Livraisons De L'histoire De L'architecture, 23 | 2012, « Varia I » [En Ligne], Mis En Ligne Le 15 Juin 2014, Consulté Le 07 Juin 2020
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Livraisons de l'histoire de l'architecture 23 | 2012 Varia I Jean-Michel Leniaud (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/lha/111 DOI : 10.4000/lha.111 ISSN : 1960-5994 Éditeur Association Livraisons d’histoire de l’architecture - LHA Édition imprimée Date de publication : 15 juin 2012 ISSN : 1627-4970 Référence électronique Jean-Michel Leniaud (dir.), Livraisons de l'histoire de l'architecture, 23 | 2012, « Varia I » [En ligne], mis en ligne le 15 juin 2014, consulté le 07 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/lha/111 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lha.111 Ce document a été généré automatiquement le 7 juin 2020. Tous droits réservés à l'Association LHA 1 SOMMAIRE Noir sur blanc Jean-Michel Leniaud Autour du cas d’Argent-sur-Sauldre: l’embellissement des grands chemins dans la seconde moitié du XVIIIe siècle Dominique Massounie et Vincent Dupanier Les bosquets de Versailles à la fin du XVIIIe siècle. Concevoir et parcourir les jardins de Versailles après la replantation Gabrielle Boreau de Roincé Le grand chenil de Versailles sous l'Empire Charles-Éloi Vial Le choix de l’unique. Un aperçu des politiques de sélection lors des ventes du mobilier des résidences royales Rémi Gaillard La maîtrise d’œuvre des halles de l’ancien marché de La Villette Florie Alard La Place Saint-Michel : Une composition monumentale hiérarchisée du Paris haussmannien Grégoire Alessandri Pierre-Charles Dusillion et l’architecture néorenaissance Joseph Specklin Entre modernité et traditionalisme la conservation et la restauration des monuments historiques sous le protectorat français au Maroc entre 1912 et 1925: l’exemple des médersas des quatre villes impériales Mylène Théliol La patrimonialisation du Maroc, entre tradition et rupture de l’héritage français Nadège Theilborie Livraisons de l'histoire de l'architecture, 23 | 2012 2 Noir sur blanc Jean-Michel Leniaud 1 La pluie de crédits qui s’est s’abattue sur la recherche universitaire au cours du dernier quinquennat a sorti la recherche universitaire dans les lettres et les sciences humaines de la résignation hargneuse ou complexée dans laquelle elle s’est longtemps complu. On s’épargnera ici toute allusion au mythe de Danaé autant qu’à la représentation qu’en donna Girodet dans sa Nouvelle Danaé : le ricanement voltairien n’offre rien que de négatif. Mais une question demeure incontournable : ces ressources nouvelles qui leur sont confiées, les autorités universitaires sauront-elles les gérer en pensant qu’elles en sont comptables devant la nation ? Ont-elles bien dans l’idée que si, dans une vingtaine d’années passées à gérer, sous l’empire des compétences élargies, des masses considérables de crédits, l’enseignement supérieur français n’a pas satisfait à ses obligations de concurrence internationale, il leur faudra s’en expliquer devant elle ? On espère que des audits rigoureux, efficaces et réguliers permettront de confirmer les espoirs que la France a formés. 2 Dans le cadre de la politique d’excellence désormais lancée au sein des pres (pôles de recherche et d’enseignement supérieur), dans les labex (laboratoires d’excellence) et dans les équipex (, une question mérite d’être clairement posée et résolue : quelle part respective réserve-t-on à l’enseignement supérieur et à la recherche ? Dès lors, en effet, que les universités se rapprochent des institutions destinées à la recherche, comment répartir les moyens et concilier les démarches ? Il ne suffit pas de créer de coûteuses chaires d’excellence destinées à l’accueil de personnalités médiatiques ni de rêver à la fondation de nouvelles revues, certes porteuses d’espoirs A+, mais avides de dépenses de fonctionnement, pour porter l’enseignement supérieur et la recherche au niveau auquel il aspire. 3 On a aussi inscrit au budget des pres et des labex des sommes considérables destinées à financer des contrats d’encadrements doctoral, au point que la lisibilité de cette politique d’incitation à la thèse risque d’en être brouillée. Mais que va-t-il en sortir ? On applaudit, certes, au projet démocratique d’inciter les étudiants de qualité à s’engager dans la voie de la thèse, voie dans laquelle la plupart, jusqu’à présent, fautes d’aides suffisantes, se lançaient à leurs frais et s’embourbaient longuement, contraints qu’ils étaient d’assurer leur subsistance par de "petits boulots" chronophages. On se réjouit Livraisons de l'histoire de l'architecture, 23 | 2012 3 aussi que, désormais, un nombre substantiel de thèses de qualité sera conduit à bonne fin en attendant leur publication hypothétique : la science française, chuan en est certain, y gagnera et le renom des directeurs de travaux, aussi. Mais le nouveaux docteurs eux-mêmes, que deviendront-ils à l’issue de leur soutenance, soit dans trois ou quatre ans, pour les premiers d’entre eux ? Pourront-ils accéder aux fonctions de maître de conférence ou aux postes équivalents du CNRS ? Certainement pas : le goulot d’étranglement n’ayant pas changé de diamètre, seule la concurrence deviendra plus vive et le recrutement, de qualité accrue. En fait, la plupart de ces nouveaux docteurs qui, pour la plupart, ne sont couverts par aucun statut de fonctionnaire (Capes ou agrégation), n’aspireront à d’autre issue qu’obtenir la rémunération de postdoctorant. Et comme, selon, toutes probabilités, ils ne l’obtiendront pas car les espoirs en la matière sont faibles, ils viendront grossir les rangs des demandeurs d’emploi. Dans trois ans donc, et les années suivantes, un redoutable problème social va se poser : des centaines de docteurs, âgés de vingt-cinq à trente ans, se retrouveront Grosjean comme devant en raison d’une programmation peu responsable des crédits d’excellence. 4 Que faudrait-il faire ? Probablement, revoir les rapports entre pres et labex de façon à déterminer des contours d’intervention spécifiques et clarifier le rôle de chacun. Avoir le courage d’énoncer, bien que l’une ne soit pas exclusive de l’autre, qu’une politique d’excellence ne vise pas à régler le problème social des études dans l’enseignement supérieur, fût-ce au niveau doctoral. Décliner clairement l’excellence selon qu’elle concerne l’enseignement supérieur et la recherche car, bien que liés, l’un et l’autre sont clairement distincts. Inciter les labex à devenir ce qu’il est indispensable qu’ils deviennent : des laboratoires durables dans le temps et coordonnateurs efficaces des acteurs et actions qui les composent. Et surtout, redéfinir le statut des chercheurs de façon que les docteurs contractuels puissent concevoir un avenir durable dans la recherche en sciences humaines. 5 Sana attendre qu’une réponse substantielle puisse être apportée à une question difficile et même, disons-le, sans avoir attendu qu’elle ait été posée, les Livraisons d’histoire de l’architecture ont participé, en publiant leur premières recherches, à la promotion de dizaines de travaux d’étudiants. Livraisons de l'histoire de l'architecture, 23 | 2012 4 Autour du cas d’Argent-sur-Sauldre: l’embellissement des grands chemins dans la seconde moitié du XVIIIe siècle Argent-sur-Sauldre: roads embellishments in France in the second half of the Eighteenth Century Die Verschönerung der Hauptwege in der zweiten Hälfte des 18.Jahrhunderts: Erwägung am Beispiel des Schlosses von Argent-sur-Sauldre Dominique Massounie et Vincent Dupanier « En 1764, je dévoilai le superbe plan qui a été exécuté: sans diminuer la longueur de la magnifique allée de Notre-Dame, je donnai à la façade du château située du côté du jardin la vue des prairies, des forêts, de plusieurs châteaux, de trente-deux clochers et de la ville d’Elbœuf; je conservais en pointe, sur la droite, la vue des clochers de la cathédrale de Rouen, et je ménageai en pointe, sur la gauche, la possibilité d’ouvrir une avenue à travers le village jusqu’au clocher de Saint-Aubin-la-Campagne […]. À l’égard de la façade du côté de la cour, je traçai une belle cour d’honneur et des basses-cours latérales de cent toises de longueur entre deux parties de jardins, ainsi qu’une avant-cour de 90 toises en rond, et une avenue de 30 toises de largeur, avec deux allées de pattes d’oie de 50 pieds chacune, toutes les trois ayant leur vue sur la grand’route de Paris par en haut1. » Livraisons de l'histoire de l'architecture, 23 | 2012 5 1 En 1764, l’idée que se faisait le marquis Jean-Pierre-Prosper Godart de Belbeuf, procureur général au Parlement de Rouen, de son château était celle d’une demeure classique édifiée au centre d’un dispositif paysager parfaitement géométrique, destiné à lui procurer de belles perspectives, depuis les espaces de réception de sa maison, tout en affirmant la domination du seigneur sur le territoire. L’œil du châtelain s’étendait au plus loin sur un paysage ordonné et prospère. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, nombreux sont les exemples de mises en scène spectaculaires de châteaux nouvellement édifiés: on retiendra les dispositifs imaginés à Brienne pour le cardinal de Loménie, à Chagny, demeure des Clermont-Montoison, sur le chemin de Beaune à Chalon-sur-Saône, ou encore à Scey-sur-Saône, demeure des ducs de Bauffremont. Christophe Morin, dans un ouvrage consacré aux communs des châteaux, développe très largement la question du rapport entre château et territoire, en des termes esthétiques2. Dès 1742, le duc de La Rochefoucauld pour le village de La-Roche-Guyon et, à partir de 1752, le ministre Machault pour le village d’Arnouville, montraient l’exemple du seigneur bienfaiteur: l’intérêt qu’ils portaient au bien-être des villageois s’exprimait par la construction d’une fontaine, d’un lavoir, la création d’une place et son pavement, la construction d’une église.