« Résister est un verbe qui se conjugue au présent » (Lucie Aubrac)

N° CPPAP 0924 A 07130 3 € 4e trimestre 2020 – parution : 31/1/2021 n° 160

Continuer d’ agir La tombe de Julio ÁLVAREZ DEL VAYO est sauvée ! utilement ! L’Espagne d’aujourd’hui doit honorer tous ceux qui ont lutté pour la Liberté Bonjour à tous et bonne année nouvelle . L e 20 novembre 2020, nous avons ouvert une Nous avons aussitôt effec- Notre traditionnel bulletin d’adhésion, présenté souscription pour sauver la tombe de celui qui tué les démarches néces- en page 16, rappelle comment l’AAGEF-FFI est fut ministre des Affaires Étrangères de la Ré- saires pour que la Chan- organisée. Nous avons envoyé à chacun des publique Espagnole en 1936-1939 (cf. bulle tin cellerie d’Espagne à Ge- adhérents directs l’habituel courrier d’appel à n° 159). Immédiatement nous avons reçu de nève soit habilitée à inter- cotisations (25 € / an) ; recueillir celles de nos nombreux soutiens financiers et moraux de- venir auprès du cimetière membres regroupés localement, incombe à nos puis la et l’Espagne. En parallèle, nous concerné en lieu et place sections départementales. A toutes les avons poursuivi nos démarches en direction de l’AAGEF-FFI. Simulta- personnes et toutes les sections, grand merci du gouvernement espagnol, avec l’appui réso- nément, nous avons pro- pour vos retours, nombreux en cette période. lu de diverses entités, notamment l’ensemble cédé au remboursement Néanmoins, ce message s’adresse à tous d’ associations et groupes politiques réunis des dons reçus depuis nos lecteurs , adhérents ou non : à tous ceux comme Encuentro de Memoria Histórica y de l’appel du 20 novembre qui nous soutiennent, nous exprimons la Víctimas del Franquismo . A tous nous (en cas d’incident , prière chaleureuse gratitude de notre association. adressons nos chaleureux remerciements . d’écrire à : [email protected] ). L’argent recueilli, nous l’employons au mieux. L’action collective a réussi . Dès d imanche Nous encourageons le Nos bulletins témoignent de l’intensité de nos 29 novembre, Fernando Martínez López, Se- gouvernement espagnol à activités, entièrement accomplies par des cretario de Estado de Memoria Democrática , poursuivre dans cette di- bénévoles, quoi qu’elles coûtent. Nous a adressé un courriel circonstancié à rection : rendre hommage, su pportons de lourds frais pour l’information et l’AAGEF-FFI dans lequel il déclare : « Nuestro officiellement à ces grands la correspondance, les déplacements, les compromiso de colaboración con respecto al d’Espagne que furent, manifestations et les cérémonies. Rares et mantenimiento y dignificación de la tumba de Juan Negrín comme Ma- faibles sont les subventions. Álvarez del Vayo es firme. » et exprime la vo- nuel Azaña, Luis Fernán- lonté du gouvernement espagnol de prendre dez comme Joan Bláz- Votre soutien financier est précieux ! la relève de l’AAGEF-FFI pour la maintenance quez, Conrad Miret com- Nous avons besoin de davantage de moyens de la sépulture. Il conclut : « me gustaría me José Barón… et tant - et d’être plus nombreux, bien sûr - pour acometer conjuntamente con vosotros una d’autres, où que se trou- mieux accomplir nos missions au service des dignificación de la tumba y participar en vues- vent leurs dépouilles. idéaux et de l’Histoire des guérilleros. tras actividades. Hecho que podemos comen- Déloger le franquisme Depuis des décennies, notre association se tar en las próximas semanas. ». c’est aussi ramener los ol- rend utile, forte de son attachement aux Lundi 30 novembre, le leader de Unidas Po- vidados , leurs actes et valeurs républicaines et antifascistes, forte de demos , Pablo Iglesias, a appelé le président leurs idéaux, à la lumière son pluralisme idéologique enraciné dans de l’AAGEF-FFI pour apporter son soutien et de la connaissance et de la Résistance . Ce pluralisme qui indispose exprimer sa satisfaction quant à l’engagement la reconnaissance . quelques grincheux sans passé ni bilan . gouvernemental. Mardi 1 er décembre, le jour- Le bureau de l’AAGEF-FFI : Peut-être pouvez-vous nous rejoindre ? Ou nal digital Público a titré : « el gobierno se Alberto Antolín bien verser, de temps à autre, à notre compromete a pagar la tumba del exministro Joan Fabra souscription permanente, 10, 15, 20 €… ? De de la II República, Álvarez del Vayo, en Gine- Henri Farreny sorte que nous puissions mieux continuer bra ». Et sous-titré : « El secretario de Estado Jacques Galván l’œuvre de connaissance voulue par nos aînés. de Memoria Democrática ha confirmado a la Jeanine García José González Jacques Galvan Henri Farreny Asociación de exguerrilleros españoles en Raymond San Geroteo trésorier national président national Francia que el Estado se hará cargo. ». Chantal Semis P. 2 Boléro-Paprika : poursuivons l’action P. 8-12 : nouveaux portraits d’étrangers héros de la Résistance En raison de la pandémie, P. 2-7 Rivesaltes : début de concertation toutes les activités sont per- P. 7 Pyrénées Atlantiques, Yonne, Ariège turbées. Les nôtres aussi. Dont l’organisation et/ou la P. 13 Disparitions : Jordi Riera, Julia Tapia participation aux réunions et P. 14 Le Vernet : Les oubliés de la Toussaint manifestations. Sans renon- P. 15 Dans les livres cer, protégeons-nous. Boléro-Paprika : quand la France faisait le jeu de Franco (1950-1975) Mémorial de Rivesaltes :

Le Conseil Régional d'Occitanie a voté * le Jusqu’ici (31/1/2021) , pas un mot sur ce vœu la concertation demandée en 2015 19 novembre 2020 un vœu intitulé : Pour un dans L’Humanité , Le Monde , Libération , etc. a commencé en octobre 2020 geste de justice, de réparation et de grati- Mardi 26 janvier 2021, sur proposition d e Le « Mémorial du camp de Rivesaltes » a été tude envers les espagnols résistants FFI . Jean-Jacques Mirassou (l’un des sénateurs à inauguré en deux te mps, les 16 et 19 octobre Ce vœu demande aux Autorités ** de l'État : l’origine – 2013 – de la Journée Nationale de la Ré- 2015. Auparavant, les 27 mars et 22 mai 1) Que soit abrogé l’arrêté prononçant la dis- sistance , célébrée les 27 mai), le Conseil Dépar- 2015, le Conseil de pilotage du CIIMER *, re- solution de l’Amicale des Anciens FFI et R é- temental de la Haute-Garonne, a adopté à présenté par Carmen Negrín, présidente, et sistants Espagnols , pris le 7 octobre 1950 par l’unanimité le vœu suivant (extrait) : Henri Farreny, secrétaire, avait écrit au prési- le ministre de l’intérieur, paru au J. O. de la « […] le 7 octobre 1950, un Arrêté malvenu du dent du Conseil régional de Languedoc- République Française le 11 octobre 1950 ; Ministère de l’Intérieur prononçait la dissolu- Roussillon, Damien Alary, pour demander à le 2) Que, dans un devoir d'honneur et de jus- tion de l’Amicale des Anciens FFI et Rési s- rencontrer et présenter des observations sur tice, des excuses soient officiellement prése n- tants Espagnols. Depuis 1976 […] les anciens les orientations annoncées. tées par la République Française aux pe r- résistants espagnols ont pu se regrouper sous Le bulletin AAGEF-FFI n° 138 (30 juin 2015) sonnes et aux familles qui ont eu à souffrir de le nom […] (AAGEF-FFI) ; pour autant, ils pen- a publié l’intégralité de ces courriers. Le prési- ces sanctions indignes ; sent, à juste titre, être victimes d’un préjudice dent Alary répondit évasivement tandis que la 3) Que soit ré-ouverte, à titre exceptionnel, la moral et politique . […] cette association de- directrice du Mémorial ne daignait même pas procédure d’examen des demandes d’homolo - mande aux autorités gouvernementales que transmettre des invitations aux responsables gation des unités combattantes de guérilleros l’Arrêté de dissolution du 7 octobre 1950 soir du CIIMER (ni aux principales associations af- espagnols qui sont restées en instance d’exa - rapporté, c’est-à-dire annulé . […] Tel était l’ob- filiées à celui-ci !) pour aucune des deux mani- men pour cause de forclusion, notamment dans jet du vœu déposé par mes soins en janvier festations inaugurales. l’Aude, le Gers et les Pyrénées Orientales ; 2016 et voté à l’unanimité par votre Assem- Le bulletin AAGEF-FFI n° 140 ( 31 décembre 4) Que l’Office National des Anciens Combat- blée. Or depuis rien n’a été fait du côté des 2015), relevait avec précision plusieurs graves tants et Victimes de Guerre soit charg é d’une gouvernements successifs à ce sujet. C’e st la défauts constatés sur le site. Il demandait que campagne d’information quant à la contribu- raison pour laquelle il convient, une nouvelle le « récit en taché d’erreurs, de lacunes et de tion spécifique des formations de guérilleros fois, de relayer la demande des Anciens Guéril- non-dits » soit ajusté « sans tarder, avec ri- espagnols à la Résistance intérieure, en lien leros Espagnols en France auprès du Ministère gueur » et proposait de « Renforcer le Conseil avec le Mémorial du camp de Rivesaltes. concerné. C’est l’objet de ce nouveau vœu. ». Scientifique par la pluralité des qualifica- tions ». Malgré une visite d’une délégation du * Exposé des motifs et cadre : cf. bulletin n° 159 . Merci au Conseil Départemental de la Haute- Seul le Rassemblement National a voté contre. Garonne et au Conseil Régional d’Occitanie. CIIMER ** en mars 2016, aucune suite ne fut donnée aux propositions de concertation. ** Prés. de la République, 1 er Ministre, Ministre dél. à Poursuivons l’action la Mémoire et aux Anc. Combattants, Prés. de l’As- A l’été 2020, Joseph-François Pellissa inter- semblée et du Sénat, Préfet de la Région Occitanie. Faisons connaître ces vœux pour inspirer des vint au nom de l’AAGEF-FFI auprès de Carole prises de position analogues : régions, dépar- La Dépêche du Midi a dignement rendu Delga, présidente de la Région Occitanie, qui tements, communes , parlementaires, maires compte de ce vœu, de haute signification, décida de provoquer la rencontre jamais obte- et tous autres élus, associations, etc. dans ses éditions digitales et papier. L’article nue depuis 5 ans. Le CIIMER lui a adressé le positif compte-rendu publié ci-après (p. 3-7). de Philippe Émery rappelle qu’en septembre 1944, le général de Gaulle, en visite à l’hôpital Ont participé à l’échange, 1) au titre du Mé- La Grave de avait déclaré : « Guéri l- morial du Camp de Rivesaltes : ● Denis lero espagnol, je salue en toi tes vaillants 2 Peschanski, président du Conseil Scientifique , compatriotes […] Par le sang versé pour la Li- 1 ● Françoise Roux, administratrice, 2) au titre berté et pour la France, par tes souffrances, tu du CIIMER : ● Henri Farreny , président du es un héros espagnol et français. ». Sous le 1:Tomás Ramírez 2: Luis Fernández (général FFI) Conseil de Pilotage et président de l’AAGEF- sous-titre : « Banco pour Franco », il note Notre camarade Thomas Ramírez, nous a FFI), ● Carmen Negrín Orellana, vice- que : « Cette répression choquante, lancée transmis cette photo sur laquelle apparaissent présidente du Conseil de Pilotage et prési- par un gouvernement de centre -gauche prési- certains des résistants espagnols persécutés dente d’honneur de la Fundación Juan Ne- dé par René Pléven (UDSR) suscita de nom- par "Boléro-Paprika", dont son grand-père . grín ), ● Raymond Cubells, président de l’Ami- breuses manifestations d’indignation. ». Nous la commenterons au prochain numéro. cale des Anciens Internés Politiques et Résis- tants du Camp de Concentration du Vernet. De gauche à droite : Jaime Nieto, Joan O Blázquez (général FFI), José Fernández nt assisté à l’échange, au titre du CIIMER et des associations membres : ● José Gonzalez , président du Comité d’Animation du CIIMER , président de l’Amicale du Camp de Concen- tration de Septfonds et autres sites de la Mé- moire de l’Espagne Républicaine de Tarn-et- Garonne (MER82), ● Sidonie Bakeba Far- reny, ● Lina Cubells Soulan, ● Joseph- François Pellissa, ● Jean-Jacques Soulan. * Union internationale d’associations, le CIIMER comptait alors 47 associations. Depuis 2011 son siège est situé dans l’ancienne gare de Borredon (Montalzat) qui desservait le camp de concentration de Septfonds (Tarn-et-Garonne). ** La délégation du CIIMER, conduite par Carmen Negrín, comprenait : Nadine Cañellas, Henri Far- reny, José Gonzalez, Chantal Semis, Miquel Vives. - page 2 - Suite en page 3 Suite de la page 2 Vidéo-réunion 20/10/2020 entre Mémorial du Camp de Rivesaltes et CIIMER , notes et propositions

Sur l’objet et les circons tances précis, a reçu une réponse partiellement e n- le terme "camp d’internement" est le mieux de la rencontre courageante. L’administration du Mémorial a adapté. Les historiens espagnols, dans leur informé le CIIMER qu’elle réalisait un enregis- grande majorité, préfèrent utiliser le te rme Message de la Présidente de l’Établissement trement de la vidéo-rencontre mais ne le lui a de "camp de concentration" ». Public du Mémorial du Camp de Rivesaltes , pas transmis, malgré la réitération de la de- Présidente du Conseil Régional d’Occitanie, Comme déclaré explicitement lors de la vidéo- mande. Le verbatim des échanges peut-être adressé à l’ AAGEF-FFI le 10 septembre 2020 : réunion, il convient d’attirer ici l’attention de la demandé à : [email protected] Présidente de la Région Occitanie, Présidente « Vous m’avez interpelée à propos des conte- Synthèse des échanges aussi de l’Euro-région Pyrénées-Méditerranée : nus de l’exposition permanente du Mémorial Propositions du CIIMER • Blaise Pascal écrivait voici 350 ans : « Véri- du Camp de Rivesaltes concernant le trai- té en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » ! tement de la partie consacrée à la guerre 1. Sur l’appellation C’était une invitation à la cohérence logique. d’Espagne et au sort réservé aux espagnols des camps de concentration : • dans les camps du Roussillon. plutôt que censurer la dénomination his- Nombre d’ « historiens français » sont Je vous propose d’organiser à ce propos un torique, mieux vaut travailler à exprimer d’accord avec « les historiens espagnols et échange avec Denis Peschanski, Président des interprétations complémentaires catalans ». Par exemple, Jean-Claude Far- du Conseil Scientifique du Mémorial du cy a publié « Les camps de concentration Les représentants du CIIMER ont regretté de la Première Guerre mondiale », Paul Lé- Camp de Rivesaltes, de manière à ce que que, depuis l’ouverture du Mémorial , en oc- nous puissions faire converger nos dé- vy a publié « Un camp de concentration tobre 2015, jusqu’à aujourd’hui, l’expression français : Poitiers 1939-1945 » et Maurice marches pour transmettre au public, aux historique camp de concentration a été cons- jeunes en particulier, la mémoire vibrante Rajsfus : « Drancy : un camp de concentr a- tamment exclue de sa communication et de tion français ordinaire – 1941-1944 ». de cette période en Occitanie. ses manifestations. J’ai demandé à mes services et à la direc- Le CIIMER n’exige évidemment pas l’emploi Curieuse justification : pour les camps fran- tion du Mémorial d’organiser cette rencontre systématique de la dénomination camp de çais, camp d’internement devrait être substitué dans les meilleurs délais. Néanmoins, en concentration mais il s’élève contre sa cen- à camp de concentration juste pour « les dis- raison des conditions sanitaires actuelles, il sure, comme nombre d’associations compé- tinguer des camps allemands ou des camps semble préférable d’organiser cet échange tentes et nombre de spécialistes du sujet. soviétiques » ? Car la distinction est évidente en visioconférence. ». Cf : Manifeste Camps de concentration français dès qu’il est précisé : camp de concentration (aussi : bulletin AAGEF-FFI n° 146, 2017) français, camp de concentration allemand, Questions présentées par le Président du camp de concentration soviétique. Conseil de Pilotage du CIIMER au Président Les représentants du CIIMER ont posé la du Conseil Scientifique du Mémorial du Camp question : Le CIIMER , n’étant pas plus convaincu que « les historiens espagnols et catalans » et de Rivesaltes , le 13 octobre 2020, en réponse « Pourquoi cette volonté farouche que nombre d’ « historiens français » par des « ou- au courriel du 6 octobre par lequel la direction l’expression camp de concentration n’appa - tils conceptuels » qui semblent faiblement du Mémorial demande au CIIMER « une note raisse nulle part dans les documents aff i- fondés, propose que soient expliquées synthétique des points que vous souhaitez chés ou produits par le Mémorial ? ». aborder lors de cet échange » : l’histoire et la géographie des divers camps de Le Président du Conseil Scientifique du Mé- concentration, ainsi que l’évolution de la dé- « A. Que peut-on faire pour que le signale- morial a répondu : nomination selon les époques et les latitudes ; ment d’éventuelles erreurs ou lacunes dans « l’historien se construit des outils, des outils par exemple, le matériel exposé au Mémorial ou diffusé conceptuels pour analyser et décrire le réel ● que soient commentées les appellations of- par lui, puisse être pris en considération, et, c’est tout. Donc j’ai considéré, comme la ficielles camps de concentration qu’em- s’il y a lieu, induire des corrections ou com- plupart des historiens […] comme tous ceux ployèrent le ministre de l’intérieur Albert pléments ? qui travaillent sur le sujet en France […] on Sarraut (en février 1939, avant Pétain) et le B. Est-il possible d’organiser avec le Mémo- a défini des camps d ’internement, des ministre de l’intérieur Marcel Peyrouton (en rial , sur place ou par voie télématique, des camps de conc entration et des camps janvier 1941, sous Pétain) ; d’extermination ». présentations de points de vue et des dé- ● qu’il soit signalé que c’est du camp de con- bats sur des sujets tels que, par exemple : Le CIIMER a rappelé que lors d’un colloque centration pétainiste des Alliers (Angou- a. la notion de camp de concentration en tenu en 2004 à Bram (Aude), répondant au lême) que partit, le 20 août 1940, le premier France et ailleurs professeur Jordi Planes (université de Barce- convoi de civils d’Europe occidentale desti- lone) qui critiquait la substitution de « camps b. camps de concentration français et né au camp de concentration hitlérien de d’internement » à « camps de concentration », Résistance, Mauthausen ; le Président du Conseil Scientifique avait don- ● qu’il soit divulgué que le camp de concen- c. camps de concentration français, anti- né cette explication : chambres de la déportation tration français du Vernet, antichambre de « il y a une distorsion, une sorte de décalage la déportation de milliers de personnes, d. camps de concentration français et ra- entre le vocabulaire qui est utilisé non seul e- mais aussi un des creusets de la Résis- patriements forcés ment par les témoins mais par les historiens tance étrangère en France, devint un camp C. Est-il possible que les associations puis- espagnols et catalans et le vocabulaire qui de concentration allemand (nazi) à compter sent présenter au Mémorial leurs re- est utilisé par les historiens français ». du 9 juin 1944. cherches et productions (publications, ex- Selon les actes du colloque (édition : Archives Le CIIMER estime qu’il n’est pas correct positions…) ? départementales de l’Aude, p. 46), il ajouta : d’éliminer l’appellation générique camp de D. Est-il possible d’ouvrir le Conseil scienti- « Les historiens français utilisent le terme de concentration , dès lors que son usage admi- fique du Mémorial à une plus ample repré- camp d’internement pour parler de ces nistratif originel est attesté en France métropo- sentation des compétences et domaines de camps, ce qui permet de les distinguer des litaine et en Afrique du Nord, de même qu’en travail ? ». camps allemands ou des camps soviétiques Allemagne : konzentrationlager et en Es- La question A, après débat autour d’exemples […] Comme historien français, je trouve que pagne : campos de concentración . - page 3 - Suite en page 4 Suite de la page 3 Vidéo-réunion 20/10/2020 entre Mémorial du Camp de Rivesaltes et CIIMER , notes et propositions

Par contre il est pertinent de l’assortir de qu a- lifications complémentaires. Les camps de concentration français étaient indubitablement des camps de prisonniers (formulation plus claire, moins édulcorante, que camps d’inter- Photo prise le 18 octobre 2020 nement et plus juste quand il s’agit de camps Quoique signalée dès l’ouverture, en plein air !). Certains furent des camps ré- en 2015, l’erreur est toujours là pressifs . Plusieurs furent des antichambres de la déportation . Dans divers cas, l’appellation administrative, originelle, « camp de concentration » est com- plétée par une appellation interprétative, pos- térieure, telle que camp d’extermination ou cette collection soit incluse dans une expos i- fique lorsque le 15 octobre 2015, à la veille de centre de mise à mort . En transcrivant tion à vocation internationale. l’inauguration du Mémorial, il déclarait es qua- l’Histoire on doit expliquer que tel « camp de Le CIIMER a accueilli la Directrice du Mémo- lité dans l’Humanité : concentration » fit fonction de camp rial en 2018 en Gare de Borredon, lui a pré- « En fait, à la différence de ceux qu’on appelle d’extermination (éventuellement même : senté ses activités, dont les Journées an- les "camps de la Retirada", construits ou centre de mise à mort ) ; dans ce cas, il fut à la nuelles intitulées : Camps de concentration de mobilisés juste après la défaite de la Répu- fois camp de concentration et camp France et d’ailleurs ainsi que des propositions blique espagnole en 1939, Rivesaltes ouvre d’extermination . de coopération : conférences, tables rondes, plus tardivement. ». Concernant l’appellation camp de concentra- expositions. Sans suite. L’interview est accessible ici : tion appliquée à Mauthausen, le CIIMER con- En 2019, la Fiesta de la Libertad , à Montalzat, sidère qu’elle ne suffit pas à elle seule à ca- http://www.humanite.fr/rivesaltes-memoire- qui présentait l’originalité de commémorer ractériser ce qui s’est passé en ce lieu. Car des-camps-francais-586848 simultanément les 80 ans de La Retirada et plus de la moitié des centaines de milliers de Cette erreur est grave. Pas seulement en elle- de l’enfermement dans les camps , les 80 ans personnes déportées à Mauthausen y ont péri. même, mais parce qu’elle masque une chaîne de l’entrée en guerre de la France et les 75 La réflexion en vue d’adjoindre une qualifica- d’évènements de première importance qui ont ans de la Libération de la France , a été tota- tion interprétative, pourrait envisager la notion suivi la fin de La Retirada : lement ignorée dans la communication du d’ extermination de fait (si ce n’est d’intention). Mémorial du Camp de Rivesaltes et par suite Juan Negrín repassa de France en Es- 2. Ouvrir le Mémorial dans la communication du Conseil régional. pagne le 9 février. Le 27 février, la France à la diversité des savoirs reconnut le « gouvernement de Burgos ». 3. Consulter, écouter et dialoguer : Le jour même, profondément déçu, le prési- L’Occitanie porte de nombreuses cicatrices de une nécessité pour faire mieux dent Manuel Azaña démissionna. Le 5 mars l’univers concentrationnaire du 20 e siècle. La Région Occitanie est attachée à la qualité il s’ensuivit un violent soulèvement militaire Elle est riche de foyers de mémoire, de savoir de ses interventions dans les domaines cultu- à Madrid contre le gouvernement de Juan et de recherche, concernant les camps et le rel et éducatif. Dans ce but, la pensée unique Negrín. La victoire de la coalition fasciste contexte historique de leur avènement : la n’est pas de mise. s’en trouva facilitée. Guerre d’Espagne, la Drôle de Guerre, Il convient de consulter suffisamment, de Le fait que le gouvernement français ait l’Occupation, la Résistance, la Guerre prendre en considération les critiques et d’y pactisé avec les factieux puis ait abandonné d’Indochine, la Guerre d’Algérie... répondre. le gouvernement républicain espagnol ne Établissement public de Coopération Culturelle, devrait pas être occulté. le Mémorial du Camp de Rivesaltes doit favori- 3.1 Graves erreurs anciennes Cette erreur a été malencontreusement re- ser les débats pluralistes en relation respec- Depuis l’ouverture du Mémorial, voici 5 ans, produite dans le journal de la Région, paru tueuse avec ces divers foyers, sans exclusive. de grossières erreurs demeurent en exposition permanente sur le site, alors qu’elles ont été début 2019, qui évoquait La Retirada . Elle au- Le CIIMER renouvelle sa volonté de coopéra- rait pu être évitée si le CIIMER avait été en- tion avec le Mémorial du Camp de Rivesaltes et plusieurs fois signalées, notamment lors de visites de délégations du CIIMER , le 19 oc- tendu quand il a présenté au Conseil Régional plus largement avec les secteurs culturels, édu- son projet de manifestations pour 2019. catifs et patrimoniaux de la Région Occitanie. tobre 2015 puis le 15 mars 2016. Voici deux erreurs qui ont été rappelées lors de la vidéo- N.B. Il convient de noter que ce 20 octobre Les associations et les personnes qui agis- réunion du 20 octobre 2020. 2020, le Président du Conseil scientifique a sent avec le CIIMER peuvent contribuer, sur déclaré : site ou par voie télématique, à des confé- 3.1.1 Confusion entre La Retirada rences, tables rondes, présentations de livres, et la fin de la Guerre d’Espagne « … Ce que vous dites sur février 1939, j’ai toujours parlé de Madrid, j’ai toujours parlé films, expositions. La photo ci-dessus a été prise le 18 octobre de Valence, des départs vers l’Afrique du e 2020. Le panneau intitulé « La Retirada » af- Il a été rappelé que pour le 80 anniversaire Nord… Donc je ne crois vraiment pas qu’on firme à tort que « la défaite républicaine » a eu de La Retirada , commémorée en 2019, puisse dire que ça s’arrête là simplement… lieu en « février 1939 ». l’ Amicale des Anciens Internés Politiques et […] S’il y a une erreur de ce type-là, je Résistants du Camp de Concentration du Ver- Certes La Retirada se termine à la mi-février m’étonne quand même, je vais quand net , qui dispose d’une précieuse collection de 1939. Mais la « victoire des troupes fran- même regarder de près. ». 200 dessins originaux réalisés en captivité par quistes » (soutenues par les troupes de trois une dizaine d’artistes, avait proposé de pré- états fascistes : l’Allemagne, l’Italie et le Portu- senter une conférence et une exposition à Ri- gal, il conviendrait de le dire) n’est proclamée vesaltes. En vain. que le 1er avril 1939. Six semaines plus tard. A l’inverse, le musée toulousain des Abattoirs a L’erreur sur ce panneau est conforme à celle sollicité l’association pour qu’une partie de commise par le Président du Conseil Scienti- - page 4 - Suite en page 5 Suite de la page 4 Vidéo-réunion 20/10/2020 entre Mémorial du Camp de Rivesaltes et CIIMER , notes et propositions

3.1.2 Datation défectueuse quant au début 2010 par : Musée Mémorial du Camp de Riv e- cités que : « dès les premières paroles on s i- de la relégation au camp de Rivesaltes saltes - Conseil Général des Pyrénées Orien- tue la Guerre d’Espagne pour ce qu’elle était :

Depuis l’inauguration du Mémorial , le 16 oc- tales , on lit : une guerre internationale contre le fascisme ». tobre 2015, il y est affirmé que : « 14 janvier • p. 29, « 5 février 1940 Rivesaltes - For- Ils ont souligné que les auteurs du film ont pris

1941 – Les premiers internés arrivent au camp mation de deux compagnies de travail- soin de ne pas censurer mais, au contraire, de Rivesaltes ». leurs espagnols, soit 500 hommes prove- prononcer haut et fort la dénomination camps de concentration . Car, Campos de concentra- nant des camps d'internement du Barca- rès, de Saint-Cyprien et d'Argelès. » ción , tel était le titre du livre que Josep Bartolí et Narcis Molins i Fábrega publièrent en 1944 au • p. 29, « 30 avril 1940 Rivesaltes - Arrivée Mexique et qui fut réédité en 2007 en Espagne. depuis un mois de 642 espagnols "mili-

ciens internés" et départ d'une compagnie Dans l'Humanité du 15 octobre 2015 (réfé- de travailleurs espagnols. » rence déjà citée), à la question : « Quand le • p. 31 : « 6 septembre 1940 Rivesaltes - camp de Rivesaltes a-t-il été créé ? », le Pré- Départ le matin de brigadistes internatio- naux de la guerre civile d'Espagne vers sident du Conseil scientifique a répondu : « Les premiers convois d’internés arrivent le Albi, "en vue de leur remise aux autorités

14 janvier 1941. ». allemandes" ; » Le CIIMER a immédiatement contesté ces af- Il est indispensable que l’exposition perma- firmations. Car le 14 janvier 1941 n’est qu’une nente du Mémorial cesse de passer sous si- étape dans l'évolution du camp militaire lence le sort de tous ceux qui ont été amenés Étant donné que le générique du film Josep d’origine : à cette date, il est officialisé (c’est- de force au camp de Rivesaltes en 1939 e t remercie le Mémorial du Camp de Rivesaltes à-dire : acté entre institutions) qu’une partie du 1940. et le Président de son Conseil scientifique, vaste terrain est affectée aux indésirables 3.1.3 Une contre-vérité en boucle lesquels sont ordinairement opposés à l’usage (étrangers, juifs, tsiganes…) retenus adminis- de camps de concentration partout où En principe destiné à présenter la Guerre trativement, dans un cadre maintenant pure- s’exerce leur responsabilité, on pouvait espé- d’Espagne, un court-métrage vidéo affirme ment civil. rer que la fidélité constatée du film au titre du depuis 5 ans, à propos des évènements de Mais, au 14 janvier 1941, le camp de concen- livre originel traduisait une bienvenue évolu- début mai 1937 à Barcelone, que ceux-ci op- tration existait de facto si ce n’est de jure : Ri- tion de leur part. posèrent « marxistes et anarchistes aux com- vesaltes avait déjà reçu des milliers de per- munistes staliniens ». Administratrice du Mémorial , Mme Françoise sonnes : internées ou détenues ou prison- Roux a répondu : nières ou reléguées. Cette affirmation à l’emporte-pièce est incor- recte tant sur le fond que sur la forme ; elle « Un film est une œuvre artistique, ce film a En 1946, le docteur Joseph Weill, président du méconnaît la réalité des forces qui se sont af- pris des conseils auprès du Mémorial du Comité d'aide aux réfugiés et responsable de frontées (qui sont les « marxistes » ? qui sont Camp de Rivesaltes, de son Conseil scienti- l'OSE (Œuvre de Secours aux Enfants ) a pu- les « anarchistes » ? qui sont les « commu- fique, c’est Denis Peschanski et Geneviève blié un rapport intitulé : Contribution à l’histoire Dreyfus Armand qui sont cités comme con- des camps d’internement dans l’anti-France nistes » ?) ; la formule « communistes stali- niens », dont on ne sait qui elle désigne au seillers historiques. Dans le contrat qui nous (Éditions du Centre, Paris). Il indique qu’en lie ils n’avaient aucun droit de veto sur novembre 1940, à Rivesaltes : juste, contient un terme manifestement injurieux (« staliniens » est un qualificatif que personne l’œuvre qui a été produite. ». « Des milliers d'enfants habitent les baraques ne revendique, au contraire) et donc déplacé. Ce propos semble indiquer que le parti pris de avec leurs familles. La promiscuité les ex- la direction du Mémorial n’a guère changé : Pour évoquer clairement et objectivement ces pose aux plus grands risques. ». user de la dénomination historique camps de évènements, il convenait d’indiquer que la Gé- Dans Le camp de Gurs – 1939-1945 (éditions concentration est toléré quand il s’agit d’une néralité de Catalogne était dirigée par le natio- J &D, 1993), Claude Laharie réfère souvent au œuvre puissante (ce qui oblige à la prudence, naliste (non communiste) Lluis Companys et le rapport du docteur Weill et évoque (p. 142) le car elle peut bousculer les barrières autori- gouvernement de la République par le socia- transfert d’Espagnoles fin octobre 1940 vers taires) mais en cantonnant son intérêt et sa liste (marxiste) Largo Caballero. C e sont les légitimité à la sphère « artistique ». « Rivesaltes spécialisé alors dans "l'héberge- forces militaires de la Généralité et du gouver- ment " des réfugiés espagnols ne disposant nement central qui ont réduit les insurgés. 3.2.1 Un document n’est pas à la hauteur d'aucun moyen de subsistance ». Le Mémorial du Camp de Rivesaltes doit veil- de l’ambition éducative de la Région Dans La France des camps (Gallimard, 2002), ler à l’objectivité – et la politesse – des com- Autant les intervenants du CIIMER ont loué le au sujet des « ressortissants ennemis » [pour mentaires affichés ou prononcés en son nom. film Josep , autant ils ont critiqué le livret qui nombre d’entre eux : des Allemands et Autri- l’accompagne. Ce livret est déclaré « matériel chiens ayant fui le nazisme], quelques lignes 3.2 Graves erreurs récentes… presse », mais il est destiné aussi au grand pu- après la mention d’une « circulaire du 15 mai dérivées des anciennes blic puisque généreusement offert dans les 1940 », Denis Peschanski a écrit (p. 152) : Les représentants du CIIMER ont salué le salles de projection. « A Paris, les hommes furent concentrés aux soutien financier – considérable – que la Ré- Hélas, sur le plan historique et pédagogique, le Invalides, puis aux stades Buffalo et Ro- gion Occitanie a apporté pour la réalisation CIIMER l’estime décevant. Dans les huit pages land-Garros et les femmes au Vél’ d’Hiv d’un film d’animation, Josep , qui met en lu- en grand format (30 cm x 40 cm), pas une avant d’être envoyés dans les camps. Les mière la dureté des camps de concentration seule fois n’apparaît l’appellation française hommes se retrouvèrent à Rivesaltes et les dans lesquels furent enfermés les réfugiés de d’époque : camps de concentration . Ainsi, femmes à Gurs. ». la Guerre d’Espagne. l’intention littéralement criée par les titres des Dans Le mémento chronologique du Camp de Évoquant « La magnifique œuvre Josep que deux livres illustrés par Josep Bartolí qui ont Rivesaltes , écrit par Roger Barrié, publié en nous venons tous d’admirer », ils se sont féli- inspiré le film, est carrément tue.

- page 5 - Suite en page 6 Suite de la page 5 Vidéo-réunion 20/10/2020 entre Mémorial du Camp de Rivesaltes et CIIMER , notes et propositions

Extraits du livret édité grâce au financement régional. Les graves erreurs et lacunes résultent du manque de concertation avec les milieux compétents

L a page intitulée La Retirada est particulièr e- ment déficiente (extraits ci-dessus et ci-contre). L a Guerre de 1936-1939 entre la République espagnole et ses adversaires est désignée comme la « guerre civile espagnole (1936- Erreurs d’Histoire… 1939) opposant les Nationalistes aux Républi- et de Géographie ! cains ». Vocabulaire incorrect et trompeur dé- veloppé principalement par l’historiographie franquiste. L a table chronologique, qui occupe une large place, n’indique pas que la Guerre d’Espagne contre la coalition des états fascistes, musso- linien, hitlérien et salazariste, ne se termina que le 1er avril 1939 ; elle ne dit mot des six semaines tragiques consécutives à l’exode terminé mi-février. 4. Accueil et solidarité Mémorial les accueillait : e A la 2 ligne de l’extrait ci-dessus, on lit : « En versus enfermement et mépris « On va s’arrêter aux questions de principe. janvier 1939, les troupes franquistes entrent Au nom du CIIMER il a été regretté que Là il s’agit d’un débat entre des, non pas dans Barcelone, dernier territoire insoumis. ». l’exposition permanente ne mette pas assez entre scientifiques, il s’agit d’un débat entre Quel « conseiller historique » a laissé passer l’accent sur les douleurs morales et physiques des associations mémorielles qui sont par- cette assertion : « Barcelone, dernier territoire subies dans les camps de concentration fran- faitement respectables et puis u n Président insoumis », contre-vérité patente puisque les çais. Et sur la responsabilité des gouverne- de Conseil scientifique, Directeur de re- régions de Madrid, Valence, Alicante ne tom- ments français successifs. cherches au CNRS, spécialiste de la France bèrent que fin mars ? Les Républicains espagnols ont été traités des camps d’internement La carte reproduite ci-dessus contient de plutôt comme des prisonniers que comme des […] grossières erreurs : réfugiés. D’autres exodes vers la France, par Vous avez le droit de penser ce que vous ● Qui a confondu Vernet (en Haute-Garonne) exemple celui des Belges en 1940, ont été voulez les uns et les autres, ça ne me pose avec Le Vernet (en Ariège) ? mieux considérés. D’autres gouvernements aucun problème, je vous dis simplement ont été bienveillants envers les Républicains que étant responsable, comme Président du ● Qui a confondu Rieucros en Ariège avec espagnols tels ceux du Mexique et du Chili. Rieucros en Lozère ? Conseil scientifique, du parcours scienti- A ce sujet, le Président du Conseil scienti- fique, j’assume les outils conceptuels qui Mme Françoise Roux, Administratrice du fique du Mémorial a déclaré : sont utilisés et ça ne me pose strictement Mémorial , a expliqué : « … penser que ce Mémorial occulterait la aucun problème de vous entendre par ail- « … A propos de ce dossier pédagogique que place et la responsabilité de l’État français, je leurs dire ce que vous avez envie de dire, et vous avez dans les mains, je vous rappelle dois dire qu’on ne nous a jamais fait cette de penser ce que vous avez envie de pen- que ce dossier a été publié par Dulac […] remarque. J’entends si vous le percevez ain- ser, ce n’est pas du tout un problème, Donc, je pense qu’il est important ce matin si. Mais honnêtement je ne le crois pas. ». j’assume… ». qu’on discute de choses qui sont réellement L’activité de recherche, particulièrement en 5. Remarques de conclusion et perspectives de notre compétence aux uns et aux Histoire, n’est l’exclusivité de person ne. La autres… ri en ne vous empêche d’interpeler De toute évidence, le Conseil scientifique du qualité des « outils conceptuels » ne se dé- Sophie Dulac Distribution et la Production Mémorial du Camp de Rivesaltes a tardive- crète pas, elle se démontre. Il arrive que des Les Films d‘Ici Méditerranée et Aurel ment et mal fonctionné : les erreurs graves associations, non seulement « mémorielles » comme réalisateur et Jean-Louis Milesi. » que le CIIMER a signalées voici 5 ans n’ont mais aussi d’anciens combattants et victimes A quoi il a été répondu au nom du CIIMER : toujours pas été corrigées. Le CIIMER n’a re- de guerre, contribuent à la production scienti- « … ce n’est pas "Dulac" le responsable, c’est çu aucune réponse à ses démarches, ne se- fique. N’est-il pas domm age que le Président la Région Occitanie qui finance cela qui est rait-ce que de courtoisie. du Conseil scientifique mé connaisse responsable […] Les cartes fausses diffu- En introduction de la réunion du 20 octobre l’éventuelle capacité d’autrui, se réfugiant sées aux lycéens, vous en avez la respon- 2020, si longtemps attendue, l es représen- dans l’argument d’autorité ? sabilité. Barcelone "dernier territoire insou- tants du CIIMER ont regretté avoir « été privés N’est-il pas regrettable que face à une ques- mis" , vous en avez la responsabilité. ». de communication […] avec l’autorité du Mé- tion relative à l’importante circulaire Peyrouton N.B. Des erreurs géographiques analogues, morial de Rivesaltes… » ; ils ont souhaité du 10 janvier 1941, ignorée dans sa thèse tout aussi étonnantes et regrettables, appa- « une clarification par le débat, par la discus- d’état et ses travaux postérieurs, il soit entré raissaient dans le journal de la Région de dé- sion, par la confrontation des théories… ». dans une épouvantable colère [comme il peut but 2019. Il convient d’élucider les processus Mais ils ont constaté la condescendance avec être constaté en visionnant la vidéo] au lieu de rédaction et publication de tels documents. laquelle le Président du Cons eil scientifique du d’argumenter sereinement ? - page 6 - Suite en page 7 Suite de la page 6 Vidéo-réunion 20/10/2020 entre Mémorial du Camp de Rivesaltes et CIIMER , notes et propositions

Néanmoins, à l’issue de ce pénible moment, il ait finalement répondu : « Si vous voulez . ». nance ouverte, au service de l’Histoire prat i- les représentants du CIIMER ont pris note de quée comme une science : avec esprit cri- De même, les intervenants du CIIMER ont pris cette déclaration : bonne note de la conclusion de l’Administratrice tique, donc en admettant le pluralisme des « … Je n’ai pas eu connaissance de vos re- du Mémorial qui conduisait la vidéo-réunion : compétences, des sources et des ressources ; en pratiquant la confrontation des travaux, marques sur les erreurs éventuelles, il y en « … Que chacun se rappelle les différents sans prés-carrés ni tabous. a forcément et donc je vais, si vous voulez éléments de la gouvernance… Dans les

bien, vous me les renvoyez, sans problème, demandes que vous faites, il y a nécessité Le CIIMER renouvelle son désir de coopéra- et dans la mesure du possible bien évi- de ce dialogue que vous réclamez. Je ne tion constructive. demment nous en tiendrons compte, je dis reviens pas sur la question du Vernet 6. Remerciements dans la mesure du possible, parce qu’il y a d’Ariège, je pense que ça serait tout à fait peut-être des choses qui se feront en plu- nécessaire, ce n’est pas moi qui peux ré- Les représentants du CIIMER qui sont inter- sieurs étapes, vous savez bien ce qu’est un pondre, mais je pense que j’en parlerai, venus ou qui ont assisté à la vidéo-réunion du parcours de ce type-là et ce qu’impliquent soyez en sûrs, à Agnès Sajaloli. Il y a des 20 octobre 2020 sont très reconnaissants à des changements. Mais bon s’il y a des er- choses, des questions qui faut éclaircir, et Mme Carole Delga, Présidente de reurs, il n’y a aucun problème… ». l’Établissement Public du Mémor ial du Camp puis comme je m’y suis engagée à la de- Ils ont apprécié aussi qu’à la question qui lui man de de la Présidente, je rendrai compte de Rivesaltes , Présidente du Conseil Régional était adressée : de cette réunion de ce matin. ». d’Occitanie, d’avoir permis qu’elle se tienne.

« Permettez qu’au Mémorial on puisse avoir Du point de vue du CIIMER , la mission cultu- Ils remercient également M. Denis Peschans- ce débat [au sujet de la dénomination relle et pédagogique du Mémorial du Camp de ki, Président du Conseil scientifique du Mémo- camps de concentration]. Est-ce que vous Rivesaltes , établissement public à vocation rial du Camp de Rivesaltes et Mme Françoise êtes prêt [à ce] que ce débat on puisse internationale, ne peut s’exercer correctement Roux, Administratrice du Mémorial du Camp l’avoir au Mémorial devant du monde ? », qu’en optant résolument pour une gouver- de Rivesaltes, pour leur attention.

Des Pyrénées Atlantiques à l’Yonne et vice versa : le même combat Ariège Nous n'avons pas réalisé tout ce que nous Nous avons le triste devoir Miguela García Cros, mère de six enfants, est avions prévu en cette fin d'année 2020. Mais d'annoncer le décès de décédée le 14 octobre 2020 à Lavelanet nous avons maintenu nos échanges de docu- notre Ami, de notre Cama- (Ariège). Elle était née le 11 septembre 1928 à ments. Ainsi, nous avons pu aider Marie, jeu- rade Francis Romero sur- Calanda (Zaragoza). Avec sa famille, elle subit ne chercheuse de Savoie, pour ses travaux de venu à Annecy le 05 jan- La Retirada et connaît le camp de concentra- mémoire. Nous avons pu satisfaire également vier 2021. Né à Rabat (Ma- tion d'Argelès-sur-Mer. la demande de Dominique, de Troyes et celle roc) le 10 juin 1949, de Florence, de Perpignan, toutes deux ayant comme beaucoup de fils de eu des membres de leurs familles respectives Républicains Espagnols chassés de leur cher enfermés dans le camp du Polo Beyris, à pays, il rejoignit l'E ducation nationale française Bayonne, à partir de début février 1939 (19 et devi nt instituteur puis directeur d'un groupe enfants et 2 femmes périrent au Polo). scolaire d’Auxerre. Et, tant bien que mal, nous avons tenu notre Nous avions ensemble, avec Ivan Larroy, dès Assemblée Générale 2020, par courriels inter- la fin de 2007, décidé de créer une association posés, de façon néanmoins satisfaisante. à la mémoire des Républicains espagnols pour le département de l'Yonne. Francis se Par la suite, nous vous tiendrons au courant Elle était la veuve de José García Hernández lança sans compter dans le devoir de mé- de notre collaboration avec l'ex-maire de Joi- né à Tobarra (Albacete). Guérillero de la 3 e moire en devenant le 1 er président de Mé- gny, Bernard Moraine, pour la création d'un Brigade d'Ariège, il avait combattu l'ennemi moire, Histoire des Républicains Espagnols musée de la Résistance qui tiendra compte fasciste, en Espagne comme en France et (MHRE) à partir de 2008. des Républicains espagnols. Etant donné les participé à la libération de Foix le 19 août circonstances sanitaires actuelles, ce projet Artiste de grand talent, il a conçu une exposi- 1944. En 1991, il reçoit la médaille des « Ca- n'a encore pas pu voir le jour. tion comprenant de très nombreuses et très rabineros de la República española 1936 - Les projets de conférences à la MVC (Maison belles aquarelles, au sujet de la Guerre d'Es- 1939 ». Fidèle adhérent, il n'oubliait jamais de la Vie Citoyenne) de Balichon (Bayonne) pagne de 1936-1939 et de La Retirada , qu'il ses compagnons de lutte et participait aux cé- sont toujours au stade de projets, COVID lègue à son association mémorielle. rémonies d'hommage aux anciens guérilleros oblige, mais nous maintenons de forts con- Toute l’AAGEF-FFI se joint à moi pour adres- espagnols. Il est décédé en 1992 à Lavelanet. tacts avec les responsables. ser à sa fille Laurence , à son fils Stéphane, à Jeanine Garcia Rodriguez Juan Muñoz Dauvissat toute sa famille et à nos compagnons du Présidente de la Section AAGEF-FFI d’Ariège Président de la Section AAGEF-FFI 64-40 MHRE, nos plus sincères condoléances. De gauche à droite : Francis Romero, Ivan Larroy, Francisco So- lano (ex guérillero), Juan Muñoz. La pho- to a été prise le 24 avril 2008, au lycée agricole de La Brosse, lors de la première assemblée de MHER . - page 7 - Parmi les nombreux résistants étrangers détenus à la prison St-Michel de Toulouse : Francisco PONZÁN VIDAL

Le 29 octobre 2020, la Ville de Toulouse a o u- Guerre Mondiale. Des figures de la Résistance avons publié des biographies originales de vert un bienvenu site d’évocation historique qui furent détenues dans la bastille toulousaine Juan José Linares Díaz (cf. n° 156, dans le bâtiment de la prison Saint-Michel qui a sont présentées, dont Ángel Álvarez Fernán- 31/12/2019), Joan Blázquez Arroyo et Jaime été préservé : « Le Castelet ». L’histoire de la dez (déporté, évadé), Angèle Bettini Del Río , Nieto López (cf. n° 157, 31/03/2020), Boris prison et de ceux qui y vécurent – ou mour u- Enzo Godeas (fusillé), Conchita Ramos Gran- Frenkel et José Cubells Galcera (cf. n° 159 , rent – y est racontée, des origines (1869 ) gé (déportée), Diego Rodríguez Collado (fusil- 20/11/2020). Voici trois nouveaux portraits (p. 8- jusqu’à la fermeture (2009). Une section impo r- lé), résistants étrangers souvent évoqués ici et 11), fruits de minutieux travaux de recherche et e tante est consacrée à la période de la 2 dont nous reparlerons. Récemment, nous analyse des sources. Francisco Ponzán Vidal avancent vers Barcelone, où elles parviennent L e 20 juin 1940, Paris étant déjà occupé par est né à Oviedo, capitale le 26 janvier. La Retirada (la retraite, depuis les Allemands et le sud-ouest étant menacé, des Asturies, le 30 mars cette zone d’Espagne) commence ; la France le capitaine Marshall se rend à Bordeaux pour 1911. Il a 7 ans quand son ouvre la frontière aux réfugiés civils – et aux quitter la France ; ce jour-là il propose à son père, cheminot, décède . blessés - au soir du 27 janvier puis aux mili- homologue du « BEP »10 , le lieutenant Tes- Collégien à Huesca (Ara- taires le 5 février, jour où Gérone est occupée sier, d’utiliser à son tour le groupe gon), il réussit le concours par les partisans de Franco. Le 10 février d’Espagnols qu’il avait recrutés, sous la con- d’entrée à l’école normale 1939, Francisco Ponzán Vidal et ses compa- duite de Francisco Ponzán Vidal. Le capitaine d’instituteurs. Très tôt il acquiert des convic- gnons entrent en France par Bourg-Madame. Marshall explique : « Je leur en ai parlé… […] tions républicaines et révolutionnaires. Il Début mars, ils font partie d’un convoi ferro- Ils sont persuadés que seule la défaite de s’engage activement dans le mouvement viaire qui, formé à Latour-de-Carol, débarque l’Allemagne, et du camp fasciste en général, anarchiste via la Confédération Nationale du des centaines de militaires républicains au peut permettre à l’Espagne de se libérer. ». Travail (Confederación Nacional del Trabajo , camp de concentration du Vernet (Ariège), Le lieutenant Tessier, dont le vrai nom CNT), ce qui lui vaudra d’être brièvement dé- ouvert 1 mois auparavant 4. Fr ancisco Ponzán était Robert Terres, a raconté 11 sa première tenu à trois reprises en 1930-1934. D’abord Vidal ne passe que peu de temps dans ce rencontre avec Francisco Ponzán Vidal et six instituteur remplaçant en Aragon, il est affecté camp, grâce à un garagiste de Varilhes de ses compagnons, début août 1940 près de en Galice, en 1935, en qualité de titulaire. (commune proche du Vernet), Jean Bénazet , Foix, en ces termes : Le soulèvement du 18 juillet 1936 contre la qui accepte de l’employer comme mécanicien. « Ce que j’attends de vous ? Ri en de précis République espagnole le surprend à Huesca, Jean Bénazet, communiste, est très engagé pour le moment. Vous connaissez la fro n- lors des vacances scolaires. La ville étant sous depuis 1936 dans le soutien aux Ré publicains tière, vous êtes au courant de tout ce qui s’y la coupe des factieux, il se réfugie dans la par- espagnols. Il aide Francisco Ponzán Vidal à passe, vous y connaissez tout le monde et tie des Pyrénées aragonaises restée fidèle à la quitter le camp et prendre contact avec ses vous avez des amis des deux côtés. Alors République et rejoint la « Colonne Rouge et anciens camarades. Il a consigné dans un organisez-vous. Je vous demande simpl e- Noire »1. Comme représentant de la CNT, il journal personnel la quinzaine de déplac e- ment d’être présents et de me rensei gner sur prend part à la fondation puis à l’exécutif du ments 5 qu’ils ont effectués ensemble ; dès le toutes les activités que vous pourrez obse r- Conseil d’Aragon 2 jusqu’en mai 1937. 16 mars 1939, il conduit Francisco Ponzán Vi- ver à la frontière, ainsi qu’éventuellement, En juin 1937 il est nommé lieutenant dans la dal à Toulouse ; le 20 mars à Argelès-sur-Mer d’aider au passage de mes agents ou de 127 e Brigade Mixte de la 28 e Division de et Le Barcarès ; le 6 avril 1939 à Nîmes… et mon courrier. Vous n’ignorez pas que vos l’Armée Populaire de la République ( Ejército même plusieurs fois en Andorre, dès le 2 juil- compatriotes favorisent au maximum les infi l- Popular de la República ). En son sein, à l’été let. A compter du 18 août 1939, Francisco trations nazies à la frontière. Ces infiltrations 1937, il participe à la tentative républicaine de Ponzán Vidal bénéficie d’un contrat de travail vous les surveillez, vous repérez les points reprendre Saragosse (bataille de Belchite). Il de 3 mois au gar age Bénazet, renouvelé en de passage de la frontière, et, pour le reste intègre ensuite le « Service Spécial novembre pour 6 mois. vous faites exactement ce que vous voulez. d’Information Périphérique »3 attaché à l’état- Genèse du groupe Ponzán Vidal Je vous demande de me mettre au courant major du X e Corps de l’armée républicaine. A la fin de 1939, Francisco Ponzán Vidal de tout ce qui peut intéresser le C.E. [contre- Il prend le commandement d’un groupe de soumet ses orientations au « Conseil général espionnage] que je représente… onze guérilleros expérimentés, déjà connu du Mouvement Libertaire »6 constitué en — D’accord. Mais que nous offrez-vous en sous le nom de : Grupo Libertador . En avril France, autour de Josep Esgleas i Jaume échange ? Nous sommes complètement fa u- 1938, l’avance franquiste en Aragon le con- (connu comme : ) et sa chés, vous savez… Pour le moment nous v i- traint à passer en France, par le Val d’Aran, compagne Federica Montseny Mañé 7. Il écrit : vons sur l’argent que le capitaine Marshall nous a laissé [Robert Terres précise ici : en même temps qu’une partie de l’état-major « Voici notre projet : utiliser en premier lieu e 200 000 francs], mais ça ne va pas durer… du X Corps ; il revient en Espagne par Cer- les compétences des compagnons qui tra- — Je vous offre la protection de mes se r- bère et Port-Bou. En septembre 1938, il établit vaillent pour l’Angleterre et la France ainsi vices pour toutes vos activités. Nous ne po u- la base d’activité de son groupe à La Seu que les moyens dont ils disposent. En vons pas vous payer, mais libre à vous de d’Urgell (Catalogne) tout près de l’Andorre. deuxième lieu : consacrer une partie de continuer sous notre protection à vous servir Cette situation géographique favorise des l’argent à des objectifs espagnols. Et, en de votre connaissance de la frontière. Pa r- prises de contact avec des agents britan- dernier lieu : ne pas oublier l’action, base lons franchement. Vous savez mieux que moi niques et français qui surveillent la frontière ; de la réussite. »8. qu’il y a des marchandises, des réfugiés juifs Francisco Ponzán Vidal est ouvert à de telles Cette ligne ne convainc pas la direction du à passer… Je peux vous couvrir officiell e- relations, car il estime que la République es- Conseil général du Mouvement Libertaire, qui ment pour ce genre d’activités auprès des pagnole doit chercher des appuis du côté des redoute des manipulations et dérives. Passant douaniers et des gendarmes, vous procurer autres pays menacés par le fascisme. outre, Francisco Ponzán Vidal décide de coo- tous les papiers, vrais ou faux, tous les lais- Début 1939, les troupes franquistes, soute- pérer avec le capitaine Marshall, qui commande sez-passer, dont vous aurez be soin ainsi que nues par les artilleries et aviations allemandes depuis Foix une antenne du Secret Intelligence des armes. Financez-vous donc comme vous et italiennes, percent les positions républi- Service 9 ; à partir de mars 1940, il effectue voudrez, je couvrirai tout ce que vous ferez caines de l’ouest et du sud de la Catalogne et des missions en Andorre et en Espagne. de l’autorité de mon service. ». - page 8 - Suite en page 9 Suite de la p. 8 Chef d’un réseau d’évasion, un des martyrs du massacre de Buzet-sur-Tarn : Francisco PONZÁN VIDAL

Juan Manuel Molina Mateo, militant anarchiste Cette relation favorise l’engagement de Fra n- dans la région. Depuis cette époque j’ai été bien connu sous le surnom de Juanel, a rap- cisco Ponzán Vidal en 1941-42 auprès des ré- amené, d’accord avec le S.R. [Service de porté 12 qu’en avril 1940, parlant de Francisco seaux d’évasion Pat O’Leary 16 et Sabot 17 . Renseignements] à faire accompagner en Ponzán Vidal, Germinal Esgleas lui demande Grâce à la dizaine d’Espagnols commandés Espagne un certain nombre de Français, de cesser « tout contact avec ces éléments par Francisco Ponzán Vidal, plusieurs cen- Belges ou israélites étrangers qui désiraient indésirables et suspects ». Les lie ns avec le taines de juifs, de résistants, de militaires al- se fixer dans mon pays ou y transiter à des- Conseil général du Mouvement Libertaire sont liés, ont pu traverser les Pyrénées en vue de tination du Portugal, de l’Amérique ou alors définitivement rompus. rejoindre des consulats amis à Barcelone, même de l’Angleterre. D’une façon générale Néanmoins, Francisco Ponzán Vidal poursuit Madrid ou Lisbonne, comme étape vers les agents de mon service accompagnant ses relations avec la CNT de l’intérieur (en l’Angleterre ou les USA. Francisco Ponzán Vi- ces personnes, n’exigeaient d’elles que le remboursement des frais occasionnés par Espagne) pour exfiltrer des militants et appor- dal a consigné sur deux cahiers l es identités ter du matériel de propagande. (et parfois des photos) de 311 personnes pour ce long voyage. Il m’est arrivé cependant d’exiger de certains israélites fortunés, qui En septembre 1940, il fixe sa résidence prin- lesquelles son groupe a été sollicité entre l’automne 1941 et le printemps 1943 18 . On ne désiraient quitter le territoire français le ver- cipale au centre-ville de Toulouse, rue des sement de sommes variant entre 25 et Changes, puis, en décembre dans le quartier dispose pas de liste pour la période entre au- tomne 1940 et automne 1941. 60 mille francs, par personne, pour les faire de la Côte Pavée, rue de Limayrac. conduire en Espagne via [sic] le Portugal. Robert Terres explique 13 : La situation de Francisco Ponzán Vidal est complexe et délicate à assumer : mis en qua- C’est moi qui fixais le montant de la somme « Conformément à notre pacte, ma pre- rantaine par une partie de ses anciens com- à verser par chaque individu voulant quitter mière préoccupation fut de présenter Paco pagnons, il doit concilier ses idéaux anar- le territoire français ; les sommes perçues [Francisco Ponzán Vidal] et ses compa- chistes et son activité antifranquiste avec les étaient utilisées pour couvrir les frais de gnons aux services de la gendarmerie et de attentes de ses protecteurs et commandi- voyage et le reliquat distribué par moi à mes la douane avec l’assentiment de Dobré et taires. Il fréquente d’une part des officiers du agents, et aux familles de nos collègues Paillole [supérieurs de Robert Terres au contre-espionnage militaire français (initiale- emprisonnés en Espagne. Personnellement sein du contre-espionnage vichyste] et les ment au service de Vichy mais en train je ne conservais que des sommes minimes enregistrer de manière officielle co mme d’évoluer vers la Résistance) et, d’autre destinées à couvrir mes frais de direction. agents du TR 115 [code désignant le poste part, des agents de services alliés. J’estime à 160 environ le nombre de per- de Toulouse] ». Détention du 14 octobre sonnes dont j’ai facilité le passage en Es- Robert Terres indique que Francisco Ponzán au 21 décembre 1942 pagne. ». Vidal reçut le matricule : XP-9. Et commente 14 : Le 14 octobre 1942, il est arrêté dans sa mai- Le jour même de l’arrestation, le préfet régio- « Passage de juifs fortunés, d’objets d’art, son du 42 de la rue de Limayrac à Toulouse, nal de Toulouse, Léopold Chenaux de Leyritz, d’agents de divers TR [zones d’action] vers sous le nom de Francisco Lázaro, en compa- stupéfait par ces déclarations, communique l’Espagne, su rveillance de la frontière… gnie de 4 hommes et 2 femmes, dont sa sœur oral ement avec René Bousquet, secrétaire les activités d e mon groupe d’anarchistes Pilar Ponzán Vidal. Des documents établis par général à la police du gouvernement de Vichy. s’in tensifièrent dans les derniers mois de le service qui les a interpelés – la Police Judi- Par un courrier du lendemain 15 octobre, es- 1940, tandis que nos relations strictement ciaire de Toulouse – attestent qu’ils ont été dé- tampillé : « STRICTEMENT CONFIDENTIEL – professionnelles jusque-là, devinrent peu à noncés le 10 octobre 1942 par Julián Comeras SECRET »21 (inédit, cf. photo p. 11), il con- peu amicales. Le sentiment d’amitié réci- Gimeno, un autre Espagnol qui avait travaillé firme son indignation d’apprendre que Francis- proque né en qu elques mois dans le but aussi pour le contre-espionnage français 19 . co Ponzán Vidal et ses hommes sont des d’écha fauder les bases de l’organisation Une grande quantité de papiers, faux ou vrais, agents du contre-espionnage militaire français : ne fut en rien affecté par la réapparition français, espagnols, andorrans, anglais, alle- « La Police Judiciaire de TOULOUSE ayant prévisible et souhaitée de l’Intelligence mands, sont saisis ainsi que du matériel de déjà en train et presque terminé une impor- Service (IS) fin 1940, sur lequel nous falsification et quelques armes de poing. tante affaire 22 ayant trait aux agissements comptions, en faisant appel au groupe de travailleurs étrangers, généralement es- Ponzán, bien au contraire. ». Selon le rapport détaillé (six pages instruc- tives, inédites) de son audition du 14 oc- pagnols, communistes ou terroristes, res- A l’inverse, le fossé s’élargit entre Francisco 23 tobre 20 , Francisco Ponzán Vidal révèle immé- sortissant tant de la [sic] P.O.U.M. que de Ponzán Vidal et une large part de ses anciens 24 diatement sa véritable identité. Il dé clare être la F.A.I. – opération s’étendant sur le Li- compagnons de la CNT. Une note le chef d’agents – qu’il nomme précisément – mousin, le Périgord, le Languedoc et le d’information du Conseil général du Mouve- à qui il transmet : « les ordres qui me sont Bas-Languedoc ayant déjà permis 72 arres- ment Libertaire, datée du 17 février 1941, des- donnés par mes supérieurs, entre autres le tations ou inculpations – il n’était pas pos- tinée aux groupes affiliés, déclare 15 : Lieutenant TESSIER, le Commissaire Princi- sible en la circonstance, de laisser, même « Nous avons rompu avec ceux qui préten- pal de la Surveillance du Territoire à Tou- protégés par le 2ème Bureau Français, daient, en de multiples occasions, de ma- louse. ». Il explique : opérer une bande organisée de malfaiteurs étrangers, pilleurs d’épaves et écumeurs nière dissimulée, sinueuse, ou plus ouverte, « Pour le compte de ce lieutenant TES- d’israélites, fabriquant de faux papiers nous faire emprunter des sentiers tortueux et SIER, je suis chargé de la localisation des dont, par recoupements, nous étions sus- obscurs […] Tel est le cas de ceux qui vou- organisations gaullistes et Anglaises [sic] , laient rendre compatibles nos activités avec polonaises et belges en France, qui ceptibles de retrouver les noms étroite- celles de l’Intelligence Service, situation que s’occupent du passage clandestin vers ment mêlés à la première opération nous ne pourrons jamais tolérer […] ». l’Angleterre, je veux parler du courrier clan- d’épuration actuellement en cours. ». Dès fin 1940, à Toulouse, Francisco Ponzán destin, de re nseignements à recueillir en Malgré le courroux du préfet régional, Francis- Vidal rencontre Camille Soula, notoire profes- Espagne, et enfin, depuis peu de temps de co Ponzán Vidal et ses compagnons sont trai- seur de médecine qui avait soutenu l’Espagne la localisation des organisations israélites tés avec retenue par les autorités supérieures. républicaine en 1936-1939 ; il est m aintenant en zone occupée […] Il y a un an environ En effet, dès le 17 octobre, Pilar Ponzán Vidal en contact avec des agents britanniques. que j’exerce mon activité à Toulouse et est relâchée. Elle met à profit cette libération - page 9 - Suite en page 10 Suite de la p. 9 Chef d’un réseau d’évasion, un des martyrs du massacre de Buzet-sur-Tarn : Francisco PONZÁN VIDAL pour retourner au 42 rue de Limayrac et r a- nature de l’accusation précédente, mais aussi 4 Environ 22 000 soldats républicains espagnols sont conte 25 : « nous sortîmes les documents, les d’interventions en sa faveur 34 . Le 13 février amenés au Vernet entre février et septembre 1939 ; armes et tout ce qu’il y avait de compromet- 1944 il est ramené à la prison Saint-Michel, l’effectif présent est maximal en juillet 1939 : près de 15 000 personnes. tant, qui était toujours dans les cachettes que, mais le 26 mai il rassure sa sœur en ces 5 Antonio Téllez Solá, Le Réseau d’évasion du groupe heureusement, la police n’avait pas trou- termes : « L’autre jour les patrons de Zafón Ponzan. Anarchistes dans la guerre secrète contre le vées. ». Le 23 octobre, elle est interpelée à [les Allemands] ont lancé une attaque. Les franquisme et le nazisme (1936-1944) , Éditions Le nouveau et envoyée directement au camp de hommes de papa [El Padre : le lieutenant Coquelicot, 2008, p. 117. Brens (Tarn), sans être davantage interrogée. Tessier] résistent bien et semblent décidés à 6 Consejo general del Movimiento Libertario . Parfois Le 24 octobre, Francisco Ponzán Vidal et ses me protéger. »35 . dénommé Conseil national au lieu de général . codétenus sont transférés au camp du Vernet Le 5 juin 1944, il comparut, pour la troisième 7 Ancienne ministre de la Santé de la République es- pagnole de novembre 1936 à mai 1937, assignée à d’Ariège. Pilar Ponzán Vidal explique : fois, devant le tribunal correctionnel. Il est résidence à Salon (Dordogne) en 1941-1944. Une rue « L’internement du groupe fut de courte durée plausible que le choix de cette juridiction, plu- de Toulouse porte son nom (quartier Empalot). grâce à l’activité de El Padre [surnom du lieu- tôt que la Section Spéciale de la Co ur d’Appel, 8 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 135. tenant Tessier] et de ses services ». fut le fruit des démarches de ses soutiens. Le 9 Service de renseignements extérieurs de la Grande- verdict fut effectivement clément : 8 mois de Bretagne. Effectivement, dès le 21 décembre, tous, sauf un, sont « assignés à résidence à Tarbes »26 ; prison, qu’il avait déjà effectués. Dans un tel 10 Bureau d’Études des Pyrénées : organisme de mais il leur est simplement demandé de se cas, pour les étrangers, l’usage était de les contre-espionnage militaire français concernant l’Espagne et le Portugal. présenter au commissariat de la ville. Ils sont « libérer » - de la prison - mais de les envoyer, 11 Robert Terres, Double jeu pour la France, 1939- libres de leurs mouvements. Sel on Antonio par arrêté préfectoral, en camp de concentra- tion (couramment : au Vernet, en Ariège). 1945 , Grasset, 1977, p. 64-65. Aussi : Antonio Téllez Téllez Solá : « Tous bien entendu revinrent à Solá, op. cité, p. 156-157. Toulouse, où le couple Mongelard les atten- Mais, dès le 6 juin, l’Intendant de police Marty 12 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 382. 27 36 dait avec impatience à l’Hôtel de Paris , et ils écrivit une note demandant au directeur de 13 Robert Terres, op. cité, p. 66. Aussi : Antonio Téllez purent y fêter le soir de Noël 1942. »28 . la prison Saint-Michel de « remettre le nommé Solá, op. cité, p. 166. Ces circonstances favorables ne vont pas du- PONZAN VIDAL Francisco aux autorités alle- 14 Robert Terres, op. cité, p. 68. Aussi : Antonio Téllez rer. Car l’occupation de la Zone Libre par les mandes » ce qui fut fait le jour même. La déci- Solá, op. cité, p. 166. Allemands, le 11 novembre 1942, accentue la sion de l’Intendant de Police prenait appui sur 15 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 174. division entre partisans de Vichy dans la police un ordre du Secrétaire Général au Maintien de 16 Nom de guerre d’Albert Guérisse, médecin militaire et l’armée. Les Allemands s’appuient sur leurs l’Ordre, en date du 29 mai 1944. belge, devenu officier de la Royal Navy (marine britan- nique). plus sûrs collaborateurs, dont le préfet régio nal. Après sans doute des interrogatoires, dont on 17 Service de renseignement et d’action créé par des A Toulouse, ils arrêtent le lieutenant T essier le ne sait rien à ce jour, Francisco Ponzán Vidal officiers belges, animé par Pierre Bouriez (dit Sabot). 29 26 janvier 1943 , le couple Mongelard le 20 fut placé dans le quartier allemand de la prison 18 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 307-324. février 1943, Pat O’Leary le 2 mars 1943. Saint-Michel. On ignore encore ce qui se passa 19 Archives Dép. de la Hte-Garonne, cote : 5278 W 4. Le 20 janvier 1943, Francisco Ponzán Vidal dans ce quartier pendant les dix semaines sui- 20 Archives Dép. de la Hte-Garonne, cote : 5278 W 9. vantes (ainsi que pendant les dix-neuf mois est condamné, par défaut, à 6 mois de prison. 21 Adressé à l’adjoint de René Bousquet : Henri Cado. 30 écoulés depuis l’invasion de la Zone Libre). Un courrier de Vichy , daté du 18 février 22 Il s’agit de la vaste traque que la police elle-même 1943, indique qu’il est recherché par la police Le 17 août 1944, à 7 h du soir, les Allemands dénomma : « L’affaire Reconquista de España ». Cf. française. Mais sans doute aussi par la police emmenèrent une cinquantaine de prisonniers ouvrage éponyme, Charles et Henri Farreny, Espagne allemande, qui a déjà arrêté et interrogé à Buzet-sur-Tarn (Haute-Garonne, à une tren- au cœur (2 e édition), 2010. nombre de ses contacts. Il se cache quelque taine de km de Toulouse), les fusillèrent et 23 Partido Obrero de Unificación Marxista : Parti Ou- temps à Lyon, mais c’est à Toulouse qu’il ren- brûlèrent leurs corps. Par examen des restes, vrier d’Unification Marxiste. 24 contre Jean Bénazet le 8 mars 31 , puis le lieu- 54 victimes ont été recensées ; 19 seulement Federación Anarquista Ibérica : Fédération Anarchis- te Ibérique. tenant Tessier le 30 ou le 31 mars 32 . ont été identifiées à ce jour, dont Francisco 25 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 236 Ponzán Vidal. Détention du 25 avril 1943 26 Archives Dép. de l’Ariège, cote : 5 W 274. jusqu’à la mort, le 17 août 1944 Deux jours plus tard Toulouse était libérée. 27 Augustine et Stanislas Mongelard, propriétaires de- Reconnu « Mort pour la France », Francisco puis 1936 de cet hôtel situé place du Capitole (actuel- Le 25 avril 1943, dans des circonstances en- Ponzán Vidal a été homologué capitaine des lement : Crowne Plaza Toulouse), y reçurent de nom- core imprécises, il est arrêté dans la rue, à Tou- breux résistants, dont Pat O’Leary (Albert Guérisse) et Forces Françaises de l’intérieur (FFI) à titre louse, par un policier français qui le connais- Sabot (Pierre Bouriez). Tous les quatre furent dépor- posthume. Peu après la guerre aussi, lui ont sait 33 . Il est écroué à la prison Saint-Michel le tés. Stanislas Mongelard mourut à Mittelbau-Dora. été décernées, notamment : la Croix de guerre 28 28 avril. Il lui est reproché le défaut de papiers Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 251. avec palmes, la Médaille de la Résistance et d’identité et la possession de fausses cartes 29 Le lieutenant Tessier convainc les Allemands de le la Presidential Medal of Freedom (Médaille alimentaires. remettre en liberté le 20 mars 1943, en feignant de Présidentielle de la Liberté, attribuée par le travailler pour eux. La police française l’arrête le 18 Le 15 septembre 1943, il est condamné par le président des USA). mai. Il s’évade de la prison de Castres le 16 sep- tribunal correctionnel de Toulouse à 5 mois de tembre et finit par rejoindre Alger. A Toulouse, une allée du jardin Compans- prison. C ompte tenu des 2 mois de détention à 30 Archives Dép. de l’Ariège, cote : 5 W 274. Caffarelli porte son nom depuis le 26 juin 2010. l’automne 1942 et des 5 mois écoulés depuis le 31 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 270. printemps 1943, il aurait pu être vite libéré. Mais Henri Farreny 32 Robert Terres, op. cité, p. 263. des courants contradictoires s’affrontent dans 1 Columna Roja y Negra , milice d’obédience anar- 33 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 270. l’appareil vichyste (administratif, policier, mili- chiste formée à Barcelone, partie pour le front 34 Selon Antonio Téllez Solá (op. cité, p. 280), d’une taire, politique), quant à la conduite de la ré- d’Aragon en septembre 1936. lettre de Francisco Ponzán Vidal datée du 22 janvier pression. Une nouvelle instruction est ouverte à 2 Consejo de Aragón , assemblée autogestionnaire lé- 1944, il ressort que celui-ci estime que : « les Français l’avaient transféré à la prison militaire de Fourgole [sic] son encontre pour « activités antinationales ». galisée par le gouvernement républicain en décembre 1936. afin qu’il soit plus protégé . ». Le 11 décembre 1943, il est transféré à la pri- 3 Servicio de Información Especial Periférico , SIEP : 35 Antonio Téllez Solá, op. cité, p. 281. son militaire Furgole, ce qui peut résulter de la service de renseignement à l’arrière de l’ennemi. 36 Archives Dép. de Hte-Garonne, cote : 2066 W 1262. - page 10 - Parmi les nombreux résistants étrangers détenus à la prison St-Michel de Toulouse : Rosine BET et Damira TITONEL

rontini alias « Dario », Italo Nicoletto , Felice Mais, peut être en raison du mouvement d'un Rosine Platone alias « Jean ». On y parle de la suite spectateur ou par erreur de manipulation, la Bet à donner au combat ; des liaisons quasi per- bombe explosa prématurément, tuant sur le manentes avec la direction cl andestine à Lyon coup David Freiman et blessant gravement

sont assurées. Ces groupes seront versés aux Rosa Bet et Enzo Godeas. Damira Titonel Francs-Tireurs et Partisans - Main d'Œuvre Rosa Bet meurt le lendemain à l'Hôtel-Dieu de Immigrée (FTP-MOI) dans le courant de l'an- Toulouse sans avoir révélé quoi que ce soit

née 1943. Rosa Bet assiste à ces réunions aux policiers venus l'interroger. Enzo Godeas Damira Titonel est née le 3 juillet 1923 à Re- mais Damira n'a pas le droit d'y prendre part incarcéré à la prison Saint-Michel, sera jugé frontolo, dans le Frioul en Italie. Ses parents car son père ne le ve ut pas, c'est sa seule fille par une cour martiale composée de miliciens, ont fui le fascisme en 1925, l'émigration fut et il veut la protéger. Le père de Damira, sa condamné à mort et aussitôt fusillé, assis sur leur seul salut. Ils vinrent s'installer dans une mère et ses deux frères, Nuncio et Mathieu , une chaise car il ne pouvait pas marcher, sa petite ferme, tout près de Monclar, dans le font déjà partie du petit groupe qui commence blessure à la jambe n'étant pas encore guérie, Lot-et-Garonne. à se construire. Damira explique à son amie au côté de Diego Rodríguez Collado , résis- Rosa (usuellement: Rosine) Bet est, elle aus- Rosa qu'elle a compris ce qu'elle faisait, elle tant espagnol, le 21 juin 1944. si, fille d'immigrés italiens venus travailler dans veut, elle aussi, faire partie du groupe. Après La police française menait depuis longtemps l'agriculture dans le Lot-et-Garonne, à Coulx, plusieurs tentatives Rosa parviendra à con- une longue enquête sur ce groupe de résis- tout près de Monclar. Elle est née le 27 no- vaincre le père de Damira de laisser les re- tants. Une équipe spéciale venue de Vichy vembre 1924 à Conegliano, en Vénétie. Les joindre. enquêtait, menant filatures et perquisitions. fermes des deux familles sont très proches C'est ainsi qu'après ses frères, en 1943, elle Le 2 avril 1944, les policiers procédèrent aux l'une de l'autre. deviendra membre de la 35 e Brigade Marcel arrestations des personnes filées et identi- Damira et Rosa sont amies depuis l'enfance Langer FTP-MOI , une organisation composée fiées. Ce jour-là , Damira Titonel est arrêtée et leurs vies seront liées jusqu'au surtout d'étrangers et d'enfants d'émigrés qui dans la gare Matabiau de Toulouse en com- bout. Lorsque la Guerre d'Espagne éclate, en vont impulser la lutte armée contre les occu- pagnie de Marc Brafman (dit Léon ) autre ré- 1936, les familles Titonel et Bet vont s'em- pants allemands et le pouvoir du maréchal Pé- sistant de la 35 e brigade, alors qu'elle avait re- ployer à aider les R épublicains espagnols par tain. Elle est envoyée à Toulouse avec son çu l'ordre de ses chefs de rejoindre le Lot-et- l'envoi de nourriture, d'argent et de vêtements. frère Nuncio. Son nom de guerre était Paulette Garonne. Elle transportait sur elle des docu- et sa fau sse carte d'identité était établie au De nombreux Italiens iront défendre la Répu- ments ; fouillée à corps, ils ont été saisis, ser- nom de Michelle Ferrals. blique espagnole, agressée par les dictatures vant de preuve de son activité clandestine. allemandes et italiennes qui soutiennent les Elle devait acheminer des ordres à bicyclette, Elle est interrogée au commissariat central de factieux, au sein de la Brigade Internationale transporter des armes et des explosifs camou- Toulouse pendant près d'une semaine puis Garibaldi. Ce fut le cas du frère ainé de Rosa, flés dans de petites valises pesantes, assurer transférée à la prison Saint-Michel. Elle est Auguste Bet . Il aura une grande influence les filatures pour la préparation des actions, ensuite conduite à la prison Furgole. Le 31 dans la décision de Rosa d'entrer dans la Ré- apporter, puis ensuite récupérer, les arm es jui llet 1944, elle est déportée par un convoi sistance. Après l'attaque allemande et la dé- sur les lieux des attentats. formé à Toulouse à destination du camp de faite française de juin 1940, de nombreuses Au début de mois de mars 1944 le cinéma concentration de Ravensbrück en Allemagne. réunions clandestines se déroulent, le soir Les Variétés à Toulouse diffusait un film : Le Après avoir résisté jusqu'à vaincre la mort tard, dans la ferme des Titonel mais aussi juif Suss , d'une rare violence raciste et anti- programmée dans les camps et sur les routes chez les Bet et chez les Godeas, à Castelcu- sémite. Le commandant militaire de la 35 e Bri- de la débâcle allemande - les terribles lier près d'Agen. gade FTP-MOI, le Polonais Jean Gerhard , marches de la mort - Damira est libérée par On reçoit des émissaires clandes tins du décida d'une action afin d'empêcher le cinéma l'armée soviétique. PCI, Parti Communiste Italien . Dès 1941 et de le projeter. Rosa Bet et Enzo Godeas (Ita- 1942, ils sillonnent les départements du su d lien comme elle) et David Freiman (Roumain) Ce n'est qu'après une hospitalisation de plu- de la France pour organiser de petits groupes ont été chargés de déposer une bombe qui sieurs mois qu'elle arrive à Monclar, au prin- de militants et diffuser dans un premier temps devait exploser entre deux séances de projec- temps 1945, où tout le village la fête. la presse clandestine. On peut citer Illio Ba- tion, la salle étant vide. André Magne

Documents Le 14 octobre 1942, Francisco Ponzán Vidal est arrêté à Toulouse. Léopold Chenaux de Leyritz, P réfet « PONZAN déclare travail- Régional, communique aussitôt avec le Secrétariat Général de la Police à Vichy, par téléphone puis télégramme. Ci - ler pour S.R. Français, et contre : transcription d’un extrait de ce télégramme. Ci-dessous : début du courrier circonstancié envoyé le lendemain. tenir partie matériel et faux documents d’agents an- glais et parachutistes gaul- listes. Stop. Individus arrêtés se retran- chent derrière S.R. qui les couvre en la personne de Monsieur TEYSSIER, parti ce jour pour VICHY. Stop. Sauf instructions contraires, individus arrêtés seront in- ternés Camp du VERNET. LE COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE » - page 11 - Parmi les nombreux résistants étrangers détenus à la prison Saint-Michel de Toulouse : Mendel (Marcel) Langer

Mendel (Marcel) Langer, Internationales à Albacete où il dirige un at e- Allemagne. Langer découvre que so n nom y fils d’Alter et de Rosa Ei- lier de réparation d’a rmes. Après un passage figure, son groupe devan t partir pour Kiel. Le ger, est né le 13 mai 1903 dans la Brigade Dimitrov où il fait la connais- lendemain il ne paraît pas à son travail, il de- à Szezucin en Pologne sance du Roumain Victor Grobocopatel, il re- vient de facto clandestin. Il est aidé en cela dans une modeste famille joint la B rigade Dombrowski, puis il com- par Mira Kugler (la femme de Norbert) qui juive. Son père milite au mande en second comme lieutenant une avait été internée au camp de Rieucros en Lo- Bund, parti socialiste juif compagnie de mitrailleurs de la 35 e Division zère avec Henriette Caubon. Cette dernière antisioniste de Pologne. du général polonais ‘’Walter’’. horlogère-bijoutière rue Saint-Rome, loue une En juin 1937, Langer épouse Cecilia Molina à ch ambre garnie à Jean Ferran, ouvrier à Il vit à Tarnow avec ses parents et ses frères, l’Arsenal, qui accepte d’héberger Langer. mais l’antisémitisme qui règne dans ce pays Albacete. De cette union naquit le 30 octobre oblige sa famille à émigrer en Palestine, alors 1938 une petite fille : Rosa, qu’il connut à Langer va franchir un nouveau pas dans son sous mandat britannique, en 1920. Mendel peine. Après le retrait des Brigades Internatio- activité résistante, celle de l’action armée. Il a Langer, qui a 17 a ns, est embauché comme nales en octobre 1938, de très nombreux in- déjà constitué autour de lui un premier groupe ajusteur-mécanicien aux chemins de fer ter-brigadistes de l’Europe centrale ne peu- embryon de la 35 e brigade FTP-MOI. Il est d’Haïfa. Il entre au Parti Communiste Palesti- vent plus retourner dans leur pays. Ils repren- aussi en relation avec des Espagnols qu’il a nien qui réunit juifs et arabes et y fait la con- nent les armes pour les derniers combats connus en Espagne. Au printemps 1942, Juan naissance d’Abracha Mittelman, juif bessara- avant d’être obligés de se retirer en France. José Linares Díaz lui est présenté par Victor bien, et de Batia Margoulis, juive ukrainienne. Langer passe la frontière au Perthus en fé- Grobocopatel qui travaillait avec lui chez Bré- La police coloniale britannique l’arrête à cause guet Aviation. Ils décident de mutualiser leurs vrier 1939. Il est interné d’abord dans le camp de son activité communiste et il est emprison- de concentration d’Argelès-sur-Mer où il reste efforts. né à la prison de Saint-Jean-d’Acre. Il quitte la quatre mois. Il est ensuite transféré dans le Les premiers attentats à l’explosif sont organi- Palestine en 1929 et arrive en France. camp de concentration de Gurs où il séjourne sés à Toulouse à partir de l’été 1942. Le groupe Langer s’installe à Paris et travaille comme quelques mois. Il y rencontre l’Allemand Nor- de Langer et celui de Linares Díaz collaborent ajusteur aux établissements Jacomet. Il ren- bert Kugler qui deviendra par la suite un res- dans l’incendie de plusieurs camions allemands contre alors des communistes juifs polonais et ponsable Zone sud des FTP-MOI. place du Capitole et devant la gare Matabiau adhère au parti communiste français (PCF) à Le 3 septembre 1939, la France déclare la dans la nuit du 1 er au 2 décembre 1942. la section juive de langue yiddish de la MOE guerre à l’Allemagne. Tous les hommes fran- Le 6 février 1943, une mission aller et retour (Main d’ Œuvre Étr angère) créée en 1923 et çais mobilisables sont appelés sous les dra- dans la journée pour récupérer une valise qui deviendra en 1932 la MOI (Main d’ Œuvre peaux et l’industrie commence à manquer de d’explosifs dans une carrière près de Luchon Immigrée). En 1931, Langer quitte la capitale personnel. Il fait une demande d’engagement dans les Pyrénées est confiée à l’étudiante pour résider d’abord à Lavelanet (Ariège), Sa- dans l’armée française mais, en raison de ses Catherine Lévy, conduite par l’Espagnol Jésus verdun (Ariège), Toulonjac (Aveyron) et enfin compétences professionnelles, il es t affecté Arias, ouvrier chez Bréguet. Elle voit ce der- Toulouse où il va occuper divers emplois : spécial à la Société de Constructions Méca- nier pour la première et dernière fois. Le train d’août 1932 à avril 1934 il est garçon livreur niques du Midi où il avait déjà travaillé, par de retour est prévu vers 19 heures à la gare chez Durran, marchand de matériaux de cons- e décision du général de la XVII région militaire Saint-Agne, située à côté d’un passage à ni- truction, puis chez Roque, marchand de bois (26 février 1940). et charbon ; ensuite ouvrier-peintre chez Fu- veau. Langer les attend près de la barrière. En 1940, le groupe Solidarité se forme au mana, entrepreneur de peinture. Jesús Arias lui passe la valise et s’en va, ainsi sein de la MOI pour apporter aide et nourriture que Catherine Lévy. Un policier interpelle Il quitte cet emploi pour s’embaucher à la So- à des internés dans les camps de concentra- Langer pour contrôler le contenu de la valise. ciété de Constructions Mécaniques du Midi en tion du Sud de la France. Mendel Langer, 1 er commissaire aux opéra- qualité de fraiseur, emploi correspondant da- Langer participe à ce groupe où il retrouve tions de l’inter-région 35 (IR 35) des FTP-MOI, vantage à ses compétences. Abracha et Batia Mittelman, Stefan Barsony et est arrêté. L’interrogatoire dans les locaux du Il reprend conta ct avec le PCF et rencontre le fait la connaissance de Fela Insel, Osna Ko- commissariat central, rue du Rempart Saint- Roumain Stefan Barsony, étudiant en méde- gan, Émile et Ilda Rosenstein, Rachel Perel- Etienne, par les inspecteurs de la 8 e brigade cine. En fréquentant la cantine ouvrière ‘’l’Auro- man. Ces militants, avec d’autres, t el que de police de sûreté de Toulouse est extrême- re’’, il fait la connaissance du Lotois Marcel Go- Norbert Kugler, se tournent progressivement ment violent, mais il n’y aura pas de chutes. defroy et du Toulousain Marcel Clouet. Une vers une action militante antifasciste, notam- Par précaution, Catherine Lévy part pour Nice, camaraderie se forge entre ces trois ouvriers ment en collant des affiches la nuit et en dis- Victor Grobocopatel et Juan José Linares Díaz communistes que l’on nomme ‘’ les trois M’’ . En tribuant des tracts dans des boîtes aux lettres. partent pour l’Ariè ge. Langer est emprisonné à 1933-1934, Langer fait la connaissance de Vi- Le PCF commence alors à restructurer la MOI la prison Saint-Michel le 11 mars 1943. cenzo Tonelli, maçon et membre des Jeu- dans le Sud de la Fra nce. Après l’invasion de nesses Communistes ; il retrouve Abracha Ses camarades vont lui trouver un avocat, l’URSS par l’Allemagne en juin 1941, il passe Maitre Arnal, qui va prendre fait et cause pour Mittelman et Batia Margoulis qui ont dû quitter à une étape supérieure dans son activité la Palestine où ils se sont mariés. Langer et déployer une grande énergie pour contre le régime nazi et son auxiliaire vichys- tenter de lui sauver la vie. Langer parvient à Hitler arrive au pouvoir en Allemagne en 1933 sois. Plusieurs communistes étrangers s’éva- maintenir le contact avec ses camarades, de et un putsch fasciste échoue à Paris en 1934. dent alors des camps de concentration fran- nombreux échanges de courriers en font foi. En France comme en Espagne, des grèv es çais dont certains du camp du Vernet, tels Ja- éclatent et le Front populaire arrive au pouvoir cob Insel évadé le 12.06.1941 qui rejoint son Dans une lettre datée du 21 mars 1943 Mar- au printemps 1936. Mais en Espagne la coali- épouse Fela et la MOI à Toulouse ; Sewek cel Langer se déclare prêt à affronter son des- tion des forces allemandes et italiennes vient Michalak, évadé le 01.08.1942, rejoint la MOI tin : « Je suis préparé à tout. Si je dois mourir prêter main forte aux généraux factieux afin de et s’installe, avec l’aide de la famille Tequi, maintenant, je me comporterai en ouvrier rév o- renverser la République Espagnole. En octobre dans la gare désaffectée de Loubers (vil le de lutionnaire dans mes derniers moments. ». De- 1936, le gouvernemen t espagnol donne son l’Union en Haute-Garonne) qui deviendra la vant la Section spéciale de la cour d’appel de accord à la création de brigades internationales. base logistique du groupe clandestin formé au- Toulouse, l’avocat général Pierre Lespinasse requiert la peine capitale en ces termes : « Des volontaires d’Europe et d’ailleurs affluent tour de Langer. D’autre étrangers rejoignent ce groupe, tels Robert Waschpress, ou coopèrent Vous êtes juif, étranger et communiste, trois pour défendre la jeune République espagnole. raisons pour moi de réclamer votre tête. ». Au départ de Toulouse, des volontaires parmi avec lui, tels que Juan José Linares Díaz. lesquels : Marcel Clouet, Marcel Godefroy, Le 7 octobre 1942, la dire ction de la Société Le 11 mars 1943, Langer est condamné à la Abra cha Mittelman, Vicenzo Tonelli, ainsi que de Constructions Mécaniques du Midi où tra- peine de mort. Le 23 juillet 1943, il est guilloti- Stefan Barsony et Mendel Langer gagnent vaille Langer affiche une liste de noms des né dans la cour de la prison Saint-Michel. l’Espag ne. Langer rejoint la base des Brigades personnes convoquées pour partir tr availler en Alain Fort et André Magne - page 12 - Disparition s Jo, el vaig conèixer, junt, evidentment, amb la del franquisme i del terror nazi portat pels fa s- er Fondateur et 1 Président seva dona Carme Daviu i Batlle, fa més de 10 cismes europeus… perque no torni mai més! de TRIANGLE BLAU anys, fent el meu prim er i molt emocionant, Guardaré el record de la persona tan amable, de Figueres (Girona) viatge als camps nazis, dels que organitzaven tan disponible, tan oberta, tan respectuosa dels Jordi Riera i Sorribes regularment amb el Triangle Blau, en memòria altres, però tan determinada i voluntària que nous a quittés a les víctimes dels camps nazis. eres, Jordi, en el combat compartit per la Me- le 23 novembre 2020 mòria històrica i pels valors republicans de So- Triangle Blau A Mauthausen en particular, ón va ser depor- Associació per a la lidaritat, d’Igualtat, de Fraternitat i de Llibertat. Preservació i Difusió tat al 1941 i ón va morir al febrer 1943 el seu juillet de la Mem òria Hist òrica pare Josep Riera i Borrell, exiliat en 1939 i Seguirem la lluita, Jordi, i… Mai moriràs!

2012 Nascut a Cornellà del Llobregat, el 6 empresonnat en 1940. Mentres es moría de Xantal Semis d’octubre del 1934, aquest mateix dia, el Pre- malaltia la seva mare al 1942, sense cap notí- sident de la Generalitat, Lluís Companys, tor- cia del pare. nava proclamar la Independència, declarant En Jordi feia el seu servei militar a La Junque- l’Estat Català de la Repùblica Federal Espan- ra quan hi va conèixer la Carme. yola ! Intent immediatament fracassat per la intervenció de l’exèrcit espanyol… Aquests dos formaven i es veia tant i tant, una parella molt fusional, aquest 2020 cele- Jordi Riera que estimava tant Catalunya (mili- braven 60 anys de casament. Han tingut tres tant d’Esquerra Republicana de Catalunya ) fills, Miquel, Rafel i Jordi. era fundador, expresident i president d’honor de l’Associació « Triangle Blau » de Figueres, Es al 1977, llegint el llibre de la Montserrat Roig « Els catalans als camps nazis » que va membre de l’Amical de Mauthausen i de l’AAGEF-FFI. aprendre els detalls de la mort del seu pare. Ja el sabíem malalt i molt cansat, però va ser A lla vors, sempre junts, al costat d’amics i amb moltíssima pena que vaig aprendre la companys, primer de l’Amical de Mauthausen, seva disparició el 23 de nov embre del 2020, a fins a fundar l’any 2004 el Triangle Blau de Fi- l’edat de 86 anys, gran i fidel amic nostre, pre- gueres, van lluitar per la memòria i la divulga- sent cada vegada que podía als actes de la ció dels sufriments d’aquesta tràgica història secció dels Pireneus Orientals. de la guerra d’Espanya i de les conseqüencies Jordi i Carme, Mauthausen 2010

Une des plus jeunes taire, reste le plus longte mps pos sible avec la Durant les années sombres de la seconde réfugiées politiques maman : Milagros, sa femme . Cette première guerre mondiale, Milagros et Vicente réussi- d’avril 1938 maternité l’avait beaucoup affaiblie : elle avait rent à passer entre les gouttes. Après Julia, enduré de fréquentes hémorragies. ils eurent trois enfants : Roland, décédé pré- Julia (Colette) Tapia Vergé En début d’après-midi une ambulance mili- cocement, Josiane et Vincent. taire la transporta jusqu’à Linás, village situé à Julia-Colette se maria avec Jean Vergé, ils s’est éteinte quelques km de Yésero , où on lui administra eurent deux enfants : Valérie et Myriam. A Années 60 le 16 septembre 2020 les premiers soins. Elle y resta deux jours car Lourdes ils développèrent avec bonheur un Quand, au printemps 1938, les troupes fra n- elle était très affaiblie. bar-restaurant. Toute la famille Tapia, vécut à quistes provoquent l'e ffondrement du front A Linás on fabriqua des brancards de fortune Lourdes. aragonais en prenant Barbastro (29 mars) , afin de pouvoir passer au mieux les espaces Julia-Colette est née dans l a douleur, la veille elles investissent par le sud la partie est de enneigés. On accrocha deux brancards sur un de l’exil. L’’écho de ses cris d’alors ne s’est l'Aragon et le nord-ouest de la Catalogne ; mulet. D’un côté fut installée Milagros et de jamais tu. Pour elle et sa famille, comme pour l'armée républicaine se replie vers le nord. l’autre un soldat qui venait d’être amputé d’un leur génération, si la fortune des armes leur a La ligne de front se stabilise un temps à bras. Les sœurs de Milagros, Virginia et Mel- été contraire et s’ils ont payé au vainqueur un Gavín. Situé sur la rive droite de la rivière Sía, chora, ainsi que Trini, sœur de Vicente, se re- lourd tribut dont le plus douloureux fut l’exil, à 3 km de Biescas, Gavín est presque entiè- layaient pour porter la nouveau-née. leur lutte n’a pas été vaine. Ils l’ont poursuivie, rement détruit. Six km plus au nord, en direc- Le groupe suivit des chemins escarpés afin fidèles à la pensée politique e t sociale qui a tion de Broto et Bielsa, se trouve Yésero, petit dominé les combats et leur a survécu. de se dissimuler des avions ennemis. A Fanlo, village de 250 âmes, où se situe notamment où Vicente et sa compagnie étaient basés, la Après tant de malheurs, ils eurent une vie un dépôt de secours alimentaire de santé de Milagros se détériora à nouveau. heureuse. Quoi de plus normal, quand on se l’intendance de l’armée républicaine. Vicente fit venir une fois encore le médecin rappelle que l’ainée de cette saga familiale se C’est là que naît Julia Tapia , le 31 mars 1938. militaire. Halte de 3 ou 4 jours… Milagros pro- prénommait Milagros et habitait… Lourdes !

Plus tard elle se fera appeler Colette. gress ivement récupérait un peu de force. Mais Michel Sanz Les Républicains s’étaient retirés du Val nul ne savait alors que Vicente ne reverrait d’Aran entre le 28 mars et le 3 avril. son épouse et sa fille que 2 ans plus tard… Yésero va tomber. Le 1 er avril, le charisma- Après seize jours d’errance, en passant par la tique Antonio Beltrán Casaña, connu comme Bolsa de Bielsa, Milagros et ses compagnes "L’esquinazau", commandant par intérim de l a franchirent la frontière par le col du Puerto Vie- 43 e Division , donne l’ordre de replier toute la jo puis arrivèrent à Arreau (Hautes-Pyrénées). population civile vers la Bolsa de Bielsa. Après avoir été vaccinées, elles furent diri- Le père de Julia, Vicente Tapia, combattant gées vers Rennes, au camp de Ver dun, dans de cette Division, aidé par un médecin mili- des wagons à bestiaux. - page 13 -

plane au -dessus de ce lieu où le fascisme C’est aussi un lieu de recueillement pour les

pétainiste & hitlérien a frappé cruellement. proches et de paix pour ceux qui y reposent.

En 1969, la chronique « Mais, dit André L’Amicale qui a la responsabilité de ce « té-

Wurmser », publiée dans le journal moin » poursuit son travail sereinement,

L’Humanité , a pour titre « Le rouge au front ». MAIS, l’oubli faisant toujours son œuvre , la

Le journaliste découvrant ce lieu de désolation vigilance reste de mise.

a le coeur fendu & éprouve un puissant senti-

Vous trouverez dans cette publication des ar-

ment de honte. HONTE de constater que la

ticles de journaux, des textes d’auteurs, des do-

France a abandonné les dépouilles de ces

cuments iconographiques, des documents d’ar-

combattants antifascistes sans leur rendre le

chives, ainsi que la liste de toutes les personnes

mo indre hommage, alors que la République

décédées que nous avons recensées à ce jour.

Fédérale Allemande a rapatrié celles de ses

Belle lecture…

soldats décédés & enterrés dans ce cimetière

Raymond Cubells

après la Libération pour les honorer.

président de l’Amicale

En 1970, deux actions vont être détermi- Sommaire

nantes pour sauver le cimetière. Dans l’été

P. 3 : Introduction

d’abor d, un ancien interné Garibaldien, Ilario

P. 4 : Le rouge au front , article d’André Wurm-

PLINIO est mandaté pour contacter autorités

ser dans « L’Humanité » du 31/01/1969

& personnalités & les convaincre de sauve-

P. 5-7 : Les "Oubliés" de la Toussaint , article de

V garder ce cimetière où plus de cent-cinquante

Jean Benoît, dans « Le Monde » du 1/11/1970

antifascistes sont enterrés à jamais.

76 ans après sa fondation, l’Amicale du camp P. 8 : Article de Charles Tillon paru dans le

Ensuite, le 1er novembre 1970, un journaliste

premier bulletin de l’Amicale du 1/09/1973 de concentration du Vernet vient de publier

du journal Le Monde , Jean Benoît, publie un

une nouvelle étude très instructive. Ci- P. 9-13 : Liste alphabétique des internés décédés

article intitulé « Les "Oubliés" de la Tous-

dessous : l’introduction au sujet et le som-

P. 14-15 : MURSMURES du cimetière, montage

saint ». Ces deux actions ont un grand reten-

maire. Nos vives félicitations aux auteurs. photo de toutes les tombes rangées par ordre

tissement. Les anciens internés se remobili-

chronologique de décès

Introduction

sent. L’Amicale se lance dans un travail opi-

P. 16 : Paul Pitoume, artiste peintre interné &

L’histoire du cimetière du camp de concentra- niâtre qui porte ses fruits et les "Oubliés" de la

inhumé dans le cimetière

tion du Vernet d’Ariège est intimement liée à Toussaint récupèrent leur dignité. Les tombes

P. 17 : Le cimetière avant...

celle de l’Amicale des Anciens Internés Poli- sont rénovées, les alentours et les accès au

P. 18-19 : Récit, Albert Borkiewiez est abattu... ,

tiques et Résistants du camp de concentration cimetière aménagés. La lutte contre l’oubli

dans un extrait de LES HOMMES DU VERNET de

du Vernet d’Ariège, créée le 1er décembre 1944. s’est mise en route & ne s’arrêtera pas.

Bruno Frei, traduction de Georges Dimon, deu-

Fin 1950, dans le contexte de la « Guerre Depuis 2010, chaque t ombe est fleurie le 1er xième édition de 2019

Froide » & sous la pression de Franco, novembre à 11 heures au cours de la céré- P. 20-22 : Récit, Tentative d’évasion de LeoDéputée Dallin- l’opération de répression poli cière nommée monie des « Oubliés » de la Toussaint. ger dans un extrait de LES HOMMES DU VERNET « Boléro-Paprika » vise plusieurs centaines de En 2012, l’Amicale a aussi décidé de munir de Bruno Frei, traduction de Georges Dimon, militants d’associations antifascistes, principa- toutes les tombes d’une lampe solaire. Ceci pour deuxième édition de 2019 lement des Espagnols Républicains qui sont mettre en lumière tous ces combattants antifas- P. 23-25 : Récit, Décès & enterrement d’Aron assignés à résidence & déportés en Algérie & cistes trop longtemps restés dans l’ombre. Langer, dit "Jules" dans un extrait de JULES de en Corse pour la plupart, vers des pays de Friedrich Wolf, publié à Berlin en 1948, illustré par l’Est pour les autres. Notre Amicale n’est pas En 2016, l’identité & la nationalité des internés Georg Mc King, traduit par Françoise Pernot & interdite d’exercer ses activités, mais certains décédés sont lues au cours de cette cérémo- Maria Cozar. Retrouvez ce récit dans son intégralité de ses militants son t poursuivis. Ce climat nie par les personnes présentes. sur notre site www.campduvernet.eu répressif ignoble envers des personnes qui Cette année 2020, avec l’aide d’une trentaine de P. 26-27 : Le cimetière en 2020 ont été parmi les premiers Résistants & qui bénévoles, nous avons effectué des rénova- P. 28 : Un poème écrit par Ampari Perez, ont participé à la Libéra tion de la France tions : les plaques commémoratives ont été re- PERFILES HUMANOS PROFILS D’HOMMES oblige à sa « mise en sommeil ». Le cimetière, peintes & le gravier des tombes a été renouvelé. Les « Oubliés » de la Toussaint abandonné, tombe dans l’oubli. Il disparaît Le cimetière est devenu un garant de lisibilité LES ÉDITIONS DU CAMP DU VERNET (5 €) sous les ro nces. Les vaches vont paître parmi pour l’Histoire & la Mémoire du camp de con- ses tombes. Une indifférence quasi générale centration du Vernet d’Ariège. Contacts : [email protected] même division abattait 1 bébé, 11 enfants, 6 Remerciements fraternels femmes et 9 hommes à Marsoulas, petit village de Haute-Garonne (Comminges) : 27 morts. Le Grup Mem òria , a longtemps joué et cha n- té pour les guérilleros depuis les montagnes Là, chaque 10 juin, ont lieu d’importantes du Canigou jusqu’à Paris, en passant par cérémonies. Ce 23 janvier 2021, u n grand Prayols. Voix puissantes et fraternelles ! Il panneau explicatif a été inauguré sur le site par vient de se dissoudre et de faire un don à le Conseil départemental. Un livre documen- notre section des Pyrénées Orientales. Moltes taire (80 pages) sera distribué dans les collèges gràcies Jérôme, Federico i companys ! et médiathèques de Haute-Garonne. On pourra se le procurer auprès des associations mémo- Notre cher José Martorell , décédé le 16 rielles, ainsi qu’auprès des services culture, octobre dernier, s’était beaucoup investi de- Le 10 juin 1944, peu après le débarquement jeunesse, patrimoine , du département. puis 2011 dans le groupe Guérillero oublié . allié en Normandie, la sinistrement célèbre Sa fille Karine nous a avisés que, parmi ses division allemande Das Reich, commettait le * Rappelons que, grâce à la recherche menée par notre camarade David Ferrer, une 643 e victime a été dernières volontés, il avait prévu de réaliser massacre d’Oradour-sur-Glane : 643 victimes *. officiellement reconnue en octobre 2020 : Ramona un don à l’AAGEF-FFI pour qu’elle poursuive Le même jour, une unité appartenant à la DOMÍNGUEZ GIL (bulletin AAGEF-FFI n° 159, p. 4). son activité. ¡Hasta siempre guerrillero Pepito! - page 14 - Misère de l’enseignement de l’Histoire ! BORREDON-SEPTFONDS 2021

Le Patriote Résistant est le mensuel édité par Nota : l’URSS est classée en régime autor i- La 15 e Marche de la Dignité est la Fédération Nationale des Déportés, Inter- taire de 1917 à 1922. Et le régime des tsars, programmée à l’appel du CIIMER pour le nés, Résistants et Patriotes (FNDIRP). Dans aboli par la révolution soviétique, c’était quoi ? samedi 13 mars. A ce jour, nous ne sa- le numéro de novembre 2020, un titre attire Au bas de la même page, les symboles de vons pas qu’elles seront les contraintes l’attention : LES CAMPS NAZIS ONT EXISTÉ. l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste, de liées à la situation sanitaire à cette date. Le sous-titre indique : « mais il est bien diffi- l’URSS communiste sont présentés sur un A partir du 15 février le maintien ou pas cile de le savoir en parcourant le chapitre sur pied d’égalité, ce que contestent beaucoup "les régimes totalitaires" dans l’entre-deux- d’historiens. sera annoncé sur le site de MER 82 : guerres des tout récents manuels d’histoire Aux pages 66 et 67, figure une carte de http://www.mer82.eu pour la classe de terminale ». L’auteur de l’URSS intitulée : « géographie de la répres- l’article, Franck Schwab, professeur d’histoire sion », avec la localisation des principaux España, mañana, será republicana et de géographie, a consulté 7 livres d’histoire camps du Goulag et des principales fosses présentant ce programme. Il a notamment communes avec cette terrible précision : Le 12 octobre 2020, jour de la fête natio- analysé le chapitre intitulé : les régimes totali- « entre août 1937 et novembre 1938, au nale de l’Espagne monarchiste ( aujourd’hui taires. Il précise : Día de la Hispanidad , auparavant Fiesta de moins 700 000 personnes sont exécutées par « Aucun manuel ne présente la moindre carte le pouvoir stalinien ». la Raza ), est paru un sondage commandité par 16 médias indépen dants (dont le journal des camps de concentration nazis dans leurs Mais aucune carte des camps de concen- digital Público ), réalisé par l’institut 40Db, pages consacrées à l’Allemagne d’avant- tration et d’extermination nazie ne figure via 3 000 entretiens réalisés au niveau na- guerre… Et les élèves ne sauront pas que dans ce manuel. des Allemands ont payé très cher dans ces tional. Selon cette étude : En fin d’ouvrage figurent les biographies de camps leur combat contre Hitler… Par contre, ● 47,8 % des sondés sont favorables à un 65 personnes qui ont marqué l’Histoire. Celle les élèves ne manqueront pas de connaître le référendum quant à la forme de l’État (36,1 de Pétain indique : « Il installe le régime auto- Goulag bien illustré dans tous les manuels par contre ; 24,2 ne se prononcent pas) ; ritaire et conservateur de l’État français et col- une carte sur la grande terreur. ». labore avec l’Allemagne nazie ». Rien de pré- ● en cas de référendum, 40,9 % des son- Je me suis procuré le manuel édité par "le cis sur la nature de cette collaboration . dés sont favorables à une République (36,1 livrescolaire.fr". Ce 2 e chapitre est effective- contre ; 16,1 ne se prononcent pas) ; Cependant, page 134 ne sont pas oubliés, à ment révélateur. A la page 57, est proposée juste titre, les nombres de morts * pendant la ● 59,8 % des électeurs du PSOE et 94 % une carte en couleurs de l’Europe (plus l’AFN : Seconde Guerre Mondiale : de ceux de Unidas Podemos , sont pour le Afrique du Nord Française) entre 1917 et référendum ; se prononcent contre : 75,2 % 1939. On y distingue 3 sortes de régimes : Pays Militaires Civils des électeurs du PP, 74,6 % de ceux de ● DES RÉGIMES PARLEMENTAIRES, dont URSS 8 600 000 16 000 000 Vox et 57,3 % de ceux de Ciudadanos . la France et l’AFN. L’AFN, colonie française, Allemagne 4 000 000 2 000 000 ● 55 % des électeurs du PSOE et 91,1 % bénéficiait donc d’un régime "parlementaire" France 290 000 290 000 de ceux de Unidas Podemos voteraient dans les années 1930 ? pour une République ; pour continuer la ● DES RÉGIMES AUTORITAIRES, dont le USA 300 000 - monarchie voteraient 76 % des électeurs du Portugal (à partir de 1926) et l’Espagne (de Franck Schwab conclut dans Le Patriote Ré- PP, 79,2 % de ceux de Vox et 59,8 % de 1923 à 1930 et de 1936 à 1939). Les Républi- sistant : « Misère de la conscience euro- ceux de Ciudadanos . cains portugais et espagnols apprendront que péenne ! Misère de l’enseignement de l’His- ¡Próximamente : ni c orona v irus, ni corona Borbón! Salazar et Franco ne faisaient preuve que d’ toire ! Misère surtout du garde-fou civique que « AUTORITÉ » ! cet enseignement est censé toujours représen- ● DES RÉGIMES TOTALITAIRES : l’Allema- ter contre le fascisme rampant qui revient ! ». gne nazie (à partir de 1933), l’Italie fasciste (à Olivier Nadouce partir de 1922) et la « Russie » soviétique (à partir de 1922. * Ce tableau donne des ordres de grandeur.

Du manque de rigueur en Histoire l’Amicale des anciens du Vernet tiennent à ranger Tous ceux qui travaillent sur l’histoire des camps le camp ariégeois parmi les camps de concentra- de Sepfonds et du Vernet, seront surpris des er- Claude Laharie, vient de publier Petite histoire tion ? ». Claude Laharie devrait lire les productions reurs que commet Claude Laharie à leur sujet. Et des Camps d’internement français (chez Cairn, de l’Amicale du Vernet et celles de l’AAGEF-FFI. ses lacunes. Nous y reviendrons. octobre 2020, 195 p., 11 €), avec préface de Denis Voilà des années que Document daté du 7/2/ 1944 En préface de Le camp de Gurs (1993), notre ami Peschanski. Lauteur affirme que : « Les camps nous avons divulgué ici Artur London déclarait (p. 11) : « Après notre retour français de la Retirada sont désignés » par camps et ailleurs le texte com- en France […] nous étions harcelés de questions sur de concentration en Espagne, au Portugal et « par plet et les cotes d’ar- la nature des camps nazis. On voulait connaître la de nombreuses associations françaises des Répu- blicains espagnols. », tandis qu’ils seraient dési- chives de la circulaire vérité pour que, avertie, l’humanité ne puisse jamais gnés par camps d’internement « dans tout le reste édictée le 10 janvier plus connaître cela. Par contre , le silence planait sur de l’Europe, à commencer par la France et 1941 par le ministre Pey- les camps de concentration français : Rieucros, l’Allemagne ». La deuxième assertion est fausse : routon avec son instructif Septfonds, Le Vernet, St Cyprien, Rivesaltes, Noé, Claude Laharie ignore les travaux de Jean-Claude exposé des motifs. Il est surprenant que Claude La- Nexon, Récébédou… et sur le plus important, le pire, Farcy, Paul Lévy, Éric Malo, Marie-Claude Rafa- harie n’en dise mot. Pourquoi ce silence ? Gurs. ». Oui Claude, le silence planait. Rompons-le. neau-Boj, Maurice Rajsfus, Jacques Sigot... Mais Plutôt que de critiquer en bloc « les confrères es- Henri Farreny aussi ceux d’Hanna Schramm et Barbara Vormeier Pancartes à commenter ultérieurement pagnols » pour leurs « méconnaissances béantes » qui écrivirent : Vivre à Gurs – Un camp de concen- (comme il le fait p. 26), Claude Laharie devrait con- 1979 tration français 1940-1941 (paru en 1979). sidérer l’échange avec Denis Peschanski rapporté A propos de la dureté du camp du Vernet, Claude fidèlement en p. 2- 7 de ce numéro. Et méditer sur Laharie pose une étrange question : « Est-ce la rai- les Pensées de Blaise Pascal, vieilles de 350 ans son pour laquelle les responsables actuels de mais toujours d’actualité (cf. p. 3, 3 e col., ici). 1995 - page 15 - Refoulements de réfugiés, dès octobre 1937 Nouveaux outils pour connaître et réfléchir

Notre ami, Jean -Daniel Simonet , coprésident En 2020, 3 bienvenus sites ont éclos . Ils sont ici no m- més en rouge mais le texte à présenter comme re- de l’Amicale des Déportés Politiques et Résis- quête (*) à votre navigateur internet est en bleu : tants du Train Fantôme, nous a transmis AAGEF-FFI-66 l’article reproduit ci-contre, paru le dimanche amicale-aagef-ffi-66.monsite-orange.fr 3 octobre 1937 dans Cherbourg-Éclair . Mis en ligne au mois d’avril, à l’initiative de la Sec- On y apprend que le maire de Bayonne pro- tion des Pyrénées Orientales de l’AAGEF-FFI , ce teste contre l’éventualité d’un refoulement sys- site propose une grande variété d’informations et juillet tématique des réfugiés espagnols : « L’opinion de ressources à propos des Républicains espa- 2012 publique se révolterait à la pensée qu’on puisse gnols. Les Pyrénées Orientales furent et demeurent expulser des femmes, des enfants et des viei l- un haut-lieu de la résistance aux fascismes : 1) pen- dant la Guerre d'Espagne de 1936-1939 pour soute- lards, sous le seul prétexte qu’ils sont indigents nir les Républicains, 2) lors de La Retirada quand et que leur entretien est onéreux, alors qu’on furent ouverts les indignes camps de concentration tolèrerait, sous le prétexte qu’ils subviennent français, 3) sous l'Occupation allemande , 4) pour entièrement à leurs besoins, de riches étra n- continuer la lutte antifranquiste... gers qui se cachent à peine pour se livrer à de Contacts : [email protected]

louches manœuvres contre notre pays. ». Archives de Luis Fernández, général FFI archivesamicaleguerrilleros.wordpress.com Plusieurs milliers d’Espagnols républicains s’étaient réfugiés en France lor s de la bataille Ce site a été créé récemment par notre camarade du Guipúzcoa, conclue par la chute d’Irún Jean-Charles Fernández pour donner accès à un ensemble de documents instructifs légués par Luis (5 septembre 1936). Plusieurs dizaines de mil- FERNÁNDEZ JUAN , président fondateur de liers s’exilèrent par voie maritime en 1937 lors l’ Amicale des Anciens FFI et Guérilleros Espa- des combats en Biscaye (prise de Bilbao le 19 gnols , indignement interdite en 1950. juin) , en Cantabrie (prise de Santander le 26 Contacts : [email protected] août) et aux Asturies (Gijón ne sera prise que le AAGEF-FFI Informations 21 octobre). Au lieu de soutenir le gouverne- sites.google.com/view/aagef-ffi ment républicain, la France maintient sa poli- Ce site résulte d’une volonté ancienne de l’AAGEF- tique de « Non-Intervention » qui fait objective- FFI pour mettre à disposition, avec des explications ment le jeu de Franco et de ses alliés, Hitler et circonstanciées, les publications de l’association Mussolini. A l’égard des réfugiés, l’État « ac- créée par les guérilleros espagnols en 1945 (Amicale cueille », certes, mais a minima : aux préfets il des Anciens FFI et Résistants Espagnols ) interdite est prescrit de procéder au « refoulement » dès 1950, ré-autorisée en 1976 sous le nom actuel : AAGEF-FFI . De nombreux sujets relatifs à l’histoire (terme employé 2 fois dans l’article). des résistants espagnols y sont considérés : évène- Heureusement, une partie des Français ré- ments méconnus, biographies originales, activités de siste et exprime sa solidarité : groupes poli- recherche, activités de vulgarisation, activités com- tiques, syndicaux, associations humanitaires, mémoratives. Une mine de matériaux, analyses, syn- élus… On note ici l’engagement du maire de thèses, à explorer, étudier, partager… et bien sûr à enrichir avec rigueur et discernement. Bayonne : Pierre Simonet (à ce poste de 1935 Contacts : [email protected] à 1941). Nous av ons salué sa mémoire et (*) Si vous recevez le présent bulletin par internet les celle de son fils Jacques dans le bulletin AA- liens ci-après sont actifs (cliquez dessus !) : GEF-FFI n° 145 (2017) : avocats tous les https://amicale-aagef-ffi-66.monsite-orange.fr deux, ils défendirent les Espagnols. Jacques, https://archivesamicaleguerrilleros.wordpress.com arrêté à Bayonne le 12 juin 1944, fut déporté https://sites.google.com/view/aagef-ffi depuis Bordeaux via le Train Fantôme . (si difficulté, envoyez un courriel aux Contacts )

Réalité méconnue : en 1939 -40, avant Pétain, des rapatriements collectifs forcés vers l’Espagne franquiste Le n° 115 (2009, p. 12) du bulletin de l’AAGEF-FFI a présenté des documents inédits prouvant que de tels forfaits ont été accomplis dès avril 1939. Pour davantage d’informations, on peut consulter ces publications de Charles et Henri Farreny : ● Du traitement arbitraire des réfugiés espagnols par les autorités françaises (1939-1940) , Cahier Espagne au cœur n° 2, avril 2011 (tiré-à-part d’une communi- cation présentée au colloque La Guerre d’Espagne dans l’Histoire de France , Nérac, mars 2009). Accès internet : sites.google.com/view/aagef-ffi ● Rapatriements collectifs forcés vers l’Espagne fran- quiste en 1939-1940 – premières observations , in Camiade Martine et Font Jordi (directeurs), Déplace- ments forcés et exils en Europe au XXe siècle , p. 95- 111. Éditions Talaia, Perpignan, 2012 (actes d’un col- loque au MUME de La Junquera, octobre 2010) ● Repatriaciones colectivas forzosas hacia la España franquista en 1939-1940 – Primeras observaciones , in Rodríguez Pablo (editor), La represión franquista en [email protected] Levante, p. 303-326 , Eneida, Madrid, 2012. - page 16 -