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ZIBELINE 17.01 > 14.02.2020 CULTURE LOISIRS ciné mensuel culturel n° 1

- RD F: 2,50 - 53 L 11477 - 1 - F: 3,50 - RD 3€50 L 18754 J4 Exposition 22 janvier—4 mai 2020 Voyage Voyages Mona Hatoum, Hot Spot (stand) (detail), 2018 © Mona Hatoum. Courtesy Galerie Chantal Crousel, (Photo : Florian Kleinefenn)

Mucem

Avec le soutien de En partenariat avec edito J4 Exposition 22 janvier—4 mai 2020 Écologie : Voyage des liaisons dangereuses n s’évertue à entretenir voire à réa- calcul politicien. Pire, en artisan d’une recomposition nimer un modèle économique mar- politique reposant sur une opération de greenwashing chand qui est la cause de tous ces résolument libérale. À Marseille Sébastien Barles, « désordres », tranchait Nicolas Hu- représentant officiel d’EELV, n’a cessé ses appels du Voyages lot pourO légitimer sa démission du Gouvernement pied à l’égard d’un député En Marche jusqu’à ce que d’Edouard Philippe. Même son de cloche du côté du ce dernier rentre dans le giron du candidat adoubé Mona Hatoum, Hot Spot (stand) (detail), 2018 © Mona Hatoum. Courtesy Galerie Chantal Crousel, Paris (Photo : Florian Kleinefenn) photographe et documentariste Yann Artus-Bertrand par l’Élysée. Basses manœuvres qui n’honorent pas pour lequel « le capitalisme est en train de détruire la politique. Heureusement, Michèle Rubirola -sus- la planète complètement ». L’un et l’autre ne sont ni pendue d’EELV en représailles- affirme les valeurs marxistes, ni anticapitalistes, loin s’en faut. Ils af- sociales de l’écologie et donne la priorité au rassem- firment pourtant publiquement et sans tergiverser blement, portant les couleurs du Printemps mar- que le néolibéralisme n’est pas compatible avec l’ur- seillais, arc-en-ciel politique, social et citoyen des gence écologique et climatique. Une évidence qui ne forces progressistes. semble pas l’être aux yeux de certains représentants Mais ces valeurs de gauche sont-elles encore éco- de l’écologie politique. Particulièrement ceux qui in- lo-compatibles ? Jusqu’où peuvent aller leurs liai- carnent l’ambition électoraliste d’Europe Écologie - sons dangereuses ? L’exemple le plus glaçant nous Les Verts pour le scrutin municipal de mars. vient d’un pays de l’Union européenne. Un accord À Paris, c’est une tête de liste EELV qui propose, en de gouvernement a été conclu en Autriche, entre décembre dernier, une « large coalition » avec un dé- la droite conservatrice et le parti dit écologiste. Le puté LREM et candidat macroniste prétendument nouveau chancelier, précédemment allié avec l’ex- dissident. Si le nouveau secrétaire national du parti trême-droite, déclare de manière décomplexée vou- labellisé écologiste a on ne peut plus clairement ba- loir protéger à la fois le climat et les frontières. Or layé l’éventualité d’une telle alliance, son ancien chef justices sociale et environnementale sont deux enjeux de file aux européennes maintient l’idée de rappro- fondamentaux indissociables, répondant ensemble chements de circonstance et à géométrie variable à une exigence d’émancipation humaine en harmo- selon les villes. Au premier tour, l’autonomie, dans nie avec la planète. le but quasi-avoué de se compter plutôt que de ras- L’exacte antithèse du dessein libéral. sembler, reste la principale consigne. Au second, le LUDOVIC TOMAS tabou pourrait bien être levé et la ligne rouge franchie d’union avec des soutiens du président de la Répu- blique voire d’une main tendue aux Républicains et À bientôt ! alliés, enfonçant ainsi le clou de la dépolitisation des Impliquée dans la campagne municipale aux côtés du Prin- luttes écologiques. temps Marseillais pour y défendre (bec et ongles !) les ques- « Gérard Collomb a été un temps le maire qu’il fallait tions culturelles, il m’a semblé peu compatible de continuer à à Lyon, comme Chirac et Delanoë ont été celui qu’il exercer mon travail de journaliste. Je me mets donc en congé, fallait à Paris, comme Chaban-Delmas et Juppé ont du moins pour ce qui est des sujets marseillais et/ou politiques, été celui qu’il fallait à Bordeaux », a déclaré Yannick le temps de la campagne, et vous retrouverai d’une manière ou Jadot. Son score à deux chiffres aux élections euro- d’une autre en avril ! péennes a suffi à le transformer en lider maximo du AGNÈS FRESCHEL

Photo de couverture : © CC

ZIBELINE MAGAZINE, MENSUEL CULTUREL

CULTURE LOISIRS CINÉ Rédactrice en chef : Dominique Marçon Chargée des abonnements Rédaction : [email protected] [email protected] Mensuel paraissant le vendredi Contact diffuseurs : Commerciale Mucem Édité à 20 000 exemplaires Zoé Guillou A juste Titres - tél : 04 88 15 12 41 par Zibeline [email protected] 07 67 19 15 54 Titre modifiable sur www.direct-editeurs.fr BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Administration Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 RETROUVEZ TOUS NOS CONTACTS [email protected] Avec le soutien de En partenariat avec Imprimé par Rotimpress Directrice de publication SUR JOURNALZIBELINE.FR Imprim’vert - papier recyclé Agnès Freschel Salle des Musiques Actuelles du Pays d’Aix

UNE NOUVELLE ÈRE SONORE Votre salle de concert à Aix - Ouverture Mars 2020

160 rue Pascal Duverger 13090 Aix-en-Provence 6mic-aix.fr sommaire

Salle des Musiques Actuelles 1 du Pays d’Aix grand entretien (P.6-7) Edith Amsellem, Metteuse en scène

Politique culturelle (P.8-18) Marseille : les bibliothèques Nîmes : place de la culture, festival Flamenco Gardanne : Le Puits Morandat Toulon : Réhabilitation du quartier Chalucet Les Parallèles du Sud à Manifesta

Virginia à la bibliothèque cité queer (P.19) © Vincent Beaume Fêtes queer et politiques portrait (P.22-23) Emmanuelle Tirmarche, fondatrice du label Manivette Records société (P.20-21) Réensauvager le monde événements (P.24-36) Début d’année au Mucem Festival Parallèle, Marseille Héroïne(s) #3, Cie Les Passeurs Par les villages, Pays d’Aix Festival Les Elancées, Ouest Provence Avignon : Les Hivernales, L’Autre Festival, Fest’Hiver, Trajectoires, Carros

critique (P.38-53) Les Rencontres d’Averroès, la Criée, le Mucem, le Marché Noir des petites utopies, le Gymnase, l’Opéra de Marseille, la Meson, le 3bisf, le Théâtre des Ateliers, le GTP, le jeu de Paume, le Daniel Linehan, Café Zimmermann, le Pavillon Noir, le théâtre de Fontblanche, Body Of Work - Gardanne, le théâtre d’Arles, les 13 Vents, le théâtre Jean Vilar, les Festival Parallele 2020 © Danny Willems de

arts visuels (P.96-97) AU PROGRAMME Nicolas Floc’h à la Fondation Camargo Spectacle vivant (P.54-81) Exposition Elles reviennent ! au Pavillon de Vendôme Musiques (P.82-93) Olivier Millagou à la Villa Tamaris et à la Friche la Belle de Mai Arts visuels (P.94-95)

LIVRES/CD (P.98-106) CINÉMA (P.107-109) Livres du mois : Croire aux fauves ; Dans la gueule de l’ours ; Le Annonces : Polar en lumières, Vitrolles UNE NOUVELLE lamento de Winnie Mandela ; Petites chroniques de printemps et d’automne ; Aires ; Terre brûlée ; Des gens comme nous ; Papa ; La Films de la semaine : La cravate ; Les siffleurs ; Aquarella ; vie de Gérard Fulmard ; Étranger dans mon pays ; Aux armes Histoire d’un regard Retours : Clôture de la fête du centenaire de la librairie Maupetit CD du mois : Modernisme, Totem Sismic

ÈRE SONORE BALADE (P.110-111) Votre salle de concert à Aix - Ouverture Mars 2020 La Villa Valmer, Marseille

(P.112-114) ÉCOUTES/ÉCRANS Histoire d'un regard 160 rue Pascal Duverger 13090 Aix-en-Provence 6mic-aix.fr de Mariana Otero © Jerôme Prebois Archipel 33 6 grand entretien

Virginia Woolf, la liberté d’être soi Depuis ses débuts, la compagnie ERd’O aime à défricher des lieux non dédiés à la représentation théâtrale. Sa nouvelle création convoque Virginia Woolf dans les rayonnages d’une bibliothèque

e nourrissant du contexte, la L’histoire de l’émancipation des femmes de l’auteure : Anne Naudon va se faire metteuse en scène Edith Am- est parallèle à l’arrivée des auteures en pénétrer par cette figure, puis devenir sellem s’attache depuis 2011 à littérature : c’est précisément ce que relate tour à tour tous les personnages, réels faire parler les lieux, pour mieux l’essai. Sur commande d’une conférence ou fictifs, qui traversent l’essai. faire résonner les textes : joutes pour l’université de Cambridge, Virginia Après des créations collectives, l’équipe de épistolaires de Laclos sur terrain Woolf y explique parfaitement pourquoi Virginia à la bibliothèque se resserre au- Sde sport, cruauté infantile de Gombrowicz les femmes n’ont pas écrit jusqu’au dé- tour de trois artistes. Pourquoi ce choix ? dans un château toboggan, symbolique but du XXe siècle. Elle n’y répond pas de J’avais envie d’un solo. C’est le spectacle du loup dans une forêt la nuit tombée… manière pontifiante, mais comme une où l’on se retrouve avec Anne Naudon, Avec Virginia à la bibliothèque, la com- artiste, une romancière, en amenant de présente depuis les débuts de la com- pagnie ressuscite les écrits de Virginia la fiction dans le réel. pagnie. Au fil des créations, nous avons Woolf, afin de questionner la posture Quel a été votre processus de travail construit ensemble ce rapport à l’espace de la figure féminine dans la littérature. pour adapter cet ouvrage ? et à l’extérieur, inventé des protocoles J’ai choisi la récente traduction de Ma- pour faire corps avec les endroits tra- Zibeline : Qu’a à nous transmettre Vir- rie Darrieussecq, publiée en 2016 chez versés… Avant de s’installer dans un es- ginia Woolf aujourd’hui ? Denoël, qui donne un coup de peps à pace, on lui fait l’amour -à la forêt, aux Edith Amsellem : J’ai connu Vir- l’écrit. Le langage y est moins ampoulé, châteaux toboggans comme aux terrains ginia Woolf par Une chambre à soi, lors les métaphores plus éclairantes pour un multisports. On ne se pose pas simple- de mon engagement au sein du Mouve- lecteur français. Elle rend notamment ment dans un espace, on se le fait ! (rires) ment HF, égalité hommes femmes dans au « room » originel sa vraie significa- Dans la douceur ou violemment, on le les arts et la culture. Plus récemment, le tion : un lieu à soi, et non une chambre ! prend ou il nous prend… Cette méta- bac français de ma fille a joué le rôle de Nous avons procédé à l’adaptation avec phore sexuelle constitue la base de notre déclencheur. Elle est en L, et sa liste de la comédienne Anne Naudon. Notre tra- travail. Anne est comme une alter ego. textes comportait 4 femmes parmi 38 au- vail à la table, nourri d’échanges et de Après avoir joué en salles pendant des teurs, dont 3 du Moyen Âge réunies au- réflexion, est fondateur du projet. Le années, elle nourrit elle aussi une fas- tour de la thématique Les femmes parlent spectacle suit le déroulé du livre -en cination pour les lieux non dédiés. La d’amour. Les bras m’en sont tombés ! J’ai conservant flash-backs et digressions musique de Francis Ruggirello, quant sondé autour de moi, et les femmes re- de la pensée de l’auteure- pour en tirer à elle, est fondamentale dans toutes nos présentent généralement moins de 10% le fil dramaturgique : pour devenir écri- créations. Il a cet inventif grain de folie de ces listes. On nous enseigne que la lit- vain, une femme doit posséder un lieu qui amène beaucoup d’humour, via un térature est masculine. Les professeurs à soi et l’indépendance financière. Au- univers très brut. Sa création sonore de français ont la responsabilité de trans- trement dit, la liberté d’être soi. Je me constitue ici l’enveloppe paranormale former la manière dont cette transmis- suis inspirée pour la mise en scène du du spectacle. sion opère ! Cette prise de conscience a principe narratif de Virginia Woolf, qui De quelle manière s’investit une constitué la porte d’entrée de mon nou- met le lecteur en position d’analyste. J’ai bibliothèque ? veau spectacle. En inspectant ma propre conservé cette position, ça me plaisait Je tenais à jouer dans une bibliothèque bibliothèque, j’y ai moi-même dénom- que le spectateur ait cette mission de trier vidée de ses usagers. Le soir venu, il y bré seulement 27% de femmes. Virginia ce qui lui est délivré. Il était nécessaire règne une atmosphère étrange. Mais on Woolf m’a alors sauté aux yeux, et j’ai de créer un cadre concret pour convo- ne transfigure pas le lieu. La scénogra- relu immédiatement Une chambre à soi. quer l’univers nébuleux et incandescent phie, c’est la bibliothèque ! Pour nous 7

Cette fois, nous l’avons imaginée avec la plasticienne Clémentine Carsberg, qui mène un boulot très intéressant dans l’es- pace public. Les participants sont invités à venir avec le livre qui a changé leur vie. Les jeunes ont du mal à en trouver un, les plus âgés du mal à n’en trouver qu’un ! À la lumière d’un petit questionnaire -si le livre était une texture, une couleur, une sensation, comment est-il arrivé entre vos mains…- chaque participant nous présente son ouvrage. Puis on fabrique ensemble des affiches à la manière des Guerrilla Girls, en reprenant ces infos de la manière la plus décalée possible, et on part les coller dans la rue. Les pro- chains ateliers auront lieu le 18 janvier à la Criée, et le 25 au Merlan. Comment la compagnie s’est-elle struc- turée au fil des années ? Le Théâtre du Merlan nous porte depuis 2015. Faire partie de pendant trois ans nous a permis de bénéficier d’un bureau, d’un accompagnement à la diffu- sion… À l’issue du processus, Francesca Poloniato m’a proposé d’être artiste asso- ciée pour trois années supplémentaires. Six ans portés par une scène nationale, c’est précieux ! L’équipe sait accompa- gner un artiste sur le long terme, elle nous a permis d’inventer des choses un peu folles… Depuis le 1er janvier, je suis aussi artiste associée au Théâtre de Châ- tillon pour trois ans. Et les précédents spectacles continuent de tourner : nous avons remonté Les liaisons dangereuses, et J’ai peur quand la nuit sombre compte déjà de nombreuses dates pour la sai- Edith Amsellem © Lila Pithon son prochaine. adapter à ses contraintes, il nous fallait qu’il y avait peu d’intellos ! Mais des PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE BORDENAVE inventer une forme légère, ne nécessitant étudiants qui travaillent, des mamans ni installation en avance, ni lumière, ni avec des enfants, et aussi beaucoup de machine à fumée… Pour convoquer le pa- gens qui ont froid, ne savent pas où al- ranormal, il nous a fallu avoir beaucoup ler, se lavent dans les toilettes… Cer- d’humour ! Au Merlan, nous jouerons au tains visiteurs passent la journée entière Virginia à la bibliothèque rayon Littérature. À l’Alcazar, au rayon au rayon presse, doté d’une machine à 28 et 29 janvier Lire autrement, dédié aux malvoyants et café à 50 cts ! À Marseille, comme à Gap Bibliothèque du Merlan, Marseille malentendants. Cet espace est bienvenu, ou Mulhouse, une bibliothèque ce n’est car le dévoilement constitue un autre fil pas que le lieu du savoir. C’est aussi un 4 au 8 février conducteur du spectacle : au fur à mesure lieu qui crée du lien et de la chaleur. Je Bibliothèque L’Alcazar, Marseille que Virginia avance dans sa quête, elle suis épatée par les bibliothécaires, l’at- dévoile la vérité. Elle prend conscience tention qu’ils donnent aux visiteurs, le 13 et 14 février La Passerelle, Gap que les femmes n’ont pas d’histoire. Ou- temps qu’ils leur consacrent, les conseils vrons les yeux, nommons les choses ! qu’ils délivrent… 5 mars Comment ce nouveau spectacle s’ins- Après Broder la ville, qui tissait les peurs Théâtre Marelios, La Valette-du-Var crit-il dans votre exploration des lieux collectives de laine rouge dans la ville, non dédiés au théâtre ? sur quel thème portera le nouvel atelier 30 avril La bibliothèque est l’un des rares lieux en marge du spectacle ? Médiathèque Boris Vian, Port-de-Bouc publics couverts. En y passant du temps, Pour chaque spectacle, j’essaie d’inven- on s’est paradoxalement rendu compte ter une action artistique rassembleuse. 06 61 40 90 95 enrangdoignons.com 8 politique culturelle Marseille, bonnet d’âne aussi pour les bibliothèques

La deuxième ville de ne laisse pas que s’effondrer les immeubles, elle abandonne aussi sa mission de lecture publique. Entretien avec Alain Milianti, président de l’association des usagers des bibliothèques de Marseille

Zibeline : Pourquoi une association d’usagers ? Alain Milianti : On a créé cette association en réaction à toutes les difficultés que traversait le réseau. Il y a des syndi- cats qui agissent, des partis politiques qui prennent position mais il n’y avait pas d’usagers organisés. On pensait mener une activité de retraités plutôt tranquille, avec un travail de lien social, d’intermédiation. Mais ce qu’on découvre, au fil des mois, nous a fait tomber de notre chaise. Quel est le constat ? Il est catastrophique. Même des gens aussi mesurés que les inspecteurs des différents services ministériels ou de la Cour des comptes parlent de l’état de délabrement du réseau. Ré- seau littéralement figé depuis 25 ans. Quand Jean-Claude Gaudin accède à la mairie en 1995, il y a 8 bibliothèques à Marseille. Quand il en partira en mars, il y en aura toujours 8, là où toutes les autres villes de la même importance se sont dotées d’un réseau conséquent. Quand on prend les pa-

ramètres fournis par les cabinets d’études ou le ministère Alain Milianti © Ludovic Tomas lui-même, Marseille coche presque toujours la dernière case (lire encadré ci-dessous). rapport aux grandes capitales régionales, Marseille a deux fois Même en termes de fonctionnaires ? moins de lecteurs et emprunteurs que la moyenne. Oui, il y a aussi un déficit en personnels. On n’arrive même Les Marseillais n’aimeraient pas lire ? pas à accéder au nombre de personnes employées. En ad- Absolument pas. Comme on est dans cet état de fixation, sans mettant qu’ils soient 280, il manque environ 150 postes soit aucune dynamique de développement depuis 25 ans, ce n’est pratiquement 50% du personnel. C’est impossible à tenir. C’est pour ça que le réseau est en embolie avancée. Il a été littéralement vidé de sa substance par une conception qui considère l’activité salariée et humaine comme un coût, une charge qu’il faut réduire. Par exemple, le service jeunesse de La bibliothèque, un outil de socialisation l’Alcazar a perdu 50% de son personnel depuis sa création. Il u départ, je voyais surtout la bibliothèque comme l’en- y a surtout une volonté régulière d’affaiblir de l’intérieur -si «Adroit où on peut emprunter des livres sur des étagères. possible sans que ça se voit trop-, avec un véritable achar- Ce n’est qu’une partie du service rendu mais ce n’est pas le nement, les établissements de proximité de telle sorte qu’on plus important. Le cœur battant d’une bibliothèque, c’est sa puisse à un moment donné s’en défaire. capacité à mettre en place des actions de médiation pour ga- Les établissements sont-ils au moins bien fournis en livres ? gner les gens à la lecture. Car une chose est certaine : on ne Le nombre de documents mis à disposition par habitant est naît pas lecteur, on le devient. On a besoin de manger donc deux fois inférieur à Marseille par rapport à Lyon, Toulouse on va chercher automatiquement tous les jours sa nourriture. ou Nice. Plus grave, le budget d’acquisition des ouvrages est Le rapport au livre est une pratique sociale plus complexe. Si 2 à 3 fois inférieur à celui des autres villes. Les budgets pré- on ne vous y aide pas, rares seront les gens qui d’eux-mêmes vus ne sont même pas épuisés. Résultat : le taux d’inscrits seront portés vers la lecture. Si les bibliothèques sont des par rapport à la population est très faible. Grosso modo, par lieux sociaux. C’est pour ça qu’il faut plutôt parler de lecture 9 Marseille, bonnet d’âne aussi pour les bibliothèques

pas étonnant qu’il y ait une chute régulière de la fréquentation dans le temps. Mais admettons qu’on Les chiffres de la honte se pose vraiment votre question. Quand un éta- Nombre de bibliothèques blissement fonctionne bien comme l’Alcazar a pu Marseille : 8 ; Nice : 12 ; Lyon : 15 ; Toulouse : 21 à un moment donné bien fonctionner, les chiffres étaient supérieurs à la moyenne. Ce qui montre Surface par habitant au m² que lorsqu’on propose des horaires, des livres, de Marseille : 0,3, soit la moitié de la moyenne nationale ; la place, du temps, de la médiation, ça fonctionne. Grenoble : 0,12 ; Bordeaux : 0,9 ; Lyon : 0,8 Les Marseillais ne sont pas plus cons que les autres Prêts de livres par habitant en 2017 et ont le même besoin de lecture. Moyenne nationale : 3,24 Comment en est-on arrivé là ? Marseille : 1,58, soit le plus faible des grandes villes En 1994, l’Unesco publie un manifeste disant que la lecture publique est la condition de l’exercice dé- Taux d’inscrits actifs rapporté à la population globale mocratique d’une société. Cela signifie que s’il n’y Moyenne nationale : 17% a pas de lecture publique, il ne peut pas y avoir de Marseille : 7,7% ; Toulouse : 14,9% ; Lyon : 21,2% démocratie. La France, comme beaucoup d’autres Personnel équivalent temps plein pour 2000 habitants pays, signe ce document et agit pour rattraper un Recommandation du Ministère : 1 retard considérable. Le pays entier s’équipe au mo- Marseille : 0,69 ; Paris : 1,09 ; Toulouse : 1,82 ; Lyon : 1,86 ment même où Jean-Claude Gaudin devient maire de Marseille. Sur les premières années du mandat, on aurait admis qu’il avait d’autres priorités. Mais sur 25 ans, quand on ne fait rien, c’est qu’on fait l’apanage d’un courant, ce qui nous rend assez optimiste. quelque chose qui est de ne rien faire. On serait Le problème peut-être le plus important relève en effet de la aveugle de ne pas voir qu’il y a là la marque d’une dimension démocratique. Il y a une absence totale et absolue politique avérée et délibérée. Surtout qu’entre 1987 de démocratie à l’intérieur du réseau. C’est un service pu- à 1991, dans la même ville, avec la même composi- blic, on devrait savoir un petit peu ce qui se passe, il ne s’agit tion, la même fiscalité, cinq bibliothèques sortent quand même pas des sous-marins atomiques. Or le fonction- de terre. Et on ne peut pas dire que Vigouroux me- nement est totalement opaque et nous sommes dans l’impos- nait une équipe de gauchistes. sibilité d’obtenir une information en notre titre de citoyens, Vous dites que la défaillance démocratique est en- de contributeurs via l’impôt et la cotisation annuelle de 22 core plus grave que le sous-équipement... euros et tout simplement d’usagers. À l’hôpital, dans les uni- Le sous-équipement, on sait que ça peut se rattraper versités, dans les lycées il y a des usagers dans les instances et qu’il n’y a même pas besoin d’être de gauche pour ça. Dans de direction. On a mis un an à essayer de se faire accueillir. le panorama français, des villes dirigées par des équipes de Et il n’y a pas de date pour la deuxième rencontre. natures différentes, pour des raisons politiques qui leur ap- ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS partiennent, ont décidé de faire l’effort de doter leur ville d’un réseau conséquent. L’idée de créer des bibliothèques n’est pas

La bibliothèque, un outil de socialisation publique surtout si on est migrant, pauvre, famille isolée... vieux, des femmes et des hommes, des riches et des pauvres Ces publics dits éloignés ont pour autant les mêmes droits (beaucoup de pauvres), des gens qui lisent des livres, d’autres que vous ou moi. Une attitude volontariste est donc néces- le journal. Il devrait y en avoir une par arrondissement car saire pour aller les chercher et les gagner parce qu’on s’aper- cela permet une cohabitation possible entre les individus çoit que même les gens les plus loin de la lecture, socialement autrement que sur les modes marchand, consommateur et ou sociologiquement, quand ils rentrent en contact avec une concurrent. Sauf qu’à Marseille depuis 25 ans, on a arrêté de véritable activité de médiation, sont exactement comme les réfléchir à comment on pourrait être ensemble. Pourtant ce autres. Ils deviennent des lecteurs à leur rythme, à leur ma- n’est pas budgétivore, il faut juste en avoir le désir. » nière, avec leurs chemins de proximité. Le service rendu au PROPOS RECUEILLIS PAR LT public c’est ça, ce n’est pas entreposer des bouquins. La bibliothèque est à peu près un des seuls lieux de socia- bilisation où, dans le même espace, il y a des jeunes et des 10 politique culturelle

Le Carre d'Art © Ludovic Tomas

es monuments romains de premier rang et une Féria longtemps considérée comme l’une des plus grandes fêtes populaires d’Europe. Ce sont, pour une majorité, Dles marqueurs « culturels » auxquels Nîmes est identi- fiée. « Arles n’est pas connue que pour la tauromachie. Il y a les Rencontres de la Photo, les Suds...et l’intelligence de prendre en compte les acteurs locaux qu’il n’y a pas à Nîmes », tacle Patrice Loubon, président et directeur artistique de NegPos. Nîmes, du pain et des jeux L’association née en 1997 propose un programme d’exposi- tions photographiques, une manifestation annuelle (Les villes De la gestion du patrimoine invisibles), des résidences d’artistes, des collaborations à l’in- ternational mais aussi des ateliers de photographie dans les romain à l’organisation du quartiers populaires. « Nîmes a le même adjoint à la culture (Daniel-Jean Valade, ndlr) depuis 19 ans. On sature. Il faut Festival de la biographie en arrêter les projets pharaoniques et davantage se soucier des petites structures qui pourraient devenir grandes. Or ils n’ont passant par les gros concerts rien à faire de ceux qui font. » de l’été, la capitale gardoise Pas de politique culturelle Une appréciation partagée par Pierre Pelissier, fondateur s’abandonne aux marchands de Dynamogène, compagnie de théâtre de rue qui tourne dans le monde entier. « En 25 ans d’installation à Nîmes, nous culturels de divertissement n’avons été invités qu’une seule fois à participer à la Pégou- lade (le grand spectacle de rue en ouverture de la Féria de commerce. Et le capitalisme municipal conduit à tout déléguer Pentecôte, ndlr) ». Et le célèbre Monsieur Culbuto de qua- au privé. Même le prétendu Festival de Nîmes (une succes- lifier de « gâchis » la politique culturelle de la ville : « Nîmes sion de têtes d’affiche en concert dans les arènes l’été, ndlr) est très bien située, entre les Cévennes et la Camargue, près de est confié aux gros tourneurs ». Pour Denis Lanoy, fondateur deux capitales mondiales, celles de la photo et du théâtre. Mais du Triptyk-Théâtre, « il existe une programmation culturelle c’est une ville plus militaire qu’étudiante. Ici, c’est tout pour le pensée en termes d’événements, plus qu’une politique culturelle. 11

Or l’événementiel, qui est bien plus coûteux, ne donne la pos- regret l’évolution de la ville. « Une culture officielle de moindre sibilité que d’une fausse visibilité à travers des campagnes de qualité, la tradition des cafés concerts éteinte... Même les ex- communication. L’absence de mise en commun, de maillages positions temporaires sont devenus payantes les premiers di- avec les acteurs culturels qui vivent ici, créé de l’empêchement ». manches du mois dans les musées ! » Exemple, le Festival de la biographie, seul événement litté- Dans l’océan libéral dans lequel la cité boit la tasse depuis raire impulsé par une ville dont la particularité est de compter bientôt vingt ans, il y a tout de même une élue qui a tou- un nombre important de librairies indépendantes, et qui est jours fait preuve d’attention et de soutien au travail des ar- donné clés en main à une société extérieure sans la moindre tistes et associations culturelles nîmoises. Corinne Ponce réflexion commune avec les libraires nîmois. Casanova (Modem), un temps en charge du développement culturel, sorte de sous-délégation à la culture au conseil mu- Faire rester les artistes nicipal, a passé son temps à se battre voire s’opposer pour se L’état de quasi-abandon du vivier culturel et artistique local, faire entendre de l’adjoint de tutelle et du maire Jean-Paul la plasticienne Pierrette Gaudiat le constate elle aussi. Di- Fournier (LR), élu depuis 2001 et qui brigue un quatrième rectrice artistique de l’association Etant donné, lieu regrou- mandat. « Il faut plus de cohérence, une vision globale de la pant des ateliers partagés et une activité de sérigraphie, elle politique culturelle, du centre-ville aux quartiers, qui mette la relève un paradoxe : « En dépit du Carré d’Art (l’imposante culture à la portée de tous. Mais ils ne connaissent que le gou- bibliothèque conçue par l’architecte Norman Foster et qui dron et le béton », peste celle qui est en campagne pour Yvan abrite le musée d’art contemporain de la ville, ndlr) et d’une Lachaud (Nouveau centre, soutenu par LREM), président de École des Beaux-Arts réputée, les arts plastiques sont quasi- la communauté d’agglomération Nîmes Métropole et éternel ment inexistants. Pourtant beaucoup d’artistes issus du courant concurrent du maire. Supports-surfaces vivent à Nîmes. De jeunes créateurs partent à Montpellier ou à Sète. Le public aussi va voir ailleurs. De toute Précarisation des personnels évidence, ce qui manque, c’est une dynamique. Cela ronronne Blanc bonnet et bonnet blanc les vieux frères ennemis ? Une et ce n’est pas très stimulant. Pourquoi la Ville ne mettrait pas évidence pour Denis Lanoy qui situe le fond du problème au en place une friche pour fédérer tous les artistes qui cherchent niveau de l’absence de service public. Pour lui, il est logique, des espaces ? Des lieux ambitieux ont tenté d’émerger mais il quand une « municipalité confie à des délégataires privés des n’y a pas eu de soutien affiché de la part des pouvoirs publics ». pans entiers de la vie culturelle, que la démarche, puisque c’est « Faire rester les artistes », est l’une des priorités pour Denis l’essence même de leur activité, est de gagner de l’argent. Même Lanoy, par ailleurs responsable local du PCF. Il en soulève une société publique locale (SPL) comme celle à qui a été confiée deux autres : « reconnaître la mondialité culturelle de la ville » la gestion du Musée de la romanité est là pour faire du fric. De Nîmes, du pain et des jeux

qui n’est prise en compte qu’à travers les communautés reli- plus, la loi empêchant une SPL de recevoir des subventions de gieuses et « prendre en compte le changement climatique dans l’État, il n’y a donc aucun droit de regard du ministère de la la réflexion culturelle. On ne peut pas continuer le tout-tou- Culture sur un tel équipement ». Ces choix de non-gestion -c’est risme quand la température monte jusqu’à 46°C ». à la société Culture Espaces qu’incombe depuis 2006 la délé- gation de service public pour les arènes, la Maison carrée et Goudron et béton la Tour Magne- n’est pas pour rien dans l’échec inconcevable Ancienne comédienne, metteure en scène et aujourd’hui de la candidature à l’inscription au patrimoine mondial de auteure, Perrine Griselin est moins négative sur la réalité l’Unesco. Sans parler de la précarisation des personnels de nîmoise. « Il existe pléthore de propositions. Il faut sortir des ces établissements. sentiers battus et de l’entre-soi. Des gens organisent des choses Il y a pourtant une réalisation qui fait l’unanimité : la scène à domicile. Et quand tu vas chez eux, tu rencontres d’autres de musiques actuelle Paloma, financée par... la communauté personnes qui t’emmèneront ailleurs. Ce serait bien que les d’agglomération. Tant pour sa programmation que son action institutions nous demandent des choses et pas toujours le socio-culturelle et son ouverture aux musiciens régionaux, contraire. Soyons force de propositions », estime celle dont le émergents ou en devenir. Quant au passionnant festival de projet collectif et interdisciplinaire Portrait/autoportrait a flamenco (lire page suivante), il existe depuis 1991. récemment remporté un appel à projet du Conseil départe- LUDOVIC TOMAS mental (de gauche), accompagné d’une coquette subvention de 30 000 euros. Spectatrice assidue et impliquée dans tous les combats culturels, Annette Haas, 82 ans, observe avec suite p.12 12 politique culturelle Dans un quartier populaire en mutation, des espaces partagés hybrides se développent en marge des institutions. En 2013, le Spot a ouvert la voie Un spot de tiers-lieux

uand Nicolas Combis rachète l’im- meuble de l’ancien siège de la fé- Qdération départementale du Parti communiste, ce fils de militants était loin d’imaginer la suite. En attendant la concrétisation d’un projet immobilier dont il a hérité au décès de son père, il met à disposition des organisateurs de l’Expo de Ouf les 500 mètres carrés de locaux vides pour y accueillir, en sep- tembre-octobre 2013, la deuxième édition de ce festival dédié aux cultures urbaines et alternatives. L’événement mêle street art, expositions, musique, au cœur des quartier populaires Nord-Gambetta et Nicolas Combis © LT. Richelieu du centre-ville nîmois. Les cinq s’appuyer sur notre travail pour le déve- l’ouverture d’une librairie dédiée à la BD appartements prévus dans le bâtiment lopper », estime Nicolas Combis, 38 ans, indépendante et d’une épicerie. L’été, des ne verront jamais le jour, le propriétaire père de trois filles, et dont les investis- soirées sont proposés sur le toit-terrasse. des murs et les occupants éphémères sements immobiliers sont désormais Malheureusement, ce propriétaire-là est trouvent un terrain d’entente, un bail est destinés à l’émergence de tiers-lieux, sur le point de vendre son bien, mettant signé : le Spot était né. Rénové progres- dans la dynamique ouverte par le Spot. de fait un terme à l’expérience. « On le re- sivement, le site commence par accueil- « Mon but est d’acheter un bien le moins grette mais on cherche une solution pour lir des artistes, propose des expositions, cher possible pour permettre des loyers la suite », avance Nicolas Combis, dont des performances, des concerts, des ate- à bas coût ». De l’immobilier éthique et la dernière acquisition dans le quartier liers pédagogiques, des conférences... équitable en quelque sorte. Parti de rien, est devenue un nouveau tiers-lieu : la le Spot est sur le point d’engager un sep- Verrière. Ici, pas de bar mais une belle Économie sociale et solidaire tième salarié (dont des postes de média- bâtisse sur deux niveaux avec cour in- Aujourd’hui y résident également des as- teur), atteint 150 000 euros de un chiffre térieure, consacrée essentiellement au sociations culturelles et des travailleurs d’affaires et 75% d’autofinancement. Ré- travail et cogérée par les 23 locataires, indépendants portés par les valeurs de cemment, une société coopérative d’in- du plasticien au thérapeute, en passant de l’économie sociale et solidaire. On y térêt collectif (SCIC) a vu le jour, avec par un illustrateur et un designer social. trouve donc des bureaux et ateliers par- 120 sociétaires, entreprises et citoyens, Face à la transformation du quartier, la tagés, une salle de concert, une boutique y compris la communauté d’aggloméra- crainte d’une gentrification est légitime. autour du skate, une cantine, un bar et tion. Même la Caf imaginerait bien im- « Il y a de la marge. Les prix de l’immobi- même une microbrasserie. Et de se dé- planter un espace numérique. lier restent bas », affirme Combis qui voit finir comme « un lieu hybride et alterna- plutôt une opportunité de faire se ren- tif, pépinière de projets et vivier de com- Le petit Berlin nîmois ? contrer plusieurs types de population. pétences ». « Notre impact est bien plus En 2016, à quelques encablures, un petit Même si des annonces n’hésitent pas à fort que celui du centre social de quar- frère voit le jour, l’Archipel, dans l’an- vendre l’image d’un petit Berlin nîmois. tier. Nous avons peu de rapport avec la cien bâtiment d’une mutuelle cheminote. LUDOVIC TOMAS mairie même s’ils trouvent ce qu’on fait « C’est parti d’une personne qui voulait extraordinaire. Il n’y a pas la volonté de stocker ses bandes dessinées », jusqu’à 13 Alchimie flamenca

pas aisé -sauf à avoir assisté à la conférence dansée du lende- Nîmes accueille les artistes qui font le main- mais qu’importe. La succession de tableaux engendre des scènes d’une créativité fertile, des échanges dansés avec flamenco d’aujourd’hui et de demain. intensité, des moments de grâce comme d’inhumanité. La Nos premières impressions danse épouse les fulgurances humaines aussi bien que les faiblesses, à moins qu’elle ne les crée. Dommage de ne pas savoir conclure quand il est temps et d’imposer des redites es quatre premières soirées de cette 30e édition confir- inutiles en fin de spectacle. Annoncé comme la rencontre ment que le flamenco est un art en permanente réinven- improbable de trois figures du flamenco, la première mon- L tion. Et que le festival nîmois, avec son nouveau conseiller diale de Tres golpes laisse un goût frustrant d’inabouti voire artistique, le Sévillan Chema Blanco, se positionne comme de coup manqué que l’on préférera traduire par une étape de le lieu d’expression et de croisement des recherches les plus travail d’un projet discographique à la traduction scénique contemporaines. Pour la soirée d’ouverture, dans l’écrin mo- encore immature. De l’annonce initiale à la présentation, le derne de Paloma, les deux propositions attestent un esprit guitariste Alfredo Lagos devient quasiment absent, laissant aigu d’expérimentation, ouvertement inspiré de répertoires à Paco de Amparo le soin d’accompagner le chant incanta- traditionnels. La chanteuse Mariola Membrives offre un ré- toire et habité de Tomás de Perrate. cital électrique et déstructuré des chansons populaires écrites par le poète Federico Garcia Lorca et enregistrées une pre- Nuevo flamenco mière fois avec la voix d’Argentinita, en 1931. Exit le piano de Derrière son orgue, Raül Refree semble avoir rangé l’au- la version originelle pour laisser place aux guitares saturées dace qui l’a pourtant imposé comme l’un des artisans ac- de Javier Pedreira et Osvi Grecco et au bruitisme imperti- tuels du nuevo flamenco. Par chance, le percussionniste Bo- nent du tromboniste Vicent Pérez. bote ne contient pas son insolence créative. Il a fait lever la Lorca électrique Dans un univers musical désarçonnant, teinté de rock sombre et de free jazz, le souffle poétique de Lorca est intact. Si l’innovation bienveillante des adaptations est à saluer, le style d’interprétation, plus que la voix elle-même de Membrives, apparaît inadapté à ce type d’exploration. Quelques mala- dresses techniques, un public pas des plus ouverts et les crispations palpables de l’interprète contri- bueront à étouffer les vibrations extatiques que l’on était en droit d’attendre. Elle jaillira en deuxième partie de soirée grâce à la touche avant-gardiste de Hodierno, la réinterprétation par David La- gos de chants ancestraux. Accompagnée par son frère Alfredo à la guitare, portée par les créations sonores électro de Daniel Muñoz et stimulée par les saxophones de Juán Jimenez, la voix authen-

tique du maître de Jerez emporte le cante puro Eduardo Guerrero - Sombra Efímera II© Ana Palma au-delà des frontières établies. Il faudra décor- tiquer les nombreuses sources qui nourrissent El sombrero, salle comble du Théâtre Bernadette Lafont comme un seul œuvre inclassable des chorégraphes Rafael Estévez et Vale- homme. Eduardo Guerrero convainc par sa technique, un riano Paños pour apprécier cette relecture du Tricorne, bal- peu moins par son inventivité chorégraphique. Sans doute let créé en 1919 et réunissant la musique de Manuel de Falla, parce que Galván et Molina sont passés par là (et repasse- les ballets russes dirigés par Serge de Diaghilev et les décors ront par ici). Entre invitation onirique, ode écologique et et costumes de Pablo Picasso. jeux amoureux, Sombra efimera II (Ombre éphémère) relève de la performance quitte à dissiper l’émotion. Tout en restant Confrontation des genres époustouflant d’énergie et de précision. Comme leurs inspirateurs, les artistes espagnols se plaisent à LUDOVIC TOMAS bousculer les attendus de l’époque, à confronter les genres, à dépecer les symboliques. Classique, folklore et contemporain se frottent à l’universalité et l’intemporalité d’un flamenco qui Le Festival Flamenco se poursuit jusqu’au 19 janvier à Nîmes vire de la facétie d’une comédie musicale à l’angoisse d’une 04 66 36 65 10 theatredenimes.com descente aux enfers d’ordre psychiatrique. Le décryptage n’est Nos autres critiques sont à lire sur le site journal.zibeline.fr 14 politique culturelle Puits de scienceS Projet phare de la ville de Gardanne, le Puits de sciences qui ouvrira en 2022 dessine fortement sa volonté d’être un pont entre les publics

e 11 octobre 2017, la Ville de Gardanne recevait des mains de Sébastien Lecornu, Secrétaire d’État à la Transition L écologique et solidaire, le prix « Ville de demain, ville intel- Puits Yvon Morandat © Humans & Drones ligente » pour son projet de reconversion du Puits Morandat France, et en termes d’espace capable, nous serons le deu- à l’initiative du maire, Roger Meï, et piloté par la SEMAG*. xième centre scientifique de France. Le pôle Morandat s’étend Au cœur de ce dispositif, le Puits de Sciences qu’évoque pour sur quatorze hectares, le Puits de sciences occupera les 4000 nous Nicolas Fortuit, directeur de la SEMAG. m2 de bâtiments existants, et disposera de trois hectares de Zibeline : comment s’est décidée la reconversion du puits pinède, qui permettront aussi des activités en extérieur. Par Morandat ? notre position géographique, nous nous trouvons au bary- Nicolas Fortuit : En 2003, Gardanne a vécu le trauma- centre de la métropole et du département et nous sommes en tisme de la fin de la mine, avec mille personnes au chômage. complémentarité avec les structures existantes, Aix-Marseille Monsieur le maire a pleuré le jour de la fermeture et a dé- Université, l’Éducation Nationale, le Centre Départemental cidé de concevoir un plan d’aménagement qui créerait de Ressources en Sciences, les acteurs du réseau ré- au moins mille emplois pérennes en réponse à gional de CCSTI (Centre de Culture Scienti- cette perte dramatique. Au premier objectif fique, technique et industrielle), ceux des politique de mettre en place un nouveau réseaux nationaux et internationaux de parc industriel, s’est ajouté un deuxième CSTI (Conseil Stratégique des Techno- objectif, tout aussi capital, à vocation logies de l’Information), l’École des d’éducation, de formation, de culture. Mines installée à Gardanne sur le Le propos étant de rendre à ceux qui Campus Charpak, le technopole de avaient été touchés par la fin de la l’environnement de l’Arbois, The mine un travail, et à leurs familles Camp, mais aussi les associations, et donner les possibilités à leurs en- les institutions culturelles, les en- fants, qui par habitude travaillaient treprises innovantes, les start-ups, à la suite de leurs parents à la mine, comme Aix Marseille French Tech… de trouver un emploi pérenne. D’où Quatre axes de développement sont l’accueil du Centre microélectronique à noter : d’abord le Puits de Sciences de Provence Georges-Charpak (l’un des est conçu comme un lieu fédérateur, six centres de formation et de recherche de outil au service du réseau « Culture Sciences

l’école des mines de Saint-Etienne). Nous cher- Nic PACA », lieu de ressources, de coproduction, olas Fortuit © X-D.R chons à instaurer sur le site de Morandat une vraie d’hybridation des savoirs ; deuxièmement, il aura synergie entre les mondes économique et culturel. D’autre les caractéristiques d’un « living-lab », qui permet aux entre- part, un terreau très actif est déjà présent, Gardanne orga- prises de tester en situation réelle leurs innovations, l’usager nise depuis de nombreuses années la fête de la science, en est ainsi placé au centre de la conception du produit ou du relation avec le Centre Charpak. Ici, l’on passe à une autre service innovant ; troisièmement, il aura une dimension d’in- échelle, pour répondre aux besoins d’une population plus novation pédagogique en ce qui concerne la transmission large, venue de la métropole, du département, de la région, de la culture scientifique, technique et industrielle, vitrine de voire au niveau national et international. toutes ces initiatives au profit d’un large public ; enfin, un Une ambition de « Cité de la Villette » du Sud ? parcours d’interprétation ludique décloisonne le concept Nous ne sommes pas Paris, il ne s’agit pas de la même échelle, du musée, et rend accessible par l’expérimentation et le jeu même si nous sommes au cœur de la deuxième Région de des données scientifiques, technologiques et industrielles. 15

scientifique et d’orientation, constitué de chercheurs mais aussi de représen- tants des futurs utilisateurs dès 2020, travaille sur la programmation de cet outil qui ne se veut en aucun cas figé. Le montant de l’opération s’élève à 14,7 millions d’euros HT, avec la Mairie de Gardanne en maître d’ouvrage, secondée par l’ensemble des collectivités du ter- ritoire, Métropole, Territoire du Pays d’Aix, Département, Région, État. Puits Yvon Morandat © Humans & Drones Un projet éminemment citoyen… Un « Tiers-lieu », qui donne l’exemple… Exactement. Ce lieu, destiné à mettre Absolument, cet incubateur de projets en avant les initiatives des uns et des de culture scientifique se doit d’être irré- autres, repose sur des valeurs de solida- prochable dans sa conception, aussi nous rité, d’humanité, de partage, d’accueil. Il avons préparé un ensemble vertueux, s’agit d’une opération pour le plus grand basé sur l’implantation d’entreprises nombre, dans un esprit de la science innovantes sur le site du Pôle Yvon Mo- pour tous : multifonction, il n’est pas là randat, dont la conception doit répondre pour écraser d’un savoir surplombant, à une charte très stricte correspondant mais pour accueillir. Un restaurant gas- aux critères des quatre labellisations que tronomique et panoramique sera sur le le Pôle a obtenues, celle de Parc d’activité toit du chevalement, tandis qu’une res- Ecoquartier, celle de Quartier Durable tauration plus rapide sera proposée en Méditerranéen, le label PARC et le label bas, les produits venant du local. Une FLEXGRID. Le Puits de Sciences sera ex- réflexion a aussi été menée quant à la ploité selon des règles strictes, alimenté mobilité, le lieu est très accessible par la par un réseau d’énergie unique en son route, des offres alternatives de covoi- genre, entre la récupération de la géo- turage, de ligne de transports en com- thermie grâce au 35 millions de m3 d’eau mun sont mises en place. Il s’agit vrai- (l’équivalent du barrage de Bimont !) de ment de changer de modèle grâce aux la réserve souterraine formée dans les trois axes forts, écologie, emploi, éner- anciennes galeries de ce qui fut le plus gie. Déjà existent deux cents emplois grand puits minier d’Europe (à long terme sur les mille envisagés, alors que le site cette eau pourra aussi être rendue propre n’est pas encore lancé ! L’ouverture au à la consommation), les panneaux photo- public est prévue pour 2022. voltaïques en autoconsommation, la ré- Un concours de maîtrise d’œuvre a été cupération des énergies fatales, l’optimi- lancé… sation des consommations, les échanges Top secret ! Vous aurez les résultats le en blockchain entre les groupes de bâti- 27 janvier ! ments. Dans ce quartier solaire, les bâ- PROPOS RECUEILLIS timents suivent une conception biocli- PAR MARYVONNE COLOMBANI matique, 100% des bâtiments neufs sont labellisés Bâtiments Durables Méditer- ranéens, 100% des constructions du Pôle * SEMAG : Société d’économie mixte d’aménagement de Gardanne et de sa région seront producteurs d’énergies renou- velables. Et le Puits des Sciences aussi, avec des panneaux photovoltaïques sur le toit, son niveau or en bâtiment bio- climatique... D’autre part, un Comité ères 16 politique culturelle 1 DE CRÉATION ARTISTE DE LA BANDE COPRODUCTION ZEF Entre le Faron au nord et la mer au sud, le nouveau quartier Toulon fait entrer Chalucet, labellisé ÉcoQuartier, est un signe fort du renouveau le soleil dans la ville urbain de la préfecture varoise

ouxtant le Musée d’art et composition classique de de Toulon fraichement l’ancienne chapelle trans- Jrénové (lire sur journal- formée en espace d’expo- zibeline.fr), le quartier de la sition permanent, se déve- créativité et de la connais- loppe sur 5000 m2 et compte sance Chalucet offrira aux 70 000 ouvrages. Ses ho- habitants l’occasion de se raires d’ouverture ont été réapproprier cette partie amplifiés puisqu’elle ac- historique de leur ville pen- cueille désormais les lec- dant les journées portes ou- teurs le dimanche ! La Mai- vertes des 17, 18 et 19 janvier. son de la créativité, portée L’inauguration fait suite à par la Chambre de com- un méga chantier démarré merce et d’industrie du Var, en juin 2017 sous la houlette se tourne totalement vers de Corinne Vezzoni et As- les métiers du futur avec sociés. « Une femme du sud l’école de commerce Kedge et de la lumière, une femme Business School et l’école in- de dialogue, explique Hubert ternationale d’architecture Falco, Président de TPM, à Camondo qui double son an- qui j’ai demandé de dessi- tenne parisienne d’une deu- ner un quartier qui prenne xième en Méditerranée. Un en compte son histoire, no- © O. Pastor - TPM même bâtiment accueillera Interview de Virginia Woolf par Édith Amsellem tamment l’ancienne chapelle dès l’automne les étudiants © Vincent Beaume de l’hôpital Chalucet aujourd’hui détruit, et sa porte d’entrée. de l’École Supérieure d’Art et de Design TPM et TVT Inno- Elle nous a étonnés et elle va étonner ». vation, véritable pépinière d’entreprises du numérique. Sans Le projet était pharaonique (le site, situé dans un environne- oublier l’installation des services sociaux du Conseil dépar- VIRGINIA ment dense, compte trois hectares et demi) et ambitieux : faire temental du Var et la construction de logements car, comme de Chalucet un quartier dédié à la créativité et à la connais- le répète Hubert Falco, « la ville, c’est aussi la vie, et donc des À LA BIBLIOTHÈQUE sance. Le résultat est à la hauteur des espérances des sept logements dont on a l’impression qu’ils ont toujours existé ». Édith Amsellem Cie ERd’O partenaires publics et privés. Pour preuve, le label ÉcoQuar- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI • tier décerné en 2018 par le ministère de la Cohésion des Ter- D’après Un lieu à soi de Virginia Woolf ritoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales et Portes-ouvertes ÉcoQuartier Chalucet le ministère de la Transition écologique et solidaire qui sou- 17 janvier dès 17h, 18 de 11h à 21h, 19 de 11h à 18h Édith Amsellem fait revenir Virginia Woolf de l’au-delà pour tenir une ligne la volonté de développement urbain durable et la tran- Médiathèque, jardin, Maison de la Créativité, Nuit de la conférence dans une bibliothèque. Virginia déambule ainsi au milieu lecture, exposition, conférences de Corinne Vezzoni (18 sition écologique du territoire métropolitain. Et qui a imposé des esprits qui sommeillent dans les livres, bousculant le quotidien et 19 janvier à 1’auditorium de la médiathèque). du lieu et provoquant d’insolites rencontres. une charte environnementale fondée sur vingt engagements. metropoletpm.fr Édith Amsellem, la comédienne Anne Naudon et le musicien Un quartier créatif dans un poumon vert scénographe Francis Ru irello, orchestrent, non sans humour et Séduit par « l’écrin de verdure somptueux », le cabinet Corinne avec une belle fantaisie ce texte puissant. Un vibrant hommage aux femmes et à la création ! Vezzoni et Associés a étendu le Jardin Alexandre 1er afin « qu’il encadré (on reçoit les chiffres détaillés lundi matin) colonise et réunifie les espaces du quartier, leur donnant en par- Coût de l’opération 120 M€ financés par tage fraîcheur, ombrage et confort urbain ». Aujourd’hui, le jar- la Ville de Toulon, la communauté Tarifs : 13 ‡ 8 ‡ 6 ‡ 3 € MAR 28 ‡ MER 29 JANVIER � 20h30 2 d’agglomération Toulon Provence Méditerranée, le HORS ± 1 h din augmenté de 5000 m et les nouveaux bâtiments ne font LES À LA BIBLIOTHÈQUE DU MERLAN Conseil départemental du Var, la Région Provence-Alpes- MURS > 14 ans Avenue Raimu, Marseille 14e qu’un, ouverts sur la lumière qui les inonde de toutes parts, Côte d’Azur, la Chambre de Commerce et d’Industrie du et sur la ville par ses multiples connexions : placette, rues, Var (CCIV), l’État et l’Établissement Public Foncier PACA. Coproduction ZEF en coréalisation avec MAR 04 � SAM 08 FÉVRIER � 20h30 La Criée - Théâtre national de Marseille porte-pont, pavillon d’entrée, etc. Ce qui frappe le plus est la • En partenariat avec le Service des À LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ALCAZAR blancheur éclatante de l’îlot où sont réunis des espaces dédiés Bibliothèques de la Ville de Marseille 58 Cours Belsunce, Marseille 1er à la culture, à l’enseignement supérieur et aux nouvelles tech- nologies. La médiathèque, qui allie construction contemporaine 04 91 11 19 20 www.lezef.org COPRODUCTION ZEF COPRODUCTION BANDE LA DE ARTISTE Virginia Woolf Virginia de àsoi lieu D’après Un femmes et à la création ! création àla et musicien femmes le puissant. et texte ce et fantaisie belle une avec humour Naudon sans non Anne Ru orchestrent, Francis irello, comédienne scénographe la Amsellem, Édith rencontres. d’insolites provoquant et du lieu quotidien le bousculant livres, les dans sommeillent qui esprits des milieu au ainsi déambule Virginia bibliothèque. une dans conférence une tenir pour l’au-delà de Woolf Virginia revenir fait Amsellem Édith Édith Amsellem À LABIBLIOTHÈQUE VIRGINIA 1 La Criée - Théâtre national de Marseille Marseille de national • Théâtre - avec Criée coréalisation La en ZEF Coproduction Bibliothèques de la Ville de Marseille de Ville la de Bibliothèques En partenariat avec le Service des ères MURS HORS DE CRÉATION LE S 0491 11 1920 > ± Tarifs 14 ans 1 h :13 ‡ 8 ‡ • 6

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Photographie © Simon Gosselin 18 politique culturelle Riches Parallèles La sélection finale des projets du programme Parallèles du Sud de Manifesta 13 Marseille a été dévoilée en décembre. Un « off » qui met à l’honneur la richesse de la scène artistique locale

près les inaugurations de deux lieux d’accueil phares de la biennale d’art contemporain itinérante Manifesta A-l’Espace Manifesta 13 sur la Canebière et le Tiers QG dans le quartier de Belsunce-, Les Parallèles du Sud ont dé- voilé en décembre la programmation se déroulant conjointe- ment au programme « officiel » (du 7 juin au 1er novembre) et

dont l’ambition est de mettre en lumière la scène artistique Espace Manifesta 13 © Ange-Lorente - Ville de Marseille locale. Sur les 380 projets reçus après l’appel à candidature, 96 ont été retenus par le jury composé de Hedwig Fijen, di- Abraham Poincheval, Dania Reymond-Boughenou, Oli- rectrice de Manifesta, Colette Barbier, directrice de la Fon- vier Millagou (lire p 97), Rara Woulib, Geoffroy Mathieu, dation d’entreprise Ricard, Alya Sebti, membre de l’équipe Wilfrid Almendra, Jean-Baptiste artistique de Manifesta 13, et Michèle Sylvander, artiste, Sauvage… 75% d’entre eux émanant d’institutions, associations, Grâce aux partenariats passés avec galeries, artistes et commissaires de des festivals internationaux ou des la Région Sud. Chacun de ces institutions locales à la renommée projets « a une dimension inter- internationale, la programmation nationale et réunit un partenaire étend ses propositions sur l’en- local qui en est le coordinateur. À semble de la Région, avec des travers ces collaborations actives expositions collectives et mo- et durables, chaque projet fait écho nographiques de grande enver- à l’approche thématique de Mani- gure comme celles de Nicolas festa 13 Marseille, Traits d’union.s ». Floc’h au Frac Paca (lire p 96-97), et d’Ur- Avec une particularité notable, l’aide sula Biemann au MAMAC à Nice, des installations lors financière apportée par la Région, des Rencontres de la photographie d’Arles dans le cadre du directe et exclusive, au programme parallèle à Grand Arles Express, de Slavs and Tatars à La Villa Arson à hauteur de 500 000 € qui « confirme l’ambition de Manifesta Nice ou lors du festival ¡ Viva Villa ! à Avignon. 13 Marseille de créer un héritage qui subsistera au-delà de la Pluridisciplinaire, le programme ne se cantonne pas aux arts biennale en 2020, à travers la création et l’animation de ces visuels et à l’art contemporain, et présente aussi des événe- nouveaux réseaux de collaborations au niveau local, régional, ments musicaux, théâtraux, des performances et des confé- national et international ». rences, tables rondes, notamment lors du FIDMarseille, du Festival de Marseille (notamment avec Rara Woulib et son Richesse et diversité Mounfou), au National de Marseille ou à l’École supé- Si l’on ne connaît pas encore le programme de Manifesta 13, rieure d’art & de design Marseille-Méditerranée (ESADMM). celui des Parallèles du Sud a été annoncé en décembre. Elle Durant les cinq mois de la biennale, ces Parallèles se feront révèle une grande richesse, du fait du nombre de partici- créatifs, essentiels, indispensables ! pants, mais aussi des projets qui émailleront toute la région. DOMINIQUE MARÇON Sur les 350 participants, 200 sont des artistes, avec une parité respectée puisque la moitié sont des femmes. Citons parmi manifesta13.org elles et eux le Collectif Ildi !Eldi, Cari Gonzalez Casanova, actualité culturelle lgbt du sud-est 19 Quand la fête se fait queer, elle devient politique. Un phénomène grandissant Cité porté par plusieurs collectif dans le Sud-Est Queer Des nuits aussi rebelles que leurs jours

uand Paulo et Erika cherchent des soirées qui leur « res- Public, responsables du lieu accueillant et personnel de sécu- semblent », cela n’est jamais facile. Même à Paris. « Qui rité sont sensibilisés aux principes érigés en règle de bonne Qleur ressemblent », cela signifie un espace où une per- conduite. En cas de comportement déplacé, pas de recours, sonne transgenre et une femme racisée, amatrices de sono- c’est la porte. Inclusivité et intersectionnalité sont les deux rités hip-hop, se sentent libres et bienvenues. « Pouvoir dan- piliers du collectif. TPG mais aussi anti-raciste, anti-patriar- ser, s’embrasser, s’habiller ou se mettre torse nu sans se dire cal, anti-capitaliste et particulièrement remonté contre celles qu’on est dans la représentation et relâcher la pression infligée et ceux qui mettent à l’index des combats féministes les per- au corps dans une société hétéro-patriarcale occidentale ». Des sonnes trans ou travailleuses du sexe. « On a besoin de se serrer aspirations somme toute légitimes qui les décident à passer les coudes. » Et de pester contre les événements qui cherchent du constat à l’action. Le binôme s’installe à Marseille en 2016, à « s’acheter une conscience queer ». Eux ne sont « pas là pour créé l’association Baham Arts et lance, dès l’année suivante, faire de l’argent », les entrées étant à prix conscient et les bé- le festival Umoja. L’événement alterne avec Intersections, néfices reversés à des luttes. autre festival dans le même « esprit de valorisation des minori- tés des minorités, de ceux qu’on ne voit jamais, et pour rompre Plus alter qu’anti l’isolement des artistes pour lesquels il est difficile d’avoir accès C’est en faisant un sondage dans le fumoir d’un établisse- à une programmation », précise Paulo, 29 ans, « sorti du pla- ment gay de Nice, à quelques semaines de l’élection prési- card à 26 » et en transi- dentielle, que David Mus tion dès 27. a eu un déclic : « 100% des mecs interrogés avaient Queer versus LGBT l’intention de voter pour Pour lui, la différence Marine Le Pen. Je me suis entre des événements es- dit que je ne faisais pas tampillés LGBT et le cou- partie de cette commu- rant queer est la reven- nauté et qu’il fallait repoli- dication d’une « identité tiser tout ça ». On pourrait politique avec une remise qualifier cette mésaven- en question des genres ». ture d’acte de naissance Chacune des initiatives de Punk et Paillettes. Et est organisée en soutien à l’envie d’en découdre avec

une cause ou en mémoire Festival Umoja © SanSanTofland « la même mauvaise dance de victimes, de la TransPride du Pakistan au jeune Ibrahim music qu’on entend partout ». Parti de ce constat, et conforté Ali. À l’instar du collectif Error.TPG, également marseillais. par la dérive commerciale et consumériste d’une Gay pride TPG pour Trans Pédé Gouines, l’acronyme généralement uti- niçoise devenue Pink Parade, David organise des concerts lisé par les groupes alternatifs qui luttent contre l’aseptisa- chez lui où se retrouve un public militant, LGBT, féministe… tion et la dépolitisation du mouvement LGBT+. Noémie, Gaël Ambiance gauche libertaire. En intermèdes, des groupes de et Julien, pas encore trentenaires, sont « à la base trois potes parole, des lectures féministes, de la prévention sous forme réunis par l’amour de la musique et la de la techno en particu- de jeux et même des sketches. « Il y a une forte demande, on lier ». Doté d’un manifeste, le collectif porte une « démarche refuse à chaque fois du monde », témoigne cet éducateur spé- de renversement des rapports de force par une réappropriation cialisé de 47 ans, amateur de punk, de cold wave et de live de lieux qui ne sont pas à l’origine dédiés à la communauté, électro. « Je me sens plus alter qu’anti ». Déjà un début de ré- mais solidaires, pour en faire des espaces de fête sécurisés ». volution pour Nice. LUDOVIC TOMAS Combats féministes « Quand tu es une meuf, tu as sans cesse à dire non à quelqu’un. Il y a en a marre d’expliquer, de se justifier. Il n’y a pas de place L’actualité des collectifs peut être suivie sur pour le non-consentement dans nos soirées », explique Noémie. leurs pages Facebook respectives 20 société

Sortir du paysage Réensauvager le monde, une urgence existentielle. Dans notre vieille Europe, mitée par le béton, cela passe par le dessin d’un réseau ouvert à la circulation du vivant

IPBES1, considérée comme le GIEC de la biodiversité, a publié au printemps 2019 l’étude la plus exhaustive ja- L’ mais réalisée sur ce sujet. Le vivant s’effondre. Espèces animales, végétales... leur taux d’extinction est « sans précé- dent dans l’histoire humaine » et il s’accélère, conséquence directe de notre activité. « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsis- tance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. » L’humanité se leurre si elle pense réchap- per à cette hécatombe, smartphone dernier cri à la main pour

filmer la débâcle. Il faut résolument desserrer notre emprise La Gimette © Herve Gasdon president de la societe Alpine de Protection de la Nature sur la planète et réapprendre à partager. Nous avons besoin du sauvage, et le sauvage, pour vivre, a besoin d’espace, d’in- coupe de bois ni chasse n’y seront autorisées, ce qui n’est pas teractions, de circulation. Dessiner des trames vertes, bleues systématiquement le cas dans nombre de secteurs protégés ou noires est un bon début. par décret, Parcs nationaux ou zones Natura 2000. Ce concept de trames a été formalisé lors du Grenelle Envi- Le botaniste Francis Hallé (lire sur journalzibeline.fr) a publié ronnement, comme un outil d’aménagement du territoire, en octobre dernier une tribune dans le quotidien Le Monde. à l’échelle nationale, « qui permette aux espèces animales et Il y clame « l’urgence absolue de reconstruire de grandes fo- végétales de circuler, de s’alimenter, de se reproduire, de se rêts primaires2 » en Europe, et détaille un projet ambitieux, reposer... en d’autres termes, d’assurer leur survie » (source : pour ceux qui dans 700 ans en verront les fruits, un « retour DREAL Paca). Il relie les réservoirs importants de biodiver- vers les forêts de haute qualité qui couvraient jadis le conti- sité, montagnes, littoraux ou zones humides, via des corridors nent », « tournant le dos à l’immédiateté qui guide nos modes écologiques, qui franchissent ou contournent les obstacles de vie actuels ». Une entreprise qu’il souhaite inscrire dans la dressés par l’homme, tels que barrages ou autoroutes. Le Constitution, et qui impliquerait le retour de la grande faune tout formant ce que l’on appelle une continuité écologique. forestière européenne, ours et bisons compris ! Même en milieu très dégradé, industriel ou urbanisé, ou sur Rendre à la forêt de petites surfaces, il est possible de faire quelque chose : son Le Grenelle a eu lieu en 2007 ; depuis les efforts consentis par confrère botaniste Akira Miyawaki a mis au point une mé- le gouvernement et les collectivités n’ont absolument pas suffi thode pour restaurer les sols pollués à l’aide de micro-forêts. à freiner la chute de la biodiversité. Mais l’idée fait son che- Denses, elles jouent pleinement leur rôle de forêt : abritent min, et certains collectifs écologistes, non contents de lutter plus de biodiversité, limitent la propagation des maladies, pied à pied contre les grands projets inutiles, fermes-usines climatisent les environs, enrichissent les sols et l’eau souter- ou centres commerciaux, qui vont à contre sens, explorent raine, fixent le carbone et sont beaucoup plus résilientes face d’autres voies. En utilisant parfois... l’un des piliers du ca- au réchauffement climatique, qu’elles contribuent à réguler. pitalisme, garanti en France par la Constitution : le droit de propriété. Cet hiver, l’ASPAS, Association pour la Protection Rendre à la rivière des Animaux Sauvages, a acheté 500 hectares dans le Vercors, Voilà pour les trames vertes, qui se densifient selon les ter- pour en faire une réserve « où arbres, plantes, insectes, loups, ritoires au gré des initiatives collectives ou individuelles... cerfs, renards, sangliers, aigles, vautours, etc. auront le temps ou s’étiolent, lorsque les Plans locaux d’urbanisme leur sont et l’espace d’évoluer librement, sans pression humaine » : ni défavorables. Les trames bleues quant à elles concernent 21

alliée à d’autres structures écologistes, dénonce le projet porté par la commune de Savines-le- Lac (Hautes-Alpes), pourtant signataire de la Charte du Parc national des Écrins, d’illumi- ner un pont traversant le lac de Serre-Ponçon. Coût initial évalué à plus de 325 000 €. Des Pénitents des Mées au Fort de Briançon en passant par la citadelle de Sisteron, les sites remarquables sont éclairés au bénéfice des automobilistes filant vers les sports d’hiver, mais au détriment des chauve-souris ou pa- pillons nocturnes. La FNE demande que la notion de trame noire puisse être enfin tra- duite dans les textes officiels, que de nouveaux projets ne soient pas entrepris, et a minima « que l’on gère l’existant de manière raisonnée : pas d’éclairage toute l’année, pas toute la nuit, en évitant surtout les périodes de migrations ». Hélas, à Nice le préfet des Alpes-Maritimes a délivré le 31 décembre 2019 le permis de construire de l’extension de l’aéroport, pour une augmentation de plus de 50% du trafic aérien. Avec les pollutions lumineuse, sonore et atmosphérique qui iront de pair. À proxi- mité immédiate d’une zone humide et d’un secteur classé Natura 2000. Une nouvelle décennie commence. Pour prendre la mesure de l’urgence, nous pourrions com- mencer par méditer un texte à paraître dans la revue syndicale Antidote, rédigé par un fo- 3 La Gimette © Herve Gasdon president de la societe Alpine de Protection de la Nature restier de l’ONF . Un agent qui pleure en par- courant les forêts exploitées pour le compte de comme leur nom l’indique les milieux aquatiques. À Velaux, l’État, et qui demande aux arbres « Pardon, pardon pour les commune des Bouches-du-Rhône où coule un petit fleuve, hommes... pardon pour tout ce carbone rejeté sans conscience, L’Arc, les habitants ont entrepris de remettre en service un pardon pour cette insouciante surconsommation perpétuelle, ancien moulin, pour produire leur propre énergie hydroélec- pardon pour cette chaleur implacable qui vous tue... On sa- trique (lire sur journalzibeline.fr). Denis Hoarau, président vait, depuis longtemps, mais on a continué, comme si de rien de Provence Énergie Citoyenne, est particulièrement satis- n’était… Pardon, pardon... On a tous, chacun, notre respon- fait d’un dispositif qui permet aux poissons de remonter ou sabilité. Parce qu’on n’a pas entendu, pas cru, parce qu’on a descendre librement le courant. « Le barrage de la Marie-Thé- pensé que c’était pour demain. » rèse a 500 ans. Jusqu’ici, les anguilles tentaient désespérément GAËLLE CLOAREC de le franchir en s’accrochant aux algues. À présent, des er- gots assurent facilement l’accès vers l’amont ; vers l’aval, on 1 Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité a construit un toboggan de dévalaison pour que les animaux et les Services éco-systémiques : ipbes.net arrivent dans une piscine sans se blesser. » 2 Forêt n’ayant jamais été ni défrichée, ni exploitée, ni L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse a financé plus modifiée de façon quelconque par l’homme. de la moitié du budget de cette installation, soit 95 700 € de subvention. Malheureusement, comme nous vous l’expli- 3 Forestier de l’an 2000 (l’auteur a souhaité garder l’anonymat) quions cet été (lire sur journalzibeline.fr), le gouvernement a baissé l’enveloppe globale de la structure de 13%, sur son programme d’intervention 2019-2024. Autant d’argent qui manquera pour des projets de ce type, malgré la preuve de leur efficacité. Rendre à la nuit Pourtant, des sommes importantes il s’en dépense énormé- ment en France... à rebours de ce qu’il faudrait faire. Bernard Pour aller plus loin : Patin, de France Nature Environnement, déplore l’éclairage Association nationale pour la protection du ciel et artificiel qui perturbe de très nombreuses espèces animales de l’environnement nocturnes : anpcen.fr actives la nuit, au crépuscule ou au petit matin. L’association, rewildingeurope.com/what-is-rewilding/ (site anglophone) 22 portrait Manivette, une aventure indépendante ciotadenne

Dans l’ombre de la tribu a Ciotat, son Vieux-Port, ses chantiers navals, ses calanques et son label musical. S’il ne figure pas encore sur les do- Lcuments de l’office de tourisme,Manivette Records fait du Massilia Sound System, pourtant rayonner la cité devenue balnéaire sur bien des scènes françaises voire européennes. Sa fondatrice : Emmanuelle Emmanuelle Tirmarche se Tirmarche, que tout le monde appelle Manue (Maniveta en provençal). La Provence n’est pourtant pas vraiment dans son consacre depuis plus de vingt ADN. Picarde née dans l’Oise, département limitrophe avec l’Île-de-France, elle se forme à l’Institut des hautes études des ans à la valorisation de la scène communications sociales, à Bruxelles. C’est un stage prolongé en poste d’attachée de presse chez Bondage records, à Paris, occitane. Portrait qui la fera succomber au chant des cigales. « C’était la première fois que Bondage accueillait une stagiaire », se souvient-elle. C’est l’époque où le label indépendant porte des groupes em- blématiques de la bouillonnante scène rock alternative fran- çaise comme les Bérurier Noir, Ludwig von 88, les Satellites mais également Massilia Sound System qui sort son premier album au format CD en 1991. Tombés amoureux à Paris Cinq ans plus tard, Manue quitte la capitale pour Marseille -avant de s’installer à La Ciotat-, les yeux qui brillent et le cœur qui bat pour un certain Moussu T. « On est tombés amoureux à Paris. Comme c’était impossible de continuer comme ça, j’ai demandé à être licenciée. » Installée dans le Midi, c’est à la valo- risation de la nouvelle scène occitane, au croisement des mu- siques traditionnelles et actuelles, qu’elle souhaite se consa- crer en montant l’association MicMac. Gacha Empega, Nux Vomica, La Talvera, Dupain, Lo Còr de la Plana, Mauresca Fracàs Dub... De la Côte d’Azur au Tarn, c’est tout l’archipel musical d’héritage occitan que MicMac accompagne. Occitan mais toujours dans une démarche d’ouverture sur le monde, avec aussi des artistes comme Jagdish et Toko Blaze. « Tous des collègues et amis de Massilia Soud System. » Elle quitte l’aventure en 2004, en raison de « dissensions », sans imagi- ner qu’elle entreprendrait le grand saut. Le grand saut Le projet Moussu T e Lei Jovents est alors dans les tuyaux. « L’idée initiale était un trio mêlant le répertoire de la chanson marseillaise des années 30 aux musiques brésiliennes. Toutes les maisons de disque trouvaient ça super mais ne voulaient pas s’engager. » Toutes, à l’exception du Chant du monde, un label d’Harmonia Mundi, qui fait une proposition de licence, ce qui

Emmanuelle Tirmarche © Manivette records signifie qu’il fallait produire le disque et livrer le produit fini. « C’était un signe. Je ne pouvais pas m’arrêter là ! » Depuis, ce sont six albums de compositions, deux reprenant le répertoire 23

À La Ciotat de l’opérette marseillaise, un CD/DVD en concert, une com- Moussu T e lei Jovents pilation sortie en novembre dernier et une nouveauté à l’au- tomne en ballade et en duo entre Moussu T et le guitariste C’est Emmanuelle Tirmarche Blu. En 2010, Manivette Records produit le premier disque en (lire son portrait ci-contre), solo de Gigi de Nissa, chanteur de Nux Vomica. Elle convain- fondatrice du label Manivette cra ensuite Massilia Sound System, sans maison de disque Records à la scène et Madame ni album depuis 2007, de se remettre au turbin pour sortir Moussu T à la ville, qui a sélec- l’opus des trente ans du groupe, sobrement intitulé Massilia. tionné les 17 titres composant ce « best of ». Une combinai- 100 000 disques vendus son subtile entre les morceaux « Ils ne pouvaient pas passer à côté de cet anniversaire... », sou- qui ont connu le plus grand ligne comme une évidence celle qui gère à présent le fond de nombre de téléchargements, catalogue du groupe. Puis paraîtront le livre de Camille Mar- des chansons légères ou caustiques, des plus engagées, certaines tel et le film deChristian Philibert sur l’une des plus emblé- interprétées en français, d’autres en occitan. Quinze ans et six al- matiques et indéboulonnables formations marseillaises avec bums de compositions originales de Moussu T e lei Jovents dont IAM et Quartiers Nord. Car à côté du label, Emmanuelle Tir- l’essentiel est gravé sur cette première compilation du groupe, ex- marche créé les Éditions du Gabian, en charge des droits ception faite du répertoire de la chanson d’opérette marseillaise. éditoriaux des productions du label, qui contribue à la noto- On réécoute avec plaisir cet assemblage singulier de blues médi- riété des œuvres. Troisième volet du triptyque, l’association terranéen, d’accent provençal et de percussions du Nordeste bré- Salabrun pour la création et la diffusion des spectacles. Une silien. L’héritage portuaire des villes comme Marseille et La Ciotat, petite entreprise qui ne connaît pas la crise, comme le chan- leurs bastions de la solidarité ouvrière, le mesclun des cultures tait Bashung ? Manivette Records totalise près de 100 000 al- populaires transpirent de cette musique qui contient autant de bums vendus. « Sur les quinze années d’existence, je n’ai été saveurs des Amériques et d’Afrique que d’Occitanie. salariée que pendant deux ans. La crise du disque et le bas- LT culement vers le digital à partir de 2006 a provoqué une ca- tastrophe au niveau financier pour les petites structures. Un disque coûte toujours aussi cher à fabriquer. La vente d’un CD rapporte 2 euros et le streaming 0,0001 euros. Ensuite, il faut Mixtape reverser aux artistes. C’est Tatou (Moussu T, ndlr) qui ramène Massilia Sound System l’argent au foyer », conclut son épouse. C’était l’époque où les DJ À la punk envoyaient leur sélection Grâce à la combinaison des différentes activités et à une ges- musicale sur des cassettes. tion rigoureuse, Manivette et consorts maintiennent l’équi- L’époque des ghetto-blaster, libre. Sa condition de femme cheffe d’entreprise dans le mi- ces radiocassettes démesurés lieu musical ? « Il a certainement fallu que je fasse davantage des années 70 et 80 que l’on mes preuves sur le long terme mais j’ai été formée à l’école de baladait sur l’épaule, à New l’indépendance où les filles avaient leur mot à dire. À la punk, York comme à Marseille. C’est quoi ! » Vivre avec un artiste qu’elle défend ? « On discute mais dans cet esprit que DJ Kaya- chacun laisse l’autre mener sa barque. » Une barque amarrée lik, l’homme aux platines de depuis 22 ans dans la même maison à La Ciotat, où deux en- Massilia Sound System, éga- fants ont grandi. C’est peut-être avec la tribu Massilia qu’elle lement compositeur, a réalisé use surtout de son tact de facilitatrice du relationnel. « Ce n’est la Mixtape du groupe qui a passé la barre des trente-cinq années pas toujours facile à gérer. Ce sont tous des grandes gueules et d’existence. Une longévité rare qu’il était non seulement difficile il faut parfois s’imposer. Mais je les ai connus il y a très long- mais aussi réducteur de résumer en une banale compilation. D’où temps et il y a un respect mutuel. Le plus compliqué, mainte- ce choix véritablement artistique et original de la part de Kayalik nant qu’ils ont des projets parallèles, c’est de coordonner les de synchroniser les tempos, faisant de la succession de nombreux plannings pour rassembler tout le monde. » Cet été, elle sera titres -des plus célèbres aux plus rares- un morceau ininterrompu, à l’œuvre pour une tournée particulière puisqu’elle rassem- de fondus en refondus. Sélection, agencement et élaboration des blera des membres de Massilia Sound System et les cousins enchaînements et des extraits, le DJ exprime là son talent souvent toulousains Mouss et Hakim, piliers de Zebda et des Moti- minimisé en fond de scène. On ne pouvait guère trouver mieux vés. Le nom de cette rencontre de répertoires croisés : « Pas pour retranscrire l’esprit du Commando Fada. d’arrangements ». On s’en serait douté. LT LUDOVIC TOMAS 24 événements Voyager au Mucem Le programme de début d’année au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

Exposition Voyage voyages. Mona Hatoum, Hot Spot (stand) detail, 2018 © Mona Hatoum. Galerie Chantal Crousel, Paris Photo Florian Kleinefenn 25 Voyager au Mucem

Exposition Voyage voyages. Barthelemy Toguo, Road to exile, 2007. Paris, Collection du Musee national de l'histoire de l'immigration © Adagp, Paris, 2019. > Photo Courtoisie Galerie Lelong Paris

Bilan 2019 était « une année exigeante et contrastée », selon le bilan accompagnée par un rythme électronique entraînant : Voyage publié début janvier par les équipes du Mucem. L’exposition Voyages. Elle est à l’origine du titre de la nouvelle exposition Jean Dubuffet, un barbare en Europe, la plus importante, a prévue au J4 du 22 janvier au 4 mai. Une centaine d’œuvres attiré près de 150 000 visiteurs. Le temps de l’île 127 000 ; On rassemblées par les commissaires danse ? quasiment 85 500 ; et celle qui a le moins rallié les Christine Poullain et Pierre-Ni- foules, parce que centrée sur une personnalité moins connue colas Bounakoff : peintures, sculp- du grand public, George Henri Rivière, voir c’est comprendre, tures, installations, dessins, photo- tout de même 46 500. Un bilan qui sera à affiner avec les graphies, vidéos issues de collections chiffres des expositions en cours qui ont « bien démarré » : publiques et privées, notamment Kharmohra - L’Afghanistan au risque de l’art et surtout celle des fonds du Musée national d’art consacrée à Jean Giono (lire sur journalzibeline.fr). moderne () et des Si les visiteurs marseillais continuent à représenter près d’un collections modernes et contem- quart de la fréquentation, le Mucem étant un lieu qu’on aime poraines des musées de Marseille. à voir et à revoir, ne serait-ce que pour la prouesse architec- Car le thème du voyage a inspiré de turale de Rudy Ricciotti, la part du public étranger atteint un nombreux artistes : Paul Gauguin, autre quart. Un effet du tapis rouge déroulé par la munici- bien-sûr, attiré par les îles (et les palité aux croisiéristes, qui débarquent à proximité et n’ont très jeunes filles, malheureusement qu’un choix à faire entre les Terrasses du Port et la specta- pour elles), qui vécut et mourut à Ta- culaire résille en béton noir du bâtiment principal ? Ou bien hiti. Mais aussi Vassily Kandinsky, une attractivité internationale stimulée par les choix de pro- Paul Klee, Max Ernst, Andy Warhol grammation ? Notons en tous cas que le Centre de conserva- ou , dont les œuvres tion et de ressources du musée, situé à la Belle de Mai, plus côtoieront celles de contemporains loin des circuits touristiques, a de son côté vu le nombre de comme Martin Parr, photographe ses visiteurs augmenter de 44%. 5416 personnes s’y sont dé- superstar du kitsch, Zineb Sedira placées en 2019, ce qui reste trop peu au regard de l’intérêt ou Mona Hatoum. que représentent ses réserves et sa bibliothèque spécialisée Cette confrontation, explique Chris- en ethnologie et sciences humaines, mais s’avère encoura- tine Poullain, est significative. « Le geant pour les expositions « atypiques, expérimentales et no- XXe siècle et le début du XXIe siècle vatrices », réalisées avec des établissements scolaires, qui s’y ont été jalonnés de multiples dépla- tiennent régulièrement. cements induits par des motifs très divers. Ils ont conduit les artistes à inventer une conception nouvelle de Voyage voyages l’art, une vision autre du monde, à Allons, que les plus de 40 ans se dénoncent ! Il y a fort à parier explorer toutes les techniques pos- qu’ils se rappelleront d’un tube interprété en 1986 par la chan- sibles et à métamorphoser le paysage teuse Desireless, une jolie voix sous une coupe improbable, artistique. » Des avancées qui selon 26 événements

Pierre-Nicolas Bounakoff « n’auraient jamais eu lieu si les mystérieuse notion qu’il prendra certainement le temps d’ex- artistes étaient restés tranquillement chez eux ». L’exposition pliciter aux novices. Le 20 janvier, c’est la plateforme de dif- ne fera pas pour autant l’impasse sur les aspects sombres fusion de documentaires d’auteurs Tënk qui invite les visi- du voyage : transit, exil, errance et migrations y seront aussi teurs du musée à assister à une double projection sur la Grèce abordés, à travers par exemple l’installation puissante de la en crise : Archipels, granites dénudés de Daphné Hérétakis japonaise Chiaru Shiota, une vague d’une centaine de valises (2014) et Athènes Rhapsodie d’Antoine Danis (2017). usagées suspendues par un fil rouge. Pour la quatrième fois, revient le temps fort Algérie-France, la voix des objets. Du 27 jan- vier au 10 février, Florence Temps fort cinéma Hudowicz, Camille Faucourt Une riche programmation (conservatrices) et Chris- culturelle se poursuit autour tian Phéline (historien) ont de l’exposition Giono. Jusqu'au prévu une sélection d’images 19 janvier, des projections au- et d’items visibles dans le ront lieu dans l’auditorium Forum, ainsi que trois tables Germaine Tillon, introduites rondes pour mieux comprendre par Jean-Pierre Darroussin. la forte mobilisation de la popu- Le comédien lira des extraits lation algérienne depuis un an. des chefs-d’œuvre de l’écri- Au moment où nombre de voix vain, Les âmes fortes, Un roi demandent une 6e Constitu- sans divertissement, Regain tion en France, elle envisage la

ou encore Le Hussard sur le Regain © CMF - MPC mise en place en Algérie d’une > toit, avant que le public ne redécouvre leurs adaptations au Deuxième République, plus démocratique. cinéma par Raoul Ruiz, François Leterrier, Jean-Paul Rap- Du 13 au 15 février, c’est autour de l’exposition Kharmohra peneau ou Marcel Pagnol. - L’Afghanistan au risque de l’art que le Mucem orchestre sa Le temps fort Jean Giono, artisan d’images sera également programmation culturelle. Le cycle Le temps des archives l’occasion de prendre la mesure de son talent de scénariste et reviendra sur l’invasion soviétique du pays en 1979, jusqu’à de cinéaste, puisqu’il a participé à un certain nombre de pro- son retrait 10 ans plus tard. Le documentaire La maison de jets cinématographiques, et réalisé lui-même Crésus, en 1960. l’histoire, tourné à Kaboul pendant la guerre civile des années Afin d’amorcer le cycle, qu’il animera tout le long,Jacques 1990, sera diffusé en présence du réalisateur et producteur Meny, conseiller scientifique de l’exposition et auteur du do- Siddiq Barmak. Une table ronde s’ensuivra, sur la question cumentaire Le mystère Giono, sera présent le 16 janvier pour de la sauvegarde du patrimoine afghan. Pour conclure, on la projection en version restaurée de son film. pourra voir une fiction plus récente, le film deSarah Mani, A Thousand Girls Like Me (2018), l’histoire d’une jeune femme qui ose évoquer l’inceste dans un pays très conservateur. Programmation d’hiver Par ailleurs, vous tenez l’occasion d’aller visiter le Centre de Comme toujours, des rencontres sont régulièrement organi- conservation et de ressources du Mucem à la Belle de Mai ! sées au Mucem. Le 17 janvier, l’Institut des méditerranéen des Le 25 janvier, en partenariat avec le Festival Parallèle (lire métiers du patrimoine propose une journée d’études en accès pages 28 et 29), il accueillera une performance sonore, recueil libre, en compagnie de l’historien Philippe Artières, sur le de paroles de personnes délogées à Marseille, par Adina Se- thème de L’accrochage de récits comme opération historienne, cretan (entrée libre). GAËLLE CLOAREC

Jean Giono, artisan d’images Jusqu'au 19 janvier

Voyage Voyages 22 janvier au 4 mai (portes ouvertes le 21 janvier)

Algérie-France, la voix des objets 27 janvier au 10 février

L’Afghanistan à l’épreuve de l’histoire 13 au 15 février

Mucem, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Les arcades. La rampe Magenta, Alger, Etienne Bouchaud, 1947, huile sur toile, mhfa2009.8.1. Depôt de Montpellier Mediterranee Metropole au Mucem © Frederic Jaulmes FéV  MARS mer 12 fév • 19h SOIRÉE RÉCITS DU RÉEL : SAISON Du nord au sud Wilma Lévy ◊ Cie Les Passages Polices ! 19 Lecture de Sofiane Bennacer et Sonia Chiambretto 20 mar 3  sam 7 mars LE SAUT LA FICTION & d’après Les trois sœurs de Tchekhov LE DOCUMENT Olivia Corsini ◊ Création universitaire de la section Arts de la scène mer 11 mars • 19h théâtre-vitez.com KILLING ROBOTS 04 13 94 22 67 Linda Blanchet ◊ Cie Hanna R Aix-en-PRovence mar 17 mars • 15h et 20h Aix-Marseille Université Le Cube - Site Schuman LE RESTE... d’aprés Martin Crimp ◊ Angie Pict Cie L’Argile mer 25 mars • 20h LA PROMENADE Robert Walser ◊ Malte Schwind Théâtre Cie En Devenir 2 Antoine ven 27 mars • 19h OUI, OUI, JE SAIS. d’après État Civil de Sonia Chiambretto Vitez Gaspard & cie ◊ dans le cadre de la Biennale des écritures du réel Hors les murs au Théâtre de la Cité - Marseille

Cornillon-Confoux | Fos-sur-Mer | Grans Istres | Miramas | Port-Saint-Louis-du-Rhône

Festival des Arts du Geste

5 > 16 février 2020 www.scenesetcines.fr Partenaires institutionnels

Partenaires

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MARTIGUES-SOLIDAIRE-2020-1/4 ZIBELINE 100x140.indd 2 09/01/2020 15:03 28 événements Les formes contemporaines Si la pluridisciplinarité reste le socle en partage artistique de Parallèle, la 10e édition du festival international des pratiques émergentes amorce une nouvelle étape. Entretien avec Lou Colombani

Ce n’est donc pas une disparition mais un renouveau. Pas de disparition peut-être mais au fi- nal moins de dates tout de même. Cela demandait beaucoup d’énergie de porter nos projets respectifs. C’est donc le moyen trouvé pour maintenir une équipe au travail à l’année. Cela va aussi nous permettre de développer le pôle production. Les artistes avec lesquels nous travaillons explorent de nouveaux langages, de nouvelles formes et ont be- soin d’accompagnement pour trouver les bons interlocuteurs et partenaires. Le calcul et l’enjeu, c’est également de stabiliser des postes. Nous aboutissons donc à un projet renforcé et étoffé, dans un moment où il pouvait y avoir une fatigue et une diminution de moyens qui ne permettaient pas de maintenir deux festivals. Il s’agit aussi de sortir de la logique d’iceberg qui réside dans l’événementiel. Lou Colombani © X-D.R Vous avez prononcé le mot fatigue ? ondatrice historique du festival Pa- à la pérennisation des substances des Cela fait treize ans que j’ai fondé et que rallèle, Lou Colombani en assume deux projets. Cette fusion perturbe les je porte Parallèle. C’est important de le F désormais la codirection artistique deux parties. Si c’est le nom de Parallèle nourrir autrement car on peut finir par au côté de Francesca Corona, venue qui reste visible, son contenu ne va pas ne plus avoir le même moteur, la même de l’Officina et du festival Dansem qui rester intègre, il sera nourri différem- énergie à défendre les choses. En 2006, fusionnent dans un projet repensé pour ment avec une double direction artistique, c’est la première édition. En 2007, on se sa pérennité. Explications portée par Francesca Corona (qui a suc- demande comment on continue et en cédé à Cristiano Carpanini la direction 2008 la crise est là. Le projet est parti Zibeline : La fusion entre Parallèle et l’Of- de l’Officina, ndlr) et moi-même. Une de rien et a dû trouver sa place, avec ficina met fin au festival Dansem. Est-ce double direction artistique, c’est sortir sans cesse la nécessité de le redéfinir une conséquence voulue et assumée ? de la position hégémonique du program- et le redéfendre pour qu’il existe l’an- Lou Colombani : Comme tous mateur. C’est un double regard et une née suivante. les projets, Dansem, avec sa longue et double capacité à aller voir des choses, Votre installation à Coco Velten marque- belle histoire débutée en 1998, était ar- une mise en dialogue de ce qu’on pré- t-elle un autre tournant ? rivé à un moment où il avait besoin de sente et pourquoi on le présente. Nous Ce lieu est une base partagée entre des se réinventer. C’est un processus long, avons des valeurs au travail et des ma- associations actives dans divers secteurs démarré avec Cristiano Carpanini (le nières de collaborer avec les artistes qui de la société. C’est donc un espace ali- fondateur de l’Officina, ndlr), pour aboutir sont partagées, nous faisons ensemble. menté par des énergies et des points de 29 vue très différents. Une moitié du bâ- timent est dédié à l’habitat. On est en contact permanent avec des gens qui ont d’autres préoccupations, d’autres centres d’intérêt et d’attention. Nous touchons ici un enjeu fondamental de société : comment on se questionne sur le monde, comment on envisage d’autres manières de percevoir le monde que la nôtre, comment on fait tomber les murs physiques et dans la tête. Cela a-t-il des conséquences jusque dans la programmation ? Cela influe sur la façon de penser la pro- grammation et les dispositifs pour que les gens y aient accès. Cela nous per- met d’élargir la relation au public qui n’est pas forcément acquis à la cause de la culture contemporaine. Autrement La Tristura, Future Lovers © Mario Zamora dit, comment défend-on le fait que les formes contemporaines s’adressent à Inter, pluri et tous et comment on développe les ou- tils pour arriver à entrer en dialogue avec des personnes qui ne sentent pas transdisciplinarité concernés au préalable ? Par exemple, la soirée du 30 janvier est coorganisée onforté par la confiance d’un public Les thèmes de l’adolescence et la jeu- avec la Cloche Sud (association de soli- de plus en plus divers et curieux, le nesse sont particulièrement présents. darité et pour lien social avec les gens de Cfestival Parallèle se propose d’ex- D’abord avec Future lovers par la Tris- la rue, notamment à travers le Carillon, plorer les pratiques émergentes dans le tura (le 24), fruit d’un travail en labora- ndlr) autour des questions d’hospitalité, spectacle vivant comme les arts visuels. toire et en ateliers avec des adolescents de complexité et d’hétérogénéité. On en Dans ce domaine, le dispositif la Relève, pour travailler sur les singularités de peut pas parler d’hospitalité si nous, en à l’issue d’un appel à projet autour de leur rapport au monde, notamment à tant que microcosme socio-profession- la thématique « L’âge du faire », permet l’ère de la numérisation. nel, clivons les choses. pour la deuxième année consécutive la Ensuite avec Tu deuh la miss de Sara La dimension internationale de la mani- constitution d’une exposition collective Sadik (le 1er février) qui a travaillé sur la festation semble aussi s’affirmer. d’artistes issus de formation supérieure sensualité et l’émotionnalité des jeunes Notre projet de coopération internatio- et en phase de professionnalisation. Un corps masculins. L’artiste qui vit à Mar- nale « More than this », corédigé avec l’Of- jury de personnalités a sélectionné les seille est au programme de la soirée de ficina, a été retenu par la Commission artistes parmi 109 propositions reçues. clôture, composée avec (LA) Horde, aux européenne. Les notions d’hospitalité, Sur scène, on retrouve un certain nombre côtés d’Alessandro Sciarroni, Simon de déplacement et complexité consti- de fidélités respectives dans cette pre- Asencio Dustin Muchuvitz ou encore tuent la ligne de force de cette édition. mière édition commune à Parallèle et la DJ Moesha 13. La première occasion L’idée est de produire des projets d’ar- l’Officina : Nina Santes (le 25 janvier), pour le Ballet national de Marseille tistes avec cinq festivals associés, qui Adina Secretan (le 25), Anne Lise Le Gac d’accueillir du public depuis l’arrivée soit sont accueillis soit accueillent un (le 28), Maud Blandel (le 29), Radouan du collectif à sa direction. « Nos propo- autre festival. Parallèle a été accueilli Mriziga (le 30), Madeleine Fournier sitions d’artistes ont tout à fait résonné à la Saal Biannaal de Tallinn, en Es- (le 31), Daniel Linehan (le 31). Au pro- avec leurs désirs. Il y a beaucoup d’atten- tonie et nous accueillons le Ramallah gramme : performance et vidéo, pièce tions communes et de désirs de travailler contemporary dance festival à notre sonore, exposition, cinéma et une do- ensemble. Cette soirée acte les prémisses première édition commune. L’objectif minante danse marquée. « On est dans de belles collaborations », indique Lou est de ramener de la complexité et de un moment où les corps ont besoin de Colombani. la fluidité dans les identités. D’ailleurs, s’exprimer. Et nos partenaires interna- LT il n’est pas question de nationalité ou tionaux sont beaucoup tournés vers la de provenance des artistes dans le pro- danse. Mais de la même manière qu’il y gramme, afin de ne pas penser ces der- a beaucoup de femmes dans la program- niers comme des ambassadeurs de leur mation, on ne l’affirme pas comme un pays mais comme des êtres qui traversent préalable. Ça révèle des sensibilités, des Festival Parallèle des géographies et qui ont des histoires attentions, et beaucoup de choses sur ce 24 janvier au 1er février stratifiées et complexes. que sont les pratiques émergentes », ana- Divers lieux, Marseille ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS lyse Lou Colombani. festivalparallele.com 30 événements Le temps de la création

Zibeline : Pourquoi ce fait énormément de titre, Héroïne(s), Titre recherches, les au- provisoire permanent ? teurs aussi et tout a Lucile Jourdan : été mis en commun. Il s’agit de dépasser C’est un mode de tra- l’obstacle de la dé- vail original : au début pendance, porter ces je songeais à un projet textes, avoir un clin léger, vous vous ren- d’œil à la polysémie dez compte! Le hors sulfureuse du terme ; les murs m’intéres- mais aussi insister sur sait vraiment. On en le caractère provisoire a beaucoup discuté de toute chose, la pré- dans la compagnie, on carité des êtres, la fra- voulait travailler sur

gilité de l’humain, qui S. Lannefranque, S. Tamisier, D. Richard, L. Jourdan © A. Fillit le rapport à l’altérité, donne tant de sens à tout, et laisse sous la forme d’un kaléidoscope, ouvert le champ des possibles… Je d’où la structure en triptyque. Il n’aime pas quand on ferme ! La Cie Les Passeurs crée au est donné par bribes, le spectateur D’où le nom de votre compagnie, théâtre Joliette le dernier volet est convié à assister à l’élaboration Les Passeurs ? de quelque chose, on a les lectures, L’idée est de véhiculer les textes, de son triptyque Héroïne(s), les ateliers, les versions définitives, mais pas seulement dans un face à c’est étalé dans le temps. Cela fait face avec les spectateurs. Ainsi, avec Titre provisoire permanent partie d’une volonté de question- le triptyque nous partageons ateliers nement et d’esthétique que le dé- d’écriture avec collégiens, lycéens autour des addictions, Être ou vider comme cela en une sorte de et autres publics dans les lieux les ne pas. Entretien avec Lucile longue trame, de fresque tempo- plus divers, de la salle de classe au relle. Il y a une temporalité dans bar de quartier, avec les auteurs, Jourdan, directrice artistique la création qui nous est donnée à Sabine Tamisier, Dominique Ri- vivre en même temps. chard et Sophie Lannefranque, et de la compagnie Un mouvement de résistance contre les comédiennes qui interprètent la culture actuelle du zapping ? leurs textes, moi-même, Stépha- La première image que j’ai eue aux nie Rongeot et Gentiane Pierre. débuts du projet c’est cette image Pourquoi avoir choisi de travailler en triptyque sur ce thème d’un film de Pina Bausch, L’Impératrice, cette femme dans un et avec des portraits féminins et avec ces trois auteurs immense fauteuil au carrefour d’un boulevard urbain où les particulièrement ? voitures vont à fond et elle reste sereine… L’idée de se poser J’avais très envie d’avoir des femmes seules au plateau, là où dans le flux incessant, prendre notre temps est apparue es- je suis, Briançon, il y a beaucoup de femmes isolées. Ce qui sentielle : laisser germer tout ça… C’est pourquoi nous nous me plaît dans cette proposition c’est que l’on est à l’intérieur sommes détachés du temps des institutions. de la personne, un endroit extrêmement intime, et que cet en- Comment jouerez-vous le triptyque dans son entier ? droit intime a le droit de parler. Et j’avais très envie de l’avoir On aimerait le jouer sur deux jours : à 14h le volet 2, le soir au féminin. Nous avons choisi les auteurs en fonction des co- même dans les bars le volet 1, le 3e le lendemain dans des en- médiennes, afin qu’ils puissent vraiment travailler ensemble. treprises et le soir l’assemblage, c’est-à-dire la réunion des Cette connaissance entre auteurs et comédiennes a influé trois auteurs et des trois comédiennes. Cette dernière partie l’écriture ? Le jeu ? est encore sous forme de projet, il s’agirait de porter au pla- On a voulu créer de l’autonomie pour les auteurs et les ac- teau, sous forme de conférence, le récit de l’expérience de trices. Chacun a écrit de son côté, mais en connaissant la l’écriture et de la création théâtrale ainsi que notre rapport comédienne qui allait s’emparer de son texte. Cela ne les a au travail et au temps. pas guidés dans l’écriture, mais ils savaient quelle matière ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI ils avaient en face, quel volume, et lors de chaque résidence on a décortiqué le texte avec eux, les auteurs ont apporté des modifications, ou ont eu envie de réécrire autre chose. Pour un travail d’anthropologie aussi, aux multiples facettes ? Être ou ne pas Oui. On est allés chercher dans les rues. Quand Pierrette Mon- 11 au 14 février ticelli (codirectrice du théâtre Joliette, ndlr) nous a invités, Théâtre joliette, Marseille on a été ravis car cet endroit donnait du sens, nous y avons 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 31 Cirque divers

e rendez-vous est très attendu sur le d’Aïcha Aouad-Sicre, menée par les acro- territoire Istres Ouest Provence en bates marocains de l’École de cirque Lfévrier : Les Élancées, festival des Shem’y et les musiciens du groupe AK- arts et du geste, dont c’est la 22e édition, SAK, l’expérience culinaire inédite et in- s’installe dans les communes de Cornil- solite imaginée par Johann Le Guillerm lon-Confoux, Fos-sur-Mer, Grans, Istres, et le chef Alexandre Gauthier (Encata- Miramas et Port-de-Bouc. Du cirque, de tion), les impressionnantes acrobaties des la danse, des formes pluridisciplinaires artistes virtuoses de la Cie Les 7 doigts portées par des artistes que l’on aime dans leur dernière création Passagers… retrouver au fil des années, créateurs Et en danse l’imaginaire débridé du cho- locaux ou internationaux, en salle mais régraphe suisse Philippe Saire qui fait aussi sous chapiteaux. Ces derniers sont apparaître ou disparaître les danseurs d’ailleurs à l’honneur cette année, avec dans Hocus Pocus, l’univers pop japo- cinq spectacles joués au plus près des ar- nais dont s’emparent les jeunes inter- tistes : le cabaret acrobatique et musical prètes de la Cie Grenade dans Kamuyot, du Cirque plein d’air qui remet au goût Strach A fear song © Laure Villain ou encore le sensible Et Juliette ! de la du jour le cirque d’antan (Baltringue) ; artistes rompus aux performances les Cie Didascalie qui suit l’apprentissage Entre chien et loup du duo complice de plus folles ; et l’intriguant Strach A fear d’une petite fille éprise de liberté. la Cie 3 X rien, deux frères rivaux mais song (Cie Théâtre d’un jour) qui réunit DO.M. complices qui partagent leur amour des trois circassiens (issus de la Cie XY), une acrobaties et équilibres ; les installations chanteuse lyrique et un pianiste pour Les Elancées brinquebalantes du Cirque sans noms mêler les différences et complémenta- 5 au 16 février qui rendent les numéros impressionnants rités des uns et des autres. Cornillon-Confoux, Fos-sur-Mer, Grans, et surprenants (Abaque) ; Born to be cir- En salles les propositions sont tout aussi Istres, Miramas, Port-de-Bouc cus du Cirque Zoé qui rassemble douze alléchantes ! La puissante Rose des Vents scenesetcines.fr

Vraiment pour tous

orté par les compagnies membres de Judith Arsenault, viole de d’Opening Nights (plus de vingt com- gambe Collignon), Ppagnies de théâtre, danse, conte, pro- abordera les œuvres d’Isabel fessionnelles ou amateures), le projet Par Allende, Deux mots, et Le rêve les villages arpente les communes du de l’homme blanc d’Ariane Pays d’Aix (et de la Métropole). Partant Buisset ; Saint-Savournin, du principe que l’art est indispensable où la Cie l’Auguste Théâtre et doit être accessible à tous, les troupes interprètera L’article 353 du s’installent dans les médiathèques, les code pénal de Tanguy Viel salles municipales et offrent ainsi une dans une mise en lecture de proximité rare avec les publics. Deux Claire Massabo avec Nicole temps forts en ce début d’année per- Choukroun et Nader Soufi. Pistou, récit d'adolescence © Remi Petit mettront de voir ou revoir des pièces Les 1er et 2 février seront fortes, dans une atmosphère de belle consacrés à un temps fort de spectacles scène de Gilles Le Moher avec Michel convivialité avec un verre partagé avec à Rognes où quatre spectacles se succé- Benizri. Enfin, pour clore ce temps d’ex- les artistes. Le 18 janvier, la Nuit de la deront. La Cie amateur Les Électrons ception, place à la création musicale et lecture se déroulera à Saint-Cannat où Flous se glissera par une lecture à trois aux musiques du monde avec Joulik et l’on écoutera Pascale Karamazov (Cie voix (Florence Demurger, Catherine ses ambiances métissées et poétiques. Fluid) accompagnée par la musique de Suty, Henri Tessandori) dans le ro- MARYVONNE COLOMBANI Sébastien Raimondo sur le texte de Da- man de Jón Kalman Stefánsson, Entre niel Pennac, L’œil du loup (dès 9 ans) ; ciel et terre. Amélie Chamoux (Cie Le puis Agnès Pétreau, Gilles Le Moher, pas de l’oiseau), quant à elle, évoquera Par les villages Maxime Reverchon mis en scène par Da- l’adolescence, en lisant son propre texte 18 janvier, 1er & 2 février nielle Bré (Cie In pulverem reverteris) Pistou. Avec la Cie Groupe Maritime de Divers lieux, Pays d’Aix dans Le poids du papillon d’Erri de Luca ; Théâtre découvrons Le K scénographié 06 74 71 51 15 / 04 42 29 53 20 à Meyreuil, la Cie Débrid’arts (lectures par Maïté Childéric dans une mise en parlesvillagesopn.com 32 événements

V Avignon l’hiver Avignon danse l’hiver depuis 42 ans, anime ses scènes fédérées depuis 12 ans, et se fait littéraire pour la 2e année. Sous le Palais des papes, la culture est permanente

La danse en émois Dix-neuf lieux d’Avignon entrent dans la ronde des Hivernales pour faire de la Cité des Papes un haut lieu de la danse en hiver

ci un théâtre, une chapelle, un musée ; là un centre social, un palais, un conservatoire. Pour sa 42e édition, le festival Is’aventure au-delà de sa maison-mère rue Guillaume Puy -qu’il espère de tous ses vœux conserver dans l’avenir- fai- sant éclore tous les courants de la danse contemporaine. Pour les « mômes » d’abord, qui ouvrent le bal avec un temps fort spécialement concocté à leur attention : Les HiverÔmomes (du 5 au 14 février). Six spectacles à découvrir dès 9 mois et même des séances en crèche pour les tout-tout-petits dès 3 mois ! Du numéro dansé et parlé de Marc Lacourt dans Tiondeposicom ou le sourire qui scotch sur la bave au loin à l’espace ludique et régénérant de I. Glu imaginé par le Col- lectif a.a.O ; des cartes postales sensorielles de Malgven Gerbes à l’approche sensitive de la question de la protection de l’environnement et de la nature par la Cie universitaire Hannah et Jean-Henri (deux créations 2020) ; de la danse organique de Nacim Battou, résolument hip hop, à la création Pompon inspirée des haïkus proposée en crèches par Noëlle Dehousse. Sans oublier Pierre Rigal qui fait Merveille dans son rôle de chef d’orchestre d’une odyssée autour de la voix humaine, entrainant danseurs, chanteurs et musiciens dans , Christian Rizzo © Marc Domage un opéra-ballet inspiré du mythe d’Orphée. Une maison 1# Bruxelles, l’artiste associée à l’ADC de Genève Cindy Van Programme kaléidoscopique Acker pour un ensemble de soli préfigurant sa création Wi- Même éclectisme du côté de la programmation tous publics thout References prévue en mai 2020, ou encore la Danoise qui prend le relais du 13 au 22 février avec Les Hivernales Mette Ingvartsen qui imagine Moving in Concert comme « une conçu comme une fenêtre ouverte sur le hip hop, le krump, forme de connectivité en mouvement ». À la croisée d’ici et le cirque, la performance, la danse abstraite ou narrative… d’ailleurs, n’oublions pas la rencontre scénique inédite de La La danse d’ici avec Petit bazar et grand déballage de la com- Ribot, Mathilde Monnier et Tiago Rodrigues qui déboucha, pagnie Naïf Production associée au CDCN pour sa troisième en 2019, sur la pièce Please, Please, Please coproduite par Les et dernière année, le Montpelliérain Christian Rizzo dont la Hivernales, à écouter comme une confession intime sur « une création Une maison résonne drôlement avec l’actualité du humanité qui court à sa perte »… CDCN (!), Arthur Perole avec Fool, une performance pour Cette vaste programmation est enrichie par la présentation sept danseurs, une chanteuse et un Dj créée en 2018, pré- d’une étape de travail de Mathilde Monfreux (en conclusion mices à sa toute dernière pièce Ballroom en tournée actuelle- d’un stage ouvert à tous, son nouveau projet Caring Banquise ment en région. La danse d’ailleurs avec, parmi tant d’autres, est pensé comme un événement participatif, entre exposition l’Espagnole Lali Ayguadé et sa pièce physique iU an Mi, deu- chorégraphique et performance collective), une installation xième acte d’une trilogie à venir, la trapéziste, danseuse et sonore (hEARt, parcours musical dans l’imaginaire du cœur de chorégraphe Franco-Espagnole Elodie Donaque qui trouve Christophe Ruetsch), la projection de TTT : Tourcoing-taipei- dans Bruxelles où elle vit d’inspiration à sa Balade tokyo de Christian Rizzo et Iaun-Hau Chiang, un atelier du 33 Avignon l’hiver U Avignon danse l’hiver depuis 42 ans, anime ses scènes fédérées depuis 12 ans, et se fait littéraire pour la 2e année. Sous le Palais des papes, la culture est permanente

À livres ouverts vignon rime avec Festival(s), on le pédagogique, culturel et social », explique sait depuis plus de 70 ans ! Pour au- sa directrice, Catherine Panattoni. Avec Atant, le tout jeune Autre Festival, qui un parrain membre de l’Académie Gon- n’a rejoint la cohorte que l’hiver dernier, court (l’infatigable passeur de culture ouvre un nouveau champ dans la palette haïtienne Dany Laferrière) et un Aca- des événements culturels de la ville : il démicien (passeur de vies, lui, puisqu’il est, comme l’indique son sous-titre, « ce- occupe une grande partie de la sienne à lui qui ouvre les livres ». Avec pas moins transmettre les biographies des autres : d’une centaine d’invités (beaucoup d’écri- Pierre Assouline) pour invité d’honneur, vains, mais aussi des journalistes, des la deuxième édition est en effet portée comédiens, des éditeurs), la littérature par deux plumes attachées au partage. fait son entrée dans la cité avec l’appui Deux nouveautés expriment plus encore de quatre librairies (Le livre gourmand, le désir d’inciter chacun à entrer dans la La mémoire du monde, Cultura et Livres danse des pages. La Grande dictée (7 fé- ensemble) et douze lieux partenaires (mu- vrier à l’Espace Jeanne Laurent) et l’or- sées, théâtres, bibliothèque). L’événement ganisation du Prix Cultura « Librinova ». est pensé comme une occasion de plonger Le 8 février sera dévoilé le nom du lau- dans les mots et l’écriture de façon convi- réat, parmi ceux qui ont d’ores et déjà viale. Ouvert à l’écoute et à la rencontre, soumis leur manuscrit ; il sera édité et il irriguera Avignon d’une multitude de vendu dans 5000 librairies en France conférences, causeries, débats, ateliers et sur 200 sites en ligne pendant un an. d’écriture, lectures -et bien sûr des es- De quoi se motiver pour l’an prochain ! paces de dédicaces : une façon en effet ANNA ZISMAN très concrète et naturelle de se gorger de livres, en écoutant parler les auteurs, en L’Autre Festival 7 au 9 février échangeant sans décorum entre passion- Une maison, Christian Rizzo © Marc Domage Divers lieux, Avignon nés et novices. L’Autre Festival « se veut lautre-festival.fr lendemain en compagnie de Florence Chantriaux et Jean-Noël Bruguière, un atelier parent-enfant animé par Malgven Gerbes et Margot Dorléans, et autant de trainings quotidiens et master-class. Car aux Hivernales, l’approche de la danse Michel Quint © X-D.R revêt des formes qui vont au-delà de la seule forme spectaculaire. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Hivernales 5 au 22 février Divers lieux, Avignon hivernales-avignon.fr suite p.34-35 34 événements Scènes en réseau Le Transversal et la Factory rejoignent les Scènes d’Avignon pour un Festi’Hiver qui réchauffe les planches

arce qu’en hiver aussi, le spectacle est toujours vivant, parce qu’Avignon ne se résume pas, aussi flamboyants Psoient-ils, au IN et au OFF qui donnent à la ville l’un des plus beaux festivals de théâtre au monde, les scènes perma- nentes de la cité papale s’associent pour que janvier et février soient aussi synonyme de fédération autour des textes, des auteurs : Fest’Hiver s’étale cette année sur plus de trois se- maines, et accueille deux nouveaux théâtres. Ainsi, ce sont sept plateaux qui vibreront : les Scènes d’Avignon (Théâtres du Balcon, des Carmes, du Chêne Noir, du Chien qui fume, des Halles), et les petits nouveaux (théâtre Transversal et la Factory). Tout commencera par le célèbre « Non », premier mot de la pièce de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, mise en scène par Mélaine Catuogno. Au Théâtre du Balcon, la Cie Le Bruit de la Rouille sonnera le coup d’envoi du festival avec ce texte po- litique, psychologique, dramatiquement humain. Résistance, indignation, tout est dans ce cri, qui, loin de fermer la porte à l’espoir et même au rire, pose les fondements d’une pro- La memoire des ogres - Carmes © Delphine Michelangeli grammation qui porte l’acte théâtral comme une affirmation de liberté. Liberté de croire à l’impossible, avec le délirant Et Vol.2. Aussi musical que théâtral, le spectacle offre une vision si vous y croyez assez, peut-être il y aura un poney, par le Dé- documentée et tendrement irrévérencieuse du chanteur. Il tachement International du Muerto Coco aux Halles (lire sera question des années 1964-69, mythiques... La Cie avi- journalzibeline.fr), libre de se prendre pour un prédicateur gnonnaise Fraction nous invite, au théâtre des Carmes, à une de bonheur (Le Condor, de Nicolas Rochette avec Etienne rencontre troublante avec l’Ogre (Moloch, avec les textes de Delfini-Michel au théâtre Transversal), libres de dénoncer la Cormann, Gabilly, Goethe, Tournier, Stevanovic). Un spec- gabegie administrative qui parque les migrants dans le froid tacle dont on ne sort pas indemne, qui regarde en face le des Alpes avec l’hypothétique espoir d’être reconnus par une Monstre, à travers notre histoire récente. Le Collectif Ani- bureaucratie kafkaïenne (Lampedusa Snow, par la compagnie male (Avignon) nous emportera à La Factory dans une Fré- avignonnaise Erre au Chien qui fume)... nésie créative, performance qui se joue du temps qui file, des La Cie Vertiges Parallèles, égale- ment installée à Avignon, croise les Antoine et Cléopatre - Balcon © Caroline Orsinio langages du spectacle vivant, s’af- franchit des limites entre les disci- plines. Au théâtre des Carmes, Ana Abril proposera un libre adaptation de Des cow-boys de Sandrine Roche. La Mémoire des ogres aborde, à tra- vers des personnages monstrueux et fragiles à la fois, la loi du plus fort, la confrontation avec l’inconnu, en passant par un questionnement au- près des spectateurs. Le Chêne Noir accueillera la compagnie La Naïve (Pertuis) pour une Antigone mâtinée d’Almodóvar, qualifiée par le metteur en scène, Jean-Charles Raymond, de « mère de toutes les révoltées » (lire journalzibeline.fr). Les Musiciens Associés joueront au Chien qui fume la vie et l’œuvre de Serge, dans Gainsbourg Confidentiel 35

Parallèle 24.01—01.02.20 Festival international des pratiques émergentes

Marseille 10e édition plateformeparallele.com Danse, théâtre, performance, arts visuels

La memoire des ogres - Carmes © Delphine Michelangeli

impératifs des agendas surbookés, pour offrir un mo- ment d’intimité sensible et non formaté. À La Factory encore, la Cie A Divinis (Avignon) monte le texte dé- rangeant de Marion Denouette (Jusqu’à l’os) qui rap- pelle qu’aujourd’hui encore on meurt du Sida, malgré les trithérapies, et dénonce un drame qui désormais plus social que médical. JANVIER FÉVRIER C’est l’écrivain roumain Matei Visniec qui sera à l’hon- neur durant toute la durée du festival 2020, avec des lec- Revoir Lascaux tures (Bibliothèque Ceccano) des textes d’un des auteurs Le plus faible des deux les plus joués au festival Off. Sans oublier vendredi 17 janvier à 19h vendredi 7 février à 19h Antoine et Cléopatre - Balcon © Caroline Orsinio les trois soirées musicales au Délirium avec ISABELLE HERVOUËT GAËLLE BOURGES DJ Mosca Verde, DJs Benedetto & Farina, COMPAGNIE SKAPPA ! DJ Souët Berdache. L’hiver sera chaud ! Le silence et la peur ANNA ZISMAN We are not going back mardi 11 février à 20h30 mardi 21 janvier à 20h30 mercredi 12 février à 19h30 MITHKAL ALZGHAIR DAVID GESELSON

Les Analphabètes jeudi 23 janvier à 19h30 vendredi 24 janvier à 19h30 LE BALAGAN’ RETROUVÉ

Pièce d’actualité n°12 : DU SALE ! mardi 28 janvier à 20h30 mercredi 29 janvier à 19h30 Fest’Hiver MARION SIÉFERT 23 janvier au 9 février Divers lieux, Avignon scenesdavignon.com www. theatre-arles.com + d’infos 04 90 52 51 51 36 événements Les vies multiples de Carros Deuxième édition du temps fort Trajectoires qui met en lumière d’étonnants et puissants récits de vie à Carros

lus conséquente que l’année dernière, la programmation s’agrémentent de la guitare de Nicolas Lafourest et des des- met à l’honneur des spectacles qui « témoignent de par- sins de Benoît Bonnemaison-Fitte. Pcours de vies singuliers pour questionner nos humanités et participer à la compréhension de notre époque » et intera- Les femmes se révoltent gissent avec la société civile sur des sujets forts. Et envoient tout balader ! Prônant un théâtre de combat, Les Filles de Simone dynamitent les poncifs, les stéréotypes, les Questionner l’enfance carcans dans leur spectacle délicieusement nommé Les se- Certains de ces spectacles se nourrissent de souvenirs d’enfance, crets d’un gainage efficace. Elles nous invitent à une réunion plus ou moins lointains, voire pour certains, encore enfants, hebdomadaire d’un groupe féministe qui travaille à l’écri- fraichement vécus. Dans La dispute, Mohamed El Khatib a ture d’un livre sur le corps de la femme. Alors tout est per- recueilli la parole de 8 enfants de 8 ans qui racontent ce que mis : la visite d’un vagin géant, un passage éclair de Freud, la séparation de leurs parents a changé dans leurs vies, et ce une fausse interview de Mona Chollet, ou un concert de ser- qu’ils en pensent. Dans un décor de Legos et Playmobils, leurs viettes hygiéniques. À bas les tabous ! ressentis se croisent, laissant apparaître le monde de l’enfance Qu’ont en commun Peau d’Âne, Blanche-Neige et La Petite Sirène ? Ce sont trois destins de femmes soumises à de ter- ribles diktats physiques en vue de séduire à tout prix. Dans Filles et soie Séverine Coulon s’inspire de l’album Les trois contes de Louise Duneton, en l’interprétant seule en scène et questionnant finement cette obsession de l’apparence in- culquée aux petites filles. Des princesses d’un genre nou- veau apparaissent alors sous ses doigts, en fil de fer, papier, ombre et objets…

L’Histoire en scène En Russe Tchernobyl se traduit par absinthe, L’herbe de l’ou- bli. Pour interroger les traces laissées par la catastrophe nu- cléaire et les leçons qui ont été retenues trente ans après, les compagnies Belges Point Zéro et Théâtre de Poche sont par- ties en Biélorussie et en Ukraine à la rencontre de témoins, habitants proches de la zone d’exclusion, des survivants. La mise en scène de Jean-Michel d’Hoop mêle acteurs et ma- rionnettes à taille humaine, des vidéos documentaires et de la musique, alliant gravité et poésie. C’est l’histoire de l’Europe d’aujourd’hui qu’interroge la Cie La L'Herbe de l'oubli © Alice Piemme Conquesta del Pol Sud, trente ans après la chute du mur de dans toute sa réalité, blessée et vivante. Dans Un Nénuphar Berlin. Carles Fernández Giua et Eugenio Szwarcer partent dans ma baignoire, Émilie Pirdas (Cie Un poisson en avril) à la rencontre de l’écrivaine roumaine Carmen-Francesca remonte le fil de ses souvenirs d’enfance pour évoquer la vie Banciu, dont il recueille le récit de vie, et de l’Europe cen- avec son père, le docteur Constantin Pirdas, atteint de bipo- trale, qu’il ont sillonnée pour en rapporter la matière d’un larité. Un voyage chaotique, burlesque, terrible qui donnait spectacle qui mêle dialogues, interviews, musique, images à tout et à tous un parfum sacrément décalé, transformant documentaires… l’odyssée familiale en récit fantasmagorique. Dans son pre- Parallèlement aux spectacles, le Forum Jacques Prévert ini- mier spectacle écrit pour le jeune public, Sébastien Barrier tie un cycle de rencontres, d’apéros conférences, un atelier retrace la vie de Gus, un chat vraiment pas gâté et peu com- d’écriture et une exposition. mode, recueilli dans une poubelle. Un mauvais départ qui DOMINIQUE MARÇON fait qu’il ne peut pas répondre à l’amour qu’on lui prodigue, Trajectoires jusqu’à la rencontre lumineuse, avec l’un de ses congénères, Jusqu’au 7 février qui le transformera enfin ! Pour accompagner Gus dans son Forum Jacques Prévert, Carros épopée déjantée, la batterie et les chants de Sébastien Barrier 04 93 08 76 07 forumcarros.com théâtre le sémaphore FÉVRIER port- de- bouc

jeu 06 fév 19:00 théâtre Théâtre

Ravie Humour Cie La Paloma

mar 11 fév 19:00 MARDI SURPRISE #2 • LA VIE DEVANT SOI • Rodéo Théatre ven 14 fév 21:00 théâtre • POURQUOI ? • Mar 21 janv 20h30 Michaël Hirsch Quitter la Terre Ven 31 janv 20h30 Jazz Cie SNAUT Jeune public 04 92 64 27 34 THEATREDURANCE.FR

• CARIBBEAN STORIES • Samy Thiébault Ven 14 fév 20h30 • IN 1 ET 2 • Skappa ! & associés Sam 15 fév 11h Jeune public Théâtre

• MADEMOISELLE B • Théâtre Désaccordé Mer 19 fév 14h30

Ciné • CE QUI DEMEURE • concert Compagnie Babel Mer 4 mars 20h30

Réservations 04 42 06 39 09

• LOVE AND REVENGE • La Mirza et Rayess Bek Ven 13 mars 20h30 www.theatre-semaphore-portdebouc.com 38 critiques Ave… César ? heu… rroès Le point de vue des jeunes sur la démocratie, thème des dernières Rencontres d’Averroès

« J’ai surtout retenu de cette table ronde que le débat sur la « Démocratie » ne sera jamais clos, que les avis seront toujours mitigés, qu’une démocratie est bien plus complexe que ses apparences et qu’il ne suffit pas de voter, pour dire d’un pays qu’il est « démocratique ». » Louane Calafat – Classe de Mme Lamolle, Collège Longchamp 3e table ronde : Quelle place pour le peuple en démocratie ? NDLR : Louane est l’auteure du titre de cet article

« Une phrase de l’historienne Deborah Cohen m’a particulièrement intéressée : « Voilà on est là dans cette salle, mais en Classe de premiere lycee st charles vérité la démocratie elle est là, dehors ». es journalistes de Zibeline animaient en 2019 une série Parce qu’à ce moment-là les gilets jaunes manifestaient sur le d’ateliers d’éducation à la presse dans plusieurs collèges Vieux Port et passaient devant le théâtre de La Criée. J’ai beau- L et lycées marseillais, autour des Rencontres d’Averroès. coup aimé parce que cela mettait tout le monde dans le même Le thème de ces 26e tables rondes, Fin(s) de la Démocratie ? train et ça, c’est important. » Entre Europe et Méditerranée, a inspiré les élèves. Anouk Crémont – Classe de Mme Lamolle, Collège Longchamp 3e table ronde : Quelle place pour le peuple en démocratie ? « Le fait d’inviter des historiens spécialistes de la Rome et de la Grèce antiques éclaire bien la distance entre l’origine de ce ré- gime et ce que la démocratie est devenue de nos jours. » Inès Hougrand – Classe de Mme Ducasse, Lycée Saint-Joseph les Maristes 1re table ronde : Aux origines de la démocratie : un régime européen ou universel ?

« J’ai remarqué que Nouzha Guessous, chercheuse en bioéthique et droits humains de l’université de Casablanca, a dit que nous sommes dans une « crise de la démocra- tie » car elle n’est plus à l’ordre du jour. » Classe de 3eme 8 college Longchamp Benset Peugeot – Classe de Mme Aydin, Collège Longchamp 2e table ronde : De la démocratie, entre Europe et « Dans l’histoire, la démocratie a beaucoup évolué jusqu’à la Méditerranée. Fin de l’histoire ou d’une histoire ? forme que nous connaissons aujourd’hui en France, sous la Ve République. À l’occasion des Rencontres d’Averroès, nous « Je retiens et rejoins l’opinion d’Albert Ogien qui pense que le nous sommes demandé pourquoi elle « marchait » autant et peuple est apte à diriger et qu’il n’a pas besoin d’un représen- comment elle s’adapte aux différentes époques. Aujourd’hui, la tant pour gouverner. Je crois comprendre que tous les inter- démocratie et la vie politique en général suscitent controverse venants étaient d’accord sur le fait qu’à partir du moment où après controverse, mais c’est aussi un régime où le citoyen le peuple ne vote pas lui-même directement ses lois mais qu’il reste relativement libre. Cette liberté nous permet de nous ex- élit un représentant pour le faire, il ne s’agit pas d’une démo- primer sans peur. » cratie mais d’une république. » Ange Bric – Classe de M. Stéphane Rio, Lycée Saint-Charles Emma Frattini – Classe de Mme Lamolle, Collège Longchamp 4e table ronde : Quels avenirs pour la démocratie, 3e table ronde : Quelle place pour le peuple en démocratie ? entre les deux rives de la Méditerranée ?

Les 26e Rencontres d’Averroès ont eu lieu du 15 au 17 novembre 2019 au Théâtre La Criée, Marseille JEAN-CLAUDE

IZZOHistoire d’un Marseillais - Stefania Nardini Pour les 20 ans de la disparition de Jean-Claude Izzo, les Éditions des Fédérés La Marseillaise publient sa biographie signée par la journaliste et auteure Stefania Nardini. Inclus des extraits de textes inédits du poète et auteur de polars cultes. À offrir et à s’offrir

LIVRE ÉVÉNEMENT

BON DE COMMANDE Je désire recevoir ...... exemplaire(s) du livre « Jean-Claude Izzo » au prix unitaire de 15 € + 2,25 € de participation aux frais de port par livre Nom : ...... Prénom : ...... Adresse d’envoi : ...... Téléphone : ...... email : ...... Chèques de ...... € à l’ordre Éditions des Fédérés à adresser : Les Editions des Fédérés 15 cours d’Estienne d’Orves - 13001 Marseille 40 critiques Les guêpes feront l’affaire Malgré le siècle qui sépare leurs immédiatement perçu comment les deux la parole d’un proche peut-être mise en œuvres soulignaient les mêmes faiblesses doute et interroger la fiabilité d’une re- auteurs, deux pièces montées humaines qui poussent à l’absurdité. lation amoureuse comme amicale. Qui pour un mariage bien arrangé Qu’elles relèvent de la lâcheté ou de était cet homme au final ? Nous ne le l’égoïsme, du doute de soi saurons jamais, le sujet s’est déplacé ou de la perte de confiance jusqu’à faire accepter à tous l’irrationa- en l’autre. lité de la situation et la subjectivité de la Une affirmation de leur notion de vérité. Rien ne laisse à penser ami Donald fait vaciller le que l’on change d’époque, de ville voire couple formé par Sara et Ro- d’appartement. Les mêmes acteurs en- bert. Le sujet de la discorde dossent en revanche de nouveaux per- conjugale : un imbroglio in- sonnages. Après une nuit arrosée, deux dénouable sur l’identité de acolytes sortent de leur trou noir per- l’homme qui a rendu visite suadés d’avoir commis un crime atroce. à Sara en l’absence de son Plutôt que de reconnaître les faits, ils époux le lundi précédent ? usent des subterfuges les moins scru- Selon elle, il s’agit de Mar- puleux, démontrant leur capacité à ba-

© Pascal Victor cus, son beau-frère. Or Do- naliser l’irréparable. Même une fois leur n pouvait douter de la pertinence nald maintient, témoignages à l’appui, innocence admise, leur dignité en est de monter en diptyque un des clas- que le même Marcus a passé toute la pour toujours souillée. Osiques du vaudeville signé Labiche journée chez lui. Complot, trahison, fo- LUDOVIC TOMAS et une pièce psychologico-absurde de lie ? L’auteur en profite pour ironiser sur l’auteur et cinéaste contemporain russe l’hypocrisie de la bourgeoisie en la fai- Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre suivie de L’affaire de la Ivan Viripaev. Le metteur en scène Fré- sant culpabiliser sur l’avortement mais rue Lourcine ont été jouées du 18 au déric Bélier-Garcia avait lui, sans doute, admettre l’anthropophagie. Comment 20 décembre, à la Criée, Marseille

Ego, désordre et solitude Hubert Colas dépeint un monde deux fausses jumelles inaptes au senti- arbres que ses Arabes. Le désordre, c’est ment, une dyslexique perverse en mal aussi celui provoqué par un jeu, le véri- en crise. Crise de l’intime et crise d’attention, un chanteur au mécanisme table fil conducteur de la pièce. Le public de sens de séduction grippé, un jeune Noir lon- est invité à tirer des cartes indiquant la giligne à la beauté aussi troublante que le scène à jouer, imposant au déroulé du récit ésordre avait été créé en septembre comportement et deux fauteuils animés une lecture aléatoire. Désordre des sen- 2018, lors d’un festival Actoral, après timents, désordre Dplus de deux années d’écriture et de de la vie, désordre monstrations par étape. Près d’un an et du monde. En demi après la première, le Désordre de conclusion, l’au- 2020 a d’évidence mûri, mais exprime la teur confesse un même perdition d’un petit groupe d’êtres « j’ai pas le moral » profondément désorientés, instables, qui en deviendrait hermétiques à la communication, à la contagieux. L’hu- relation. C’est Hubert Colas lui-même mour absurde et qui cette fois apparaît sur l’écran sur- une atmosphère montant la scène. Dans ce qui ressemble bienveillante de à la minuscule chambre d’un hôtel de pé- légèreté nous riphérique, il incarne par son isolement aident à ne pas y © H. Bellamy physique la solitude et l’incompréhension succomber. exprimées par chacun des personnages, qui se font des reproches de l’ordre de la L.T. à des degrés divers de névrose. Observa- jalousie amoureuse. On y chante la Mé- teur de ses contemporains, Colas débite diterranée de Tino Rossi, disserte sur la des questionnements sans réponse, dans notion de migrant, déclinée avec les mots une vaine quête de logique et de raison. « colons », « découvreurs » et « esclaves » Désordre a été joué du 8 au 10 Sur le plateau tout aussi désordonné, ou évoque cette ville qui aime plus ses janvier, à la Criée, Marseille 41 Petites utopies face à l’injustice

e Marché Noir des Petites Uto- d’archives sonores : on y entend les pies, Festival de petites formes élus de la République française adeptes Lmarionnettiques, régale le public d’une politique de maintien de l’ordre marseillais tous les deux ans, depuis toujours plus brutale, des témoignages 2013. Porté par Anima Théâtre, cet de CRS, ou la famille d’Adama Traoré, « art éminemment poétique, éminem- mort des suites d’une interpellation ment politique, éminemment contem- violente. 20 minutes intenses qui ré- porain » attire les curieux, au-delà du sonnent particulièrement en ces temps préjugé qui voudrait cantonner les de manifestations, et claquent comme marionnettes à la sphère enfantine. un slogan : l’injustice provoque le chaos. Le 13 décembre, l’équipe du festival Pour conclure la soirée, un coup de donnait rendez-vous au Daki Ling de cœur : la très courte pièce (10 mi- pour une soirée proposant trois spec- nutes) d’Eve Bigontina, Suzy. L’his- tacles, tous réalisés par des femmes. toire d’une mère de famille épuisée Avec Dès-Ordre, Isabella Locurcio qui dérape. L’artiste manie en virtuose (Cie Filalo) relate son expérience des deux marionnettes en éponge, grand- attentats meurtriers du 22 mars 2016 mère harceleuse, homme phallocrate, à Bruxelles. Sa vision sans pathos mais Suzy, Eve Bigontina © Christophe Loiseau et elle, coincée au milieu avec son tire- pleine d’humanité fait mouche : une mère inquiète qui ap- lait, véritable harnachement de vache, sombrant au point de pelle toutes les demi-heures, un amoureux qui ne répond pas s’exclamer, lorsqu’elle entend le bruit d’une détonation : « Ça au téléphone, le regard chargé de tendresse d’un serveur... y est, les enfants se sont enfin entretués ? ». C’est horrible, et Coïncidence, elle était aussi présente lors d’un autre événe- c’est humain, quand on est poussé à bout. ment traumatique : le mouvement de panique qui a occa- GAËLLE CLOAREC sionné plus de 1500 blessés, suite à une rumeur d’attentat, lors d’un match de football à Turin le 3 juin 2018. Le Teatro Della Rondine présentait quant à lui Lupus in Le Marché Noir des Petites Utopies a eu lieu du 6 au Fabula, séance de dressage d’un chien policier entremêlée 15 décembre dans divers lieux à Marseille

Acrobaties mentales

n l’a vu auprès de Quentin Dupieux, labyrinthique au service exclusif de l’in- verbales, ménageant trous d’air et en- Michel Hazanavicius ou Éric Ju- finiment rien : ici notamment, le dépiau- volées. Bonimenteur moderne, il n’hé- Odor. Issu de la galaxie du non-sens, tage attentif d’un prospectus de grande site pas à décliner des mots sur des di- à cheval sur l’humour pince-sans-rire, surface. Sous son air éternellement ren- zaines d’intonations, à fuir l’événement Marc Fraize a fait éclore son person- frogné, basculant sans crier gare d’une jusqu’à en épuiser son auditoire -or seuls nage il y une vingtaine d’années sur les deux spectateurs ont quitté scènes des cafés théâtres. Aussi rubi- la salle ce soir-là, contre une cond que le polo consciencieusement vingtaine à l’ordinaire, dé- rentré dans son pantalon trop court, plorait malicieusement l’ar- Monsieur Fraize prend le temps d’une tiste à l’issue la représen- longue intro chuchotée posant les codes tation. Une réjouissance de de son univers -l’apologie du rien, le si- l’esprit, véritable gourman- lence assumé, le malaise cultivé. Pas de dise proposée par le Gym- fil rouge à proprement parler dans ce nase à l’approche des fêtes, spectacle, plutôt un rapport au monde à laquelle on ne reprochera qui se distille lentement, dans une re- qu’une seule incertitude : le lation avec le public s’assimilant à une paquet de Délichoc en promo © Boby douce transe. Entre gestuelle et allitéra- a-t-il finalement été trouvé tions, emballements soudains et accal- embardée surréaliste à une cinglante en rayonnage ? mies vertigineuses, l’artiste fait partie saillie d’humour noir, Monsieur Fraize JULIE BORDENAVE de ces brillants orateurs maîtrisant l’art enchaîne les micro-performances -dé- des digressions, pour mieux nous em- nombrer patiemment les pages d’un ca- Monsieur Fraize jouait les 17 et 18 décembre barquer dans les méandres d’un esprit talogue- comme autant de pirouettes au Théâtre du Gymnase, Marseille 42 critiques Envols oniriques

a chouette, oiseau d’Athéna, déesse légendes et des peurs, des angoisses de la sagesse dans la mythologie enfantines dont on ose à peine par- Lgrecque, considérée comme un ani- ler. Entre fascination et terreur s’ins- mal prophétique, est devenue grâce à taure une nouvelle approche du monde. la formule célèbre de Friedrich He- Les sensations nocturnes redessinent gel le symbole de la philosophie : « La les formes, accordent aux distances chouette de Minerve prend son envol au d’inquiétants prolongements… Où se crépuscule »… Est-ce pour cela que le niche le réel dans cette opacité où tout nouveau spectacle de la Cie La Zampa, semble devoir se dérober à nos sens ? Devenir Hibou (donné en sortie de ré- Les protagonistes évoluent au cœur des sidence au 3bisf), sait si bien jongler ombres, dansent, disent, s’adressent avec les niveaux de lecture et acquiert aux spectateurs dans cette intimité une étonnante profondeur, en restant nouvelle qui efface le quatrième mur. accessible dès six ans, tout en séduisant La musique de Marc Sens aiguise les les adultes qui accompagnent les en- lumières de Denis Rateau, tandis que fants ? Cette forme qui emprunte à tous le « paysage » scénique se transforme les univers (danse, théâtre, masques, peu à peu et que la liberté s’empare sculpture, performance…) s’inspire de ces êtres aux apparences multi- © Loran Chourrau et Benoit Gob de l’esthétique de Pierre Soulage qui, ples qui nous donnent à voir sous la enfant, « dessinait la neige en faisant des points noirs sur une surface de la nuit (Magali Milian, Romuald Luydlin, Anna feuille blanche… La noirceur du point révélait la blancheur de Vanneau). « Car la nuit ne cache pas, elle révèle… » la page ». Du noir absolu émergent des êtres étranges : têtes MARYVONNE COLOMBANI de chouette ou de hibou, et corps aux démarches d’insectes, qui vont à reculons autour d’une construction à l’aspect miné- Devenir Hibou a été donné en sortie de résidence ral qui prend vite la silhouette d’orgues basaltiques. L’ombre le 17 décembre au 3bisf, Aix-en-Provence se fait matière, dense, pleine, qui suscite la naissance des

Géométries circassiennes et bambous e Cirque du Vietnam faisait halte virtuosités futures. Alors que l’ombre séance de jonglage où balles, bâtons et dos au Grand Théâtre de Provence en ce s’installe à la suite des recommandations des récipients volent de l’un à l’autre et L début d’année. Cirque, fête, légèreté, d’usage, les portes latérales s’ouvrent et sont employés comme autant d’éléments l’amalgame ne rendrait guère justice au la troupe, composée de quinze acrobates percussifs, un panier rond géant ayant spectacle proposé qui transporte le pu- et cinq musiciens, effectue son entrée pour anse des bambous géants réunis blic dans un autre univers. Dès l’entrée joyeuse scandée par rythmes et chants en leur sommet en pyramide offre un venus des Hauts Pla- espace propice aux acrobaties les plus teaux du Vietnam, le improbables, tournant sur lui-même, oc- tout en langue K’ho, cupant tout l’espace scénique, personnage ethnie minoritaire du principal réduisant la taille des protago- centre du pays, dont les nistes humains, qui s’adaptent avec une rites, les masques et les inventive intelligence à ce cadre instable. musiques ont inspiré Une poésie onirique nimbe l’ensemble, le spectacle nommé douceur d’un « pas de deux » sur les dos Teh Dar qui signifie- de paniers mouvants, en portés et main rait « tourner en rond à main d’une troublante tendresse, jeu autour d’un feu ». In- de mikado démesuré… On se laisse em- vocations, chants, in- porter dans cet univers aux géométries © Dragon Images troduisent les numéros précises, qui tient de la performance dans la salle, nous sommes accueillis qui sont conçus comme autant de scènes plastique autant que circassienne. Un par des chants d’oiseaux alors que le pittoresques souvent plongées dans un bijou auquel manque sans doute le dé- traditionnel cercle rouge de la piste oc- clair-obscur rappelant le feu primitif au- cryptage d’une traduction… cupe largement le plateau du théâtre, tour duquel se fonde la vie sociale. Les M.C. tandis qu’attendent adossés au mur de éléments du quotidien trouvent ici leur scène tambours, gong, agrès de bam- sublimation, la cueillette avec des seaux Spectacle donné au GTP, Aix-en- bous, paniers géants… promesses de de bambous conduit à une époustouflante Provence, les 4 et 5 janvier Concerts Contes Hors les murs Formations Scènes ouvertes Etc. Défense + de 100 rendez-vous in situ & hors les murs jusqu’à juin 2020 et illustration

revient à Noailles et fête ses

© Cagliari lain Simon, directeur du théâtre des Ateliers proposait à la Compagnie d’entraînement, promotion 2019-2020, un Aexercice où pratique et théorie théâtrales se rencontrent, au cœur d’une dialectique qui pose le théâtre comme outil de réflexion et lieu de recherche. Les huit jeunes acteurs de la formation en ont livré, à partir d’un texte théorique de leur choix, une illustration grâce à des extraits de pièces

5 rue Méolan et du Père Blaize - Marseille - 04 91 37 86 89 Conception graphique & illustration : Atelier Bacane / MCE team ou de textes. L’intelligence des approches, leur variété, leur pertinence, leur espièglerie aussi, accordaient à cette soirée les qualités d’une représentation « classique », permettant aux spectateurs (invités à questionner les artistes à la fin de chaque « épisode ») une promenade délicieuse entre les théories théâtrales et leurs mises en œuvre. Nicolas Venta- Quatuor Avena lon s’attache ainsi à la polyphonie de l’interprétation dans Trajectoires Accident et Narration, inspiré de Peter Brook et Berthold du Festival Brecht ; Simon Benattar-Bourgeay offre plusieurs ver- de Chaillol sions d’un extrait de Descartes, depuis le pathos exacerbé # 1 à l’intonation « blanche » des « modèles » de Robert Bresson (Notes sur le cinématographe) ; Isadora Bernard reprend La dimension cachée d’Edward T. Hall et expérimente « zones de confort et d’inconfort » entre les acteurs : leur proximité ou leur éloignement physique apportent au jeu et au sens de nouvelles palettes, tandis que Théo Rocamora s’appuie sur Le corps poétique de Jacques Lecoq pour un travail où le jeu corporel est développé grâce au masque de la commedia dell’arte ; Samuel Georgel Dhoye affirme avec Louis Jouvet (Témoignage sur le théâtre) qu’« une pièce de théâtre n’est pas un porte-manteau pour accrocher des idées » ; Élise Pignard s’empare de l’Esthétique théâtrale de Scherer, Juliette Jenta De l’art du Théâtre d’Edward Gordon Craig, et Cécile Vaquier du Théâtre des opprimés d’Augusto Boal, pour une clôture malicieuse où l’on est convié à manipuler des « statues de glaise » et les sculpter en miroir, situation réelle versus si- tuation idéale… Exercices de haute voltige, emplis de sens et portés par un talent fou ! MARYVONNE COLOMBANI 30 janv. 31 janv. 01 fév. 02 fév. 20h30, Le 20h30, Salle 20h30, 18h, Église, Les Théoriciens du théâtre a été proposé le 18 décembre Fayore, des fêtes, Chapelle des St-Pierre Chaillol 1600 Chorges Pénitents, Gap d’Argençon au Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence 09 82 20 10 39 festivaldechaillol.com

Graphisme Valérie Tortolero Valérie Graphisme 44 critiques Dévorations primitives

es variations autour du conte de la une énergie que n’émoussent Barbe Bleue prolifèrent, se nichent pas les ans. La scénographie, Ldans l’opéra, croisent la route de la efficace de simplicité, permet psychanalyse, empruntent aux textes an- le passage de la maison des tiques (le célèbre « Anne, ma sœur Anne » deux sœurs, Anne et Hélène, venant tout droit de l’Énéide virgilienne, à celle de Barbe Bleue, ses « Anna soror » de Didon), trouvent des cachots et ses tours, la mu- échos dans l’histoire (la grande) et les sique de Martin Mabz a ga- légendes... jusqu’à faire de ses person- gné en complexité, offrant nages des archétypes. C’est dans cet hu- des partitions entraînantes, mus des contes que s’est fondée il y a huit d’une belle difficulté vocale, ans Macompagnie avec Jeanne Béziers. cultivant les demi-tons, osant © Christian Milord Renouant avec une forme de spectacle polyphonie et contre-chants, qui dessinent hérite une vaste fortune, ainsi que la complet, elle installe ses créations au une ossature puissante à la pièce dont tentation d’adopter ses cruautés à l’en- carrefour des genres. La joyeuse équipe la cruauté ouvre le bal : « montrez-vos contre de ses futurs maris… La moralité des débuts reprend sa première créa- dents, sortez les canines ! » entonnent les du conte repose-t-elle sur la condam- tion (2011), Anne, ma sœur Anne, théâtre interprètes en préambule, tandis que ré- nation de la curiosité ? Cette relecture musical déjanté adressé aux enfants dès gisseur-preneur de sons tend au-dessus contemporaine déplace insensiblement huit ans mais accessible aux « grands ». d’eux le micro au bout d’une perche. On le propos. Jubilatoire et profond. Les six comédiens sur scène, Pierre- rit beaucoup, on se laisse prendre par le MARYVONNE COLOMBANI Yves Bernard, Martin Mabz, Jeanne récit, les artifices de théâtre, les mises Béziers, Cédric Cartaut, Hélène Dar- en abîme, l’infléchissement des codes : riot, Barbara Galtier, endossent tous Hélène, sauvée par des frères brutaux, Anne ma sœur Anne a été recréé les 8 & 9 les rôles, chantent, jouent, dansent, avec mange le cœur de Barbe Bleue. Elle en décembre à la Maison du Peuple, Gardanne

Humaines illusions n 2018, au Festival d’Avignon, Ju- par moment, qui est autant l’autocritique visage fermé. Puis ayant remonté les lien Gosselin mettait en scène trois d’un trader délinquant en col blanc, et manches de sa chemise, il raconte, et Eromans de l’auteur américain Don enfermé pour des centaines d’années, commence la délivrance de cette parole DeLillo (Joueurs, Mao II et Les Noms), que l’analyse d’un système capitaliste ab- abondante, sans temps mort, envahis- surde devenu incontrôlable. sante. Tandis que la musique techno de « J’ai 38 ans […] et je n’ai pas Guillaume Bachelé et Maxence Vande- souvenir d’avoir su pourquoi velde augmente en un long crescendo, je faisais ce que je faisais, et la voix de Joseph Drouet, exceptionnel qui m’a conduit en ces lieux. » comédien, se fait puissante, pressante, Mais voilà, Jerold Bradway, galvanisante, envahit même son corps, ancien courtier, se retrouve tord ses mains, sa bouche parfois. Le dans ce lieu vide de toute dis- rythme implacable étreint et submerge traction, froid et fantoma- la salle, rendant tangibles les mots de tique, si ce n’est une salle Don DeLillo. commune avec télé, et l’auto- Puis la pression se relâche, la musique route, charriant non loin son diminue, les derniers mots se font en- flot de voitures. Adolescent il tendre. Debout dehors à l’aube, surplom- avait voulu devenir un être bant l’autoroute et sa circulation folle, © Simon Gosselin fantasmatique, « quelqu’un Jerold Bradway inhale « les vapeurs de dans une pièce-fleuve qui incluait aussi qui entre et sort de la réalité physique ». l’impérissable libre entreprise ». Et fait la nouvelle Le Marteau et la faucille, pré- C’est désormais ce qu’il peut éprouver face à son extrême solitude. sente dans le recueil L’Ange Esmeralda jour après jour. DOMINIQUE MARÇON (tous les livres de Don DeLillo sont édi- Assis sur une chaise, face à un micro et tés chez Actes Sud). En faire une pièce à devant une caméra qui le filme en gros part entière met en lumière la puissance plan, son image projetée sur un écran Le Marteau et la faucille a été donné les d’un texte foisonnant, dense, étouffant derrière lui, Joseph Drouet s’installe, 17 et 18 décembre au Théâtre d’Arles 45 Andy dit oui

e prince Henri est mort ce ma- n’est plus qu’une femme aux abois tin ». La reine l’annonce à son qui ne sait pas comment défendre «L peuple, tapis à ses pieds dans son peuple contre les assauts de le noir des hautes murailles de la cité. réfugiés aux portes de la ville. C’est Les spectateurs, ses sujets, groupés sur bien pour cela que dans cette mo- le plateau, se laissent frôler par les al- narchie inspirée de celle de l’an- lers et venues de Régine, altière, qui leur tique Thèbes, le filtre du son ar- demande d’observer une minute de si- tificiel est imposé à tous. lence à la mémoire de son fils. La pièce Julien Bouffier (Cie Adesso e n’a pas commencé depuis 5 minutes, et Sempre) met en scène un texte en déjà, le beau visage de Vanessa Liautey deux partie commandé à la jeune © Marc Ginot est strié de larmes. Sa voix nous par- auteure québécoise Marie-Claude Ver- dans un second temps qui s’engage dans vient dans un casque, qui diffuse aussi dier, qui emprunte à l’Antigone d’Anouilh, un registre habilement allégorique, le en continu la composition musicale de quelque chose qui parle de radicalité et voilà qui surgit (Maxime Lélue), grimé Jean-Christophe Sirven. Distance et de raison d’État, de sacrifice et de liberté. en David Bowie halluciné et gravement proximité sont ainsi intimement liées : Régine est Créon, celle qui veut sauver habité par un esprit de « fucking révolu- position surplombante, voix susurrante les apparences et le pouvoir, Allison (Ma- tion ». Alors tous les espoirs sont permis. qui s’immisce dans nos têtes, isolement non Petitpretz) est la révoltée, celle qui ANNA ZISMAN au pouvoir, déplacements qui sont autant enfreint les lois. Duo incandescent, fin de piétinements de la plèbe que de tré- tragique, langue puissante et contempo- buchements parmi les auditeurs. Si on raine, avec des accents qui réveillent le Andy’s gone 1 (créé en 2016, lire enlève le casque, c’est la fragilité qui de mythe : la jeune fille était amoureuse du journalzibeline.fr) & Andy’s gone 2 - la faille loin l’emporte ; la reine n’est plus qu’une prince, une passion qui n’était pas juste (créé au Théâtre Jean Vilar) a été joué du 8 au mère qui pleure son fils, la souveraine « un petit amour cute ». On la comprend : 10 janvier au Théâtre Jean Vilar de Montpellier

La collectionneuse

epuis son passage à Montpellier, projet fou, obsessionnel autant que fu- la solitude est un sujet ». On se touche, Raquel André a étoffé de 8 per- rieusement romanesque de cette jeune on s’embrasse, peut-être même parfois Dsonnes supplémentaires sa Collec- artiste lisboète installée à Rio. Chaque on va plus loin. L’artiste laisse planer tion d’amants. Cela porte à ce jour à 253 fois, pendant une heure, elle propose à le doute (l’espoir), les petites histoires le total des hommes et des femmes qui se des inconnu(e)s de partager avec elle un d’une heure, selfies où photos déclen- sont prêtés à son dispositif de chées avec le retardateur pro- rencontres, dont elle présente jetés à l’appui, s’émancipent de sur scène une transposition qui l’espace du plateau pour ve- mêle très habilement documen- nir parler à l’oreille de cha- taire et théâtre. Lors de l’énu- cun. Elle a apporté quelques mération des listes, chiffres, objets qu’on lui a offert. Dé- prénoms, pourcentages qu’elle risoire et miraculeuse pêche déroule au début du spectacle, au souvenir. Elle assemble ces seule sur le plateau, on pense microcosmes d’humanité en d’emblée à Georges Perec. une fresque étonnamment Vertige des données, poésie palpable et émouvante. Son des suites. « Un et un seul m’a empathie extrême n’est pas parlé de foot ». Le plus jeune des feinte, son sens de la drama-

« amants » avait 17 ans ; la plus © Tiago de Jesus Bras turgie parvient à donner à l’en- âgée : 83. Les pays sont multiples, témoins vrai moment d’intimité. Qu’est-ce qu’une semble un parfum de théâtre qui sonne des trajets de l’artiste, qui, depuis 2014, rencontre, finalement ? N’est-ce pas en aussi vrai qu’une belle fiction. collecte, boulimique et méticuleuse, les effet se trouver dans une situation où A.Z. instants de ces rencontres provoquées. on s’autorise à livrer quelque chose de Attraper des moments particuliers pour profond, d’important ? Que se passe-t-il Collection d’amants a été donné en faire un ensemble de souvenirs (pho- dans ce temps suspendu ? « Dans 90% au CDN Théâtre des 13 Vents de tos, enregistrements, mémoire), c’est le des rencontres, continue Raquel André, Montpellier les 12 & 13 décembre 46 critiques Mozart en couleurs

emarquée lors de sa d’élans, de vibrations. belle carrière d’inter- L’écriture chorégra- Rprète, la jeune choré- phique noue d’étranges graphe Émilie Lalande liens avec l’écriture mu- s’attache depuis 2015 à la sicale, et s’immisce avec création en direction du virtuosité au cœur de l’art jeune public. Elle nous a pictural, s’inspirant des déjà séduits avec son gé- mots de Kandinsky (notés nial Pierre et le loup ou sur la feuille de salle), « les la poétique Histoire d’un couleurs sont les touches roi (inspiré du Roi et l’Oi- d’un clavier, les yeux sont seau de Prévert). Quittant les marteaux et l’âme est la narration des contes, le piano lui-même, aux elle donne à voir et à com- cordes nombreuses qui

prendre la musique à tra- © Jean-Claude Carbonne entrent en vibration ». vers gestes et couleurs en Lorsque les instruments une œuvre courte (45 minutes), mais chanteuse, Alizée Lalande, vêtue d’une se mêlent, se créent de nouvelles cou- emportée dans un rythme alerte qui se invraisemblable robe de fée composée de leurs. Le jeune public (dont la majorité a plaît aux découvertes et se grise de notes partitions, évoluent sur un plateau tra- suivi les ateliers de danse préparatoires et d’espièglerie. Quatuor à Corps pour versé par une longue portée musicale. au spectacle), porté par un enthousiasme Mozart est tout imprégné de la jeunesse Chacun représente une famille d’instru- fébrile, est convié à associer les couleurs. turbulente du jeune musicien du film ments, assortie d’une couleur primaire La représentation devient fête joyeuse de Milos Forman avec son rire, sa ca- particulière. Les mouvements de danse et participative… la palette de Mozart y pacité à rendre évidents des concepts s’accordent à ceux des signes musicaux et prend un délicieux air de jouvence. difficiles et de s’en moquer. Quatre dan- les gestes des instrumentistes reprennent MARYVONNE COLOMBANI seurs complices (Marius Delcourt, Jean- avec subtilité pizzicati, glissandos, pro- Charles Jousni, Émilie Lalande, Anaïs jections vives (lorsqu’il s’agit de la voix Quatuor à Corps pour Mozart a été créé les 20 & Pensé) sous la houlette d’une comédienne d’opéra), le tout animé de respirations, 21 décembre au Pavillon Noir, Aix-en-Provence

Venus d’ailleurs ans sa petite robe rouge, Kaori Ito fait les cent pas alors est du caractère extra-terrestre de cette famille ! Les gestes que les spectateurs s’installent, mimiques aux uns, ap- tissent un nouveau langage, savent jouer de la perfection clas- Dpels de connivence aux autres, jeu avec des personnes sique, s’en débarrasser d’un mouvement rapide, le sujet de la du premier rang, invitation à reproduire un dé- danse n’est pas là, dans la répétition mécanique de hanchement, une houle… Miraï Moriyama telle ou telle figure, le corps doit juste maîtri- attend, étendu. Lorsque le spectacle com- ser son vocabulaire pour exprimer la com- mence (quand a-t-il vraiment débuté ? où plexité d’une pensée. À l’instar d’une Alice dessiner la frontière ténue entre le jeu « carollienne », Miraï raconte : « à deux de l’artiste et la présence d’une per- ans, j’ai traversé deux fois une vitre en sonne ?), les deux artistes alternent en pensant qu’on pouvait aller de l’autre écho le récit de leur parcours, scandé côté »… Le duo s’emballe, se livre à par les années. « Deux ans, je pleure un pas de deux où chacun reste soi, exprès pour que mon père vienne me mais nous fait traverser le miroir en chercher et m’amène voir les étoiles… nous ouvrant un nouveau monde de […] Quatre ans, je pense que je suis une signes, avant de s’adonner à une orgie vraie extra-terrestre. » Être, c’est se dé- jubilatoire en un exercice d’autodéri- finir semblable et autre. Cette altérité sion iconoclaste délirant. Sommes-nous se dessine grâce aux mots (même si l’une sauvés ? La question du titre, Is it worth to

des chorégraphies de Kaori Ito se nomme Je © Laurent Philippe save us ?, reste ouverte… danse parce que je me méfie des mots) qui égrènent M.C. les stations d’un itinéraire aux circonvolutions fantaisistes et drôles, nimbées d’une tendresse nostalgique. Ainsi, à Noël, Is it worth to save us ? a été donné les 10 et 11 « nous avions un dinosaure à la place du sapin », preuve s’il en décembre au Pavillon Noir, Aix-en-Provence 47 Définir l’humain La fureur de vivre

a radicalité des œuvres d’Olivier Dubois en fait un choré- graphe de premier plan salué par la critique et le public. Ceux Lqui ont vu Révolution, Élégie écrit pour le BNM et Pour sortir au jour au Festival de Marseille, ou Tragédie au Festival d’Avignon s’en souviennent encore. À Klap, Tropismes n’aura laissé per- sonne de marbre. Il faut dire que le chorégraphe n’a pas ménagé ses huit interprètes lancés à corps perdus pendant une heure et quarante minutes ! Avec aux manettes de l’épopée musicale élec- tro-techno-disco-rock le compositeur François Caffenne. Sur le dancefloor laqué noir comme un miroir, les silhouettes se dé- tachent de la pénombre épaisse, se croisent, se frôlent, s’appri- voisent lentement, longuement. Chaque oscillation, chaque dé- hanché est un battement de cœur. On sent une onde frémissante © Alice Blangero traverser leurs corps réunis dans une même communauté ryth- e thème contemporain de l’intelligence artificielle mique, habités par « des mouvements indéfinissables, qui glissent s’immisce dans la nouvelle création du chorégraphe très rapidement aux limites de [notre] conscience » comme l’écri- L Jean-Christophe Maillot, Coppél-i.A. (l’orthographe vait Nathalie Sarraute dans Tropismes. Dans cette navigation du titre est éloquente, avec sa finale, acronyme d’Intel- en aveugle, la raideur des premiers mouvements individuels va ligence Artificielle). S’inspirant de Coppélia, ou la Fille laisser place à une chorégraphie fusionnelle, hypnotique, éprou- aux yeux d’émail d’Arthur Saint-Léon d’après le conte d’Hoffmann L’Homme au sable, le chorégraphe trans- mute l’intrigue et accorde une place centrale à Coppél-i.A (Lou Beyne) qui devient un véritable personnage alors que ses prototypes restent des robots au service du vieux savant Coppélius (Matèj Urban). Loin d’être l’immobile poupée sagement assise derrière une fenêtre, elle prend son essor, jeune femme parfaite, à laquelle Coppélius, Pygmalion aux allures faustiennes, enseigne mouve- ments et attitudes, en prenant pour modèle la belle Swa- nilda (Anna Blackwell), fiancée de Franz (Simone Tri- buna). Un nouveau protagoniste apparaît : la mère de Swanilda, (époustouflanteMimoza Koike) organisatrice des noces, telle la fée bienveillante des contes. Si la trame reste identique, l’ensemble fait un pas de côté, la musique de Bertrand Maillot jongle entre création électronique et reprise décalée par changements de tonalité et distor- sions, de la partition de Léo Delibes. La danse épouse avec © Andrea Macchia intelligence le propos, mouvements d’ensemble débridés lorsque les « humains » se préparent à la fête, parfaite- vant la résistance des corps débridés. Le self-control n’est plus ment ordonnés lorsque ce sont les prototypes. Les pas de qu’une armure de pacotille et les motifs répétés en boucle invitent deux dessinent avec subtilité la riche palette des relations à l’abandon absolu. Total. Transe collective, gestuelle magnétique, humaines, recherche de domination de l’autre, écoute, mouvements perpétuels : l’exaltation est à son paroxysme, habile- attente, espoir, approche espiègle, fusion joyeuse… La su- ment menée par Olivier Dubois qui provoque des fractures ryth- perbe scénographie (Aimée Moreni) évoque l’univers de miques, des parenthèses sexy, avec une pointe d’humour jouis- Fritz Lang en une géométrie qui privilégie les courbes, sive. Le ballroom est ici le lieu de la rencontre mais aussi celui cocon où se lovent les prémisses. Le tout dans une dé- du combat, là où l’on peut déposer les armes (les costumes) pour clinaison de blancheur, marbre sculpté où la perfection devenir « païen, sorcier, prophète, martyr »… qu’importe, pourvu des danseurs renvoie à une mouvante statuaire. Coppé- que l’on soit étoile vivante d’une constellation solaire, radieuse, lius, nouveau démiurge, s’éprend de sa créature tandis qui défie « la mort de ses droits » ! Troisième volet de son projet que celle-ci s’éveille au sentiment amoureux, et, ultime autour de La Divine comédie, Tropismes nous tient éveillé, sur le émancipation de la créature sur son créateur, l’assassine qui-vive malgré l’obscurité. et s’enfuit, inquiétante, entre sa démarche encore un peu MARIE GODFRIN-GUIDICELLI mécanique et une fluidité neuve. Sublime ! MARYVONNE COLOMBANI

Coppéli-i.A a été créé du 27 décembre au 5 Tropismes a été donné les 10 et 11 janvier à Klap janvier au Grimaldi Forum, Monaco maison pour la danse, Marseille 48 critiques Vienne ad lib Inspirée de la Folle journée de Nantes, la Folle Criée célébrait cette année sa septième édition

elle idée que de transposer à Mar- seille cette idée, effectivement un Bpeu folle : un festival de deux jours, célébrant au fil de successifs concerts d’une heure un pan de la musique. La Folle Criée de décembre 2019 a pris pour thème le Vienne de Beethoven et de Schu- bert. Vaste et passionnant programme, qui s’est ouvert sur un concert pédago- gique animé par le youtuber Guillaume Benoît, créateur de la chaîne Révisons Selim Mazari © Caroline Doutre nos classiques. À cette désacralisation de sur les Variations Eroïca : Beethoven est sur la configuration du concerto : sur le Beethoven ont succédé plusieurs petits de retour, encore imbibé des sanglots Concerto n°3 opus 37, mené rondement formats particulièrement enthousias- schubertiens. par un Florent Boffard très en forme. mants. Le concert de Sélim Mazari s’est Ceux qui en douteraient encore ont pu La vitalité des traits, la finesse des mo- notamment emparé avec une sensibi- découvrir à quel point le Trio Chausson ments solistes est d’une énergie commu- lité rare de ces deux compositeurs et compte parmi les plus importants de sa nicative. Entamé par la grande Claire de leurs singularités. Le raffinement de génération. Sur Schubert et son célèbre Désert, qui garde admirablement le cap ses jeux de nuance sait faire entendre, Trio n°2, immortalisé, entre autres, par sur la sonate dite de « La Tempête », ce sur la Bagatelle opus 33 n°1 et les Varia- Stanley Kubrick et Barry Lyndon, l’al- concert du samedi soir se conclut sur des tions sur le Ballet « Das Waldmädchen », la chimie touche à la perfection. Le cha- applaudissements fournis et mérités. subtilité de la variation beethovénienne, toiement entre le son perlé du piano et On revient, le lendemain, à des formes qui réside autant dans l’exploitation du le frotté aérien des cordes est sublime ; plus intimes, dont un quatuor schuber- matériau que dans l’émulation des ca- chaque instrument se met à son tour en tien à se damner -La Jeune Fille et la ractères. Les voix s’enchaînent, se che- retrait. La douceur bienveillante du vio- Mort. Le Quatuor Psophos s’en empare vauchent et se répondent, dans un dia- loncelle soutient la volupté mélodique du avec une douceur rare : le pianissimo logue contrapuntique rendu ici limpide. violon. Le piano pose successivement du premier mouvement convoque une Sur Schubert, c’est la mélancolie et la les toiles harmoniques. L’impulsion des synergie chorale que le phrasé, impec- couleur qui priment : la clarté du jeu phrases s’instille d’une voix à l’autre. On cable, souligne sans effort. L’« Andante rend justice à l’angoisse, latente sous joue ici davantage de la complémenta- con moto » multiplie les échanges au fil l’apparente simplicité. La fugue et son rité que de l’unicité des sons, et c’est un de variations incandescentes. La danse foisonnement polyphonique reviennent franc succès ! reprend le dessus sur le troisième mou- L’Orchestre symphonique vement, avant un « Presto » aux allures Quatuor Psophos © Denis Rouvre du Conservatoire Darius de tarentelle endiablée et tragique. Une Milhaud s’est montré, sous franche réussite, à l’image de ce festival la baguette de son chef et direc- à qui on souhaite encore bien des édi- teur Jean-Philippe Dambre- tions de ce calibre ! ville, particulièrement diligent SUZANNE CANESSA sur Beethoven : la célèbre Cin- quième Symphonie est sortie plus rassérénée que jamais de cette belle vigueur. On en ou- blierait presque le si jeune âge de ses musiciens, encore étu- diants au Conservatoire ! Im- pressionnant sur le répertoire symphonique, l’orchestre s’est La Folle Criée s’est déroulée les 14 et également montré admirable 15 décembre à La Criée, Marseille Jamais veuf ne fut plus gai Après sa création l’été dernier à Lyon, la mise en scène vitaminée de Laurent Pelly a égayé les fêtes à l’Opéra de Marseille

omposé par Offenbach au cœur de sa période faste, entre La Belle Hélène et La Vie Parisienne, Barbe-Bleue, Cplus rarement joué et méconnu, mérite sa place parmi les chefs-d’œuvre du compositeur. Le livret du duo Meil- hac/Halévy, d’une grande qualité théâtrale, s’inspire du conte sinistre de Perrault pour tisser une farce satirique réjouissante sans le moindre temps mort ; livret remanié pour l’occasion par Agathe Mélinand. La mise en scène de Laurent Pelly transpose sans à-coups l’action à notre époque ; colorée et très chorégraphiée, elle voit se succéder costumes chatoyants et beaux décors dont l’attention au détail est remarquable. La direction d’acteurs est très travaillée, de la foule toujours affairée des choristes au jeu aimablement excessif des solistes. Au vu des talents réunis, l’on peut regretter, alors que Barbe-Bleue se mo- quait des courtisans, que Pelly se complaise dans certains gimmicks sexistes ou classistes, comme, par exemple, ce gag lourd et récurrent sur les formes d’une Boulotte gros- sie par son costume. Dans cette œuvre où la partie parlée a une grande impor- tance, les solistes se doivent de chanter aussi bien que de jouer. La force du livret et des acteurs est de leur conférer à chacun une personnalité attachante, entre sympathie et folie. Déjà présente à Lyon, Héloïse Mas se distingue en Boulotte pleine de vergogne, à la projection chaude et assurée. L’énergie contagieuse des jeunes amants Jenni- fer Courcier et Jérémy Duffau s’avère fort convaincante. Francis Dudziak et Guillaume Andrieux, aux rôles d’aides de camp plus théâtraux, brillent par leur aisance drama- tique ; Antoine Normand est drôlissime en despote hy- pocrite et auto-satisfait. Enfin, dans le rôle-titre,Florian Laconi démontre une belle assise vocale et son charisme sur scène traverse tous les registres, du comique à l’in- quiétant, pour donner vie à ce gai monstre érotomane. La direction agile et sereine de Nader Abbassi n’évite pas quelques petits écueils rythmiques, mais l’harmonie et la bonne humeur prévalent ! PAUL CANESSA

Barbe-Bleue a été donné du 28 décembre au 5 janvier à l’Opéra de Marseille

© Christian Dresse 50 critiques Fantastique Berlioz

e Cercle de l’Harmonie a posé ses zéro. Il faut cependant admettre que la l’Air de la Romance du Saule, extrait de valises au Grand Théâtre de Provence phalange ne manque ni de texture, ni l’ rossinien, précédé d’un morceau Ldepuis la saison dernière. L’orchestre de cohésion. Le métal des vents le dis- de bravoure aux harpes. Le Chœur du de Jérémie Rhorer s’y attelle, dans la pute à l’onctuosité des cordes, la finesse conservatoire Darius Milhaud, composé continuité de son travail historiogra- des traits l’emporte toujours, les em- d’étudiants du conservatoire et d’ama- portements sont maî- teurs, s’est illustré dans des pages pour- trisés mais jamais en- tant réputées ardues : L’Adieu des Bergers, digués. Un peu flous en extrait de L’Enfance du Christ, rendu ici à ouverture sur la Marche ses inspirations chorales et bachiennes, Hongroise extraite de La et le Chœur des Pèlerins de Tannhaüser, Damnation de Faust, les puissant, ample et flegmatique. L’en- contours se précisent au chaînement sur le Bal de la Symphonie fil du concert, jusqu’à ce fantastique esquisse savamment le croi- que la marche soit re- sement entre la danse apollinienne et jouée en bis : la com- la noirceur à l’œuvre dans la narration plicité et la solidité de symphonique. Jeu de nuances que le bis Le Cercle de l'Harmonie © Jerôme Jouve l’orchestre ne font alors -La Marseillaise dans son orchestration phique, à la redécouverte du répertoire aucun doute. Entretemps, le voyage au- berliozienne-, certes redoutablement ef- du XIXe siècle. L’entreprise n’est pas nou- tour du plus grand romantique français ficace, évente quelque peu. velle, et on pourra notamment trouver a exploré intelligemment la versatilité de SUZANNE CANESSA quelque peu artificielle la jonction entre son répertoire et de ses influences. La le lyrisme sans ambages de Berlioz et voix souple et fournie d’Éléonore Pan- la subtile légèreté de Rossini, qui sem- crazi a su faire entendre tout le tragique Concert donné le 10 décembre blera en comparaison traitée au degré du Spectre de la Rose et le bel canto de au GTP, Aix-en-Provence

Opérettes en Polly Pocket

e Palazzetto Bru Zane, Centre de peu de son esprit, de ses préoccupations ; On demande une femme de chambre de musique romantique française, s’est sous le rire, on devine les désillusions Robert Planquette puis Chanteuse par Ldonné pour mission la redécouverte et les lassitudes quant à la société et son amour de Paul Henrion. L’héroïne de la du patrimoine musical français du grand organisation. Ayant éprouvé les échecs première, venue d’une caricaturale cam- XIXème siècle (1780-1920). Par- pagne, s’aperçoit que l’aris- tant du constat que presque tocratie n’est pas la panacée ; deux tiers du répertoire ly- celle de la seconde que la célé- rique français de l’époque ro- brité ne comble pas les cœurs. mantique est constitué d’opé- Le tout est porté avec allant et ras et d’opérettes en un acte, énergie par Ingrid Perruche, et tous quasiment inconnus seule en scène, inénarrable de aujourd’hui tant ils sont peu drôlerie dans les multiples joués, Bru Zane mène un tra- rôles qu’elle endosse tour à vail de collecte et de recons- tour, se donnant la réplique titution de ces pièces desti- avec une verve cocasse, ac- nées au lever de rideau. On compagnée par le piano de suggère ce que l’étroitesse David Violi, dont la présence des moyens ne permet pas apporte un contrepoint facé- de montrer, d’où des formes © Julien Benhamou tieux. On peut se poser ensuite qui choisissent le mode comique, l’in- des ambitions révolutionnaires qu’em- la question des pièces oubliées parfois vraisemblable, la légèreté, teintée d’une pire et restaurations ont laminées, les à bon escient… certaine grivoiserie. Exhumer ces œuvres artistes se replient sur la fausse désinvol- MARYVONNE COLOMBANI tient de l’enquête historique, de l’ethno- ture d’un théâtre de boulevard. Les deux graphie, du témoignage, et nous donne opérettes en un acte données au Jeu de Opérettes données les 20 & 21 décembre au la couleur d’une époque, nous livre un Paume en présentent un court aperçu : Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 51 Chaleureuse gourmandise

vec les premiers froids de l’hiver, la ostinato et frémissements ensoleillés tableaux hauts en couleurs qui annoncent proposition par Café Zimmermann d’un éveil en douceur, le roi danse pour se les scènes champêtres plus pacifiques où Ade Concerts gourmands installe la mettre en train (aimait-il cet art comme bruit Le Gazouillement (Couperin) qui musique dans un cadre convi- son arrière-grand-père?) autorise la déclaration de Tendres sen- vial et chaleureux, où sur des airs de Fran- timents (Royer) conclus par Le Rossignol l’on aime s’attarder. çois d’Agincourt, Al- en amour double (Couperin) avant que Après le concert, lemande, Sarabande, ne batte Le Rappel des oiseaux (Rameau). les spectateurs Courante, les deux Après ces hymnes à la gent ailée, reve- conversent avec premières qua- nons à Versailles où la Cour se divertit, les artistes au- lifiées respec- multiplie Les Amusements (Couperin) tour d’un verre tivement La et préfigure les désastres d’un roi qui de jus de pomme Couronne et La s’amuse, joue à Colin Maillard (D’Agin- chaud et de cho- Magnifique, res- court), ou au Pygmalion (Balbastre). Le colats (grâce à tons dans l’uni- scintillement des Etoiles (Corette) vient Good Eden). Ce vers royal, diantre ! éclairer le Coucher du Roi… Le jeu sen- samedi après-mi- Le quotidien se rap- sible, clair, élégant, imagé, virtuose en di-là, la claveciniste pelle à nous avec Caril- un mot, de Céline Frisch se glisse avec

C Céline Frisch (co-fonda- élin t lon ou cloches de Dandrieu une subtile intelligence dans ce réper- e Frisch © JB Millo trice de Café Zimmermann) puis, et la tradition est gardée toire. Bonheur bissé avec enthousiasme ! nous conviait à « Une journée avec Louis par les grands de ce monde, voici les MARYVONNE COLOMBANI XV ». Le déroulement du jour est scandé « plaisirs de la chasse » de Daquin qui par la musique, nous pouvons imagi- célèbre la vénerie depuis la Fanfare de ner celui que l’on nomma en début de l’appel aux chasseurs à La Marche, L’appel Concert donné le 14 décembre dans règne « Le Bien-Aimé », au lever avec le des chiens, La Prise du cerf, La Curée, La la Chapelle Notre-Dame-de-la- Réveille-matin de Couperin, sonneries Réjouissance des chasseurs ; enfin, série de Consolation, Aix-en-Provence a n s 2 0

La Garde INFORMATIONS ET BILLETTERIE EN LIGNE Le Pradet WWW.PRESENCESFEMININES.COM La Valette RESERVATIONS PAR TELEPHONE AU 06.13.06.06.82 52 critiques Noël sur un plateau

ette soirée de l’avant au GTP offrait à une foule dense un Stevens ou Ella Fitzgerald qui imagine le Père Noël coincé spectacle familial, diffusé grâce aux dons de l’Assami dans le conduit de sa cheminée, Santa Claus got stuck in my Cdans le cadre du projet Heko à la Maison (centre de soins chimney… Le rire vient aussi apporter sa distanciation salva- palliatifs à Gardanne), à l’hôpital Montperrin (unité d’addic- trice, les instrumentistes rivalisent avec humour, dialoguent tologie à Aix) et au C.H.I. Aix-Pertuis (Hôpital de Pertuis). À en joutes inspirées, l’ensemble de cordes répond à celui des l’affiche,The Amazing Keystone Big Band (Victoire du Jazz, cuivres, les saxophonistes ourlent leurs phrases d’envolées meilleur groupe de l’année 2018) et ses invités pour un ré- puissantes et les trompettistes ajoutent leur verve à celle des pertoire exclusivement composé de chants de Noël, issus de trombonistes (à la fin, les déguisements fleurissent, masques comédies musicales, des traditions des chanteurs de rue des vénitiens pour les uns, bonnets de Noël et ramures de rennes films américains, ou du répertoire des grands du jazz, qui pour les autres). Le Chœur du Conservatoire Darius Milhaud ont plus ou moins tous commis des chants où l’esprit dirigé avec allant par Jérôme Cottenceau se glisse de Noël se conjugue avec enthousiasme au cœur avec cadeaux enruban- de la fête, tandis que les nés, amour à naître ou chanteurs, China Moses, à retrouver, sentiments Hugh Coltman, Célia Ka- partagés et réconcilia- meni apportent leur lecture tion avec les êtres et le fine et dynamique des parti- monde grâce à la magie tions, s’autorisent des varia- d’un Santa Claus qui va de tions nouvelles et instaurent maison en maison, en van- une complicité heureuse avec tant les vertus de la joie par- le public. Vous reprendrez tagée… On croise ainsi Duke bien un peu de Noël ? Ellington dans sa reprise de MARYVONNE COLOMBANI l’Ouverture de Casse-Noisette, Mel Tormé et son Christmas Concert de Noël donné le 23 décembre song, le Snow man de Wallace au GTP, Aix-en-Provence

The Amazing Keystone Big Band © Maxime de Bollivier Jouer, c’est apprendre

est un public encore vacillant sur fragiles. Pour le reste, chacun était invité loin une maman valse avec sa fillette. À la ses souliers pointure 24 qui s’est à s’allonger, faire de gros câlins, évoluer fin de la séance, les musiciens viennent C’présenté durant les vacances de ou s’endormir en toute liberté. L’un des à leur tour s’asseoir parmi eux, distri- Noël au Mucem. Heureusement tout le grands plaisirs de cette formule, outre buent des objets sonores tirés d’une boîte monde, parents compris, a été invité à le plaisir de l’écoute, consiste à obser- à merveilles, et jouent aux deux sens du enlever ses chaussures ; quant au va- ver les interactions entre les cillement, il était bienvenu et même trois musiciens, les tout-pe- conseillé : l’idée générale étant de pé- tits et leurs parents. Le lien nétrer dans un espace tapissé de cous- charnel si puissant qui unit sins et de s’abandonner au confort pour les enfants à leurs adultes une sieste musicale. de référence est fascinant : Toutouig la la est le nom d’une berceuse devant une expérience iné- traditionnelle bretonne. Ce spectacle de la dite telle que celle-ci, ils se Cie Chapi chapo et les petites musiques collent à eux avant d’oser ex- de pluie a une spécificité : il se joue in- plorer, s’éloignant progres- tégralement sur des instruments-jouets, sivement de leur « camp de

souvent en plastique, aux sons surpre- base » affectif. Certains fa- © Lise Gaudaire nants, parfois aigrelets, d’autres fois très vorisent plus que d’autres ce processus, terme. Ce que les enfants accueillent doux. Mélodica, okarina, piano minia- on ne bénéficie décidément pas tous des avec le sérieux et la concentration qui ture, ukulélé... mêmes encouragements à l’aventure... les caractérise en la matière ! La consigne donnée aux enfants de moins Tel père, voyant son fils faire un tas de GAËLLE CLOAREC de deux ans qui composaient l’assis- coussins, s’empresse de les remettre à tance, ainsi qu’à leurs accompagnateurs, leur emplacement d’origine, tel autre Toutouig la la s’est joué au Mucem les 4 et était succincte : ne pas toucher aux mo- s’amuse de voir l’alliance de deux bâtis- 5 janvier dans le cadre du temps fort Jouets biles décorant la salle, très tentants mais seuses de tour de Pise, tandis que plus en fête, autour de l’exposition Massilia Toy 53 Délices de l’improvisation

association Charlie Free a choisi de depuis de longues années de fructueux du programme est dévoilée, enfin : « tout fêter son anniversaire tout au long compagnonnages : Anne Paceo à la bat- ce que l’on va faire ce soir, est totalement L’ de l’année, avec en point d’orgue terie, Laurent de Wilde au piano, Fe- improvisé. Il est important de rappeler une carte blanche donnée à l’un de ses lipe Cabrera à la contrebasse. Chacun dans ce cadre que le jazz est avant tout compagnons de route, Raphaël Imbert. accumule récompenses et concerts de une musique qui s’improvise, se fait dans par le monde et, aux côtés l’instant. » Débutant par des duos avec du saxophoniste hors pair les différents instrumentistes, le mu- qu’est Raphaël Imbert, rend sicien nous emporte dans un univers hommage à Charlie Free, ce où la surprise s’immisce au cœur des « lieu fondateur » qui a permis phrasés attendus, décline ses accords à tant de musiciens de décou- et ses rythmes, joute et s’invente, ému- vrir le jazz : « j’avais quinze lation complice où la virtuosité se love ans quand ça a commencé, avec espièglerie, bouleverse par ses en- confie Raphaël Imbert, aux volées, suit les méandres de la pensée, spectateurs de la salle comble se colore d’émotions, use d’une palette du théâtre de Fontblanche, moirée où se concentre l’essence même réorganisé pour l’occasion en de l’existence, lorsqu’en quatuor, les mu- un immense cabaret, petites siciens osent les mêmes prouesses. « Le © Gerard Tissier tables, tournées vers la scène jazz, c’est comme la vie, ça s’improvise »… Occasion pour ce dernier, Victoire du installée dans un angle, j’ai l’impression et c’est beau ! Jazz 2018 pour son album Music is my d’être né ici, avec la musique défendue MARYVONNE COLOMBANI hope, de souffler les vingt bougies de sa ici, aventureuse, moderne, intense, spi- Cie Nine Spirit en invitant des artistes rituelle. Je me sens à la fois compagnon Concert donné le 14 décembre au de premier plan avec lesquels il a tissé et enfant de Charlie Free ! ». Et la nature théâtre de Fontblanche, Vitrolles

Fantaisies éléphantines Acteur seul en scène ou musicien en binôme, Fantazio intellectualise l’absurde

l se passe de drôles de choses dans la tête de cet homme. d’exceller dans ses imitations d’élu local au discours de pré- Des phrases sortent de sa bouche tels des bataillons de ca- fabriqué. Le rapport avec l’homme éléphant filmé par David Idavres exquis. « On est tous propagandistes de la surface Lynch ? Un sentiment d’étrangeté solitaire face à une lisse du réel. » Il se passe aussi de drôles de choses société formatée qui rejette ses doux monstres. dans son corps. Avec des gens qui squattent Pour la deuxième soirée de sa carte blanche, ses entrailles, habitent ses tréfonds. Des l’artiste pluridisciplinaire a choisi une zadistes de Notre-Dame-des-Landes ou partie de joutes musicales avec un vieux des skinheads arabes. Les mots enchaî- complice, local de l’étape, le musicien nés, déchaînés, ciselés, jaillissent de ses et chanteur Manu Théron. L’artiste pensées de pachyderme écorché. Cette marseillais pilier de la scène actuelle Histoire intime d’Elephant Man, n’est occitane assume avec jubilation un pas la sienne. En réalité, un peu quand rôle à contre-emploi. Jusqu’à se lais- même. Derrière des envolées délirantes ser convaincre de chanter en anglais. -l’obélisque de la Concorde serait le Dans le même esprit que la veille, les cure-dent de la mère de Godzilla- il y instruments en plus (contrebasse pour a le monde tel qu’il se déforme avec ses Fantazio, tambourins pour Théron), cloisonnements qui restent à déconstruire. le duo, digne d’une comédie italienne, a Comme cette façon qu’a l’histoire officielle de donné autant de plaisir qu’il en a pris. © segmenter les époques. Ces expressions devenues Cyrille Choupas LUDOVIC TOMAS de détestables tics de langage. Ou encore des anglicismes de l’élite parisianiste qui n’a rien d’une avant-garde. Fantazio est un amoureux de la langue, un locuteur éblouis- La carte blanche à Fantazio a eu lieu les 13 et sant, sublimant une poésie de l’absurde, vivante et crue. Et 14 décembre à la Meson, Marseille 54 au programme spectacles bouches-du-rhône

Un ennemi du peuple Sous d’autres cieux

Soirée Giono Sur la grande scène du théâtre de la Criée, un événement lié à l’exposition consacrée par le Mucem à Jean Giono à l’occasion des 50 ans de sa mort. Mise en scène par Marie-Louise Bischofberger (collabora- trice entre autres de Luc Bondy), une lec- © Jean-Louis Fernandez ture-spectacle où les textes choisis par la Constitué de fragments des 6 premiers metteure en scène proposeront un parcours chants de l’Énéide de Virgile, qui raconte dans l’œuvre foisonnante du grand écrivain. le parcours des vaincus de la guerre de Troie à la recherche d’une nouvelle terre où 8 février habiter, Sous d’autres cieux se situe entre Théâtre de la Criée, Marseille passé et présent, mis en scène par Maëlle 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com Poésy. Construit autour des notions d’exil, de souvenir et d’identité, avec une scé- nographie en constante métamorphose,

© Jean-Louis Fernandez dans laquelle évoluent huit comédien.nes Intérêts économiques contre santé des ci- Dans le nom et danseurs.euses. toyens, c’est un drame créé en 1883 (!) écrit par « l’homme le plus en colère d’Europe » : 12 au 14 février Henrik Ibsen. L’eau d’une station ther- Théâtre du Gymnase, Marseille male est polluée par une bactérie : le dire 08 2013 2013 lestheatres.net ou ne pas le dire ? Nicolas Bouchaud joue le docteur Tomas Stockmann, le lanceur d’alerte de ce vaudeville - agit prop - thril- ler politique mis en scène par Jean-Fran- La terre se révolte çois Sivadier. © Simon Gosselin

22 au 25 janvier Une histoire de famille et une exploita- Théâtre de la Criée, Marseille tion agricole ensorcelée sont au cœur de 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com ce thriller paysan, conte philosophique et fable théâtrale, créé en 2014, conçu et mis en scène par Tiphaine Raffier. Inspiré 1, 2, 3 Savane par les travaux de l’ethnologue Jeanne Fa- vret-Saada, spécialiste de sorcellerie pay- sanne, c’est un spectacle dans lequel la puissance de la parole et le pouvoir des mots sont au centre de l’intrigue.

13 au 15 février Sara Llorca © DR Théâtre de la Criée, Marseille Exil, guerre et héritage familial dans ce 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com spectacle où sont conviés poésie, humour, © Laurent Pascal danse, rumeur du monde, Descartes et Ladji Diallo, français d’origine malienne, Averroès. Une création née de la rencontre s’est formé au conte auprès du grand griot d’une étudiante occidentale en philosophie, Sotigui Kouyaté. Dans 1, 2, 3 Savane, tout l’actrice et chanteuse Sara Llorca, et d’un parle : homme, animaux, arbres, grandes poète syrien Omar Youssef Souleimane, herbes, vent, rivière… Un conte depuis les réfugié politique à Paris. profondeurs de l’Afrique, où l’art et le sa- cré sont intimement liés, sur les chemins 22 au 25 janvier qui mènent à la savane. À partir de 7 ans. Théâtre des Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net 8 février Théâtre de la Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 55

La septième vie de Patti Smith L’Enquête

Au milieu de l’hiver... Abdelkader Ben Bouali est bien connu des afficionados du football marseillais : champion de France en 1937, il a par la suite rejoint la lutte algérienne pour l’in-

© paquito dépendance. Sa petite-fille Anaïs Allais, Dans la banlieue de Marseille, au beau mi- fondatrice de la Cie La Grange aux Belles, © S e bastien Leguen lieu des années 1970, une adolescente mé- fait le récit double de cette vie riche et sans lancolique découvre avec fascination la concession, et de sa propre quête : celle Punch et Pedro ont fait les beaux jours du voie et la vie de Patti Smith, star en deve- de ses origines, et d’un pont dressé entre cirque Medrano dans les années 50 : Sébas- nir. Benoît Pradel adapte pièce radiopho- France et Algérie. tien Le Guen s’est plongé dans l’héritage, nique de Claudine Galea, l’enrichit d’ex- riche, de ces pionniers du clown-théâtre. traits de son roman Le Corps plein d’un Mais s’est soucié, avant tout, d’inscrire son rêve. Entre théâtre et musique, littérature œuvre dans le cirque contemporain dont et performance, La septième vie de Patti sa troupe, la Cie Lonely Circus, explore Smith célèbre gaiement la première icône savamment les possibles. De quoi ravir rock féminine. les tous petits comme les plus aguerris !

30 & 31 janvier 24 au 26 janvier Théâtre de la Joliette, Marseille Théâtre Massalia, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr © Simon Gosselin 04 95 04 95 75 theatremassalia.com Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été 21 & 22 janvier 2 fois toi ZEF, Marseille 04 91 11 19 20 lezef.org Waynak

Blablabla L’auteur et metteur en scène Joris Lacoste explore depuis plus de douze ans la diversité des formes orales avec son projet artistique et linguistique L’Encyclopédie de la parole. Avec Blablabla, il sollicite la complicité de

© Sean Hart la metteuse en scène Emmanuelle Lafon et © Delphine Perrin Jean-Paul Delore a lancé avec le projet 2 la versatilité d’Armelle Dousset - actrice, En arabe, le mot « waynak » désigne en fois toi une série de commandes impliquant musicienne et danseuse. Au programme : réalité une question : « où es-tu ? ». Cette plusieurs auteurs (Natacha de Pontcharra, un déploiement de la langue… à hauteur question n’appelle pas la même réponse Patrick Loupin et lui-même), mais aussi d’enfant, à partir de sept ans ! pour Lili et Naji, deux adolescents dont des enfants et jeunes amateurs. À la Jo- Waynak raconte l’improbable rencontre. liette, Isabelle, June et José raconteront Annabelle Sergent a co-écrit avec Cathe- ainsi trois rencontres entre différents temps rine Verlaguet ce texte évoquant la violence de l’identité, adulte ou enfantine. Sarah, de la guerre et le tourment de l’exil ; elle Zelda et Rudy se confronteront au Bois le met en scène, assistée d’Hélène Gay, de l’Aune aux mots de Valérie Manteau, à destination des jeunes adolescents - à Sébastien Boisseau et Sinzo Aanza. À sa- partir de 10 ans. vourer en duo ! 31 janvier & 1er février 6 & 7 février Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Théâtre de la Joliette, Marseille © Martin Argyroglo 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 13 au 14 février 13 février ZEF, Marseille Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 91 11 19 20 lezef.org 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 56 au programme spectacles bouches-du-rhône

Dchèquématte Le voyage de Roméo

Lapin cachalot La fable animalière a encore de beaux jours devant elle : la metteure en scène Émilie Flacher a entrepris un cycle de créations se réappropriant ce genre, Lapin cacha- lot. Sa compagnie Arnica allie sa science des marionnettes à une écriture partagée entre des autrices et un groupe d’enfants : Anaïs Vaugelade a ainsi donné naissance à © Emmanuel Ciepka L’Agneau a menti, et Julie Arminthe a mis Ciprian est le fils d’un Ursari - un « mon- au point au Théâtre Massalia Les Acrobates, treur d’ours » en langue romani. Ses jour- donnés ici en création. © M e lissa Leroux nées passées au lui font découvrir le jeu d’échecs, pour lequel il Seul en scène, le danseur ivoirien Roméo développe des capacités hors normes. Ma- Bron Bi raconte son histoire mouvemen- rilyn Mattéi et Marie Normand adaptent tée : la fuite de son pays et de la guerre. pour la scène et le jeune public (à partir Sous la houlette bienveillante de la cho- de sept ans) le roman à succès de Xavier- régraphe Sylvie Pabiot, ce danseur hors Laurent Petit. Réussite assurée ! normes raconte son itinérance d’un pays à l’autre, mais aussi de son métier d’élec- 8 février tricien à la découverte de son art, puis d’un Théâtre Massalia, Marseille langage chorégraphique propre, en méta- 04 95 04 95 75 theatremassalia.com morphose constante.

30 & 31 janvier KLAP, Marseille Les simples conférences 04 96 11 11 20 kelemenis.fr La compagnie Lanicolacheur organise à

destination des enfants et des adolescents © Duo fluo Design graphique des conférences pas comme les autres : des personnalités viennent y témoigner de leur 14 & 15 février Vocabulary of need métier et du chemin parcouru pour l’exercer. Théâtre Massalia, Marseille Le primatologue Adrien Meguerditchian 04 95 04 95 75 theatremassalia.com évoquera ses observations de babouins, de chimpanzés sauvages … De quoi éveiller de nouvelles passions et curiosités. Oneironaut 8 février La danse de Tânia Carvalho ne se cantonne Théâtre Massalia, Marseille pas à la seule chorégraphie : musicienne, 04 95 04 95 75 theatremassalia.com plasticienne, la danseuse portugaise sait © Sebastien Erome ERO s’emparer de tous les tenants de la scène. Avec Oneironaut, la chorégraphe se fera La Partita en ré mineur BWV 1004 est bien également pianiste. Sa musique et sa danse connue des admirateurs de J.S. Bach. Son navigueront (du grec nautès) sur le terri- sens de la polyphonie, de la réunion des toire du rêve (oneiros) : celui-ci s’étend des voix, mais surtout de leur nécessité l’une possibles du langage onirique jusqu’au res- pour l’autre, est au cœur de Vocabulary serrement du cauchemar. of need. Le chorégraphe Yuval Pick s’est emparé de cette alchimie musicale pour 23 janvier donner naissance à une dynamique dan- KLAP, Marseille sée contrapuntique, chorale et mouvante. 04 96 11 11 20 kelemenis.fr 8 février KLAP, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr LE GYMNASE- BERNARDINES, UN THÉÂTRE AU COEUR DU RÉAMÉNAGEMENT D’UN QUARTIER

DOMINIQUE BLUZET © CAROLINE DOUTRE

LORSQUE JE SUIS ARRIVÉ À MARSEILLE commerçants du quartier en nous rénovation urbaine. ET QUE J’AI ÉTÉ NOMMÉ DIRECTEUR inspirant de certaines peintures Dans le cadre du projet global de DU THÉÂTRE DU GYMNASE EN 1993, murales. Avec Planète Emergence, réhabilitation de La Canebière, nous J’AI ÉTÉ SAISI PAR LA BEAUTÉ ET nous avons fait appel à des graffeurs avons réfléchi à la manière de tisser L’EXTRAORDINAIRE POTENTIEL DE pour montrer qu’on pouvait magnifier des liens à partir du Théâtre Gymnase- CETTE VILLE, DE CE QUARTIER. des façades ou des devantures laissées Bernardines et du projet artistique à l’abandon et redonner l’idée d’un qu’il incarne. Ainsi, en écho à la ÉDITOMarseille est un melting pot qui lieu dédié à la famille et aux enfants. piétonisation de la rue Mazagran et à doit en permanence se réadapter, C’était l’acte de naissance du Premier l’embellissement de la rue du Théâtre se réinventer. Elle n’a jamais un quartier des Arts. Français, nous ferons réaliser une moment de répit, c’est ce qui fait sa Nous pouvons et nous devons aller fresque par une artiste mosaïste élue grandeur. Mais malgré une volonté plus loin. meilleure ouvrière de France. Nous forte de redynamiser La Canebière, En tant qu’acteur culturel et chef ouvrirons avec le soutien de la Ville avec notamment l’implantation de d’entreprise résidant à Marseille, je et du Département, un restaurant l’IUFM et de l’Université, la situation me sens à la fois très militant, très type Belle Époque qui sera baptisé s’est progressivement dégradée avec citoyen, très entrepreneur et « Le Plus Beau » car La Canebière doit d’importants problèmes de propreté, très artiste. renouer avec la notion de beauté et de parking et de sécurité. Je veux contribuer à redonner une de convivialité ! Nous créerons aussi J’ai toujours considéré que pour que visibilité à ce quartier que je connais un bar pour se retrouver autour des le public continue à avoir envie de si bien et lui insuffler à la fois de la spectacles et une résidence pour venir au théâtre, et en premier lieu au beauté et de l’énergie. accueillir les artistes des Théâtres. Gymnase, qui connaissait déjà dans Autour du Gymnase, il y a une Ce projet, qui repose sur une ambition les années 1995-98 une forte université, un lycée, un conservatoire collective très forte, doit faire du notoriété, nous devions nous attaquer de région, trois théâtres, deux haut de La Canebière un écosystème à la question de la requalification librairies, des galeries d’art. C’est le culturel qui participe à redonner de notre environnement. quartier Latin d’une ville grecque ! ÉDITOà tous les Marseillais un sentiment de En 2016, grâce à notre fonds de C’est le lieu qui concentre le plus fierté d’appartenance, de dignité dotation ASSAMI et avec l’aide de la d’échanges de savoirs dans une et de prospérité. Ville et du Département, nous avons journée. La culture s’impose alors réhabilité les rideauxÉDITO métalliques des comme l’outil de référence de cette DOMINIQUE BLUZET DANS LE CADRE DU PROJET RÉAMÉNAGEMENT « AMBITION CENTRE-VILLE » ET DE LA DES RUES REQUALIFICATION DU HAUT DE LA CANEBIÈRE, AVANT PORTÉS PAR LA VILLE, LE DÉPARTEMENT ET LA MÉTROPOLE, LE QUARTIER AUTOUR DU GYMNASE-BERNARDINES SERA ENTIÈREMENT REFAIT À NEUF ET DEVIENDRA UN NOUVEL ESPACE DE VIE. AINSI, « LE PREMIER, QUARTIER DES ARTS », RETROUVE SES

LETTRES DE NOBLESSE ET LES THÉÂTRES DU APRÈS WOWGYMNASE ET DES BERNARDINES EN SERONT LES TOTEMS.

Après

Depuis le théâtre des Bernardines jusqu’au La place Thiers va être entièrement repavée On pourra désormais marcher le nez en l’air UNE GRANDE MOSAÏQUE Gymnase, la rénovation des rues est en et les luminaires refaits. dans la rue Mazagran, rendue piétonne et RUE DU THÉÂTRE FRANCAIS route. La rue Guy Môquet va être repavée, éclairée par des luminaires suspendus. piétonnisée et arborisée. Dans le cadre de cette réhabilitation, Dominique Bluzet a fait appel à Emaaa, entreprise de Mosaïque Artistique WOWAppliquée à l’Architecture, pour réaliser une fresque sur le thème de l’enfance, rue du Théâtre Français. Les deux fondatrices d’Emaaa sont meilleures ouvrières de France en Mosaïque d’Art et ont notamment participé à la restauration de Notre Dame de la Garde à Marseille et la « POURQUOI LE PLUS BEAU ? PARCE QUE PERSONNE N’EMPLOIE LE MOT «BEAU» Basilique du Rosaire à Lourdes. LE PLUS BEAU, EMBLÈME DE LA NOUVELLE AVEC LE MOT CANEBIÈRE ET MOI JE VOULAIS QU’ON PUISSE DIRE QUE SUR LA CANEBIÈRE IL Y A QUELQUE CHOSE DE BEAU ET C’ÉTAIT IMPORTANT POUR MOI DE RUE DES SAVEURS POSER CET ADJECTIF COMME DÉSIR D’AVENIR : C’EST BEAU LA CANEBIÈRE ! » DOMINIQUE BLUZET

La nouvelle brasserie du Gymnase- Le Plus Beau, gérée et animée par la famille Bernardines ainsi que les nouveaux espaces Halimi, sera ouverte dès le matin jusqu’au de vie et de restauration de la rue soir, fière de la qualité et de l’origine de ses du Théâtre Français seront réalisés par produits et force de propositions culinaires. Jean Baptiste Pietri, enfant du pays et Mais aussi une petite table-épicerie architecte de talent aux nombreux prix italienne et un bar ouvert à tous les soirs de nationaux et internationaux. représentations. Les immeubles mitoyens du Théâtre jusqu’à De 25 à 30 emplois devraient être créés pour La Canebière seront unifiés et proposeront quelques 170 couverts à la brasserie et une des points de restauration en intérieur et en cinquantaine pour le restaurant italien. « À l’origine de ce dessin, il y a une imaginaire débordant. Le moindre terrasse. Une brasserie, type Belle Époque, LE MOT DE volonté forte de rapprocher le public du accessoire les transporte dans la peau monde de l’enfance. de leur personnage préféré, ils n’ont MARIE-LAURE BESSON En attendant le spectacle, en pas honte de rêver, de s’émerveiller, MEILLEURE OUVRIÈRE DE FRANCE EN empruntant la rue par hasard ou de rire, de pleurer. Ils expriment leurs UN LIEU POUR MOSAÏQUE D’ART volontairement, le passant se retrouve émotions, simplement. C’est toute CO-FONDATRICE DE EMAAA face à une étrange communauté, cette spontanéité, cette énergie LES ARTISTES des grappes d’enfants qui sautent, débordante qui doit transparaître Dans cet ensemble architectural rue s’élancent, jouent, chantent en choeur, dans cette mosaïque. Une explosion « LES ARTISTES TIRENT LA VILLE VERS du Théâtre Français sera créé deux appartements, des espaces de vie, de posent pour la photo. On admet tout de vitalité libératrice pour l’enfant que LE HAUT ET LORSQU’ON MET LA CULTURE aux enfants, leur crédulité, leur nous portons tous au fond de nous. » travail et de résidence pour les artistes des AU CENTRE DE LA SOCIÉTÉ, ON Y GAGNE Théâtres. Des chefs cuisiniers pourront TOUJOURS EN HUMANITÉ. » également venir en résidence de création au DOMINIQUE BLUZET restaurant proposer une cuisine innovante. DANS LE CADRE DU PROJET RÉAMÉNAGEMENT « AMBITION CENTRE-VILLE » ET DE LA DES RUES REQUALIFICATION DU HAUT DE LA CANEBIÈRE, AVANT PORTÉS PAR LA VILLE, LE DÉPARTEMENT ET LA MÉTROPOLE, LE QUARTIER AUTOUR DU GYMNASE-BERNARDINES SERA ENTIÈREMENT REFAIT À NEUF ET DEVIENDRA UN NOUVEL ESPACE DE VIE. AINSI, « LE PREMIER, QUARTIER DES ARTS », RETROUVE SES

LETTRES DE NOBLESSE ET LES THÉÂTRES DU APRÈS WOWGYMNASE ET DES BERNARDINES EN SERONT LES TOTEMS.

Après

Depuis le théâtre des Bernardines jusqu’au La place Thiers va être entièrement repavée On pourra désormais marcher le nez en l’air UNE GRANDE MOSAÏQUE Gymnase, la rénovation des rues est en et les luminaires refaits. dans la rue Mazagran, rendue piétonne et RUE DU THÉÂTRE FRANCAIS route. La rue Guy Môquet va être repavée, éclairée par des luminaires suspendus. piétonnisée et arborisée. Dans le cadre de cette réhabilitation, Dominique Bluzet a fait appel à Emaaa, entreprise de Mosaïque Artistique WOWAppliquée à l’Architecture, pour réaliser une fresque sur le thème de l’enfance, rue du Théâtre Français. Les deux fondatrices d’Emaaa sont meilleures ouvrières de France en Mosaïque d’Art et ont notamment participé à la restauration de Notre Dame de la Garde à Marseille et la « POURQUOI LE PLUS BEAU ? PARCE QUE PERSONNE N’EMPLOIE LE MOT «BEAU» Basilique du Rosaire à Lourdes. LE PLUS BEAU, EMBLÈME DE LA NOUVELLE AVEC LE MOT CANEBIÈRE ET MOI JE VOULAIS QU’ON PUISSE DIRE QUE SUR LA CANEBIÈRE IL Y A QUELQUE CHOSE DE BEAU ET C’ÉTAIT IMPORTANT POUR MOI DE RUE DES SAVEURS POSER CET ADJECTIF COMME DÉSIR D’AVENIR : C’EST BEAU LA CANEBIÈRE ! » DOMINIQUE BLUZET

La nouvelle brasserie du Gymnase- Le Plus Beau, gérée et animée par la famille Bernardines ainsi que les nouveaux espaces Halimi, sera ouverte dès le matin jusqu’au de vie et de restauration de la rue soir, fière de la qualité et de l’origine de ses du Théâtre Français seront réalisés par produits et force de propositions culinaires. Jean Baptiste Pietri, enfant du pays et Mais aussi une petite table-épicerie architecte de talent aux nombreux prix italienne et un bar ouvert à tous les soirs de nationaux et internationaux. représentations. Les immeubles mitoyens du Théâtre jusqu’à De 25 à 30 emplois devraient être créés pour La Canebière seront unifiés et proposeront quelques 170 couverts à la brasserie et une des points de restauration en intérieur et en cinquantaine pour le restaurant italien. « À l’origine de ce dessin, il y a une imaginaire débordant. Le moindre terrasse. Une brasserie, type Belle Époque, LE MOT DE volonté forte de rapprocher le public du accessoire les transporte dans la peau monde de l’enfance. de leur personnage préféré, ils n’ont MARIE-LAURE BESSON En attendant le spectacle, en pas honte de rêver, de s’émerveiller, MEILLEURE OUVRIÈRE DE FRANCE EN empruntant la rue par hasard ou de rire, de pleurer. Ils expriment leurs UN LIEU POUR MOSAÏQUE D’ART volontairement, le passant se retrouve émotions, simplement. C’est toute CO-FONDATRICE DE EMAAA face à une étrange communauté, cette spontanéité, cette énergie LES ARTISTES des grappes d’enfants qui sautent, débordante qui doit transparaître Dans cet ensemble architectural rue s’élancent, jouent, chantent en choeur, dans cette mosaïque. Une explosion « LES ARTISTES TIRENT LA VILLE VERS du Théâtre Français sera créé deux appartements, des espaces de vie, de posent pour la photo. On admet tout de vitalité libératrice pour l’enfant que LE HAUT ET LORSQU’ON MET LA CULTURE aux enfants, leur crédulité, leur nous portons tous au fond de nous. » travail et de résidence pour les artistes des AU CENTRE DE LA SOCIÉTÉ, ON Y GAGNE Théâtres. Des chefs cuisiniers pourront TOUJOURS EN HUMANITÉ. » également venir en résidence de création au DOMINIQUE BLUZET restaurant proposer une cuisine innovante. INFOS PRATIQUES

PENDANT LA DURÉE DES TRAVAUX,WOW LE THÉÂTRE DU Le parking Léon Gambetta reste ouvert. GYMNASE BERNARDINES RESTE OUVERT ET VOUS ACCUEILLE TOUT AU LONG DE LA SAISON 2019-2020. Pour rappel, Le Gymnase-Bernardines est partenaire des parkings Centre Bourse et Charles de Gaulle. Le bar extérieur de la rue du Théâtre Français Les soirs de spectacles au Gymnase, si vous vous est fermé mais celui du hall reste ouvert les soirs garez dans l’un de ces deux parkings, vous pouvez de représentations. faire valider votre ticket à la billetterie du théâtre. La place vous coûtera 5€, dans la limite de 5 heures L’accueil administratif et la billetterie en journée de stationnement. restent à Taccusel, au 88 La Canebière, du mardi au samedi de 13h à 18h.

éâtre du Gymnase éâtre du CALENDRIERJeu de Paume OH ! DES TRAVAUX éâtre du Gymnase RÉAMÉNAGEMENT DES RUES Grand éâtre MOSAÏQUE MUR FACULTÉ DE DROIT de Provence éâtre du DÉC 2019 - AVR 2020 JOCT-DÉCeu de P 2020aume BRASSERIE LE PLUS BEAU, RESTAURANTS RUE DU THÉÂTRE FRANÇAIS ET RÉSIDENCE D’ARTISTES

FÉV - DÉC 2020 INAUGURATION PRÉVUE EN DÉCEMBRE 2020 éâtre du Grand éâtre Gymnase de Provence

PLUS D’INFOS SUR LESTHEATRES.NET éâtre des éâtre du Bernardines Gymnase

éâtre des OH LABernardines au programme spectacles Bouches-du-rhône vaucluse 61

L’État social... au défi de la mondialisation

Temps et hasard(s) L’Avare Mundi propose un temps fort en La Cie franco-catalane Tabola Rassa donne écho à l’exposition Par hasard, à voir à Mar- une tête de robinet au vieil Harpagon, et seille jusqu’au 23 février. La Friche Belle rafraîchit le grand classique de Molière. de Mai accueillera des ateliers philo pour Dans cette version de L’Avare, sa convoitise enfants et adolescents animés par Les Phi- ne se porte plus sur des pièces sonnantes losophes publics. Guillaume Lecointre, et trébuchantes mais vers une autre forme

zoologiste spécialiste de la classification des © X DR Bernard Tabuetau de liquide, l’eau, l’or bleu. Du théâtre d’ob- espèces, donnera une conférence tout pu- jets à son meilleur, futé, subtil, incisif. Sa- blic à partir de 7 ans, sur le thème Hasard L’économiste Bernard Tabuteau sera l’in- lutaire pour aborder l’un des plus grands et évolution. Nicolas Gauvrit, mathémati- vité de l’Université Populaire Marseille-Pro- enjeux environnementaux de notre siècle, cien et psychologue, pour un public ado- vence pour quatre conférences. L’occasion au cours duquel on risque d’avoir de plus lescent et adulte, sur Temps et hasard(s). d’un retour historique sur les grandes étapes en plus soif. Entrée libre, sur réservation. de l’État social. Il retracera l’émergence de cet ensemble de droits sociaux conquis à 11 février partir de la fin du XIXe siècle, ses évolu- Théâtre Fontblanche, Vitrolles tions entre les deux guerres mondiales, 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr la naissance de la Sécurité Sociale, et les remous de la mondialisation... pour finir par une réflexion très actuelle sur le ré- Précieux(ses) gime des retraites, l’assurance chômage On doit cette splendide version des Pré- et l’assurance maladie. cieuses ridicules à la Cie Pirenopolis. Les

Guillaume Lecointre © DR Aubagnais et Vauclusiens vont avoir le plaisir 10, 17 & 24 février, 2 mars 22 janvier de découvrir le potentiel hype de la pièce de Casa Consolat, Marseille Friche la Belle de Mai, Marseille Molière, avec baskets à paillettes, lunettes 06 52 78 67 85 upop.info 04 95 04 95 95 opera-mundi.org fuschia, selfies, et répliques cultes (« Non mais allo quoi ? » vs « Ah, mon père, ce que vous dites là est du dernier bourgeois ! »). Soirée Flamenco #2 Pour les adolescents à partir de 14 ans. Changement climatique et impacts Éric Guilyardi est océanographe, climato- logue, et membre du GIEC. Il donne ren- dez-vous aux marseillais le 5 février à la BMVR Alcazar, pour l’un des Grands for- mats organisés par Opera Mundi. Il y pro- noncera deux conférences, l’une « Abécédaire à l’attention des plus jeunes », la seconde tout public à partir de 15 ans. Elles seront suivies d’un Apéro Mundi, pour discuter plus librement du destin du vivant dans un Ivan Vargas © DR Ivan Vargas environnement bouleversé. Entrée libre, sur réservation. En partenariat avec La Mesón, le Théâtre de Fontblanche accueille à Vitrolles Iván Vargas, monstre sacré du flamenco. Cet

jeune artiste (né à Grenade en 1986) est © Denis Caviglia célébré dans le monde entier pour sa ges- 28 janvier tuelle inventive. Une « savia nueva » (nou- Le Comoedia, Aubagne velle fougue en espagnol, le titre de l’un 04 42 18 19 88 aubagne.fr de ses précédents spectacles), qui n’ou- blie pas pour autant les fondamentaux de 15 février la discipline. Salle des fêtes, Mollans-sur-Ouvèze 06 74 49 21 63 cddv-vaucluse.com Eric Guilyardi © DR 7 février 16 février 5 février Théâtre Fontblanche, Vitrolles Salle des fêtes, Valaurie BMVR Alcazar, Marseille 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr 06 74 49 21 63 cddv-vaucluse.com 04 91 55 90 00 opera-mundi.org 62 au programme spectacles bouches-du-rhône var

Toâ Titre définitif (titre provisoire) Anne Bourgeois met en scène cette pièce de Sacha Guitry, qui questionne à la fois son œuvre et sa propre vie. Un auteur à succès rompt avec sa compagne et décide de faire L’ombre de la baleine de leur histoire le thème de sa prochaine comédie... Mais cette dernière n’entend pas le laisser s’en tirer comme ça. Tous les in- grédients sont réunis pour que la cruauté l’emporte, à la grande joie des spectateurs. © Jean-Claude Chaudy

31 janvier Un spectacle de mentalisme, mais basé Le Comoedia, Aubagne sur la musique. C’est l’originalité de cette 04 42 18 19 88 aubagne.fr proposition de la Cie Raoul Lambert / © WilliamK Collectif La Bassecour : les airs joués en La baleine, mythique, c’est Moby Dick live y servent à la fois de prétexte, élément Luce bien sûr. L’œuvre gigantesque d’Herman dramaturgique et toile de fond. Les artistes Melville a inspiré Mikaël Chirinian, qui précisent qu'aucune étude n’a été faite sur y confronte sa propre histoire. L’animal, la dangerosité des chansons de variété. « Il pour lui comme pour le capitaine Achab, faudrait peut être penser à mettre des pho- incarne « Tout ce qui rend fou et qui tour- tos de femmes en dépression, d’hommes mente, tout ce qui remue le fond trouble des saouls de chagrin, de Freud et Jung dansant choses, toute vérité contenant une partie de un slow, avec la mention nuit gravement malice, tout ce qui ébranle les nerfs et em- à votre santé mentale en caractères gras. » brouille le cerveau ». Tout public à partir de 10 ans.

12 février 11 février Le Comoedia, Aubagne Espace de l’Huveaune, La Penne sur Huveaune 04 42 18 19 88 aubagne.fr 04 91 24 70 42 ville-lapennesurhuveaune.fr

La passion du verbe L’actrice Brigitte Fossey entend « contri- La beauté du geste buer à faire prendre conscience de l’impor-

© Cyrille Louge tance de la poésie au cœur de nos vies ». Cyrille Louge s’inspire librement du court Pour cela, elle invite son public à entrer roman de Jeanne Benameur Les demeurées. dans l'œuvre de grands auteurs. Parmi ses Une histoire sur la différence, aux héroïnes préférés : Victor Hugo, Arthur Rimbaud, incarnées par des marionnettes : Luce est Charles Péguy, Rainer Maria Rilke, ainsi l’enfant d’une « idiote », mal considérée que les deux Paul, Verlaine et Claudel... dans leur village. Quand arrive le premier Pour clore la soirée, elle fera monter sur jour d’école, la petite fille découvre un nou- scène les enfants du public. © Jean-Louis Fernandez veau monde, dont elle craint qu’il pour- rait l’éloigner de sa mère... Tout public à Nathalie Garraud (mise en scène) et Oli- partir de 7 ans. vier Saccomano (texte) ont travaillé main dans la main pour cette pièce sur le carac- 31 janvier tère subversif du théâtre. Une compagnie Le Comoedia, Aubagne s’attire les foudres de l’État en écrivant un 04 42 18 19 88 aubagne.fr spectacle sur des CRS. Découpée en trois 3 & 4 février parties, l’œuvre suit les artistes jusqu’à Le Carré, Sainte-Maxime leur procès, auquel le public est convié. 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com 23 & 24 janvier 7 février Bois de l’Aune, Aix-en-Provence Le Pôle, Le Revest-les-Eaux 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 04 94 98 12 10 le-pole.fr Brigitte Fossey © Charlotte Schousboe 12 février 24 janvier Théâtres en Dracénie, Draguignan Espace de l’Huveaune, La Penne sur Huveaune 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 04 91 24 70 42 ville-lapennesurhuveaune.fr 63

L’amour de Phèdre

De l’ombre aux étoiles Ulysse est mon nom Le nouveau spectacle de Jonathan Châ- Sortie de résidence du Collectif Dromolo, tel est une saga familiale, dont il a assuré sur ce dont il n’est jamais question : l’ennui l’écriture, la mise en scène, et la scénogra- du héros, de retour de son épopée. Le calme phie. Le jeune Alexandre, accompagné de est revenu dans la maisonnée d’Ulysse, son amie Milana, est attiré par la révolu- une fois les prétendants d’Hélène élimi- tion qui gronde dans la vallée. Andreï, son nés... mais un peu trop ! Télémaque tente père, préfère s’en laver les mains et vivre de secouer son père, sujet à la mélanco- au sommet de la montagne. Mais une nuit, lie : il prépare un banquet d’envergure, et Milana revient annoncer la disparition invite les protagonistes de l’Odyssée à se d’Alexandre et le confronte à son « crime Sara Kane © Marianne Thiele joindre aux habitants d’Ithaque... d’indifférence ». Qui a suscité l’amour de Phèdre ? Hippolyte, bien sûr. Pourquoi moi ? lui demande-t-il dans la pièce de Sarah Kane, adaptée par la Cie La Variante. Un spectacle déconseillé aux moins de 16 ans, dans la mesure où il déploie bien des aspects les plus crus de la tragédie humaine, du sexe sans amour aux affres de la jalousie virant à l’obses- © Amalia Cardoso sion, en passant par les pulsions infanti- 7 février cides. Quand le destin est cruel... 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

© Fr e d ric Chaubin copie 28 janvier 30 & 31 janvier Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr Les belles de nuit Il ne sera plus dit que les arts invisibi- lisent les femmes au delà de 50 ans. Ma- Soirée récits du réel rie Provence, metteure en scène accom- A Silver Factory pagnée par Les Théâtres, créera sa pièce La Silver Factory, l’usine d’argent d’Andy Les belles de nuit au Jeu de Paume le 22 Warhol, installée au mitan des années 1960 janvier. L’histoire en trois volets, signée au 5e étage de la 47e rue à New York... Clara Magali Mougel, d’une « plante vivace qui Le Picard évoque toute une époque créative s’offre une floraison au crépuscule » : Mi- et décadente, de 1964 à 1968, qui a changé chelle, aide-soignante spécialiste de coif- définitivement une certaine façon d’aborder fure, le jour de ses 55 ans, le jour de sa re- le monde et l’art. Elle met en scène deux traite et le jour de son entrée en Ehpad. musiciens-chanteurs-comédiens : Valen- © cie Passages tine Carette et Frank Williams, chargés d’évoquer cet épisode-phare de l’histoire Intervenante en milieu scolaire, Wilma de l’art contemporain. Levy prend la température de l’école de la République et cherche à élucider les maux qui la rongent. Ce projet fait suite à une rencontre avec des jeunes issus de lycées des quartiers nord et sud de Marseille, Marie Provence © Caroline Doutre autour de la question du territoire. « En 22 au 24 janvier s’appuyant sur les notions explorées dans Jeu de Paume, Aix-en-Provence le programme scolaire, émergent peu à peu 08 2013 2013 lestheatres.net des interrogations ainsi qu’un profond ma- 8 février laise social. » © P. Le Picard © P. Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 14 janvier 12 février Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 31 janvier au 2 février 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 64 au programme spectacles bouches-du-rhône var alpes

Le canard à l’orange Solitudes Duo

Casse-Noisette Le Yacobson Ballet a été fondé en 1969 : c’est la première compagnie de danse in- dépendante de Russie, non rattachée à un Opéra, avec à son répertoire les plus grands

© Jean-Claude Hermaize classiques, de Giselle au Lac des Cygnes. Ses De très bons comédiens (Nicolas Brian- danseurs interprètent là une œuvre parmi çon, Anne Charrier, Sophie Artur, Alice les plus représentées dans le monde de- Dufour, François Vincentelli) se donnent puis sa création à Saint-Pétersbourg par la réplique dans un classique du théâtre , il y a près de 130 ans. Ro- de boulevard. Une pièce de l’anglais Wil- mantique et enlevé !

liam Douglas Home, dont le héros règle © Denis Farley ses comptes avec sa femme, sur le point Il faut entendre Daniel Léveillé, avec son de quitter le domicile conjugal. Lui-même, magnifique accent québécois, évoquer l’éter- animateur vedette de télévision, la trompe nel mystère de la danse. Ses danseurs-ath- allègrement depuis des années... lètes donnent corps et sens à six duos mêlant les genres : l’attirance, le rejet, l’indiffé- 28 janvier au 1er février rence... toute une palette d’émotions hu- Jeu de Paume, Aix-en-Provence maines explorées par le chorégraphe. Soli- 08 2013 2013 lestheatres.net tudes Duo prolonge Solitudes Solo, précédent © Nikolai Krusser spectacle créé en 2012.

Blanche-Neige 14 au 16 février 5 & 6 février Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Pavillon Noir, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Hocus Pocus La magie s’empare du Pavillon Noir avec Les raisons d’espérer la Cie de Philippe Saire, venue de Lau- sanne. Deux danseurs évoluent dans l’at- mosphère onirique que déploie ce choré- graphe flirtant avec les arts visuels : au moyen de néons parallèles qui éblouissent les spectateurs, il crée un trou sombre dans lequel ils disparaissent, pour mieux réap- paraître un peu plus tard. Une pièce des- © Jean-Claude Carbonne © DR tinée au enfants de 7 à 11 ans. 10 ans après sa création, re-voici le plus Pièce pour 6 danseurs créée par Syhem grand succès d’Angelin Preljocaj, un « conte Belkhodja, en résidence au Pavillon Noir. adapté à notre époque » qui respecte l’his- Le volet final d’une trilogie sur la Tunisie toire originelle des frères Grimm. Les après le Printemps arabe. La chorégraphe 24 danseurs de son Ballet, costumés par s’intéresse aux jeunes Tunisiens étouf- Jean-Paul Gaultier, évoluent au rythme fant dans un pays demeuré fondamenta- des symphonies de Gustav Mahler. « Avec lement conservateur, et qui rêvent de tra- Blanche Neige, je me repose sur un argu- verser la Méditerranée. Elle leur lance un

ment que tout le monde connaît, ce qui me © Philippe Pache appel à trouver des raisons d’espérer, pour permet de me concentrer sur ce que disent 30 janvier au 1er février construire l’avenir de leur pays sur place. les corps, les énergies, l’espace et sur ce que Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org les personnages ressentent et éprouvent », 13 & 14 février nous expliquait l’artiste en 2008. Pavillon Noir, Aix-en-Provence 4 février 04 42 93 48 14 preljocaj.org Théâtre du Rocher, La Garde 25 au 28 janvier 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 14 février Forum Jacques Prévert, Carros 04 93 08 76 07 forumcarros.com 65

Angèle

Arturo Brachetti Traces Le grand maître italien de la métamor- « Que reste-t-il de la nature dans l’homme ? phose sera présent pour une date à Velaux. Que lui reste-t-il d’animal ? » Dans son Shrek, Hulk, Blanche-Neige, Wonder Wo- nouveau spectacle, le chorégraphe flamand man, le Petit chaperon rouge... sa capacité Wim Vandekeybus revient sur les Traces à incarner les multiples visages de la pop qui ont nourri son imagination, l’énergie © Cartoun Sardine culture a réjoui des générations de spec- créatrice de ses premières pièces. Accom- tateurs, un peu partout dans le monde. Telle une poupée russe, qui en dissimule pagnés de cinq musiciens, douze danseurs Ce grand show, lasers inclus, est complet, une autre, cette pièce transpose sur scène exploreront des traces de nature oubliée, mais rien n’empêche de s’inscrire sur liste une autre œuvre en construction : le film que seul le corps peut sublimer. d’attente en écrivant à sce.culture@mai- de Marcel Pagnol, Angèle, tourné en 1934. rie-de-velaux.fr. L’histoire d’une jeune femme qui quitte la ferme familiale pour suivre à Marseille un mauvais garçon, se retrouve sur le trottoir, et tombe enceinte à une époque où il ne fait pas bon être fille-mère. Après celui de Mur- nau, les Cartouns Sardines s’emparent de l’univers du réalisateur méridional. © Danny Willems 21 janvier 1er février Théâtre Les Salins, Martigues © DR Maison du Peuple, Gardanne 04 42 49 02 00 les-salins.net 21 janvier 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com 7 février Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com 7 d’un coup Catherine Marnas a adapté le Vaillant Les Chatouilles Petit Tailleur des frères Grimm, en fai- ou la danse de la colère Nicolas Tardy sant du petit garçon un souffre-douleur. La performance d’Andrea Bescond a raflé Celui qui, à l’école et partout, est victime tous les prix (dont le Molière du meilleur de ces harcèlements qui font aujourd’hui Seul en scène en 2016) et conquis le public de l’enfance un âge douloureux. Olivier, partout où elle est passée. Auteure, dan- incarné par Olivier Pauls, est maladroit, seuse, actrice, elle y raconte son enfance mal habillé, intello, rêveur. Il s’en sortira, marquée par les « chatouilles » d’un ami de parce qu’il réussira à tuer des mouches, la famille, l’impact qu’elles ont eu sur sa s’en faire un trophée et devenir vaillant. 7 vie, amplifié par l’absence de réaction pa- © Anne Loubet Nicolas Tardy d’un coup est un conte moderne qui joue rentale. Une danse de la colère qui lève le Les Nouvelles Hybrides proposent une son rôle, en donnant des armes aux vraies voile sur les conséquences de la pédophilie. rencontre avec le poète marseillais Nico- terreurs enfantines. las Tardy. Un entretien avec le public qui sera nourri de lectures d’extraits de ses œuvres par l’auteur de Gravitations autour d’un double soleil, Monde de seconde main ou Avant l’arrivée. Attention, horaire inha- bituel : rendez-vous est donné à 11 heures.

25 janvier Bibliothèque de La Tour d’Aigues 04 90 08 05 52 lesnouvelleshybrides.com © Daniel Roch © Frederic Desmesure 7 février 28 janvier Espace NoVa, Velaux Théâtre Les Salins, Martigues 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com 04 42 49 02 00 les-salins.net 66 au programme spectacles bouches-du-rhône

Elephant man IN 1 et 2 Avec un peu d’imagination on peut faire pousser beaucoup de choses n’importe où, et il y a même des choses qui poussent La vie devant soi malgré nous ! Associée au Sémaphore cette Ces deux-là se sont choisi et forment une fa- saison, la Cie marseillaise Skappa ! plante mille de cœur : Momo, petit Arabe débrouil- ses graines au plus près des enfants, dans lard vit dans la pension de madame Rosa, une école maternelle de Port-de-Bouc. Là, vieille femme juive, survivante d’Auschwitz deux jardiniers-poètes font naître et vivre et ancienne prostituée qui s’occupe là des un jardin extraordinaire, projetant sur les « gosses nés de travers ». L’adaptation théâ- murs, les meubles, les plafonds des plantes trale et musicale du roman d’Emil Ajar par et des arbres colorés. Simon Delattre (Rodéo Théâtre) recentre le récit autour de ce duo attachant, et les 15 février entoure de marionnettes à taille humaine, Ecole maternelle Victor Hugo, Port-de-Bouc © Jean-Baptiste Mondino étranges et poétiques. 04 42 06 39 39 theatre- semaphore-portdebouc.com David Bobée adapte et met en scène la pièce mythique de Bernard Pomerance, Elephant Man, l’histoire vraie de Joseph Merrick, atteint d’une maladie qui l’a mons- We are not going back trueusement déformé depuis l’enfance, ex- Chorégraphe et danseur syrien, Mithkal hibé dans les foires et sujet d’étude pour Alzghair continue à interroger la condition les médecins. JoeyStarr et Béatrice Dalle des migrants, aux prises avec la réalité po-

jouent les rôles principaux de ce drame © Matthieu Edet litique et sociale dans la société occidentale qui provoque une puissante réflexion sur contemporaine, en s’intéressant à l’impact la différence. de la liberté et celui de sa privation sur les 21 janvier corps. Cinq danseurs rendent visible la ré- 6 au 8 février Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc volte qui les anime face à l’empêchement, Théâtre Les Salins, Martigues 04 42 06 39 39 theatre- aux frontières hyper contrôlées. 04 42 49 02 00 les-salins.net semaphore-portdebouc.com

First trip Pourquoi ? Michaël Hirsch se questionne et interpelle à coups de Pourquoi ? aussi poétiques que philosophiques, et surtout drolatiques. Le jeune humoriste, qui ne cache pas son ad- miration pour Raymond Devos et Pierre Desproges, travaille et manipule les mots et la langue pour interroger le monde qui © C e cile Mella nous entoure. Des grandes thématiques 21 janvier - l’amour, le travail, la religion - aux pe- Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com © Pascale Cholette tites choses qui occupent le quotidien, tout Dans l’Amérique corsetée du milieu des fait jeu et sens ! années 70, les cinq sœurs Lisbon, adoles- centes, se donnent la mort. Vingt ans après, elles hantent toujours les esprits de leurs jeunes voisins d’alors, devenus pères de fa- mille. Fascinés par ces fantômes entêtants, ils vont rouvrir l’enquête, remontant le fil de ce drame, mêlant aux faits leurs fan- tasmes et leurs souvenirs. Dans une adap- tation et mise en scène de Katia Ferreira. © Ledroit-Perrin

14 février 31 janvier Théâtre Les Salins, Martigues Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 49 02 00 les-salins.net 04 42 06 39 39 theatre- semaphore-portdebouc.com 67

Revoir Lascaux

Les Analphabètes 1336 (Parole de Fralibs) Si le scenario de Scènes de la vie conju- + Vent du nord gale d’Ingmar Bergman, celui de la série 1336, comme autant de jours de luttes me- qui précéda le film, constitue la matière nés par les Fralibs de Gémenos contre le première de la pièce, Lionel Gonzalez et géant multinational Unilever qui avait dé- Gina Calinoiu s’en inspirent très libre- cidé de fermer leur usine pour la déloca- © Danielle Voirin ment, nourrissant leur écriture collective liser en Belgique et en Pologne en 2010. des mots du réalisateur mais aussi de « la La célèbre grotte fut découverte en 1940, Après avoir recueilli les mots des ouvriers richesse du caché » « qui nourrit l’acteur im- en Dordogne, par quatre adolescents. Loin après la fin du conflit, le comédien et dra- provisateur ». Accompagnés par le musi- de faire une reconstitution fidèle du lieu maturge Philippe Durand les porte à la cien jazz Thibault Perriard, ils jouent ce tel qu’on le connaît aujourd’hui, la choré- scène, rendant hommage et justice à ces drame ordinaire d’un couple qui s’aime graphe Gaëlle Bourges la figure par des ouvriers pugnaces et courageux. Le même et se déchire. panneaux faits de laine, de cartons empi- soir sera projeté le film Vent du nord de lés et d’animaux en plastique en ombres Walid Mattar, histoire d’une délocalisa- projetées. Sa voix off, savoureuse, com- tion d’usine entre le nord de la France et mente et guide les danseurs, munis de la Tunisie. téléphones portables, au cœur d’une nuit souterraine riche et propice à la création d’une préhistoire imaginaire qui ne de- mande qu’à se révéler.

7 février © Charlotte Corman Théâtre d’Arles 23 & 24 janvier 04 90 52 51 51 theatre-arles.com Théâtre d’Arles

04 90 52 51 51 theatre-arles.com 1336 paroles de fralibs © DR Le silence et la peur 30 janvier L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr Pièce d’actualité n°12 : Du Sale ! Réunies par la metteuse en scène Marion Siéfert, Laetitia Kerfa, de son nom de Rien à dire rappeuse Original Laeti, et la danseuse Confronté à un monde qui lui échappe spécialiste du popping et du lite feet Janice totalement, un drôle de petit bonhomme Bieleu expriment, chacune à leur manière, (Leandre Ribera) évolue dans une mai- leur vie en banlieue, leurs désirs, leurs son dont il franchit fréquemment la porte peurs, leurs espoirs… Un double portrait d’entrée qu’aucun mur n’encadre. Quelques qui prend corps entre la danse et la parole. meubles fatigués et dépareillés, un tapis disparate de chaussettes jaunes, une bouil- © Dorothea Lange loire, des tasses… dans son intérieur plein Comment « raconter » Nina Simone, re- de vides, il s’ennuie. Mais bien vite des présenter son œuvre foisonnante et sa visiteurs vont s’inviter, créant des ren- vie tragique et grandiose de femme noire contres sans paroles qui donnent lieu à des américaine dont les origines remontent à échanges de mimiques surréalistes, de re- « l’histoire des Africains-Américains vic- gards ironiques invitant au jeu, à la poésie. times de l’esclavage » ? En mêlant biogra- phies et documents historiques, David © Willy Vainqueur © Willy Geselson fait surgir cette voix unique, qui 28 & 29 janvier interroge aussi notre héritage occidental Théâtre d’Arles contemporain. 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

11 & 12 février Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com © Alejandro Ardilla 1er février L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr 68 au programme spectacles bouches-du-rhône alpes vaucluse

L’Amérique La convivialité

Ma langue maternelle va mourir… Yannick Jaulin lance un cri d’amour aux langues dites « minoritaires », aux patois éradiqués, aux parlés méprisés… qui conti-

© Christophe Raynaud de Lage nuent à faire face aux langues dominantes Jo est un électron libre qui profite de la vie qui symbolisent le pouvoir. Le conteur par- avec la gouaille et l’insouciance d’un ga- tage la scène avec Alain Larribet, musi- vroche, Babar est étudiant en médecine, cien, chanteur et compositeur pour une une voie qu’il n’a pas choisie, et a peur de « jouissance langagière ». e ronique Vercheval © V tout, bien qu’épris de révolte et d’idéal. Ces deux-là pourtant vont faire ensemble l’ap- Arnaud Hoedt et Jérôme Piron s’attaquent prentissage de la liberté, un voyage initia- à l’un des bastions les plus coriaces de la tique qui les mènera vers la fin de l’adoles- culture française : son orthographe ! Sans cence. Paul Pascot met en scène le texte démagogie aucune, ils abordent les excep- de Serge Kribus, avec Edward Decesari tions qui font la règle, leur histoire, leur et Maurin Ollès. absurdité parfois, et réconcilient les dé- fenseurs de l’accord du participe passé

21 janvier © Eddy Rivi e re et les rétifs de la sacralisation d’un usage La Garance, Cavaillon usagé. Une conférence-spectacle ludique 04 90 78 64 64 lagarance.com Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour et instructive. 5 février 4 février Salle des fêtes, L’Isle-sur-la-Sorgue 6 février Scène 55, Mougins Théâtre des Halles, Avignon 04 92 92 55 67 scene55.fr 6 février 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com La Boiserie, Mazan

7 février Lily Water Salle de l’Espacier, Noves L’épopée de Soundjata 8 février Salle des fêtes, Saignon

La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Vous n’aurez pas ma haine Personne n’ignore ce qui s’est passé le 13 © C. Boyer novembre 2015 à Paris. Antoine Leiris © Luc Jennepin Audrey Louwet et Bruno Deleu, Cie Azeïn, encore moins que quiconque. Sa femme, Jihad Darwiche au récit, Tom Diakité à transposent pour le cirque l’histoire de Hélène, a perdu la vie au , alors la kora, et c’est la fondation de l’empire Chloé et Colin, l’un des couples embléma- qu’il était resté chez eux avec leur fils âgé du Mali par le roi Soundjata Keïta (épo- tiques du roman de Boris Vian, L’Écume des de 17 mois. Benjamin Guillard a adapté pée transmise oralement depuis le XIIIe jours. Accompagné par deux musiciens de pour la scène la lettre qu’Antoine Leiris a s) qui prend vie ! Comparable aux Mille et jazz, un duo de voltige aérienne joue cette publié très vite sur les réseaux sociaux, un Une Nuits et à Gilgamesh, ce poème épique vertigineuse et tragique histoire d’amour, récit de reconstruction qui place l’amour mandingue reste une source primordiale jusqu’à l’issue fatale. Mais la chute, poé- au-dessus de tout autre sentiment, y com- pour les historiens et les artistes qui s’en tique, ne subira pas les lois de l’attraction, pris et surtout la haine. Raphaël Personnaz inspirent. et se terminera par un envol ! ne l’interprète pas, pas plus qu’il n’incarne l’auteur de ces mots ; il transmet, sans ra- 8 février 4 février jout de pathos, ni de surplus d’émotion. Théâtre des Carmes, Avignon La Garance, Cavaillon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com 04 90 78 64 64 lagarance.com 8 février Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr au programme spectacles vaucluse 69

It Dansa

Mère et fils Mes biens chères sœurs Ils ont longtemps été séparés, les voilà à La comédienne Elisa Monteil s’empare nouveau réunis. d’un montage de textes issus de l’ouvrage L’espace d’une nuit ils vont tenter de re- de Chloé Delaume, Mes bien chères sœurs nouer cette relation brisée, de formaliser ce (Seuil), court manifeste « qui prône la so- qui, entre eux, a créé une frontière infran- rorité comme outil de puissance virale […], © Franck Thibault chissable : un secret, une mort… La guerre aborde la question du renouvellement du entre eux se joue aussi en musique, piano et It Dansa est une jeune compagnie de danse féminisme, de l’extinction en cours du pa- accordéon participent de cet échange sous qui s’inscrit dans le cursus post universi- triarcat, de ce qu’il se passe, et peut se passer, haute tension. Ivan Romeuf met en scène taire de l’Institut del Teatre de Barcelone. depuis le mouvement #metoo », accompa- la comédie nocturne de Joël Jouanneau. Les 16 danseurs internationaux qui la com- gnée par la musicienne Sophie Couronne. posent travaillent avec de nombreux cho- régraphes renommés, dont ils reprennent les pièces. Au programme : Kaash d’Akram Khan, The Prom de Lorena Nogal, In Me- moriam de Sidi Larbi Cherkaoui, et Whim d’Alexander Ekman.

26 janvier Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr © Candice Nguyen

6 février Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org Le misanthrope Chlo e Delaume © DR 7 février Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr Utopia ou la quête d’un nouveau monde « Une alerte, un cri pour l’amour de notre planète ». C’est ainsi que la Compagnie des Même heure l’année prochaine Hirondelles présente cet Utopia qui, par le Mariés chacun de leur côté ils tombent biais de la danse, la musique et la voix, se amoureux et deviennent amants. Une pas- veut force de sensibilisation, d’émotions, sion qu’ils décident de vivre une fois par an voire de changements. Changer notre so- seulement, durant 24 heures, dans le mo- ciété en écoutant notre conscience et notre tel de leur première rencontre. Adaptée, et âme, un rêve ? L’aventure se tente, d’au- jouée, par Francis et Gersende Perrin, la tant que la représentation est donnée au © DR pièce du dramaturge américain Bernard profit de l’associationFoll’Avoine dont le Alceste rejette la société dans laquelle il Slade revisite le thème de l’adultère entre but est la défense et la protection de la bio- vit, les mensonges, compromissions et rires et émotions. diversité et des terres agricoles. faux-semblants, tout en étant éperdument épris de Célimène, jeune coquette et reine des salons, qui adore médire de ses sem- blables… Peter Stein met en scène la pièce de Molière, avec Lambert Wilson dans le rôle d’Alceste.

2 février Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr © Guillaume Samama © creationaffiche

14 février 25 janvier Théâtre du Balcon, Avignon Salle des fêtes, Mondragon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org 04 90 28 12 51 cddv-vaucluse.com 70 au programme spectacles vaucluse alpes bouches-du-rhône

Sous la lune Illusions perdues

The falling stardust Après un parcours de danseur hip hop, Amala Dianor est devenu interprète contemporain, mêlant dans ses chorégra- phies de subtils dialogues entre les diffé- rentes gestuelles et techniques. Dans sa © DR dernière création il intègre la danse clas- sique à ce métissage chorégraphique, pour Après avoir exploré l’univers d’Homère créer avec neuf interprètes virtuoses une (Iliade et Odyssée), et plus récemment celui danse nouvelle, ouverte et partagées. de Leïla Slimani (Chanson douce), Pauline © Cie du Pestacle Bayle s’attelle à une nouvelle adaptation, Le moment du coucher, pour les tout-petits, celle du « roman monstre » de Balzac, une est parfois synonyme d’angoisse, lorsque œuvre qui « nous tend le miroir de chacune l’obscurité envahit la chambre, mais aussi de nos existence, entre ambition et humilité, de frustrations quand on veut continuer à rêve de puissance et rappel cruel de la réa- jouer, et bien sûr d’apaisement et de confort. lité […] ». Six jeunes comédiens incarnent La Compagnie du Pestacle les invite à dé- la trentaine de personnage qui raconteront velopper leur imaginaire en jouant sur les l’ascension et la chute de Lucien, jeune lumières, les sons, les voix et toutes sortes poète à l’ambition démesurée. d’objets musicaux incroyables ! 23 & 24 janvier

4 & 5 février © Jef Rabillon Théâtre La Passerelle, Gap Salle des fêtes, Caseneuve 24 janvier 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu 04 90 04 85 25 velotheatre.com Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

31 janvier Théâtre des Salins, Martigues Les hauts plateaux Juste au corps - Salomé 04 42 49 02 00 les-salins.net

Quitter la terre L’humanité court à sa perte ? Ecoutez donc la solution, surréaliste et parfaitement dé- jantée, de Joël Maillard pour la sauver et prendre un nouveau départ ! Dans une conférence clownesque, qui a le mérite de © Christophe Raynaud de Lage © Pascal Bouclier faire rire, jaune, sur un sujet gravissime, il Dans un monde en suspension, le trampoli- Dans ce solo, la danseuse poète et perfor- détaille avec sa complice Joëlle Fontannaz niste, acrobate et metteur en scène Mathu- meuse Andrea Sitter s’inspire de trois le projet fou d’envoyer dans le cosmos des rin Bolze nous fait contempler les ruines femmes juives, fortes et libres, pour ra- terriens chargés de se reproduire, éduquer d’un univers en constante reconstruction, conter « une histoire personnelle, fiction- les enfants, et rédiger une Encyclopédie de en prise avec les guerres, les exodes clima- nelle, sincère, irrévérencieuse, tremblante souvenirs antérieurs… Jubilatoire ! tiques et politiques, violences passées et et joyeuse » : la cabarettiste et comédienne à venir. Aux côtés de ses six acrobates en allemande Valeska Gert, la philosophe Han- apesanteur, se jouant des lois de l’attrac- nah Arendt et la légendaire Salomé. Une tion, il évolue avec élégance sur des sols façon de célébrer les femmes, et la vie dans rebondissants, des plateaux volants et des ce qu’elle a de plus transgressif et heureux. agrès en lévitation, faisant naître de poé- tiques et acrobatiques envolées ouvertes 8 février sur de possibles reconstructions. Le Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 velotheatre.com 28 & 29 janvier © Alexandre Morel & Jeanne Quattropani Théâtre La Passerelle, Gap 14 février 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr au programme spectacles alpes var 71

Ravie

CloC Une cosmonaute est un souci Nouveau cirque, magie, prestidigitation Axelle, « avec 2L », a bien du mal a affirmer et création plastique… l’univers des deux sa volonté de devenir cosmonaute au sein du artistes Maxime Delforges et Jérôme club très masculin où elle apprend à fabri- Helfenstein fourmille d’inventivité ! En- quer une fusée… À 8 ans, ce qu’elle entend tourés d’objets du quotidien qu’ils font ap- le plus souvent c’est « retourne à ta place ! », paraître ou disparaître, ils plongent les celle de petite fille qui lui assignée donc. spectateurs dans leur monde absurde, ins- L’Embellie Cie convoque théâtre, human

table, où l’illusion est reine. Avec eux le © Marion Duquenne beat box, chansons et vidéo pour adresser chaos est esthétique, la folie et l’imagina- aux enfants un beau souffle de liberté ! tion poétiques ! Thomas Fourneau et Rachel Ceysson, Cie La Paloma, mettent en scène Ravie, une adaptation de La Chèvre de Monsieur Se- guin récrite par Sandrine Roche comme une ode à la liberté, avec trois comédiens qui jouent la chèvre, Seguin, et un chœur de six chèvres fantômes qui rend visite à Blanquette la nuit. Choisissant l’aven- ture, elle se risque dans la montagne, là où le loup… © L'Embellie Cie © Blandine Soulage 5 février Une cosmonaute est un souci dans notre galaxie Théâtre La Passerelle, Gap 4 février 14 février 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu Théâtre du Briançonnais Les Variétés, Veynes 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu 04 92 51 41 05 lepasdeloiseau.org

6 février Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban Des gestes blancs 04 92 64 27 34 theatredurance.fr Dans ce duo pour un adulte et un enfant, Féminines c’est avec son propre filsCharlie que danse Lancé comme une boutade par un jour- Sylvain Bouillet (Naïf Production). En- naliste de l’Union de Reims, organisateur semble ils explorent les relations père- d’une kermesse en 1968, un match de foot fils, les liens complexes et sensibles de la Jean-Pierre, Lui, Moi féminin va passer d’attraction locale à évé- filiation, jouant des déséquilibres évidents nement national. Car les joueuses recrutées entre poids et contrepoids, mais aussi de savent jouer, et décident de faire de cette la complicité tout aussi évidente qui les lie. blague l’aventure de leur vie. Pauline Bu- Un corps-à-corps qui se réinvente lors de reau met en scène cette aventure humaine chaque représentation. extraordinaire, sportive et émancipatrice. © Helene Dodet

Oscillant entre réalité et fiction, le comé- dien Thierry Combe rend hommage à son frère handicapé, Jean-Pierre, dans un récit où se mêlent quête intime et réflexions so- © Simon Gosselin ciétales sur la norme et le vivre-ensemble. © Mirabel White De l’annonce du handicap aux parents, aux 21 janvier 10 au 12 février amis et éducateurs en passant par une fête Théâtre de Fos Théâtre La Passerelle, Gap 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu d’anniversaire dans le foyer où vit son frère, il incarne tous les personnages avec hu- 24 janvier mour, pudeur et une grande justesse de ton. Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 6 au 8 février Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 t heatre-du-brianconnais.eu 72 au programme spectacles var

Fable pour un adieu Héritiers

Welcome Le paradis, c’est quoi ? Pour Patrice Thi- baud, c’est l’occasion de jouer avec les cli- chés et les fantasmes d’aujourd’hui : plage de sable fin, lieu de placement financier à l’abri du fisc, drogues puissantes sans Emma Dante © Carmine Maringola danger, hôtel de luxe... Avec ses complices e Eisenegger © Timoth À la veille de Noël, une petite fille seule et de toujours, Fran Espinosa à la chorégra- Faire face à l’héritage d’une grande de- grelottante brave le froid en s’imaginant phie et Philippe Leygnac à la musique, meure bourgeoise impossible à entretenir sirène. Partie à la nage à la recherche de le tableau promet d’être au-delà de tous n’est pas chose facile pour Julie, qui doit de ses parents, elle sauve un prince qui se nos « rêves ». surcroit faire face à la mort imminente de noyait. Tombée amoureuse, elle implore sa mère, accepter le détachement de son la sorcière des mers de lui donner deux frère incapable de prendre des décisions, jambes… Emma Dante s’inspire librement et le reste de sa famille pas très conciliante. du conte d’Andersen, La Petite sirène, fable Nasser Djemaï embarque tout ce petit tragique qu’elle adresse aux rêves de celles monde jusqu’au chaos final, inévitable. et ceux qui se sentent exclus de ce monde. 14 février 28 janvier Théâtre Liberté, Toulon Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Sandy Korzekwa La visite 7 & 8 février Théâtre Liberté, Toulon Black Belt 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

African Soul Power Rendez-vous dans le hall du Liberté pour une soirée qui le transformera en piste de danse géante ! Avec Kubilai Khan inves- tigations, Frank Micheletti, alias Dj Ya- guara, et le danseur Idio Chichava, tout © Laurent Thurin-Nal chez vous bougera aux sons de rythmes Solo créé sur mesure par Frank Miche- afro house irrésistibles. Et pour être cer- letti pour le danseur mozambicain Idio tains d’aligner les bons pas ce soir-là un Lolita Chammah © 984 productions Chichava, interprète phare de son col- atelier afro house est organisé le 5 février lectif Kubilai Khan investigations, Black de 19h à 22h. Et pourquoi ça serait toujours rose d’avoir Belt va à l’encontre des idées reçues sur un bébé ? Ça vous dit, vous, de changer les l’Afrique contemporaine, confrontée à des 7 février couches, et en plus, maintenant, de devoir stéréotypes occidentaux réducteurs. Celle Théâtre Liberté, Toulon les laver pour limiter le réchauffement de qui se construit là véhicule une ivresse li- 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr la planète en plus de développer son ins- bératrice, urbaine, mondialisée et foison- tinct maternel ? Anne Berest a écrit ce nante d’inventivité. texte pour Lolita Chammah, qui, dans un monologue hilarant, envoie bouler bien des 7 février poncifs. Rafraichissant ! Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 23 au 25 janvier Châteauvallon scène nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 73

Un homme qui fume c’est plus sain

Quintette Black boy Jann Gallois conçoit ses chorégraphies Basé sur un roman de Richard Wright, Black comme une recherche à la fois scienti- boy nous emmène au début du XXe siècle fique et artistique, avec le corps comme dans le sud ségrégationniste des États-Unis, instrument de prédilection. Quintette, c’est sur les pas d’un petit garçon qui s’affran- cinq danseurs qui bougent selon des codes chira du racisme et de l’asservissement, arithmétiques portés par des rythmes à la conquérant sa dignité et sa liberté par la © Nicolas Joubard Steve Reich, avec d’infimes décalages qui lecture puis l’écriture. Un spectacle adapté font tout le sel de la performance. Le tout Repas de famille. Retrouvailles pour un en- et joué par Jérôme Imard, accompagné par traversé par des élans de hip hop. terrement. Des frères et sœurs qui se sou- le musicien Olivier Gotti, et illustré en di- viennent d’une enfance bousculée, drôle, rect par le dessinateur Jules Stromboni. inquiétante. Ça rigole, ça s’empoigne. Tout est réuni, avec les comédiens explosifs du collectif Bajour, pour révéler des non-dits et rejouer le passé. C’est poignant, et Leslie Bernard en fait un moment de théâtre fu- rieusement énergique.

6 au 8 février © Laurent Philippe Châteauvallon scène nationale, Ollioules 24 & 25 janvier 04 94 22 02 02 chateauvallon.com Châteauvallon scène nationale, Ollioules © Julies Stromboni 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 22 janvier Théâtre du Rocher, La Garde Something is wrong 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

40° sous zéro Chez Copi, les sexes sont interchangeables depuis longtemps, et rien n’empêche, par Elle... émoi moins 40, de changer aussi de visage sur Un musicien d’orchestre remet soudaine- scène. Louis Arene invente une mise en ment en question sa relation avec « Elle »... scène en surchauffe, avec un décor en ca- sa trompette. L’instrument auquel il a dédié baret déglingué (qu’il a conçu), et des cos- sa vie. L’auteur de la pièce, Emmanuel Van tumes signés Christian Lacroix. On ou- Cappel, dresse un parallèle avec le désin- © Agn e s Mellon blie Descartes et son sens de la logique, on vestissement sans préavis qui peut frapper entre au pays où l’archaïsme le dispute au Quelque chose cloche, en anglais. Les dan- les amours humaines, afin de comprendre rire et à la catastrophe. seurs et musiciens de Kubilai Khan in- l’élément déclencheur et les conséquences vestigation sont plongés dans un désarroi qui en découlent. Nathalie Louyet, la met- profond face à la destruction du monde. À teure en scène, se demande quant à elle l’heure des réseaux sociaux et de la sur- quel est le rapport « juste » à l’autre, objet veillance généralisée, ils se demandent si animé ou non d’une âme. notre pensée est encore une source intime, libre et privée. « Est-ce que l’heure de la dé- forestation de la planète coïnciderait avec celle du déboisement des esprits ? » © Darek Szuster 31 janvier & 1er février 11 février Châteauvallon scène nationale, Ollioules Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 04 94 22 02 02 chateauvallon.com © Nicolas Simonin

28 janvier Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr 74 au programme spectacles var vaucluse hérault alpes

Ansima I Me Pas Une des dernières soirées de carnaval Costumes d’époque, musiques populaires de l’âge classique... l’ambiance d’un dîner Le sourire au pied de l’échelle entre amis à l’époque de Carlo Goldoni, L’une des plus jolies œuvres d’Henry Mil- dramaturge vénitien du XVIIIe siècle, est ler, mise en scène par Benedicte Necaille recréée par Clément Hervieu-Léger, socié- et jouée par Denis Lavant. L’histoire d’un taire de la Comédie-Française. Un groupe clown au bout du rouleau qui décide de de tisserands fête la fin du carnaval et le redémarrer à zéro : en réalisant qu’il vaut départ de l’un d’eux, qui doit quitter Venise mieux demeurer au bas de l’échelle que pour travailler à Moscou. La pièce traite s’élever à toute force, il parvient à dépas- d’exil, d’amour et de création. ser ses propres contradictions. Un conte philosophique empreint de l’imaginaire 4 février

© Cie La robe à l'envers du cirque. Théâtres en Dracénie, Draguignan La robe à l’envers, compagnie basée dans 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com le Var, a travaillé avec la troupe turinoise 7 & 8 février de Marco Gobetti pour créer cette pièce, Scène de Bayssan, Béziers écrite à partir d’interviews récoltées en 04 67 28 37 32 heraultculture.fr France et en Italie auprès de personnes qui ont migré ou dont les aïeuls ont migré du Piémont à la Provence. Un musicien fran- Pontet © Vincent çais tombe sur une boîte contenant les ar- 21 janvier L’herbe de l’oubli Théâtres en Dracénie, Draguignan chives de sa mère, et y puise l’histoire de 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com ses racines italiennes.

2 février Espace Comedia, Toulon À bien y réfléchir... 04 94 36 19 16 espacecomedia.com La grande scène du Théâtre de l’Esplanade accueille les 26 000 couverts, inénarrable compagnie de théâtre de rue qui entend Variations énigmatiques bien faire exploser les codes des spectacles donnés entre quatre murs. À commencer par le fameux quatrième (mur), celui qui sépare le public des artistes. Comme c’est leur usage, ils ont assuré une écriture col- e ronique Vercheval © V lective, sous la direction de Philippe Ni- colle, de cette histoire mise en abyme : une Le 26 avril 1986, l’accident de Tchernobyl pièce est en répétition, tout brinqueballe, émettait cent fois plus de radiations que les même le metteur en scène est absent... bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki en 1945. La Compagnie Point Zéro et Théâtre de Poche (Bruxelles) ont obtenu le Prix de la Presse, Meilleur spec- tacle 2018 pour leur spectacle « écrit entre fiction et radioactivité » qui conjugue, mê- lant acteurs et marionnettes (de Ségolène

© Cie Les affam e s Denis) à taille humaine, gravité et poésie.

Abel Znorko (Gilles Droulez), Prix No- © Christophe Raynaud de Lage Avec les vidéos documentaires de Yoann bel de littérature, vit en solitaire sur une À bien y réfléchir, et puisque vous soulevez Stehr et la musique de Pierre Jacqmin. île, hanté par le souvenir d’une femme. la question, il faudra quand même trouver Il reçoit la visite d’Erik Larsen (François un titre un peu plus percutant 24 janvier Tantot), vrai-faux journaliste, et entre les 11 février Le Pôle, Le Revest-les-Eaux deux hommes se noue une relation dé- Théâtres en Dracénie, Draguignan 08 00 083 224 le-pole.fr 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com tonante. Un thriller psychologique signé 28 janvier Éric-Emmanuel Schmitt, qui s’attaque 14 février Théâtre en Dracénie, Draguignan avec brio aux faux-semblants de l’amour. La Garance, Cavaillon 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 04 90 78 64 64 lagarance.com 11 février 31 janvier Espace Comedia, Toulon Forum Jacques Prévert, Carros 04 94 36 19 16 espacecomedia.com 04 93 08 76 07 forumcarros.com au programme spectacles var alpes-maritimes 75

Trois ballets

Passagers Press Le temps d’un voyage où les qualités cir- On ne sait s’il l’a demandé, mais le voilà cassiennes des 7 doigts défient la pesan- coincé dans une boîte. Pierre Rigal évolue teur et toutes les lois de la physique, nous alors dans cet espace contraint qui rape- voici subjugués par la poésie, l’humour, Amadeus & Cie © J-P.Cotte Wolfgang tisse au fur et à mesure, qui toujours bouge, la virtuosité démente de la troupe cana- Christine Colombani a créé la Cie Acontre- imprévisible, auquel le chorégraphe et in- dienne qui n’en finit pas de nous étonner, temps il y a presque 20 ans à Marseille, avec terprète se plie et se prête en livrant un nous émouvoir, nous captiver, spectacle la volonté de rendre la danse néoclassique combat qui raconte une histoire de corps. après spectacle. Contorsion, hula-hoop, accessible à des publics divers et non ini- Un combat virtuose, avec une tension toute funambulisme, cadre russe, tissu aérien, tiés. Le travail continue avec la présenta- cinématographique. cerceau, trapèze, jonglage, acrobatie, pour tion de trois ballets : Vibrato, petit poème nous dire l’humain et la vie. mélancolique, Carmina, sur le célèbre air de Carl Orff, etWolfgang Amadeus & Cie, qui découvre le chanteur sous le danseur, et vice-versa.

25 janvier La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 croiseedesarts.com © Alexandre Galliez Stoll © F. 7 & 8 février Le Carré, Sainte-Maxime Pour le meilleur et pour le pire 29 au 31 janvier 04 94 56 77 77 carre-sainte-maxime.fr Théâtre national de Nice 04 93 13 19 00 tnn.fr

La fresque Inspirée d’une légende chinoise, la pièce Candide d’Angelin Preljocaj nous emporte dans le Arnaud Meunier met en scène 8 comé- merveilleux des contes : un voyageur dé- diens et 2 musiciens pour incarner le Can- couvre au sein d’un monastère une fresque dide de Voltaire. De quoi se plonger dans le représentant des jeunes filles. Il tombe toujours revigorant raisonnement du phi- amoureux de l’une d’elles et entre dans losophe des Lumières, qu’il avait d’emblée le tableau pour la rejoindre. Illusion, féé- imaginé pour un lectorat/auditoire non ini- rie, fantastique nous plongent dans une tié. Dans un univers scénique inspiré des rêverie où les frontières entre le réel et la illustrations de Joann Sfar puisées dans sa fiction, les êtres et leur représentations Petite Bibliothèque philosophique, la langue s’estompent. De la magie pure. acide et brillante du grand penseur se dé- liera sur des sujets encore d’aujourd’hui : © Strates-Mario del Curto cynisme des puissants, religions, égoïsme. Victor Cathala et Kati Pikkarainen (cirque Sans bien-pensance. Aïtal) sont associés Pour le meilleur et pour le pire. Lui, grand costaud, elle, petit gaba- 5, 7 & 8 février rit, incarnent à eux seuls la magie du cirque Théâtre national de Nice 04 93 13 19 00 tnn.fr et du couple. Elle virevolte au-dessus de celui qui toujours la rattrape, elle le sou- tient aussi. Tout est traversé d’une énergie © Constance Guisset Studio folle, la mise en scène (Michel Cerda) est 14 février inventive et poétique. Un très grand mo- Le Carré, Sainte-Maxime ment d’humanité et de beauté virtuose. 04 94 56 77 77 carre-sainte-maxime.fr

23 au 25 janvier Théâtre national de Nice 04 93 13 19 00 tnn.fr 76 au programme spectacles alpes-maritimes

Romance Comparution immédiate 2

Danser Casa 15 ans qu’ils n’avaient pas chorégraphié ensemble ! Kader Attou et Mourad Me- rzouki se retrouvent pour une ode à l’ef- fervescence artistique de Casablanca. Après une audition monstre (186 danseurs avaient

répondu à l’appel) 8 interprètes, sélectionnés © Eric Didym pour leur maîtrise du popping, du locking, Dominique Simonnot, journaliste au Ca- du parkour, de la new style house, mais nard enchaîné, vient de publier la suite de aussi du cirque et de la danse contempo- son Justice et injustice en France. Chroni- raine, se racontent à travers les époques queuse judiciaire, elle observe depuis plus et les techniques de ces styles. Du hip-hop de 20 ans ces « chambre de la misère » que grand format ! sont les audiences de comparutions immé- diates, où en quelques minutes, des mois ou des années de prisons sont distribués à la volée, par manque de temps, de tout. © Marine Drouard Michel Didym met en scène ces récits Blexbolex est un magicien des images, des vrais et percutants, absurdes, drôles aussi. sens qui se répondent, des associations Bruno Ricci incarne toute la comédie hu- d’idées. Pour les petits de 3 ans, il crée des maine à la barre. Stupéfiant. albums magnifiques, à la fois simples et délicieusement complexes, dont Romance

© Michel Cavalca 4 & 5 février (2013, Albin Michel), que la SoupeCie adapte 18 & 19 janvier ECSVS, La Roquette-sur-Siagne pour la scène. Avec des découpages pro- Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com jetés et manipulés en direct, les marion- 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com nettistes invitent à un voyage immersif, au cœur d’une histoire rocambolesque. Les cercles de l’Enfer

12 & 15 février Strach Théâtre national de Nice Un concert lyrique au cirque. Ou un cirque 04 93 13 19 00 tnn.fr qui s’invite sur un air d’opéra. Les corps (sauvages, massifs, imprévisibles des trois acrobates) et la voix pure de Julie Calbete... Gravité Une partition qui allie les contraires, la sauvagerie et la maitrise, le charnel et le spirituel, que Patrick Masset (Théâtre d’Un Jour) orchestre dans un désir de re- Massarotto © Yves tour aux origines. Denis Lavant incarnant le verbe de Dante... Les musiciens de La Camera delle La- crime associent leurs instruments de mu- sique ancienne à son jeu pour s’emparer, en musique et en mots, de la Divine Comédie. © JC. Carbonne C’est une version totalement inédite qu’ils Sur la crête, entre danse classique et contem- proposent, rejoints sur scène par une cho- poraine, les pièces d’Angelin Preljocaj rale de chanteurs amateurs grassois. Une dessinent un chemin singulier. Gravité occasion unique de découvrir la langue et aborde, en toute légèreté, la notion de gra- l’univers de ce poète d’il y a 700 ans : un © Laure Villain vité, celle qui nous arrime au sol de notre troubadour accessible et populaire. bonne vieille Terre. 13 danseurs prouvent Strach, a fear song 25 janvier que le corps peut parfois s’en affranchir, sur 8 février ECSVS, La Roquette-sur-Siagne une partition qui relie Bach a Daft Punk, Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com Chostakovitch et le de Ravel. 26 janvier Théâtre de Grasse 13 & 14 février 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com Théâtre national de Nice 04 93 13 19 00 tnn.fr 77

Anthologie du cauchemar...

Pur présent À bien y réfléchir, et puisque... Avec trois comédiens, (Dali Benssalah, Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas parce Nâzim Boudjenah et Joseph Fourez), Oli- qu’ils se rangent qu’ils ont choisi de pré- vier Py convie sur scène « des tragédies de senter leur nouveau spectacle en salle, et notre pur présent ». On y croise, avec une non dans la rue : c’est pour mieux explo- acuité saisissante, la misère des prisons, ser les codes du théâtre que les 26000 cou- © Karl Bicuit la dérive financière de la mondialisation, verts s’installent à l’intérieur ! Sortie de le politique qui se délite. Avec toujours la La chorégraphe Marcia Barcellos et le résidence à la Scène 55, rien n’est prêt, et volonté de préserver une certaine dignité. compositeur Karl Biscuit sont des fami- ça va déménager sur le plateau ! liers des univers insolites. Anthologie du cauchemar ne déroge pas à la règle, navi- gant au pays des songes les plus noirs et délirants. Entre techniques cinématogra- phiques et théâtrales, danse et composi- tions visuelles, la Cie Système Castafiore rend les pires rêves souhaitables tellement ils sont loufoques. © Christophe Raynaud de Lage © Christophe Raynaud de Lage 13 & 14 février Anthologie du cauchemar, ballet épouvantable 12 février Théâtre de Grasse 28 janvier Scène 55, Mougins 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr 04 92 92 55 67 scene55.fr

La révérence... Deixe Me Philippe Chuyen se replonge (à l’écriture Adieu Monsieur Haffmann La Subliminati Corporation offre un avec José Lenzini, à la mise en scène et spectacle de cirque en forme de farce, au jeu) dans le bouleversement de Mai 68. « aussi légère que la dernière cigarette Cette journée du 29 mai, nous la (re)vivrons d’un condamné à mort ». Ils sont quatre aux côtés du Général de Gaulle, désabusé, étranges personnage, un peu à côté, (de harassé par la crise, désemparé dans un l’ère numérique), carrément dedans (la monde qu’il ne maitrise plus. L’histoire de réalité, bouffonne et tragique). Deixe Me : la dernière convulsion révolutionnaire du Laisse-moi ! (en brésilien), crient-ils en XXe siècle. Avec la participation de l’Amiral silence. Atelier de jonglage ouvert à tous François Flohic, aide de camp du général. le 1er février. © Evelyne Desaux-Dumond

En 1942, le port de l’étoile jaune pour les juifs est décrété. Joseph Haffmann, bijou- tier juif au bord de la faillite, propose à son employé Pierre Vigneau de prendre la di- rection de la boutique, lequel, en échange, l’hébergera clandestinement dans la cave. Marché conclu, à une condition… Jean-Phi- lippe Daguerre met en scène son propre © J e rôme Quadri texte (édition Les Cygnes), qui fait la part La Révérence - Mai 68, de Gaulle et moi... belle à l’humanité des personnages. 21 janvier © S e bastien Armengol Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr 31 janvier 31 janvier Scène 55, Mougins Théâtre de la licorne, Cannes 04 92 92 55 67 scene55.fr 04 97 06 44 90 cannes.com 78 au programme spectacles alpes-matitimes gard bouches-du-rhône

L’Enfance à l’œuvre Ombre, le voyage de Dante

Vents contraires Pour cette création 2019, Jean-René Le- moine écrit un vaudeville contemporain. Vaudeville, parce qu’il y est question d’amour virevoltant, de quiproquos ; contempo- rain, car tout cela flirte avec une critique © Bastien Marchal © Eric Massua finaude de notre société d’aujourd’hui, celle C’est le théâtre que Robin Renucci donne du pouvoir et de l’argent. Cinq femmes L’aventure commence au pied du lit. Le en partage dans ce montage de textes autour (dont Anne Alvaro et Nathalie Richard), soir, quand les ombres surgissent dans la de l’enfance, qui passent de Paul Valéry à un homme, se séduisent dans une atmos- chambre du petit Dante, bien décidé ce soir Romain Gary, d’Arthur Rimbaud à Marcel phère à la David Lynch. à affronter ses peurs en ne fermant pas l’œil Proust, accompagnés du piano romantique de la nuit. Comme dans l’iconique Divine de Nicolas Stavy. Avec douceur et émotion Comédie, pendant trois nuits, il partira à il les nuance et donne corps aux rêveries et la découverte de ses démons, et appren- divagations de petits garçons avant qu’ils dra à les apprivoiser. Grâce à une couette ne deviennent écrivains, poètes. complice et un ami imaginaire indéfec- tible. Alors l’imaginaire devient finalement 7 février plus rassurant que le familier... Par la Cie Théâtre de la licorne, Cannes de L’Enelle. 04 97 06 44 90 cannes.com 5 février Théâtre Odéon, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com Plume © Jean-Louis Fernandez 29 janvier Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com Derniers remords avant l’oubli

6 au 8 février Théâtre du Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Le Misanthrope Rodolphe Dana (Collectif artistique du Théâtre de Lorient), qui nous avait en- chanté avec son Price, revient à Nîmes avec © Ernest Mandap un Misanthrope qui explore avec jubilation Pour les petits à partir de 2 ans, la Cie le potentiel dramatique de l’écriture de Kokeshi invite à explorer le monde doux Molière. La sincérité peut parfois s’avé- Schmitz © Vincent - et parfois piquant, attention ! - des plumes. rer très dangereuse, dans une société où Guillaume Séverac-Schmitz, artiste as- Une création chorégraphique aussi légère tout n’est que faux-semblants ; le tout avec socié au Cratère, s’empare de l’une des qu’un duvet, poésie visuelle dans une am- un jeu charnel et des costumes loufoques. plus célèbres pièces de l’auteur le plus joué biance musicale hypnotique et féérique. en France après Molière et Shakespeare, Un spectacle doudou. Jean-Luc Lagarce. Observateur hors pair des rapports familiaux, amicaux, des pe- 15 février tites choses qui font que la vie est chargée Théâtre de la licorne, Cannes d’insondables affects, l’auteur décrit ici les 04 97 06 44 90 cannes.com retrouvailles entre d’anciens amis, sur fond de vente immobilière. Le temps a passé ; les enjeux refont surface... © JeanLouisFernandez 21 au 25 janvier 4 au 7 février Le Cratère, Alès Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 52 52 64 lecratere.fr 04 66 36 65 10 theatredenimes.com au programme spectacles gard hérault 79

La sonate à Kreutzer

Petit détail Le roi Lear Avec des marionnettes, la Cie Rouges les La compagnie Provisoire propose un dis- anges parvient à recréer la magie de l’al- positif original et unique, avec l’élaboration bum d’Albertine et Germano Zullo, Les du dispositif Un jour un théâtre : la mise oiseaux. Joyau de poésie et de beauté gra- en scène de Julien Gill (dont nous avions phique, il raconte l’aventure de ce petit oi- adoré son Amphitryon en Création parta- © Ludo Leleu seau noir qui n’a pas suivi ses semblables. gée au Théâtre Jean Vilar) tournera dans 6 Une histoire simple et belle, porteuse d’un En 1887, Tolstoï est totalement bouleversé théâtres de la métropole. Le Roi Lear [chro- message philosophique que les petits dès en découvrant La sonate à Kreutzer de Bee- nique] part ainsi à la rencontre des publics, 3 ans aimeront à s’approprier. thoven, qui lui inspire une nouvelle épo- au plus près de l’expérience du jeu, pour nyme publiée trois ans plus tard. Abordant cette pièce endossée par 5 comédiens, et les questions du mariage, de la sexualité et dont les spectateurs seront aussi les enfants de la position des femmes, elle déclenche de ce roi déchu inventé par Shakespeare. un débat explosif. Jean-Marc Barr inter- prète cette adaptation élaborée par Irina 28 janvier, Kiasma, Castelnau-le-Lez 04 67 14 19 06 kiasma-agora.com

© Albertine Dečermić, sur scène au piano, avec Tijana Milošević au violon. 28 & 29 janvier 29 janvier, Chai du Terral, Saint-Jean-de-Védas 04 67 82 02 34 chaiduterral.com Le Cratère, Alès er 04 66 52 52 64 lecratere.fr 1 février Le Cratère, Alès 30 janvier, Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 66 52 52 64 lecratere.fr 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr

31 janvier, Théâtre Jean-Claude Carrière, Domaine d’O, Montpellier Yooo !!! Les gravats 0 800 200 165 domainedo.fr Emanuel Gat a signé les chorégraphies de er nombre des plus grands ballets actuels : 1 février, La Bulle bleue, Montpellier 04 67 42 18 61 labullebleue.fr Paris, Marseille, Lyon, Suède, Los Ange- les... Et il décide aujourd’hui de s’adresser 2 février, Théâtre Jacques Cœur, Lattes directement aux jeunes spectateurs, avec 04 99 52 95 00 ville-lattes.fr cinq danseurs hip hop qui se classent cha- cun parmi les meilleurs dans leur disci- pline respective : popping, waving, house Une maison de poupée dance, freestyle et équilibrisme. Un festival Parce qu’elle quitte le foyer à la fin, et sur- d’énergies, à dévorer à tout âge. tout parce qu’elle abandonne ses enfants, le © Didier Goudal destin de Nora fait de la pièce d’Ibsen, créée Ils sont vieux, mais ils pètent le feu. Qui a en 1879, un symbole des luttes féministes dit que parce qu’on avait enchainé les dé- balbutiantes de l’époque. Lorraine de Sa- cennies, on n’avait plus qu’à se reposer et gazan (Cie La Brèche) ancre le texte dans attendre que tout s’arrête ? Pas les trois le XXIe siècle en inversant les rôles entre auteurs et comédiens Jean-Pierre Bodin, Nora et Torvald ! C’est le père qui s’occupe Alexandrine Brisson, Clotilde Mollet (avec des enfants, c’est la mère qui subvient aux Jean-Louis Hourdin pour le texte) en tous besoins de la famille... Cela explose, et pas cas ! Au diable les douleurs, le personnel forcément pour ce que l’on croit. © Julia Gat des maisons de retraite, les familles trop 28 & 29 janvier pressées de les enterrer : ceux-là veulent Le Cratère, Alès exister haut et fort, et c’est une sacrée le- 04 66 52 52 64 lecratere.fr çon de vie.

4 au 6 février Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr © Vincent Arbelet © Vincent 6 & 7 février Théâtre Jean-Claude Carrière, Domaine d’O, Montpellier 0 800 200 165 domainedo.fr 80 au programme spectacles hérault

Imago-Go Multiple-s

Congo C’est la rencontre entre un auteur, Éric Vuillard, dont le cœur du travail est d’ex- plorer l’Histoire pour faire littérature, et un chorégraphe, Faustin Linyekula, qui fouille les fondements de son pays pour faire mouvement. Le texte de l’écrivain De beaucoup de vous © Laurent Philippe © Nicolas Cadet interroge les plaies survenues lors de la Salia Sanou présente ses trois derniers Deuxième volet d’un diptyque sur l’ob- naissance forcée de cette nation, le dan- duos (créés entre mai 2018 et juin 2019, jet archaïque et rudimentaire qu’est tout seur, avec Daddy Moanda Kamono et programmé au Festival d’Avignon en 2019), simplement le bâton, Imago-Go est aussi Pasco Losanganya incarne cette pensée rencontres du danseur-chorégraphe avec le premier d’un triptyque sur les commu- sur le plateau. l’écrivaine Nancy Huston (De vous à moi), nautés féminines marginales. Qui relie les Germaine Acogny, figure de la danse en deux propos ? La figure de la majorette, Afrique (De beaucoup de vous) et le mu- tout autant « femme sexy, femme militaire, sicien Babx (Et vous serez là), qui signe femme poupée », explique la chorégraphe la musique de l’ensemble. Trois face-à- Marta Izquierdo Muñoz. « ...Et toujours ce face pour exprimer la complémentarité bâton qui virevolte ». Spectacle co-accueilli et l’altérité. avec Montpellier danse. 30 & 31 janvier

6 février © Agathe Poupeney Le Kiasma, Castelnau-le-Lez Théâtre Jean Vilar, Montpellier 5 & 6 février 0 800 600 740 montpellierdanse.com 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr Théâtre de la Vignette, Université Paul-Valéry, Montpellier 04 67 14 55 98 theatrelavignette.fr Allegria Summerless

Carmen(s) Tout est dans le S du titre. Carmen, dé- clinée sous toutes ses facettes, celles de la féminité. La danse, multipliée et mélan- gée, convoquant flamenco bien sûr, mais aussi classique, hip hop, avec un détour par les chorégraphies traditionnelles co- réennes. Musique de Bizet, modèle de mé- © Amir Hossein Shojaei tissage, réinterprétée en jazz manouche. © Mirabel White À l’heure où, une fois de plus, l’Histoire Neuf femmes et sept hommes se lancent Le célèbre héraut de la danse hip hop « à se déchaine en Iran, il sera d’autant plus dans l’aventure, où José Montalvo donne la française » Kader Attou (Cie Accrorap) intéressant de découvrir le troisième volet le beau rôle aux premières ! fait appel à notre part d’enfance. Allegria de la trilogie Time trilogy. Avec Summerless, emprunte des chemins poétiques et hu- Amir Reza Koohestani n’aborde pas de moristiques pour danser le monde. Les front le politique, mais emprunte un détour 8 interprètes subliment la réalité et en- par la fable. Les murs d’une école doivent chantent les gestes quotidiens dans une être repeints. Disparaissent alors les traces chorégraphie à l’image du travail mené d’un passé qui n’est pas encore réglé, et qui depuis presque 30 ans par une des com- ressurgit toujours. Les réminiscences font pagnies les plus renommées du monde de surface dans la cour des enfants. la break dance.

22 au 24 janvier 12 & 13 février Théâtre de la Vignette, Université © Patrick Berger Le Corum, Montpellier Paul-Valéry, Montpellier 22 & 23 janvier 0 800 600 740 montpellierdanse.com 04 67 14 55 98 theatrelavignette.fr Le Corum, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com au programme spectacles hérault vaucluse alpes 81

Une maison

Sisyphe heureux Bérénice Sisyphe, qui a su déjouer Thanatos et échap- Titus aime Bérénice qui aime Titus. Mais per à la mort, doit depuis faire rouler une c’est Antiochus, meilleur ami de Titus, qu’elle pierre jusqu’en haut d’une montagne, pour épousera, ce dernier devant renoncer à la voir chaque soir rouler à nouveau en l’amour pour accéder au pouvoir. La nou- bas, et recommencer le lendemain. Le cho- velle création des Tréteaux de France, dans régraphe François Veyrunes (Cie 47.49) une mise en scène de Robin Renucci, place décide de prendre à contrepied le mythe, © Marc Domage le public dans un espace quadri-frontal, au et présente cet éternel recommencement Christian Rizzo raconte une histoire sans plus près de l’action, du verbe de Racine, comme source de bonheur de l’interprète. parole et pleine de pistes. Il est question, et du jeu des acteurs. En danse, la répétition est perfectionne- dans une maison, de transmission, de pas- ment, variation, joie. CQFD dans cette pièce sage, d’immémoriel, de souvenirs, de mort, lumineuse. de cosmos. Quel bonheur de retrouver, mul- tipliée, croisée par 14 interprètes, la choré- graphie précise et inventive du directeur du centre chorégraphique de Montpellier. Le groupe fait corps, tribu, tribuns, vivants parmi les morts, éternellement présents. © Olivier Pasquiers 4 février Théâtre Molière, Sète 24 janvier 04 67 74 02 02 tmsete.com Scène de Bayssan, Béziers © Guy Delahaye 04 67 28 37 32 heraultculture.fr 21 janvier Théâtre Molière, Sète 04 67 74 02 02 tmsete.com Ruy Blas 30 janvier La Garance, Cavaillon Le cas Lucia J. 04 90 78 64 64 lagarance.com Le père est écrivain, et confond son hé- roïne, Lucia J., avec sa propre fille. Quand 7 février le personnage sera rejeté de l’assistant du Scène 55, Mougins père, elle est internée. Mais l’écrivain se 04 92 92 55 67 scene55.fr persuade que tout se dénouera à l’achève- ment de la rédaction de son roman. Eu- 14 février gène Durif (qui joue le père) signe un texte Théâtre du Briançonnais puissant, Éric Lacascade le met en scène 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu © Guy Delahaye avec la performeuse Karelle Prugnaud. Un classique pas si classique que ça. Dans une cour d’Espagne du XVIIe fantasmée par Victor Hugo, Yves Beaunesne convie Bout à bout François Deblock à incarner ce Ruy Blas Un spectacle fait avec trois bout de ficelles... révolté contre la noblesse corrompue, si Loin d’être péjorative, cette indication est pur que la reine s’en éprendra, mais Don tout simplement la transcription de la pure Salluste, déchu et cruel, fourbit son piège... vérité, puisque les trois marionnettistes du Costumes flamboyants, déflagrations mu- © Tarik Noui © Tarik Clan des songes proposent aux tout-petits sicales (Camille Rocailleux) : un spectacle (dès 3 ans) cette merveille visuelle, où les grand format. 28 & 29 janvier personnages sont en effet trois morceaux Scène de Bayssan, Béziers 04 67 28 37 32 heraultculture.fr de cordes, qui s’apprivoisent, se mêlent, 7 & 8 février se nouent... aussi vivants que les formes Théâtre Molière, Sète qu’ils explorent. 04 67 74 02 02 tmsete.com

22 janvier MJC La Passerelle, Sète 04 67 74 02 02 tmsete.com 82 au programme musiques bouches-du-rhône

Hommage à Pierre Barbizet Eugène Onéguine

Concert Orchestre Philharmonique Lawrence Foster, qui dirige le bel Orchestre Philharmonique de Marseille, a invité la talentueuse pianiste Mari Kodama, qui nous fera goûter aux élans de l’Europe de © Jeff Rabillon l’Est avec le Concerto pour piano n°2 de Béla Bartók, tandis que l’Orchestre interprétera Jeune dandy pétersbourgeois, Eugène Oné- des œuvres de Dvořák, de Rimski-Korsa- guine (Régis Mengus), oisif et blasé, cultive kov, d’Enesco et de Tchaïkovski. le spleen désabusé des enfants trop gâtés. Il refuse l’amour de Tatiana (Marie-Ade- line Henry) qui lui aurait apporté le bon- heur, tue en duel son ami, Lenski (Tho- Marina Chiche © Gregory Chris mas Bettinger) sur un prétexte futile, et Trois grandes pièces du répertoire seront se rend compte trop tard de la vanité de dédiées à cet hommage, la Sonate pour vio- ses choix. Restent les regrets… L’opéra de lon et piano en mi mineur de Mozart, la So- Tchaïkovski inspiré du roman de Pouch- nate pour violon et piano de Franck, et la kine bouleverse toujours, sous la houlette

Sonate à Kreutzer (ou Sonate pour piano et © VDM de Robert Tuohy. violon n°9 en la majeur) de Beethoven. Le 26 janvier légendaire duo Pierre Barbizet (piano), Opéra, Marseille 11 au 18 février 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Christian Ferras (violon), les interpréta Opéra, Marseille avec génie. La violoniste Marina Chiche 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr et le pianiste Abdel Rahman El Bacha ap- portent leur virtuosité et leur finesse à ce concert d’exception. Duo pour deux violons Bernard Shaw le détestait (« du Mozart al- Marseille Fortissimo 28 janvier longé d’eau »), mais nous ne pouvons être Théâtre La Criée, Marseille que sensibles à la richesse mélodique et au 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com brillant des compositions de Louis Spohr, dont les violonistes Da-Min Kim et Dali Feng extrairont un Duo pour deux violons Le Voyageur en ré majeur op. 67, avant la délicate Sonate pour deux violons seuls, op. posthume, du violoniste et compositeur Eugène Ysaÿe, petit bijou à savourer au foyer de l’Opéra.

25 janvier Foyer de l’Opéra, Marseille © iStockphoto 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Cédant aux attraits du 14 février, l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille, dirigés

Stanislas Roquette © DR pour l’occasion par Emmanuel Trenque, Le Monde d’hier, souvenirs d’un Européen offriront un spectacle « Sans Valentin, mais de Stefan Zweig donne le prétexte à un avec Jacques ! » au cours duquel seront in- délicieux concert-lecture où la plume sub- terprétés ouvertures, airs, duos de Jacques tile de l’auteur se mêle à celles de Goethe, Offenbach (à l’occasion des 140 ans de sa Rilke, Romain Rolland et s’entrelace aux disparition) et des extraits de La Belle Hélène, mélodies de Schubert et Weill. Le récitant avec les solistes Laurence Janot, Charlotte Stanislas Roquette offrira ces textes en- Bonnet, Juan Carlos Echeverry Bernal veloppés de l’écrin musical du piano de et Olivier Grand. Pépites à savourer… Et Florence Chalamet et l’Ensemble Vocal les jeunes spectateurs de moins de 28 ans d’Olivier Plaisant. seront à l’honneur !

1er & 2 février 14 février Petit Théâtre La Criée, Marseille Opéra, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr 83

Khenkhenou

Mam’zelle Nitouche Tammorra Comédie-vaudeville, Mam’zelle Nitouche Départ pour la Sicile avec le groupe Tam- nous entraîne à la suite de Célestin (Jean- morra, fondé en 1992 à Palerme. Dialecte Claude Calon), professeur de musique au sicilien, traditions et croyances ancestrales, couvent des Hirondelles, qui devient tous récits de vengeance, de révolte et d’amour les soirs Floridor, compositeur à succès se retrouvent condensés au cœur des créa- de musique légère. L’une de ses élèves, Zad Moultaka © CatherinePeillon tions originales de cet ensemble atypique la charmante Denise de Flavigny (Julie Créé en 2018 à l’abbaye de Silvacane lors dont les musiciens viennent d’horizons Morgane) y prend le nom de Mam’zelle d’une somptueuse expérience participa- musicaux variés. Leur rencontre suscite la Nitouche et séduit incognito son fiancé, tive, Sortir au jour (Khenkhenou) de Zad fusion des genres, entre sonorités « clas- lieutenant des dragons… Sous la direction Moultaka connaît une nouvelle reprise siques » de l’Italie du Sud, polyphonies vo- endiablée de Bruno Conti dans une mise grâce à l’ensemble Musicatreize avec seize cales, instruments traditionnels et contem- en scène de Carole Clin. voix solistes et électronique sous la hou- porains. Instants solaires… lette de Roland Hayrabédian. Cette œuvre initiatique est inspirée du récit mytholo- gique égyptien et du Livre pour sortir au jour, en une « fresque musicale à multiples visages ». En lever de rideau, on entendra les jeunes interprètes de l’IESM accompa- gnés au piano par Nour Lakis.

25 janvier © iStockphoto Salle Musicatreize, Marseille 25 & 26 janvier 04 91 00 91 31 musicatreize.org © DR Odéon, Marseille 9 février 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr PIC, L’Estaque 04 91 43 10 46 ensemble-telemaque.com Duo N. Jacquot / J. Versavaud

Ripailles et pinard ! Foin de la morosité ! Jacques Duparc écrit Les voix solidaires et met en scène une fantaisie musicale dé- Le CALMS avait vécu son acte fondateur jantée autour d’un repas festif et costumé au Toursky l’an dernier lors d’un spectacle dont les participants (Caroline Mutel, Ca- mémorable en faveur des sinistrés de la rue therine Dune, Jeanne-Marie Lévy, Agnès d’Aubagne. C’est un acte II qui le ramène Pat, Jacques Lemaire, Francis Dudziak, en ces lieux au profit deParole d’enfant, Florian Laconi, Jacques Duparc) font as- association qui lutte contre les violences et Nicolas Jaquot © Mathieu Mangaretto saut de bons mots et d’airs célébrant bom- les maltraitances faites aux enfants dans bances et agapes impromptues. Offenbach, Nicolas Jacquot et Joël Versavaud pour- les Bouches-du-Rhône, action soutenue Messager, Strauss (Johann), seront convo- suivent leur collaboration au PIC. Après par la Croix-Rouge française. Artistes ly- qués grâce à la magie du piano d’Hélène le succès de la pièce pour saxophone alto riques et musiciens de la région offrent Blanc. et électronique Une Autre Nuit, les voici encore une fois une soirée de prestige de en un récital polygraphique qui convoque haute volée dans un esprit de solidarité et quatre compositeurs qui se plaisent à la de fraternité. rencontre et l’alliage du timbre et de sa mise en espace. La musique prend alors 19 janvier une dimension plastique et théâtrale dans Théâtre Toursky, Marseille A Date With Wind. 04 91 02 54 54 toursky.fr / calms-france.fr

26 janvier PIC, L’Estaque © Christian Dresse 04 91 43 10 46 ensemble-telemaque.com 8 & 9 février Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr 84 au programme musiques bouches-du-rhône

Le choc des trois ténors Mischa Maisky & Martha Argerich

David Fray Soirée d’exception au GTP avec la venue du pianiste David Fray. Son jeu lumineux se glissera dans le Concerto n°24 en do mi- neur de Mozart, aux côtés de l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé avec maestria par Lawrence Foster. Ces derniers interpréteront aussi la Rhapsodie roumaine n°2 en ré majeur op. 11 de Georges Enesco Martha Argerich © Adriano Heitman et El sombrero de tres picos (Le Tricorne) Ils jouent ensemble depuis 1975. Les deux de Manuel de Falla. icônes que sont Mischa Maisky (violoncelle) et Martha Argerich (piano) proposent un concert tout en finesse et profondeur avec la Sonate pour violoncelle et piano n°2 en fa majeur op. 99 de Brahms et la Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur op.40 Valentin Thill © MF Valentin de Chostakovitch. Le piano se livrera au Les ténors vont par trois, depuis 1990 où flux ample des pièces de la Fantasiestücke Placido Domingo, José Carreras et Luciano op.73 de Schumann. Ivresse musicale des Pavarotti ont instauré la série de concerts grands soirs ! les réunissant. Le Calms propose sur une même scène, en joute amicale, Luca Lom- © Paolo Roversi Erato 8 février 21 janvier bardo, Valentin Thill et Juan Antonio No- Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 les theatres.net gueira. Quelle langue maternelle de chacun 08 2013 2013 lestheatres.net de ces trois ténors sera la plus appropriée au langage de l’opéra ? Italien, français ou espagnol ? La richesse de la palette obte- nue plaidera sans aucun doute la cause Mes partitions littéraires soutenue lors de ce concert au profit de la Anoushka Shankar lutte contre les discriminations et le ra- Elle compte parmi les meilleurs interprètes cisme et du Mrap. de sitar au monde, Anoushka Shankar (fille de Ravi Shankar, virtuose elle aussi) 9 février explore avec son instrument à vingt cordes Salle Colomb, Miramas l’univers envoûtant des ragas de l’Inde du 06 60 36 99 09 calms-France.fr Nord, mais aussi les musiques du monde et les œuvres d’aujourd’hui. On l’entendra ainsi dans Offering de Ravi Shankar et Phi- Edouard Exerjean © X DR. lip Glass, puis dans le Concerto pour sitar Offen... Wachs n°2, « Raga Mala » de son père aux côtés de Double spectacle pour un seul-en-scène Les Bouffes de Bru Zane cultivent le goût l’Orchestre national de Lyon qui inter- avec Mes partitions littéraires du pianiste des petites formes et de la surprise en dé- prètera aussi Ash, du coloriste contempo- Édouard Exerjean. Textes et musiques se nichant des partitions oubliées dont la tru- rain qu’est le compositeur Michael Torke. répondent, s’enchaînent, se jaugent, tan- culence et la vivacité offrent une approche dis que les sonorités du piano et de la voix décalée et réjouissante de l’opérette. La tissent de subtiles correspondances. Francis soirée débute par le maître du genre, Of- Poulenc rencontre ainsi Sacha Guitry, Em- fenbach, et son inénarrable « conversation manuel Chabrier, Jean Anouilh, Claude De- alsacienne », Lischen et Fritzchen, en un bussy, Jean de La Fontaine… pour n’en citer mélange divertissant de l’allemand et du que quelques-uns. Vagabondage délicieux… français, puis nous serons conviés à dé- couvrir une œuvre de Frédéric Wachs, Un 25 janvier mari dans la serrure… Tout un programme ! Théâtre Comoedia, Aubagne

© Anushka Menon 04 42 18 19 88 aubagne.fr 14 & 15 février 31 janvier Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 08 2013 2013 lestheatres.net au programme musiques vaucluse var 85

Mille et une nuits

Adam Laloum Charlot, tous courts 2 Le merveilleux pianiste Adam Laloum nous L’Orchestre Symphonique de l’Opéra de convie à un récital d’une folle virtuosité, où Toulon propose un nouveau ciné-concert technique et interprétation réclament fine (fort du succès de la première édition), Char- intelligence des textes et des intentions des lot, tous courts 2, avec trois courts-métrages compositeurs. Le concert débutera par la de Charlie Chaplin, The Cure (Charlot fait vertigineuse Sonate pour piano n°28 en la © DR H e l na Vautrin une cure), The Rink (Charlot patine) et The majeur, op.101 de Beethoven qui y trans- Est-ce le bon conte pour un 14 février ? Les Pawnshop (Charlot usurier). Hugo Gonza- crivait ses impressions et ses rêveries… Mille et Une Nuits commencent par l’his- lez-Pioli dirigera ses propres compositions liberté, fantaisie, écriture contrapuntique, toire d’un Sultan qui condamne à mort (celles de The Rink et The Pawnshop en tout se conjugue pour un idéal musical. son épouse infidèle ainsi que toutes les création mondiale, commandes de l’Opéra Suivra la Grande Humoresque en si bémol femmes avec lesquelles il se marie dès le de Toulon). Pépites à déguster ! majeur de Schumann qui trouva son ins- lendemain des noces. Il faudra tout le talent piration dans les écrits de Jean Paul, puis de conteuse de Shéhérazade pour arrêter la Sonate pour piano n°20 en la majeur, D. ces effusions de sang… Ne boudons pas ce- 959 de Schubert, délectation ! pendant ! Gentin Ngjela (ténor), Héléna Vautrin (comédienne), Christine Duprez (piano) convoquent les textes de Pierre Loti, Baudelaire, Hugo et les mélodies de Lalo, Donizetti, Velasquez, Lara, Rossini… pour un moment de grâce qui sera conclu par la dégustation de pâtisseries orientales.

14 février Conservatoire Grand Avignon, Avignon © Harald Hoffmann 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr © X-DR 21 janvier 15 février Opéra Confluence, Avignon Opéra, Toulon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr Le comte Ory 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr

Ein deutsches Requiem Si la messe de la liturgie catholique com- Tous les matins du monde mence par la prière des morts, Ein deutsches Le Festival de Musique de Toulon pro- Requiem s’ouvre par une pensée aux vi- pose une plongée dans les musiques de vants : « Béni soit leur chagrin : qu’ils en M. de Sainte-Colombe, (père et fils), Ma- soient soulagés ». L’œuvre la plus longue de rin Marais, Jean-Marie Leclair, François Brahms est construite comme une longue Couperin, Jean-Baptiste Lully, nous ren- e ge, d c. 2018 © Op e ra Royal de Wallonie-Li méditation sur la mort, menée dans un es- dant le frémissement d’une époque entre prit où l’humain et le sacré se rejoignent. Partons en Touraine dans les années 1200 chansons populaires et airs de cour, sans Ce joyaux du répertoire choral sera inter- au château de Formoutiers. Le Comte Ory oublier la célèbre Sonnerie de Sainte-Gene- prété par le Chœur Êkhô, accompagné de (Francisco Brito) espère bien profiter de viève du Mont de Paris (Marais). La Chapelle l’orgue de Jean-Pierre Lecaudey, avec les l’absence des hommes partis en croisade Harmonique sera secondée par Jean-Da- solistes Ludivine Gombert (soprano) et Phi- pour séduire la vertueuse et inaccessible mien Barbin, récitant. Temps suspendu… lippe-Nicolas Martin (baryton), le tout sous Comtesse Adèle (Marie-Ève Munger). Dé- la direction de Caroline Semont-Gaulon. guisements et subterfuges, tout lui semble bon pour parvenir à ses fins, mais ses plans se retourneront contre lui dans la mise en scène alerte de Denis Podalydès et les cos- tumes de Christian Lacroix. La musique de Rossini sublime l’ensemble dirigé par

Ekhô © DR Jurjen Hempel. © Manuel Braun 31 janvier 20 janvier Église Saint-Didier, Avignon 24, 26 & 28 janvier Palais Neptune, Toulon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr Opéra, Toulon 04 94 18 53 07 festivalmusiquetoulon.com 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr 86 au programme musiques var alpes-maritimes hérault

Nuit du piano 5 John Williams, best of

France/Italie Non, ce n’est pas un match de foot ! De- © Marc Ginot puis la Renaissance, liens et échos artis- tiques fleurissent entre la France et l’Ita- Indiana Jones, Hook ou la Revanche du ca- lie. En regard de l’exposition parisienne pitaine Crochet, La liste de Schindler, Harry consacrée à Léonard de Vinci au , Potter, Star Wars, Jurassic Park, Superman, Florian Noack © Danilo Floreani ce concert des Mardis de l’Orchestre se Les Dents de la mer, E.T, A.I. Intelligence Le Festival de Toulon propose une cin- plaît aux jeux de miroirs entre les com- artificielle, tous ces films aux succès incon- quième édition de la Nuit du piano avec un positeurs, ainsi Léonardo Vinci (le mu- testés doivent beaucoup aussi à leur mu- florilège des meilleurs jeunes pianistes du sicien, pas le peintre) et Marin Marais… sique. L’Orchestre national Montpellier moment, Tanguy de Williencourt, Igor Anaïs Normant (flûte) etCécile Bontron Occitanie et son chef Magnus Fryklund Tchetuev, Florian Noack et la violoniste (harpe) s’attacheront aussi à des pièces de rendent hommage au compositeur John Fanny Clamagirand. Après un « récital F-J Naderman et Jean-Louis Tulou, Nino Williams par un ciné-concert où se croise- découverte », en partenariat avec l’Institut Rota, Debussy et François Borne. ront extraits de films et leurs musiques qui d’Enseignement supérieur de la musique leur apportent tant de sens et d’émotions. d’Aix-en-Provence, on entendra tour à tour 4 février ces musiciens hors pair se glisser dans MJC Picaud, Cannes 25 & 26 janvier les œuvres de Beethoven, Webern, Schu- 04 92 98 62 77 orchestre-cannes.com Opéra Berlioz, Montpellier mann, Alban Berg, Clementi… La virtuosité 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr technique se conjugue alors avec la grâce d’interprétations sensibles et intelligentes. Piano Séries III Jeu de miroir espiègle entre jazz et classique 8 février grâce à ce concert dirigé par Jean-François Trio élégiaque Opéra, Toulon Verdier ! L’Orchestre de Cannes avec Ro- 04 94 18 53 07 festivalmusiquetoulon.com main Leleu (trompette) en soliste, se glissera avec son aisance habituelle dans les uni- vers de Hummel (Concerto pour trompette et orchestre en mi bémol majeur) et Mozart Voyage (Concerto n°9 pour piano et orchestre « Jeune homme ») puis abordera des œuvres du com- positeur contemporain de jazz et pianiste Baptiste Trotignon (« L’air de rien » pour piano et orchestre puis « Move » Concerto pour trompette et orchestre).

9 février , Cannes © DR Théâtre Debussy

04 92 98 62 77 orchestre-cannes.com © X-DR Ekaterina Darlet Tamazova Dans le cadre des « Mardis de l’Orchestre », Programme russe à l’affiche :Ekaterina une petite phalange issue de l’Orchestre de Darlet-Tamazova (violon), Cyrille Tri- Cannes propose une échappée au cœur de coire (violoncelle) et Magnus Fryklund la musique baroque. Ce mardi-là, la famille Patricia Petibon & Susan Manoff (piano) redessinent l’ample palette colo- Couperin est à l’honneur : Bérengère Re- Elle dit « aimer les angles, (…) car la vie n’est rée du génial premier Trio élégiaque que nou (flûte à bec),Vincent Tizon (hautbois), pas lisse ». La soprano Patricia Petibon ap- Rachmaninov composa à 19 ans, puis ef- Philippe Tallis (violon), Jean-Emmanuel portera la délicatesse et la pertinence fine fectuent un petit saut dans le temps pour Caron (viole de gambe) et Dimitri Goldo- de ses interprétations qui creusent dans rejoindre Chostakovitch alors qu’il était bine (clavecin) donneront à écouter une ce qu’il y a de plus humain aux mélodies le chouchou du régime soviétique, avec brassée d’œuvres qui évoquent le Grand choisies de Manuel de Falla, Bacri, Fauré, sa Sonate pour violoncelle et piano. Enfin, siècle, depuis L’Apothéose de Lully (Fran- Turina, Granados, Debussy, Collet. Un sa- la soprano Violetta Lukyanenko épou- çois Couperin) aux Carillons de Paris (Louis vant éclectisme que magnifiera le piano sera les mélodies des Sept Romances que Couperin, neveu du précédent). subtil de Susan Manoff. le compositeur écrivit en hommage à la Révolution d’Octobre. 21 janvier 25 janvier MJC Picaud, Cannes Opera Comédie, Montpellier 1er février 04 92 98 62 77 orchestre-cannes.com 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr Salle Pasteur (Le Corum), Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr au programme musiques hérault bouches-du-rhône 87

Anna Farrow

Il trionfo del tempo Hugh Coltman L’oratorio Il trionfo del tempo e del disin- Ancien leader du groupe The Hoax, le plus ganno de Haendel s’appuie sur le livret du français des crooners anglais a délaissé Cardinal Benedetto Pamphili qui met en le blues rock au profit du jazz. Une réus- © DR scène les allégories de la Beauté (Dilyara site qui lui vaudra une Victoire du Jazz en Idrisova), du Plaisir (Carole Garcia), du Interprète, auteure et compositrice fran- 2017. Avec sa voix délicatement éraillée, les Temps (James Way) et de la Désillusion co-anglaise, Anna Farrow sort un album cuivres, guitares et percussions d’un brass- (Sonja Runje). Bonheurs de la musique intime et joyeux intitulé Smile. Avec ironie band composé de pointures locales, Hugh baroque portés à leur acmé grâce à l’en- et légèreté, elle y évoque, d’une voix cap- Coltman va tenter de reproduire sur scène semble Les Accents, dirigé par Thibault tivante et sans fard, la quête du bonheur, la magie de l’album Who’s happy ?, enre- Noally (qui prend le relais de l’ensemble les désirs de changement, les choix ardus gistré dans une église chargée d’histoire. Orfeo 55 de Nathalie Stutzmann, initiale- qui peuvent nourrir les histoires d’amour. ment prévu, mais dissout le 24 avril 2019). Sans oublier d’inviter à la danse, à la fête et même au rêve. Parfois avec mélancolie mais toujours avec optimisme.

7 février Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

La voix d’Ella © Crista Rock 4 février Théâtre du Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Mélissa Laveaux La chanteuse et musicienne canadienne sait que son histoire se trouve ailleurs : en Haïti. Après y être retournée en voyage, Dilyara Idrisova © DR. © Gautier Languereau Mélissa Laveaux créé Radyo Siwèl, son 1er 10, 12 & 14 février Ce conte musical retrace en musique et album chanté uniquement en créole. Une Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr en chanson la vie d’Ella Fitzgerald, à tra- création à partir de phrases, d’airs anciens, vers le parcours d’une jeune orpheline d’hymnes vaudous, assemblés comme un en admiration devant la grande dame du patchwork identitaire au gré de son ima- jazz. Célia Kaméni prête sa voix, Philippe ginaire. Dans les oscillations folk et blues Lechermeier sa plume et The Amazing des mélodies émerge un impérieux désir La petite messe solennelle Keystone Big Band ses notes, interpré- de résistance. « Cette petite composition, (…) le dernier tant les plus beaux morceaux de la légende péché mortel de ma vieillesse » disait Ros- comme Moonlight in Vermont, Born to Be sini à propos de cette œuvre que le comte Blue ou encore son célèbre scat dans How Alexis Pillet-Will lui avait commandée pour High the Moon. son épouse. Jos Houben et Emily Wilson mettent en scène ce petit bijou, à l’instar 31 janvier d’un évènement théâtral à la fois léger et Théâtre du Gymnase, Marseille tragique. Douze chanteurs, trois comédiens 08 2013 2013 lestheatres.net et deux musiciens jouent avec humour et finesse cette œuvre « un tout petit peu pen- chée, comme la tour de Pise ». © Romain Staropoli 25 janvier 8 février Théâtre Molière, Sète Le Zef, Marseille 04 67 74 02 02 theatredesete.com 04 91 11 19 20 lezef.org 88 au programme musiques bouches-du-rhône gard

Abraz’ouverts Du Bartàs + Le Gac & Bertolino Pomme Du Bartàs chante, en occitan et en arabe, les traces laissées par l’histoire dans leur Languedoc méditerranéen et métissé, na- vigant entre chronique sociale et poésie libertaire. Le duo intimiste et complice formé par Gurvant Le Gac (flûte traver- sière) et Pierre-Laurent Bertolino (vielle

© DR à roue électro-acoustique) cultive sa mu- Deux percussionnistes composent sur scène sique comme un jardin partagé, où l’im- d’étranges retrouvailles, jouant du zarb, un provisation met à jour une affinité sans tambour perse, de manière peu conven- cesse renouvelée. tionnelle, comme le poète joue du langage et des mots. En une improbable parade, ils se croisent, se toisent, se retrouvent, se sé- parent et s’interpellent dans une langue in- connue mais familière, chantent un refrain

à l’unisson et entament même quelques © DR pas de danse. Quelle est cette étonnante Pomme chante haut et fort qu’elle ne sait rencontre ? pas danser. Du haut de ses 23 ans, elle livre avec poésie Les Failles de la vie que l’on 7 février voudrait tracée et les peurs irrationnelles © Eric Legre Salle Musicatreize, Marseille que l’on tente d’enjamber. Celle qui s’est 04 91 00 91 31 musicatreize.org 18 janvier distinguée par son chant aussi délicat qu’af- La Meson, Marseille firmé n’hésite pas à dénoncer le sexisme 04 91 50 11 61 lameson.com et à défendre la cause LGBT. La musique et les textes qu’elle compose elle-même Gari Grèu sont peu chiadés mais infiniment sincères. Les morts vont bien + Paolo Técon 3 février Partisans de la musique bipolaire, ces Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 espace-julien.com Morts mêlent névrose germanique aux transes tribales et exotiques. Tandis que 14 février l’une piaille des cantiques, l’autre martèle Paloma, Nîmes guitare et fragments de batteries. Quant à paloma-nimes.fr Paolo Técon, il hurle l’amour et modélise le désespoir, à travers des chansons de va- riété tristes, en italien et en français, avec, pour tout orchestre, une boite à rythme Anouar Brahem © DR hargneuse et un synthétiseur dissonant. Membre de Massilia Sound System, cofon- dateur de Oai Star, Gari Grèu a choisi la 23 janvier salle intimiste de l’ancien Poste à Galène L’Embobineuse, Marseille 04 91 50 66 09 lembobineuse.biz pour présenter au public marseillais son nouvel et attendu album solo Barka. Il y évoque bien entendu sa ville, Marseille de © CF Wesenberg l’ailleurs et de l’autre, solidaire et vivante. Shadi Fathi & Bijan Chemirani Mais aussi l’Afrique. Parmi ses dernières Les cultures en exil prennent parfois un éclat Maître de luth oriental, forgé à la musique collaborations, on trouve Guizmo de Tryo, inconnu et la rencontre entre les cordes de savante arabe, Anouar Brahem ne cesse une chanson avec Moussu T et une écrite Shadi Fathi (setâr, shouragiz) et les percus- de bâtir des ponts entre Orient et Occident, avec la Rue Kétanou. La famille s’agrandit. sions de Bijan Chemirani (zarb) relève de mariant le jazz et les musiques méditerra- ce genre d’étincelle. Leur album Delâshena néennes à la musique classique arabe. The 18 janvier tisse un dialogue fertile sur les cimes de Astounding Eyes of Rita, en hommage au Le Makeda, Marseille la musique persane, où se mêlent inspira- poète Mahmoud Darwich, illustre ce ma- lemakeda.com tions classiques et fulgurances contempo- riage des genres. Une union féconde entre raines dans un foisonnement propice aux le romantisme allemand et la flamboyance improvisations. orientale, entre pudeur et sensualité.

6 février 18 janvier L’éolienne, Marseille Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 04 91 37 86 89 leolienne-marseille.fr 08 2013 2013 lestheatres.net au programme musiques bouches-du-rhône hérault vaucluse 89

Jérémie Bossone + All.b Noëmi Waysfeld Kinga Glyk C’est en solo acoustique que Jérémie Bos- À seulement vingt ans - dont dix en tant que sone présente un florilège de chansons iné- musicienne - la bassiste polonaise Kinga dites ou issues des albums Gloires et Les Glyk cumule déjà des millions de vues sur Mélancolies Pirates. Confrontant chanson YouTube, des centaines de concerts à tra- poétique, slam et rock alternatif, le musi- vers le monde et des critiques flatteuses. cien se distingue par des textes en français En mêlant des compositions captivantes à l’écriture tranchée. Entre récit autobio- de finesse et des reprises de grands stan- graphique, fantasmes et magouilles, les dards (Bob Dylan, Eric Clapton, Jaco Pas- chansons d’All.b pénètrent une jungle de torius…), Kinga et son quartet se sont bâtis doutes, de déceptions et d’extases. une solide réputation de bêtes de scène. © Isabelle Rozenbaum

C’est vers l’Europe de l’Est que Noëmi Ways- feld puise son inspiration, guidée par son J e r mie Bossone © Laetitia Defendini amour des langues et son histoire familiale. 18 janvier Accompagnée par la guitare, le oud, l’ac- Le Petit Duc, Aix-en-Provence cordéon et la contrebasse des musiciens 04 42 27 37 39 lepetitduc.net de son trio Blik, elle pose sa voix grave sur des textes nourris d’exils et de déra- cinements, de révolte et d’espoir. Elle peut évoquer la prestance de Barbara, l’attitude Thomas Fersen de Brassens ou la voix d’Ella Fitzgerald.

Conteur et mélodiste, Thomas Fersen a Andrzej Dylewski © Waldemar pris le temps de bâtir une œuvre qui oc- 23 janvier 25 janvier cupe une place particulière dans la chanson Le Forum de Berre, Berre-l’Etang Cargo de nuit, Arles française. Ces dernières années, il multiplie 04 42 10 23 60 berreletang.fr 04 90 49 55 99 cargodenuit.com les expériences scéniques. Assemblage de monologues en vers, de chansons du nou- vel album et de son répertoire plus ancien, sans que s’interrompe le fil du récit, à sa- Lucky Peterson Thermal voir celui d’un farfelu se retournant sur Le légendaire Lucky Peterson offre au sa longue carrière et ses frasques passées blues une nouvelle énergie. Natif de Buffalo, de chaud lapin. ce perfectionniste et excessif, il explore le genre avec cœur et passion. Chanteur à la 23 janvier voix caverneuse, il est aussi un maître de la Théâtre Comoedia, Aubagne guitare. Just Warming up, titre du dernier 04 42 18 19 88 aubagne.fr album est on ne peut plus explicite : tout ceci n’était qu’un échauffement. © Ariele Monti.

24 janvier Thermal est la rencontre de trois impro- Al Atlal L’Usine, Istres visateurs expérimentés, chacun appor- Norah Krief s’empare d’un poème d’Ibra- 04 42 56 02 21 scenesetcines.fr tant à cet échange la perspective de leur him Nagi chanté par Oum Kalsoum pour mixité musicale. Parmi eux, Andy Moor, 25 janvier s’adresser à sa mère et faire ressurgir ses connu pour son style vibrant, original et Salle de l’Étoile, Châteaurenard souvenirs : l’exil de ses parents tunisiens, 04 90 90 27 79 passagersduzinc.com ses collaborations remarquées avec The son enfance, la voix de la diva orientale sur Ex, Kletka Red ou Dog Faced Hermans. le tourne-disque... Elle retrouve la langue 26 janvier John Butcher est l’un des saxophonistes arabe qu’elle a voulu oublier enfant et se Rockstore, Montpellier les plus respectés du moment. Thomas réconcilie avec un passé longtemps rejeté. 04 67 06 80 00 rockstore.fr Lehn se joint au trio et y apporte sa mu- Entre chant et textes, la comédienne offre sique électronique qui englobe un large un bel hommage à tous les déracinés. spectre musical.

11 février 8 février Les Salins, Martigues Ajmi, Avignon 04 42 49 02 00 les-salins.net 04 90 860 861 jazzalajmi.com 90 au programme musiques vaucluse bouches-du-rhôine alpes var

Louis Sclavis Kenneth Arnold story La Sève + Madmix & Benjamin Moussay En 1947, un Américain du nom de Kenneth La Sève propose des compositions inspi- Arnold prend les commandes d’un petit rées par les musiques soukouss et des jeux avion de tourisme pour survoler les Ro- de guitares sébéné, le tout accompagné de cheuses et dit apercevoir 9 ovnis. Le saxo- chants inspirés d’un imaginaire afro sur- phoniste Raphaël Imbert et ses acolytes volté. Madmix réunit Jean-Yves Rossi (sax transposent cette histoire dans un spec- alto, flûte traversière),Patrick Girardi tacle coloré et ludique. Peur de l’étranger, (basse), Daniel Dray (batterie) et Emma- attrait de l’inconnu, accueil de l’Autre sont nuel Chaumont aux (clavier, guitare). Au autant de thèmes qui interrogent notre menu, des reprises groovy de Miles Davis, imaginaire collectif. Massive Attack ou encore Maceo Parker.

18 janvier Salle de La Combe, Moissac-Bellevue 04 98 070 070 tandem83.com Benjamin-Moussay © DR

Habitués à sortir de leur quartet respec- tif pour se retrouver en duo, le clarinet- Des fourmis dans les mains tiste Louis Sclavis et le pianiste Benjamin Derrière ce nom, Laurent Fellot sculpte le Moussay vont jouer les compositions du bois, fixe le chant des oiseaux et construit programme Characters on a wall, consacré Raphaël Imbert © Jean-Baptiste Millot une contrebasse à tête de volatile. Autour de aux œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, dans 1er février lui, six compagnons de route soutiennent le cadre magistral du Palais des papes. Le Théâtre du Briançonnais, Briançon habilement l’originalité du propos. Cordes, 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu plasticien, source d’inspiration régulière peaux, chœurs et vents dialoguent, se per- de Sclavis, sera présent au concert, précédé cutent et s’harmonisent dans un tourbil- d’une visite de l’exposition événement. lon musical effréné. Leur but : transmettre une émotion, en appeler aux sens, s’unir 13 février Quatuor Avena dans une révolte joyeuse. Palais des Papes, Avignon Pour son premier week-end musical, le 04 90 860 861 jazzalajmi.com Festival de Chaillol reçoit le Quatuor 7 février Avena, jeunes saxophonistes originaires Théâtre du Rocher, La Garde d’Italie, du Japon, d’Afrique du Sud et de 04 98 070 070 tandem83.com Caribbean stories France. Un programme éclectique, entre transcriptions d’œuvres du répertoire et pièces originales dont une création com- Sarah McCoy mandée au saxophoniste et compositeur La chanteuse et pianiste passe une partie Jean-Charles Richard. de sa vingtaine nomade à se produire dans des rades moites et infestés de mouches, à la Nouvelle-Orléans. Elle perpétue désor- mais une tradition perfectionnée par Tom Waits, Amy Winehouse, Leon Russell et Nina Simone, qui ont transformé en épo- © Laurence Laborie pées les ruines de vies en perdition. Une Avec Caribbean Stories, le saxophoniste musique brute et authentique à l’écart du Samy Thiébault explore l’enchevêtrement brillant robotique à réglage automatique de musiques constitutif de l’histoire mé- de la pop contemporaine. tissée du jazz. Calypso, merengue, valse, © DR boléro, chachacha et autres, pour un tour- 30 janvier billon dansant, poétique et politique mené Le Fayore, Chaillol par une formation originale et inédite, ve- 31 janvier nue de ce « Tout-Monde ». Salle des fêtes, Chorges

31 janvier 1er février Théâtre Durance, Château-Arnoux-St-Auban Chapelle des pénitents, Gap 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 2 février © Benoit FATOU 14 février Église, Saint-Pierre-d’Argençon 9 février Le Sémaphore, Port-de-Bouc 09 82 20 10 39 festivaldechaillol.com Théâtre Denis, Hyères 04 42 06 39 09 theatre- 04 98 070 070 tandem83.com semaphore-portdebouc.com au programme musiques var alpes-maritimes gard 91

Alexis HK Dancing in your head(s) Sirba, I love you Créé en 1986, l’Orchestre National de Jazz est à l’origine de 11 projets et de 28 albums. Douzième aventure, Dancing in Your Head(s) est un hommage à Ornette Coleman, saxophoniste américain et fi- gure majeure du jazz. Sa musique puise ses racines dans le blues rural du sud des États-Unis pour en faire émerger un jazz libre et insouciant. Une relecture inédite, © Pierre Leblanc privilégiant le groove et les instruments © Bernard Martinez Alexis HK retrouve son répertoire, son amplifiés. Le Sirba Octet, l’Orchestre symphonique écriture, sa musicalité unique avec Comme de Cannes et Alexeï Birioukov à la balalaïka un ours. Avec des orchestrations folk assez proposent un florilège d’airs aux accents dépouillées, des mélodies fortes mêlées à slaves et yiddishs, souvenirs des ambiances un phrasé si caractéristique, ce 5e opus se festives et familiales de son fondateur. Si pare d’arrangements plus modernes. L’ar- virtuosité et émotion se retrouvent dans tiste s’entoure de 3 musiciens dans une ces airs marqués par l’errance d’un peuple, scénographie qui bascule de l’ombre à la c’est la couleur, la richesse et l’inventivité lumière, de la solitude au partage. © Olivier Hoffschir de la réécriture musicale qui révèlent ces 24 janvier thèmes si fredonnés. 24 janvier Scène 55, Mougins La Croisée des Arts, 04 92 92 55 67 scene55.fr 14 février Saint-Maximin-la-Sainte-Baume Théâtre Croisette, Cannes 04 93 48 61 10 orchestre-cannes.com 25 janvier Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 98 070 070 tandem83.com Fred Nevché Fred Nevchéhirlian est à l’image de sa ville, Marseille : une somme d’influences Les Wampas mélangées. Figure des premières années du slam en France, le musicien poète a tracé L’Homme A sa route entre rock, électro-pop et chan- son. Valdevaqueros, son dernier album, est le nom d’une plage d’Andalousie où le vent jamais ne cesse de souffler. Nevché y déploie, de son timbre si particulier et au gré de ses révolutions intérieures, un amour implacable de la vie. © Hamza Djenat

En compagnie de l’actrice Sandrine Bon- Lanquette © Youri naire et du contrebassiste Marcello Giu- En ce début de 21e siècle, les Wampas ont liani, le trompettiste Erik Truffaz explore décidé de Sauver le monde, titre de leur la musicalité des mots de Marguerite Du- nouvel album. Retraité de la RATP (lui, au ras, à travers une création entre lecture et moins), Didier et les siens ne renoncent improvisations musicales. Ensemble, ils pas à défendre des désirs utopiques. Ils rendent hommage à l’une des plus grandes persévèrent dans ce qu’ils sont, et c’est plumes de la littérature française du XXe en ça qu’ils sont punks. Considérant que siècle, via deux de ses récits, L’Homme as- dans ce monde, il y a deux catégories de sis dans le couloir (1980) et L’Homme at- personnes : ceux qui renoncent et ceux qui lantique (1982). s’entêtent. Un groupe décalé, spontané et sans coup de fatigue depuis 1983. 31 janvier Théâtre de Grasse © François-Xavier Emery 5 février 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 1er février Paloma, Nîmes Scène 55, Mougins 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr 04 92 92 55 67 scene55.fr 92 au programme musiques gard hérault

Oxmo Puccino Manu Dibango

BCUC « Africangungungu » est le nom donné à sa musique par BCUC, combo des townships de Soweto. Un groupe afro-psychédélique brut qui entraîne dans une transe sur- puissante. Porte-drapeau d’une jeunesse sud-africaine post apartheid tournée vers le futur, BCUC compose et interprète des mor- ceaux long format qui puisent aux sources © DR du free-jazz, du hip-hop et des rythmes Artiste engagé à l’instar d’Abd Al Malik ou traditionnels pour « emmener l’auditeur Kery James, Oxmo Puccino raconte son dans le lieu où les ancêtres vivent ». analyse du monde à travers des textes mi- litants, d’un rap proche du slam. Maîtri- sant à la perfection la langue de Molière, il allie figure de style sur des explorations musicales. Après 20 ans de carrière, le MC revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, La nuit du réveil, loin de l’auto-tune ou de l’ego-trip fréquents dans le rap français. BCUC © Laura Mccullagh © DR.

6 février 14 février En 60 ans de carrière, Manu Dibango a Paloma, Nîmes Domaine d’O, Montpellier toujours cherché à abolir les frontières mu- 0 800 200 165 domainedo.fr 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr sicales. Son tempérament de nomade est sublimé par Safari Symphonique, nouveau spectacle pour lequel fusionnent le Soul The Inspector Cluzo Makossa Gang et l’Orchestre national Le lanceur de dés Montpellier Occitanie. Une rencontre Spectacle poétique et musical d’après Mah- entre les racines camerounaises, le jazz, moud Darwich, Le lanceur de dés ques- les atmosphères sonores africaines et la tionne l’identité et les jeux du destin, face musique classique européenne. à la complexité de la définition et du carac- tère intrinsèque des rôles que nous pou- 1er février vons jouer autour de nous. Au chant et à la Le Corum, Montpellier direction artistique, Walid Ben Selim est 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr entouré d’Agathe Di Piro au piano et de Nidhal Jaoua au qanoun. « Je suis comme vous ou un peu moins », écrivait le poète. The Pharcyde

© DR Groupe californien de hip-hop, The Phar- Le groupe de rock indépendant défend sa cyde est initialement formé par Imani, propre philosophie du « do it yourself » : Slimkid3, Bootie Brown et Fatlip. Mark du label à l’organisation de tournées, en Luv est le premier DJ, suivi du produc- maintenant leur activité agricole biologique teur J-Swift et de J Dilla. Le groupe est dans leurs Landes natales. De leur périple connu pour les singles Drop, Passin’ Me aux États-Unis, ils reviennent avec un By et Runnin’, et pour leur premier album premier opus acoustique Brothers in ideals. Bizarre Ride II. Continuant à organiser des Accompagnés de 3 musiciens de Nashville, concerts et enregistrer ensemble et en solo, ils offrent une tournée blues jazzy de seu- ils se retrouvent pour cette tournée euro- lement 14 dates qui transpire la passion péenne avec DJ Mike Relm. et la sincérité. 21 janvier Thibault Noally © Sofia Albaric 8 février Rockstore, Montpellier Paloma, Nîmes 18 janvier 04 67 06 80 00 rockstore.fr 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr au programme musiques hérault 93

L’appel de la forêt

French 79 Walter Sextant En 2014, le Marseillais French 79 débar- + Anticyclone Trio quait sur une scène qu’il pensait française. Le quintet Walter Sextant livre une mu- Elle s’est rapidement révélée internatio- sique en équilibre entre jazz et rock pro- nale. L’album Olympic explose à travers gressif, portée par l’énergie d’une section le monde et permettra à l’artiste de faire rythmique implacable. On retrouve de mul- © Fabien Blanchon vivre ces morceaux synthétiques et or- tiples références au son des années 70, ganiques au gré de plus de 150 concerts Les percussionnistes de l’Ensemble TaC- multipliant les jeux de textures. Également en Europe et Outre-Atlantique. En 2019 TuS se lancent dans une aventure musi- au programme, Anticyclone Trio, bercé il revient avec un album plus personnel, cale, théâtrale et visuelle autour du roman au folklore traditionnel et aux musiques empreint de l’atmosphère nostalgique de de Jack London. Suivant la progression du improvisées, crée un jazz à la fois lyrique, l’enfance du producteur. récit, la musique de Quentin Dubois donne populaire et expérimental. vie aux bruits inquiétants et enchantés de la forêt. Le décor se colore, s’efface et se reconstruit sous le crayon de la dessina- trice Marion Cluzel qui signe en direct une trentaine de croquis et d’aquarelles.

19 janvier Centre Culturel Léo Malet, Mireval 04 67 74 02 02 theatredesete.com © Bertrand Jamot Walter Sextant © Clotilde Haudiquet Walter 24 janvier 14 février Rockstore, Montpellier Le Piano Tiroir, Balaruc-les-Bains 04 67 06 80 00 rockstore.fr Kosh 04 67 74 02 02 theatredesete.com

Zoufris Maracas Cinq ans après Chienne de vie, les Zoufris Eric Bibb Maracas reviennent avec un troisième al- Né dans une famille d’artistes engagés, Eric bum qui sortira en mars 2020. Après leur Bibb reçoit le blues en héritage. Ses chan- début dans le métro en 2009, le groupe sons portent en elles l’histoire de l’escla- originaire de Sète s’est bâti une réputation vage, celle de ses ancêtres arrachés à leur de scène explosive. Récemment étoffé dans terre. Au fil des voyages, il étoffe sa -mu © Cyril Cabit une formule à neuf musiciens, le groupe sique de gospel, de soul, de rythm’n’blues porte avec fraîcheur un discours de non- Au-delà de sa maîtrise du beatbox, Kosh ainsi que de sonorités de kora et d’Afrique chalance radicale sensible aux enjeux de conte avec humour la découverte de son de l’Ouest. Du haut de ses 67 ans et sa qua- l’écologie qui comble les salles d’un espoir art, sa quête de sons et son désir de suc- rantaine d’albums, il est l’un des plus émi- communicatif. cès. Au travers d’anecdotes nourries de nents bluesmen américains. musiques, bruitages et autres sons buc- caux, il propose un spectacle multiple, drôle et novateur empruntant aux codes du stand-up. À l’heure où l’homme ne vit plus que grâce aux machines, lui met les machines à son service et dans sa voix. Un véritable homme-orchestre.

7 février La Passerelle, Sète © Jan Malmstrom 04 67 74 02 02 theatredesete.com 25 janvier Scène de Bayssans, Béziers 04 67 28 37 32 heraultculture.fr © Franck-Loriou 13 février Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr 94 au programme arts visuels Bouches-du-rhône var

Olivier Ratsi Utilisant deux figures esthétiques liées à la perception de l’espace, la perspective et l’anamorphose, Olivier Ratsi a conçu un road-movie mental qui oscille entre architecture réelle et immatérielle. Libre en- suite au spectateur d’interpréter, de construire ou déconstruire la « ré- alité » au gré du parcours tracé par diverses installations lumineuses : Frame perspective, Delta, XYZ, Spectrum, Shape, In Parallel… M.G.-G.

Vanishing Points jusqu’au 22 mars Seconde nature, Marseille secondenature.org

Exposition Olivier Ratsi © Pierre Gondard

À deux À l’origine de cette exposition, il y a une collection, celle de Gustavo Giacosa (metteur en scène et commissaire de À deux) et Fauso Ferraiuolo. Un ensemble d’œuvres murement pensé : chaque nouvelle pièce entre en lien, en écho, à une autre. Ainsi, l’exposition provoque des jeux de miroir, des dialogues, une réflexion sur la dualité et la complémentarité, qui donne à voir une trentaine d’artistes (Calder, Nadj, de Taeye, ...). A.Z.

17 janvier au 7 mars Galerie Zola - Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 91 98 88 citedulivre-aix.com

Alexander Calder, Deux Serpents, 1969 lithographie signée à la main 41/75 70 x 60cm. Collection Giacosa/Ferraiuolo

Paysages en mouvement L’ESADTPM et le Parc national de Port-Cros ont initié un projet de recherche au croisement des sciences et de l’art, centré sur le paysage en Méditerranée, dans le cadre de l’Atelier Latitude 43°. Première face visible de l’iceberg : l’exposition Paysages en mouvement qui réunit un choix d’œuvres créées par les artistes invités Sébastien Hasbrouck, Raphaël Mahida-Vial, Frank Micheletti et Jean-Paul Thibeau. M.G.-G.

jusqu’au 18 février La Galerie de l’école, Toulon esadtpm.fr

© ESADTPM 2019

Floryan Varennes Les titres (Mythopoeïa, Crux, Hiérophanie, Punctum Saliens) comme les matières (che- mises noires, épingles, parka, perles de rocailles noires, rivets) évoquent immédiatement la « recherche médiévaliste » de Floryan Varennes qui « actualise des motifs et des sa- voirs martiaux et médicaux empruntés au Moyen-Âge, touchant au sacré, au genre ou à l’apparat ». Partagé entre Toulon et Paris, il propose ici un parcours aboutissant à sa pièce maitresse, Éternelle, partie supérieure d’une armure… M.G.-G.

Ultra lésions jusqu’au 29 février Galerie des Musées (Ga.M.), Toulon 04 94 36 36 22 toulon.fr

Braca © Floryan Varennes au programme arts visuels var alpes-maritimes hérault 95

Bernard Plossu Après L’Heure immobile en 2017 à l’Hôtel Départemental des Arts, exposition qui avait per- mis de découvrir le pan méditerranéen de l’œuvre de Bernard Plossu, le photographe té- moigne à nouveau son attachement à la région dans ses Promenades varoises. Les rivages, les forêts, l’architecture balnéaire, et aussi une série de clichés composée spécialement au Lavandou (octobre 2019) : beaucoup d’inédits, dans une quête entre modernité et poésie. A.Z.

Promenades varoises, de Toulon au Lavandou 21 janvier au 21 mars Villa Théo, Le Lavandou 04 94 00 40 50 villa-theo.fr

Saint-Clair, Lavandou 2012 © Bernard Plossu #Roseestlavie Le collectionneur et critique d’art Anatole Jakovsky, dont la donation a permis la fondation du Musée d’art naïf de Nice, se réjouissait d’affirmer qu’au pays de « la peinture de dimanche (...), il ne pleut jamais » ! C’est une véritable philosophie, qui porte l’utopie comme un art (de vivre), jusqu’à inventer un monde autarcique. À découvrir dans une exposition qui en- visage l’Art Naïf au cœur de nos problématiques contemporaines. A.Z.

jusqu’au 20 avril Musée International d’Art Naïf, Nice Réjane Douce, Le mariage à la campagne, 1974, HST 40x60cm. 04 93 71 78 33 nice.fr Donation Anatole et Renée Jakovsky

Danièle Sanchez Viscéralement attachée à « son » paysage, à son « pays », la peintre Danièle Sanchez les connaît sur le bout des yeux. Installée aujourd’hui derrière le Pic Saint-Loup à côté de Montpellier, elle continue de livrer des toiles où l’espace et la matière produisent une réflexion sans cesse en mouvement, ici axée sur les réponses à donner aux «fronts soucieux de respect de la planète ». Avec un workshop participatif qui met au jour la notion de propriété, partagée par tout un chacun. A.Z.

Être pays, à vivre sans racine partout je suis chez moi jusqu’au 2 février Espace Saint-Ravy, Montpellier 04 67 66 39 40 montpellier.fr

Les Eaux Primordiales 1/3, 2018 acrylique sur toile ‌100 x100 cm © danielesanchezdsz

Andrea Olga Mantovani Géographe de formation, Andrea Olga Mantovani a travaillé pendant 6 ans sur les problématiques environnementales et sociales. L’image étant un instrument de témoignage incontournable, elle décide de devenir photo- graphe professionnelle en 2015. C’est ainsi le plus important combat écolo- giste d’Europe qu’elle a couvert en Pologne dans la forêt de Bialowieza (187 procès de 2016 à 2018), dont elle rapporte des images plus allégoriques que documentaires, avec un sens de la composition qui porte singulièrement la lutte dans les imaginaires. A.Z.

Le chant du cygne 17 janvier au 11 avril

Maison de l’Image Documentaire, Sète Performance réalisée par Andrea Olga Mantovani dans une zone déforestée de la forêt de 04 67 18 27 54 la-mid.fr Bialowieza. À travers cette installation, elle souhaite interpeller l’opinion publique sur le fait que le bois de Bialowieza termine commercialisé en palette sur le marché européen. Bialowieza, Pologne, Septembre, 2017. © Andrea Olga Mantovan 96 arts visuels

auréat du programme de résidence Calanques, territoire Entre deux eaux de sciences, source d’inspiration lancé en 2018 par trois L structures partenaires*, l’artiste rennais Nicolas Flo’ch croise pratique artistique et travail de recherche en fixant Nicolas Floc’h ouvre un nouveau champ de par l’image « un état zéro des paysages en 2019-2020 en sui- la photographie du paysage en s’immergeant vant l’ensemble du trait de côte dans la zone du Parc natio- nal des calanques ». Et inscrit son œuvre dans l’histoire de la dans la grande bleue sculpture, de la peinture monochrome, de la photographie et de la science. 162 kms parcourus en palmes et quelque 30 000 images plus tard font de son protocole au long cours une expérience unique et le résultat « une sorte de condensé, de laboratoire de ce que l’on trouve à grande échelle » en Méditerranée. Car, outre son « émerveille- ment face aux paysages sous-marins et son effroi face aux changements », l’artiste mesure l’originalité de son travail sur la photographie de paysage, plus particuliè- rement sur les fonds marins qui sont « un non sujet ». Une affirmation a priori péremptoire mais, à la lecture de l’ouvrage Paysage cosa mentale, le renouvellement de la notion de paysage à travers la photographie contempo- raine de Christine Ollier, force est de constater que cet entre ciel et mer photographique ne ressemble à aucun autre. Que sa pratique documentaire (espaces réperto- riés et cartographiés point par point) se double d’une démarche conceptuelle proche de celle du britannique Hamish Fulton dont les « images simples, souvent en noir et blanc, rapportent ainsi l’expérience autant phy- sique que mentale de son immersion dans la nature, la photographie intervenant comme acte mémoriel d’une mobilité vécue ». Sauf que Nicolas Flo’ch va encore plus Serie Invisible © Nicolas Flo'ch

Vendôme au féminin À Aix-en-Provence, six artistes connectés sortent du plan pour devenir de leur travail protéiforme. Ainsi Ma- sculpture ! D’autres composent des en- rie Ducaté révèle des aquarelles réali- retrouvent le chemin du Pavillon sembles à travers une sélection person- sées en 2018 et 2019, aux motifs raffinés de Vendôme qui, visiblement, ne nelle de pièces donnant à voir une face (fleurs), à la ligne fluide et aux couleurs

cesse de les inspirer Oeuvre de Nadine Lahoz-Quilez © Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence

n écho aux œuvres de la collection du Pavillon de Vendôme, six femmes E imposent leurs styles dans les sa- lons de l’hôtel particulier. Certaines au travers d’un geste, comme Dominique Castell qui déploie à l’aplomb du mur le dessin sur papier noir Elle se préci- pita dans les bras de son amant dessi- nant « un paysage incertain et vibrant ». Ou Nadine Lahoz-Quilez dont la série Métamorphose du déploiement où nul ne sait que peut le corps vole en éclats et laisse au sol les résidus de sa matière première (encre, silicone, fil) : 24 dessins dont les traits, lignes, tâches, bordures 97 loin, déplace le regard, ni dominant ni dominé par son sujet, pour le situer vers 3 ou 4 mètres en dessous de la ligne de flottaison : le résultat offre des images abyssales sans qu’il ne plonge dans les abysses, abstraites malgré un thème documenté (récifs, plantons, Sea, surf and sun éboulis, failles), lunaires bien que liquides. Rien d’étonnant si cette série intitulée Invisible fait perdre pied au spectateur. urfeur un jour, surfeur toujours ! Olivier Millagou n’en démord pas qui, à chaque invitation, expose une, voire Immersion - représentation Splusieurs planches, et crée en 2018 Miki, une sculpture Nicolas Flo’ch n’a pas attendu 2018 pour focaliser son travail sur la surfable en pain de mousse polystyrène latée, peinture acry- représentation des habitats et du milieu sous-marin, démarrant en lique, fibre de verre, résine et bois. Ce sport de glisse lui colle 2010 un processus de recherche en trois étapes. La première fut la à la peau au point qu’il intitule sa carte blanche à la Villa Ta- création de « sculptures-structures en mouvements » qui, une fois maris « Wild on the Beach » et son exposition monographique déposées au fond de l’eau, sont envahies par l’écosystème : « je les à La Friche « For Those Who Think Young, Surfin’ & Skatin’ compare souvent à des ruines inversées car on est dans une relation High & Twistin’ Wild & Feelin’ Wonderful ! ». Le problème différente avec la nature ». La deuxième fut le travail en profondeur avec l’artiste, également professeur à l’ESADTPM à Toulon, sur les habitats naturels : roches, algues, sable, coraux, « tout ce c’est qu’en détournant le slogan choisi par Pepsi en 1961, en qui est structurant, notamment la masse d’eau bourrée de vies ». La éprouvant les clichés sur les Beach Boys, en noircissant la troisième est la recherche sur la couleur de l’eau et sa relation au carte postale californienne, sa production use des mêmes co- monochrome. Loin, donc, du formatage de ce que la photographie des. Et les membres de sa tribu (ses « camarades de vagues ») sous-marine véhicule facilement, avec sa faune et sa flore aux cou- conviés à La Seyne également : cimaises ripolinées de cou- leurs chatoyantes. Loin de la carte postale comme en témoignera leurs vives, création sonore omniprésente, Wall Painting, sa prochaine exposition au Frac en juin 2020. porte de frigo maculée d’autocollants, pochettes de vinyles MARIE GODFRIN-GUIDICELLI cachetées San Francisco ou Nashville, lettres d’enseigne en néon, déclinaison de surfs canadien, surf splash, planche à * Parc national des calanques, Fondation Camargo, Observatoire ramer en canne de Provence… Les titres aussi signent leur des sciences de l’univers-Institut Pythéas (Aix-Marseille université, appartenance à la famille qui se déchaine sur la vague : The CNRS, IRD), avec le soutien du ministère de la Culture Sunset Trip de Nine Antico ou encore Le surf change le monde de . Quand ce n’est pas le surf, c’est le Fondation Camargo, Marseille Gibus de Soultrait camargofoundation.org skate, là encore objet symbole de la société américaine, oi- sive, consumériste, frondeuse, libre ! Au Panorama, il em- prunte à sa série « Skate Paintings » quelques exemplaires réalisés à l’acrylique, la gouache et le stylo bille, faisant du contreplaqué sa planche de salut. Bref, on ne sait jamais où l’artiste, pétri de la culture américaine des années 60/70, se situe objectivement : on le sent tout autant fasciné que dé- senchanté, acteur et observateur, laudateur et contempteur. M.G.-G.

e pastel en parfaite résonance avec le plafond peint du XVIII siècle Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer représentant Flore ; ainsi Clémentine Carsberg détourne et réin- jusqu’au 2 février terprète l’eau-forte Allée bordée d’arbres de J. Baron, quitte à faire 04 94 06 84 00 villatamaris.fr disparaître certains éléments ou personnages originels derrière des formes en « chapeau chinois ». D’autres enfin développent un Panorama, Friche la Belle de Mai, Marseille corpus comme elles ouvriraient la boite de Pandore sur leur vaste jusqu’au 23 février 04 95 04 95 94 lafriche.org univers : en osmose avec les murs tendus de toile rouge et blanc, l’œuvre polymorphe de Sophie Menuet trouve sa juste place, notam- Exposition It's Wild on the Beach (detail), Villa Tamaris, 2019 © M.G.-G./Zibeline ment la pièce Maille Velours acquise par la Ville d’Aix et agrémen- tée d’une vingtaine d’œuvres issues de son atelier. Karine Debou- zie réunit un ensemble de sculptures, dessins, photos et peintures traversés par le trait, la ligne et la couleur jaune autour de la ques- tion de « mise en espace, de perception, d’échelles ». Seule artiste à n’avoir encore jamais pris possession des lieux, elle sera invitée en solo show au printemps 2021 et transformera très certainement ce coup d’essai en coup de maitre… M.G.-G.

Elles reviennent ! Exposition présentée dans le cadre de la Saison du dessin jusqu’au 1er mars Musée du Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence 04 42 91 88 75 aixenprovence.fr 98 livres Réconciliation

es Anciens ont su de- l’histoire de ses grands-parents mater- Livre puis toujours déve- nels, puis celle de leur fille, retrouve des du mois Llopper l’agriculture lettres jamais envoyées qui lui étaient en profitant des terres brû- destinées, scrute les rares photographies, lées, transformant ainsi une catastrophe cherchant des indices. Ces photos sont en source de vie. Il en est de même pour reproduites dans le livre, les dates cor- nos chagrins et blessures qui peuvent respondent : c’est bien à une autofiction entrainer de nouveaux élans. C’est d’une que se livre Paula Vézac. Le style est sobre, telle expérience que nous parle Paula Vé- se rapprochant du constat clinique et zac dans un premier roman saisissant. détaché, mais l’émotion surgit parfois Après la mort de sa mère, la narratrice en vagues déferlantes, quand la narra- se replonge dans les souvenirs de son trice entrevoit des significations qui lui enfance et cherche à retrouver et sur- avaient échappé, confrontant ce qu’elle tout à comprendre une mère qu’elle avait découvre avec ses souvenirs. « Oublieuse délaissé et fuie. Le 11 février 2016, cette mémoire », disait Éluard. Au-delà des femme de 61 ans a été retrouvée morte mariages ratés, de l’alcoolisme et de la dans son lit, suite à un incendie. On ne drogue, sa mère l’aimait ; au-delà de la saura pas avec certitude s’il s’agissait femme qui ne rentrait ni dans les cases mort, la réconciliation est possible. La d’un suicide… La brutalité de cette mort ni dans les clous », était à la fois cultivée, fille peut alors construire sa propre vie. jette la narratrice dans la sidération, puis artiste, folle, toxicomane. Confrontée à CHRIS BOURGUE dans le remord. Obligée de vider l’ap- un amas de souvenirs, sa fille se livre à partement de sa mère, elle se livre à un une « enquête » : c’est le titre de la deu- Terre brûlée Paula Vézac travail de tri pour comprendre « cette xième partie du récit. Elle remonte dans Le Rouergue-La brune, 18,80 €

Rue Erlanger… Prédestinée ?

ans le genre bras cassé, Populaire Indépendante. Pris dans le la rue Erlanger dans le XVIe arrondisse- Livre Gérard Fulmard est tourbillon des guéguerres intestines, il ment de Paris, tristement célèbre pour du mois Dl’anti héros rêvé : un devient homme de main manipulé et le suicide de Mike Brant en 1975 et le passé des plus douteux où plutôt… piteux. Dans le dernier roman de « Japonais cannibale » de 1981. Même si, une de ses « grosses boulettes » lui vaut Jean Echenoz, on est pris dans l’ivresse à force d’être dérouté, l’on reste parfois une interdiction de vol - quand on est du verbe, des détournements ubuesques, sur sa faim, on se réjouit volontiers de steward, c’est plutôt fâcheux - et une des fausses pistes narratives et du rythme ce guet-apens littéraire élégant et dé- obligation de soins psychiatriques. Un haletant. Une intrigue en chasse une autre sinvolte. Dans ce polar, pseudo roman présent guère plus cré- et les personnages foi- d’espionnage, le personnage central est dible où il s’improvise sonnent, multipliant finalement le style : familier, élaboré et détective : dixit « Ca- les points de vue. Les cinématographique. binet Fulmard assis- scènes déjantées se MARION CORDIER tance Renseignements, succèdent dans une Litiges et Recouvre- atmosphère et un ments, promptitude style punks « façon et discrétion ». Sa petite Manchette ». Frag- entreprise le conduit ment de satellite so- insidieusement dans viétique projeté sur les méandres d’une un centre commer- organisation poli- cial, fausse scène de tique mineure - non crime, faux enlève- sans rappeler un cer- ment, meurtre com- tain parti d’extrême mandité et… rue pro- Vie de Gérard Fulmard Jean Echenoz droite : la Fédération pice aux faits divers : Les Éditions de Minuit 18,50 € 99

Livre Les deux fauves du mois

epuis son combat avec un ours, haletant. De ceux qui laissent des traces métabolisme est devenu « un territoire deux fauves cohabitent dans le chez le lecteur. où des chirurgiennes occidentales dia- Dcorps de Nastassja Martin. Le Le second fauve est un ours russe sur loguent avec des ours sibériens ». premier rugissait dès le chemin duquel elle Quand le bloc soviétique s’est émietté, les l’origine en elle, il a s’est trouvée en août Évènes sont retournés dans la forêt, re- poussé cette jeune an- 2015. Il lui a arraché trouver les voies de leurs ancêtres. Mais thropologue, formée une partie du visage, partout dans le monde, les écosystèmes par Philippe Descola, elle lui a planté son s’effondrent, et le leur ne fait pas excep- toujours un peu plus piolet dans le flanc. tion. Simplement, constate l’anthropo- loin sur les terres Le surnom de Nas- logue, « ce qu’il y a à Tvaïan, c’est qu’on glacées de l’Alaska, tassja Martin chez vit consciemment dans ses ruines ». Là puis du Kamtchatka. les Évènes, ses hôtes, où deux fauves peuvent - encore - se Une colère puissante, est Matukha, l’ourse. rencontrer. souvent retournée Elle est « miedka », GAËLLE CLOAREC contre soi en mélan- celle qui a survêcu à colie, sourd de toutes la rencontre, marquée les pages de son ré- à jamais. D’une nature cit. Quintessentielle double, la bête ayant Croire aux fauves Nastassja Martin vitalité de l’écriture pénétré son corps et Éditions Verticales, 12,50 € autobiographique : en ses rêves. Rapatriée Mention spéciale pour l’auteur de la n’écrivant que ce qui compte, on nourrit en France, à la Salpêtrière elle se sent magnifique illustration de couverture, le texte de la chair de sa vie. L’auteure a « comme un animal sauvage qu’on au- Emmanuel Cerdan, directeur des Beaux- beau être universitaire, c’est là un splen- rait attrapé et placé sous un néon bla- Arts de Briançon : sa capacité évocatrice dide essai de littérature, bref, dense et fard afin de l’observer à la loupe ». Son participe pleinement au plaisir de lecture.

Peau d’ours

ans la gueule de l’ours pour entraîner les amateurs jusqu’au final flammes dévorer les frondaisons géantes. » Livre est un livre qui ne se fait pétaradant, mais l’intérêt principal est Toutes ses réflexions sur la porosité de du mois Dpas immédiatement tré- ailleurs. Il permet de saisir la brutalité la vie sauvage et de la vie domestique pidant. James McLaughlin prend de la mondialisation sont au cœur d’un le temps d’installer une atmosphère, dé- qui ravage le vivant puissant courant in- trompant en cela les préjugés que l’on sur toute la planète. tellectuel contempo- peut entretenir à l’encontre des thrillers Appâtés par le marché rain qui analyse la re- américains. Il décrit des espaces naturels asiatique, des bracon- lation homme-nature qu’il connaît bien, ayant grandi dans les niers dépeuplent la fo- avec un œil neuf (lire montagnes de Virginie, et l’étonnante bio- rêt de ses ours noirs, ci-dessus). Sur le site diversité d’une réserve naturelle privée. dont ils vendent la bile de James McLaughlin, La forêt primaire, « gigantesque bête verte à prix d’or. Le héros, on apprend qu’il ré- en train de rêver », est le refuge de son pessimiste, estime dige actuellement héros, ancien étudiant en biologie ayant que la réserve de Turk deux romans reliés fricoté de trop près avec les sicarios d’un Mountain, intacte de- à Bearskin, titre ori- puissant cartel mexicain. Devenu gar- puis la dernière ère ginal de ce premier dien et ravi de son isolement, même s’il glaciaire, est vouée à tome. Ses lecteurs s’étonne parfois de se sentir « submergé disparaître. « Les sa- français auront hâte par une vague d’empathie inter-espèce » pins-ciguës s’en iraient de les découvrir. au contact de cette foisonnante faune et en premier ; les puce- GAËLLE CLOAREC flore, il va devoir réaffronter le houleux rons n’étaient pas en- monde moderne. core dans la gorge, mais ils arrivaient. L’auteur, essayiste et photographe, s’est Sans la protection permanente de la ca- Dans la gueule de l’ours livré à un juste dosage dans cette pre- nopée, le torrent se réchaufferait, la gorge James A. McLaughlin mière fiction : le suspense est suffisant deviendrait plus aride (…) Il voyait déjà les Rue de l’Échiquier Fictions, 23 € 100 livres

Livre Radiographie de la Chine du mois

e texte de Xu Zhiyuan, Étran- l’ouest, une immensité relativement in- guerre sino-japonaise aussi, qui « mar- ger dans mon pays, entre dans habitée ». On découvre paysages, villes, qua la fin d’un «sommeil de quatre mille Lla catégorie des grands récits de toutes clones les unes des autres dans ans». » Au cours de cette traversée, l’auteur voyage, fulgurant dans son approche, leur gigantisme, l’innombrable foule des rencontre, lors d’exaltantes discussions, multiple, fine, docu- barrages, la pollution une multitude de personnes, paysans, mentée, sensible et lu- citadine hors normes, ouvriers, patrons, étudiants, érudits, écri- cide. Il rassemble en les constructions par- vains, poètes… et nous donne de nouvelles dix chapitres une sé- fois absurdes, cités envies de lecture, Lu Xun, Qiu Jin, Qian rie de textes écrits sur entières sur des ter- Mu, Chen Danqin, Yu Hua… L’appré- une période de trois rains mouvants, lieux hension du pays passe par le regard des années, celles néces- abandonnés après une artistes, mais aussi par celui, extérieur, saires à la traversée « ruée vers l’or » ; Xu de ceux qui l’ont quitté quelques temps, de la Chine du Nord- Zhiyuan constate le filtre des littératures occidentales se est au Sud-Ouest, sui- avec amertume « une pose alors sur les faits, les mœurs, la vant une tangente qui contradiction irréduc- politique. New York se dessine, avec les partage symbolique- tible entre notre popu- silhouettes de Woody Allen, Andy War- ment le pays, entre lation trop nombreuse hol. On suit avec délectation le voyageur « Aihui à la frontière et nos ressources limi- dans ce texte foisonnant, fruit d’une ob- russe en Mandchou- tées ». Il apporte des servation aigue. Passionnant ! rie et Tchengchong, à précisions sur le passé MARYVONNE COLOMBANI la frontière birmane qui a modelé les ha- au Yunnan ». Le voya- bitants de la Chine : geur note que ce tracé correspond à « une « Nous tirons orgueil de notre longue his- ligne de démarcation géographique, côté toire, mais peut-être faut-il aussi mesu- Étranger dans mon pays Xu Zhiyuan, est, à peine 43% du territoire, mais qui rer l’inertie qu’elle suppose. ». L’ombre de traduit du chinois par Nicolas Ruiz-Lescot est occupé par 90% de la population ; à Mao Zedong reste fortement présente, la éditions Picquier, 20 €

Lorsque les héros manquent à l’appel

ans cette banlieue amé- pas le « profil » de son rôle, beau, brillant, Livre ricaine sans histoires, adulé, aîné d’une famille aisée et tran- du mois Dl’adjoint du shérif, Wayne quille. Un héros est trouvé mais n’a pas Chambers, la trentaine, vit de rou- survécu. La soif d’audimat retourne la tines aux côtés d’une mère qui le presse qui a épuisé toutes les ressources harcèle de coups de téléphone. Dans du pathos sur le survivant, celui qui n’est l’établissement scolaire du quartier, il pas intervenu, Wayne Chambers (dont effectue des rappels à la loi, dont le plus le prénom renvoie au monde du wes- grave, sans doute, concerne des adoles- tern et prend ici une saveur ironique). cents qui ont fumé en cachette. Bref, tout Une émission est créée, « Guilty or not est paisible jusqu’au jour où se produit guilty », les téléspectateurs sont invités l’impensable : des coups de feu reten- à voter, les thèses s’échafaudent… Entre tissent au bâtiment D du lycée et Wayne, l’héroïsation qu’exige l’Iliade homérique responsable de la sécurité, se précipite, et la fable de la Fontaine, Les animaux mais reste figé à l’entrée, tétanisé, blo- malades de la peste, le procès est ronde- qué dans les protocoles, « code rouge », ment mené, sous la plume alerte, lim- « attente des renforts », la panique le pide de Boris Marme qui avec maestria gagne, entrer, attendre que le tueur sorte nous fait réfléchir sur les modes de fonc- pour l’arrêter, protéger les fuyards qui armes, de ce possible fait divers. Rompant tionnement d’une société de l’instant et déboulent, bref, lorsque les forces de avec la tradition héroïque, il s’attache à un de l’émotion. police arrivent, tout est fini, quatorze personnage simple, que l’horreur para- M.C. adolescents sont à terre, dont le tueur, lyse. Par ce biais, il décortique avec une qui, masqué d’une tête de minotaure, a belle virtuosité le mécanisme des médias tiré sur ses camarades… Boris Marme qui se délectent de sensationnel. Le jeune Aux armes Boris Marme Zibeline s’empare pour son premier roman, Aux garçon qui a accompli l’inqualifiable n’a éditions Liana Levi, 19 € pour sortir malin et penser la vie ABONNEZ-VOUS ! Tarifs d’abonnement et d’adhésion

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e roman de Njabulo Nde- la diversité des peuples hommes ». Elles en ap- Livre bele, Le Lamento de Winnie d’Afrique du Sud. Le dé- pellent à Winnie Man- du mois LMandela, est dédié à Sarah part de leur époux, leur dela, celle qui a dû at- Baartman (1788 ou 1789 - 1815). absence, les renvoie au tendre « en public », qui, Cette femme, réduite en esclavage fut sort de Pénélope : « Pri- pour ne pas subir la vio- exhibée en Europe et connue sous le sur- sonnière d’une règle so- lence, l’a incorporée. Pas nom de Vénus hottentote. Symbole de la ciale, une femme doit de jugement, mais un manière odieuse dont des êtres humains faire montre à l’égard message de dignité : furent traités, et de la revendication par de son mari, quel qu’il « notre liberté doit main- les peuples autochtones de la restitution soit, d’une loyauté sans tenant libérer nos dons ». de leurs biens culturels disséminés dans faille. » Aussi, « notre Pénélope elle-même ap- les musées du monde entier, elle est un Pénélope n’est pas for- paraît in fine, cherchant bel exergue pour un ouvrage qui évoque cément admirée pour à libérer les femmes de le sort et le statut des femmes. En scène, elle-même. Elle est ma- la figure archétypale que elles sont quatre, sud-africaines, aban- gnifiée comme l’incarna- son histoire a imposée… données par leurs maris pour un travail tion de la vertu féminine Un roman polyphonique lointain, des études, le militantisme an- qui apporte le réconfort où tragédie et humour ti-apartheid, la prison ou des propensions aux hommes, apaisant se mêlent en un chant volages. Mannete, Deli, Mamello, Mara, leurs craintes et dorlo- universel. se réunissent en une ibandla, association tant leur orgueil ». L’auteur, en convo- MARYVONNE COLOMBANI baptisée avec espièglerie la « congréga- quant ces quatre archétypes de femmes tion des femmes qui attendent », là, au- de l’Afrique du Sud, rend hommage à Le Lamento de Winnie Mandela tour d’un thé, elles se racontent, nourris- « ses millions de descendantes qui pendant Njabulo Ndebele, traduit de l’anglais sant leurs propos d’expressions de leur plus d’un siècle, ont été mises à l’épreuve, (Afrique du Sud) par Georges Lory langue d’origine et donnent à entendre assistant impuissantes au départ de leurs Actes Sud, 22 €

Livre Au temps des deux saisons du mois

ntreprise d’historien et de cher- saisons étaient liées aux termes de « re- au filtre de sa propre culture, rapproche cheur tout autant que d’écrivain, nouveau » et de « déclin » ; appellations les protagonistes des personnages de EPetites Chroniques des Printemps qui marquèrent aussi la manière d’ap- Shakespeare ; certains règnes semblent et Automnes de LI préhender l’histoire réaliser l’idéal platonicien d’un État régi Jingze « est l’histoire de et la succession des par les philosophes ; des êtres à l’infi- l’anéantissement d’un évènements. Parmi les nie cruauté sont analysés avec les mots ordre ancien et de la historiographes, a été d’Hannah Arendt à propos d’Eichmann, naissance d’un monde retenu le nom de Zuo puis contredits par le jugement d’Isaiah nouveau » ainsi que le Qiuming, comparé à Berlin. On suit les trahisons, les com- précise l’auteur dans Homère, car aveugle, plots, les calculs, les alliances, les para- son indispensable mais aussi grâce à son doxes de la renommée… La civilisation préface. Il y indique écriture puissante. Na- chinoise puise ici ses racines : en -656, les circonstances de quirent à cette époque la négociation entre Guan Zhong et les l’écriture de ces chro- Confucius, Lao-Tseu, gens de Chu qui acceptent de lui livrer niques qui évoquent Mo-Tseu… Ces ré- des bottes de joncs « prend un sens décisif. l’antiquité de la Chine cits sont considérés Fondamentalement, elle institua la nature (722- 468 avant notre comme fondateurs de de la Chine, (…) un ensemble solide lié par ère). À l’époque, les la Chine : marquant la son identité culturelle. » Passionnant ! historiens chinois (des transition entre ordre M.C. fonctionnaires du pa- féodal et ordre impé- lais) consignaient les rial, ils rapportent les annales historiques vies des douze princes Petites chroniques des printemps et automnes sous le titre générique de « printemps de la dynastie des Zhou du royaume de Lu LI Jingze, traduit du chinois par Hervé et automnes », l’été et l’hiver n’avaient (dans la province actuelle du Shandong) Denès en collaboration avec Jia Chunjuan pas encore de nom, et les deux autres et l’auteur les passe en neuf chapitres éditions Picquier, 19,50 € 103 Simples mortels

arcus Malte n’en des existences qui se croisent, parfois se Livre finit pas de sur- rencontrent. On trouve tout sur cette au- du mois Mprendre. Et de toroute, en ce lundi 6 août : un débiteur construire une œuvre aux compulsif et un autostoppeur qui traîne multiples facettes. Après sa valise à roulettes et sa pancarte mar- les romans noirs de ses débuts, après quée « ailleurs » ; une femme d’affaires la splendide fresque Le Garçon (prix Fe- cynique et une serveuse pleine de foi ; mina 2016), voici Aires ou La vie des gens un couple qui se délite et un autre qui se avant le Jour d’après. Cette chronique tient la main ; il y a même un serial kil- du temps des automobiles et des aires ler… L’autoroute comme microcosme ; d’autoroutes (chronique de notre temps comme métaphore de nos existences donc) se présente comme le récit livré qui foncent dans le mur, du caractère à d’« hypothétiques graduates » par un éphémère de notre passage sur terre. narrateur (professeur ? chercheur ?) du Les habitacles comme autant de bulles futur. Un qui s’est penché sur une ère de solitude. Sur cette époque que le nar- depuis longtemps révolue, et sur ceux rateur initial « considère comme le début qui vivaient en ces temps-là, ceux qui de la fin », Malte livre un constat sans « par leur insouciance meurtrière […] années 2000, l’été caniculaire, l’autoroute complaisance, que son humour un brin nous ont contraints à demeurer sans fin et des gens dans des véhicules. En tête cynique, souvent potache, allège heu- sous une cloche étanche. […] réduits à de chaque chapitre, les caractéristiques reusement. Car on sourit beaucoup en contempler au-dessus de nos crânes les techniques de chacun desdits véhicules. lisant Aires. On rit aussi. Jaune ! nues saturées de pollen humanicide. » Et dans chacun de ces véhicules, un ou FRED ROBERT Après un prologue étrange, truffé de néo- deux personnages, et leur vie qui se dé- logismes (Malte s’essaierait-il à l’uchro- roule comme le ruban de bitume sur Aires Marcus Malte nie ?), retour à des repères familiers : les lequel ils roulent. Des parcours divers, éditions Zulma, 24 €

191209_TYPON ZIBELINE 100X140.indd 1 06/01/2020 17:36 104 littérature

Livre Famille, je vous aime du mois

e titre original en anglais du der- un peu perdue, se souvenant par bribes nier texte de Leah Hager Cohen de l’incendie qui a emporté des enfants Lest Strangers and Cousins ; sa tra- de la petite ville lors d’une fête dans les duction en français, Des gens comme années 20. Ce huis clos festif, emprunt nous, trahit quelque peu la substance d’un désordre joyeux (le jardin et l’inté- du roman. L’action, la trame et l’archi- rieur de la maison) résonne comme une tecture du texte reposent sur le compte sorte de monde burlesque parfois, ouvert à rebours de cinq jours d’un mariage et plein de tendresse mais tiraillé par ses chez les Blumenthal à Rundle Junction, contradictions. Au-delà de la demeure dans l’état de New York ; chaque jour- familiale : la société américaine et celle née constituant un chapitre du livre, qui notamment des frictions communau- s’achève sur un « nocturne », sorte d’ode à taires. Le monde qui change. Ainsi un la lune annonçant la suite, le lendemain. lotissement réservé aux haredim semble- Le mariage est un de ces évènements t-il menacer les habitudes de vie de Run- majeurs dans la vie des familles qui réu- dle Junction et celles de la famille « plu- nit la parentèle comme celle des cousins tôt juive » que forment les Blumenthal/ mais aussi les étrangers. Clem, fille aînée Erlend, qui ne sont pas du tout religieux. de Walter et de Bennie, doit épouser sa Mais tout évolue et la vie doit continuer petite amie afro-américaine, Diggs, ren- autrement après les incendies. contrée à l’université. À cette occasion, plusieurs générations. Faute d’argent, MARIE DU CREST les membres de la famille (les parents et elle risque d’être vendue. Les divers invi- leurs quatre enfants, Clem, Tom, Mantha tés entrent en scène au fil des chapitres. et Pim ainsi que des oncles, cousins,...) et Chacun, dans une belle fluidité narra- les invités , les étrangers, se retrouvent tive, retrace des moments de sa vie, de Des gens comme nous Leah Hager Cohen dans la maison déglinguée où ont vécu son passé à l’instar de Glad, vieille dame Actes Sud 22,50 €

Les deux font le père

égis Jauffret vient de pu- d’images extraites d’un documentaire, pour son enfant unique un père insai- Livre blier Papa, roman. Cer- La police de Vichy. La séquence filmique sissable sentimentalement. L’entreprise du mois Rtains lecteurs verront dans est une scène d’arrestation par des ges- de l’auteur semble bien être de donner ce texte, hâtive- tapistes, d’un homme vie à un personnage livresque, de « re- ment sans doute, une (Alfred), devant l’im- créer un géniteur » comme si l’essentiel manière de biographie meuble des Jauffret, 4 se jouait précisément dans un projet non (celle d’Alfred, le père rue Marius-Jauffret, à pas de confession à la Rousseau mais bien de l’auteur) ou d’auto- Marseille en 1943. Ce dans un appel à l’imaginaire poétique. biographie évoquant la document fonde la Comme le montre ce passage inventé généalogie familiale description littéraire et très beau, mis en roman : une virée à des Jauffret jusqu’à Ré- et son récit-enquête Morgiou entre « hommes » (Alfred et Ré- gis, lui-même père de dans les premières gis), en l’absence de la mère, où le plaisir Marius et de Fabiola. pages et va innerver, de rouler sur un deux-roues ensemble, Ce serait faire fausse par des retours suc- de nager, d’apprendre à plonger et de pi- toute tant Jauffet a, cessifs, la suite du ro- que-niquer réalise enfin l’amour filial et dans son œuvre, pensé man. Il s’agit de litté- paternel. Tout le roman, en quelque sorte, ce qui fait réel et ce qui ralement tisser, autour tend vers ce seul mot PAPA qui fait titre fait fiction sans jamais de cet épisode dont le et excipit : mot parfait de l’enfance, de les dissocier : La réa- personnage principal la tendresse intime et premier phonème lité justifie la fiction, n’a rien dit et que les redoublé de l’existence que Régis Jauf- écrit-il en exergue du recherches de l’auteur fret célèbre au champagne. livre. Le fait divers par exemple a nourri ne parviendront pas à éclairer, le des- MARIE DU CREST certaines de ses œuvres comme Claustria tin d’Alfred. Il s’agit d’écrire et d’écrire ou Sévère. Le point originel de ce texte-ci encore « cette zone blanche » autour d’un Papa Régis Jauffret est la découverte, en septembre 2018, homme sourd au monde et qui demeure Seuil 19 € 105 Souffles de poésie sur Maupetit Une année de centenaire clôturée en beauté et en poésie grâce aux Souffleurs Commandos Poétiques, qui ont investi tout un samedi la librairie de La Canebière

ls sont cinq, tout de noir vêtus, qui se meuvent en si- les promenades littéraires emmenées par Christine Breton lence, lentement. En main, de grands parapluies et des entre la librairie de La Canebière et celle du Mucem. Autant Iéventails, noirs aussi, comme est noire la longue canne de façons de diversifier l’accès au livre et à la lecture. Et de creuse qui conduira les vers qu’ils chuchotent jusqu’au creux partager, en particulier avec ceux que l’on nomme pudique- de votre oreille, jusqu’au plus profond de vous. Pratiquer ment les publics empêchés. « l’art contre le divertissement, l’essentiel contre le stratégique et le jubilatoire contre le conventionnel », voilà l’objectif de ces Bien plus qu’une librairie souffleurs de mots qui entendent user sans mesure de leur À ce titre, l’engagement de la librairie est certain, même si « droit d’irruption poétique ». Et c’est ce que justement ils font Damien Bouticourt et Virginie Jonquet reconnaissent qu’il y aujourd’hui, dans une librairie pleine de tous ceux qui ont eu aurait encore beaucoup à faire. L’action entreprise auprès de la bonne idée de venir ache- L’Abri maternel, grâce entre ter des livres pour les offrir à autres à Corinne Esparon Noël. Et tous - du vieux mon- (bien connue des enfants qui sieur à la petite fille - prennent fréquentent Maupetit sous le quelques minutes pour se lais- nom de « Corinne la lectrice »), ser murmurer des bribes de a permis à ce lieu d’être doté poésie. Hugo, Rilke, et surtout d’une véritable salle de lecture beaucoup de poètes contem- et d’un fonds plus conséquent porains : Jaccottet, Jamme, de livres jeunesse. Cette « opé- Bianu, Siméon (l’instigateur ration Centenaire » a également du Printemps des poètes) et fait changer le regard de cer- bien d’autres. Une pause hors tains éditeurs sur la librairie, ce du temps, rien que pour soi… qui a favorisé l’organisation de un vrai cadeau du jour. Et une quelques grandes rencontres. très jolie façon de conclure le Sans compter que cette année centenaire de Maupetit. très spéciale a encouragé toute Un centenaire qui a commencé l’équipe à réfléchir à de nou- en janvier dernier et s’est ar- velles manières d’animer le ticulé autour de trois temps lieu, car il est évident qu’au- forts, et de trois verbes por- jourd’hui une librairie n’est teurs : créer, partager, s’enga- plus seulement un espace plein ger. Damien Bouticourt avait de livres à acheter. largement évoqué cette orga- Et pour 2020, Damien Bouti- nisation (lire journalzibeline. court et son équipe adoptent fr). À l’issue de cette année, le une nouvelle ligne de conduite : directeur de la librairie et sa développer les ateliers d’écri- collaboratrice Virginie Jonquet ture (qui rencontrent déjà un ont toutes les raisons d’être sa- © F.R beau succès) ; ne pas multi- tisfaits, même s’ils sont loin d’avoir pu réaliser tous les projets plier les rencontres littéraires (« une seule grande rencontre qu’ils avaient en tête (le plus souvent pour des questions de par mois » serait plus indiquée, et sans forcément « coller budget). Vingt-cinq événements dans et hors de la librairie, à l’actualité ») ; continuer à profiter du bel espace à l’étage ce n’est tout de même pas si mal. En dehors des rencontres pour proposer, huit fois dans l’année, des expositions pho- habituelles avec un auteur et une œuvre, la librairie a mis l’ac- tographiques de qualité. De quoi voir venir pour les cent pro- cent en 2019 sur des rencontres thématisées (autour des no- chaines années… tions de manuscrit, de texte numérique ou autour de genres, FRED ROBERT comme la BD ou la littérature jeunesse), ou sur des formes différentes, comme les lectures théâtralisées (deux ont eu Les Souffleurs Commandos Poétiques étaient invités à lieu aux Bernardines), musicales, dont celle proposée par la la librairie Maupetit (Marseille) le 14 décembre, dans le marraine du Centenaire, la romancière Valentine Goby, ou cadre de la fête de clôture du centenaire du lieu. 106 CD

Du lyrisme russe

n tend parfois à oublier tout ce que le mo- mais aussi de Schnittke, est évidente. Mais le lyrisme de CD dernisme musical des années 1920 doit à la Tchesnokov, qui sait en quelques traits convoquer le propre du mois ORussie. Grand bien en a donc pris à Sarah de la tragédie, semble n’appartenir qu’à lui. À l’intensité du Nemtanu et à Bastien Stil d’enregistrer, avec « Largo » succède un « Intermezzo » qui troque le déchirement l’Orchestre symphonique national d’Ukraine, un opus dé- du premier acte contre une sensibilité plus contemplative. Le dié à cette empreinte esthétique. Le disque « Finale », plus tonitruant, fait la part belle s’ouvre sur la Ballade opus 24 de Boris Lia- à un violon dansant, presque bartokien. tochinski. Composée en 1929 et réorches- Peu semble séparer ce très bel opus de la trée par Dimitri Tchesnokov. L’ostinato Symphonie n°1 de Dmitri Chostakovitch rampant, chromatique, est conservé ; le qui suit, composée pourtant quatre-vingt- métallique des graves s’enrichit de jeux de dix ans plus tôt. Les solistes s’y expriment grains propres aux cordes, la montée en tour à tour dans un flou rythmique alors puissance se fait au son de percussions sa- inédit. Les vents sont ici encore plus outrés, vamment agrégées. Quand un souffle stra- burlesques. La lecture de Bastien Stil n’opte vinskien semble s’installer, une excursion heureusement pas pour la distanciation, et plus tendre, plus lyrique, se fait entendre. s’imprègne de la volubilité dramatique de La transition avec le Concerto pour violon l’opus précédent. On ressort de l’« Allegro et orchestre opus 87 de Tchesnokov est par- molto » final ébranlé. faite. Commandée par l’orchestre créé en 2015 par Sarah SUZANNE CANESSA Nemtanu, la pièce s’inscrit dans le sillage de cette expressi- vité picturale et narrative : le violon désarticule savamment son bourdonnement en demi-tons et doubles cordes ; l’or- Modernisme Bastien Stil, Sarah Nemtanu & chestre, bloc impassible, lui fait face, instille des harmonies Orchestre symphonique national d’Ukraine tour à tour fluides et inquiétantes. L’influence de Scriabine, Klarthe Records, 15 €

Totem Sismic

l manquait une corde à l’arc de Manu Thé- répondre, le kan ha diskan, de tradition bretonne. Mais les CD ron (Gacha Empega, Lo Còr de la Plana, Sir- influences de Totem Sismic sont autant d’incursions dans les du mois Iventés...). Celle de mener le bal. Et comme le musiques traditionnelles et urbaines, tribales et électro. On Marseillais raffole des défis y croise une testeuse malgré elle de fa- collectifs incongrus, il réunit trois com- rine stupéfiante, une bergère courtisée, plices parmi les plus inventifs de ceux que un clin d’œil au mariage pour tous et une comptent les musiques occitanes, pour Polkamploa à donner envie de rester au former un quatuor joyeux et débridé, dé- RSA. Depuis plusieurs années, Polifonic nommé Polifonic System. On connaît System envoie valses, polkas, farandoles, Henri Maquet pour ses travers camar- rigodons et bourrées sur les scènes sau- guais à fabriquer des sons iconoclastes à vages, de troquets en carnavals. Il ne res- partir d’instruments et machines de tous tait qu’à graver l’aventure sur disque, ce à genre. Il retrouve ici ses doubles flûtes et quoi les invitera la Compagnie du Lam- guitarrón de prédilection. Le Cévenol Clé- paro. Un exhausteur de moral. ment Gauthier taquine avec élégance la LUDOVIC TOMAS chabrette, ce modèle réduit limousin de cornemuse. La quatrième bouche n’est autre que le beatboxeur toulousain, Ange B, cofondateur des mythiques Fabulous Trobadors. Ici, le répertoire populaire Totem Sismic Polifonic System à danser est réinterprété, réinventé, à la manière du chant à Buda musique/Socadisc/Compagnie du Lamparo, 14,99 € cinéma 107 Vitrolles porte bien le noir Allez, on dévoile tout de suite le nœud de scènes de crime (8 février). Et le lendemain, un autre docu- mentaire, celui de Florent Vassault, nous emmènera dans l’intrigue : à Vitrolles, le festival Polar en les pas de Lindy Lou, jurée N°2 (2018) qui, 20 ans après, est encore rongée par la culpabilité d’avoir, avec les 11 autres ju- Lumières choisit cette année d’enquêter rés, envoyé un homme à la mort. Elle part à la recherche de ses anciens « collègues » de prétoire ; avec la rédemption au du côté du film judiciaire bout du chemin ?

ette belle fête du film (noir) organisée par le cinéma mu- Preuves à l’appui nicipal Les Lumières offre cette année encore une pro- De nombreux autres films complètent la programmation, des Cgrammation très bien étudiée, qui mêle classiques et noirs, des radiographies sociales ou politiques, des plein d’hu- nouveautés (avec quelques avant-premières) beaucoup d’in- mour, des thrillers, des reconstitutions fidèles : un cocktail vités, des rencontres variées. Au début de l’intrigue, un pre- plein de toutes les saveurs du polar, celui d’aujourd’hui, d’ici mier mystère sera levé, puisque les 36 membres du jury dé- et d’ailleurs, et de la grande période française du genre (celle voileront le nom du lauréat de la Gâchette d’or, prix littéraire des années 50/60). Quelques indices ? 9 mois fermes (Albert porté par les médiathèques de la ville. La compétition réunit Dupontel, 2013) et Au poste (Quentin Dupieux, 2018), pour des romans noirs, bien sûr, qui pour 2020 se focalisent sur l’humour et l’absurde. Le Procès pour le patrimoine (Orson le thème original et pertinent « La femme, héroïne du roman Welles, 1962, avec Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Romy policier ». Cinq titres (piochés dans une bibliographie qui répond aux critères de l’année, et donc pas forcément très récents) en com- pétition, dont Tout le monde te haïra (2016) de Alexis Aubenque, invité de la première rencontre du festival (4 février). Côté toiles, la question portera sur le genre, pointu et passion- nant, du polar judiciaire. En effet, la dramaturgie qui se développe dans les tribunaux est propre- ment cinématographique. Pour cette 11e édition de Polar en Lu- mières, ce qu’on appelle parfois le film de prétoire sera mis à l’hon- neur : une façon singulière d’ap- procher et de questionner la no- tion de justice. Dans ces scénarii Une intime conviction, d'Antoine Raimbault © Severine BRIGEOT très particuliers, le mystère est sensé être élucidé, l’histoire Schneider). Témoin à charge (Billy Wilder, 1957) pour le gla- commence au moment où le système judiciaire apporte une mour. Difret (2015) de Zeresenay Mehari pour élargir le re- réponse au drame. Un concentré de passions humaines... gard jusqu’en Ethiopie. Il y aura aussi une masterclass menée par Rabah Ameur- Accusé levez-vous Zaïmeche (qui présente son film Terminal sud, 2019), une Dans Une intime conviction (2019), projeté le 5 février, An- rencontre avec l’ancien chroniqueur judiciaire à France Inter toine Raimbault s’inspire des éléments du second procès Christian Bindner, une exposition de Mathias Gally, des- en appel de Jacques Viguier en 2010, accusé du meurtre de sinateur judiciaire, et la venue de l’une des grandes figures sa femme. Olivier Gourmet incarne son avocat, porté par la de loi françaises, doublée d’un ardant défenseur de la lutte certitude obsessionnelle de son innocence défendue par Nora contre les violences conjugales, Luc Frémiot. (personnage fictif joué par Marina Foïs). Les 7 et 8 février, Pour le reste, à vous de venir découvrir les derniers mystères... Ziad Doueiri viendra présenter L’insulte (2018) qui pousse ANNA ZISMAN Toni devant les tribunaux libanais (le lendemain, il introduira L’attentat, qu’il a réalisé en 2013). Les créateurs de la cultis- sime émission belge StreapTease (Jean Libon et Yves Hinant) Polar en Lumières seront là pour échanger sur leur premier long-métrage Ni 5 au 9 février juge, ni soumise (2018), qui suit une juge pas piquée des vers Cinéma Les Lumières, Vitrolles au cours de trois ans d’auditions, d’enquêtes, de visites de 04 42 77 90 77 vitrolles13.fr 108 cinéma Histoire d’un regard

n 2003, Mariana Otero enfance : une femme, une mère, la sienne, 6 jours dont la célèbre photo du Géné- Film avait fait Histoire d’un se- disparue, morte à la suite d’un avorte- ral Dayan, fleur à la main, des images du mois E cret, un film sur sa mère, ment clandestin, longtemps tu. Une photo d’un monde en guerre. Car Gilles Caron la peintre Clotilde Vautier. Son qu’elle connait depuis longtemps, celle de est sur tous les fronts, avec les soldats dernier opus, Histoire d’un regard, est né Cohn-Bendit en 1969, face à un policier, à Dak Nông, avec les prostituées viet- avec aux lèvres le sourire namiennes, avec les catholiques d’Ir- insolent de la révolte étu- lande du Nord, à Derry où il est parti de diante. Pour Mariana Otero, sa propre initiative et où Mariana, plus le désir de mieux connaitre de 40 ans après, retrouve des traces. Et cet homme qui a découvert aussi les photos qu’on a tous vues, les la photo en photographiant enfants faméliques du Biafra, les enfants sa fille et que Depardon a fait soldats du Tchad. Et au bout du voyage, entrer à l’agence Gamma. Un la planche blanche de sa disparition. À reporter qui, en 6 ans, a pris travers ces images et quelques entre- 100 000 photos argentiques, tiens, dans une mise en scène sobre et numérisées et rassemblées généreuse, Mariana Otero nous offre sur un disque dur. Un travail un portrait d’un homme passionné, un colossal que, patiemment, voyage dans le temps, l’Histoire et la © Jerôme Prebois - Archipel la cinéaste déploie devant mémoire, qui nous plonge dans une dé- du même désir : faire revivre un artiste nous, reportage après reportage, choi- licieuse nostalgie. exclusivement « à partir des images qu’il sissant, sur des planches contacts, telle ANNIE GAVA laisse » et cet artiste est le photographe ou telle photo qu’elle agrandit, affiche, Gilles Caron, disparu à trente ans au commente, nous faisant approcher, ap- Histoire d’un regard, de Mariana Cambodge en 1970. précier, admirer le travail de Gilles Ca- Otero (présenté en avant-première au cinéma Les Variétés le 14 janvier à C’est par hasard qu’elle découvre son tra- ron auquel elle s’adresse comme à un 20h) sortira le 29 janvier (1h33) vail et sa disparition, par un scrapbook proche. Les images de la jeunesse étu- À écouter sur WRZ : une interview offert par un ami. Un homme, un père, diante de 1968, une époque que sa mère de Mariana Otero deux petites filles. Comme en écho à son aurait pu vivre… Celles de la Guerre des

La Cravate lle est nombreuse voyant dans Ma- Film et familière, cette rine Le Pen le seul du mois E« foule de jeunes salut possible de la gens sympathiques » France ? Veut-on entrevue dans le JT et vraiment vivre avec sur les carrefours en période électorale. lui ses désillusions, Elle fut si rarement examinée qu’Etienne dont celle qui le ra- Chaillou et Mathias Théry ont voulu mènera à sa classe scruter d’un peu plus près. Certains vi- ouvrière quand les sages dépassent, se démarquent par leur meetings, rencontres et actions du parti membres plus « présentables » du parti candeur et leur impénétrabilité, là où les sont commentées, non sans ironie, avec en deviendront peu à peu les cadres ? sourires des professionnels manquent l’imparfait et le passé simple des fresques Le trouble que La Cravate suscite ré- cruellement de cette ingénuité. Entre le de grande ampleur. À cette progression side également dans l’ancrage profond, rictus de Florian Philippot et le sourire narrative du récit se confronte le com- irrationnel et possiblement indélébile figé de Marine Le Pen, le regard de Bas- mentaire du jeune militant, qui valide, de cette violence et de cette colère dont tien, sympathisant FN de la première ou non, les propos des réalisateurs. Porté Bastien ne saura jamais se débarrasser, heure, semble comme détaché, off. C’est par un désir assez déroutant de bien faire, parce qu’elle n’a pas d’issue. cette détresse-là que les réalisateurs sont il s’y oppose rarement, même lorsque SUZANNE CANESSA partis sonder, observer. Pour ce faire, l’ironie ou le malaise sont évidents. Le les auteurs de La Sociologue et l’ourson dispositif est d’une bienveillance parfois ont de nouveau misé sur la force roma- inconfortable vis-à-vis du jeune homme : nesque de la parole pour structurer leur veut-on vraiment partager les peines La Cravate, de Etienne Chaillou et Mathias métrage. Les images captées au fil des et blessures de cet ancien skinhead, Théry sortira le 5 février (1h37) 109 Film Aquarela - du mois Les Siffleurs L’Odyssée de l’eau Le cinéaste roumain Corneliu Porumboiu signe un néo-noir jubilatoire

orneliu Porumboiu n’en est pas à son coup d’es- Film sai : réalisateur et scénariste de sept longs-mé- du mois C trages, dont deux documentaires, il compte parmi les cinéastes roumains les plus importants de sa génération. Sa filmographie déjà riche s’est frottée au récit policier et au cinéma social. Les Siffleurs creuse une voie diffé- rente, pétrie cependant d’intentions similaires. C’est que le lan- gage y occupe toujours une place centrale : cinématographique, musical et oral, il est le lieu de tous les échanges, et de toutes les actions. La découverte par Porumboiu du silbo, langue sifflée dé- © Damned Distribution veloppée par les Gomeros dans les Canaries, a donné naissance à ce scénario singulier. Soit l’apprentissage par un policier cor- i, comme l’écrit Bachelard : « Seules l’imagination maté- rompu, Cristi -Vlad Ivanov, déjà présent sur Policier, adjectif- rielle et l’imagination dynamique peuvent donner de véri- de cette langue peu commune, en vue d’exécuter un casse sans Stables poèmes » alors à n’en pas douter Aquarela de Vic- précédent. Son départ de Bucarest pour l’île paradisiaque, en tor Kossakovsky est un vrai poème, tiraillant son spectateur entre sidération et effroi, envoûtement et vertige. Le maître russe, pour lequel le cinéma n’a nul besoin de raconter une histoire car il est l’art lui-même, offre ce film, tourné en 96 images seconde, soutenu par une bande son créée à partir de bruits réels et par le martèlement de la partition du violon- celliste finlandaisEicca Toppinen. Un film étiqueté comme ses précédents : documentaire - faute de mieux. Aquarela commence sur le lac Baïkal où le réchauffement climatique a provoqué la fonte précoce des glaces. Sur une surface qui se dérobe sous leur poids, des sauveteurs extraient des véhi- cules un à un qui s’y sont engloutis. Paysage d’une beauté à couper le souffle, balayé en plans larges, de gauche à droite, de bas en haut. Déclinaison de l’eau multiforme, concentrée en îlots neigeux à la dérive, en blocs brisés, en grandes vagues sombres, ou s’abîmant en grandioses avalanches. L’élément solide ou liquide se révèle en gros plans picturaux. Craquelé, © Vlad Cioplea plissé, drapé, poli, dans une palette allant du blanc et bleu compagnie de la non moins sublime Gilda -Catrinel Marlon- ne étincelants, au gris-noir moiré. La caméra rase les surfaces, se fait cependant ni sans embûches, ni sans rebondissements… plonge sous l’eau, s’élève au-dessus, s’immobilise, joue sur Malgré cet exotisme idiomatique, l’intrigue des Siffleursdemeure les profondeurs de champ, le net et le flou, provoquant une familière et égrène les clins d’œil référencés au polar et au film perte de repères. Les hommes paraissent, dans ce monde, un noir. Les révélations et retournements successifs s’avèrent ce- peu comme des intrus. De la Sibérie et du Groenland, L’odys- pendant réjouissants, d’autant qu’ils se jouent habilement des sée de l’eau - sous-titre du film - nous entraîne à Miami dans codes du genre et désamorcent la violence à l’œuvre. Si Les Sif- le sillage de l’ouragan Irma. Les images se teintent de feu et fleurs parvient à marquer sans jamais se prendre au sérieux, des damnés, mains en avant, passent sous les trombes d’eau c’est avant tout parce que son plaisir de filmer est diablement comme des personnages de Bill Viola. Victor Kossakovsky ne communicatif. De même que son fétichisme sonore, qui évoque finit toutefois pas son film-poème sur cette puissance des- le Hitchcock de L’Homme qui en savait trop sans y toucher. La tructrice mais sur un arc en ciel, et si la dernière séquence narration s’empare savamment des possibles de la musique : est consacrée à une chute d’eau - Angel Falls au Venezuela - au fil de sifflements mélodiques, mais aussi d’un agencement la cascade est prise en contre plongée, pour un mouvement redoutablement efficace d’une partition sonore omniprésente. du regard ascendant. Très fort ! De quoi roucouler de bonheur ! ELISE PADOVANI SUZANNE CANESSA

Aquerela - L’odyssée de l’eau de Victor Les siffleurs de Corneliu Porumboiu est sorti le 8 janvier (1h38) Kossakovsky sortira le 5 février (1h29) 110 balade

© J.B Panorama 5 étoiles

Elle niche sur un promontoire Fausse Monnaie, démarrent en 1861 les travaux poursuivant le cheminement jusqu’aux Catalans. Les viaducs du Pont de dominant la rade de Marseille. la Fausse Monnaie sont achevés en 1863. Époque fastueuse Indiquée depuis la Corniche, L’anse des Catalans, la rade de Malmousque, deviennent alors des lieux prisés de villégiature à vertu thérapeutique. C’est rares sont pourtant ceux qui l’époque des fastueuses demeures qui vont ponctuer un lit- toral marseillais désormais franchissent son petit portail en convoité, et l’on grignote avec © J.B ardeur les collines - Bompard, fer… Le panorama offert par la Villa Endoume, Roucas… - pour y dénicher les points de vue les Valmer en son zénith vaut pourtant plus remarquables : Château Berger, Château Talabot, Pa- le détour. À découvrir avant sa lais du Pharo… Charles Gou- nelle, négociant salonais en privatisation en hôtel de luxe oléagineux, leur emboîte le pas avec la Villa Valmer, édi- fiée sur les anciens terrains ccaparé par la pêche, l’armée et la marine impériale, de chasse du comte de Vil- pollué déjà par les déchets de savonneries ou d’abat- lechaise. À la même époque, «Atoirs, le rivage, au début du XIXe siècle, n’avait rien ailleurs dans la ville s’édifient de très engageant », notait le Professeur Pierre Echinard en les châteaux de Valmante, 1992 dans son étude Le temps du loisir. Pour attirer l’élite, de la Buzine ou encore de férue alors de la mode balbutiante des bains de mer, Mar- Montredon. seille dompte son littoral et tourne son regard vers le sud. La percée de la Corniche démarre à l’été 1848, et ce seront dé- Rocaille fleurie sormais 5 kms de promenade dominant les flots qui s’offri- La Villa Valmer est donc l’un ront aux visiteurs. Après le premier tronçon, du Prado à la des fleurons de ce patrimoine 111 Vague à la mer Construite en 1865 par Henry Condamin dans la tendance néo-Renaissance, en vogue durant le Second Empire, la Villa Valmer tient son nom de la contraction de son nom originel : plus de 18 000 signatures -, la Ville a dé- la Vague à la mer. Résidence d’été du négociant Gounelle, la livré en août dernier un bail à construc- Villa est habitée par sa fille jusqu’en 1906. En 1942, l’édifice tion, autorisant un promoteur à réhabi- est réquisitionné par la marine de guerre, qui en fait le siège liter la Villa en hôtel cinq étoiles*. Si le de la Marine marchande, avant d’être occupé par l’armée al- calendrier des opérations reste flou à ce lemande jusqu’en 1944. L’École de la marine marchande ré- jour, l’édifice sera à terme grillagé, et sa investit les lieux jusqu’en 1968. Dans les années 70, la Ville de terrasse privatisée. Une partie du parc Marseille y installe ses services d’urbanisme. Depuis 2002, restera ouvert à la promenade, mais ce la Villa Valmer abrite des bureaux de coopération méditer- sont les derniers moments pour profiter ranéenne, sous la direction de la Banque mondiale. de la Corniche en son zénith !

Les dédales du Roucas La balade peut s’achever par le haut du parc : le petit portail métallique vous mè- marseillais, témoignant des fastes d’une dans des bacs sculptés à même la roche nera dans les ruelles de Bompard, puis époque lointaine, où l’important était ou le ciment : oliviers, pins d’Alep, ar- vous déversera dans celles tortueuses de paraître. De son intérieur, hélas in- bousiers, pistachiers, dimorphotecas, du Roucas Blanc (bon coup de jarret re- terdit à la visite, on ne retiendra que lavande, lantanas… quis, les pentes sont raides), pour at- des descriptions qui titillent l’imagi- terrir par exemple au Vallon de l’Oriol. nation : salons et boiseries, fresques et Panorama confisqué Si l’on choisit de repartir par l’entrée toiles peintes évoquant les comptoirs En son point culminant, le parc de 1,6 principale, on en profitera pour jeter étrangers de l’époque… Dans son parc, hectare délivre son époustouflant pa- un coup d’œil sur le Marégraphe (ou- subsistent les vestiges d’un art raffiné norama, l’un des plus beaux points de vert au public pendant les Journées du du jardin, de rocaille fleurie en expéri- vue offerts sur la rade scintillante de patrimoine). Fixant le point zéro géo- mentations botaniques. Autant de sou- Marseille. En premier plan, les avan- désique de France continentale, il est le venirs à raviver de nos jours, le temps cées rocheuses de la Fausse Monnaie, témoignage des avancées scientifiques d’une promenade. En pénétrant par le l’ilot Gaby et l’anse de Malmousque qui tout aussi contemporaines de ce XIXe petit portail de fer qui trône le long de s’esquisse. En toile de fond se découpent florissant, qui vit s’épanouir conjoin- la Corniche, on laisse le square de jeux l’archipel du Frioul et la silhouette du tement la station marine et l’aquarium pour enfants sur sa droite, pour s’enga- phare du Planier. À l’extrême gauche, le d’Endoume. ger sur la grande allée serpentant entre regard s’abîme dans la Baie des singes chênes liège et palmiers, abandonnant peu et devine le début des calanques. Las… * lire à ce sujet l’article de La Marseillaise à peu le tumulte incessant des voitures. ce panorama sera bientôt confisqué aux du 1/9/19 Le long des bordures, espèces indigènes, Marseillais. Malgré la mobilisation locale exotiques et vivaces panachées s’exposent - notamment une pétition ayant recueilli JULIE BORDENAVE

© J.B

Y aller 271, Corniche Kennedy, 13007 Marseille Bus 83, arrêt Parc Valmer 1er octobre au 31 mars : de 8h à 18h30 1er avril au 30 septembre : de 8h à 20h écoutes écrans

Héroïnes de la rue Après 3 ans d’activisme au sein des Femen, Marguerite Stern a décidé de « mettre des mots sur sa porte d’entrée dans le fémi- nisme ». Depuis avril, six épisodes ont été mis en ligne. Les pre- miers relatent son combat au quotidien contre le harcèlement de rue, de Paris à Marseille, où sa légitime défense s’est soldée par une balle de 7mm dans la vitre de son appartement du Panier. À Marseille toujours, elle va ensuite à la rencontre de ces « héroïnes » de l’ombre qui combattent au quotidien : les femmes de chambre du groupe Elior, en grève dans un hôtel de luxe de la rue des Dames ; la plasticienne Elvire, qui appose des moulages de vulves en plâtre sur les murs de la ville… Édifiant et galvani- sant ! Car malgré l’âpreté de certains témoignages, jamais la jeune femme ne se départit de son analyse raisonnée appelant à la solidarité. ☞ À écouter sur la plateforme Ausha, podcast.ausha.co/margueritestern

La migration des oiseaux et le changement climatique Le 1er janvier dernier, La terre Où l’on évoque aussi les vertigineuses au carré saluait la venue de murmurations des étourneaux, ces la nouvelle décennie en ins- nuées qui tournoient actuellement pectant les augures délivrés dans le ciel au crépuscule, et ins- par les oiseaux migrateurs. Aux côtés pirent notamment les artistes (Mö- de la journaliste Elodie Font, l’orni- bius de la Cie XY, à voir les 31 janvier thologue Maxime Zucca, corespon- & 1er février au Théâtre de la Criée sable du pôle écologie du mouvement à Marseille). Place Publique, analyse l’impact du réchauffement climatique sur le com- ☞ À réécouter sur franceinter.fr/ portement des oiseaux, qui décalent emissions/la-terre-au-carre/ un peu plus chaque année les dates la-terre-au-carre-01-janvier-2020 de leurs voyages intercontinentaux.

1960-1980, la face rock cachée de Marseille Dans sa case Juke-Box, France Culture s’intéresse chaque samedi à 19h à un mouvement social ou historique à la lumière de ses courants musicaux. « Snobée par les grandes maisons de disques, subissant déjà un manque chronique d’investissement culturel », Marseille a pourtant cultivé dans la pénombre une scène rock vivifiante, sur laquelle s’attarde le journaliste Amaury Chardeau. L’émission s’ouvre sur la cold wave électrisante de Martin Dupont, pour s’achever sur le re- vival garage des Cowboys from Outerspace. Diffusée le 14 décembre, cette anthologie fait écho à la publication du tome 2 de L’histoire du rock à Marseille 1980-2019 de Pablo Escobar (éd. Le mot et le reste), deux ans après le tome 1 de Robert Rossi chez le même éditeur. ☞ À réécouter sur franceculture.fr/emissions/ juke-box/1960-1980-la-face-rock-cachee-de-marseille Bienvenue chez Super Cafoutch En avril 2018, le Mini Cafoutch ouvrait ses portes près de la porte d’Aix. Le documentariste Nicolas Bole a suivi jour après jour les premiers pas de cette épicerie test, destinée à devenir un jour le premier supermarché coopératif de Marseille. L’enjeu est simple : fédérer un groupement d’achat privilégiant les produits éthiques et locaux, afin d’éviter les marges trop élevées de la grande distribution, notamment dans le bio. Le fonctionnement participatif - chaque bénévole offrant 3h de son temps chaque mois - assure des décisions collégiales, essentielle- ment sur le choix des produits à mettre en rayon. D’approvisionnement chez les producteurs locaux en visite aux prédécesseurs auréolés de suc- cès, tels la Louve ouverte à Paris en 2016, l’optimisme est de mise. Après seulement une année d’existence, La Louve comptait déjà 7 500 collabo- rateurs. « 6 millions d’euros raptés à l’économie capitaliste ! », se réjouit son cofondateur Tom Booth. Mini Cafoutch a besoin de nouveaux adhé- rents pour mener à bien son projet : prochaine réunion d’informations le 20 janvier (supercafoutch.fr). ☞ À voir en replay jusqu’au 13 février, rubrique documentaire / La France en vrai sur france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/

Violetta L’Opéra de Paris rassemble son premier court-métrage. Julie deux scènes mythiques : le Deliquet, fondatrice du collectif In Palais Garnier et Bastille. De- Vitro, se plonge avec Violetta dans puis 2015, un nouveau lieu les affres de la maladie et de sa re- s’y développe : la 3ème scène, celle du présentation théâtrale. À l’écran, la numérique. L’occasion, pour de nom- maladie simulée, spectaculaire d’Alek- breux artistes, de se frotter à un genre sandra Kurzak en Traviata trouve un et à un format rarement réunis. Es- écho troublant dans le récit quotidien pace de création, cette scène, dispo- d’une patiente atteinte d’un cancer. nible sur la plateforme de l’Opéra, L’énergie vitale, la lutte pour la survie est accessible à tous. On y propose - c’est ici la même chose - se logent chaque mois un nouveau court-mé- autant dans l’épanchement vocal que trage dédié à la danse ou au lyrique. dans le silence, dans ces formules Ces courts sont réalisés par, entre de politesse égrenées par le corps autres, Bertrand Bonello, Mathieu médical ou dans les mots anodins Amalric, Rebecca Zlotowski, ou en- qu’emploie l’entourage. L’émotion, core Clément Cogitore : ses Indes entre lyrisme et pudeur, n’en est que Galantes revues à la sauce krump/ plus tenace. hip-hop, ont été depuis montées sur ☞ Disponible à partir du 5 février la scène de la Bastille par ses soins. sur operadeparis.fr/3e-scene/ C’est une jeune metteuse en scène qui sera à l’honneur en février pour

Chef.fe Disponible depuis décembre les scènes française, la réalisatrice dans son intégralité sur le suit ses nombreux déplacements site de la Philharmonie de et répétitions. Face caméra, Lucie Paris, la web-série Chef.fe se Leguay fait également part des compose de cinq épisodes brefs - cinq difficultés rencontrées, avec un à dix minutes. Réalisée par l’artiste sens de l’analyse et de la pédagogie plasticienne Camille Ducellier, impressionnant. De quoi mieux Chef.fe suit une année de travail de comprendre les enjeux, cruciaux, Lucie Leguay. Âgée d’à peine trente de la direction d’orchestre, et célébrer ans, la jeune lilloise est déjà cheffe- la place de plus en plus importante assistante des orchestres de Lille, qu’y occupent les femmes ! de Picardie et d’Île-de-France. De ☞ À voir sur sa victoire au Tremplin pour jeunes live.philharmoniedeparis.fr cheffes, en 2018, à son ascension sur écoutes écrans

Putains de guerre « Pour faire un bon soldat, il faut un uniforme, une arme, et, au- tant que possible, une prostituée. » Cette entrée en matière dit tout de la légèreté avec laquelle on a traité, jusqu’alors, la question des « bordels militaires ». L’enquête de Stéphane Benhamou et Ser- gio G. Mondelo dévoile à quel point cette pratique a perpétué, en temps de guerre puis par la suite, une nouvelle forme de colonisation sur les ter- ritoires. L’organisation officielle des maisons en Algérie et en Indochine par la France n’a rien à envier à la présence américaine en Thaïlande, qui a multiplié par vingt le nombre de prostituées. Édifiant. ☞ À voir le 20 janvier à 20h30 sur LCP, disponible en replay jusqu’au 27 janvier sur lcp.fr

The Party Touche-à-tout de grand talent, la britannique Sally Potter a tou- jours interrogé, au fil de sa versatile filmographie, les possibles du langage cinématographique. Avec The Party, elle s’inscrit dans la lignée de Qui a peur de Virginia Woolf ? : huis clos, noir et blanc, coups de théâtre … Maîtrisée, jubilatoire, sa descente en règle de la gauche caviar british bénéficie du génie deKristin Scott Thomas et de Patricia Clarkson. ☞ À voir le 29 janvier à 22h45 sur Arte, puis en replay jusqu’en janvier 2021 sur arte.fr

Ariane à Naxos Katie Mitchell compte parmi les metteurs en scène d’opéra les plus passionnants d’aujourd’hui : son Ariane à Naxos, donné au Fes- tival d’Aix de 2018, dépoussière et célèbre Strauss dans un même geste. La distribution, qui rassemble Lise Davidsen en Ariane et Sabine Devieilhe en Zerbinette, ne gâche rien… ☞ À voir le 20 janvier à 0h05 sur Arte, puis en replay jusqu’en janvier 2021 sur arte.fr

SÉLECTION DE JULIE BORDENAVE ET SUZANNE CANESSA 200 x 280_Mise en page 1 05/03/2018 16:29 Page1

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