’emploi a de fortes répercussions sur la santé physique, mentale et sociale d’une personne. Le travail rémunéré est non seulement source d’argent, mais donne également un sentiment d’identité et un but dans la vie, et il est source de contacts sociaux et de possibilités de croissance personnelle. Lorsqu’une personne perd ces avantages, les résultats peuvent être désastreux tant pour la santé de la personne que pour celle de sa famille. Les personnes sans emploi voient leur espérance de vie réduite et souffrent beaucoup plus de problèmes de santé que celles qui occupent un emploi. Une étude importan- te réalisée pour le compte de l’Organisation mondiale de la santé a révélé qu’un fort taux de chômage et d’instabilité économique dans une société est source de graves problèmes de santé mentale et d’effets néfastes sur la santé physique des personnes sans emploi, pour leur famille et leur collectivité.30 Le man- que d’emploi est lié à des problèmes de santé physique et mentale qui incluent la dépression, l’anxiété et une hausse des taux de suicide.31

34 | CONDITIONS ÉCONOMIQUES Points forts de New Carlisle

Lors de la consultation menée auprès de la communauté en juillet 2011, les participants ont indiqué de nombreux points forts dans le domaine de l’économie et de l’emploi. Citons par exemple le niveau de bilinguisme parmi la population qui, selon les personnes consultées, peuvent aider les gens à trouver un travail et les entreprises à attirer des clients. Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, environ 40 % de la population de New Carlisle connaît les deux langues officielles.

En outre, le gouvernement offre des mesures d’incitation pour les personnes qui veulent retourner dans leur région et travailler dans leur domaine, la rendant attirante pour les nouveaux venus et pour ceux qui ont quitté cette région. Par exem- ple, la Commission jeunesse Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine tente depuis 2006 de favoriser le retour et la rétention des jeunes travailleurs spécialisés dans la région. Ces mesures fructueuses doivent être assorties d’efforts pour promouvoir un marché du travail concurrentiel axé sur les besoins d’une population ac- tive jeune. Une trousse a été préparée à titre de liste de contrôle pour les employeurs de la région, pour leur permettre de recruter et de retenir les jeunes employés. Un site web a été créé, et les employeurs peuvent y vérifier les tendances et les besoins des jeunes travailleurs, ainsi qu’y trouver un guide sur la façon de les ramener en Gaspésie (http://boiteaoutilsemployeurs.ca/). boiteaoutilsemployeurs.ca/

Il existe également des programmes créés par les organismes locaux tels que la Société d’aide au développement des collecti- vités (SADC) qui offre aux employeurs une partie du salaire pour tout nouvel employé qui fait partie du parcours de forma- tion axé sur l’emploi au sein d’une entreprise. Par exemple, une entreprise peut engager un nouveau mécanicien et se faire payer la plus grande part du salaire pendant 32 semaines, dans l’espoir que lorsque cette période sera écoulée, l’employeur gardera le nouveau travailleur, et que ce dernier ou cette dernière aura acquis assez d’expérience et aura su se faire apprécier par l’entreprise pour y rester et y faire carrière.

En outre, dans l’ensemble de la province de Québec, un crédit d’impôt de 8 000 $ est accordé à tout nouveau diplômé qui retourne dans sa région dans les deux ans qui suivent l’obtention de son diplôme pour travailler dans le domaine profession- nel de ses études.

Le Centre de formation pour adultes est également considéré comme un fort atout, à cause de ses programmes en menuiserie, en comptabilité, en secrétariat et en sciences infirmières. Il est considéré comme une ressource importante pour la collectivité, non seulement à cause des programmes qu’il offre actuellement, mais aussi à cause de son potentiel d’offrir d’autres programmes de formation et de débouchés pour l’apprentissage continu (tels que les cours de téléuniversité).

D’aucuns croient que le coût de la vie relativement bas est également un atout non négligeable. Quoique les salaires y soient peut-être légèrement moins élevés, New Carlisle est bien situé quant aux services, et la population ne doit donc pas aller trop loin pour faire ses courses. En outre, les impôts fonciers sont relativement bas, tout comme le prix de l’immobilier et de la location de maisons ou d’appartements.

Enfin, les participants ont signalé qu’il y a desemployeurs à New Carlisle tels que CASA, l’école, la commission scolaire, le CLD, le CLSC et la prison, entre autres. Au cours des discussions, les participants ne s’entendaient pas, toutefois, sur les débouchés d’emplois à New Carlisle. Même si certaines personnes avaient l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup d’emplois et peu d’employeurs sur place, d’autres étaient d’avis qu’il y a en fait de nombreux emplois qui y sont offerts, et que le problème majeur est la pénurie de main-d’œuvre. Ceci semble être vrai en particulier pour les métiers et le travail spé- cialisé, tel que la menuiserie, la plomberie, l’électricité et d’autres formes de travail à titre privé ou autonome.

POINTS FORTS DE NEW CARLISLE | 35 Défis à relever à New Carlisle

Plusieurs participants de la consultation menée auprès de la communauté ont mentionné le taux élevé de personnes au chômage ou bénéficiant de l’aide sociale à New Carlisle. Les statistiques ont tendance à confirmer cette impression. Le taux d’emplois était de 30 % en 2006 (par rapport à 23 % en 2001), tandis qu’il était de 60 % pour l’ensemble de la province. Le taux de chômage était de 54 % en 2006 (par rapport à 63 % en 2001), alors qu’il n’était que de 7 % pour l’ensemble du Québec. Même si la situation s’est améliorée entre 2001 et 2006, elle demeure toujours très défavorable par rapport à la situation générale du Québec. Les hommes sont plus touchés par le chômage que les femmes, et les personnes d’expression anglaise affichent un taux de chômage plus élevé que les personnes d’expression française (voir graphique ci-dessous).

Un grand nombre de participants à la consultation menée auprès de la communauté ont signalé que les personnes semblent avoir de la difficulté à trouver du travail, surtout un emploi permanent. Un grand nombre des emplois disponibles sont saisonniers, pour la plantation d’arbres ou comme guides de pêche au saumon, par exemple. D’autres emplois relè- vent du secteur public où les ouvertures sont peu nombreuses et les exigences souvent strictes.

Certaines personnes ont attribué ce soi-disant manque d’emplois au faible nombre d’entreprises à New Carlisle. Comme un participant l’a expliqué : « Selon moi, New Carlisle, eh bien, nous n’avons rien. En revenant ici de la ville, je constate à quel point nous avons perdu des entreprises. Autrefois, New Carlisle avait de nombreuses entreprises, ce qui gardait la population sur place. » Pourtant, loin d’être défaitistes, ils entrevoyaient des possibilités pour certains types d’entreprises, surtout dans le domaine des produits du terroir et des entreprises sur l’internet. Quoique l’ensemble de la ré- gion de la Gaspésie se heurte à certaines difficultés économiques, la diminution du nombre d’entreprises a frappé New Car- lisle plus que d’autres municipalités. Ceci se reflète dans l’indice de dévitalisation illustré ci-dessous selon lequel New Carlisle arrive bon dernier parmi les autres municipalités importantes de Gaspésie. Bonaventure et New Richmond, par exemple, se classent beaucoup mieux selon les indicateurs utilisés pour calculer la vitalité.

Les obstacles au développement des entreprises sont nombreux. Les participants du forum avaient l’impression que les prêts aux entreprises sont offerts mais que, soit les gens ne les connaissent pas, soit ilshésitent à souscrire un prêt ou à de‑ mander une subvention, surtout parmi la communauté d’expression anglaise. En outre, la population locale ne soutient pas toujours les entreprises locales, telles que les petites fermes, et certains n’ont pas les moyens financiers de dépenser de l’argent dans les entreprises locales. Comme une personne l’a exprimé, « la population de New Carlisle n’encourage pas les nouvelles entreprises ».

Une autre facette de ce problème est le hiatus entre les institutions gouvernementales surtout francophones et la population d’expression anglaise. Bon nombre d’anglophones ne semblent pas bien informés sur les services gouverne- mentaux, et les programmes et services du gouvernement du Québec ne sont pas toujours bien annoncés en anglais. Les par- ticipants ont l’impression que ceci rend la vie plus difficile aux personnes qui sont moins bien informées ou qui connaissent moins le français, quand il s’agit d’avoir accès aux services ou subventions pour démarrer une entreprise.

La pauvreté sévit dans une certaine mesure parmi la population d’expression anglaise de New Carlisle, dont certains mem- bres bénéficient de l’aide sociale. Lors des réunions publiques, certains participants ont signalé qu’il estdifficile de sortir de l’aide sociale parce que la plupart des emplois n’offrent pas les mêmes avantages.

Quoique certains participants aient mentionné les mesures d’incitation offertes par le gouvernement pour revenir dans la région, d’autres ont signalé qu’un manque de logements est peut-être un facteur qui empêche les gens de venir s’installer à New Carlisle : « Plusieurs personnes veulent revenir ici, mais ne veulent pas vivre chez leurs parents, il n’y a pas de logement pour les jeunes familles. De nombreux propriétaires ne veulent pas louer à des gens qui ont des enfants, et nous perdons ainsi cette population potentielle au profit du village voisin, ou ceci devient un facteur décisif de ne pas revenir du tout dans la région. » Selon au moins une personne, le foyer pour personnes âgées pourrait servir à loger des gens qui ont besoin d’un appartement.

36 | CONDITIONS ÉCONOMIQUES Quelques statistiques pour la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine

Un indicateur intéressant de la vitalité économique et démographique d’une communauté est fourni par l’indice de dévi- talisation calculé par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT). Cet indice est basé sur les données de variations démographiques, de taux d’emploi et de chômage, de niveau d’instruction, de transferts gouvernementaux, de salariés à faible revenu et de revenu moyen des ménages. Tout chiffre inférieur à zéro signifie que la municipalité est dévitalisée et plus le chiffre est faible, pire c’est. Ce calcul classe New Carlisle quatrième parmi les municipalités les plus dévitalisées de la MRC (et la plus dévitalisée parmi les principaux villages).32

Indice de dévitalisation pour certaines municipalités de Gaspésie % de la Variation popula‑ Faible démogra‑ Taux tion de Transferts revenu Indice de Popula‑ phique d’emploi 15 ans et gouverne- avant Revenu dévelop‑ tion en 2001-2006 15 ans et Taux de plus sans mentaux impôt moyen des pement Communauté 2006 (%) plus chômage diplôme (%) (%) ménages 2006

Paspebiac 3 159 15 ans et plus 36,98 20 39,64 30,4 12,2 51 213 -5,52 New Carlisle 1 370 -4,26 34,68 30,28 38,12 27,6 12,7 49 933 -6,6 Bonaventure 2 673 -3,01 53,7 9,69 37,31 19,4 9,1 51 604 0,52 Saint-Siméon 1 174 -3,06 43,65 14,85 33,5 26,7 10,3 47 332 -3,13 Caplan 1 884 -6,27 48,17 13,66 31,4 24,4 9,1 41 853 -2,65 New Richmond 3 748 -0,32 46,5 17,98 26,63 21,3 10,9 50 662 -1,49

Source : Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT), http://www.mamrot.gouv.qc.ca/developpement-regional-et-rural/indice-de-deve- loppement/

La situation est encore moins favorable pour les personnes d’expression anglaise que pour celles d’expression française. Dans l’ensemble de la province du Québec, environ 65 % de la population fait partie de la population active et, parmi ce nombre, environ 93 % a un emploi. Le taux de chômage parmi les francophones est de 6,6 % et de 8,8 % parmi les anglophones. Dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, la population d’expression anglaise est beaucoup plus susceptible que celle d’expression française d’être sans emploi et légèrement plus susceptible de ne pas faire partie de la population active; pour les deux groupes linguistiques, les taux sont nettement supérieurs à la moyenne provinciale.

Activités de la main-d’œuvre RSS de la Gaspésie-Îles-de-la- Province du Québec Madeleine CSSS Baie-des-Chaleurs English French English French English French Population active 64.6% 65.3% 49.3% 54.0% 50.6% 53.9% • Avec emploi 91.2% 93.4% 71.6% 83.5% 66.3% 84.0% • Sans emploi 8.8% 6.6% 28.4% 16.5% 33.7% 16.0% Hors de la popula- 35.4% 34.7% 50.7% 46.0% 49.4% 46.1% tion active

Source: RCSSS 2010, Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

QUELQUES STATISTIQUES POUR LA RÉGION DE GASPÉSIE-ÎLES-DE-LA-MADELEINE | 37 Taux de chômage à New Carlisle, par sexe et par langue Dans la région socio-sani- taire de Baie-des-Chaleurs, le taux de chômage pour les francophones est le même que pour l’ensemble de la région (16 %), mais pour les anglophones, ce taux est plus élevé (33,7 %). En fait, les personnes d’expres- sion anglaise sont plus que deux fois plus susceptibles d’être sans emploi que cel- les d’expression française. Elles sont également plus susceptibles de ne pas faire partie de la population acti- ve que les francophones (7 % plus). La situation est à peu près la même dans la communauté de New Carlisle; les personnes d’expression anglaise sont également plus susceptibles d’être sans emploi que les personnes d’expression française, et les hommes le sont plus que les femmes.

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006 Carlisle

En conséquence, le revenu est généralement plus bas dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine que dans l’ensemble de la province. Dans la région socio-sanitaire de Baie-des-Chaleurs, une proportion plus forte de personnes d’expression an- glaise a un revenu inférieur à 10 000 $, par rapport à la population d’expression française (30,8 % par rapport à 25,2 %), et une proportion plus faible a un revenu de plus de 50 000 $ (seulement 6,6 % par rapport à 10,1 % parmi les francophones). Ces chiffres laissent sous-entendre un taux plus élevé de pauvreté parmi les anglophones de la région et parmi l’ensemble des Gaspésiens par rapport au reste du Québec.

Revenu, population de 15 ans et plus RSS de la Gaspésie-Îles-de- Province de Québec la-Madeleine CSSS Baie-des-Chaleurs Anglais Français Anglais Français Anglais Français Moins de 10 000 $ 27.6% 23.4% 28.7% 25.1% 30.8% 25.2% 10 000 $ - 29 999 $ 35.8% 36.9% 49.0% 46.0% 46.2% 43.4% 30 000 $ - 49 999 $ 19.4% 23.1% 15.5% 19.9% 16.5% 21.3% 50 000 $ et plus 17.2% 16.6% 6.8% 9.0% 6.6% 10.1% Source : RCSSS, Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec

À New Carlisle, le revenu de la population en général est plus faible : le revenu médian net d’impôt pour les personnes de 15 ans et plus qui ont un revenu étaient de 18 582 $, par rapport à 22 471 $ pour l’ensemble de la province. La rémunération représente une proportion plus faible du revenu que dans l’ensemble du Québec, et les transferts gouvernementaux et autres sommes représentent une proportion plus élevée. Fait intéressant, le pourcentage de toutes les personnes faisant partie d’un ménage vivant sous le seuil de faible revenu est plus bas à New Carlisle que dans le reste du Québec.

38 | CONDITIONS ÉCONOMIQUES Revenu en 2005, personnes de 15 ans et plus ayant un revenu

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006

Perspectives d’avenir

Lors de la consultation auprès de la communauté, un domaine qui a été cité comme offrant un potentiel de développement économique est le tourisme. Bon nombre de personnes aimeraient voir la rue principale devenir plus attrayante pour les touristes, avec une diversité de petites entreprises. En raison des édifices historiques et de la beauté de la rue principale et des environs de New Carlisle— avec ses plages, ses parcs, ses promenades, ses pistes de ski de fond et ses sentiers de randonnée, entre autres —, ce village pourrait, selon la population, devenir un lieu d’attrait pour les touristes.

Ce commentaire a également été entendu lors d’une réunion de 2005 organisée par le CEDEC lors de laquelle le potentiel patrimonial et touristique de New Carlisle avait été considéré comme étant lié à son histoire de bourg et de siège du comté, de centre juridique, administratif, politique, éducatif et ferroviaire, de ville natale de feu René Lévesque et d’autres personna- lités célèbres et, enfin, de village comptant de nombreux édifices historiques. Les idées alors avancées consistaient à conclure des visites patrimoniales en offrant des promenades en calèche ou en minibus, et en produisant du matériel promotionnel. Les activités et l’information concernant René Lévesque faisaient également partie de cette vision. Un intérêt a également été manifesté pour continuer à embellir la rue principale et pour y attirer un plus grand nombre de petites entreprises.

Résumé de conditions économiques

Sur le plan de l’économie, de l’emploi et du revenu, les participants de la consultation auprès de la communauté croyaient que New Carlisle présentait plusieurs atouts : le niveau élevé de bilinguisme parmi la population, le Centre de formation pour adultes et les mesures d’incitation offertes par le gouvernement pour revenir dans la région. D’aucuns croient aussi que

RÉSUMÉ DE CONDITIONS ÉCONOMIQUES | 39 le coût de vie est plus bas et que les emplois existent, au moins dans certains domaines. Toutefois, les défis sont nombreux : un grand nombre d’habitants demeurent sans emploi ou vivent de l’aide sociale, et de nombreux obstacles empêchent de compenser les transferts gouvernementaux et de ramener les gens sur le marché du travail. Beaucoup d’emplois de la région sont saisonniers et n’offrent donc pas la stabilité et la sécurité d’emploi. Le nombre d’entreprises à New Carlisle est considéré comme faible et les participants ont l’impression que l’appui aux entreprises locales est insuffisant, ce qui leur permet plus difficilement de réussir. En outre, la population d’expression anglaise semble réticente à souscrire des prêts ou à faire des demandes de subvention, ce qui est lié au hiatus qui sépare depuis longtemps ce groupe des institutions gouvernementales. La vision d’avenir de la communauté consiste essentiellement à attirer le tourisme en mettant en valeur le patrimoine et l’environnement naturel du village, ainsi qu’en rendant la rue principale encore plus attrayante.

Un tableau sommaire est fourni à la fin du document.

40 | CONDITIONS ÉCONOMIQUES Environnement un bel environnement naturel qui n’est pas mis en valeur

Dans cette section, nous présentons des perspectives exprimées par les membres de la communauté lors de la consultation tenue en juillet 2011 à propos de l’environnement naturel et bâti de New Carlisle, suivies de certaines statistiques pertinen- tes et de perspectives d’avenir.

L’environnement naturel et bâti est l’un des déterminants de la santé, car il joue un rôle important dans la qualité de vie de la population et de son bien-être physique et psychologique. À certains degrés d’expo- sition, les contaminants qui circulent dans notre air, notre eau, nos aliments et notre sol peuvent causer plusieurs effets néfastes pour la santé, notamment le cancer, les anomalies congénitales, les maladies respiratoires et les problèmes gastro-intestinaux. Dans l’environnement bâti, les facteurs liés au logement, à la qualité de l’air ambiant et à la conception des collectivités et des réseaux de transport ont parfois des répercussions importantes sur notre santé, tant au niveau individuel que collectif.

de la santé L’endroit où vivent les gens se répercute sur leur santé et sur leurs chances de mener une vie épanouie. Les collectivités et les quartiers qui assurent l’accès aux biens de base et la cohésion sociale, qui sont determinant social conçus pour favoriser le bien-être physique et psychologique, et qui protègent notre environnement natu- rel sont indispensables à l’équité sociale33.

Par exemple, il a été démontré que divers éléments de l’environnement bâti et de l’environnement de services se répercutent sur le comportement des personnes, tels que l’intensité des activités physiques auxquelles elles s’adonnent ou leur régime alimentaire, qui peuvent à leur tour avoir un effet sur des caractéristiques physiques telles que le poids corporel. Comme l’obésité est devenue l’un des problèmes de santé publique les plus troublants au cours des dernières années — qualifiée d’épidémie par l’Organisation mondiale de la santé —, les chercheurs et les organisations sanitaires tentent à mieux com- prendre comment favoriser un mode de vie sain et empêcher les problèmes de poids. Il y a de nombreuses façons de changer l’environnement pour inciter la population à recourir à un mode de transport actif, à manger plus sainement et à avoir des contacts avec ses voisins. Par exemple, les quartiers peuvent comporter une vocation commerciale et résidentielle à la fois, des voies pédestres et des pistes cyclables, et un accès facile au transport en commun et aux infrastructures récréatives. Il est ainsi plus facile pour les habitants de s’adonner à certaines activités dans un rayon qu’ils peuvent parcourir à pied et d’avoir des contacts plus fréquents avec leurs voisins.

Photo: Mary Richardson

RÉSUMÉ DE NIVEAU D’INSTRUCTION | 41 Points forts de New Carlisle

La population de New Carlisle apprécie de nombreux aspects de son environnement local et les considère comme des atouts pour la communauté. Le quartier au bord de l’eau, avec sa promenade de bois, ses bancs, son parc et sa plage propre offrent à la population locale et aux touristes un endroit où aller se promener et passer du temps en plein air. En outre, il y a des sentiers pédestres et des pistes de ski de fond pour les activités de loisirs. Les Néo-Carlinois ont l’impression que le paysage est beau dans leur village, avec ses arbres adultes, ses maisons ancestrales et la propreté générale. Comme un partici- pant l’a indiqué : « ce qui démarque ma communauté, c’est la beauté et la tranquillité qu’elle offre et la qualité de vie dont je jouis ».

Défis à relever à New Carlisle

Lors de la consultation auprès de la communauté, l’en- vironnement naturel ou bâti a suscité très peu de pré- occupations précises. Toutefois, certains commentaires ont été faits sur l’état de délabrement de certaines maisons et édifices : « À New Carlisle, il y a autant de musées et de propriétés bien entretenus qu’il y a de bâtiments délabrés ou abandonnés. » Photo: Mary Richardson

En outre, les personnes interrogées avaient l’impression qu’il existe un potentiel qui n’est pas exploité actuellement. Par exemple, il y a « une grande superficie de New Carlisle (des champs) qui ne servent à rien, il y a là un potentiel ». En outre, l’affichage est considéré comme piètre : « Nous avons un très beau parc municipal sur la plage, et une pro- menade de bois, une cantine et même un terrain de camping. Il faut être d’ici pour le savoir! »

Perspectives d’avenir

Plusieurs idées ont été proposées lors de la consultation auprès de la communauté pour améliorer l’environnement naturel et bâti de New Carlisle. Les participants ont suggéré que l’on améliore l’affichage dans la rue principalepour attirer les touristes vers les attraits naturels du village, tels que la zone le long de la plage, les pistes de ski de fond, le sanctuaire d’oiseaux et le terrain de camping.

Une vision d’avenir pour la communauté comportait également plusieurs idées pour l’environnement. Une orientation verte pour New Carlisle a été proposée, incluant un dépôt de recyclage et un marché de produits agricoles biolo- giques. Certains membres de la population voudraient aussi voir le parc sur le bord de l’eau amélioré et le secteur des marais revitalisé. D’autres ont également suggéré l’amélioration du réseau routier et la réparation des nids de poule.

Résumé

D’une part, l’environnement naturel de New Carlisle est considéré comme un aspect important de la qualité de vie de la population, avec la verdure, la plage, les sentiers pédestres et d’autres secteurs dont la population locale peut profiter. D’autre part, il y a place à l’amélioration dans l’environnement bâti. La vision d’avenir comprenait des suggestions pour les deux,

42 | ENVIRONNEMENT avec des améliorations pour la zone du parc et la zone des marais, mais également une amélioration de l’affichage et du réseau routier.

Un tableau sommaire est fourni à la fin du document.

RÉSUMÉ | 43 Vers la santé et le bien-être collectif et personnel

Dans cette section, nous présentons les perspectives exprimées par les membres de la communauté lors de la consultation tenue en juillet 2011 à propos de la santé et du bien-être collectif et personnel de New Carlisle, suivies de certaines statisti- ques pertinentes et de perspectives d’avenir.

Comme nous l’avons déjà vu, tous les thèmes ci-dessus ont des répercussions sur la santé et le bien-être de manière multiple et parfois complexe. L’environnement social et physique — y compris les réseaux de soutien social, les organismes communautaires, les possibilités d’éducation, l’emploi, le revenu et le statut social, l’environnement naturel, l’aménagement urbain, les réseaux de transport et l’état des bâtiments, par exemple — sont ce qui touche le plus la santé des personnes et des collectivités.

Les soins de santé et les services sociaux ont également un rôle à jouer dans la promotion de la santé, la prévention de la maladie et la provision de soins aux personnes souffrant de problèmes de santé ou de problèmes sociaux. En fait, le système de soins de santé en soi est considéré comme un déterminant de la santé, ainsi qu’un droit fondamental. Il est donc très important de pouvoir avoir accès à ces services de manière efficace, efficiente et rassurante. Au Canada, nous avons un système de soins de santé universel qui exige que les provinces fournissent tous les services « médicalement nécessaires » de manière univer- selle. Pourtant, l’accès aux soins demeure meilleur pour les personnes à revenu élevé, et les ordonnances de médicaments sont moins souvent prescrites pour les personnes à faible revenu. Un grand nombre de Canadiens à revenu faible et moyen ont un accès limité, voire nul aux services de santé non assurés tels que les soins oculaires ou dentaires, les soins en santé mentale et les médicaments délivrés sur ordon- nance.

La santé et le bien-être des populations dépend des interconnexions entre tous les déterminants de la santé. Un bon exemple de cette réalité est la question de l’insécurité alimentaire. L’alimentation est à la fois l’un des besoins humains fondamentaux et un déterminant important de la santé et de la dignité hu- maine. L’insécurité alimentaire frappe plus souvent les ménages à faible revenu, à faible niveau d’instruc- tion et ceux qui souffrent d’autres formes de privation. Les personnes qui souffrent d’insécurité alimen- taire ne peuvent pas avoir un bon régime sur le plan de la qualité ou de la quantité. Elles consomment déterminant social de la santé moins de portions de fruits et légumes, de produits laitiers et de vitamines que celles qui vivent dans un ménage dont l’alimentation est assurée. Les carences du régime alimentaire – plus courantes parmi les ménages qui souffrent d’insécurité alimentaire – sont liées à une probabilité croissante de maladies chroniques et de difficulté à faire face à ces maladies. Les ménages qui souffrent d’insécurité alimentaire sont 80 % plus susceptibles de signaler le diabète, 60 % plus susceptibles de souffrir d’hypertension, et 70 % plus susceptibles de signaler des allergies alimentaires que les ménages suffisamment nourris. Enfin, un nombre croissant d’études indique que les enfants qui vivent dans des ménages souffrant d’insécu- rité alimentaire sont plus susceptibles de souffrir d’un vaste éventail de problèmes comportementaux, affectifs et scolaires que les enfants qui vivent dans des ménages dont la sécurité alimentaire est assurée. En outre, l’insécurité alimentaire est source de stress et de sentiment d’incertitude qui peuvent avoir un effet néfaste sur la santé.34

44 | VERS LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE COLLECTIF ET PERSONNEL Points forts de New Carlisle

Dans les discussions qui ont eu lieu à New Carlisle, les participants ont défini plusieurs atouts dont la communauté est dotée pour favoriser la santé et le bien-être de la population locale. Certains des atouts sont les espaces physiques et les infras‑ tructures, tels que les parcs, la promenade de bois, la plage et l’environnement sain et sécuritaire pour les enfants.

D’autres atouts ont trait aux services offerts dans la communauté. Premièrement, il y a les organismes communautaires qui offrent des services. Par exemple, Carrefour famille offre des activités telles que le manoir Munchkin, les cours pré et postnataux et la cuisine collective. Il y a aussi des activités physiques offertes par la municipalité ou à titre privé, tel que le volleyball pour les femmes, les cours de Zumba, le tennis et la danse en ligne. Le nouveau Centre scolaire-communautaire est également une ressource communautaire pour promouvoir la santé et le bien-être parmi les membres de la collectivité.

En outre, les services de soins de santé publics et privés sont également offerts, tels que les visites du dentiste à l’école, le CLSC et les médecins de famille.

Défis à relever à New Carlisle

Les participants ont également cité certains problèmes de santé pour New Carlisle, tels que les jeunes souffrant de surpoids et la difficulté à manger des fruits et légumes à cause de leur prix élevé. En outre, un grand nombre de jeunes semblent commencer à fumer. Le manque de sensibilisation des familles aux habitudes alimentaires saines pose égale- ment problème.

Un autre défi a trait au fait que l’information sur la santé n’est pas toujours disponible en anglais et que les gens ne savent pas toujours où aller et qui appeler pour avoir accès aux ressources et services. En particulier, les anglophones qui souffrent de maladie mentale ont peu d’aide qui leur est offerte et les soins de jour ne sont pas pour tout le monde.

Les personnes ont l’impression que les ressources destinées au groupe d’âge moyen sont insuffisantes, parce que les ressources sont surtout axées sur les aînés et les jeunes familles.

Les délais d’attente sont considérés comme longs au CLSC, surtout lorsque le médecin doit partir pour une urgence. Il n’y a pas assez de médecins de famille dans la région et le personnel médical est considéré comme surchargé.

Quelques statistiques sur la santé pour le territoire de la Baie-des-Chaleurs

Les résultats du rapport sur la santé publique pour la Baie-des-Chaleurs signalent divers aspects de la santé et du bien-être qui touchent la population.35 Sur le plan positif, la région affiche un taux moins élevé de maladies chroniques que dans l’en- semble du Québec. L’espérance de vie est plus élevée dans la Baie-des-Chaleurs que dans l’ensemble du Québec. En outre, la Gaspésie a un taux de consommation d’alcool inférieur à celui des autres régions, et le taux de tabagisme est à la baisse (mais les taux les plus élevés correspondent au groupe d’âge de 25 à 44 ans).

Sur le plan négatif, les décès causés par les accidents de la route sont alarmants à 16,5 % (par rapport à 9,8 % pour la pro- vince) — un taux élevé d’accidents concernant des véhicules tout terrain — et sont plus élevés chez les hommes que chez les

QUELQUES STATISTIQUES SUR LA SANTÉ POUR LE TERRITOIRE DE LA BAIE-DES-CHALEURS | 45 femmes. Le taux de suicide dans le territoire est plus faible pour les femmes que dans l’ensemble du Québec, mais la région de la Baie-des-chaleurs affiche le taux de suicide le plus élevé pour toute la Gaspésie qui affiche un taux de suicide beaucoup plus élevé pour les hommes que le reste du Québec (46,8 par 100 000 par rapport à 29,8 pour l’ensemble du Québec).

Indicateurs de santé pour la population d’expression anglaise et française dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine

En ce qui concerne les variables du mode de vie, trois personnes sur dix ne sont pas actives physique‑ ment et la moitié de la population ne mange pas cinq portions de fruits et légumes par jour, surtout dans la tranche d’âge de 25 à 64 ans. Dans l’ensemble de la région, 13 % de la population de Gaspésie- Îles-de-la-Madeleine souf‑ fre d’insécurité alimentaire et la moitié de la popula‑ Source : Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 2011. L’état de santé et de bien-être de tion souffre de surpoids. la population de Baie-des-Chaleurs. Cette information concerne l’ensemble de la population d’expression anglaise de la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et elle n’est pas ventilée par CSSS ou par municipalité.

Perspectives d’avenir

Plusieurs suggestions ont été faites sur la façon d’améliorer la santé et le bien-être parmi les Néo-Carlinois. Les participants croient que les jeunes doivent être incités à être actifs physiquement et certains suggèrent que l’on offre d’autres sports que ceux qui sont offerts actuellement, et qu’on utilise davantage l’aréna pour les faire participer. Certains participants affirment également que les familles doivent être sensibilisées aux saines habitudes alimentaires.

Comme nous l’avons déjà mentionné, un bon nombre de personnes croient qu’une maison des jeunes s’impose de ma- nière criante pour que les jeunes aient un endroit à eux où se réunir. Ce centre devrait être dirigé par une personne qualifiée (ayant une formation en services sociaux, par exemple), capable d’aider les adolescents qui ont besoin de certains services. Le Centre scolaire-communautaire pourrait répondre partiellement à ce besoin, même s’il n’est pas précisément destiné aux jeunes.

Pour ce qui concerne les services de soins de santé, les participants aimeraient attirer de nouveaux professionnels de la santé dans la région, éventuellement grâce à des mesures d’incitation. Plus précisément, les médecins spécialisés et les médecins de famille manquent. Pour améliorer cette situation, il a été suggéré de donner aux étudiants de la région de l’information sur les débouchés d’emploi dans le secteur de la santé, y compris des projections de ce qui sera offert au cours des cinq prochaines années. Ceci les inciterait peut-être à poursuivre des études dans ce domaine et à revenir ensuite à la Baie-des-Chaleurs. Il a également été suggéré que la MRC incite activement les diplômés d’universités à venir travailler dans la région. En outre, d’aucuns aimeraient voir un plus grand nombre de praticiens de médecines douces dans la région (tels que naturopathes, acupuncteurs, ostéopathes, professeurs de yoga, etc.).

46 | VERS LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE COLLECTIF ET PERSONNEL Pour ce qui est des délais d’attente au CLSC, il a été suggéré que le personnel informe les patients du délai d’attente prévu pour qu’ils puissent rentrer chez eux et revenir plus tard. L’information sur les ressources disponibles ou la documen- tation sur les problèmes médicaux doivent être fournies en anglais pour la communauté d’expression anglaise.

Résumé de la santé et le bien-être

Même si New Carlisle est doté d’espaces de plein air et d’organismes qui offrent des possibilités d’être actif physiquement et de s’engager socialement, il demeure difficile de favoriser un mode de vie sain. Les habitudes alimentaires malsaines, le manque d’activité physique et le tabagisme, par exemple, continuent d’avoir un effet négatif sur la santé et le bien-être d’une forte proportion de la population. Les difficultés à trouver de l’information sur la santé en anglais n’aident pas. En outre, les services de santé ne sont pas toujours disponibles en anglais pour ceux qui en ont besoin et les délais d’attente sont parfois longs. La vision d’avenir des Néo-Carlinois a trait au mode de vie et aux habitudes saines, à un plus grand nombre de profes- sionnels de la santé dans la région (y compris les praticiens de médecines douces) et une meilleure gestion des délais d’atten- te. Les personnes aimeraient également avoir plus d’information en anglais sur les ressources disponibles et sur les problèmes médicaux.

Un tableau sommaire est fourni à la fin du document.

RÉSUMÉ DE LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE | 47 SOMMAIRE ET CONCLUSION

Au cours des trois dernières années, CASA a créé de manière aussi active qu’enthousiaste des partenariats avec la communauté d’expression anglaise et les organismes communautaires de New Carlisle et des environs. La création de partenariats avec la municipalité de New Carlisle, le CLD, le CLSC, la Commission scolaire Eastern Shores et quelques écoles a assuré l’inclusion de ceux qui vivent, travaillent dans la communauté et en profitent; elle a égale- ment permis des échanges d’information et une base de connaissances exactes, l’élaboration d’une vision commune et communautaire pour l’avenir et le partage de la responsabilité et des ressources communautaires; enfin, la créa- tion de ces partenariats a permis à chaque organisation de participer en tirant pleinement parti de ses points forts.

Ce processus a demandé du temps et a sous-entendu qu’il fallait que les gens se connaissent et comprennent le rôle, le mandat et les objectifs de chaque organisme. Il a exigé la transparence et l’établissement de la confiance pour surmonter les obstacles et pour élaborer une vision communautaire qui dose savamment les besoins et les désirs de tous les membres de la collectivité.

En faisant appel à la collaboration et en mobilisant les membres de la communauté, New Carlisle peut compter plusieurs réussites : l’élaboration d’une politique pour la famille et les aînés et un plan d’action pour les jeunes visant à aider l’ensemble des jeunes Gaspésiens; la création et l’ouverture d’un Centre scolaire-communautaire; et l’élaboration d’un plan de développement économique misant sur les points forts de New Carlisle, notamment sa riche culture et son potentiel touristique. La communauté et ses organismes continuent de participer très active- ment à toutes ces initiatives. Ce niveau d’engagement aidera New Carlisle à devenir la communauté dynamique que ses membres souhaitent.

Vision d’avenir

Lors de la rencontre publique tenue à New Carlisle en juillet 2011, les participants ont imaginé avec enthousiasme ce à quoi ils aimeraient que leur communauté ressemble dans cinq ou dix ans. Certains ont toutefois signalé que ce genre d’exercice devait être assorti de mesures et réalisations concrètes pour que la population demeure enthousiaste et convaincue que le changement est possible. Il peut être bien amusant de faire un exercice de vision, mais il peut s’avérer décourageant s’il ne mène nulle part.

Comme signes de la vitalité de la communauté, les participants aimeraient voir plus de bébés, plus d’entreprises et plus d’immeubles d’appartements. Certains ont même rêvé d’un centre commercial, d’une librairie Chapters, d’un cinéma ou d’un établissement qui pourrait accueillir de grands événements tels que des mariages et d’autres récep- tions. Cette vision d’une communauté dynamique comporterait un plus vaste éventail de restaurants (par exemple, un peu de restauration rapide et de cuisine ethnique) et un marché de produits agricoles biologiques ou du terroir.

Ils aimeraient avoir plus de services également : plus de services d’éducation (y compris des programmes d’appren- tissage de métiers offerts à l’école secondaire) et plus de services pour les handicapés. Ils aimeraient également avoir plus de professionnels de la santé qui soient plus disponibles, tels que médecins et dentistes. Dans cette vision, les agences gouvernementales seraient mieux connues et plus visibles.

Pour encourager l’activité physique, les participants aimeraient que la communauté ait une piscine, un gymnase et une patinoire avec de la glace artificielle pour qu’elle puisse être utilisée plus longtemps (en séparant peut-être la section de curling d’une section de patinage libre). Les ligues de soccer et de balle molle figuraient également sur

48 | SOMMAIRE ET CONCLUSION leur liste de souhaits. « Nous avons besoin d’un centre sportif ou d’un centre communautaire aussi grand que l’IGA ! »

Pour enrichir la vie culturelle de New Carlisle, les gens ont imaginé un centre communautaire, une bibliothèque et un lieu de rencontres pour les adolescents. « Nous devons envisager le concept d’une maison des jeunes avec un travailleur spécialisé. »

D’aucuns apprécieraient également la possibilité de suivre des cours de formation pour adultes ou d’éducation populaire dans un vaste éventail de sujets allant de la philosophie à la religion, en passant par la poterie, le yoga, la musique, la cuisine, les langues, entre autres sujets. Surtout, ils aimeraient que ces services soient accessibles à tout le monde et utilisés par tout le monde!

Certaines personnes avaient également une vision de l’infrastructure de la communauté : un dépôt de recyclage, l’aménagement de la rue Vimy, et des routes sans nids de poule. D’aucuns aimeraient que la route principale soit embellie (avec des réverbères élégants et plus d’arbres) et que de grands panneaux d’affichage soient installés pour signaler les attractions communautaires. Ils ont également rêvé d’une diminution du vandalisme.

En outre, d’aucuns ont imaginé une zone verte améliorée (éventuellement avec une structure permanente pour tenir des activités culturelles et des spectacles) et une revitalisation de la zone des marais. D’autres ont imaginé que New Carlisle devienne une ville verte ou une communauté en santé. Une sensibilisation accrue au transport en commun était également envisagée dans ce cadre.

Pour renforcer la vie sociale et communautaire, d’aucuns voudraient qu’il y ait un renouveau de bénévoles et une reconnaissance accrue de la communauté. « Nous avons besoin de ce village pour appuyer les bénévoles et pour en encourager de nouveaux. » Pour faire circuler l’information dans la communauté, on pourrait créer un calendrier et un babillard communautaires. « Nous avons besoin d’un calendrier qui soit facile d’accès et mis à jour. » Pour renforcer le sentiment d’appartenance parmi la population, on pourrait préparer une trousse desti- née aux nouveaux venus et une autre pour les nouveaux-nés.

Pour que cette vision se concrétise, plusieurs suggestions ont été faites :

« Nous avons besoin d’une certaine forme de réseau ici pour les entreprises New Carlisle, d’une table ronde en quelque sorte. »

« Il faudrait former des comités. »

« Des gens ont des idées novatrices et ils devraient être encouragés à participer à de nouveaux projets. »

« Les bénévoles doivent être reconnus pour les projets qu’ils ont réalisés dans le village; cela suscite un sen- timent de fierté et en encourage d’autres à participer. »

L’information que comprend ce portrait, ainsi que de nombreuses autres sources d’information, ont été utilisées par divers comités pour dresser un plan de développement municipal de New Carlisle.

VISION D’AVENIR | 49 50 | SOMMAIRE ET CONCLUSION Endnotes

1. Institut national de santé publique du Québec (2002). La santé des communautés : perspective pour la contribution de la santé publique au développement social et au développement des communautés. Québec : INSPQ, 46 p. www.inspq. qc.ca 2. Idem. 3. Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2012. La santé et ses déterminants. Mieux comprendre pour mieux agir. 4. Lachance, Roger, 2009. L’Obsession du citoyen, Réseau québécois de Villes et Villages en santé. 5. Simard, Paule, 2009. “Villes et villages en santé--le concept” pages 161-183 dans Roger Lachance, L’obsession du citoyen, Réseau québécois de Villes et Villages en santé. 6. Community Health and Social Services Network, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach. www.chssn.org 7. Ces données référent aux personnes dont la langue maternelle est l’anglais. En 2001, plus de 67 % des Anglophones rapportait être bilingues (français et anglais) par rapport à 51 % chez les personnes ayant une langue maternelle autre que l’anglais ou le français, et 37 % chez les francophones (Parenteau et al., 2008). 8. Community Health and Social Services Network, Investment Priorities 2009-2013, www.chssn.org 9. Community Health and Social Services Network, Prospectus 2004, www.chssn.org 10. Parenteau, Philippe, Marie-Odile Magnan et Caroline V. Thibault sous la dir. de Madeleine Gauthier. 2008. Portrait socio-économique de la communauté anglophone au Québec et dans ses régions, Institut national de la recherche scien- tifique Urbanisation Culture et Société, Québec, 278 p. 11. Maynard, Hugh, 2007. Models and Approaches for Community Development in the English-Speaking Communities of . Report prepared for the Quebec Community Groups Network. 12. Corbeil, Jean-Pierre, Brigitte Chavez et Daniel Pereira, 2010. Portrait des minorités de langue officielle au Canada : les anglophones du Québec. Statistics Canada, Numéro du catalogue 89-642-X. 13. Parenteau et al., 2008 14. Community Health and Social Services Network, 2010. Profils socioéconomiques des communautés d’expression anglaise du Québec, www.chssn.org 15. Community Health and Social Services Network, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach. www.chssn.org 16. Minkler, Meredith and Nina Wallerstein 2003. Community-Based Participatory Research for Health, Jossey-Bass: San Francisco. 17. Cette section s’inspire en grande partie du A Portrait of the English-Speaking Community of the Gaspé Coast (CASA 2010), disponible sur son site web: http://www.casa-gaspe.com Veuillez référer à ce document pour les références bibliographiques. 18. MRC de Bonaventure, Au cœur de la Baie-des-Chaleurs, Gaspésie. (consulté le 27-02-2011), www.mrcbonaventure. com/mrc/portrait-de-la-mrc 19. Cette section s’inspire en grande partie de l’information disponible sur le site web de la Maison Kempffer: http://gaspe- sie.quebecheritageweb.com/exhibit/kempffer-cultural-and-interpretation-centre-overview-our-permanent-exhibition 20. Guide d’interprétation de la maison Kempffer, Sophie Turbide, 2011. 21. En 1946, Houde a fait passer l’antenne à 5000 watts. CHNC était entièrement francophone, mais il a fondé le poste CKNB à Campbellton pour les auditeurs anglophones. 22. Cette section s’inspire en grande partie de la publication suivante : CASA, 2010, A Portrait of the English-Speaking Community of the Gaspé Coast. 23. CASA 2010, Portrait of the English-Speaking Community of the Gaspé Coast. 24. Source : Statistique Canada, 2007. New Carlisle, Québec (Code 2405040). Profils des communautés 2006. Recense- ment de 2006. Statistique Canada, Catalogue no 95-591-XWE. Ottawa. Publié le 13 mars 2007. 25. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca;

VISION D’AVENIR | 51 Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 26. CASA. The English-Speaking People of the Baie-des-Chaleurs and Their Health Needs, p. 33. 27. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca; Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 28. Dubé, Nathalie et Claude Parent. L’état de santé et de bien-être de la population de la Baie-des-Chaleurs. Évolution, situation actuelle, comparaison avec le Québec. Direction de santé publique Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, 2007, 114 pages. 29. Dossiers de l’école polyvalente de Bonaventure 30. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca; Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 31. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca; Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 32. Nous n’avons retenu que les municipalités de plus de 1 000 habitants. Un tableau complet est publié sur le site suivant : www.mamrot.gouv.qc.ca 33. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca; Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 34. Agence de santé publique du Canada, « Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas? » www.phac-aspc.qc.ca; Ministère de la Santé et Services sociaux du Québec, 2007, « La santé, autrement dit...” www.mssss.gouv.qc.ca; RCSSS, 2003, A Community Guide to the Population Health Approach, www.chssn.org; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, 2010. Déterminants sociaux de la santé, Les réalités canadiennes. Toronto : York University School of Health Policy and Management. 35. Dubé, Nathalie et Claude Parent. L’état de santé et de bien-être de la population de la Baie-des-Chaleurs. Évolution, situation actuelle, comparaison avec le Québec. Direction de santé publique, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 2007, 114 pages.

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