Dianne Reeves & OPL Orchestre Philharmonique Du Luxembourg
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2017 20:00 22.04.Grand Auditorium Samedi / Samstag / Saturday Pops Dianne Reeves & OPL Orchestre Philharmonique du Luxembourg Wayne Marshall conductor Dianne Reeves vocals Peter Martin piano Romero Lubambo acoustic guitar Reginald Veal double bass Terreon Gully drums ~90’ sans pause Backstage 19:15 Salle de Musique de Chambre Wayne Marshall in conversation with Francisco Sassetti (E) Dianne Reeves photo: Jerris Madison Dianne Reeves, la diva moderne Loïc Picaud Compositrice et interprète, Dianne Reeves s’est imposée comme l’une des plus grandes voix de sa génération. Son parcours, récompensé par cinq Grammy Awards, des prestations à la Maison- Blanche et des concerts avec des chefs d’orchestre renommés, témoigne de la versatilité d’un style qui a aboli les frontières entre le jazz, la pop et la soul pour aboutir à un statut de diva moderne. Bien que née à Détroit, principale ville de l’État du Michigan connue pour être le fief de l’industrie automobile et le berceau du label de soul music Tamla Motown, Dianne Reeves grandit à deux mille kilomètres de là, à Denver, dans le Colorado, où sa famille s’est installée lorsqu’elle avait deux ans. À la maison, la musique est omniprésente. Son père chante occasionnellement et sa mère est une trompettiste confirmée. Le gène musical coule même de source puisque son oncle, un certain Charles Burrell, fut le premier citoyen afro-américain à intégrer un orchestre clas- sique, en l’occurrence l’Orchestre symphonique de San Francisco. Musicien polyvalent, c’est cet aïeul accompagnateur de Billie Holiday, Charlie Parker, Duke Ellington ou Count Basie, et profes- seur de Ray Brown, qui attire l’attention de l’adolescente sur les grandes voix du jazz : Ella Fitzgerald, Carmen McRae, Dinah Washington et Sarah Vaughan, qu’elle écoute et imite, en nour- rissant le secret espoir de leur ressembler. Outre les conseils de son oncle, Dianne Reeves bénéficie également de l’influence d’un cousin nomme George Duke, un pianiste qui vient lui aussi d’embrasser une carrière musicale florissante. Alors qu’elle chante dans un big band au collège, elle est remarquée 3 par le trompettiste Clark Terry (1920–2015), qui l’encourage à poursuivre un enseignement musical à l’Université du Colorado et l’accompagne occasionnellement. Il lui suggère également de s’installer en Californie, afin d’intégrer le milieu du jazz, ce qu’elle ne manque pas de faire. La chanteuse n’a alors que vingt ans lorsqu’elle enregistre son premier album à Los Angeles. Ce galop d’essai, intitulé « Welcome To My Love », paraît en 1982 sous le label Palo Alto et montre déjà les signes d’une souplesse vocale qui sera sa marque de fabrique. Entourée d’une solide équipe de musiciens de studio de la Côte Ouest, en particulier le saxophoniste Ernie Watts, le guitariste Nick Kirgo, le bassiste Larry Klein et les batteurs Luis Conte et Harvey Mason Senior, l’interprète se distingue par ses propres compositions ou celles de son partenaire musical, le pianiste Billy Childs, en sus des standards comme « My Funny Valentine ». L’envol vocal de Dianne Reeves L’aisance vocale dont fait preuve Dianne Reeves ne passe pas inaperçue dans le milieu musical et son nom circule de studio en studio, tant et si bien qu’elle est invitée à chanter sur bon nombre d’enregistrements de la scène californienne. Cette fonction d’inter- prète sur demande constitue l’essentiel de son activité entre son premier et deuxième album. L’exercice est largement profitable en ce qu’il apprend à s’adapter à différents styles et permet de côtoyer des musiciens à la technique renommée. Accessoirement, il lui ouvre les portes de labels discographiques qui commencent à voir dans les qualités de la chanteuse le dessein d’une carrière de soliste. Elle apparaît ainsi sur deux albums du groupe de jazz fusion Caldera, chante pour le multi-instrumentiste et prodige de la basse électrique Alphonso Johnson, le trompettiste Eddie Henderson et le batteur Lenny White, connu pour sa collaboration avec Miles Davis et son appartenance au super-groupe Return To Forever, au côté de Chick Corea. Son cousin George Duke fait également appel à elle pour l’album « From Me To You », auquel participent Stanley Clarke, Michael Sembello et Leon « Ndugu » Chancler. D’autres séances suivent pour le saxophoniste Stanley Turrentine, le premier album de Luis Conte, le chanteur brésilien Djavan pour son troisième et magnifique album « Seduzir » (1981), 4 un géant du jazz en la personne du vibraphoniste anglais Victor Feldman (« Fiesta », 1984), et un autre habitué des séances qu’est le claviériste et arrangeur David Diggs, dont l’album « Streetsha- dows » est l’un des succès de l’année 1985. Sans compter qu’entre deux sollicitations, Miss Reeves part en tournée avec le crooner Harry Belafonte, lui aussi tombé sous le charme de son timbre aussi cristallin qu’énergique. L’année suivante, alors qu’elle se signale encore par des interven- tions avec David Benoit et le groupe Steps Ahead, la chanteuse fait à nouveau équipe avec George Duke, qui s’entoure d’autres talents nommés Deniece Williams, Stephanie Mills, Irene Cara, Kenny Loggins ou James Ingram, sur l’album « George Duke ». En retour, celui-ci prend en charge la production et enlumine de ses synthétiseurs « Dianne Reeves » (1987), l’œuvre du nouveau départ de l’artiste qui vient de signer avec le grand label de jazz Blue Note. C’est peu de le dire, du beau monde accompagne l’interprète qui fait des merveilles sur les deux pièces signées de sa main, « Sky Islands » et « Better Days », ou sur celles apportées par Herbie Hancock (la ballade « Harvest Time » et la délicieuse « Chan’s Song », co-signée par Stevie Wonder), aux côtés d’autres reprises. Billy Childs et toujours présent au piano, avec le trom- pettiste Freddie Hubbard et le saxophoniste Justo Almario, les bassistes Stanley Clarke et Freddie Washington, le guitariste Paul Jackson Junior, les batteurs Tony Williams et Ricky Lawson ainsi que les percussionnistes brésiliens Airto Moreira et Paulinho Da Costa. Le résultat, approuvé par la presse, débouche sur un subtil mélange de jazz funk synthétique et de soul ourlée de cuivres. Ce qui est qualifié d’album prometteur trouve son prolongement dans un style R&B parfois teinté de gospel sur « Never Too Far » (1989), dont le casting pléthorique accueille, aux côtés de sa garde rapprochée, une armée de choristes dont Philip Bailey (Earth, Wind & Fire). La ballade obsédante « Come In » obtient un certain succès sur les radios de la bande FM, tandis que les journalistes spécialisés soulignent l’étendue de son registre vocal, parcourant trois octaves et demie. 7 La diva moderne Les séances s’enchaînent à un rythme soutenu jusqu’à l’album suivant. Outre sa collaboration avec le saxophoniste émérite Wayne Shorter sur « Joy Rider » (1988), Dianne Reeves est créditée sur des enregistrements de Lou Rawls, Vanessa Williams et Eduardo Del Barrio. En 1991 paraît « I Remember », un album entièrement constitué de reprises qu’elle porte à un niveau d’excellence, comme en témoignent ses versions de « Love For Sale », « Softly As In The Morning Sunrise », « For All We Know », « You Taught My Heart To Sing » ou du sublime « Afro Blue » et du medley « The Nearness Of You / Misty », qui en font l’une des plus grandes interprètes de la scène jazz. Ce répertoire, magnifié par la pléiade de musiciens qui l’accom- pagnent, lui permet d’aborder la scène avec cette singularité qui la caractérise, rapprochant autant les puristes de jazz que les amateurs de soul, de funk et de R&B moderne. L’artiste crée un consensus rare, digne des divas qu’elle admirait dans sa jeunesse. Mieux, elle réussit à décloisonner les genres en s’accordant le soutien de chefs d’orchestre aussi illustres que Daniel Barenboim ou Sir Simon Rattle, qui offrent à ses chansons aériennes un écrin symphonique. Cette versatilité est mise à profit sur les albums suivants qui combinent avec habileté ses différentes facettes, de l’exercice de scat dans lequel elle excelle (par exemple, « Like A Lover » et « How High The Moon » sur « I Remember ») au R&B torride des années 1980, en passant par la soul sensuelle qu’elle affectionne tout particulièrement. Aussi variés que puissent être « Art & Survival » et « Quiet After The Storm », enregistrés coup sur coup et parus à quelques mois d’intervalle, il s’en détache indéniablement un style Dianne Reeves, tant dans la forme de ses compositions que dans le choix des standards. Une forte personnalité qui dépasse le simple stade de l’identité vocale, immédiatement reconnaissable. Si « Quiet After The Storm » (1995) constitue un nouveau sommet de sa discographie, ce n’est pas seulement dû à la présence des souffleurs recherchés que sont Joshua Redman (saxophone), Roy Hargrove (trompette), du flûtiste Hubert Laws ou du guitariste 8 Mélomane, comme vous. Kevin Eubanks, mais sûrement par le numéro de haute voltige qui parcourt l’ensemble, de « Hello, Haven’t I Seen You Before » et « Comes Love (Nothing Can Be Done) » à « Both Sides Now » (Joni Mitchell), sans omettre « Detour Ahead ». Le même constat peut être fait à l’écoute de « The Grand Encounter » (1996), ainsi baptisé pour sa rencontre avec le jazz le plus classique (« Let Me Love You », « Tenderly », « After Hours », « Besame Mucho » même), porté par des musiciens qui ne le sont pas moins, à commencer par Clark Terry – son mentor devenu fan –, et une équipe comprenant l’autre trompettiste Harry « Sweets » Edison, les saxophonistes Phil Woods, Bobby Watson (alto) et James Moody (ténor), le tromboniste Al Grey, le pianiste Kenny Barron et l’harmoniciste Toots Thielemans. La consécration internationale Ce rêve d’entrer dans l’histoire du jazz finalement touché du doigt, Dianne Reeves poursuit son exploration des genres musicaux et du répertoire sans limite désigné sous la formule consacrée de « Great American Songbook ».