Face-à-face

Alain Virginie ROUSSET CALMELS Président du Conseil régional d’, Adjointe au maire de président de l’Association des Régions de en charge de l’Économie, de l’Emploi et député de la et de la Croissance durable

« Jury » présidé par Jean-Bernard GILLES, Journaliste à Sud Ouest

Jeudi 22 octobre 2015 17h00 – 19h00 • Amphi Montesquieu • Bordeaux

Introduction

Tous les ans, les Rencontres Sciences Po / Sud Ouest essaient, autant que possible, de démarrer leur saison par un temps fort politique. Cette année, nous avons l’opportunité d’accueillir un face-à-face entre deux têtes de liste aux élections régionales de décembre 2015, Virginie Calmels qui mène la liste de la droite et du centre et Alain Rousset celle du parti socialiste. A l’issue du scrutin, l’un des deux est susceptible d’occuper le fauteuil de président (e) de la future grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes issue de la réforme territoriale de décembre 2014. Cette nouvelle entité, au nom pour l’instant provisoire, dispose de la plus vaste superficie des régions françaises, soit un territoire plus grand que l’Autriche avec plus de 84 000 km2, regroupant quelques 5 800 000 habitants. Elle se hisse au premier rang des régions françaises par son chiffre d’affaires agricole, le nombre de ses emplois touristiques, au deuxième rang après l’Île de France en recherche et innovation, avec cinq pôles universitaires et des grandes écoles. Son économie repose également sur le dynamisme de son industrie aéronautique et spatiale, sur les filières image, du numérique et du design, sur les industries parachimiques et pharmaceutiques, le secteur financier des assurances, la céramique industrielle, sans oublier les entreprises liées aux sports de glisse. Ce vaste ensemble recouvre cependant des territoires qui présentent de réelles disparités de développement. C’est sans doute là l’un des principaux défis que la future majorité du Conseil régional devra relever. Comment harmoniser l’action politique sur des territoires aux configurations bien différentes, de la Gironde à la Creuse, des Pyrénées- Atlantiques à la Vienne ? Comment améliorer les communications terrestres, notamment ferroviaires et au profit de quelles zones ? Par ailleurs, dans cet espace où seule la structure intercommunale bordelaise a le statut de métropole depuis janvier 2015, le poids de celle-ci ne va-t-il pas être renforcé aux dépens des autres grandes aires urbaines ? Les zones rurales qui connaissent pour certaines d’entre-elles des difficultés sociales aggravées, soulignées par le démographe Hervé Le Bras l’an dernier lors de notre Rencontre d’ouverture, ne devront certainement pas être négligées. Quelles seront les priorités des deux candidats que nous recevons ? Quelles seront leurs marges de manœuvre sur le plan financier, sur le plan politique ? Un tel débat s’annonce riche et passionnant, autant sur la forme que sur le fond, entre deux personnalités au profil distinct. Virginie Calmels démarre en effet une carrière politique au côté d’Alain Juppé, après avoir fait une ascension remarquée dans le monde de l’entreprise, Alain Rousset quant à lui, en tant que président sortant, entame sa quatrième campagne régionale et connaît bien le terrain. Nul doute que tous deux exprimeront leur expertise et compétence sur les sujets économiques. Il sera aussi intéressant de les entendre sur d’autres questions et de percevoir ce qui fonde leurs divergences ou, peut-être aussi, d’identifier leurs points de convergence en ce qui concerne l’avenir de la nouvelle grande région.

Les étudiants sont venus en grand nombre préparer cette première Rencontre aidés par Jean Petaux, politiste à Sciences Po Bordeaux, et Jean Bernard Gilles du journal Sud Ouest : Yassine Benasaid (4ème année), Félix Berte (1ère année), Clarisse Bigourdan (1ère année), Sébastien Brasco (1ère année), Agathe Brecheteau (1ère année), Valentin Chevallier (4ème année), Marine Coletta (1ère année), Coralie Custos (4ème année), Clara Delattre (1ère année), Jules Deret (1ère année), Camille Dunouau (1ère année), Inès Dupuch (1ère année), Jordan Dutrueux (1ère année), Matthieu Espiaut (1ère année), Maxime Fourmaintraux (1ère année), Anne-Louise Fournier (3ème année), Lou Fradkin (1ère année), Rute Freitas Morgado (1ère année), Marion Galix (1ère année), Augustin Girault (1ère année), Cyprien Huet (4ème année), Xavier Leibar (5ème année), Anthony

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Leroy (1ère année), Antonio Luemba (4ème année), Hortense Lugand (1ère année), Fanny Maigné (3ème année), Paul Melun (4ème année), Camille Moullec (1ère année), Kévin Orefice (5ème année), Arthur Pascal (1ère année), Nicolas Pastor (4ème année), Stéphane Pedreido (3ème année), Agathe Prod’homme (1ère année), Alice Provost (4ème année), François Ricouard (5ème année), Nina Tapie (1ère année), Alexandre Thibeau (5ème année), Lucie Vegrinne (1ère année), Salomé Zajbert (1ère année).

Que tous soient remerciés pour leur active participation à la réussite de ce face-à-face, ainsi que celles et ceux qui à l’IEP comme à Sud Ouest oeuvrent tout au long de l’année pour que les Rencontres existent. Les Rencontres doivent aussi leur fonctionnement au soutien et à la confiance que leur accordent depuis plusieurs années le Crédit Mutuel du Sud-Ouest et le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Nous souhaitons leur témoigner notre sincère reconnaissance.

Françoise Taliano-des Garets Professeure d’Histoire contemporaine Coordinatrice des Rencontres Sciences Po / Sud Ouest

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Biographies Alain Rousset

Né en 1951 à Chazelles-sur-Lyon dans la Loire, diplômé de l’IEP de Paris après une formation juridique, Alain Rousset a rejoint l’Aquitaine dès 1980 (comme directeur de cabinet des présidents André Labarrère et Philippe Madrelle).

Pendant 12 ans, il sera Délégué à l’industrialisation du Bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) à la Direction du Développement régional du groupe Elf Aquitaine, renforçant là son expertise indiscutable en matière de développement économique et son intérêt affirmé pour l’innovation et les batailles pour l’emploi.

Elu local, connu comme le maire de Pessac de 1989 à 2001 (il restera adjoint jusqu’en 2007), il a également été Vice-Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux sur cette même période avant de prendre la présidence de la CUBde 2004 à 2007. Un temps conseiller général (1998-1998) et 1er Vice-Président de la Gironde (en charge de la Solidarité, de la Politique de la Ville et du Plan), il est élu député depuis 2007.

Il a également présidé la Communauté de Travail des Pyrénées (1999-2001) et la commission Arc Atlantique (2002- 2006).

Depuis 1998, il préside la Région Aquitaine et depuis dix ans, l’Association des Régions de France. Défenseur inlassable de cette collectivité auprès des pouvoirs publics nationaux, il a publié en 2009 avec Jean Viard : « Ce que Régions veulent dire ».

L’homme politique est aussi fier d’avoir créé, avec son ami Jean Lacouture, et présidé depuis 1990 le Festival International du Film d’Histoire à Pessac.

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Âgée de 44 ans, mère de deux enfants, Virginie Calmels est diplômée de Sup de Co Toulouse et de l’INSEAD, elle est aussi diplômée d’expertise comptable et de commissariat aux comptes. Elle est décorée de l’Ordre National du Mérite.

Sa passion pour l’entreprise a conduit Virginie Calmels à se lancer dans le monde des affaires. Après avoir travaillé dans l’audit, puis comme directrice financière de Numéricâble, elle devient directrice générale déléguée de Canal + à seulement 31 ans. A 36 ans elle devient PDG d’Endemol France, puis est nommée 5 ans plus tard directrice générale d’Endemol Monde, groupe mondial leader de la production audiovisuelle, présent dans 31 pays et comptant plus de 7 000 salariés. En 2013, elle a quitté ses fonctions pour créer sa propre entreprise.

Virginie Calmels est également administratrice de Free et de Technicolor, et Présidente du conseil de surveillance d’Eurodisney, un acteur essentiel du tourisme national comptant 15 000 salariés.

Consciente qu’une carrière professionnelle n’est pas la réussite d’une vie, Virginie Calmels s’est discrètement impliquée dans le milieu caritatif pendant près de dix ans.

À l’invitation d’Alain Juppé, elle a rejoint sa liste aux municipales de 2014 à Bordeaux, voyant dans cet appel l’opportunité de se mettre au service du bien commun.

Depuis la victoire aux élections municipales, elle occupe les fonctions d’adjointe en charge de l’économie, de l’emploi et de la croissance durable.

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Partie 1 Trajectoires personnelles des deux candidats

Virginie Calmels la femme pressée Après avoir percé chez Canal et Endemol, cette quadragénaire vient de faire une entrée fracassante à la mairie de Bordeaux. La nouvelle adjointe d’Alain Juppé court après le temps, et impressionne par sa poigne. Retour sur une ascension sans détour, et sans complexe. À la mairie de Bordeaux, certains nouveaux élus vie, de tourner une page. » Un simple coup de tête ? s’assurent de la présence de l’attaché de presse avant Un journaliste tente une autre hypothèse : « Son nom de répondre à un journaliste. Virginie Calmels n’a pas circulait à l’époque pour succéder à Nonce Paolini, PDG cette précaution. C’est une profession- nelle de la de TF1, appelé à quitter son poste en 2013. Finalement, communication, aucune ques- tion ne semble désarmer Martin Bouygues a choisi de le recon- duire jusque fin son sourire conquérant. Elle sait qu’il faut, pour une 2016, mais il se peut que Virginie Calmels ait songé à interview réussie, un peu de lâcher-prise, quelques cette carte, qu’elle n’a pas pu abattre. » confidences, jongler entre les éléments de langage et des éclats de spontanéité. En deux heures d’entretien, Elle peut être d’un cynisme redoutable. Virginie Cal- mels slalome ainsi entre le chaud et le froid. Elle impressionnait beaucoup dans ce Tour à tour pure gestionnaire, conforme à son image monde de machos, note une ancienne de « tueuse », ou quadra romantique à la Ally Mc Beal (1), bonne copine capable de fredonner ses chansons collaboratrice. préférées, de s’émouvoir en parlant de Stefan Zweig, ‘‘ ou du bonheur qu’elle avait, quand elle dirigeait Ende- La politique depuis toujours mol, à assister aux prime time de la «Star Ac ». Elle est Quoi qu’il en soit, l’an dernier, Virginie Calmels change fan de variété française. « Ah... Aznavour, Dalida... » « de vie. Elle a rendez- vous avec la politique, un astre qui Une lionne » On sait tous que la vie est courte, Virginie rôde depuis toujours autour de son parcours. Petite, elle Calmels le sait peut-être plus que d’au- tres. Une vie ne se passionnait pour les joutes de « L’Heure de vérité ». lui suffit absolument pas ! La voilà, à 43 ans seulement, Dans les années 2000, elle a vécu avec Christian Blanc, en train d’entamer à Bordeaux un troisième chapitre de secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy. «Depuis que je la sa jeune existence. Il y eut d’abord la finance, Sup de connais, elle m’a tou- jours parlé de politique, confie Co, l’expertise comptable... Puis les médias. Numeri- l’animateur Arthur. C’est une femme de pouvoir, elle est cable, Canal, et surtout, à partir de 2003, pendant dix très maline. Elle ne m’a jamais menti, ou je ne m’en suis ans, Endemol, dont elle sera la présidente en France pas aperçu (rires). Si elle est adjointe aujourd’hui, dans et le numéro deux à l’international. Dans cette fabrique dix ans elle sera à Matignon ! » de programmes télé, elle inter- vient sur tous les fronts. Aussi bien à la gestion, la stratégie, « backstage » pen- À l’hôtel de ville, elle est dant les directs, que dans les journaux pour défendre à la fois admirée et attendue cette « real TV » contro- versée. Elle ne s’attarde plus au tournant aujourd’hui sur cette forme de télévision, aux accents trash et clinquants peu compatibles avec la sobre Au printemps 2013, « la dame de fer du PAF » renoue patine de la droite bordelaise. « On oublie trop souvent ‘‘ avec Alain Juppé, qu’elle connaît un peu mais pas tant qu’Endemol produit beaucoup d’autres programmes que ça. Elle l’a rencontré il y a une dizaine d’an- nées, lors que la téléréalité. L’entreprise est très présente dans le d’un dîner à Bordeaux, où elle a ses racines. N’a-t-elle jeu, le divertissement et la fiction. » Chez Endemol, elle pas passé une partie de son enfance dans le quartier de a laissé le souvenir de quelqu’un de dur et de droit. « Ce Caudéran ? Il y avait aussi, ce soir-là, Isabelle Juppé, avec n’est pas une tricheuse, pas une tordue. Elle est carrée. laquelle elle restera, de loin en loin, en contact. Quand ils En revanche, elle peut être d’un cynisme redoutable. Elle se croisent à nouveau, l’an dernier, Alain Juppé est épaté impressionnait beaucoup dans ce monde de machos par son parcours et son carnet d’adresses. Il pense à la », note une ancienne colla- boratrice. Marc Baudriller, campagne municipale qui s’annonce. Sans doute aussi journaliste en charge des médias à « Challenges », à 2017. En cas de candidature, il ne lui sera pas inutile de ajoute : « C’est une femme extrêmement intelligente et compter parmi ses lieutenants une personnalité influente bosseuse. Autant de qua- lités qu’elle met au service à la fois dans les médias (notamment à TF1) et auprès d’une ambition considérable. Il ne faut pas se laisser des grands patrons – elle est administratrice de Free et leurrer par son aspect sage avec le serre- tête et les du Medef. La suite est connue. Alain Juppé lui pro- pose tenues BCBG. C’est une lionne.» Coup de théâtre en de figurer sur sa liste, il est largement réélu et la propulse 2013. Après dix années passées à la tête d’Endemol, à l’avant-scène de la politique bordelaise. La confiance Vir- ginie Calmels démissionne. « Envie de changer de

- 13 - dont il l’investit se manifeste dans l’organi- gramme (il tout parachutage, parle plutôt d’un retour sur la terre charge sa nouvelle adjointe d’une délégation cruciale, de son enfance et de ses parents. Elle évoque souvent l’économie et l’emploi) autant que dans le protocole : au son père Jean-Marie, enterré à Gradignan. Beau- coup, Conseil municipal, elle siège à la gauche du maire, à la dans ce qu’elle est aujourd’hui, vient de lui. Son goût place jusqu’ici occupée par Hugues Martin, longtemps pour la politique, qu’il exerçait à sa manière, à la tête de fidèle bras droit d’Alain Juppé. la Fédération des associations de petits commerçants. Son agilité aussi. Et son pressentiment, « en permanence Le souvenir du père », que le temps est compté (il a failli mourir sous ses yeux alors qu’elle était adoles- cente). C’était un rapatrié Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur bordelaise voie d’Algérie, issu d’une famille de colons aisés, « qui a tout en elle « l’héritière en 2020 ». C’est aller un peu vite en perdu en une nuit ». « Il m’a dit cette phrase que je n’ai passation de pouvoirs. Comment cette « manageuse jamais oubliée : “Je me suis couché riche, je me suis » venue de l’entreprise apprivoi- sera-t-elle les usages réveillé pauvre ”. » de la politique locale ? Ses collègues élus saluent son efficacité mais doutent de sa capacité à fendre CINQ DATES l’armure, à entrer dans la chair de la politique, l’empathie, 1971.Naissance à Talence (33). l’incarnation. À l’hôtel de ville, elle est à la fois admirée et attendue au tournant. Dans ce petit royaume républicain 2002-2003.Canal+ (directrice financière, puis directrice où chacun scrute les grâces et les disgrâces, la percée déléguée) de cette novice agace. Elle n’en a cure. « Je ferai tout 2003-2013. Endemol (PDG France, directrice générale pour me tenir à l’écart des que- relles politiciennes. Je monde) ne me sens pas femme politique au sens politicien. Je suis une femme d’entreprise engagée en politique, et ma 2013.Création de Shower Company, société spécialiste priorité est de créer un pont entre les mondes politique des investissements dans les médias, domiciliée à et éco- nomique. » Quant à 2020, pas question de plans Bordeaux. Présidence du conseil de surveillance sur la comète, « ça ne marche jamais comme ça ». Pour d’Eurodisney le moment, Virginie Calmels soigne son implantation. Elle Avril 2014. Maire adjointe de Bordeaux, à a choisi un appar- tement à deux pas de la mairie, réfute l’économie,l’emploi et la croissance durable. Julien Rousset, Sud Ouest, Le Mag, 17 juin 2014

- 14 - Alain Rousset au scanner Qui est Alain Rousset» L’Express brosse le portrait d’un passionné de Clint Eastwood et Jacques Brel.

Bio express Député de la 7e circonscription de la Gironde. Age Son profil 59 ans. Un modèle en politique Situation de famille «J’en ai deux: Pierre Mendès-France et Jacques Delors.» Marié, 2 enfants. L’adversaire politique qu’il respecte le plus Formation «La notion d’adversaire me gêne.» Diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris. Sa réussite majeure Diplôme d’Etudes supérieures juridiques. «Je retiendrais l’engagement de la région Aquitaine en faveur de la recherche et la reconstruction de Sa carrière professionnelle l’hébergement des rapatriés d’Indochine à Sainte- De 1980 à 1986 Livrade-sur-Lot.» Directeur de cabinet d’André Labarrère, puis de Philippe Madrelle, présidents du conseil régional d’Aquitaine. Sa principale gaffe «Je l’ai déjà oubliée!» De 1986 à 1998 Délégué à l’industrialisation du Bassin de Lacq, à la Sa principale qualité Direction du développement régional du groupe Elf Aquitaine. «La persévérance.»

Sa carrière politique Son principal défaut De 1988 à 1998 «Je suis un peu fâché avec ma montre!» Conseiller général de la Gironde, premier vice-président Ses loisirs du conseil général, chargé de la Solidarité, de la Politique de la Ville et du Plan (de 1994 à 1998). «Etre au contact avec la nature, jardiner, lire et faire du sport.» De 1989 à 2001 Maire de Pessac, puis premier adjoint au maire (de 2001 S’il n’avait pas fait de politique à 2007). «Menuisier, ébéniste ou libraire.» Depuis 1998 Président du conseil régional d’Aquitaine. L’événement qui l’a le plus marqué en 2009 De 1999 à 2001 «La naissance de ma petite fille.» Président de la Communauté de travail des Pyrénées. Et si demain, il se retrouvait face à Dieu, que De 2002 à 2006 lui dirait-il ? Président de la commission Arc Atlantique. «Pourquoi Haïti?» De 2004 à 2007 Président de la Communauté urbaine de Bordeaux. Ses Goûts Depuis 2004 La période de l’Histoire qu’il préfère Président de l’Association des régions de France (ARF). «La Première Guerre mondiale» Depuis 2007

- 15 - Un film Un plat «Invictus, de Clint Eastwood.» «Un bar à la plancha.»

Un livre Une boisson «L’Ombre du Vent, de Carlos Ruiz Zafon.» «Du pessac-léognan et de l’eau d’Ogeu.»

Un peintre Un sportif «Cézanne.» «Stéphane Diagana et Tony Estanguet.»

Un chanteur Les lieux qui représentent le mieux l’Aquitaine «Jacques Brel.» «Le courant d’Huchet (Landes); le château de Bonaguil (Lot-et-Garonne); les Aiguilles d’Ansabère, dans la vallée Une oeuvre musicale d’Aspe; le Bassin d’Arcachon (Gironde); le boulevard des Pyrénées, à Pau; les quais de Bordeaux; une palombière; «Moldau, de Smetana.» Eole, à Bordes (Pyrénées-Atlantiques).»

Un spectacle vivant Sa devise «Le cirque.» «Audace, persévérance, respect.» Philippe Bidalon, L’Express, 4 février 2010

- 16 - Virginie Calmels, ou comment une femme peut en cacher une autre Surprise du chef. Le meilleur d’entre nous s’y connaît en cuisine politique. Le 28 janvier dernier, Alain Juppé n’a pas ménagé son effet en révélant la présence de Virginie Calmels sur sa liste aux prochaines élections municipales de Bordeaux. Chaque semaine, Le nouvel Economiste révèle un tempérament à “l’Hôtel”, rue des Beaux-arts. Paris VIe. Portrait d’une femme de tête, longtemps perçue comme une femme de chiffres, en passe de dévoiler la structure bicéphale de son identité et de sa quête. “Je préfère le voyage à la destination.” Ce n’est pas la à redire. Madame n’a pas encore été touchée par le base line d’une compagnie aérienne. Juste le credo de syndrome de la langue de bois. Rendez-vous dans Virginie Calmels. Tout ce qu’elle est tient résolument quelques mois. dans cette courte phrase inspirée de Stevenson. Goût de l’aventure, Graal de la découverte, sens du risque et Un beau jour ou peut-être une nuit de la remise en question, volonté orgueilleuse d’élever “Le hasard n’existe pas.” Joli titre d’un livre qu’elle écrit toujours davantage son âme et son esprit, quitte à briser pour ses enfants, qui a de fortes chances de demeurer la route toute tracée d’une carrière éclair. Présidente dans la sphère privée… Pour Virginie, comme le disait du conseil de surveillance d’Eurodisney, administrateur Jean Cocteau, “le hasard est la forme que prend Dieu indépendant d’Iliad (Free) et du Medef Paris, ex-directrice pour passer incognito.” Virginie est croyante, mais pas générale d’Endemol Monde... A 42 ans, Madame a un brin uniquement sur le terrain religieux. Elle a la foi en ce vécu. Loin d’elle, pourtant, les caricatures que certains qu’elle fait, embrassant ses différents métiers autant que ont voulu tailler. Cost-killeuse, négociatrice acharnée, les entreprises qu’elle dirige comme si ce devait être le financière obsessionnelle de l’ebitda… Depuis dix ans, la dernier. “C’est une femme opiniâtre et déterminée, dont Margaret Thatcher des médias a été enfermée dans une le moral de gagnante est décuplé par un véritable sang- image trop réductrice bien qu’en partie réelle, antonyme froid. Elle est toujours totalement impliquée dans ce qu’elle de sa nature profonde. “Si l’on me parle de Bordeaux fait et ne s’arrête jamais, tout en sachant prendre les et de politique, on me prend par les sentiments”, lance décisions qui s’imposent”, indique Nicolas de Tavernost, t-elle, malicieuse. Les sentiments ? Vous l’aurez sans président du directoire de M6 et administrateur du doute compris, “la fausse tendre”, telle qu’elle s’amuse à club des Girondins de Bordeaux. Sup de Co Toulouse, se définir, est bien plus affective et passionnée qu’elle ne Insead, expertise comptable, directrice financière du voudrait bien le laisser paraître. groupe NC Numéricable à 27 ans, directrice générale Ecoutez plutôt Xavier Niel, fondateur de Free, qui, lui déléguée de Canal Plus à 32 ans, PDG d’Endemol à non plus, n’est pas un as du langage “feux de l’amour” : 36, directrice générale monde 5 ans plus tard, plus “Virginie Calmels est une véritable entrepreneuse et une jeune présidente d’un conseil de surveillance de grande grande négociatrice. Elle apporte à Free son savoir-faire société (Eurodisney)… Canal Plus, Endemol, Eurodisney, et sa connaissance des médias. Sa sensibilité la conduit pesant chacun environ 1,5 milliard d’euros de chiffre à être attentive aux êtres et aux choses, à détecter l’état d’affaires. Pas mal. d’esprit de ceux qui l’entourent pour s’en emparer et Contre toute attente, elle n’a jamais construit de plan leur apporter en retour une profonde empathie.” Bel de carrière, elle n’a jamais égratigné ses convictions éloge du cœur. Quant à la politique, à y regarder de au bénéfice de stratégies du lendemain. Quitte à plus près, la jeune femme a, depuis quelques années, démissionner alors qu’elle pourrait se satisfaire d’avoir souvent laissé entendre, au gré de ses interviews, qu’elle atteint ses objectifs. Miss Calmels n’aime pas ronronner. souhaitait, plus tard quand elle serait grande, rejoindre Tel un taureau lancé dans l’arène, Virginie a traversé la un rêve. Celui qui donne du sens à un parcours. Celui vie au gré de ce qu’elle pensait être des apprentissages de son terreau familial. Celui de ses racines. Celui qui nécessaires. Ce que l’on sait moins, c’est que Virginie répond en tous points à son caractère pragmatique et est parcourue de fulgurances, en dépit d’une rationalité décideur. “J’ai toujours pensé m’engager en politique et d’une logique implacables. Fulgurance pour au niveau local. Par goût de l’action concrète, encadrée l’entrepreneuriat, lorsqu’elle entend François Pinault à dans un périmètre clair. Par volonté de réaliser des la Cité de la Réussite en 2002, expliquer son parcours. propositions tangibles, qui répondent aux besoins de la Onze ans plus tard, elle crée sa société. Fulgurance vie quotidienne de la Cité. Par nature, je suis étrangère pour démissionner d’Endemol en 2013, en faisant ses aux jeux d’appareils de la politique politicienne.” Rien

- 17 - cartes de vœux, réalisant alors qu’elle y sévit depuis dix obtient des résultats et a accompli un travail exemplaire ans. Fulgurance de l’amour familial, à 29 ans, lorsqu’elle à Bordeaux.” Ce à quoi répond Alain Juppé : “J’ai choisi décide d’écrire une lettre à ses parents, les remerciant Virginie Calmels pour ses qualités. Elle a des attaches de tout ce qu’ils ont fait pour elle (“Tout ce que je suis, réelles avec Bordeaux. c’est grâce à vous”), tandis que son père disparaîtra Elle est représentative des nouveaux Bordelais qui une semaine plus tard. Fulgurance pour l’engagement reviennent aux pays. Le fait d’être issue de la société politique, lorsqu’elle s’aperçoit rêver depuis trop civile représente un atout et une forte attente. Le monde longtemps au service de l’intérêt général, alors que son de l’entreprise et de la politique n’ont pas suffisamment emploi du temps lui permet enfin, d’accomplir sa liberté d’interactions. Commencer par une expérience de choix. Elle refuse depuis six mois tous les postes municipale est résolument une bonne méthode, à exécutifs qui lui ont été proposés pour se consacrer l’inverse des parachutages de grands patrons à des à son avenir bordelais… L’animal se construit dans la fonctions gouvernementales. La politique ne doit pas réflexion, refuse souvent les (nombreuses) propositions. être le pré carré des professionnels de la politique.” Attend la foudre des évidences. Virginie, dont le père était président de la Fédération française des associations de commerçants et vice- Raison et sentiments président du Conseil national du commerce, engagé Un robot de cartésianisme pensent, tout bas, certains aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing en 1981, Virginie des grands patrons qui la côtoient. Dieu qu’ils sont loin dont la mère défend des idées social-démocrates, cette du compte. “Au nom de l’amour, tout est possible.” même Virginie est la femme d’une droite modérée, d’une Virginie l’affirme. Parce qu’elle est le fruit d’une histoire droite sociale. Attirée par les valeurs de feu l’UDF, mais théoriquement impossible. Deux parents mariés et ayant également proche de la social-démocratie un temps des enfants, chacun de leur côté. Un coup de foudre. prônée par Dominique Strauss-Kahn, l’entrepreneuse Suivi de l’acharnement à vivre ensemble, dans la société est bien éloignée de l’idéologie partisane et n’a jamais été des années soixante-dix. Voilà qui éclaire davantage encartée. A son panthéon politique figure la séquence le cœur de Virginie. Mais il y a aussi son terreau, ses Thatcher-Blair, “parce qu’il faut casser le système par racines, ses valeurs, son histoire. Née à Talence, d’une un électrochoc avant de construire une politique social- mère vivant à Bordeaux et d’un père rapatrié d’Algérie démocrate”. qui a tout perdu lors de l’indépendance, Virginie a effectué sa petite scolarité à l’école du Bon-Pasteur de L’aventure c’est l’aventure Bordeaux. Sa sœur y vit encore. Son père est enterré Cofondatrice de l’association caritative de réinsertion à Gradignan. “Je suis apaisée et sereine pour travailler, “Ares coop”, vice-présidente du Centre d’étude et de m’épanouir et développer mon activité à Bordeaux. prospective stratégique (CEPS), éprise de transmission Parce que j’aime le beau. C’est une ville idéalement située (elle intervient régulièrement au sein de nombreuses géographiquement, incontestablement rayonnante et écoles telles que l’ESC, l’ESCP, HEC, IEP ou l’Essec), attractive.” mademoiselle Calmels a, depuis longtemps, développé Au nom de la politique, tout est possible aussi. Alors des activités parallèles, une vie citoyenne, à côté de son Virginie a implanté sa société, SHOWer Company, chemin professionnel. En ce qui concerne Bordeaux, il dans la cité du Sud-Ouest. A ce titre, elle accompagne s’agit d’une tout autre affaire. “Sa maîtrise des questions des prises de participation dans les médias et travaille financières et des techniques d’organisation, son avec un gros fonds anglo-saxon à des investissements attachement et son amour pour la ville de Bordeaux, dans ce même secteur. Solidement implantée dans le dans laquelle elle est née, sont autant de moteurs pour monde des médias depuis quinze ans, Virginie avait saisir la chance de pouvoir apprendre l’action publique d’ailleurs été amenée à croiser Isabelle Juppé au sein auprès d’Alain Juppé”, souligne Christian Blanc, ancien du groupe Lagardère, dans lequel cette dernière exerce secrétaire d’Etat au Grand Paris. Alors, bien sûr, son des responsabilités… Oui, la politique justifie tout, expérience issue de la direction de grands groupes et parce qu’elle semble couler dans ses veines depuis son expertise financière, managériale et opérationnelle l’enfance. La fillette fan de L’heure de vérité deviendra laissent penser qu’elle est la personne idoine, par exemple la professionnelle imposant à Endemol la production de pour s’occuper des finances de la ville, mais aussi pour docu-fictions politiques sur Edouard Balladur (qui lui a, participer au tissage de son lien à l’international, drainer d’ailleurs, remis sa décoration de Chevalier de l’Ordre des talents, développer son attractivité. national du Mérite). L’enfant qui connaît par cœur la D’un autre côté, Virginie, amie, à titre personnel, composition du gouvernement de François Mitterrand d’hommes politiques de droite comme de gauche en 1981 deviendra la femme politique qui décide (certains des Gracques, notamment), détachée des de rejoindre la liste d’Alain Juppé , après quelques systèmes partisans, convaincue qu’il faut “faire de la rencontres, “parce qu’il est un homme d’Etat, de vision, politique autrement” et novice dans ce domaine, pourra- qui a une dimension locale et nationale. Un homme qui

- 18 - t-elle exister dans un environnement différent du sien ? du groupe TF1, qui salue son “respect de la parole “Je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. Je crois donnée”, “son goût du pari doublé d’une approche à la complémentarité des talents et à l’apprentissage. distanciée et pleine d’humour de l’existence expliquent Ce que j’aime sur cette planète, ce sont les gens qui qu’elle peut être audacieuse dans la vie des affaires tout tirent vers le haut.” Evidemment, toujours modeste, elle en faisant le saut de l’ange dans son propre parcours ne parle pas d’elle. Mais la question de la relève d’Alain !”… Plus facile, direz-vous, lorsque la vente d’actions, Juppé dans six ans a traversé tous les esprits lors de comme elle l’a fait avant de quitter Endemol, permet l’annonce de la présence de Virginie Calmels sur sa liste. d’oublier les contraintes matérielles. En s’investissant “A ceux qui émettent des remarques sur l’hypothèse de à Bordeaux, Virginie Calmels ne recherche donc ni la ma relève à Bordeaux, je réponds : Calmez-vous ! Nous notoriété ni l’argent (les deux étant déjà acquis). Il y a ne sommes qu’en 2014, pas en 2020. Cela laisse six ans autre chose, de l’ordre du dépassement personnel. Une pour faire émerger d’éventuels successeurs”, indique approche presque mystique. Une fois de plus, Miss l’actuel maire de Bordeaux. Plusieurs fois déjà, Virginie Calmels a la foi. Préparez les sermons. Prochain rendez- a choisi de sauter dans le vide, en démissionnant de vous politique en 2020 ou… en 2017 ?. Canal Plus, puis d’Endemol. Selon Nonce Paolini, PDG Gaël Tchakaloff, Le Nouvel Économiste, 29 janvier 2014 « Je ne gesticule pas » ALAIN ROUSSET Le député de la 7e circonscription a été élu dès le premier tour, il y a un an. Il affirme faire un travail de fond au Palais Bourbon. Ministre, c’est encore autre chose. Reprocher à Alain Rousset d’être un député trop discret 8 millions de travailleurs pauvres. Notre modèle social suffit à le faire sortir de ses gonds : « Les questions au est mort. Il faut le renouveler. Certes, l’échelle a changé. gouvernement tournent à la caricature. Je n’ai pas envie L’Europe, le monde... Mais c’est dans ses régions que de gesticuler. » Que son nom ne soit pas associé à un la France doit se remuer. » En militant par exemple pour projet de loi, peut lui chaut, laisse-t-il entendre : « Une que la carte des formations soit régionale, il prêche pour loi, c’est toujours le résultat d’un travail collectif. S’investir sa paroisse en se gardant bien de casser la baraque des dans des commissions, pour un travail en profondeur, copains : « Il ne faut pas supprimer d’échelon dans les voilà ce qui compte. ». collectivités territoriales, mais clarifier les compétences de chacune. Ainsi, on évitera des doublons et même des Au passage, il souligne sa présidence du groupe triplons. » Il a aussi des idées en économies : « La crise amitié France-Québec et sa coprésidence du groupe entraîne un repli sur soi. Il faut sortir des vieux discours d’études sur l’aéronautique à l’Assemblée nationale, son sur le capital. On en a besoin pour investir dans les investissement à la commission défense. On y évoque entreprises. » Il souhaite voir grandir les PME : « Elles des acteurs bien connus en Aquitaine : Dassault, Thales, sont trop petites pour l’export. Or, c’est par les marchés EADS et toute une filière qu’il défend dans son « dualisme extérieurs qu’on sortira de la crise. » militaire et civil ». Il estime que s’il a été élu il y a un an jour pour jour, au Du CV au portefeuille ? premier tour avec le meilleur score de Gironde (55,52 %), ce n’est pas pour rien. « Un député est un capteur Avec toutes ces idées, voilà qui ferait un bon ministre ! Et qui doit faire remonter les messages de la population s’il y a du remaniement dans l’air ? Il balaie l’éventualité de sa circonscription. » Le député Rousset est peut-être : « Député et président de région, c’est fabuleux. » aussi le capteur du président de région Rousset, et vice Quoique...« Bien sûr qu’en politique il faut de l’ambition. versa. Il ne démord pas de sa déception devant le texte Je peux m’installer dans beaucoup d’endroits. » « dit de décentralisation » et qui n’en serait pas un. « Or, Décentralisation, économie, formation, politique c’est obligatoire pour que la France se réforme. Je suis à industrielle... Il trouve son CV suffisamment bien garni. la fois admiratif et atterré face à la puissance des länder Et il n’en veut même pas à Hollande de ne pas l’avoir allemands. » pris dans le premier train et le défend contre des « attaques sordides » : « Il a entrepris une réforme de Renouveler le modèle fond des finances publiques et dans les négociations sur le budget européen, la France est un des pays qui Son constat économique et social n’est pas brillant, mais s’en est le mieux sorti. Cela aura des conséquences sur malgré la mondialisation, il espère : « Nos conquêtes l’agriculture, la recherche, l’infrastructure, les transports, sociales, ouvrières ne fonctionnent plus. Nous avons la formation, l’aide aux entreprises... » Willy Dallay, Sud Ouest, 10 juin 2013

- 19 - Élections régionales : Juppé parie sur Calmels Virginie Calmels et Alain Rousset se sont croisés et L’arrivée de Virginie Calmels dans cette bataille obéit salués, vendredi soir, pour le lancement officiel du club aussi à une pénurie de personnalités capables d’affronter TGV Bordeaux-Gironde. Ils devraient avoir l’occasion Alain Rousset après les refus de Dominique Bussereau de se rencontrer souvent d’ici à décembre puisque et de Jean-Pierre Raffarin. Deux refus qui, du coup, ont l’ex-patronne d’Endemol France, adjointe à l’économie fait naître des vocations comme celles du président UMP d’Alain Juppé depuis mars 2014, est désormais la de la Vienne, Olivier Chartier, du maire de Périgueux, favorite pour mener la liste de la droite et du centre dans Antoine Audi, du député-maire de Fumel, Jean-Louis la grande région Aquitaine/Poitou-Charentes/Limousin. Costes, ou du maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont. Des candidatures qui ne pèsent pas assez lourd face C’est en tout cas la proposition faite samedi à Bordeaux à Alain Rousset et qui servent surtout à se positionner par Alain Juppé aux principaux élus UMP, UDI et Modem pour tirer les listes départementales. Reste le député de la grande région Sud-Ouest. Cette femme de des Pyrénées-Atlantiques (Modem) Jean Lassalle, qui caractère, réputée ambitieuse et bosseuse, franchirait revendique cette tête de liste. Il est appuyé par François ainsi une nouvelle étape. Elle s’est imposée dans le cercle Bayrou mais jugé « fantaisiste » par de nombreux cadres très fermé des plus proches conseillers d’Alain Juppé. UMP, même si l’élu béarnais a montré en 2010 qu’il savait Sa notoriété et l’appui du maire de Bordeaux devraient faire campagne et qu’il avait du charisme. régler assez rapidement la question du leader de la droite aux régionales. « Un coup politique », reconnaît Joan Taris, président du Modem Gironde et conseiller Nicolas Florian, secrétaire départemental de l’UMP 33 régional, continue de penser que Jean Lassalle « a le et actuel conseiller régional. meilleur profil », tout en admettant que la candidature de Virginie Calmels « est une idée astucieuse ». Son profil de chef d’entreprise a évidemment du sens alors que les grandes régions seront en charge du développement économique, même si le pari est Testostérone politiquement risqué pour elle et son mentor dans une Un autre prétendant, le Périgourdin Jérôme Peyrat, région qui sera difficile à conquérir pour la droite. Les conseiller régional UMP, parle pour sa part d’« une idée résultats des dernières élections départementales habile pour dépasser le concours de testostérone qui confirment que la gauche est assez nettement en tête se profilait, car une chef d’entreprise face à celui qui dans cette nouvelle région. en parle seulement, cela a du sens ». Une référence à l’intérêt que le président socialiste de l’Aquitaine, Alain Comparaison de bilans Rousset, porte à l’économie et qui lui vaut l’estime des acteurs régionaux du monde économique. L’actuel patron de la Région, Alain Rousset, oppose un « no comment » à la nouvelle, mais ne se prive pas Il reste cependant à valider ce scénario qui n’en est de souligner que « l’univers économique d’où vient pour l’instant qu’à une déclaration de candidature à Mme Calmels ne correspond absolument pas à celui la candidature dans le cercle restreint d’une réunion. de la Région ». Ce que souligne aussi celui qui fut son Il devrait normalement être officialisé avant la fin du premier directeur de cabinet, Vincent Feltesse. « Ce sera mois, sauf changement d’avis de dernière minute de la l’occasion de faire la comparaison entre ce qu’a apporté principale intéressée ou une forte opposition à l’UMP, Virginie Calmels à Bordeaux et le bilan d’Alain Rousset. bien peu probables. La commission de l’UMP se réunit à Virginie Calmels se présente comme issue de la société Paris jeudi prochain. Difficile d’imaginer qu’elle rechigne civile. Elle ne pourra plus le faire dans une élection qui à une investiture qui résout une équation politique de va être extrêmement politique », ajoute l’ex-opposant plus en plus complexe. socialiste d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux. Bruno Béziat avec Benoît Lasserre, Sud Ouest, 13 avril 2015

- 20 - Alain Rousset : la résistance de Moulin, le volontarisme de Hollande L’indépendance d’esprit du président de la région Aquitaine le rend rétif à tout mentor. Il n’en trouve pas moins dans le courage de Jean Moulin, l’héroïsme de Raymond et Lucie Aubrac, la force de caractère de De Gaulle et de Mendès, le parcours de Jacques Delors, les forces qui le structurent. L’amitié qui le lie à François Hollande depuis plus de trente ans se double aujourd’hui d’une réelle admiration pour la volonté de vaincre du candidat socialiste. Originaire des monts du Lyonnais, issu d’une famille politique. Et de poser la question sans détour, d’une ouvrière, le président du conseil régional d’Aquitaine a formule qui cingle et met les points sur les i : « Qui aurait été bercé dans sa jeunesse par les histoires liées à la le courage de mettre sa peau au bout de ses idées ? » Résistance où émergent, au milieu de tant d’anonymes, D’avoir lu attentivement l’épais et détaillé Alias Caracalla les figures de Raymond et Lucie Aubrac et celle, écrit par Daniel Cordier, l’ancien secrétaire de Moulin, il charismatique, de Jean Moulin. C’est ce nom qui lui vient garde à l’esprit l’incroyable épopée de ce préfet devenu naturel- lement à l’esprit quand on lui demande la source héros. « Sans cesse, pendant deux ans et demi, on le de ses admira- tions et le sens de son engagement. voit partir à Londres puis revenir se jeter dans la gueule Pour l’esprit de résistance, bien sûr, le courage et la du loup, partir et revenir. » Alain Rousset se demande capacité à rassem- bler toutes les forces éparpillées de encore comment il a pu vivre ainsi. lutte contre le nazisme. Socialisme « par construction » Ardentes obligations À de Gaulle, qu’à l’évidence il tient pour un personnage Mais s’il attache une si grande importance à Moulin et, à majeur, il préfère Mendès. Les raisons en sont simples, travers lui, à ce qu’il incarne, c’est aussi pour la capacité presque évidentes, et pourtant jamais inutiles à rappeler que manifesta le Conseil national de la Résistance quand on est comme lui un homme de gauche. Même (CNR) à se projeter dans l’avenir. « Il faut imaginer si, comme il le dit sans détour, il n’est pas né « avec que dans la France occupée, des chefs d’entreprise, une carte PS dans la bouche ». De son milieu mâtiné de des syndicalistes, des intellectuels, des résistants, se chrétiens engagés et de gaullistes de gauche, il est allé sont lancés dans des perspectives à long terme, dont vers le socialisme « par construction ». Dans cet édifice, l’actualité est encore fraîche, souligne Alain Rousset. le Général a sans doute sa part, puisque ce chevalier Sans jouer les anciens combattants, le CNR a établi une d’Aquitaine lui reconnaît ses qualités « d’être à part », qui, méthode pour aborder des questions aussi diverses en 1969, « s’est fait battre par sa famille politique ». Les que la santé, la gouver- nance partagée, le rôle des ultimes réformes voulues par Charles de Gaulle parlent à associations, la recherche du progrès. » son cœur, et il cite la participation, les nouvelles formes de rémunération du tra- vail par rapport au capital, la dé- Nul doute qu’il a en tête les ar- dentes obligations que centralisation par l’émancipation des régions. se donnè- rent les concepteurs de ce pro- gramme d’autant plus ambitieux qu’il fut conçu dans la clandes- Mais Mendès, aux yeux d’Alain Rousset, incarne dans son tinité et sous le joug de l’ennemi. Si on le dit en plus radica- lisme une autre dimension du cou- rage politique. de mots, il convient alors de préciser le credo des La décolonisation, le souci des finances publiques, sa anciens que partage à l’évidence ce proche de François manière de parler vrai. « Le rêve des ouvriers français, Hollande : le rétablissement de la démocratie la plus rappelle-t-il, c’était de rapprocher Mendès et de Gaulle. large en rendant la parole au peuple français par le Mendès aurait été le Premier ministre du Général. » Mais rétablissement du suffrage universel ; la pleine liberté de les conditions du retour au pouvoir de ce dernier, en pensée, de conscience et d’expres- sion ; la liberté de 1958, rendirent la chose impossible. la presse, son honneur et son indépendance à l’égard « Mendès devint hostile et fut tétanisé », semble regretter de l’État, des puissances de l’argent et des influences celui qui, dans la campagne de François Hol- lande, est étrangères ; la liberté d’association, de réunion et de en charge de l’agriculture, de la pêche et de l’industrie, manifestation ; l’inviolabilité du domicile et le secret de la déve- loppant une vision de long terme très mendésiste, correspondance ; le respect de la personne humaine ; volontariste et humaine. l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi. Quant à la figure de Moulin proprement dite, Alain Heureuse rencontre Rousset y voit comme une sublimation de la bravoure Dans sa jeunesse, c’est finalement par le CERES de

- 21 - Jean-Pierre Chevènement qu’il arrivera au Parti socialiste La République des Pyrénées a publié quelques clichés en 1974. Il est séduit par le discours sur la grandeur et montrant Alain Rousset et François Hollande devant le génie de la France, sa créativité, et aussi par l’esprit le fort du Portalet. Pour venir rendre visite à son ami, d’égalité qu’incarne la gauche. S’il apprécie « la remise le futur vainqueur des primaires socialistes avait fait le en cause des idéologies », il ne goûte pas le jacobinisme déplacement « avec sa petite voiture », sourit Rousset, ambiant. Il s’éloignera de Chevènement et sera plus qui voit dans ce détail un gage parmi d’autres de la proche d’un Jacques Delors. C’est à cette époque que, simplicité de Hollande, « candidat normal »… sur les bancs de Sciences-Po, il se lie à François Hollande. Pour les besoins d’un « portrait chinois », le patron Trois décennies plus tard, il parle de cette heureuse de la région Aquitaine et ancien maire de Pessac a rencontre comme d’un parcours vécu « sans addiction pu répondre que s’il était une lé- gende politique il se mais avec affection ». De Démocratie 2000 à Témoins verrait bien en Nelson Mandela. Son mentor politique en passant par les transcourants, les deux hommes ne ? « Difficile d’en avoir compte tenu de mon caractère, se sont pas éloignés. L’amitié s’est renforcée, et surtout a-t-il dit avec franchise. Mais j’apprécie le parcours de cette sensation réconfortante de partager des points Jacques Delors (malgré son refus de se porter candidat de vue sans chercher nécessairement à se le dire ou à aux élections présidentielles de 1995). » En soutenant se convaincre, comme s’ils étaient unis par un accord François Hollande, il sait au moins que son ami de trente implicite, une entente qui se passe de mots. À l’été 2011, ans mènera la bataille, et qu’il sera à ses côtés. Eric Fottorino, L’Hémicycle, 18 avril 2012

- 22 - Régionales : Virginie Calmels enrôle le cavalier champion olympique Pierre Durand Activement soutenue par Alain Juppé, la candidate de la droite et du centre en Aquitaine-Limousin-Poitou- Charentes mène tambour battant sa première campagne politique. C’est sa première campagne électorale, mais Virginie n’est pas très interventionniste, confiait-elle de son côté Calmels n’a pas besoin qu’on lui tienne la main. C’est il y a quelques semaines. On est dans l’échange, les Alain Juppé qui le dit, mais aussi ses colistiers et tous conseils.» Elle s’entretient souvent avec lui, bien sûr, mais ceux qui l’entourent sur le terrain. Comme son mentor, elle raconte avoir aussi échangé avec d’autres figures elle martèle sa ligne politique d’union: elle est la candidate de la région: Jean-Pierre Raffarin, Michèle Alliot-Marie, «de la droite et du centre» pour les élections régionales Dominique Bussereau, mais aussi François Bayrou. en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Elle sait où Régulièrement, le président du MoDem lui dispense elle veut aller, et elle avance. ses conseils d’habitué des campagnes politiques et de connaisseur de la région. Pour lui, Virginie Calmels doit Jeudi soir, le maire de Bordeaux était présent à avant tout apparaître comme une candidate de plein l’inauguration de sa permanence de campagne, exercice, pas «téléguidée». dans la capitale girondine. Face aux militants, il décrit son adjointe en charge de l’économie comme une Dans une région ancrée à gauche et face à un opposant «bosseuse», «connectée», qui «connaît les dossiers», socialiste sortant, Alain Rousset, en poste depuis 17 ans, avec un «sens de l’organisation» hors norme. C’est lui qui la partie sera assurément difficile. Et l’appui des ténors l’a lancée en politique en la faisant venir sur sa liste pour sera le bienvenu. Le 14 octobre, Nicolas Sarkozy et Alain les municipales à Bordeaux en 2014. Lui également qui a Juppé seront d’ailleurs réunis derrière elle pour un grand soumis son nom pour l’investiture dans cette campagne meeting à Limoges. Plus tard dans la campagne, Bruno des régionales. Forte du soutien de Jean-Pierre Raffarin, Le Maire, François Fillon, François Bayrou s’afficheront puis de Nicolas Sarkozy, elle s’est peu à peu imposée avec la candidate. à droite, en prenant bien soin de ne pas passer pour la Novice mais furieusement réaliste, Virginie Calmels «protégée» d’Alain Juppé. Lui concède: «Je la suis, je l’ai a déjà fait preuve d’une certaine habileté, notamment à l’œil. Partout sur le terrain, les contacts et les retours dans la constitution de ses listes, où elle a remporté le sont bons, elle fait un tabac». pari d’ouvrir des postes clé à des membres du MoDem, de l’UDI et de Chasse Pêche Nature et Traditions, tout Une candidate de plein exercice en maintenant la parité et en proposant de nouvelles Hasard du calendrier ou volonté de laisser son adjointe figures, jeunes ou de la société civile. Ce jeudi, elle était voler de ses propres ailes, le candidat à la primaire d’ailleurs très fière de présenter le numéro 2 de sa liste de la droite en 2016 s’était jusque-là tenu à l’écart de girondine: Pierre Durand. Le champion olympique de sa campagne, alors même qu’il s’est impliqué pour saut d’obstacles (avec Jappeloup à Séoul en 1988), d’autres candidats dans d’autres régions. En coulisses, ancien président de la Fédération française d’équitation disent ses proches, il fait pourtant du «lobbying» pour (FFE) et de l’INSEP, a été séduit par la détermination de Virginie Calmels. Il parle d’elle, active ses réseaux. «Il la chef d’entreprise. «Elle mène tout ça au galop», sourit- il. Et c’est assurément elle qui tient les rênes. Pauline Boyer, Le Figaro, 9 octobre 2015

- 23 - Alain Rousset, un animal politique à l’aise sur ses terres Portrait. Le président socialiste sortant repart pour un troisième mandat. Son bilan – vitrine de sa campagne – semble avoir porté Un socialiste porté sur l’économie ses fruits. Mais pour prêcher cette bonne parole, le président PS de région Alain Rousset n’a pas hésité à Autre domaine qu’il affectionne : l’économie. Un aspect être sur tous les fronts. Les marchés, les réunions, les de sa personne qui en fait un socialiste atypique. « Il a une meetings en Gironde, en Dordogne, dans les Pyrénées- vraie politique économique et une approche réaliste », Atlantiques, le Lot-et-Garonne, les Landes... Autant semblait même s’étonner, il y a quelques semaines, un d’efforts qui sont à l’origine de la fatigue qu’il affiche acteur du monde économique. Même constat pour un durant les débats télévisés, mais pour lui, « le terrain, de ses opposants à la région : « Il a une bonne perception c’est une passion ». Ce qui explique peut-être que dans économique. » D’ailleurs, le seul « écart » à sa carrière le palmarès des présidents de région les plus connus politique, il l’a consacré à la reconversion du bassin de (publié fin 2009), il prenne la cinquième place, grâce aux Lacq, pour Elf Aquitaine. Du coup, certains de ses amis 40 % d’Aquitains qui l’identifient. Une autre passion, la socialistes le trouvent même « un peu loin du social ». Un politique. Après des études à l’Institut d’études politiques commentaire qui doit faire grincer des dents le président, de Paris, il débute sa carrière en 1988 au conseil régional qui peut facilement perdre la bonne humeur qu’il arbore aux côtés du président Philippe Madrelle et enchaîne : généralement et devenir très expéditif. Car son bilan maire de Pessac, président du conseil régional, de la affiche aussi un volet social, avec, notamment, des CUB, député de Gironde. Une seule fausse note, en efforts dans la construction du logement étudiant, mais 2007, il échoue aux élections municipales de Bordeaux il reconnaît volontiers que ce sont surtout « les besoins face à Alain Juppé. « Il est plus à l’aise au niveau régional sociaux qui sont apparus dans cette campagne ». Avant que dans le débat municipal », commente un conseiller d’ajouter : « C’est une société en souffrance qui a besoin général qui le connaît depuis vingt ans. d’un interlocuteur. » Et en homme « pragmatique », comme le qualifie un de ses collaborateurs, il a décidé de faire du social l’une de ses priorités. Orianne Dupont, 20minutes, 22 mars 2010

- 24 - Alain Rousset, bien dans son Aquitaine Il séduit. Il séduit au Parti socialiste (ce qui n’est pas on le décide en un mois ! Nous rencontrons Hydro- une mince affaire), il séduit les Aquitains - les décideurs, Quebec et nous étudions sa technologie de stockage comme les citoyens des rues et des marchés. Il séduit d’énergie. Le dossier est monté en trois mois ! C’est ça même une partie importante des conseillers régionaux aussi l’expérience, le concret. C’est pour cela que je me d’opposition. Et ce depuis longtemps... bats sur la régionalisation et la décentralisation. C’est ce mélange de décisions rapides et en même temps de L’homme est brillant. Il ne le nie pas. Il sait l’utiliser - suivi. Cette proximité, je l’aime, car vous n’êtes jamais avant tout au profit de sa région - et vit cela comme une loin du chef d’entreprise, du maire, de l’usager des chance. Pas comme une supériorité. De plus, il ignore transports. Vous les rencontrez, vous les entendez, vous l’arrogance. Certes, il domine, il est le patron, le patron lisez leurs préoccupations dans les journaux de votre incontesté, le grand décideur. Et pourtant, cela le rend territoire.» d’une incroyable proximité. Il a le cerveau d’un Alain Juppé, mais l’enthousiasme du jeune élu reconnaissant Il lui reste à analyser la logique de sa nouvelle candidature à ses électeurs de l’avoir plébiscité. Pas droit dans ses : « Je crois en être digne et je suis prêt à assumer le défi bottes ! de cette future grande région. Et le défi est passionnant parce qu’il est inédit. Fusionner trois régions, ça n’existe Finalement, c’est un tendre, Rousset... Il offre facilement nulle part ailleurs en Europe ! Je saurai offrir une vraie sa confiance, aide au quotidien les projets des continuité dans l’action publique. Et même s’il faudra entrepreneurs, soigne les élus, les encourage, ne les être encore plus proche des territoires, il y aura demain, laisse jamais tomber. Mais il n’aime pas qu’on manque une seule politique et non trois. » . de respect, à lui ou à l’institution qu’il représente. Si un élu s’y risque, qu’il s’attende à la foudre. La menace ne Mais dans le fond, ne regrette-t-il pas de ne pas avoir prend pas. L’offensive est immédiate et fulgurante. franchi le pas, d’occuper un poste ministériel ? On l’a dit «ministrable» cent fois : « Vous savez, quand vous êtes à En dehors du cercle des entrepreneurs, des décideurs, la tête d’une région, vous êtes le patron. Vous m’imaginez des élus, pourquoi réussit-il à donner une image si à Paris avec trois patrons ! Ce serait aussi me couper de positive de lui dans l’opinion ? Probablement parce qu’il l’humain. Quand vous montez dans l’avion, quand vous sait parler, mieux qu’un autre, de sa terre d’Aquitaine, en prenez le train, quand vous faites le tour d’un marché en vrai Aquitain ! plein air, vous rencontrez vos concitoyens. A Paris, ce ne « Je suis heureux d’être là. Non seulement ici à Bayonne, serait pas pareil. C’est un autre monde.» nous confiait-il lors de notre entretien, mais en Aquitaine ! Même si le contexte politique national est défavorable J’y passe même mes vacances : J’y chasse, j’y pêche... à la gauche, même si l’on s’attend à beaucoup de C’est une vraie passion. La passion de ma vie. » L’échelle basculement de Régions, même si le Front National peut régionale est la bonne, la meilleure, il en est convaincu... Il jouer les arbitres, l’on donne Rousset comme gagnant. construit du concert, il accumule les expériences, il noue Demain, il devrait ainsi diriger une magnifique Région depuis 30 ou 40 ans des amitiés fortes : « Regardez ce en Ministerpräsident. Dans six mois, ce sera pour Alain que nous faisons sur le port de Bayonne. Nous voulons Rousset, l’élection la plus importante de sa carrière. acheter une drague qui permettra de rengraisser en Celle où il deviendra duc de la grande Aquitaine. De même temps les plages d’Anglet et de Biarritz. Eh bien, cette Aquitaine si ressemblante à celle d’Aliénor… Jean-Philippe Ségot, La Semaine du Pays-Basqu, Édition du 19 au 25 juin 2015

- 25 - Partie 2 La nouvelle grande région Partie 2 La nouvelle grande région

Qui se reconnaîtra dans ces innommables nouvelles régions ? Le dilemme nominatif qui entoure les nouvelles régions françaises est révélateur de leur difficulté à affirmer leur identité aux yeux de la population. Imaginons que la nouvelle carte régionale eût été Michel Vauzelle, la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur dessinée, sans précipitation ni improvisation, avec autant est restée surtout connue par son affreux acronyme d’intelligence que de courage politique. Les entités de PACA. Cet élu a même pu déplorer avoir été un jour ainsi créées, lestées d’une cohérence géographique, présenté comme le «président de la région Provence- économique ou historique, auraient sans doute pu être Alpes-Côte d’Ivoire»... baptisées sans trop de tourment. Plus à l’Ouest, feu Georges Frêche, pourtant têtu, n’a pas Ce n’est pas précisément ce qui s’est passé. Le pu transformer le Languedoc-Roussillon en «Septimanie», caractère largement artificiel du découpage en treize une appellation qui sonnait autrement mieux aux oreilles régions, avec quelques accouplements plus ou moins de cet historien. Sa composante catalane s’était rebellée monstrueux, a engendré d’étranges territoires que l’on a contre cette assignation linguistique en laquelle elle ne les plus grandes peines à nommer. pouvait se reconnaître. La seule fusion qui ne pose pas ce genre de problème est celle des deux anciennes régions normandes, celle de la L’histoire et l’annexion Basse et celle de la Haute. La Normandie enfin réunifiée La tentation, en ces temps de quête identitaire, de jouit désormais de son nom historique, même si le choix raccrocher ces nouvelles collectivités à une référence de sa capitale a provoqué quelques tiraillements. historique est forte. «Occitanie» arrive en tête chez les Partout ailleurs, les nouvelles régions découpées en lecteurs de la nouvelle région Languedoc-Roussillon- 2015 sont affublées d’une dénomination provisoire Midi-Pyrénées. «Languedoc» est également assez prisé, accolant, dans un ordre alphabétique, le nom de celles même si ces deux appellations ont le défaut de faire qui y ont été intégrées. On doit ainsi, pour l’heure, parler référence à une zone linguistique autrement plus large de la région «Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes», ce que la nouvelle région (et en ne concernant toujours qui est un tout petit peu longuet. Ce n’est qu’en juillet, pas les Catalans). Dominique Reynié, tête de liste bien après les élections régionales de 6 et 13 décembre UMP de cette région, croit avoir trouvé une formule de prochains, que le vrai baptême sera célébré. compromis en proposant le terme «Languedoc» associé à un drapeau aux couleurs catalanes... Méchantes disputes Au nom de l’histoire de l’Aquitaine, qui englobait il y a belle lurette les régions récemment mariées avec celle- D’ici là, les propositions s’agitent en tous sens. Et de ci, son président sortant suggère tout simplement de la méchantes disputes sont à prévoir dans plusieurs nommer «Aquitaine». Le raisonnement historique se tient, régions. Les adversaires de ces regroupements ont eu séduit les lecteurs de Sud-Ouest, mais n’empêchera beau jeu de se livrer à quelques facéties dénominatives. pas les populations limousines ou autres de ses sentir D’aucuns ont ainsi suggéré d’appeler Apoil le territoire quelque peu annexées. associant l’Aquitaine, le Poitou-Charentes et le Limousin. Un Alsacien furieux traite de «Arschloch» –une insulte Une situation analogue prévaut en Bourgogne-Franche- alsacienne– l’ensemble mêlant l’Alsace, la Lorraine et la Comté. Au nom du souvenir de l’ancien duché de Champagne-Ardenne. Bourgogne, qui englobait plus ou moins la nouvelle région, il est proposé de la qualifier carrément de «Bourgogne». aucuns ont ainsi suggéré d’appeler Cela a le mérite de la simplicité, mais l’inconvénient de D’ Apoil le territoire associant froisser potentiellement des Francomtois parfois éloignés l’Aquitaine, le Poitou-Charentes et le des richesses bourguignonnes. Limousin Le souci de la marque Nommer des collectivités territoriales additionnant des régions aux identités plus ou moins marquées n’est Pour éviter de blesser des susceptibilités régionales, jamais chose simple. Les vingt-deux régions antérieures les esprits conciliateurs avancent des appellations avaient déjà éprouvé la difficulté de transcender cette neutres de type topographique. On parlerait alors de diversité interne par un nom fédérateur. Au grand dam de «Grand-Est» pour l’immense entité Alsace-Champagne- Ardenne-Lorraine. La supposée «Occitanie» deviendrait

- 29 - le «Grand-Sud-Ouest» tandis que la «Bourgogne» se fixera le nom définitif de régions, l’avis de leur assemblée transformerait en «Centre-Est». n’étant qu’indicatif. On pleure d’avance à l’idée de noms aussi froidement géographiques. Et on compatit avec ceux qui auront L’identité floue la lourde charge d’imposer des «marques» régionales Ce dilemme nominatif est, au final, révélateur de la grande aussi désincarnées dans l’univers compétitif de régions difficulté des régions françaises à affirmer leur identité du monde. Car le nom, par la notoriété et les images aux yeux de la population. Les vingt-deux régions avaient qui lui sont associées, peut être un atout économique et dépensé beaucoup d’énergie et d’argent pour tenter touristique de taille. d’imposer un logo et un sentiment d’appartenance dans la tête de leurs habitants. our éviter de blesser des susceptibilités régionales, les esprits conciliateurs Et voilà qu’il faut, en bien des endroits, se remettre P à l’ouvrage avec un cahier des charges autrement avancent des appellations neutres de type plus complexe. Comment un électeur de l’Oise – topographique département largement attiré par la région parisienne– Il est à craindre que ces inconvénients croisés poussent pourra-t-il ressentir une communauté de destin régional les décideurs, même s’ils se lancent souvent dans des avec le nouveau Grand-Nord? Par quelle miracle les consultations d’électeurs pour éclairer leur lanterne, à populations peu favorisées des Ardennes se sentiront- finalement opter pour des noms à rallonge associant elles représentées par une région siégeant à Strasbourg? tout ou partie des régions fusionnées. On se dirigerait Ces vastes régions bricolées à la hâte ne généreront pas alors vers l’usage d’acronymes aussi pratiques que peu facilement un ciment identitaire. Les élections régionales, évocateurs. dont le taux de participation baissait déjà quasiment N’oublions d’ailleurs pas que le dernier mot reviendra régulièrement depuis 1986, risquent de se dérouler dans à Paris dans cette France décidément difficile à une indifférence accrue. En septembre, un électeur sur décentraliser. C’est un décret en Conseil d’État qui trois ignorait jusqu’à leur existence prochaine. Eric Dupin, Slate, 13 octobre 2015

- 30 - Régionales 2015 : les enjeux en Aquitaine-Limousin-Poitou- Charentes Le président PS sortant du conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, brigue la direction de cette nouvelle région et se présente pour ce scrutin. Ce sera peut-être l’une des rares satisfactions socialistes d’Aquitaine, sera tête de liste FN. Le parti d’extrême en décembre à l’issue de ces élections régionales. droite est d’ailleurs crédité d’un score avantageux de 19 Les régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes % au premier tour par le même sondage Ifop. Quant fusionnent pour donner lieu à un immense territoire (84 à EELV, c’est la vice-présidente du conseil régional de 000 km2), plus grand que la Guyane ou l’Autriche, et Poitou-Charentes, Françoise Coutant, qui mènera la qui pourrait bien rester dans l’escarcelle du PS. Alain campagne. Rousset, président socialiste sortant du conseil régional Cette nouvelle région Poitou-Charentes-Aquitaine- d’Aquitaine, est candidat pour diriger ce nouveau Limousin (183 élus) est l’un des résultats les plus secteur. Député de Gironde et président de l’Association spectaculaires de la réforme territoriale. Sa vaste des régions de France, c’est un élu local très influent qui superficie, rassemblant 12 départements et représentant est à la tête de l’Aquitaine depuis 1998. Un sondage Ifop 1/7e du territoire national, fait d’elle la plus grande de de juin dernier le place en tête du premier tour avec près France et abrite près de six millions d’habitants (chiffres 30 % des suffrages obtenus. Insee). Mais cette population, à la densité très faible Les Républicains et les centristes de l’UDI, eux, ont décidé (69 habitants au km2, seule la Corse fait «pire») est d’investir une candidate non encartée, mais qui pèse inégalement répartie. Un habitant sur cinq de la région elle aussi à l’échelon local : Viriginie Calmels. Elle est la réside à Bordeaux, la capitale, ou dans ses environs ! première adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux Son poids économique est loin d’être négligeable. et a aussi officié comme dirigeante d’Endemol. Mais sa Le nouveau président du conseil pourra évoquer le désignation a fait grincer quelques dents. Henri Guaino, tourisme et l’agriculture pour vanter la région. Vignobles l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, l’a qualifiée par bordelais, huîtres d’Arcachon, foie gras du Sud-Ouest, exemple de «Loana» de la politique. Futuroscope, île de Ré... les sources d’attractivité sont légion. Mais l’immensité du territoire pourrait aussi créer Six millions d’habitants de la distance entre le citoyen et l’élu et avoir un impact Jacques Colombier, ancien conseiller régional négatif sur la proximité politique, noyau dur d’un mandat local. Alexandre Borde, Le Point, 18 septembre 2015 Régionales : quel président pour l’Aquitaine XXL? Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, trois régions de gauche, une fois fusionnées, donneront-elles un grand Sud-Ouest socialiste? Président PS du conseil régional d’Aquitaine depuis 2004 politique mais qui fait là son baptême du feu électoral. et tête de liste pour les élections des 6 et 13 décembre, L’adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, ex- Alain Rousset a lancé sa campagne cet été, sous un chêne, dirigeante d’Endemol France parachutée en Gironde, un clin d’œil aux racines rurales communes à la nouvelle parviendra-t-elle à gommer son image de «Parisienne», à entité de 5,8 millions d’habitants et 12 départements. Le convaincre les électeurs de ne pas donner à Rousset «un baron socialiste féru de décentralisation peut espérer mandat de trop», à créer la surprise avec ses promesses conserver l’Aquitaine XXL dans un contexte de désastre de rigueur budgétaire? électoral annoncé pour son parti et d’atomisation de Le processus de fusion, qui va renforcer la centralité de la gauche au premier tour. Ses possibles atouts : des Bordeaux, pourrait influer sur le résultat : les électeurs visages connus en tête de liste dans les départements, du Poitou-Charentes et du Limousin vont-ils s’approprier un projet de «coconstruction» bâti à partir de remontées la nouvelle Région, la plus grande en superficie, qui de la société civile, et une promesse de mener la fusion comptera 183 conseillers régionaux et dont le budget en douceur. pèsera deux milliards d’euros? «Le redécoupage va Face à lui, une droite et un centre unis, emmenés par produire une mise à distance plus forte dans certaines Virginie Calmels (LR), déjà considérée comme une fine régions qui avaient déjà du mal à bien appréhender le

- 31 - périmètre régional», avertit le sondeur Jérôme Fourquet. mais en hausse aux dernières municipales qui ont servi L’abstention sera peut-être une des clés du vote ainsi de défouloir. Un sondage réalisé à la mi-juin créditait le que le score du Front national, traditionnellement bas FN de 18% des intentions de vote. Anne-Laure Barret, Le Journal du Dimanche, 9 octobre 2015 Débat Sud Ouest Éco : la Nouvelle Aquitaine La grande région qui naîtra de la fusion de l’Aquitaine, de Poitou-Charentes et du Limousin, laisse entrevoir un nom et bâtit sa future maison S‘appellera-t-elle la Nouvelle Aquitaine ? Si Alain Rousset lâcher des compétences ». En tout état de cause, s’est refusé à confirmer ce nom, il l’a utilisé hier matin, Franc-Gilbert Banquey a insisté pour une union et « ne dans l’auditorium d’Aquitaine Cap métiers à Pessac. Le harmonisation à coût constant ». 50e débat Sud Ouest Éco était consacré à « la région Harmoniser les politiques actuelles est le second défi. XXL» qui naîtra de la fusion de l’Aquitaine, de Poitou- Le débat Sud Ouest Éco , animé par Jean-Bernard Charentes et du Limousin. Gilles, a montré que cette tâche sera différente selon les Son futur nom sera défini par étapes et « après secteurs. Celui de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de consultation des citoyens », a précisé Alain Rousset. la forêt suit ce dossier avec attention dans la mesure où Il devra être choisi au plus tard en juillet 2016 par l’Aquitaine connaît un système de « co-construction » l’assemblée issue des élections de décembre. entre la Région et le monde agricole. En l’état actuel, le plus urgent est d’établir un mode de fonctionnement commun à celle qui sera la plus grande Des marques régionales région de France avec une superficie de 84 100 km², 5,8 « Les coopératives restent imbriquées dans leur territoire millions d’habitants, 11 aires urbaines de plus de 100 000 pour faire du développement avec les agriculteurs » tout habitants, des spécialisations économiques et le souci en portant des marques de produits assises sur des d’un développement équilibré. « Le milieu rural marche signes de qualité, a rappelé Dominique Graciet, président bien quand il est à proximité de villes dynamiques », a de la Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine. Une ajouté Pierre Delfaud, professeur émérite à l’université philosophie qu’il veut voir perdurer et étendue à de de Bordeaux. nouveaux produits. Dans d’autres secteurs, l’élargissement régional se fait Bordeaux respectueuse avec logique. Emmanuel Linot, gérant de SolidAnim à Actuellement, les rencontres se succèdent entre Angoulême, dont le pôle image compte 10 écoles et Poitiers, Limoges et Bordeaux pour organiser le nouvel 50 entreprises, veut continuer à bénéficier d’un soutien ensemble. Et, de retour de la Vienne, le président de régional et cela devrait être facilité par le fait que Bordeaux l’Aquitaine a assuré que « Bordeaux, ville-centre, saura a un pôle « games » et que l’Aérocampus aquitain est respecter tous les territoires ». prêt à une collaboration sur les métiers de l’image. La première contrainte qui s’impose à la nouvelle région est financière. Franc-Gilbert Banquey, président de Les moyens d’innover la Chambre régionale des comptes Aquitaine, Poitou- Il en est de même en aéronautique. Pierre Anglès, Charentes, a rappelé la « période de tension financière des directeur de l’établissement girondin de Snecma (groupe budgets publics » qui, après l’État et les Départements Safran), a rappelé que ce groupe, présent de Chatellerault risque de toucher les Régions. Lesquelles assurent 20 (86) à Bordes (64), est « le premier groupe industriel privé % des investissements publics. sur la grande région » avec 8 500 personnes. De même, la filière optique laser tisse un lien entre Limoges et la Union à « coût constant » Gironde. Sur les bases actuelles, la grande région disposerait Tous les intervenants ont enfin insisté sur l’importance d’un budget de 2,8 milliards d’euros. Mais les futures de l’innovation, Marc Prikasky, PDG de Céva santé compétences demeurent floues. Alain Rousset a émis animale et du club aquitain des entreprises de taille « l’espoir que le poids politique des grandes régions intermédiaire, étant bien placé pour mesurer la valeur de permettra de faire bouger l’appareil d’État réticent à ce point « essentiel ». Michel Monteil, Sud Ouest, 22 mai 2015

- 32 - Rousset : « On veut rogner les ailes des régions » PARTI SOCIALISTE À partir d’un livre qu’il vient de publier (1), le président de l’Aquitaine expose comment la gauche doit se lancer dans la campagne des régionales de l’an prochain. « Sud Ouest ». Avec les autres présidents de région, taxe professionnelle et la recentralisation par l’État des avez-vous rencontré Martine Aubry cette semaine ? budgets des collectivités locales font que les régions ont Allez-vous gagner votre autonomie dans la campagne les ailes rognées. L’État a un discours contradictoire qui des régionales ? demande de clarifier les compétences et une pratique qui vise par ailleurs à « faire les poches » des collectivités Alain Rousset. En tirant les leçons des élections locales dans toutes ses actions. européennes, elle a indiqué sa volonté que les têtes de listes régionales aient une réelle autonomie, sur leur bilan, leur pratique et leur projet. Elle a aussi souhaité Faut-il alors supprimer l’État ? renforcer les régions et il n’y a pas d’ambiguïté de sa part Pas du tout. L’État, en France, doit se regrouper sur ses sur ce point. grandes compétences régaliennes, la justice, la police, l’armée, la santé, les affaires étrangères. Un État fort Avez-vous obtenu la garantie que ces élections est capable de porter des normes et peut laisser de la ne deviendront pas un galop d’essai pour la place à des politiques territoriales autonomes, le social et la solidarité au niveau du département, l’économie, présidentielle ? l’innovation, la recherche et l’enseignement supérieur au On ne nous volera pas notre campagne. L’accord que niveau régional. nous avons passé avec Martine Aubry est très clair : nous sommes dans un autre mode de fonctionnement. Ne faut-il pas cependant réduire le nombre des Mais, parce que c’est la gauche, il y a un souhait d’unité, collectivités ? un souhait d’ouverture et une discussion nationale sur le partage des engagements. Le problème n’est pas leur nombre, sauf sur le plan de l’intercommunalité qui doit se renforcer pour lutter contre Ce ne sera pas tous contre Sarko ? l’émiettement et l’affaiblissement communal. Entre région et département, 80 % du budget sont consacrés L’enjeu est territorial, et s’il y a une critique de notre part, à des compétences différentes. L’État est dans une telle ce sera contre la recentralisation de ce pays et sa mise en faiblesse financière qu’il ne peut plus rien lancer, comme faillite par ce gouvernement. Nous ne nous tromperons le TGV ou le plan de relance sans l’appui des collectivités pas de campagne. Sans fausse modestie, nous avons locales. Pourquoi l’État ne lancerait-il pas la Ligne à un bilan assez exceptionnel à présenter. grande vitesse ? Le verbe du président de la République fait illusion. Avant que Nicolas Sarkozy ne relance lundi ses projets de réforme des collectivités Comment prenez-vous acte de l’impact territoriales, quel est votre modèle régional ? croissant des Verts dans l’opinion ? Nous devons inventer un projet radicalement décentralisé, Doublement. Si je mets à l’écart la politique ferroviaire, où les régions vont jusqu’au bout de leurs compétences 26 % du budget de la région sont consacrés au de développement économique, d’innovation, de développement durable. Notre politique est déjà formation, y compris le service public de l’emploi qui, fondée sur la croissance verte, les écotechnologies et aujourd’hui, n’a pas de pilote. Dans ce modèle, les l’écoconditionnalité de toutes les aides aux entreprises. régions auraient deux à trois fois plus de moyens, pour Depuis quatre ans, nous faisons des appels à projet avoir une capacité à intervenir sur l’innovation, sécuriser liés à l’écoactivité. Nous ne mettons pas l’Aquitaine en les parcours professionnels, accéder à un niveau de décroissance, nous la mettons en croissance verte. partenariat social. Les élus verts ont accompagné, renforcé, impulsé cette orientation. Quand j’ai été élu président de la Région, les Comment y parvient-on ? Verts étaient déjà là et c’est avec eux que nous avons lancé les politiques éco-environnementales. C’est un Il faut écrire dans la loi que les régions sont les chefs fabuleux gisement d’activités et d’emplois. Ces normes, de file en matière de développement économique et loin d’être une contrainte, sont une chance pour la de politique de l’emploi, et qu’elles aient une fiscalité planète, mais aussi pour les Aquitains. Nous souhaitons adaptée. Aujourd’hui, l’incertitude sur l’avenir de la qu’il y ait un accord avec les Verts dès le début, puisqu’ils

- 33 - participent à la majorité régionale. Si d’autres forces de projet du Parti socialiste. Il faut que le PS soit modeste gauche veulent s’y joindre, elles seront acceptées. et humble dans son projet, et l’analyse de la société telle qu’elle est, un travail qu’il n’a pas fait au niveau national. Dans le dernier scrutin, on a observé un très Nos listes seront ouvertes au monde associatif, au grand émiettement des votes de gauche ? monde socioprofessionnel afin de bénéficier d’apports extérieurs, c’est aussi le voeu de Martine Aubry. Les Il y a surtout eu une abstention gigantesque des forces 60 % de Français qui ne se sont pas exprimés, c’est de gauche. Je souhaite que ces élections régionales à cause de l’absence d’espérance dans cette société. contribuent à renouveler le discours, la pratique et le C’est cela aussi que la région doit porter. Bruno Béziat et Jean-Pierre Deroudille, Sud Ouest, 19 juin 2009 Alain Rousset : « De grands défis » Le président sortant Alain Rousset, leader des socialistes, était samedi à Arjuzanx pour présenter officiellement les 14 candidats de la liste landaise. Un soleil radieux, une douce chaleur, le charme du site (54 ans), maire adjointe de Tarnos. 11. Cyril Gayssot d’Arjuzanx entièrement rénové... Tout se conjuguait, (29 ans), maire adjoint de Saint-Geours-de-Maremne. samedi après-midi, pour faire de la présentation de la liste 12. Sandrine Darricau (38 ans), Pays d’Orthe. 13. Axel du PS landais pour les prochaines élections régionales Guénin (22 ans), conseiller municipal de Morcenx. 14. un grand moment de bien-être entre amis. Marine Raffini (21 ans), étudiante. On passa tout de suite aux choses sérieuses avec Alain Alain Rousset, dans sa conclusion, voit encore « trois Rousset, président de la Région Aquitaine et candidat à belles aventures à venir » : « celle de l’espace », « celle de sa réélection, qui évoqua, dans une longue intervention, la santé », « celle de l’océan »... Renaud Lagrave, vice- les « grands défis » auxquels il fallait s’attaquer pour président sortant et tête de liste pour le département, « bâtir une identité, une fierté », dans cette future « qui lui succéda, se félicita d’abord du choix du site Grande Région » (Aquitaine, Limousin, Poitou-Charente). d’Arjuzanx pour cette présentation, un site dans lequel Illustrant régulièrement son riche argumentaire des on trouve « les atouts du département », « l’espace, la actions menées en Aquitaine et des résultats obtenus, le nature, la forêt, la préservation du territoire, le tourisme président sortant traita successivement de « l’emploi », « »... défi numéro 1 » (« l’Aquitaine a aujourd’hui autant d’emplois industriels qu’il y a quinze ans »), de « l’aménagement 50 réunions programmées du territoire » (« on ne laisse tomber aucun territoire »), Il présenta ensuite individuellement ses 13 camarades, de « la jeunesse » (« présente dans tous les dossiers faisant ressortir combien cette liste (1) était « représentative »), de « la transition écologique et énergétique » (« un des orientations données », en insistant sur les qualités domaine où l’Aquitaine a performé ») et de « la rigueur et les investissements de chacun(e) dans les domaines dans les finances publiques » (« en 1998, l’Aquitaine était professionnels, politiques, syndicaux, associatifs... Avant la Région la plus endettée de France, elle est aujourd’hui de quitter la réunion (direction Limoges), Alain Rousset dans les trois meilleures »). lui rendit hommage, affirmant qu’il n’avait eu « que des Les 14 noms1. Renaud Lagrave (48 ans), vice-président félicitations de la part des maires et des communautés, sortant, Mont-de-Marsan. 2. Elisabeth Bonjean (55 ans), notamment pour le travail réalisé dans le cadre du sortante, Dax. 3. Stéphane Delpeyrat (47 ans), vice- Groupement d’intérêt public (GIP) du littoral ». président sortant. 4. Laure Nayach (43 ans), conseillère Reste maintenant, pour Renaud Lagrave et ses municipale de Biscarrosse. 5. Éric Kerrouche (47 ans), camarades, « à partir à la rencontre des Landais » (une maire-adjoint de Capbreton. 6. Maryline Beyris (48 ans), cinquantaine de réunions sont prévues) pour faire en vice-présidente sortante, maire de Doazit. 7. Pierre sorte « qu’ils soient, comme en 2010, ceux qui auront le Froustey (57 ans), maire de Vieux-Boucau. 8. Marjorie mieux voté » de toute la Région. Bref, qu’ils soient « les Fauthoux (34 ans), conseillère municipale de Saint-Sever. meilleurs ». 9. Serge Sore (53 ans), maire de Luxey. 10. Isabelle Dufau Philippe Guillaumie, Sud Ouest, 21 septembre 2015

- 34 - Virginie Calmels entre tourisme et agriculture La candidate Les Républicains à la présidence de la Région était hier en visite en Sarladais. Virginie Calmels, la candidate Les Républicains (LR) aux projet mais il faut être cohérent, ne pas laisser de côté les élections régionales du mois de décembre, effectuait hier hôtels, les routes, les commerçants. Cela nécessitera un une visite en Périgord noir autour de deux thèmes forts accompagnement. J’ai l’impression que nous sommes : le tourisme et l’agriculture. Arrivée en fin de matinée au milieu du guet. « à Saint-Léon-sur-Vézère, elle a tout d’abord été sur un À Marcillac-Saint-Quentin, Virginie Calmels a rencontré chantier de mise en valeur d’une falaise et de la berge dans l’après-midi des responsables agricoles de de la Vézère dans le village avant de s’attabler pour le différentes filières en difficulté et a visité un site pionnier déjeuner avec des professionnels du tourisme et des de méthanisation agricole. « La nouvelle Grande Région élus. avec ses 12 départements sera la première région agricole Entre la poire et le fromage, de quoi fut-il question ? « d’Europe. Les agriculteurs sont des entrepreneurs qui De tout ce que l’on pourrait faire et faire mieux dans vivent avec une réglementation française lourde. On ne ce pays. Les entrepreneurs donnent beaucoup de leur peut pas continuer à les assaillir d’impôts, de normes, temps, de leur énergie. Ce sont les seuls qui créent de de charges sociales. « l’emploi, non délocalisable dans le tourisme. « Outre « les En soirée, la famille politique s’est réunie à l’ancien difficultés d’embauche, le droit du travail contraignant, évêché de Sarlat. Virginie Calmels était aux côtés du les problèmes de normes environnementales «, Virginie maire de Périgueux et tête de liste aux régionales pour la Calmels a échangé sur la couverture numérique et les Dordogne Antoine Audi, du conseiller régional et maire transports. de La Roque-Gageac Jérôme Peyrat, du maire de Sarlat Jean-Jacques de Peretti et de la présidente du syndicat De la cohérence sur Lascaux de la vallée Vézère Nathalie Fontaliran, pour animer une « Le plan régional en cours prévoit 50 % de couverture réunion militante. pour 2022, c’est très insuffisant ! Il faut en faire une priorité, mettre des moyens très importants. C’est en Toujours pas de liste majorité une clientèle urbaine qui vient en Dordogne en La liste de Dordogne pour ces élections n’est pas vacances ou pour s’installer. Leur première question est encore connue en dehors de sa tête, Antoine Audi. On la connexion Internet. « ne pouvait toutefois pas ne pas remarquer les présences En début d’après-midi, la candidate a pris la direction rapprochées en cette journée de la conseillère régionale de Montignac afin de visiter le chantier du futur Centre bergeracoise Josie Bayle, de Jérôme Peyrat et de international de l’art pariétal Montignac-Lascaux. « Ce Nathalie Fontaliran. projet est là. Il y a eu des investissements. C’est un beau Franck Delage, Sud Ouest, 12 septembre 2015

- 35 - - 36 - « Plus de sérénité entre l’État et les territoires » Alain Rousset, président de l’Association des Régions de France, appelle à une nouvelle gouvernance des territoires et plaide pour une action économique régionalisée. Alain Rousset. Je crois qu’il ne faut pas opposer l’État de l’environnement du chômeur, de l’entreprise et des aux collectivités locales, qui représentent une part du collectivités. Nous devrons mettre plus de sérénité dans pouvoir d’État et de la République. Le problème est celui la relation entre l’État et ses territoires. du financement. On doublonne et on triple même le coût de gestion publique par une instruction par plusieurs Pourquoi le Parti socialiste propose-t-il la personnes dans différentes administrations publiques. création d’une banque publique régionale ? Que l’État garde sous son unique responsabilité les pouvoirs régaliens de sécurité, de défense, de justice, Je pense qu’il faut régionaliser les dispositifs d’aides aux d’éducation, de politique extérieure ou de cogestion entreprises, pour les fonds propres et les investissements. des systèmes sociaux. Et qu’il laisse aux collectivités Le PS propose une banque publique d’investissement. locales les compétences qui lui ont été transférées. On Il faut la régionaliser. La Région Aquitaine - comme demande aujourd’hui au sous-préfet, qui souvent n’a plus d’autres - a créé des dispositifs de fonds propres, mais d’équipes, de reproduire à l’échelle de l’arrondissement nous sommes loin d’avoir la puissance de feu des länder les compétences des collectivités locales. La qualité allemands. des hommes n’est pas en cause. Le système est L’État doit décentraliser ses dispositifs d’aides. Les déresponsabilisant pour eux. Régions doivent être dépositaires des aides à l’innovation, car Oséo (1) s’est bancarisée aujourd’hui. Nos PME Quelle est la différence entre une vision ont besoin de banques à leur disposition. Beaucoup de droite et une vision de gauche de la de patrons de PME préfèrent emprunter qu’ouvrir leur décentralisation ? capital. Nous devons pouvoir aider les entreprises à croître sans qu’elles tombent sous la coupe de fonds La notion de confiance et de partenariat. La droite est de d’investissement plus ou moins bien attentionnés. nouveau sur des positions centralisatrices autour d’un président de la République qui intervient sur tous les Le système allemand vous inspire ? sujets - l’apprentissage, la formation professionnelle - de façon brouillonne et contradictoire sans trop se soucier L’Allemagne réindustrialise sur un modèle de proximité. Le de qui fait quoi sur le territoire. Je crois qu’avec François capitalisme allemand est adossé à des familles et à des Hollande, la notion de mobilisation et de contrats avec banques régionales dont les länder sont actionnaires. les territoires sera remise en avant. La gauche est plus Aujourd’hui, hormis les banques mutualistes, les ouverte à la notion de partenariat. banques font remonter à Paris le produit de leur collecte et les transforment en produits structurés. Il est temps que Tanguy sorte de chez ses parents. Les relations de l’État avec ses collectivités locales, c’est Il faut un contrôle des banques. Il faut interdire les un peu la relation des parents avec l’enfant. L’État doit rémunérations scandaleuses de certains patrons de faire confiance davantage aux collectivités après avoir banques. La rémunération du patron de la Société fixé le cadre avec la loi. Aux Régions les investissements générale, qui est passée de 2,8 millions d’euros à 3,6 d’avenir, la formation initiale, continue, l’université aussi. millions, avec des retraites chapeaux scandaleuses. Il Il faudra bien formaliser un jour la relation entre la Région y a une pratique chez certains personnages - qui sont et les universités. La Région doit être demain le pivot de souvent d’ailleurs les visiteurs du soir de l’Élysée -, c’est la formation à l’emploi et l’entreprise en passant par la « Take the money and run », « Prends l’oseille et tire-toi ». recherche et l’université. L’État a organisé une instabilité Ils donnent par ailleurs des leçons à tout le monde. Cela doit être sanctionné. Durement. Jean-Bernard Gilles, Sud Ouest, 16 janvier 2012

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Partie 3 Quel projet régional ?

Virginie Calmels : «Je veux mettre fin au système Rousset» A Limoges, ce mercredi, Virginie Calmels a lancé sa campagne pour les régionales en Aquitaine, Poitou- Charentes et Limousin. Sa cible : Alain Rousset, «son adversaire socialiste» Au risque d’agacer certains esprits chagrins, Virginie 18 ans, n’a rien fait pour empêcher de faire passer le vin Calmels a donc gravi les échelons à une vitesse pour un danger public.» En cas de victoire, elle créera un encore rarement vue. Excepté bien sûr dans ce monde fond de défense du patrimoine, ciblé sur «les églises». merveilleux de la télé-réalité que l’ancienne directrice «Je veux décentraliser les services, ajoute-t-elle. Je d’Endemol France connaît bien. veux des capitales territoriales». Et Limoges sera l’une d’elles. Limoges justement. L’exemple à suivre est là. Elue il y a un peu plus d’un an à la mairie de Bordeaux, Aux dernières municipales, Emile Lombertie a mis fin à dans la roue d’Alain Juppé, cette néophyte en politique un règne socialiste long de 102 ans. Il l’a dit à Virginie a, en effet, donné ce mercredi 14 octobre, à Limoges, Calmels : «Il n’y pas de citadelle imprenable». dans la Haute-Vienne, rien d’autre que le coup d’envoi de sa campagne pour conquérir la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. Et ce en Juppé et Sarkozy : duel à distance présence, excusez du peu, d’Alain Juppé et de Nicolas Quant à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, s’ils ont adressé Sarkozy, le président des Républicains. leurs encouragements à leur tête de liste, chacun a joué Une belle affiche donc. Mais qui ne saurait rivaliser sa partition. Multipliant les incursions dans la campagne toutefois avec le lancement de la campagne de Valérie de la primaire. Alain Juppé a ainsi salué les policiers, qui Pécresse, la tête de liste en Île-de-France. Laquelle manifestaient ce mercredi : «Je comprends parfaitement a réuni, le 27 septembre, en plus d’Alain Juppé et de leur malaise. Ce gouvernement mène une politique Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean- pénale irresponsable. Il faudra y mettre un terme.» Il Christophe Lagarde, le président de l’UDI, et Marielle de reviendra aussi sur son intention de «remettre à plat» les Sarnez, la vice-présidente du MoDem. rythmes scolaires. La meilleure raison de ne pas voter Un tournant pour Monsieur Rousset, c’est que c’est L’ambition, c’est une bonne valeur et le candidat de François Hollande.» c’est notre principale différence avec les socialistes qui veulent une France Nicolas‘‘ Sarkozy, qui défendra une nouvelle fois les «racines chrétiennes de la France», ciblera, lui aussi, du découragement » Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education qui Qu’importe,‘‘ cette photo de Virginie Calmels, entourée veut «supprimer les notes». «Le mot égalité ne veut pas du maire de Bordeaux et de l’ex-locataire de l’Elysée, dire nivellement «. Mais, c’est surtout contre François devant près de 2000 personnes, marque un tournant. Hollande qu’il adressera la plupart de ses coups, se plaçant un peu plus encore dans la peau de son futur A la tribune, si elle a eu quelques fois la voix hésitante, adversaire en 2017 : «L’échec de son quinquennat porte elle a défendu ce qu’elle appelle : «Un combat pour la le nom du mensonge. C’est ce mensonge qui provoque liberté». «L’ambition, dit-elle, c’est une bonne valeur et la colère et l’angoisse sur l’identité de la France.» Il l’a c’est notre principale différence avec les socialistes qui répété, il n’acceptera aucune alliance avec le Front veulent une France du découragement et de la facilité. national : «Ni au premier, ni au deuxième, ni au troisième Cette France, je n’en veux plus.» tour». Elle a également réaffirmé sa volonté de «mettre fin au «Mais, ajoute-t-il, je ne veux pas me réveiller avec le nord système Rousset». Ne le cachons pas, Virginie Calmels à la fille (Marine Le Pen) et le sud à la petite fille (Marion a, une fois encore, pointé du doigt le journal Sud Ouest. Maréchal-Le Pen).» «L’alternance est en marche», tonne- N’hésitant pas à assurer que c’est Alain Rousset qui t-il. N’oubliant pas non plus de rhabiller pour l’hiver «choisit les photos dans le journal». Cette parenthèse Alain Rousset : «La meilleure raison de ne pas voter refermée sous les sifflets, elle a ensuite pris la défense pour Monsieur Rousset, c’est que c’est le candidat de des agriculteurs et des viticulteurs. Le vin sera d’ailleurs François Hollande.» Voilà une formule qui ne devrait pas l’un de ses axes de campagne. déplaire à Virginie Calmels... «Pourquoi la région qu’il (Alain Rousset) préside depuis Jefferson Desport, Sud Ouest, 14 octobre 2015

- 41 - Alain Rousset lance sa campagne On a beaucoup parlé des élections régionales ce week-end. Alain Rousset était très présent et il a réuni 300 personnes samedi soir. Le contraire aurait étonné : il a été fortement question des Alain Rousset qui participait à cet atelier a saisi la balle élections régionales prévues en décembre lors de l’université au bond, en particulier sur les compétences des régions. du Parti socialiste qui s’est achevée hier. Ce fut un week- Lui aussi aimerait bien qu’elles soient plus claires. « On ne end d’ailleurs très « régionales » puisque Virginie Calmels sait jamais qui fait quoi » Et d’ajouter : « Les compétences (chef de file de la droite à l’échelon de la grande région) était totalement transférées ont été complètement assumées à Rochefort pour l’arrivée de « L’Hermione » entourée entre par les régions, de gauche ou de droite d’ailleurs, sauf autres de Sally Chadjaa, deuxième sur la liste de Charente- par Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon ». Maritime et évidement du leader départemental qui est aussi maire de Rochefort : Hervé Blanché. Aménagement du territoire Alain Rousset prend l’exemple du nécessaire Petit portrait d’électeurs apprentissage des langues par les lycéens : « C’est Retour à l’Encan à La Rochelle. Plusieurs ateliers ont indispensable, mais en principe nous n’avons pas à été consacrés à cette élection samedi et le soir même, nous occuper de la pédagogie, notre compétence par Alain Rousset, président actuel de l’Aquitaine et chef rapport aux lycées se limite à l’immobilier ». de file socialiste pour la nouvelle région, a réuni au D’autres socialistes sont moins favorables aux transferts Musée maritime quelque 300 personnes. Dans un de complets. En matière d’éducation justement, si l’État ne ces ateliers, Brice Teinturier (Il est directeur général s’en mêle plus, ils craignent des injustices de traitement délégué de l’institut de sondages Ipsos) a précisé ce d’une région à l’autre. C’est un débat. que personne n’ignorait : les électeurs sont pour l’instant très peu préoccupés par les élections de décembre. Alain Rousset parle aussi beaucoup d’aménagement du De son point de vue, il ne s’agit pas de colère, mais territoire : « Nous ne pouvons plus saupoudrer. Il faut de plutôt de désillusion. Et surtout, leur rapport à la Région vraies politiques, dit-il et pas simplement une politique est flou. Ils n’ont pas de sentiment d’appartenance de distribution de subventions. réelle et ne sont pas bien informés des compétences Ce thème-là, il l’évoquera à nouveau le soir devant les de la Région. Autre raison de cette distance, il ne militants, les élus, les candidats aux élections et les connaissent pas le bilan des dirigeants, n’identifient pas membres de l’équipe de campagne tels Mickaël Vallet exactement les réalisations. Ils aimeraient qu’on leur en Charente-Maritime et le député girondin Gilles Savary. fasse une démonstration qu’ils pourraient comparer aux propositions des oppositions. Il paraît qu’ils sont ADN de la gauche attachés aux programmes contrairement à ce que l’on pourrait penser. C’est plutôt encourageant. Ce qui l’est « Il faut donner une priorité aux secteurs géographiques moins en revanche, c’est d’apprendre que beaucoup en souffrance, clame Alain Rousset. Cela fait partie de d’électeurs se conduisent comme des consommateurs l’ADN de la gauche. Il faut aussi être compétitif, je n’ai et attendent qu’on vienne les informer directement. pas peur de ce mot. Dans tous les domaines. Il faut innover en matière économique, quand un secteur ne « Arrêtez les discours creux » fonctionne plus, il ne faut pas y voir une fatalité, mais développer autre chose, avec des formations à la clé, Peu surprenant : ils sont las des discours creux. Ils bien sûr. Par exemple, la reconversion du bassin de réclament que l’on donne du sens aux mots. Que signifie Lacq a très bien fonctionné. Des entreprises importantes exactement « personnes fragilisées » par exemple ? Et, continuent à y être créées. Il est aussi indispensable de fait nouveau selon Brice Teinturier, les électeurs exigent soutenir l’agriculture, en créant des réseaux de proximité désormais que les promesses de réalisations soient pour trouver des débouchés. Cela ne résoudra pas crédibles sur un plan financier. cependant le problème du prix du lait ou de la viande. Je ne veux pas que le milieu rural soit En tout cas, je ne veux pas que le milieu rural soit la cour de récréation des urbains ». Rien ne pouvait faire plus la cour de récréation des urbains » plaisir à Mickaël Vallet. Alain Rousset

‘‘ Marie-Claude Aristégui, Sud Ouest, 31 août 2015

- 42 - « J’ai besoin de défis, et j’ai bien l’intention de gagner » POLITIQUE L’adjointe d’Alain Juppé a finalement été investie hier pour mener la liste de droite aux régionales.

« Sud Ouest ». Vous venez d’être investie, d’entreprise, quelle que soit son entreprise, est plus en cette fois sans difficulté, à la différence de la phase avec l’économie que de nombreux politiciens. dernière fois. Alain Rousset vous reproche aussi de vous Virginie Calmels. La dernière fois, je n’étais pas présente. approprier les actions de la Région, notamment Il n’y avait pas eu de vote, car je n’avais pas pu présenter pour French Tech à Bordeaux. ma candidature et mon projet. Mon profil est celui d’une femme dirigeante d’entreprise qui s’est investie Il m’a même traitée de coucou. Cela illustre bien ce qui en politique. Il n’est pas surprenant que certains, dans nous oppose dans l’action politique. Il considère que le la commission d’investiture, très peu nombreux, s’en succès des entreprises locales et de la dynamique à soient étonnés. Tout cela est naturel. Bordeaux ou dans la métropole, c’est son succès, parce que la Région en a financé certaines. Or ce sont d’abord On ne peut pas en vouloir aux membres de la et avant tout des réussites des entrepreneurs et de leurs commission de considérer qu’ils ne sont pas une salariés, parfois aidés de fonds publics. chambre d’enregistrement. Je ne les connaissais pas. Il était compliqué pour eux d’investir quelqu’un qu’ils Il me reproche, avec la dynamique French Tech, d’avoir ne connaissaient pas ou d’avoir le sentiment que la obtenu une forte mobilisation des entrepreneurs avec commission ne joue pas son rôle. Cette fois, ils m’ont peu de fonds publics. Les chefs d’entreprise n’ont pas auditionnée, et j’ai eu l’occasion de me présenter à eux. nécessairement besoin des politiques pour réussir. En revanche, la politique économique menée doit les aider, Vous en voulez quand même à Henri Guaino, les accompagner et non pas les freiner ou les accabler d’impôts. Face à la dépense publique, ce qui compte, qui vous a comparée à Loana ? ce sont les résultats. Et, en Aquitaine, ils ne sont pas Je ne lui en veux pas. Il a le sens de l’humour. Je suis meilleurs qu’ailleurs. positive par nature. Ce matin, il était présent. Le vote a été à l’unanimité en faveur de ma candidature, moins Vous prenez, avec Alain Juppé, un risque une abstention, probablement la sienne si j’en crois ce politique dans cette région où la gauche est qui est écrit. Si c’est le cas, je constate que lorsqu’il ne me connaissait pas il était contre, et qu’après une brève favorite. rencontre il s’abstient. On a donc bien progressé, alors Je ne suis pas la candidate d’Alain Juppé, mais de imaginez quand nous nous connaîtrons vraiment ! l’UMP, donc aussi de Nicolas Sarkozy ou de Jean-Pierre La seule chose est que certains hommes politiques ont Raffarin. Mais je suis désormais capitaine d’équipe, et je des relents misogynes, et d’autres sont simplement très désignerai bientôt les têtes de liste départementales. Je éloignés du monde de l’entreprise, au point qu’ils peuvent mènerai d’ailleurs la liste de la Gironde. confondre le dirigeant d’un grand groupe audiovisuel Évidemment, Alain Juppé est mon mentor en politique, et mondial (NDLR : Endemol), leader sur son marché, avec il a bien plus d’expérience, donc je serai ravie d’échanger un de ses très nombreux produits, la télé-réalité. Alain avec lui. L’incarnation de la liste que je porte sera aussi Rousset (NDLR : président socialiste de l’Aquitaine et la sienne. Je crois que je ne manque pas de courage, candidat) a aussi fait cette confusion. d’énergie, j’ai besoin de défis, et j’ai bien l’intention de gagner. Je considère que je ne prends pas le risque de Il a plutôt dit que l’économie dans laquelle vous m’affaiblir, ni Alain Juppé, dans ce combat. évoluez n’était pas celle de la région. Si vous gagnez, c’est un job à plein-temps de Je trouve cela un peu inquiétant sur sa compétence en matière économique. L’industrie audiovisuelle en présider une Région. est une parmi d’autres. Il n’y a pas que l’industrie Cela a fait partie de ma réflexion. Il faudra que j’assume aéronautique dans la région, même si Alain Rousset a une victoire. On ne peut pas présider une Région un prisme déformant sur celle-ci. Il existe par exemple aussi importante en dilettante. C’est effectivement une un pôle image très développé à Angoulême. L’industrie activité à plein-temps, et je m’y consacrerai pleinement des médias est présente dans la plupart des villes. Je en démissionnant de mon poste d’adjointe à la mairie trouve enfin que son attaque n’a pas de sens, un chef de Bordeaux - même si je resterai peut-être conseillère

- 43 - municipale- et en abandonnant certaines de mes activités présidente du conseil de surveillance d’Eurodisney). professionnelles actuelles (NDLR : présidente de Shower Mais j’y suis prête. Company, qu’elle a fondée, administratrice d’Iliad et Bruno Béziat et Benoît Lasserre, Sud Ouest, 8 mai 2015 LGV, lignes de failles politiques en Aquitaine En donnant son feu vert aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, le gouvernement s’assoit sur les avis négatifs rendus contre ce grand projet ferroviaire du Sud Ouest (GPSO). Mais à la veille des régionales, ces lignes divisent à gauche et à droite. « Ni les questions d’environnement ni les questions Politiquement, c’est d’abord une épine de plus dans financières ne sont réglées. La LGV Poitiers-Limoges a le pied de l’union de la gauche pour les régionales, elle aussi obtenu une déclaration d’utilité publique, mais référendum fruits et légumes ou pas. je crains que ce projet ne voit jamais le jour ». Olivier Dartigolles (tête de liste Front de gauche) a L’auteur de ces déclarations pessimistes quant au dénoncé un « passage en force », déclarant que « les devenir des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, futurs élus Front de Gauche n’accepteront pas que le n’est pas une militante écologiste ou une vigneronne du modèle du tout LGV, et son mode de financement, soit Sauternais. Il s’agit de Virginie Calmels : en plein conseil réalisé au détriment des lignes ferroviaires de proximité municipal de Bordeaux, lundi dernier, l’adjointe d’Alain et inter régionales » (Intercités, TER…). Juppé, lui-même très pro-GPSO (grand projet ferroviaire « La convergence entre la destruction, organisée, des du Sud-Ouest), a fait un genre de coming-out, ralliant TET (trains d’équilibre du territoire) et la libéralisation ceux que ces deux lignes à grande vitesse laissent du transport de voyageurs par autobus (loi Macron) sceptiques – à commencer par la commission d’enquête témoigne de la volonté évidente de mettre fin au service publique ou la Cour des comptes, dont le gouvernement public ferroviaire de la part des différentes parties », semble avoir ignoré les conclusions assassines. estime l’élu palois, et porte-parole du Parti communiste. Il est vrai que l’ancienne patronne d’Endemol portera Tête de liste EELV (Europe écologie-Les Verts) aux en décembre aux élections régionales les couleurs de élections régionales, Françoise Coutant a également mis la droite et du centre contre le premier supporter du en demeure la future région Aquitaine-Limousin-Poitou- GPSO, Alain Rousset. Charentes, de « laisser à l’État la responsabilité de ses erreurs stratégiques en matière de transport ferroviaire » « Tout sauf Rousset » et de ne pas participer au financement de ces projets : Et si Virginie Calmels dénonce dans le feu vert du « Pourquoi donner la priorité à des projets qui engloutiront gouvernement à la déclaration d’utilité publique, une « plus de 8 milliards d’euros, ne seront jamais rentables en promesse électorale » et coup de pouce au président fonctionnement – comme on l’a constaté avec la LGV de la région Aquitaine, elle sait que cette option est à Tours-Bordeaux – et qui ne concerneront qu’une minorité double tranchant. Tout comme Denise Cassou, porte- de voyageurs en capacité de payer cher leurs billets de parole de la Coordination vigilance LGV : train ? Cette décision ne répondra pas aux besoins et « Cette décision, annoncée à une fête du PS au aux priorités des citoyen-ne-s qui plébiscitent les TER démarrage de la campagne pour les régionales, risque comme moyen de transport pour leur déplacement du d’être contreproductive. Je suis moi-même étonnée de quotidien et souhaitent l’amélioration de ce service en l’ampleur du dégoût et de l’indignation, alors que l’enquête terme de fréquence et de ponctualité. » publique avait reçu 15000 contributions, pour la plupart hostiles au projet. Dans le sud Gironde, notamment, Pas de PPP les gens se sentent méprisés, piétinés. J’entends dire Une position que partagent des poids lourds locaux : “Je voterai tout sauf Rousset”, “J’ai déchiré ma carte du Parti socialiste comme le député de Gironde Gilles du PS”, “On va faire une ZAD” (zone à défendre)… Ce Savary, opposant résolu au GPSO, ou le président du choix lamentable, uniquement fondé sur le lobbying conseil départemental Jean-Luc Gleyze. L’ex maire de d’Alain Rousset et du BTP, va nourrir l’abstention ou le Captieux redoute les impacts économique et écologique vote protestataire. » de la LGV sur le sud Gironde, où doivent se séparer les lignes vers Dax et vers Toulouse. Et il a rapidement « Erreurs stratégiques » prévenu que le département ne mettrait cette fois pas au

- 44 - pot commun pour financer le projet – « ce serait hors-la- Front Bové-Calmels loi », explique-t-il. Finalement, les caisses vides paraissent être le meilleur Pas question non plus de refaire un partenariat public- allié des anti LGV. Et c’est là que José Bové rejoint privé, étant donné le casse-tête de la ligne Tours- Virginie Calmels. A la question de création de collectifs Bordeaux, affirme par ailleurs Alain Juppé (au diapason de zadistes contre les travaux, le député européen sur ce point avec Olivier Dartigolles !). Souhaitant que répond à Public Sénat qu’ « on est loin d’être là » : Bordeaux soit pour les TGV « un carrefour, pas un cul- de-sac », le maire en appelle comme Alain Rousset à « L’expropriation peut être longue et ça peut être la guérilla l’Europe via le plan Juncker (315 milliards d’euros dédiés juridique. Mais ça ne se fera pas. On fera tout pour que aux projets d’infrastructures) et à la SNCF. ça ne se fasse pas. (…) Au mieux, ça se fera dans 30 ans. Et dans 30 ans, on pensera que c’est idiot. » Mais celle-ci, dont le déficit pourrait largement dépasser les 44 milliards d’euros actuels une fois la LGV Tours- D’ici là, dans 3 mois, pro et anti LGV se compteront dans Bordeaux ouverte, a d’autres chats à fouetter, comme l’a la nouvelle majorité de l’hôtel de région. Et sauront (peut- dit à Sud Ouest son patron Guillaume Pépy. être) si le GPSO a obtenu ou pas l’aval du Conseil d’Etat, préalable indispensable à la signature de la déclaration d’utilité publique. Simon Barthélémy, Rue89 Bordeaux, 30 septembre 2015 Virginie Calmels, l’anti-«système Rousset» Deux mille personnes ont assisté hier soir au premier meeting de Virginie Calmels, soutenue par Alain Juppé et surtout par Nicolas Sarkozy. Réunir à Limoges deux rivaux qui se regardent en chiens « Je veux faire tomber le système Rousset, qui consiste de faïence, c’est la performance réussie par Virginie à distribuer l’argent public comme si c’était le sien, à Calmels, qui tenait, hier soir, au Parc des expositions s’autoproclamer l’ami des entreprises tout en votant à Paris de la préfecture limousine, son grand meeting de les lois socialistes qui font si mal à notre entrepreneuriat lancement de campagne, en présence donc d’Alain », lance Virginie Calmels à ses sympathisants qu’elle Juppé et de Nicolas Sarkozy. Pourquoi Limoges ? Parce dit regarder « comme des actionnaires parce que c’est que la ville est devenue en mars 2014 un symbole pour votre argent que je veux gérer ». la droite. Les 2 000 militants et sympathisants présents « Depuis un an, nos agriculteurs sont humiliés et ont d’ailleurs réservé un accueil triomphal à Émile-Roger martyrisés par le gouvernement », déclare-t-elle en Lombertie, qui a conquis la mairie après cent ans de rappelant que la future région sera demain « la première gestion socialiste. région agricole d’Europe » et en assurant qu’elle veut en C’est Alain Juppé qui ouvre les hostilités contre la faire « la plus grande région numérique de France », tout gauche et sa réforme territoriale. « C’est une chance en promettant « de restaurer les églises des villages de pour l’Aquitaine d’avoir une capitale attractive », ajoute la région ». celui qui a beaucoup cité son expérience municipale bordelaise. « Il faut faire souffler de l’air frais dans la « Le matraquage fiscal » gouvernance de ces régions », ajoute-t-il en ciblant Dernier orateur, le plus applaudi évidemment, Nicolas Alain Rousset, « le grand chantre de l’autosatisfaction Sarkozy, dont on sait qu’il fait rarement dans la ». « Chômage, piteux état des TER, multiplication par porcelaine. Il l’a prouvé encore à Limoges hier soir, en quatre du personnel régional depuis 1998, explosion rendant d’abord un hommage presque trop appuyé à de la dette » au débit du président-candidat, mais, en « mon ami Alain Juppé ». On se doutait aussi que le revanche, au crédit de son adversaire : « elle a l’esprit de président des Républicains n’était pas venu parler d’Alain rassemblement, le sens de l’organisation et du savoir- Rousset et des régionales. Il n’a cité qu’une fois le nom faire politique, à mon grand étonnement. » du président aquitain. « La meilleure raison de ne pas Du savoir-faire mais pas encore l’habitude des grands voter pour Alain Rousset, c’est que c’est le candidat de meetings. Ce qui explique sans doute un discours un François Hollande. » peu appliqué et néanmoins truffé de formules parfois L’ancien chef de l’État a enchaîné avec ses chevaux saignantes pour le président sortant mais aussi, comme de bataille, ceux qu’il veut enfourcher pour gagner elle semble en prendre l’habitude, à l’égard du journal « la primaire puis retrouver l’Élysée : les migrants et Sud Ouest », accusé d’être au service d’Alain Rousset. Schengen « qui est mort », « le matraquage fiscal », «

- 45 - l’affaissement des valeurs » ou le dialogue social. « Vous me réveiller demain avec le Nord à la fille et le Sud à la avez remarqué, en France, plus on parle de dialogue petite-fille », exhortant Virginie Calmels, ses candidats et social, moins on dialogue. » Mais s’il a étrillé François les militants à tenir un discours de vérité et « à rester Hollande et la gauche, s’il a redit que « la France a des fermes sur nos principes. Vous portez dans vos mains le racines chrétiennes », Nicolas Sarkozy s’est défendu séisme du 6 et du 13 décembre. » En attendant d’autres de toute oeillade au Front national : « Je n’ai rien à voir secousses... avec Mme Le Pen et son inhumanité. Je ne veux pas Benoît Lasserre, Sud Ouest, 15 octobre 2015

- 46 - Régionales : le difficile combat de Virginie Calmels dans la grande région Aquitaine Alain Juppé et Nicolas Sarkozy soutiennent ce mercredi la candidate de la droite en Aquitaine - Limousin - Poitou- Charentes. Virginie Calmels part à la bataille avec un fort déficit de notoriété face au président PS sortant, Alain Rousset. Limoges est décidément très courtisée. En ce début pour se faire connaître et décliner sa stratégie d’union de campagne pour les élections régionales en de la droite et du centre. Elle ne manquera pas non plus Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, la ville fait l’objet de critiquer l’action d’Alain Rousset, président sortant de de toutes les attentions. Virginie Calmels, le chef de l’Aquitaine, qui se présente pour un quatrième mandat. file des Républicains, doit y tenir ce mercredi soir son Député de la Gironde, farouche défenseur des premier meeting, encadrée de Nicolas Sarkozy et d’Alain entreprises et ayant fait de la recherche et de l’innovation Juppé. Deux semaines après Alain Rousset, la tête de une priorité, celui-ci entend dupliquer sa politique à liste du PS. Pour la droite, la ville qui a basculé dans son l’échelle de la future région. « A Paris, il vote toutes les escarcelle lors des municipales, en mars 2014, constitue lois qui font tant de mal aux entreprises. C’est un tour un symbole. Pour la gauche, une terre à reconquérir. de force de faire croire qu’il est leur allié ! Nous aurons l’humilité de reconnaître que ce sont les entreprises qui Rassurer Limoges créent l’emploi », martelait Virginie Calmels lors de la Mais, pour les deux candidats, il s’agit d’abord de rassurer. présentation de ses têtes de liste. Deuxième ville de la future grande région, Limoges est aussi la capitale d’un territoire agricole vieillissant, dont Un défi de taille l’économie n’a cessé de reculer depuis la crise. Et si la Pour la quadragénaire en déficit de notoriété sur un plupart de ses élus étaient partisans d’une fusion avec vaste territoire bien tenu par la gauche, le défi est de l’Aquitaine, ils la craignent aussi. « Le Limousin est la plus taille. En juin dernier, un sondage Ifop pour « Sud Ouest » petite des trois régions avec une industrie qui a périclité. accordait une large victoire à la gauche au second tour Avec cette fusion on peut notamment redouter une perte (49 % des voix), les listes de Virginie Calmels obtenant des emplois publics », pointe Guillaume Guérin, premier 33 % des suffrages, devant celles du Front national adjoint au maire de Limoges et tête de liste de la droite à 18 %. « Le scrutin est inédit et présente de très pour la Haute-Vienne. nombreuses inconnues, dont les conséquences dans la Alain Rousset, dont l’une des ambitions est de recréer une région du “PS bashing”, le poids de l’abstention et du Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire Front national. Virginie Calmels aura le handicap de ne et à l’attractivité régionale (Datar) à l’échelon régional, pas avoir de réserves de voix, alors qu’Alain Rousset avait d’ailleurs axé son discours sur l’aménagement du devrait pouvoir compter sur celles d’EELV », analyse territoire. « Si Bordeaux sera bien la capitale de la région, Jean Petaux, enseignant et politologue à Sciences po je veillerai à une harmonisation de l’action régionale avec Bordeaux. Poitiers, Limoges, pour un maillage total et juste du La plus vaste des régions françaises constitue aussi territoire », avait-il promis. un enjeu national. Elle pourrait être l’une des seules conservées par la gauche. A droite, elle sera aussi Réunir la droite et le centre un symbole fort. En inaugurant la permanence de Adjointe au maire de Bordeaux depuis l’an dernier, Virginie campagne de Virginie Calmels, Alain Juppé a lancé aux Calmels, néophyte en politique, va d’abord profiter de militants : « Si vous voulez m’aider pour 2016 et peut- cette tribune aux côtés de deux ténors des Républicains être 2017, soutenez maintenant Virginie Calmels pour prendre cette région. » Franck Niedercorn, Les Échos, 14 octobre 2015

- 47 - - 48 - Pour Alain Rousset, climat au beau fixe sur la région Aquitaine Alain Rousset effectuait sa rentrée devant la presse hier après-midi. Au menu, climat, lycées et, bien sûr, économie. Climat, économie, jeunesse et agriculture, c’est autour Du climat à l’économie, il n’y a qu’un pas qu’Alain Rousset de ces quatre principaux thèmes qu’Alain Rousset a a franchi d’autant plus allégrement que, dit-il, l’Aquitaine développé sa conférence de presse de rentrée, hier joue les premiers rôles pour les énergies renouvelables après-midi, à l’hôtel de région. En faisant comprendre ou la chimie verte. d’entrée à son auditoire qu’il s’exprimait en tant que On sait que le président de la Région n’a pas besoin président et non en tant que candidat à sa réélection, d’aller devant le Medef pour clamer son affection envers même si, à quelques mois d’une échéance électorale, la les entreprises, comme l’a fait Emmanuel Macron, avec frontière perd de son étanchéité. lequel il avait dîné la veille à Léognan, lui redemandant de Concernant le climat et la conférence mondiale qui se donner plus de pouvoir aux Régions « pour accompagner déroulera à Paris en décembre prochain, Alain Rousset les entreprises qui bougent », Alain Rousset évoquant a estimé que les Régions, et particulièrement celle plutôt les petites entités que celles du CAC 40. qu’il conduit, devaient tenir un rôle important. Il a donc Il n’est pas certain que le ministre de l’Économie ait naturellement été question de transport. Et surtout de donné à Alain Rousset la réponse qu’il attendait. Pas transport ferroviaire. Pau-Canfranc d’abord, cheval de de quoi décourager ce dernier, qui reste persuadé que bataille du président aquitain, qui a annoncé son intention « c’est aux Régions de faire émerger les champions d’écrire une lettre à François Hollande pour obtenir son économiques de demain ». soutien dans la réouverture de cette ligne internationale. Alain Rousset a de même rappelé que la Région Nouveaux lycées Aquitaine avait permis la rénovation de la ligne Saint- Demain, c’est bien sûr la jeunesse. Aujourd’hui, Alain Jean-Pied-de-Port - Bayonne en avançant la part de Rousset passera sa journée dans plusieurs lycées. À l’État, d’un montant de 15 millions d’euros. Pessac et à Gradignan d’abord, villes de sa circonscription À cette occasion, il a de nouveau plaidé pour la de député, à Bergerac en fin de matinée pour inaugurer résurrection de l’écotaxe au profit des Régions et de le lycée Hélène-Duc, le deuxième à énergie positive leurs investissements en faveur du fer, seule alternative à après celui de Bègles. Un investissement de 40 millions la thrombose sur les routes et à l’augmentation du trafic d’euros pour un établissement prévu pour 360 élèves. des camions. « En vallée d’Aspe, sur la RN 134, c’est un Alain Rousset n’a d’ailleurs pas exclu la construction de camion par minute », rappelle-t-il. nouveaux lycées, notamment à Biganos, en Gironde, Mais le président aquitain répète qu’il ne veut taxer que le pour faire face à l’augmentation de la population en transit international, et pas le transit local ou régional. Et il Aquitaine qui, dit-il, « est devenue la région la plus balaie d’un revers de main les réserves que l’Europe ne attractive de France avec l’arrivée annuelle de 13 000 manquera pas d’afficher à l’égard d’une réglementation personnes d’âge actif ». forcément discriminatoire. « On doit pouvoir trouver un Le président aquitain a enfin souhaité que les lycéens moyen légal », assure-t-il. qui déjeunent dans leur établissement soient le plus possible nourris avec des produits régionaux. Le 3 « Champions de demain » octobre, une rencontre sera d’ailleurs organisée entre Et c’est avec la même assurance qu’il a réitéré sa foi dans proviseurs et producteurs agricoles pour étudier la mise la desserte ferroviaire à grande vitesse vers l’Espagne en place d’une filière de « circuits courts ». qui, on le sait, n’a pas convaincu les arbitres de l’enquête Alain Rousset a enfin profité de cette conférence d’utilité publique. « Ne pas le faire, c’est mettre encore de presse de rentrée pour rendre hommage à Jean plus de voitures sur les routes », affirme-t-il, tout en Lacouture, décédé cet été. Il a annoncé la création précisant que la vitesse doit également s’améliorer pour « d’une bourse Jean Lacouture » qui permettra de les transports régionaux, surtout à la veille de la fusion financer des projets de jeunes journalistes, notamment avec Poitou-Charentes et le Limousin. « Limoges à trois à l’étranger, Jean Lacouture ayant donné ses lettres de heures de train de Bordeaux, c’est beaucoup trop. » noblesse au grand reportage. Benoît Lasserre, Sud Ouest, 1er septembre 2015

- 49 - - 50 - Régionales: Virginie Calmels veut apporter sa «culture du résultat» POLITIQUE La tête de liste LR pour les élections régionales en Aquitaine souhaite mettre en avant son expérience du monde de l’entreprise... Propulsée tête de liste des Républicains aux élections Alain Rousset met en avant qu’il a remis régionales des 6 et 13 décembre prochains, l’adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux mène sa première en marche une industrie de pointe en campagne électorale. Elle a répondu aux questions de Aquitaine. Quelles seront vos choix en matière 20 Minutes. économique ? 70 % des subventions en Aquitaine vont à 9 % de Vous avez débuté en politique il y a moins l’économie, c’est-à-dire à l’industrie. C’est pourtant la de deux ans. Quel regard portez-vous sur ce région de France qui a la plus forte croissance du chômage milieu ? chez les jeunes. Mon choix sera de mettre le paquet sur l’apprentissage et la formation professionnelle. Ceux qui Je crois en la politique mais je viens du monde de créent l’emploi, ce sont les commerçants, les artisans, l’entreprise où si vous n’êtes pas bon, vous n’êtes pas les agriculteurs, les TPE-PME. Et ce sont les oubliés de maintenu dans vos responsabilités. J’ai une culture du la politique régionale. Le numérique est également un résultat, et on peut l’importer en politique où, parfois, sujet majeur. Le projet d’Alain Rousset, c’est 50 % de la des personnes n’ont pas le bilan escompté et se population couverte en haut-débit en 2022, il faut faire maintiennent pourtant. beaucoup mieux que cela.

Quelles seraient vos premières actions si vous N’avez-vous pas le sentiment d’avoir pris du êtes élue ? retard sur Alain Rousset, dans votre campagne La première sera de mettre en musique la réforme et dans la composition de vos listes ? territoriale, sans que cela coûte plus cher, sinon la variable d’ajustement sera l’impôt. Cela veut dire La campagne d’Alain Rousset, c’est être en photo dans apporter de la modernité au conseil régional. Il faudra ne le journal pour des inaugurations. Les citoyens veulent pas remplacer les fonctionnaires qui partent à la retraite, de l’action. Et moi, j’ai fait une liste d’union, avec Les pour faire baisser les effectifs, notamment ceux du siège Républicains, l’UDI, le Modem, CPNT. Cela prend un des conseils régionaux qui représentent 2.000 agents. peu plus de temps que de faire une liste uniquement de Dans les lycées on regardera au cas par cas. Le but est socialistes. Mes listes sont celles des deux tours, ce n’est de faire cela avec les personnels car ce qui me frappe, pas son cas et nous verrons si les citoyens adhèreront c’est l’absence de motivation, de reconnaissance de aux tripatouillages avec les Verts et le Front de Gauche ces personnels. Je crois aussi au travail en réseau, à la entre les deux tours. Ensuite, j’ai voulu une modernisation numérisation de l’économie, pour avoir des centres de du personnel politique, et la parité. Les socialistes, eux, décision répartis sur le territoire, et non pas concentrés reprennent les mêmes pour recommencer la même à Bordeaux. politique. Féminiser le personnel politique, c’est vivre avec son temps. A l’arrivée, je pense qu’on est en avance Les transports sont l’une des grandes car on a réglé bien des problèmes en amont. compétences du conseil régional, quels sont Que pensez-vous des propos de Nadine Morano vos projets ? sur la race blanche ? Il faut investir dans les routes car c’est un enjeu de Je ne vois rien de répréhensible à citer qui que ce développement du territoire, et pour l’instant c’est soit quand on ne déforme pas la citation, et c’est une zéro dans le contrat de plan Etat-Région en Aquitaine. citation. Après, il y a une interprétation, et c’est cela qui Parallèlement, il faut rénover les TER. Des réseaux sont lui est reproché, c’est ce qu’elle en a dit par la suite. Mais saturés, et il faut les renforcer, à d’autres endroits la je ne suis pas dans les organes de parti, je ne suis pas question du maintien de certaines lignes se posera. La porte-parole, donc la question de son investiture n’est loi Macron va créer de nouvelles lignes de cars et cela pas mon problème. peut aussi apporter des réponses à la mobilité. Mickaël Bosredon, 20minutes, 6 octobre 2015

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Sommaire

Introduction...... 3

Biographies...... 7

Trajectoires personnelles des deux candidats...... 11 Virginie Calmels la femme pressée...... 13 Julien Rousset, Sud Ouest, Le Mag, 17 juin 2014

Alain Rousset au scanner...... 15 Philippe Bidalon, L’Express, 4 février 2010

Virginie Calmels, ou comment une femme peut en cacher une autre ...... 17 Gaël Tchakaloff, Le Nouvel Économiste, 29 janvier 2014

« Je ne gesticule pas »...... 19 Willy Dallay, Sud Ouest, 10 juin 2013

Élections régionales : Juppé parie sur Calmels...... 20 Bruno Béziat avec Benoît Lasserre, Sud Ouest, 13 avril 2015

Alain Rousset : la résistance de Moulin, le volontarisme de Hollande...... 21 Eric Fottorino, L’Hémicycle, 18 avril 2012

Régionales : Virginie Calmels enrôle le cavalier champion olympique Pierre Durand...... 23 Pauline Boyer, Le Figaro, 9 octobre 2015

Alain Rousset, un animal politique à l’aise sur ses terres...... 24 Orianne Dupont, 20minutes, 22 mars 2010

Alain Rousset, bien dans son Aquitaine...... 25 Jean-Philippe Ségot, La Semaine du Pays-Basqu, Édition du 19 au 25 juin 2015

La nouvelle grande région...... 27 Qui se reconnaîtra dans ces innommables nouvelles régions ?...... 29 Eric Dupin, Slate, 13 octobre 2015

Régionales 2015 : les enjeux en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes...... 31 Alexandre Borde, Le Point, 18 septembre 2015

Régionales : quel président pour l’Aquitaine XXL?...... 31 Anne-Laure Barret, Le Journal du Dimanche, 9 octobre 2015

Débat Sud Ouest Éco : la Nouvelle Aquitaine...... 32 Michel Monteil, Sud Ouest, 22 mai 2015

Rousset : « On veut rogner les ailes des régions »...... 33 Bruno Béziat et Jean-Pierre Deroudille, Sud Ouest, 19 juin 2009

- 53 - Alain Rousset : « De grands défis »...... 34 Philippe Guillaumie, Sud Ouest, 21 septembre 2015

Virginie Calmels entre tourisme et agriculture...... 35 Franck Delage, Sud Ouest, 12 septembre 2015

« Plus de sérénité entre l’État et les territoires »...... 37 Jean-Bernard Gilles, Sud Ouest, 16 janvier 2012

Quel projet régional ?...... 39 Virginie Calmels : «Je veux mettre fin au système Rousset»...... 41 Jefferson Desport, Sud Ouest, 14 octobre 2015

Alain Rousset lance sa campagne...... 42 Marie-Claude Aristégui, Sud Ouest, 31 août 2015

« J’ai besoin de défis, et j’ai bien l’intention de gagner »...... 43 Bruno Béziat et Benoît Lasserre, Sud Ouest, 8 mai 2015

LGV, lignes de failles politiques en Aquitaine...... 44 Simon Barthélémy, Rue89 Bordeaux, 30 septembre 2015

Virginie Calmels, l’anti-«système Rousset»...... 45 Benoît Lasserre, Sud Ouest, 15 octobre 2015

Régionales : le difficile combat de Virginie Calmels dans la grande région Aquitaine...... 47 Franck Niedercorn, Les Échos, 14 octobre 2015

Pour Alain Rousset, climat au beau fixe sur la région Aquitaine...... 49 Benoît Lasserre, Sud Ouest, 1er septembre 2015

Régionales: Virginie Calmels veut apporter sa «culture du résultat»...... 51 Mickaël Bosredon, 20minutes, 6 octobre 2015

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