AMES

son histoire, ses habitants des origines à aujourd'hui.

Monographie réalisée par Francis Baudelle.

Ouvrage édité par l'Association pour la Découverte d'un Coin d'Artois. Siège: Mairie de Corrections page 142 : lire "Raymond Derenty" au lieu de "Lucienne Derenty". page 170 : lire "le curé Florimond Crocfer" au lieu de "le curé Henri Bonnel." page 184 : lire "Béhin - Salingue" au lieu de " - Salingue". "Je ne saurais mieux comparer le travail qu'exige une monographie de village - a dit fort justement un érudit - qu'à celui de l'abeille qui butine de fleur en fleur et fait au loin maints pénibles voyages pour remplir de miel son alvéole." Eugène Martin

Préface

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La Géographie Physique Situation de la commune. Le village d'Ames se situe à 2°25 minutes de longitude Est et à 50° 32 minutes de latitude Nord, il est donc à proximité du méridien de Paris. Il est distant d'environ 220 km de Paris, à 41 km au Nord-Ouest d' par la Chaussée Brunehaut (D.341), à 20 km à l'Ouest de Béthune par la R.N 43, à 7 km de et d'. Le territoire est borné au Nord par Liérettes, hameau de Lières; au Nord-Ouest par la commune de Lières; au Sud-Ouest par celle d'Amettes de part et d'autre de la Chaussée Brunehaut; à l'Est par la commune de et le hameau d'Hurionville qui dépend de la ville de Lillers. Ames fait partie de l'Arrondissement de Béthune. Le village dépendait du canton de Lillers de 1790 à 1800. Il fut ensuite rattaché au canton de Norrent-Fontes qui, avec ses 45000 habitants, était devenu l'un des plus peuplés du Pas-de-. En décembre 1984, sur la proposition du Conseil Général et du Conseil Municipal de la ville d'Auchel, le Ministre de l'intérieur décidait la réorganisation du canton de Norrent- Fontes (qui comptait 30 communes) et la création du canton d'Auchel comprenant les dix communes suivantes : Ames, Amettes, Auchel, , Cauchy-à-Ia-Tour, , Ferfay, Lespesses, Lières et . Le nouveau canton d'Auchel totalisait 23000 habitants dont plus de la moitié pour la seule commune d'Auchel. En 1947, un projet d'érection d'Auchel en chef-lieu de canton avait déjà été envisagé, il aurait rassemblé : Ames, Amettes, Burbure, Calonne-Ricouart, Cauchy-à-Ia-Tour, Camblain, Ferfay, Lozinghem, Maries et Auchel. La formation du sol. L'Artois ne présente pas d'unité géographique. Il représente un palier topographique entre la Picardie au Sud et la plaine flamande au Nord sur laquelle il déborde en partie; des collines (Haut-Pays) dominent cette plaine (Bas-Pays), le bassin houiller s'étend sur la rive droite de la Lys. L'ère primaire (-530 à -250 millions d'années). Au Dévonien (-400 à -360 millions d'années), à un évènement marin succède des épisodes mi-marins, mi-lagunaires de l'âge du Gédinien Supérieur. A plusieurs reprises se produisentcontinental. de brèves transgressions, puis la mer se retire pour laisser place à un régime Vers la fin du Westphalien (-320 à -300 millions d'années), au Carbonifère Silésien se produisent les dépôts houillers. La mer se retire. Le bassin, situé entre la chaîne hercynienne au Sud et le Brabant au Nord est envahi par l'eau douce qui le comble de sédiments. La forêt couvre ces étendues. Des débris végétaux s'accumulent en grande quantité comblant le bassin. Un affaissement survient et le même phénomène se reproduit : inondation, dépôts de sédiments, nouvelle végétation. A l'abri de l'air, le dépôt végétal se décompose, se charge lentement en carbone. Une couche de vingt mètres donnera une veine d'un mètre de houille. Après les dépôts houillers, le bassin franco-belge subit les effets de l'édification de la chaîne hercynienne se traduisant par des cassures presque horizontales. Aussitôt sa mise en place, elle est fortement érodée. Les plissements se propagent vers l'Ouest et, au Carbonifère se déposent autour des têtes de rocher (à Febvin-Palfart, Fléchin ...) les conglomérats et schistes rouges de l'Artois. L'ère Secondaire (-250 à -65 millions d'années) Le Nord de la reste soumis aux effets de l'érosion continentale jusqu'au début du Crétacé Supérieur (-100 à -65 Millions d'années). Ensuite, la mer érode les derniers vestiges de la chaîne hercynienne. Les sédiments crétacés, à l'étage géologique du Sénonien, se déposent comme à Ames, Amettes, Nédon, Fauquehem etc (...) Ils affleurent principalement sur les flancs des petites vallées découpant le plateau comme par exemple la vallée de la Nave. Ces terrains sont visibles à Ames au niveau des carrières à ciel ouvert, le long de la départementale n091. Ils sont constitués de craie blanche pouvant atteindre 50 mètres d'épaisseur. L'affleurement montre bien des silex disposés en lits et d'autres disséminés dans la masse. On peut y découvrir des fossiles, tels des micrasters décipiens et inocérames de grande taille. Les paysans ont, depuis une époque reculée, exploité la marne dans les carrières artésiennes pour amender leurs terres limoneuses, et constituer un apport de phosphore, de magnésium. La marne servait à la fabrication du ciment de chaux obtenu dans les fours à chaux comme à Amettes, au lieu-dit le "Cofourt". Les bancs inférieurs de cette craie, plus gris et plus résistants, ont été exploités comme pierre de taille :Burbure, Hurionville, Estrée-Blanche, Ligny (La Tiremande). L'ère tertiaire (-65 à -1,6 millions d'années). C'est à l'Eocène Supérieur (-30 millions d'années) que se produit le plissement alpin. Le socle primaire avec sa couverture secondaire et tertiaire subissent le contrecoup. Deux anticlinaux se forment : l'axe Artois-Boulonnais et le pays de Bray, avec entre eux un synclinal que longe la basse vallée de la Somme. Les anciennes cassures verticales du socle primaire ont rejoué pendant que s'affaissent la plaine flamande et la plaine de Lens (Gohelle). Les mers tertiaires y déposent les sables, tourbes et argiles marines. Dans notre secteur ces sables et grès landéniens (-65 à -54 Millions d'années) forment de petites buttes comme à St.Hilaire-Cottes. Elles ont été exploitées mais aujourd'hui sont abandonnées. L'axe de l'Artois constitue dès le Ludien, une barrière aux incursions marines du tertiaire et du quaternaire. Celles-ci ont rongé progressivement la couverture secondaire entre la France et la Grande-Bretagne développant ainsi un golfe qui deviendra la Manche. La retombée du plateau Artésien s'effectue par une série de paliers liés à des failles comme celles de et de Pemes. On a ainsi le plateau de dans le Haut-Pays d'Artois à l'altitude moyenne de 180 mètres (+ ou - 15), le palier de Ferfay qui suit approximativement la Chaussée Brunehaut d'Arras à Thérouanne à 95 mètres (+ ou - 15), et enfin la plaine de la Lys à 18 mètres (+ ou - 2). La faille de Pemes est parallèle à la Chaussée Brunehaut. Elle passe par Pernes, , Febvin-Palfart, Fléchin où affleurent le grès et les schistes du primaire Dévonien. Les rivières préexistantes à la surrection de l'Artois (Aa, Lys) se renforcent progressivement jusqu'au socle primaire qui apparaît au fond des vallées actuelles. L'axe de l'Artois divise désormais le bassin franco-belge en bassin parisien et en bassin belge. L'ère quaternaire (-1,6 millions d'années à aujourd'hui). Notre région voit se déposer sur ces terrains le limon pléistocène composé d'argile et de sable dont la composition varie en fonction du terrain qu'il recouvre. Ces dépôts quaternaires permettent le développement des cultures. On y distingue généralement deux niveaux. Au sommet, la terre à briques de couleur brune correspond à la partie décalcifiée, évolution du loess associé au dernier maximum glaciaire (période de Wurm ou Weicksel). Lorsqu'elle est pure, elle est exploitée comme son nom l'indique pour la confection des briques. A la base, l'ergeron de teinte plus claire, est généralement plus sableux, et renferme, lorsqu'il repose sur des terrains crayeux, des granules de craie. Le limon occupe de très grandes surfaces et son épaisseur peut atteindre plusieurs mètres. Quand il est au contact des craies turonienne ou sénonienne. Sa base alors argileuse, renferme souvent des silex plus ou moins brisés. Ceux-ci proviennent du remaniement de l'argile à silex dont l'origine est dûe à la dissolution de la partie supérieure des craies à silex. Dans les carrières à ciel ouvert, le front de taille présente ces poches de dissolution à remplissage brun foncé, c'est le cas à Ames. L'argile à silex, brune renfermant des silex entiers, est toujours de faible épaisseur; elle recouvre directement la craie. On rencontre les alluvions modernes généralement argileuses, brunes, jaunes et souvent grisâtres en raison de la présence de matières organiques d'origine végétale. Elles peuvent présenter des niveaux de cailloutis de silex et des lits tourbeux. On les rencontre dans le fond des rivières : Nave, Coqueline, ravin de la Méroise à Auchy-au-Bois, aujourd'hui pratiquement asséché. Des matières organiques apparaissent à Lières, dans la vallée du Mont- Rouge. Notre région se situe donc au niveau du contact entre le Haut et le Bas-pays d'Artois. Là, les terrains crétacés du bassin parisien, soulevés à 100-200 mètres par le bombement de l'Artois, s'enfoncent au Nord sous les sables et les argiles tertiaire et quaternaire conservés dans la grande cuvette flamande. Front de taille, carrières de craie à Ames, au iîèu-dît 1 : Le M''ri' a ncamp.(coli.F.B .Haudelie) Les eaux souterraines. Le réseau aquifère est évidemment le mieux développé là où la crai'e est la plus fissurée, c'est-à-dire dans les vallées et les vallons secs. Il l'est beaucoup moins sous les plàteaux où la nappe souterraine est profonde et les eaux courantes Hités. Les; eaux d'infiltration suivent le pendage des terrains crétacés, c'est-à-dire coulent vers le Nord-Ouest et rejoignent la nappe en aval d'Ames. ^ ' ! : ; ' Le débit des captages peut être de l'ordre de 200 à 25Q m-Vheure. ? : Les bancs crayeux intercalés dans les marnés du Turonien moyen (Ames) peuvent recéler un réseau aquifère dont le débit moyen, généralement ' moins important que le précédent, est de l'ordre de 30 m3/heure mais parfois davantage. Il y a dans le sous-sol de la région de Ames plusieurs nappes aquifères, notamment <: 1) dans la partie inférieure de la craie %lan'¿hê' et dans la partie supérieure de :là craie Turonienne sur le banc de meule ou craie durcie à une profondeur de 15 à 20 mètres. 2) dans la craie Turonienne à la profondeur de 40 à 50 mètres. Avant l'adduction d'eau, les habitants d'Ames s'alimentaient en eau potable par des puits prenant leur eau dans la première nappe, à 15, 20 mètres. Deux forages atteignaient la deuxième nappe à 40 mètres environ. Le relief du territoire. Le village est situé dans la vallée de la Nave, rivière qui coule de 63 mètres d'altitude environ à la Bellery, hameau de Ames, à 52 mètres au hameau de Liérettes. Elle est orientée Sud-Ouest - Nord-Est. Il existe de nombreuses vallées sèches suivant la même orientation: la vallée du Mont Rouge à Lières, la vallée de la Méroise à Auchy-au-Bois, le ruisseau St.Sébastien, la vallée de Scyrendale à Ferfay. L'altitude la plus élevée du territoire est de 97 mètres au lieu-dit St.Sébastien, près de Ferfay. Un repère, au n024 de la rue de Ferfay indique l'altitude de 52,22 mètres. La commune se trouve sur les premiers contreforts des collines d'Artois. Le calcaire ou "marie" en patois est encore exploité actuellement dans les carrières à ciel ouvert sur la D91e. Dans les années 1950, un ouvrier mineur M. Marcel Beilliart y trouva la mort en creusant la roche. La rivière Nave. Le village d'Ames et son hameau La Bellerie sont traversés par la petite rivière Nave, (sous-affluent de la Lys, rive droite) et par La Clarence à . La Nave prend sa source dans les collines de l'Artois à Fontaine-les-Hermans. Elle arrose les communes de Nédonchel, Nédon, Amettes, Ames, Lières, Lespesses, , Orgeville et Manqueville (hameaux de Lillers), l'Eclème (hameau de ), Robecq. Elle a une longueur de 28 kilomètres, et passe de 120 mètres d'altitude environ à 18 mètres à Robecq. A la Cauchiette, où se situe sa chute la plus importante (6 mètres), elle reçoit les eaux de la Coqueline. Celle-ci prend naissance à Bailleul-Ies-Pernes, traverse la commune d'Amettes de part en part. En 1867, la Nave alimentait 7 moulins à farine et un moulin à huile situés à Nédonchel, Nédon, Amettes, au hameau de La Cauchiette, Ames, Lespesses, Bourecq, Lillers. En période de pluies ou de fonte des neiges, elle reçoit les eaux sauvages des hauteurs bordant chacune de ses rives. Jusqu'à une période récente, les inondations étaient fréquentes à Ames. Elles provoquaient l'affaissement des berges et menaçait la route. Ses berges ont été consolidées et son lit approfondi. En plusieurs endroits son cours a été détourné et ses berges relevées (ceci dès 1325, pour alimenter soit un moulin à eau (Cantrainne), soit pour remédier à des inondations, à Lillers par exemple : le lit de la rivière étant plus élevé que la plaine environnante). Le mot Nave provient du latin nava : plaine encaissée ou ravin. On rencontre ce nom à de nombreuses reprises en France pour désigner une rivière ou une commune située près d'un cours d'eau. Citons entre autres : pour le Nord, Naves, voisin d'Escaudoeuvres à proximité de Cambrai; en Savoie, Naves, près de la Lechère; en Haute-Savoie, Naves, près d'Annecy le Vieux; dans l'Allier, Naves, voisin de Bellenaves, à proximité de la rivière Logées; en Corrèze, Naves commune voisine de Tulle; dans le Tarn, Naves non loin de Castres. Coupe de terrain parallèle à la Chaussée Brunehaut et passant par le sondage réalisé en 1854 à la Bellery par la Société de Lillers.

Carte géologique de Ames et de ses environs. De la période romaine aux carolingiens. Jusqu'à présent, les seuls vestiges archéologiques de l'occupation humaine antérieurs au haut moyen-âge découverts sur le territoire d'Ames sont le fait de Monsieur Gilles Pouchain. Au cours des prospections de surface réalisées à l'automne 1992, il a recueilli au lieu-dit Saint-Sébastien (au Sud de la commune), des fragments de tuiles et de céramiques gallo- romaines, en particulier un bord de sigillée. A 200 mètres plus au Sud, vers Arras, des tuiles, des fragments de dolium et de céramique datant de l'époque de la Tène III (-120 av.J-C -20 av .J-C), de la céramique grise, de la sigillée ont été mis à jour. Ces traces se poursuivent de part et d'autre de la Chaussée Brunehaut sur le territoire de la commune d'Amettes. Pour éclairer cette période mal connue de l'histoire de notre village nous nous trouvons donc dans l'obligation de faire référence aux découvertes archéologiques des communes voisines mais aussi d'emprunter à l'histoire régionale. Avant l'arrivée des romains, on se représente généralement notre région couverte de forêts épaisses. La Vastus Silva et la Silva Aslonias occupaient l'espace entre la Nave et La Clarence; de vastes marécages inondaient le Bas-Pays. Quatre peuples habitent alors le Nord de la Gaule Belgique. A l'Est de la rivière La Clarence, nous avons les Atrébates avec pour capitale Nemetocenna qui deviendra Arras; puis à l'Ouest jusqu'à la mer, les Morins "le peuple de la mer" dont le chef-lieu est Tarvos : Thérouanne. Une voie gauloise relie ces deux capitales et facilite les relations commerciales entre les deux peuples celtes. C'est le chemin de Thérouanne, le long duquel de nombreux vestiges ont été retrouvés. Cette voie suit approximativement la courbe de niveau à 50 mètres d'altitude, le long de la faille de Ruitz, pour rejoindre ensuite Aix-Noulette. Plus au Nord se situent les Ménapiens (Cassel) et, entre l'Escaut et la Meuse, nous trouvons les nerviens (Bavay). La conquête romaine. En 56 av.J-C, Jules César pénètre en Morinie. Son but est d'atteindre rapidement la côte afin d'envahir ensuite la Bretagne (Grande-Bretagne actuelle). Ses légions sont harcelées par les Morins. Ces derniers se réfugient après chaque escarmouche dans les marais et forêts inexpugnables situées au Nord de l'actuelle Chaussée Brunehaut. Durant plus d'un quart de siècle, notre région connait une période de conflits. Enfin elle se soumet à l'envahisseur romain. Une longue ère de paix : "la Pax Romana" amène la prospérité pendant près de trois siècles. La romanisation. Sous l'empereur Auguste (-27 av.J-C à -14 ap.J-C), les divisions territoriales d'origine gauloise sont en partie reprises par l'administration romaine. Avec quelques fonctionnaires placés autour du gouverneur de chaque province, le reste de l'administration est assuré par les notables gaulois, des soldats et surtout des commerçants. Rome unifie et organise le pays. Les gaulois assimilent de nouveaux usages et les mêlant à leurs traditions créent une civilisation originale : la civilisation gallo-romaine. Le réseau routier gaulois est amélioré par la consolidation de ses structures, l'élargissement et la rectification du tracé sinueux des routes. Dans le même temps les romains établissent un cadastre. Ils procèdent à un recensement dans tout l'Empire afin d'établir l'impôt. Cette réorganisation se poursuivra avec le règne de l'empereur Claude (41 - 54 ap.J-C). La chaussée Brunehaut achevée vers l'an 14 de notre ère est indiquée dans l'itinéraire d'Antonin et dans la table de Peutinger au Illè siècle ap.J-C. C'est l'une des seules voies romaines adaptée à la circulation moderne. Elle semble avoir connu un certain déclin jusqu'au siècle dernier. La découverte de la houille permit sa remise en état sur la majeure partie de son tracé d'origine. La chaussée Brunehaut constitue la limite Sud-Ouest du territoire de la commune sur plus de deux kilomètres. Les grandes invasions. Dès le début du Illè siècle, profitant de l'instabilité du pouvoir et des difficultés économiques naissantes relayées par les guerres entre les armées provinciales, des peuples venus de l'Est envahissent le Nord de la Gaule. Des trésors sont alors enterrés comme à Ecquedecques. A la fin du IIIè siècle, se produit une invasion massive des Francs. Les villes sont dévastées, les villages et sanctuaires détruits. En 406, une nouvelle invasion sonne le glas de la civilisation gallo-romaine. L'occupation du sol à l'époque romaine est attestée par les noms des villages et des villes formés d'un anthroponyme gaulois ou latin et du suffixe -acum : Ligny, Auchy, Rely, Cauchy, Ferfay où dans la majorité des cas des vestiges gallo-romains ont été mis à jour. Des découvertes archéologiques ont été faites le plus souvent le long de la chaussée Brunehaut ou du vieux chemin de Thérouanne. A Amettes, divers objets gallo-romains; à Rely, des tessons, sigillés, cruches et urnes atrébates du lié siècle ont été trouvés avec un puits à cuvelage de pierre au sommet. C'est semble-t-il l'emplacement d'un relais (taberna) à mi-chemin entre Thérouanne et la Clarence. Plus loin, ce sont à Norrent-Fontes près de la voie romaine, une tombe en craie avec vase scellé de plomb, plats en terre blanche, lacrymatoires en verre ou comme à , une autre tombe gallo-romaine contenant un collier en or avec pendentif formé par un Auréus de Sévère Alexandre (222 -235). Un tombeau romain sur le chemin de Thérouanne est mis à jour au siècle dernier sur la commune de Lespesses. Environ l/5è des communes de l'arrondissement de Béthune sont d'origine gallo- romaine. La période gallo-romaine se termine par l'installation des Francs, les Francs Saliens pour notre région. Elle marque la fin d'un certain mode de vie rural centré autour de la villa, la ferme centre d'exploitation d'un domaine foncier. On citera comme exemple Fiefs où des vestiges de villa ont été repérés. Les Francs. Le roi franc Clovis, après avoir battu Syagrius, roi des romains en 486, étend sa domination jusqu'à la Seine et jusqu' aux Pyrénées. Les Alamans, les Goths, les Burgondes et les Wisigoths sont vaincus. A la mort de Clovis, le royaume est partagé entre ses fils en deux principaux royaumes la Neustrie (Tournai) et l'Austrasie (Soissons). Ce principe de partage entraîne des luttes fratricides. Le pouvoir échappe peu à peu aux rois mérovingiens au profit des maires du palais, administrateurs des biens du royaume. L'unité du royaume de Clovis ne sera réalisée de nouveau qu'en 687 avec Pépin de Héristal. Son petit-fils Pépin le Bref constitue une nouvelle dynastie : les Carolingiens. La toponymie révèle de nombreuses traces de l'implantation germanique dans notre région du 5è au 7è siècle. On associe un nom d'homme aux suffixes ing(as) puis ingaheim ou un anthroponyme germanique aux suffixes in(iacas) puis (in)iaca courtis ou villa. Quelques uns de ces toponymes sont représentés par , Lozinghem, Molinghem, . Sur le plan archéologique, des tombes mérovingiennes sont repérées dans des carrières de sable à Mazinghem et à Saint-Hilaire-Cottes. Elles recèlent des bijoux, des vases, des armes. A Nédonchel, près de la Nave on a découvert un vase mérovingien du Vlè siècle. Le règne de Dagobert au début du Vile siècle voit, après plusieurs siècles d'invasions barbares, renaître le christianisme. Une douzaine d'abbayes sont fondées comme à St.Omer (Sithiu) par St.Bertin en 651, lui-même disciple de StOmer, évêque des Morins en 667. Sous Charlemagne, notre région était divisée en plusieurs circonscriptions administratives, les pagi (pays) gouvernés chacun par un fonctionnaire du roi : le comte (du latin comitatus).

De la fin du 9è à la fin du 12è siècle, notre région sera placée sous la domination des comtes de Flandre. L'apport de la toponymie. Le nom de la commune. TI apparaît pour la première fois dans une charte de l'Abbaye St.Bertin de SLOraer en 1187, concernant le partage d'une terre à Cuhem, entre Jean, abbé de St.Bertin et Guillaume, abbé de St.Augustin-les-Thérouanne "(...) Anselmo etiam milite de Liestes et Garino de Aumes Ames, situé le long de la rivière Nave vient du mot latin amnis ou amnio qui signifie: cours d'eau ou fleuve. Le mot amnis n'a pas eu d'équivalent en Français, mais on peut le considérer comme d'origine romaine, les communes d'Entrammes (Mayenne), Antrain (Ille et Vilaine), Entrains (Nièvre), Antran (Vienne) équivalent à inter amnes; ces communes ayant des similitudes avec le nom Ames. Une autre hypothèse est parfois émise : le nom de la commune proviendrait du nom d'homme germain Almo. Ames n'a rien à voir avec le germain "hem", qui désigne l'habitation collective bien qu'il y ait souvent similitude d'orthographe avec Ham par l'emploi de la lettre h. Cette confusion a conduit à différencier Ames de Ham près de Berguette qui se prononce Han. Comme l'a écrit M. Amédée Macaire, instituteur, dans sa Monographie d'Ham-en-Artois : jusqu'en Mars 1887 la commune se dénomma "Ham". Le conseil municipal demanda l'autorisation d'appeler le village : Ham-en-Artois au lieu de Ham. La similitude de nom entre Ham (Pas-de-Calais) et Ham (Somme) mais aussi entre Ames, même canton (à l'époque) et même bureau distributeur postal occasionnait souvent des retards fâcheux de la correspondance, des plaintes étaient portées à ce sujet. Au fil des siècles l'écriture du nom de la commune varia ainsi: Aimes en 1209, (chapitre de Lillers) Aumes en 1211, (cartulaire noir de l'abbaye de Corbie) Haumeis en 1244, (cartulaire de Bourbourg n.145) Hames en 1298, (ch. d'Artois, Ricouart page 646) Ham de les lillers en 1310, idem. Aumes en 1385,(prévôté de Montreuil BAM T.15 page 310) Ames en 1400, (Archives Nationales page 1400) Ames en 1429, (A.D, Artois, Ricouart page 646) Amez-les-Amettes en 1720, (Saugrain, page 335) Halmes en 1762, (Expilly, Tl page 49) L'importance de la localité est déterminée par l'adjonction d'un suffixe diminutif, dont le plus fréquent et aussi le plus récent se trouve être -et- (du latin -ittu-) ainsi Ames a donné Amettes, Busnes : Busnettes, Lières : Lièrettes etc(...) Parallèlement à la commune d'Ames le nom du village d'Amettes a évolué ainsi: Amet en 1164. Aumetes en 1179. Hametes en 1243. Aumettes au 13è siècle. Ammoetz au 14è siècle. Hamestes en 1570. Hamelettes en 1762. Le hameau de la Bellerie, appelé le Herblerie au début du 16è siècle, puis Herbellerie ou Herberrie jusqu'au 19è siècle proviendrait d'un nom d'homme gaulois suivi du suffixe - iacum exprimant l'idée d'appartenance. Plus simplement serait-ce un lieu où l'on faisait pousser l'herbe en faisant "flotter" les prés bordant la Nave, c'est-à-dire en inondant la plaine environnante. La proximité du hameau de la Cauchiette, sur la chaussée Brunehaut, permet de penser que le peuplement du hameau de la Bellery remonte à une période assez ancienne. D'ailleurs, des vestiges gallo-romains ont été retrouvés à Amettes le long de la Chaussée Brunehaut. Plus tard, les habitations se sont groupées autour du moulin à eau placé au confluent de la Nave et de la Coqueline. Les lieux-dits. Le relevé et l'étude des microtoponymes nous apportent des renseignements très divers sur le peuplement mais aussi sur l'évolution des territoires avec les défrichements survenus à partir du 10è siècle ou plus récemment au 18è et 19è siècle. Ils nous livrent des éléments précieux sur les institutions, les monuments disparus et certains faits importants (guerres, calamités agricoles) ayant marqué de leurs empreintes la mémoire des hommes. Ainsi, le Brûle (vingtièmes de 1762) proviendrait d'un défrichement du moyen âge tandis que le bois de Funcquoy (Centièmes de 1779) aujourd'hui disparu était encore visible sur le cadastre d'Amettes de 1804. Ce dernier se trouvait au hameau de la Cauchiette (petite chaussée), dans l'espace compris entre l'ancien tracé de la chaussée Brunehaut et le nouveau, à l'endroit où la D341 dessine une sorte de "S". Il a été entièrement exploité depuis cette époque. Le nouveau tracé de la Chaussée Brunehaut date de la seconde moitié du siècle dernier au moment où l'exploitation de la houille a remis à l'honneur cette ancienne voie romaine. Les nombreux termes de haie peuvent représenter des barrières assez larges d'épineux et d'arbustes, vestiges de formations boisées plus importantes. A Ames, "l'hayette Boutry", les "hayes Duhamel", "aux hayettes" sont représentatifs de ces lieux-dits. L'épinette (centièmes de 1779) rappelle l'existence d'une végétation épineuse. Elle sert parfois de borne, et serait dans certains cas l'indice d'une villa ou établissement gallo-romain. Quelques noms de lieux-dits nous donnent une indication sur la topographie rencontrée : le Mont Gut, en clair c'est le Mont Aigu, donc très pentu à rapprocher des nombreux Montaigu, de Montagut (Puy-de-Dôme). Au grand rivet (centièmes de 1779) : il s'agit d'un champ en pente. Les vallées sont également présentes avec le fond d'Ames, la vallée du Rougemont (Reramundivallis au 13è siècle). La petite et la grande cavée, se disent d'un chemin encaissé. Le tracé de la grande cavée a été coupé par l'exploitation de la marne pour la partie allant de la D91E au chemin d'Aire. La carrière profonde d'une vingtaine de mètres est aujourd'hui comblée et reboisée. D'autres noms sont en rapport avec la nature du sol : à la marlière (1779) (en patois marie signifie la marne ou argile calcaire), c'était le nom d'une famille d'Ames au 16è siècle. Pierre de la Marlière signe la coutume d'Ames en 1507; le riost (ruisseau) de St. Sébastien qui coule sous le terril de l'ancienne fosse n03 de Ferfay. Parfois, c'est un croisement de deux ou de plusieurs chemins qui donne un nom de lieu- dit : la croix d'Ames située à l'endroit le plus élevé du territoire de la commune, au croisement de la départementale 91e et du chemin de Pemes. Quelques termes indiquent des terres en friche ou de mauvaise qualité, l'un des plus anciens : "avesne" désigne une friche sur un terrain en pente. Les Delberrie sont citées au 18è siècle à plusieurs reprises, mais déjà on trouve au début du 13è siècle : Avesnes du moine ou Avesnes Clément. De nombreux champs en patois "camp" sont dénommés par rapport à leur propriétaire : le camp à rose, il s'agit ici non pas de la fleur mais d'un terrain ayant appartenu au 18è siècle à la famille Reusse dont une parcelle est vendue en 1774 par son nouveau propriétaire, Charles Millon, de Ferfay. Certaines familles de grands propriétaires ont laissé un nom de lieu-dit : à la Salingue, nom d'une famille encore présente à Ames; pied de sente d'Avion : nom déformé d'une famille de fermiers d'Ames au 17è et 18è siècle, les Davion. Certains terrains sont dénommés par rapport à un point de repère : le camp d'érable. Parfois la forme ou un événement déterminent le nom : le camp "tortu" (tordu), la longue roye (raie) : c'est un champ tout en longueur; le camp brûlé ou le camp délabré : laissé probablement à l'abandon pendant une période plus ou moins longue. Le camp Comeil : c'est le champ à comailles, à corbeaux. Certains noms sont plus anciens tels le Marincamp : champ d'un dénommé Méra, cité au 13è siècle : Mérabodicampus; la rappelant la présence ou la limite d'anciennes réserves seigneuriales (13è siècle, 1762) ou de terres mises en culture. D'autres termes soulignent le type de culture en vigueur : les enclos à Navette (centièmes, 1779) plante oléagineuse; l'enclos à la bière (1779) serait un lieu où l'on cultivait le houblon. Le Proy ou chemin du Proy, déjà cité au 13è siècle (le Perreroye) et au 16è siècle, est peut-être la terre ayant appartenu à des religieux d'un prieuré ? Ce nom désigne aussi un lieu où l'on taillait les pierres. Quant aux Wacheux, que l'on retrouve aussi à Bailleul-les-Pemes, c'est une terre ou fief ayant appartenu à un seigneur vassal du seigneur principal d'Ames (en 1834, chemin des vassaux). La tourette ou le chemin de la tourette, vers la chaussée Brunehaut rappellerait la présence d'une très ancienne construction ayant peut-être servi d'observatoire. Des vestiges auraient subsisté jusqu'à une période relativement récente. Cette tour devait se situer près de l'ancien terril de la fosse n83 d'Auchy-au-Bois. Le lieu-dit La Verville où se trouve l'actuel cimetière de la commune, provient-il du mot latin verdis signifiant vieux ? Le mot verde était employé jusqu'au 16è siècle à la place de vert. En 1710, on cite le lieu-dit la Verde ville dans un testament C'est peut-être aussi une terre ayant appartenu à une vieille famille Artésienne les De la Viéville. Les associations sportives. 190 La vie politique. 191 Les maires et les conseillers municipaux. 192 Les scrutins électoraux. 195 Sources et Bibliographie. 202 Table des Matières. 205

Avec le concours du Comité d'Histoire du Haut-Pays.

Achevé d'imprimer décembre 1995 Imprimerie Centrale de l'Artois 62000 - ArTa. pour le compte de 1' Association pour la Découverte d'un Coin d'Artois. Mairie de Lespesses Dépot légal : 3è trimestre 1995. N* I.S.B.N : 2-9509796-0-2

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