DÉPARTEMENT D’HISTOIRE Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke

L’Égypte au temps de la révolution nassérienne : socialisme, neutralisme et panarabisme (1952-1956)

Par MICKAËL LESSARD-QUINTAL

Plan détaillé présenté à Patrick DRAMÉ

Dans le cadre du cours HST 267 Histoire de l'Afrique contemporaine

Sherbrooke 18 décembre 2012 1

Au XXe siècle, le monde colonial murissait des mutations qui devaient résulter en un mouvement généralisé de décolonisations. Déjà en 1922, l’Égypte accédait à une indépendance contrôlée, gagnée par l’action de , dirigeant du parti nationaliste Wafd. Si l’on retient 1922 comme date d’accession égyptienne à l’indépendance, il est cependant nécessaire d’ajouter que celle-ci ne fut nullement pleine et entière puisque le gouvernement du pays, le roi notamment, restait soumis à l’autorité du haut-commissaire britannique. De plus, l’armée anglaise demeurait présente, conformément aux accords de coopération en matière de sécurité, ne laissant qu’une indépendance d’apparat au pays. Ainsi, malgré quelques pas timides vers l’indépendance, l’Égypte demeurait de facto sous l’emprise britannique. C’est dans ce contexte qu’en 1952, excédé par l’opulence et la corruption gouvernementale, un groupe d’officiers libres, sous la direction du Général Naguib, fomenta un coup d’État qui évinça le roi Farouk du pouvoir. Suivant la proclamation de la république Égyptienne, Naguib, alors à la tête du gouvernement de transition, fut écarté du pouvoir en 1954 par , ce dernier devenait deux ans plus tard, le premier président égyptien élu au suffrage universel. Ses politiques et son rejet de l’impérialisme devaient mener à une distanciation du bloc occidental ainsi qu’une révolution de la société égyptienne, qui culmina en 1956 par la nationalisation du canal de Suez et le retrait des troupes britanniques restantes, marquant désormais une réelle émancipation du joug impérialiste. Cet évènement devait favoriser la reconstruction nationale en Égypte, laquelle se concrétisa largement sous l’impulsion de Nasser, qui tâcha d’étendre sa vision à l’ensemble du pays et sur la scène régionale. Afin de comprendre les orientations de celle-ci, il convient de se questionner à savoir quels ont été les axes idéologiques de la vision nassérienne, de la révolution des officiers libres de 1952, jusqu'à la nationalisation du canal de Suez en 1956, et quelle fut la perception occidentale de l’Égypte révolutionnaire, durant cette période. Cette question est pertinente dans la mesure où elle permet d’établir les fondements idéologiques sous-tendant la philosophie du nouveau régime, ainsi que sa représentation en Occident.

Les récents travaux de Marlène Abou Chdid Nasr, portant sur l’analyse des champs sémantiques des discours nassérien, nous en donne un premier aperçu. Elle nous 2 apprend notamment que «D'après les réseaux sémantiques dégagés des contextes, Nasser attribue à la [Umma Arabiyya (nation arabe)] trois objectifs majeurs : al-wahda al- arabiyya (l'unité arabe), al-hurriyya (la liberté), al-ishtirâkiyya (le socialisme).»1 Ces idéaux, visent la libération face au colonialisme et ses auxiliaires, ainsi que de la domination du capital.2 Toutefois, le socialisme affiché, lors de la nationalisation du canal de Suez, ne semble alors pas encore bien défini, celui-ci ayant «été développé entre les années 1960 et 1962, avec quelques modifications plus tardives.»3 On peut ainsi avancer l’idée que la vision du nassérisme, de 1952 à 1956, est axée sur le rejet de l’impérialisme, l’unité arabe et n’exclut pas le socialisme. Quant à la perception occidentale du régime égyptien au cours de la même période, bien que la question semble à ce jour peu traitée, il est possible de présumer que celle-ci repose sur une vision neutraliste et panarabe de l'Égypte, entraînant son éloignement progressif du bloc occidental. L’analyse des axes idéologiques sera réalisée par une analyse thématique du manifeste idéologique de Gamal Abdel Nasser, 's liberation : philosophy of the revolution. Cet essai politique, rédigé avec l’aide du journaliste Mohammed Hassanein Heykal, est paru au Caire en juillet 19534. Celui-ci permet de faire la lumière sur les causes de la révolution et la vision que le raïs entrevoyait pour l’Égypte. Ainsi, selon Nasser, son ouvrage est «an attempt to explore the path of the future»5, et «an effort to formulate objectives and to measure the resources which must be mobilized to achieve them»6. Afin de déterminer la représentation occidentale du régime, l’article reposera également sur l’analyse d’un corpus d’articles du New York Times, lesquels ont été sélectionnés selon des moments forts de l’évolution du régime égyptien entre 1952 et 1956. Le texte portera, dans un premier temps, sur le parcours de Nasser ainsi que sa pensée. Ensuite il sera traité des principaux axes idéologiques présents dans le manifeste idéologique de Nasser, et finalement, la vision occidentale de l’Égypte révolutionnaire sera étudiée, notamment par l'étude d'un corpus journalistique.

1 Marlène Abou-Chdid Nasr. «Analyse des champs sémantiques de la notion de umma arabiyya (nation arabe) dans le discours nassérien (1952-1970)». Mots, mars 1981, no.2, p.23 2 Ibid. p.24 3 Ibid. 4 Michel Marmin, Nasser, Paris, Éditions Chronique, Chroniques de l’histoire, 1998, p.37 5 Gamal Abdul Nasser, Egypt's liberation : The philosophy of the revolution, Washington, Public Affairs Press, p.11 6 Ibid. 3

NASSER, L’HOMME ET SA PENSÉE Gamal Abdel Nasser naquit le 15 janvier 1918 à Beni Morr, dans la province d’Assiout en Haute-Égypte. Fils ainé d’Abdel Nasser Hussein et de Fahima Mohammed Hammad, il passa une partie de sa jeunesse à Alexandrie, jusqu’à l’âge de huit ans, où il intégra l’école cairote d’El-Nahassin. Il vécu alors chez son oncle Hussein Khalil, nationaliste notoire, qui se garda bien de nuancer l’implication du jeune Nasser au sein de mouvements réfractaires à l’occupation étrangère7. Nasser démontra très tôt une importante conscientisation politique, celui-ci étant mêlé à une manifestation en octobre 1931, qui lui valut un coup de matraque sur la tête et une nuit au poste de police8. Après l’obtention de son certificat d’étude secondaire de l’école cairote d'Al Nahda Al Misria, Nasser fut refusé à l’académie militaire et à l’école de police, en raison notamment de ses idées et de ses activités subversives9. Conséquemment, il s’inscrivit à la faculté de droit de l’Université du Caire où il y poursuivit de brève études, jusqu’à ce qu’il fut finalement accepté à l’Académie militaire d’Abassieh en 1937.

Suite à sa graduation de l’Académie militaire en 1938, Nasser fut incorporé à la garnison de Mankabad, dans la province d’Assiout, où il se lia d’amitié avec Anouar El- Sadate et Zakaria Mohieddine10. En 1939 cependant, Nasser, alors sous-lieutenant, fut transféré à Alexandrie, ce qui lui permit de fraterniser avec Abdel Hakim Amer, qui s’avéra être l’un de ses plus proches compagnons au cours des années subséquentes11. En décembre 1939, à la demande de Nasser, ce dernier fut affecté au Soudan, l’Égypte y entretenant quelques bases dans le cadre du traité militaire de 193612. Nommé lieutenant en mai 1940, il y demeura jusqu’en 1942 et fut à nouveau transféré, cette fois à El- Alamein puis à Alexandrie13 d’où il put suivre avec attention les développements du conflit sévissant ainsi que l’ingérence anglaise sur les affaires gouvernementales ce qui

7 Jean Lacouture, 4 Hommes et leur peuples; sur-pouvoir et sous-développement, Paris, Éditions du Seuil, 1969, p.89 8 Ibid. 9 Ibid. 10 Ibid. p.91 11 Ibid. p.91 12 Michel Marmin, Op.Cit., p.17 13 Dorothy Thompson, «Notes about the author», dans : NASSER, Gamal Abdul. Egypt's liberation : The philosophy of the revolution. Washington, Public Affairs Press, p.116 4 nourrit un fort sentiment d’indignation de la population égyptienne14. Après un bref transfert à Khartoum en 1942, où il fut fait capitaine, Nasser fut nommé instructeur de l’Académie militaire d’Abassieh et profita de cette occasion pour resserrer les liens avec ses camarades officiers15. Parallèlement, le 29 juin 1944, le jeune capitaine épousa Tahia Mohammed Kazem, qui lui donna deux filles (Huda et Mona) et trois fils (Khaled, Abdul Hamid et Hakim Amer)16.

Sur fond de contestation en Égypte, relativement au refus britannique de se retirer malgré la fin de la guerre, Nasser fut admis le 10 mai 1948 à l’école d’état-major17. Toutefois, suite à la proclamation de l’État d’Israël quatre jours plus tard, le capitaine Nasser se porta volontaire dans la campagne contre Israël afin d’appuyer la résistance palestinienne18. Le 7 juillet, il fut promu commandant et assura la fonction de chef d’état- e major du 6 bataillon, basé aux portes du Néguev19. Blessé à Negba, il revint rapidement au front, où il s’illustra par sa ténacité lors de sa résistance héroïque à Falouja; cette enclave sous contrôle égyptien n’ayant pas capitulé malgré la victoire israélienne sur presque tous les fronts20. C’est au cours de cette campagne qu’il acquit une renommée et qu’il fit la rencontre des officiers qui devaient s’illustrer au sein du mouvement des officiers libres21. Ainsi, excédé par la corruption et les décisions arbitraires, conjugués au scandale des armes de 1948 et à l’ingérence britannique dans la vie politique égyptienne, le mouvement des officiers libres, suite à un coup d’État expéditif, força l’abdication du roi Farouk en date du 23 juillet 1952 et mit en place d’un conseil de la révolution, composé de onze officiers sous la direction du général Muhammad Naguib22. Nasser écarta finalement Naguib du pouvoir en 1954 et devint, deux ans plus tard, le premier président égyptien élu au suffrage universel.

14 Ibid. 15 Ibid. 16 Dorothy Thompson, Op.Cit, p.117 17 Michel Marmin, Op.Cit., p.24 18 Ibid., p.23 19 Ibid., p.25 20 Dorothy Thompson, Op.Cit, p.118; Michel Marmin, Op.Cit., p.27 21 Dorothy Thompson, Op.Cit, p.118 22 Elikia M'bokolo, L’Afrique au XX e siècle; Le continent convoité, Paris, Éditions du Seuil, Collection Points Histoire, 1985, p.88 5

Quelques prémices du nassérisme

L'étude de la pensée de Nasser dans Egypt's liberation, s'avère révélatrice des premières orientations du régime. On s'ait d'abord, qu'il fut davantage qu'un simple militaire réactionnaire, ayant plutôt la conviction que l'action positive demeurait préférable à l'affrontement. Il explique d'ailleurs ce choix alors qu'il se questionne sur la justification de l'assassinat politique comme moyen d'action. Il écrit donc : Which is the better way to bring it about - to eliminate those who should be eliminated, or to bring forward those who should be brought forward? There on my bed I thought it through with flashes of understanding illuminating my reflections : yes, the important thing is to bring forward those who can build... We dream of the glory of our nation; it is necessary to build that glory.23

Cette distinction, entre la lutte armée et l'effort de changement, est d'ailleurs présente dans l'analyse que Nasser fait de la révolution. Comme celui-ci l'explique, «I can now state that we are going through two revolutions, not one revolution. Every people on earth goes through two revolutions : a political revolution by which it wrests the right to govern itself [...] and a social revolution, involving the conflict of classes»24. La spécificité du cas égyptien résidant, selon lui, dans la simultanéité desdites révolutions. «Peoples preceding us on the path of human progress have passed through two revolutions, but they have not had to face both simultaneously»25. Conséquemment, il entrevoit pour l'armée un rôle d'accompagnateur et de gardien de la révolution. Il écrit à ce propos : «This, then, is our role, the situation being what it is - to gather together the scattered and strayed parts to help them take one way, the right way»26 et «our role is that of a guardian, no more or less. And our guardianship is only for a specified and limited time»27. Notons d'ailleurs que cette supposé éphémérité de la tutelle militaire ne fut nullement observée, il fallut attendre plus d'un demi-siècle avant de voir les militaires transférer pour le pouvoir à une autorité civile en 2012.

Plus concrètement, Nasser orienta sa politique en fonction de l'appartenance géographique et culturelle de l'Égypte à une identité issue de sa théorie des trois cercles.

23 Gamal Abdul Nasser, Op. Cit., p.56 24 Ibid., p.39-40 25 Ibid., p.40 26 Ibid., p.71 27 Ibid. 6

Dans Egypt's liberation, il y consacre la troisième partie du livre, arguant que l'Égypte appartient d'abord à un cercle arabe, puis à un cercle africain et finalement un cercle islamique. En ce sens, il nous dit : «Can we fail to see that there is an Arab circle surrounding us - that this circle is a part of us, and we are a part of it, our history being inextricably part of its history»28. Il poursuit en disant : «Can we possibly ignore the fact that there is an African continent which Fate decreed us to be part of, [...] Can we further ignore, the existence of an Islamic world, with which we are united by bonds created by religious belief but also reinforced by historic realities?»29 Cette triple appartenance, combinée à la position centrale égyptienne au sein de ces trois cercles, explique le rôle providentialiste que Nasser conçoit pour l'Égypte. Il dit d'ailleurs : it seems to me that this role, exhausted by its wanderings, has at last settled down, tired and weary, near the borders of our country and is beckoning to us to move, to take up its lines, to put on its costume, since no one else is qualified to play it. [...] It is rather a role of interaction with and responsibility to all the above-mentioned factors [(les trois cercles)].30

L'analyse des politiques de Nasser en fonction de l'appartenance égyptienne auxdits trois cercles, rend possible l'explication de certaines caractéristiques des axes idéologiques du nassérisme. Ainsi, le rôle providentiel de l'Égypte permet de comprendre la forte tendance centralisatrice du panarabisme nassérien, ce qui mena d'ailleurs à l'éclatement de la République arabe unie en octobre 196131. Cela permet également d'expliquer certaines spécificités du socialisme arabe, celui-ci reposant sur une inféodation face à la direction de Moscou et une adaptation à la réalité culturelle arabe, islamique notamment32. Ces aspects sont donc explicables par le rôle centralisateur de l'Égypte ainsi que par la prise en considération de son appartenance au cercle islamique, bien que le discours nassérien présente une remarquable structure laïque33.

28 Ibid., p.85 29 Ibid. p.86 30 Ibid. p.88 31 Raymond Polin dir., Nationalisme et Universalisme, Paris, Presses de l‘Université de Paris-Sorbonne, coll. Civilisations, 1981, p.55 32 Maxime Rodinson, Marxisme et monde musulman. Paris, Éditions du Seuil, 1972, p.37 33 Marlène Abou-Chdid Nasr, dans : CORM, Georges. Le proche orient éclaté; 1956-2010. Paris, Gallimard, Folio histoire, 6e édition, 2012, p.274 7

Un socialisme embryonnaire?

Malgré que le socialisme ne tienne pas une place centrale au sein du nassérisme avant 1956, n'étant pas encore une politique officielle de l'État, Nasser se refuse à son simple rejet. Dans Egypt's liberation, traitant d'abord des causes sociohistoriques de la sujétion égyptienne, il émet le constat que celles-ci sont tributaires de la difficulté, qu'a la société, de s'arrimer à la modernité34. Selon lui, l'émancipation de la tutelle impérialiste doit se faire par le développement. Ainsi, pour atteindre la libération complète, «The way is that of political and economic freedom»35. Nasser semble d'ailleurs bien engagé sur cette voie, n'hésitant pas à recourir à certaine mesures socialistes. Il dit à ce propos : «When we moved along the path of the political revolution and dethroned Farouk, we took a similar step on the path of the social revolution by deciding to limit land ownership»36. Il justifie d'ailleurs l'utilisation de telles méthodes par le fait que «There were those among us who were owners of tens of thousands of acres, while others did not own as much land as would be enough for their graves»37, puis en se questionnant quant aux réajustements salariaux des fonctionnaires de l'État, à savoir : «was it possible to devote more than half of our budget to their salaries and thus make ourselves unable to allot forty million pounds for the productive projects we have already undertaken?»38

Malgré ces quelques épisodes d’inspiration socialiste par leur forme, notamment la réforme agraire, cette prise en main, par la population, de ses forces productives ne permit pas de la qualifier entièrement de mesure socialiste puisque la tiédeur des mesures n’entraîna aucune rupture notable avec les politiques du régime monarchique39 et que ladite réforme n’aboutit pas à la suppression de la propriété privée, visant davantage la suppression du féodalisme40. Bien que pavant la voie à une multiplication des politiques socialistes, surtout à partir des années 1960, la vision du régime nassérien est à l'origine peu axée sur des éléments issus du socialisme.

34 Gamal Abdul Nasser, Op. Cit., p.67 35 Ibid. p.71 36 Ibid. p.44 37 Ibid. p.74-75 38 Ibid. p.75 39 Mahmoud Hussein, L’Égypte; Lutte de classes et libération nationale 1945-1967, Paris, Éditions Maspero, Petite collection Maspero, 1975, p.155 40 L.V. Thomas, Le socialisme et l’Afrique; tome 2, Paris, Le livre africain, 1966, p.221-222 8

LES PILLIERS DU NASSÉRISME DANS EGYPT'S LIBERATION

À la lecture d'Egypt's liberation, on constate une prédominance de deux thèmes au cœur de l'idéal nassérien : la souveraineté (anti-impérialisme) et le panarabisme. Ces deux objectifs, bien qu'en partie liés, constituent les principaux axes idéologiques auxquels se réfère Nasser de 1952 à 1956. Voici donc comment ils les abordent.

L'idéal de la souveraineté

Selon Nasser, cette volonté d'émancipation de l'impérialisme est depuis longtemps présente en Égypte, comme le démontre cet extrait: ''O, Almighty God, may disaster take the English!'' (Ya 'Azeez, Ya 'Azeez. Dahiya takhud al- Ingleez). Later, I came to know that that phrase had come down to us from the days of the Mamelukes. Our forebears of that day had not used it against the English, but they used a similar one against the Turk : ''O God, The Self-Revealing! Annihilate the Turk!'' (Ya Rabb, Ya Mutajelle, Ahlik al-'Uthmanli) My use of it was but an adaptation of an old form to express a new feeling. The underlying constant continued the same never changing. Only the name of the oppressor was different.41 L’idéal de souveraineté est donc abordé dans l’optique où Nasser rêve, pour l’Égypte, d’une fin à l’ingérence impérialiste. Cet idéal, largement présent au sein du texte, est explicitement abordé lorsqu’il écrit : «There can be no doubt that all of us dream of an Egypt free and strong»42. Il estime d'ailleurs que l'impérialisme ne se limite pas aux seules puissances occidentales, accusant tout particulièrement Israël d'être un produit de l'impérialisme43.

Nasser prend conscience de l’omniprésence de l’impérialisme et sa menace dès 1948, lors de la guerre israélo-arabe, alors qu’il évalue la situation de son bataillon, assiégé à Falouja, il dit : «Down there below is where we are dug in and surrounded; here is the position of our battalion, and there are the other battalions with us in the line. Beyond are the forces of the enemy surrounding us; and beyond them, more of our forces, who are in turn encircled though less restricted in movement.»44 Il dit également «That imperialism is the great force that is imposing a murderous, invisible siege upon the

41 Gamal Abdul Nasser, Op. Cit., p.65 42 Ibid. p.49 43 Ibid. p.98 44 Ibid. p.96 9 whole region, a siege one hundred times more powerful and pitiless than that which was laid upon us in our trenches at Faluja, or that which encircled our individual armies and our capitals whence we received our orders.»45 Conséquemment, il réalise la nécessité d’une lutte commune, portée par l’ensemble de la région, afin de pouvoir en surmonter les obstacles, notamment le doute46. La mise en commun des efforts est donc selon lui le meilleur moyen d’obtenir la souveraineté complète. Comme il dit : «I do not doubt for a moment that our common effort will achieve for us and our peoples everything we desire. For I shall always maintain that we are strong. The only trouble is that we do not realize just how strong we are.»47

L’idéal de la souveraineté apparait donc comme étant primordial aux yeux de Nasser. Si l’on sait que ce désir d’émancipation devait résulter par la formation du non- alignement en 1961, celui-ci prend tout son sens dès 1955, Nasser refusant de signer le pacte de Bagdad, proposé par les Britanniques, visant à endiguer l’expansion soviétique dans la région48. Cette distanciation se concrétisa d’ailleurs davantage lors de la conférence de Bandung, où Nasser afficha une politique neutraliste à l’égard des Occidentaux et des Soviétiques, permettant de tirer parti de la rivalité qu’ils entretinrent49. Cela lui permit d’ailleurs, après d’infructueuses négociations avec Paris, Londres et Washington pour la signature d’un contrat d’armement, de conclure une entente avec l’URSS le 26 septembre 1955, par intermédiaire de la Tchécoslovaquie50. De plus, le 18- 19 juillet 1956, la conférence de Brioni consacra l’établissement du neutralisme positif, qui devint plus tard le non-alignement, renforçant l’instrumentalisation de la rivalité du bloc occidental et soviétique. La postériorité de ces évènements par rapport à la parution d'Egypt's liberation, explique toutefois qu’il traite alors de cet idéal selon une vision plus embryonnaire.

45 Ibid. p.103 46 Ibid. p.104 47 Ibid. p.105 48 Harvey Henri Smith, Area handbook for the (Egypt). Washington, Library of congress, 1970, p.58; Marc Michel, Décolonisations et émergence du tiers monde. Paris, Hachette, 2e édition, 2005, p.156 49 Mahmoud Hussein, Op.Cit. p.164 50 Jean Lacouture. 4 Hommes et leur peuples; sur-pouvoir et sous-développement. Op.Cit., p.109 10

L’objectif panarabe

Tout comme l’idéal de souveraineté, le panarabisme tient une place majeure dans l’ouvrage, Nasser en faisant un point central de sa vision. Bien qu’il conçoive également que l’appartenance égyptienne à l’Afrique et à l’Islam constitue des facteurs d’unité et de coopération, ce dernier estime que «There can be no doubt that the Arab Circle is the most important, and the one with which we are most closely linked.»51 Partisan de l’unité arabe, il explique la nécessité d’une telle unité par les liens historiques et culturels qui unissent les Arabes, comme en témoigne ce passage : «the fact that the Arab states are contiguous has joined them together in a geographical framework made solid by all these historical, material and spiritual factors.»52 Loin d’être surérogatoires selon lui, «these are fundamental realities with deep roots in our lives which we cannot – even if we try – escape or forget.»53 La vision panarabe de Nasser a toutefois la spécificité d’être centralisatrice, l’Égypte devant être le centre d’une telle unité, conformément au rôle providentiel qui lui est dévolue selon la théorie des trois cercles. Ainsi, pour lui, l’Égypte ne peut limiter son action à ses seules frontières, comme le démontre l’extrait suivant : «If anybody tells me that place for us means this capital where we live, I differ with him. And if anyone tells me that place for us means the political boundaries of our country, I also differ.»54

Cette dimension panarabe est, selon Nasser, bien présente chez lui dès son jeune âge, en raison notamment de l’effet unificateur de la cause palestinienne. Il écrit à ce sujet : So far as I can recall, the first glimmers of Arab awareness began to steal into my consciousness when I was a student in secondary school. I used to go out on a general strike with my comrades every year on the second of December to protest the Balfour Declaration […] And at that time, when I asked myself why I went out on strike with such zeal, and why I was angry about this act by a country I had never seen, I could find no answer except in the echoes of sympathetic emotion.55 Le conflit israélo-palestinien fut donc une source justificative visant l’unité arabe, comme le démontre l’empressement des officiers libres d’offrir leurs services au Mufti de

51 Gamal Abdul Nasser, Op. Cit., p.88 52 Ibid. p.85 53 Ibid. p.87 54 Ibid. p.84 55 Ibid. p.89-90 11

Palestine, suivant l’annonce de sa partition en 194856. Nasser explique cette attitude en disant que «The result was that when the Palestine crisis began, I was utterly convinced that the fighting there was not taking place on foreign soil, nor was our part in it a matter of sentiment. It was a duty necessitated by self-defense.»57 De plus, le témoignage de Nasser permet de constater que le sentiment panarabe entourant la question palestinienne, ait été relativement généralisé au sein de l’armée égyptienne en 1948. Ainsi, malgré une première réponse négative du gouvernement quant à l’entrée en guerre de l’Égypte, l’artillerie égyptienne commença tout de même à bombarder des positions israéliennes58. Finalement, toujours selon Nasser, la force de l’unité arabe réside dans ses nombreux liens matériels et moraux, la position géostratégique du cercle arabe et l’abondance de ses ressources pétrolifères59.

L’idéal panarabe connut son apogée lors de l’union de la Syrie et de l’Égypte sous l’égide de la République arabe unie, le 1 février 1958. Celle-ci devint ensuite les États Arabes Unis, lorsque le Yémen joignit l’union en mars 195860. Cette union se disloqua toutefois en décembre 1961, devant la trop grande centralisation de l’union par Le Caire61. Ainsi, on constate que de 1952 à 1956, le panarabisme constitue l’un des axes majeurs orientant la reconstruction nationale égyptienne.

L’Égypte révolutionnaire vue d’Occident

L’étude de la perception occidentale, américaine notamment, de l’Égypte nassérienne dans ses premières années, s’avère évocatrice de l’orientation de la reconstruction nationale égyptienne. Ainsi, selon le New York Times, l'Égypte révolutionnaire fut, dès 1952, perçue comme positive par Washington alors que Londres fut d'abord inquiète. Le lendemain de la révolution, on y lit que «There are no indications

56 Ibid. p.91 57 Ibid. p.90 58 Ibid. p.91-92 59 Ibid. p.106 60 Harvey Henri Smith. Op.Cit. p.59-60 61 Raymond Polin dir., Nationalisme et Universalisme, Paris, Presses de l‘Université de Paris-Sorbonne, coll. Civilisations, 1981, p.55 12 reaching here, it was said, to suggest that the removal of Ahmed Naguib El Hilaly Pasha and his replacement by Aly Maher Pasha would have any effect on 's policy toward the West in general or Britain in particular. It was regarded here as at least a possibility that the leader might be more agreeable to some link with a Middle East Command if his Army could be assured of more and better arms and equipment.»62 Toutefois, «Britain waits to see whether the new Government can assure the stability that Egypt needs for a settlement of her internal difficulties and her treaty dispute with London.»63 L'inquiétude britannique fit cependant place à un certain positivisme, comme en témoigne la signature du traité concernant le départ des troupes britanniques de la zone du canal, le 19 octobre 195464. De plus, malgré la participation de l'Égypte à la conférence de Bandnug, où furent émises certaines critiques de l'impérialisme, sous toutes ses formes, notamment de la politique française au Maghreb65, l'opinion occidentale de l'Égypte ne semble pas avoir été particulièrement ternie. Ainsi, le Time magazine du 26 septembre 1955, dit de Nasser que «Yet in the Western capitals, Nasser is still looked upon as Egypt's best hope for decent government»66. Cette perception de l'Égypte révolutionnaire fut toutefois remise en question dès le lendemain (27 septembre 1955), alors que l'Égypte dévoilait publiquement la signature d'un contrat d'armement avec la Tchécoslovaquie, négocié quelques jours plus tôt à Bandung67. Nasser rejeta ainsi les offres occidentales d'armement, celles-ci étant conditionnelles à la signature d'un traité de défense mutuelle ou, dans le cas français, d'une cessation des critiques de sa politique en Afrique du Nord, ce que refusait Nasser, préférant préserver la souveraineté égyptienne68. Conséquemment, on peut lire dans le New York Times, que «The United States and Britain were represented as afraid that if [Egypt] were successful this would alter the balance of forces in the Middle East»69. De plus, «for the first time Britain now saw the shadow of a major nonfriendly power

62 Daniel Clifton, «Position of Farouk is clouded by coup», New York Times, 24 juil. 1952, p.3 63 Maher Hilaly, «Egyptian general takes over in coup picks new premier», New York Times, 24 juil. 1952, p.1 64 Michel Marmin, Op.Cit., p.40 65 Tilman Durdin, «Bandung Parley ends in harmony; foes of red gain», New York Times, 25 avril 1955, p.6 66 [S.A.], Egypt’s Premier Nasser. Time magazine, Londres, Vol.66, 26 septembre 1955, p.25 67 Michel Marmin, Op.Cit., p.43 68 Thomas J. Hamilton «Egypt to obtain arms of Soviet; West concerned». New York Times, 28 sept. 1955, p.4 69 Ibid. p.1 13 threatening her traditional influence and prestige in the Middle East.»70 Ce changement d'attitude envers Le Caire est d'ailleurs notable par l'envoi immédiat d'un diplomate américain en Égypte pour questionner le régime nassérien71. On fait ainsi état de «a growing concern within the State Department over the security of the North Atlantic Alliance along its southern flank.»72 On considère également que «the Egyptians are naïve in assuming that Moscow will not take full advantage of this entering wedge to undermine British and United States authority in the middle East.»73 Les États-Unis et le Royaume-Uni redoutent alors un éventuel rapprochement de l'Égypte avec le bloc de l'Est, faisant suite au refus de Nasser d'axer sa politique sur celle du bloc occidental. Cette tendance neutraliste renforça d'ailleurs la position occidentale lors de la conférence de Brioni, où le «Marshal Tito and Premier Nasser endorsed the policy of ''peaceful and active coexistence and non-alignement''»74, au grand déplaisir des puissances occidentales, qui espérèrent un ralliement de l'Égypte à leur camp. De plus Nasser ne se priva pas d'appuyer la cause des Chypriotes grecs, qui réclamaient la fin de la présence britannique sur leur territoire, en plus d'avoir réitérer les résolutions issues de la conférence de Bandung75. En réaction, l'administration américaine se retira du projet de financement du barrage d'Assouan. «This represented a major policy decision of the United States Government. It meant that the re-examination of policy toward the neutralist regime of President Gamal Abdel Nasser, in progress for several weeks, had settled on a tougher line.»76 Ce revirement est également explicable par le fait que «the Egyptian regime appeared to be working against Western interests at every possible point - against the British in Jordan, Saudi Arabia and Cyprus, against the French in North Africa, and against the West generally in the interior of Africa. The regime propaganda seemed closely attuned to that of the Soviet Union.»77 Cette décision fut d'ailleurs imités par Londres le lendemain78, jetant ainsi les prémices de la célèbre crise de Suez.

70 Ibid. p.4 71 Elie Abel, «U.S. speeds envoy to question Cairo», New York Times, 29 septembre 1955, p.1 72 Ibid. 73 Ibid. p.10 74 Elie Abel. «Nehru Joins Tito, Nasser; Limits Conference Hopes», New York Times, 19 juillet 1956, p.1 75 Ibid. p.5 76 D. A. Schmidt, «US annuls offer of fund to Egypt to build high dam», New York Times, 20 juil. 1956, p.1 77 Ibid. p.3 78 Keneth Love, «Britain cancels Aswan dam offer in line with U.S.» New York Times, 21 juil. 1956, p.1 14

Le barrage d'Assouan étant jugé indispensable au redressement économique de l'Égypte, notamment par sa possibilité d'augmenter la surface cultivable et pour son potentiel électrique, nécessaire à l'industrialisation, Nasser, en réponse au retrait du financement anglo-américain, nationalisa le canal de Suez le 26 juillet 1956. Les revenus du canal devaient ainsi servir au financement du barrage d'Assouan et ainsi soustraire l'Égypte de l'ingérence occidentale. D'ailleurs, toujours dans le New York Times, Nasser «accused the World Bank of conspiring with the Western powers to ''trick Egypt into giving up her sovereignty.''»79 Cet épisode devait grandement détériorer ses rapports avec l'Occident; alors qu’un an plus tôt on considérait Nasser comme un dirigeant prometteur, il fut dès lors vue comme un dictateur plus dangereux qu’il ne paraît, un traître inexpérimenté et un fasciste comparable à Hitler80. Face à cette nationalisation, la compagnie universelle du canal de Suez s’empressa de faire pression sur les gouvernements français et anglais81, qui dénoncèrent l’initiative égyptienne et proposèrent la mise sous tutelle internationale du canal82. Devant le refus de Nasser, les français, qui entretenaient des relations déjà difficiles avec l’Égypte, en raison notamment des critiques visant son administration en Afrique du Nord, élaborèrent, avec les Britanniques et les Israéliens, une campagne militaire, qui prétexta une agression israélienne de l’Égypte afin d’intervenir dans la zone du canal83. Suivant le retrait franco- britannique, conséquence de la pression internationale, Nasser, auréolé de cette victoire, devint un leader incontesté du monde arabe, entraînant l'essor du panarabisme, notamment de 1958 à 1963, puis une distanciation d'avec le bloc occidental.

En bref, l'étude de la perception occidentale des premiers moments de l’Égypte nassérienne permet de constater une évolution. D'abord optimiste, l'Occident se méfia graduellement de l'Égypte, en raison de ses critiques de l'impérialisme et son refus d'un alignement au bloc occidental. Cet envenimement culmina par la nationalisation du canal de Suez, qui consacra le prestige du bikbachi, ouvrant la voie au leadership égyptien au sein du monde arabe, puis à une série de nationalisations, jusqu'en 1958.

79 [S.A.], «Nasser Retaliates Against West's Denial of Aid», New York Times, 27 juil. 1956, p.2 80 Michel Marmin, Op.Cit., p.47 81 Colin S. Anderson et Y. Desprez. «Après le coup de force». Bulletin décadaire : le canal de Suez, Paris, Bulletin No. 2324, p.3-4 82 [S.A.], British cabinet conclusions, Public record office, CAB128/30, 2 août 1956, p.4 83 [S.A.], British cabinet conclusions, Op.Cit. p.94 15

CONCLUSION Comme on a pu le voir par l’étude du parcours de Nasser, le raïs a été grandement influencé par la conjoncture égyptienne ante 1952. Il a ainsi pris conscience, notamment grâce à la question palestinienne, de l'existence d'une entité arabe, qu'il considère gangrenée par l'influence impérialiste. Aussi, son activisme et son implication militaire l'amena à croiser le chemin de certains militaires, dont certains socialistes, qui devinrent les futurs officiers libres et fomentèrent un coup d'État. D'ailleurs l'examen des orientations idéologiques du manifeste politique de Nasser : Egypt's liberation : philosophy of the revolution, permet de confirmer cette tendance panarabe et anti- impérialiste, tandis que peu de références sont faites au socialisme arabe, celui-ci prenant davantage d'importance après la crise de Suez de 1956. Nasser insiste toutefois sur l'importance du développement économique comme moyen d'accession à une souveraineté totale. De plus, il ressort de l'analyse de la perception occidentale de l'Égypte révolutionnaire, qu'en dépit d'une opinion d'abord modérément optimiste du régime des officiers libres, malgré certaines réticences anglaises, les relations entre l'Occident et l'Égypte se sont graduellement détériorées, en raison de la constante affirmation du positionnement anti-impérialiste puis neutraliste de Nasser. Cela tint d'ailleurs une place centrale dans la politique égyptienne, notamment lors de la conférence de Bandung, de l'officialisation du contrat d'armement égypto-soviétique et de la conférence de Brioni, entraînant le rejet occidental du financement du barrage d'Assouan, auquel Nasser répliqua par la nationalisation du canal et l'évacuation des derniers éléments britanniques en Égypte. L'élément panarabe, quoique loin de son apogée de 1958-1963, est également à la base de cette tension, tout particulièrement par l'appui égyptien aux causes palestinienne et algérienne. On peut ainsi affirmer que les principaux axes idéologiques ayant orchestrés les premiers pas de la reconstruction nationale égyptienne ainsi que sa politiques, de la révolution des officiers libres jusqu'à la nationalisation du canal de Suez, tiennent principalement du neutralisme et du panarabisme, le socialisme étant davantage postérieur à la crise de Suez, malgré certains éléments, tel la réforme agraire, profilant cette tendance à venir. De plus, la perception occidentale du régime, dépeint celui-ci comme étant d'obédience neutraliste et panarabe, entraînant une distanciation graduelle d'avec le bloc occidental. 16

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