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Sommaire

Préface de frank kozik • 1982 : les déBUts de l’aventUre QuelQues rebelles Ce livre dresse le portrait d’un mouvement artistique singulier et underground, méConnu et • 1987 : the cave clUB et non˜alignés avant˜ProPos • 1989 : deBi jacoBson • d es Univers Personnels protéiforme, vieux de plus de 50 ans, dont la notoriété et l’importanCe n’ont Cessé de Croître : et lindsey kUhn • c réer sa ProPre liBerté nature et fonction • 1992 : artrock gallery la sCène poster roCk. il retraCe le fil de son histoire, permet de faire ConnaissanCe aveC les de la sérigraPhie de concert • k ozik, la sUite… réaliser et vendre • Une tentative de définition une sérigraPhie de concert nombreux artistes qui en sont les aCteurs, révèle les proCessus de Création et nous interroge • Poster oU affiche ? la scène contemPoraine • l a sérigraPhie : qUelqUes dates • the BlUe rose mondiale • l es étaPes PrinciPales en atelier sur la nature profonde de Ces posters. • commemorative Poster • e n france • PoUr commencer • commercial art • e n eUroPe • l a qUestion des mUltiPles • vanity Poster • e ncore PlUs loin… • Usages et droits • des icônes d’Un noUveaU genre • l e modèle économiqUe Car les images que vous allez déCouvrir ne sont pas que des images : Ce sont aussi et surtout des • oB jets dU cUlte et oBjets de cUlte influences et références de frank kozik • r éférence à l’histoire • l a commande directe objets exemplaires. de simples affiChes annonçant au publiC les lieux et dates de ConCerts sont une histoire • h istoire de l’art • l a commande doUBle de l´affiche de rock • h istoire dU rock • l a commande d’Une série devenues de véritables « objets de l’art », sérigraphiés, réalisés en séries limitées, numérotés • l es origines nord-américaines • c inéma comPlète • l e Psychédélisme • t élévision et PUBlicité • ProdUcteUrs, managers, et signés. artefaCts de l’éphémère transformés peu à peu en véritables pièCes de ColleCtion, • vU lcan gas comPany et armadillo • c omics, cartoons cUrateUrs World headqUarters et dessins animés • l es soUscriPtions Ces sérigraphies libres et audaCieuses sont d’inContestables témoins de notre temps, aussi • l e PUnk : l’esPrit et la lettre • a U to-référence • l ’inflUence PUnk l´objet sérigraPhiQue diverses par la variété de leurs styles et de leurs formes que fasCinantes par leur CapaCité à origines des images : dans tous ses éclats émergence de la scène Poster Processus • l es diPtyqUes transformer leur lien Congénital aveC le roCk en un Captivant double miroitant. déployées en contemPoraine aux états˜unis et déconstruction • l es triPtyqUes • f lyers et affichettes • m ettre la mUsiqUe en images • l es séries un authentique phénomène artistique et mouvement transgénérationnel, à la Croisée unique des • i ncontoUrnaBle kozik • f aire sens • l es variants • l ’imagerie et deBi jacoBson • l ’identité PhysiqUe • l e PaPier arts visuels et de la musique, elles séduisent aujourd’hui une quantité Croissante d’amateurs l ’auteur • l indsey kUhn, sérigraPhe • l es initiales dU nom • l ’encre • a rtrock et Phil cUshWay • l e nom comme mot • l es décoUPes partout dans le monde. irrésistiblement. • d e noUveaUx talents • l e nom comme chose, • l es sUPPorts • l ’internet : la révolUtion Personnage oU concePt Ancien professeur de philosophie, collectionneur attentif devenu spécialiste averti, • gigPosters.com : • l es origines géograPhiqUes carnet d´adresses Un site imPortant dU groUPe international il était temps d’offrir au publiC l’opportunité de plonger dans Cette multitude d’images Didier Maiffredy organise de nombreuses expositions de sérigraphies de concert • l ’american Poster institUte • l ’histoire dU groUPe de la sérigraPhie rock • l es conventions flatstock • l e groUPe et ses engagements détonantes et addiCtives en proposant un beau livre de référenCe, afin de réConCilier émotion de rock partout en France et donne des conférences sur les arts graphiques et sur • l e livre : art of modern rock PUBlics bibliograPhie • l ’exPlosion de la scène Poster • l e groUPe et son imagerie et ConnaissanCe, pure Contemplation esthétique et jubilation intense de sa Compréhension. Ce l’histoire du rock. Il travaille aujourd’hui dans la communication institutionnelle. • l es raisons d’Une Passion • l ’instrUment de mUsiqUe • l ’identité PsychologiqUe des qui n’est ni plus ni moins que l’objeCtif ultime de l’art. Président-fondateur de l’association Les Arts du Rock, il a également créé le site frank kozik : mUsiciens maître et modèle • l es informations liées www.rock-poster-art.com. Il est le producteur du programme audiovisuel Rock Poster • 1976 : Par la magie aU lieU dU concert d’Un concert PUnk • l es titres et les textes Art, visible sur le site www..fr.

ffredy didier ai

idier maiffredy d m sérigraphies de ConCert

© 2013, Groupe Eyrolles ISBN : 978-2-212-13470-4 Code éditeur G13470 ISBN 978-2-212-13470-4

45 €

COUV_ROCKPOSTERART.indd 1 19/09/12 09:09 Sommaire

Artrock et Phil Cushway 40 6 Préface de frank kozik De nouveaux talents 40 L´Internet : la révolution 41 8 avant-ProPos GIGPOSTERS.COM : un site important 42 L´American Poster Institute 43 nature et fonction Les conventions Flatstock 43 10 de la sérigraPhie de concert Le livre : Art of Modern Rock 50 Une tentative de définition 12 L´explosion de la scène poster 51 Poster ou affiche ? 13 Les raisons d´une passion 51 The Blue Rose 13 Commemorative poster 15 frank kozik : maître et modèle 56 Commercial Art 16 1976 : Par la magie d´un concert punk 58 Vanity poster 16 1982 : Les débuts de l´aventure 58 Des icônes d´un nouveau genre 17 1987 : The Cave Club 60 Objets du culte et objets de culte 18 1989 : Debi Jacobson et Lindsey Kuhn 64 1992 : Artrock Gallery 67 une histoire de l’affiche Kozik, la suite… 76 de rock 20 Les origines nord-américaines 22 la scène contemPoraine Le psychédélisme 24 mondiale 78 Vulcan Gas Company et Armadillo World Headquarters 30 En France 80 Le punk : l´Esprit et la Lettre 32 En Europe 87 L´influence punk 32 Encore plus loin… 98

émergence de la scène Poster influences et références 104 contemPoraine aux états-unis 36 Référence à l´Histoire 106 Flyers et aFfichettes 38 Histoire de l´art 109 Incontournable Kozik 38 Histoire du rock 118 L´Imagerie et Debi Jacobson 39 Cinéma 120 Lindsey Kuhn, sérigraphe 40 Télévision et publicité 128

ROCK POSTER ART.indd 4 19/09/12 09:57 Comics, cartoons et dessins animés 130 La question des multiples 200 Auto˜référence 135 Usages et droits 200 Le modèle économique de Frank Kozik 200 OrigiNes Des iMages : La commande directe 202 140 prOCessus eT DéCONsTruCTiON La commande double 202 Mettre la musique en images 142 La commande d´une série complète 204 Faire sens 142 Producteurs, managers, curateurs 208 L´identité physique 142 Les souscriptions 212 Les initiales du nom 147 Le nom comme mot 149 l’ObjeT sérigraphiQue 214 Le nom comme chose, personnage ou concept 151 DaNs TOus ses éClaTs Les origines géographiques du groupe 156 Les diptyques 216 L´histoire du groupe 157 Les triptyques 218 Le groupe et ses engagements publics 160 Les séries 220 Le groupe et son imagerie 162 Les variants 232 L´instrument de musique 164 Le papier 234 L´identité psychologique des musiciens 166 L´encre 238 Les informations liées au lieu du concert 167 Les découpes 239 Les titres et les textes 169 Les supports 244

QuelQues rebelles CarNeT D’aDresses iNTerNaTiONal eT NON-aligNés 170 De la sérigraphie rOCk 250 Des univers personnels 172 252 Créer sa propre liberté 172 bibliOgraphie réaliser eT veNDre iNDex Des arTisTes 253 uNe sérigraphie De CONCerT 196 254 La sérigraphie : quelques dates 198 CréDiTs iCONOgraphiQues Les étapes principales en atelier 198 255 Pour commencer 199 reMerCieMeNTs

ROCK POSTER ART.indd 5 14/09/12 10:51 LE PUnK : L´InFLUEnCE PUnK L´ESPRIT ET LA LETTRE Le vrai et grand redémarrage des arts graphiques dans le rock aux États-Unis (et cette fois-ci également en Europe) est assu- En prônant comme posture vitale initiale la volonté d’un retour rément lié à l’émergence violente et irrésistible de la musique à une simplicité formelle basique et l’expression d’une énergie punk. Son caractère libératoire a permis et nourri une éclosion totalement débridée, le punk est devenu l’emblême et la caisse artistique proliférante ayant valeur de dynamique esthétique de résonance d’un désir de rupture. Il prendra spontanément généralisée. Et si le punk, comme mouvement puis comme l’allure d’un manifeste basé sur la réappropriation de notions genre musical radical, s’est construit quasiment sur trois ac- (ici transformées en valeurs) dont le rock s’était déjà magnifi- cords de guitare, une coupe de cheveux, un style vestimentaire quement emparé au moment de son émergence fulgurante, et une typographie faite de collages, il a aussi symbolisé comme dans les années 1950, à travers les figures emblématiques de jamais deux sentiments : l’un qui s’épuisait dans une urgence Bill Haley, , Eddy Cochran et Gene Vincent. Ces va- nihiliste et contestataire permanente et l’autre qui réactualisait leurs semblaient s’être diluées avec le succès, la normalisation et prônait sans le dire un hédonisme propre au rock. et la massification irrésistibles du rock. C’est ainsi qu’à partir du milieu des années 1970 (où il apparaît À travers la revendication et la captation de notions aussi à New York et à Londres) jusqu’aux années 1990 avec les méta- transhistoriques que sont la révolte, le nihilisme et la provoca- morphoses métissées du , en passant par les accéléra- tion, le punk a réhabilité, selon des formes renouvelées, toute tions foudroyantes du hardcore des années 1980, l’esprit du une panoplie d’attitudes certes déjà connues, mais instantané- punk ne va cesser d’agir et d’instaurer des codes stylistiques et ment transformées, dans une crédibilité totale et malgré leur thématiques propres, de populariser des modes opératoires et caractère utopique, en une addition de rejet. Les punks refu- des options plastiques et techniques qui n’appartiennent qu’à saient en effet la normalité sociale et individuelle imposée, le lui. système idéologique et économique dominant, la déshumani- sation du monde et sa marche effrénée vers une perte dont le punk annonçait l’irréversibilité. Le je-m’en-foutisme désabusé et l’insouciance revendiquée des Ramones ou le « No Future » légendaire des Sex Pistols sonneront comme les emblèmes in- dépassables de tout un mouvement, ne laissant que peu de doutes sur le pessimisme et la noirceur de leur vision de l’avenir.

C’est ainsi que toute une partie de la jeunesse transforma aus- sitôt ces nœuds de convictions en une véritable éthique de la vie, même s’il s’avéra qu’elle fut aussi (comme cela avait déjà été le cas à San Francisco dix ans auparavant au moment du psychédélisme) bien plus proche d’une éthique de la mort. C’est aussi cela qui conférera au mouvement punk toute sa flamboyance, sa force et son importance.

La marginalité du positionnement et la difficulté du contexte ont eu pour les nombreux groupes apparus des conséquences pra- tiques claires : ignorés des circuits de diffusion traditionnels (dévolus à ce qu’était devenu par effet de différentiation géné- rationnelle le classic rock), ils n’avaient aucun soutien discogra- phique, médiatique ou matériel. Les vagues punks n’allaient pouvoir compter que sur elles-mêmes pour exister et se déve- lopper.

Ce qui revint, en fait et tout simplement, à partir de rien, c’est- à-dire à trouver par ses propres moyens des lieux pour jouer, à Couverture du premier créer soi-même des supports de communication (les fanzines), numéro de Punk de nouveaux labels de production et de distribution, mais aussi Magazine, janvier 1976. à concevoir et imprimer à coût minime les flyers et les affiches annonçant les concerts devenus plus que jamais les épicentres vitaux de tout le mouvement. Et une nouvelle fois, un vaste mouvement esthétique lié à un courant musical émergea. poSter

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Si les créateurs et inspirateurs innocents et concomitants du genre ont indiscutablement été les Américains John Holmstrom et Legs McNeil (avec leur fanzine Punk Magazine à l’inoubliable typographie) et l’Anglais Jamie Reid (créateur de l’habillage gra- phique des Sex Pistols), il ne faut pas oublier ni sous-estimer l’importance de Gary Panter, de Raymond Pettibon et enfin de

Winston Smith qui, chacun à leur façon, vont être les architectes De rOCk ire De l’affiChe prosélytes d’une pratique graphique autonome. Ils seront les TO accoucheurs d’une culture visuelle globale dont Frank Kozik,

Lyman Hardy et Jason Austin (tous trois au Texas), Art Chantry uNe his (directeur artistique du magazine Rocket depuis 1984), Jeff Kleinsmith (futur directeur artistique de Sub Pop à et col- laborateur d’Art Chantry à Rocket) seront les talentueux et pro- ductifs héritiers.

C’est dans cette éruption spontanée et cette contamination gé- néralisée que se noue et se joue l’une des dimensions les plus étranges, voire paradoxales, du phénomène : celle qui le voit abandonner une forme d’humilité et de sobriété graphiques à la fin des années 1980 pour emprunter une technique d’impres- sion propre à lui conférer une visibilité incroyable, la sérigraphie.

Winston Smith, flyer, années 1980. Winston Smith, flyer, 1985.

wINSTON SMITH « perhaps the most vibrant collage maestro since Max Ernst… » : c’est ainsi que frank kozik présente winston Smith (né en 1952), ajoutant « qu’il a influencé le style graphique d’une génération entière ». Comment oublier effectivement l’incroyable pochette qu’il créa pour l’ des Dead kennedys, intitulé In God WeTrust, Inc., ainsi que les nombreux flyers pour d’obscurs groupes punks de la fin des années 1970.

Pochette de l’album In God We Trust, Inc. de Dead Kennedys, 1981.

ROCK POSTER ART.indd 33 14/09/12 10:52 ROCK POSTER ART.indd 36 14/09/12 10:52 37

ÉmergeNce DE ROCK DE L’AFFICHE UNE HISTOIRE

coNtemporaiNe auX États -uNis

tout commence à la fin de l’année 1988, au hasard d’un voyage éclair au cœur des états-unis, au texas plus précisément. debi jacobson, directrice d’une galerie d’art alternative californienne au nom bien français, l’imagerie, a demandé à son jeune collaborateur robert weiss de partir vers la ville de tous les freaks : austin. aucun des deux ne se doute Qu’ils vont subrepticement mais irréductiblement infléchir le cours tranQuille d’une histoire cachée : celle de la scène graphiQue rock américaine.

Justin Santora, exemplaires signés et numérotés, Flatstock de Hambourg, 2010.

ROCK POSTER ART.indd 37 14/09/12 14:39 Justin Santora, exemplaires signés et numérotés, Flatstock de Chicago, 2010.

Nate Duval, exemplaires signés et numérotés, Flatstock de Chicago, 2007. arT rOCk poSter

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ROCK POSTER ART.indd 48 14/09/12 10:53 49 is éTaTs-uN éMergeNCe De la sCèNe pOsTer CONTeMpOraiNe auxéMergeNCe De la sCèNe pOsTer

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1 - David Welker, exemplaires FLATSTOCK : signés et numérotés, COMMENT PaRTICIPER ? Flatstock de San Francisco, 2010. Pour chaque flatstock de nombreuses sérigraphies sont créées par des artistes 2 - Alan Forbes, exemplaires d’univers très variés. Chacun peut en- signés et numérotés, Rock Paper Show, 2009. voyer ses propositions aux correspon- dants de l’a.P.I. sur place. Seule contrainte : 3 - Landland, exemplaires signés, les posters doivent être imprimés en sé- Flatstock d’Austin, 2011. rigraphie. Pour exposer, les artistes s’ins- crivent à l’a.P.I. puis louent un espace 4 - Cricket Press, exemplaires pour montrer et vendre leurs travaux. signés et numérotés, Flatstock d’Austin, 2011.

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ROCK POSTER ART.indd 49 14/09/12 10:53 ROCK POSTER ART.indd 78 14/09/12 10:54 79 UNE HISTOIRE DE L’AFFICHE DE ROCK DE L’AFFICHE UNE HISTOIRE coNtemporaiNe

la dynamiQue enclenchée au début des années 1990 tant par l’esprit do it yourself propre à frank kozik (et à beaucoup d’autres) Que par le phénomène du street art a indiscutablement créé les conditions psychologiQues et conjoncturelles adéQuates à la constitution d’un terreau fertile et actif dont émergent de façon continue beaucoup de nouveaux artistes. si cette pollinisation des esprits et des pratiQues s’est exercée en premier lieu de façon massive sur le territoire américain, elle a trouvé aussi, QuoiQue plus modestement, des terres d’accueil prêtes à jouer les relais d’influence et les passeurs de flambeaux : italie, allemagne, angleterre, hollande, australie, canada, ainsi Que la france. dans tous les cas et d’où Qu’ils viennent, les artistes savent faire preuve d’une ténacité Qui force le respect, non seulement pour la Qualité de leurs créations, mais aussi pour leur aptitude à outrepasser la confidentialité Qui accompagne leur travail.

Malleus, 124 exemplaires signés et numérotés, 2010.

ROCK POSTER ART.indd 79 14/09/12 14:39 FRAnCE ARRACHE-TOI Un œIL (GaSPaRD LE QUINIOU ET EMy ROJaS)

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1 - Emy Rojas, 56 exemplaires signés et numérotés, 2012.

2 - Gaspard Le Quiniou, 65 exemplaires signés et numérotés, 2011.

3 - Emy Rojas, 80 exemplaires signés et numérotés, 2010.

4- Gaspard Le Quiniou, 65 exemplaires signés et numérotés, 2011.

5 - Gaspard Le Quiniou, 50 exemplaires signés et numérotés, 2010.

2 3 arT rOCk poSter

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ROCK POSTER ART.indd 84 14/09/12 10:54 85

FRAnCE - ALLEMAGnE DaMIEN TRAn la sCèNe CONTeMpOraiNe MONDiale

1 - 77 exemplaires signés et numérotés, 2012.

2 - 75 exemplaires signés et numérotés, 2011.

3 - 30 exemplaires signés et numérotés, 2011.

4 - 100 exemplaires signés et numérotés, 2011. 4

5 - 65 exemplaires signés et numérotés, 2011. 1

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ROCK POSTER ART.indd 85 14/09/12 10:54 ART PICTURAL ET CRITIQUE SOCIaLE Il est des œuvres qui, par-delà leurs caracté- (vêtements, postures, habitat), Coop fait une stéréotypes culturels et comportementaux ristiques plastiques propres et pour des rai- présentation des classes laborieuses aussi que peuvent générer certaines conditions de sons qui leur sont souvent extérieures, ironique que celle de wood était respectueuse. vie ou certains milieux défavorisés. Ce faisant, prennent dans la vie d’un pays une impor- La typologie et les mimiques des visages, la Coop nous rappelle la précarité statutaire et la tance de premier plan, au point de devenir un tenue vestimentaire et les regards trop ex- mobilité quasi inéluctable de ces populations authentique et absolu référentiel patrimonial, pressifs dévoilent les ruptures entre les sujets cachées qui, dans un nomadisme nouveau lié à comme un point zéro dans l’histoire de tout un montrés et les différences d’objectifs visés la recherche d’un travail souvent partiel, té- peuple qui concentrerait à lui seul la marque par les auteurs. moigne d’une régression dont la modernité ne d’un commencement, mais aussi et déjà, le En effet, là où, en 1930, Grant wood s’attachait peut se résoudre à accepter le fait de sa res- signe d’un premier achèvement. Débordant à dresser avec respect et dans un style régio- ponsabilité. ainsi les simples rives de l’histoire de l’art, naliste traditionnel le portrait d’une amérique acteur déterminant de la résurrection séri- l’œuvre peut alors irriguer de toute part la ancestrale en voie de disparition, qu’il n’avait graphique, Coop se livre à l’un de ses exercices conscience collective d’une nation et les mé- pas connue mais à laquelle il souhaitait rendre favoris : désacraliser des valeurs collective- moires individuelles de ses citoyens. hommage, Coop montre de façon cruelle et ment imposées, démythifier et ridiculiser les à cet égard, en tant que premier tableau à dans un style outrageux une amérique totale- objets de leurs représentations. En parodiant être acheté par un musée américain, la pein- ment contemporaine qu’il ne connaît que trop avec talent l’image originelle et en instrumen- ture réalisée en 1930 par l’américain Grant pour lui avoir appartenu quand il était encore talisant sa notoriété à des fins d’efficacité wood (1892-1942) et intitulée American Gothic l’un de ces gamins issus des banlieues. immédiate, il est conforme à sa réputation, est incontestablement devenue un exemple Là où le premier peignait sobrement, mais c’est-à-dire doué, pragmatique et provoca- quasi parfait de cette mythification nationale. avec précision, les pionniers héroïques d’un teur. Sans que cela paraisse vain ou ridicule, La multitude des adaptations et références glorieux Middle west afin d’en glorifier l’aus- en une image il fait faire aux illustres fermiers dont elle a fait l’objet (un seul exemple : le pho- tère dignité et l’exemplarité travailleuse, le un voyage temporel inédit. Offrant à notre tographe noir Gordon Parks en 1942) atteste second donne à voir un duo néo-campagnard regard amusé les figures des oubliés de l’his- non seulement du haut degré de son appro- dont l’hyperréalisme dénature l’apparente ori- toire, il nous en dit bien plus au passage sur priation mais aussi de sa capacité à relier des gine, tant dans la vulgarité de son allure que les mutations d’une certaine condition hu- univers a priori totalement hétérogènes, voire dans le fruste exprimé de sa condition. Suffi- maine et les illusions sociales que bien des dis- absurdement antinomiques. samment dans tous les cas pour qu’on ne cours. Coop rappelle ainsi à tous ceux qui vou- En témoigne cette captation iconoclaste opé- manque pas de reconnaître en eux des traces draient l’oublier ce que la construction habile rée par Chris Cooper, alias Coop, en 1996. Dans de ces white trash suburbans qui hantent par du mythe américain tente d’écarter depuis la plus pure tradition du détournement et de millions les périphéries immenses et déshu- toujours pour mieux nourrir le rêve collectif. la réinterprétation propres au pop art et au manisées des mégalopoles du Nord et du Sud. Et comme nombre de ses collègues de la scène lowbrow (voir p. 53), c’est une version intéres- De plus, là où l’austérité du couple historique poster, il a cette authentique capacité à se sante de l’emblématique peinture née sur les témoignait en silence de l’âpreté d’un quoti- faire le miroir des non-dits ou des angles terres rurales de l’Iowa. Intéressante parce dien et de son acceptation digne et stoïque, morts d’une société américaine parfois frap- qu’au-delà de l’immédiateté moqueuse et de les traits caractéristiques du couple coopien pée d’amnésie, en révélant au grand jour ce l’efficacité comique que le visuel pétaradant (maquillage, attitudes) nous renvoient pour que le discours officiel ne cesse délibérément de couleurs offre à son public, nous faisons leur part à une misère sociale qui ne dit pas d’occulter parce que trop gênant en termes face non seulement à une référence histo- son nom mais qui en exhibe tous les stigmates. d’image. Cet envers du décor que la conscience rique manifeste mais aussi ni plus ni moins à De fait, si les traits outranciers du sujet fémi- médiatique et collective s’efforce de purger à une véritable peinture sociale, tout comme nin, la mine hébétée de son compagnon et la l’occasion par vagues compassionnelles a va- l’était d’ailleurs l’original. De fait, en adoptant caravane transformée en maison sédentarisée leur de dénonciation morale, feignant ainsi que un parti pris stylistique dont le contenu socio- ont l’effet comique indispensable au succès de les uns équivalent à l’autre, sans que ce ne soit, logique est d’autant plus manifeste que le la sérigraphie, c’est aussi une caricature impi- bien sûr, jamais le cas. trait en accentue les signes les plus distinctifs toyable des classes les plus défavorisées et des arT rOCk poSter

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ROCK POSTER ART.indd 110 14/09/12 10:56 111 iNflueNCes eT référeNCes iNflueNCes

COOP & wood

Grant Wood, American Gothic, v. 1930, Chicago Art Institute.

Coop, 700 exemplaires signés et numérotés, 1996.

ROCK POSTER ART.indd 111 14/09/12 10:56 Crosshair, 550 exemplaires signés et numéroté, 2008 ; Jason Goad, 180 exemplaires signés et numérotés, 2006 ; sérigraphie inspirée du travail des photographes allemands sérigraphie inspirée du tableau Le Vieux Guitariste (1903) de Bernd (1931-2007) et Hilla (née en 1934) Becher. Pablo Picasso (1881-1973).

Lil Tuffy, 30 exemplaires signés et numérotés, 2008 ; Guy Burwell, 90 exemplaires signés et Burlesque of North America, sérigraphie inspirée des travaux du Russe Kasimir numérotés, 2008 ; sérigraphie inspirée des 125 exemplaires signés et numérotés, 2006 ; Malévitch (1879-1935) ou de l’Américain Mark Rothko portraits de femmes de Gustav Klimt (1862-1918). inspiré de la gravure Le cheval, la mort et le (1903-1970) ? La question reste posée. diable (1514) d’Albrecht Dürer (1471-1528). arT rOCk poSter

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ROCK POSTER ART.indd 112 14/09/12 10:56 113 iNflueNCes eT référeNCes iNflueNCes

Emek, exemplaires signés et numérotés, 1998 ; sérigraphie inspirée de La Joconde (v. 1503) de Léonard de Vinci.

Jermaine Rogers, 100 exemplaires signés et numérotés, 2003 ; sérigraphie inspirée de l’Autoportrait (1889) de Vincent Van Gogh (1853-1890). Malleus, 75 exemplaires signés et numérotés, 2005 ; sérigraphie inspirée de La Joconde de Léonard de Vinci.

Emek, 200 exemplaires signés et numérotés, 2003 ; sérigraphie inspirée du style de Vincent Van Gogh.

ROCK POSTER ART.indd 113 14/09/12 10:56 L´InSTRUMEnT DE MUSIqUE

Si la plupart des instruments sont perçus comme des objets précieux, ils ont aussi acquis dans l’histoire du rock un statut unique, celui d’objet sacré, au point de se substituer parfois au musicien lui-même, ou plus précisément au point que l’instru- mentiste finit par se confondre avec l’instrument et que l’un comme l’autre se divinise. Il suffit alors d’apercevoir un instru- ment en particulier, ou un modèle spécifique, ou encore une marque donnée, pour les ramener instantanément à lui. Ainsi certains artistes ont su associer le musicien et son instrument, les superposer, tel un second visage ou une seconde identité.

La guitare, électrique ou acoustique, est l’instrument qui incarne le plus et le mieux l’essence du rock. Rien d’étonnant donc à trouver très fréquemment sa représentation comme décalque d’une empreinte génétique. La basse, le piano, le violon et même le sitar ont cependant aussi leur place ici, pour peu qu’ils soient devenus des emblèmes personnalisés.

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ROCK POSTER ART.indd 164 14/09/12 10:59 165

1 - Engine House 13, 200 exemplaires signés et numérotés, 2005.

2 - Emek, 275 exemplaires signés et numérotés, 2009.

3 - Ron Donovan & Chuck Sperry, 500 exemplaires signés et numérotés pour le set complet des 3 sérigraphies, 2006. Nes Des iMages : prOCessus eT DéCONsTru CTiON : prOCessus Nes Des iMages 4 - The Small Stakes, 300 exemplaires signés O rigi et numérotés, 2009.

6 5 - Powerslide Design Co., 50 exemplaires signés et numérotés, 2011.

6 - The Small Stakes, exemplaires signés 4 et numérotés, 2007. 7 - Methane Studios, 85 exemplaires signés 7 et numérotés, 2011.

8 - Methane Studios, 1 400 exemplaires non signés et non numérotés, 2012.

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ROCK POSTER ART.indd 165 14/09/12 10:59 160 exemplaires signés et numérotés, 2010.

éTATS-UnIS CROSSHAIR (DaN MaCaDaM) Dan Macadam est probablement l’artiste le plus arty, le plus plasticien, de toute la scène sérigraphique : il se réfère explicitement aux travaux des célèbres époux Becher, rigou- reux clichés de paysages et d’archi- 200 exemplaires signés et numérotés, 2008. tectures industrielles notamment de la Ruhr, en photographiant de manière incroyablement artistique les friches et les ruines autour de sa ville natale de Chicago, avant de les retravailler sur écran pour enfin les tirer lui-même en sérigraphie. On comprend aussitôt en quoi il y a des 230 exemplaires signés et numérotés, 2008. francs-tireurs qui ne pourront ja- mais se plier à aucune idée reçue ni aucune règle établie.

150 exemplaires signés et numérotés, 2006.

150 exemplaires signés et numérotés, 2008. 200 exemplaires signés et numérotés, 2009. 220 exemplaires signés et numérotés, 2009. arT rOCk poSter

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ROCK POSTER ART.indd 174 14/09/12 11:00 175 QuelQues rebelles eT NON-aligNés QuelQues

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éTATS-UnIS NaTE DUVAL Il y a une forme de schizophrénie graphique chez Nate Duval. Parfois, il n’hésite pas à emprunter le chemin radical, étroit et difficile, de la disparition de tout motif figuratif au profit de lignes fracturées, de figures géométriques et d’éclaboussures abstraites de couleurs (voir pages 49 et 52). Mais le plus souvent, comme ici, il se livre à des col- lages proprement surréalistes. Des collages d’humains à têtes de légumes et de fleurs, ou bien encore d’animaux composites mutants dont il faut savoir, pour bien en com- prendre la présence, que l’élément corporel principal n’est pas dû au hasard mais bel et bien choisi pour sa présence spécifique reconnue sur le territoire géographique où doit avoir lieu le concert. Une forme visuelle aussi forte et caractéristique n’empêche déci- dément pas aussi la quête de sens ! 3

1 - 135 exemplaires signés et numérotés, 2009.

2 - 115 exemplaires signés et numérotés, 2010.

3 - 80 exemplaires signés et numérotés, 2010.

4 - 250 exemplaires signés et numérotés, 2009.

5 - 115 exemplaires signés et numérotés, 4 5 2010.

ROCK POSTER ART.indd 175 14/09/12 11:00 JERMAInE ROGERS &

The Black Diamond Skye Tour est le nom de la tournée 2010 du groupe Alice in Chains, associé pour la circonstance à deux poids lourds de la scène metal, et Mastodon. Démar- rée en septembre et achevée en octobre, cette série de concerts a permis à Jermaine Rogers de montrer l’étendue de son talent, mais aussi sa capacité à évoluer formellement tout en creusant encore un peu plus des partis pris qui ne font plus l’unanimité.

Trop pictural ou décoratif pour certains, trop intellectuel ou so- phistiqué pour d’autres, Jermaine Rogers a, il est vrai, pris soin la plupart du temps d’accompagner ses créations d’explica- tions et/ou de médiations qui témoignaient le plus souvent d’une capacité à donner du sens là où beaucoup ne veulent que du plaisir. Et si cette série de sérigraphies a suscité peu d’enthousiasme, bien qu’étant rapidement sold out, nous sommes en droit de continuer à nous en demander les raisons, tant la qualité des objets et l’efficacité des images affirment leur présence.

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ROCK POSTER ART.indd 228 14/09/12 11:04 ROCK POSTER ART.indd229 5 4 et numérotés,artistedition,2010. 1 à6-60exemplairessignés 6 14/09/12 11:04 229 l’ObjeT sérigraphiQue DaNs TOus ses éClaTs