Jean De Sponde De La Psychanalyse a La
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JEAN DE SPONDE DE LA PSYCHANALYSE A LA DEFINITION DE L'INSTANT SPONDIEN by CAROLYN L. BOUYGUES B. A., University of North Carolina at Chapel Hill, N. C. 1968 A THESIS SUBMITTED IN PARTIAL FULFILMENT FOR THE DEGREE OF M. A. in the Department of French We accept this thesis as conforming to the required standard THE UNIVERSITY OF BRITISH COLUMBIA September, 1971 In presenting this thesis in partial fulfilment of the requirements for an advanced degree at the University of British Columbia, I agree that the Library shall make it freely available for reference and study. I further agree that permission for extensive copying of this thesis for scholarly purposes may be granted by the Head of my Department or by his representatives. It is understood that copying or publication of this thesis for financial gain shall not be allowed without my written permission. Department of vVeTi C A The University of British Columbia Vancouver 8, Canada RESUME Le but poursuivi dans cette etude est triple. En premier lieu, nous tentons ici d'apporter une contribution aux applications de la methode psychanalytique. Nous visons ensuite, grace a cette methode, a apporter un peu plus de lumiere sur Jean de Sponde, poete baroque de la fin du XVIeme siecle jusqu'ici assez peu connu. Enfin, dans un dernier point, depassant le personnage de Jean de Sponde, nous tactions de definir, apres tant d'autres, mais en tenant compte des enseignements de la psychanalyse, ce que nous appelons 1'instant spondien, qui n'est qu'une autre forme de l'instant baroque. Nous nous justifions ainsi, par avarice, aux yeux de ceux qui reprochent a la psychanalyse de ne mener le plus souvent qu'a l'auteur. Jean de Sponde nous interesse en soi, mais nous n'arrivons a lui qu'a travers ses poemes (ici, les Sonnets d'Amour, moins Studies que le reste de son oeuvre), en etudiant successivement les motifs (Chapitre I), les images (Chapitre II) et la structure (Chapitre III) au coeur de ces sonnets. Ces trois aspects—ou niveaux—des Sonnets d'Amour revelent une personnalite bifrons qui repose toute entiere sur un systeme de tensions opposees, lesquelles sont comme les poles d'une dialectique constance-inconstance, stabilite-mouvement, desordre- harmonie. Ceci nous permet de poser que Jean de Sponde est un poete du paradoxe intensement vecu, ce qui lui confere une certaine modernite. Le poeme—le poeme baroque en particulier—est considere pour finir comme le moment et le lieu euphoriques ou se resout, du moins en apparence, l'experience douloureuse et tragique de la contradiction. RESUME ii TABLE DES MATIERES iv INTRODUCTION ET DEFINITION DE LA METHODE 2 I. L*AMOUR SPIRITUEL AU XVIeme SIECLE DEVANT LA PSYCHANALYSE 12 II. LES IMAGES MATERIELLES ET LA SYMBOLIQUE SPONDIENNE 29 III. ESSAI DE DEFINITION DE L'INSTANT SPONDIEN 58 CONCLUSION 80 BIBLIOGRAPHIE 84 JEAN DE SPONDE DE LA PSYCHANALYSE A LA DEFINITION DE L'INSTANT SPONDIEN INTRODUCTION ET DEFINITION DE LA METHODE L'objet de cette etude est d'appliquer a Jean de Sponde, poete de la fin du XVIe siecle, la methode critique psychanalytique. Nous situerons d'abord brievement l'homme et l'oeuvre avant de passer a 1'exposition methodologique. Jean de Sponde naquit a Mauleon, dans le Beam en 1557, mourut en 1595. Parmi les faits marquants de sa vie, signalons sa conversion a la religion catholique en 1593 par fidelite au roi Henri IV (Henri de Navarre). II manifesta;. une certaine activite politique: on le trouve en 1591 lieutenant-general a la Rochelle, mais il abandonne tres vite ses charges publiques. Marie, pere de trois enfants, il passe ses derniers jours a Bordeaux a ecrire un traite visant a justifier aux yeux de ses anciens amis protestants (d'Aubigne et autres) ses prises de position religieuses. Son oeuvre poetique se compose (a) de pieces de circonstance conventionnellesd'interet mineur; (b) des Sonnets d'Amour, des Stances et des Sonnets de la Mort (date inconnue); (c) des Meditations (1587- 1588 ?) inspirees des Psaumes.l Nous avons choisi de travailler sur les Sonnets d'Amour pour les raisons suivantes. D'abord, ils sont la partie de l'oeuvre de Sponde qui a ete la plus negligee et la plus sous-estimee par la cri• tique^ et Us nous interessaient d'autant plus. D'autre part on retrouve dans la structure et les motifs de ces sonnets les memes pre• occupations fondamentales du poete, telles qu'on peut les voir expri- mees dans le reste de l'oeuvre. Mais ici 1'articulation des idees se fait au niveau Constance-inconstance, alors qu'ailleurs elle se fait sur le plan vie-mort, innocence-peche, terre-ciel. Passons maintenant a 1'expose de la methode et a la justifica• tion de notre choix methodologique. II existe un grand eventail de methodes a la disposition du critique d'aujourd'hui, et il n'est pas toujours facile de choisir celle qui convient le inieux au genre poetique. Certaines conviennent moins que d'autres. 1 Nous suivons ici A.Boase et F. Ruchon, editeurs des Poesies de Sponde (Geneve: Cailler, 1949). Dans la suite de cette etude toutes les references a des sonnets renverront a cette edition. 2 Voir la-dessus Gerard Genette, Figures (Paris: Seuil, Collec• tion "Tel Quel", 1966), p.245, note 1. Prenons, par exemple, la methode structuraliste-genetique enoncee par Lucien Goldmann dans le Dleu cache (^jallimard, 1956). Elle est interessante car elle vise une explication sociologique de l'oeuvre; c'est-a-dire qu'elle cherche a reveler la vision du groupe social auquel l'ecrivain appartient. Ainsi la vision de Pascal n'est pas tant pascalienne que janseniste. Autrement dit, l'auteur est vu d'abord comme le representant d'une classe particuliere, et ni lui ni sa creation ne sont consideres hors du contexte social. Mais son objectivite me*me rend cette methode difficilement applicable a la poesie., en effet, elle neglige totalement le cote subjectif irreductible qui est l'essentiel de la poesie, celle-ci etant le plus souvent l'expression d'un lyrisme personnel. La methode existentialiste, definie par Sartre dans Qu'est-ce que la litterature seduit au premier abord. II est illusoire d'essayer de la resumer "en- quelques mots, mais elle est connue dans ses grandes lignes. Disons simplement que, puisqu'elle rejette a priori toute la litterature contemplative en faveur de la prose engagee, elle est inappropriee a la poesie. Ainsi, par exemple, Sartre critique le poete pour deux raisons principales. D'abord, au contraire du prosateur, le poete evite de noramer le monde et esquive la communication, c'est-a- dire qu'il emploie un langage symbolique pour projeter le lecteur hors du monde reel et 1'eloigner de la realite politique ou sociale. De plus, le poete utilise les mots au service de sa meditation personnelle: "car le mot qui arrache le prosateur a lui-meme et le jette au milieu du monde, renvoie au poete, comme un miroir, sa propre image. D'une certaine fagon ceci revient encore une fois a condamner le lyrisme poetique. Une methode s'applique mieux que d'autres a la poesie: c'est la psychocritique car elle va au fond de l'oeuvre pour en degager la signi• fication cachee et pour souligner le rapport inseparable entre le poete et sa creation. La psychocritique se prSte a 1'interpretation de la poesie pour plusieurs raisons principales. D'abord, elle precise le processus createur de 1'esprit qui produit la poesie. En plus, elle definit l'etat mental qui pousse le poete a faire des associations subjectives entre les divers phehomenes qu'il percoit. Et enfin, elle fournit les outils pour analyser les poemes en profondeur et pour determiner les motifs inconscients du poete qui sont a la base de l'oeuvre. La psychocritique actuelle, a la maniere de Charles Mauron,^ souligne le role indispensable de 1*inconscient pour la creation poeti• que. Des experiences conduites par de nombreux psychiatres demontrent que c'est dans 1'inconscient du poete que resident Ses idees latentes, ses personnalites multiformes ou parcellaires, ses possibilites inconnues. 3 Jean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la litterature?, (Paris: Gallimard, 1948), p.21. ^ Auteur de L'Introduction a la Psychanalyse de Mallarme (Neuchatel: la Baconniere, 1950). Freud-:t> par exemple, est un des premiers a avoir propose une theorie pour l'origine des elements qui agissent dans 1'inconscient. II tient que toute activite inconsciente se fonde sur le refoulement des instincts sexuels; lequel refoulement se deroule ainsi: les autorites etablies de la societe (parents, eglises, etc.) exigent la suppression de chaque inclination agressive qui contredit les regies traditionnelles de cette societe; les impulsions agressives passent sur le plan in• conscient; et dorenavant, a cause des defenses inculquees dans l'indivi- du, elles y restent refoulees pour une periode indeterminee. Puisqu'on doit renoncer a chaque objectif inacceptable que les instincts proposent, un processus psychique (la pulsion vers un but sexuel) reste inacheve. En outre, pour empecher la formation d'une nevrose, il faut que l'energie provenant de l'impulsion instinctive soit dirigee ailleurs et transformed en quelque activite admissible pour la societe. C'est ainsi qu'on reussit a vivre d'une fagon accepta• ble pour soi-meme et pour la societe sans toujours satisfaire les pul• sions premieres. Freud en vient a suggerer que des creations de toutes sortes, surtout les ouvrages artistiques et poetiques,resultent de ce deplacement de l'energie visant originellement un but sexuel. Freud nomme ce processus psychique la sublimation des instincts dans les arts createurs. Mais les psychiatres ne sont pas d'accord sur l'origine de la creativite.