NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

ET LABBAYE

DE SAINT—PIERRE—DE—BLESLE

PAR M. LE COMTE LÉO DE SAINT-PONCY

Membro ni, résidant

Le voyageur qui, passant de la Basse dans la Haute- Auvergne, suit la ligue ferrée dArvant à Aurillac, tra- verse unecanlrée fort pittoresque, qui nest pas sans analogie avec les sites tourmentés de In Savoic. Rien de plus accidtité que cette partie du chemin de fer cô- toyant de Lempdes à, fliesle les rives sinueuses de lAI- lagnon. Ce tronçon offre un spectacle saisissant se frayant un pénible passage t travers les anfractuosités dun ravin profond, il nést dabord quune suite de tra2

Document

o ii i Il il iii vo ii Ili E Ili 0000005517978 NOTICE RISTORIQIJE SUR BLESLE

vaux dart dune hardiesse surprenante. Le train sen- gage dans une vallée hérissée de roches formidables, et si resserrée, que la rivière, la route impériale et la voie ferrée, qui la sillonnent, semblent se heurter sans cesse, se touchent et parfois se superposent par défaut despace. Les tunnels, les viaducs, les tranchées saccumulent et ne laissent que quelques échappées de vue, tantôt pour montrer de verl.es prairies, eu plonger sur de petits vallons apparaissant comme de fraîches oasis en- tre les parois abruptes des coteaux parsemés de vigne, 011 pour découvrir sur la créte, duii roc sourcilleux les imposants débris dune ruine féodale. La route semble nêtre quan cordoir formé par deux murailles de mon- tagnes se rapprochant ou séloignant tour-à-tour, mais - finalement enserrant la vallée de fort près. LAllagnon, écumant dans son lit trop étroit, tantôt murmure entre lés rochers sur un fond de cailloux, tantôt court entre les oseraies et les saules qui le voilent, animant la val- lée par ses eahx hâtives et poissonneuses. Au-dessus des pentes rapides les cimes (les monts avancent la cou- ronne de basalte qui brunit leur front. Ensuite k ce chaos succède un paysage moins sévêre le bassin sé- vase; le convoi sarrête, au milieu de riantes prairies, à la station dite de Bleste. Mais ce nest là quune gare isolée, adossée au moulin qui conserve le nom et la tôu- relie (le lancien castel de Babory. Li cité de Blesle est à deux kilomètres k louest, dans un pli de montagnes. Il faut franchir un pont de struc- ture coquette jeté sur lAllagnon, puis un ponceau sur la rivière de Sionne, un antre encore sur le ruisseau de Voirèze; et.ce nest quaprès avoir traversé ce troisième r- -

ET LABBAYE DE SÀIP4T-PIEIkRE-DE-BLESLE

cours deau, quon aperçoit devant soi, au fond de la gorge, une petite ville daspect singulier, avec sa grosse tour icosagone, son noir clocher, ses pignons pointus -et le cercle de collines industrieusement cultivées qui lenferment de toutes parts cest Blesle. Une série de tourelles rangées le long dune sorte de boulevard élevé sur les anciens fossés, comme lindique son nom de lallai (circonvallation), révèle une en- ceinte fortifiée, dont dautres vestiges, des pans de murs délabrés, des bastions tronqués attestent sur dautres points lexistence. A la pointe occidentale une tour as- sise sur un roc surplombe la vieille cité, sur laquelle elle étendait sa protection, lui servant k la fois de vigie et de bastille. Quelques maisons avec leurs fenêtres en trèfles, leurs meneaux sculptés, leurs haies étroites, leurs portes ogivales, une surtout dite des AD-glais; des ruelles entières bâties en encorbellement, ayant k leurs angles des Madones, des images de Saints enchâssées dans des niches en pierre, reflètênt une vision du moyen-âge, dont le cachet est vivement empreint sur les anciennes constructions de Blesle. Quatrè de ses monuments atli- rent lattention,.savoir la belle église romane de Saint- Pierre, le clocher gothique de Saint-Martin, la tour à vingt angles du vieux château, la tourelle aiguë de lhos- pice. Le cours de cette Notice mettra en relief ce qui -a trait à chacune de ces antiquités, qui se découpent vi- vement dans le coup doeil jeté sur Blesle â vol doiseau dune éminence voisine. A cet aspect surgit dabord létonnement de trouver un gros bourg, qualifié de ville dès le- moyen-âge, et aujourdhui chef-lieu de canton, en un pareil emplacement peu propice u lactès et au L NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

développement dune cité, car celle-ci est nécessaire- ent captive entre les côtes qui létouffent, et elle na dissue que par trois défilés ressemblant k détroits gou- lets. La situation de 1)Iesle ne sexplique que par son origine monastique. Ce site enfoui dans une vallée pro- fonde, alors impénétrable, an milieu des rochers et des bois, était parfaitement approprié it la destination con- ventuelle. En effet, de même que les seigneurs laïques recherchaient les lieu, élevés pour bâtir leur aire dans un but de domination, les ordres monastiques préfé- raient, dans une pensée de sécurité et de bien-être, les endroits abrités, les solitudes écartées, loin des chemins fréquentés par les routiers, le plus souvent dans une vallée fertile, au bord dun ruisseau ou dun élang. Bientôt autour du moutier sétablissaient des vassaux; une population deservireurs et de paysans, se serrant auprès de la maison religieuse, formait par son accrois- sement successif une bourgade, puis )enfln une ville. La plupart des communes de sont composées de groupes juxtaposés à un château ou à un convent. Telle est Forigine. de Blesle (en latin lJlasila, Blasilia, Blasi- ca, dont labbaye eut primitivement la seigneurie com- plète, cest-à-dire la haute, moyenne et basse justice. - Les lieux, comme les personnes, retiennent à Ions les âges quelque chose de leur physionomie primitive; ici le caractère claustral semble indélébile. Une sorte le recueillement mélancolique plane sur celle vallée faite jour le silence, le calme, la retraite, où lécho du passé résonne plus fort que les bruits dit présent. En dépit des voies nouvelles de communication, des mille formés du progrès moderne qui lenvahisent, ce coin de terre ET LABAYE 0E SAINT-PIERRE-DE-DLESLE. 5

àrde lempreinte dii pfrsèé comme sa marque distiac- tive, une teinte plutôt triste et rêveuse quaniftiée Lhistoire de Blesle se confond longtemps avec celle de son abbaye. Aussi convient-il de raconter lotit da- bord les destinées de ce mônaslère éclos de la ferséur du moyen-âge. Ses origines sont un peu vagues et ob- scures, comme butes les institutions anciennes. Toutefois lon sait que sa fondation remonte au 1X° siècle. Les textes saccordent avec la tradition pour établir quEr- mengarde, comtesse dAuvergne, en fut la pieuse fon- datrice, vers lan 865. Cette Ermengarde, 1111e de Guérin ou Warin, comte dAuvergne et de Macon, mort en 839, était lépouse de Bernant 1.1 (4), dit Plantepelue ou Plantevelue (Planta piloso), également comte hônéfl- ciaire dAuvergne en même temps que de Poitou, de 864 à 886. Bernard et Ermnengarde eurent deux fils morts, en bas âge, Warin ou Guérin, et Guillaume et postérieurement, un troisième qui fut Guillaume-le- Pieux, premier comte héréditaire dAuvergne (). Ce prince puissant et vertueux, qui fut le fondateur du prieuré dû Sanxillanges, des abbayes de Moissac et de Cluny (3), réunit sous sa loi le marquisat de Gothie ou. de Septimanie, autrement dit le duché dAquitaine, les comtés dAuvergne, de Velay, de Poitou, de Mâcon, de Bourges et de Nevers. Eu lui commence la dynastie ré-

(1) Bernard Ii était (Ils dé Bernard I". aussi comte dAuverguc en 846. - (-2) En outre une fille nommée Ave, qui se voua h la sic religieuse et dona ses biens h clam». - Jhluze, IgsÉ. de Ja Maison dAuvergne, t. e. (9) Guillaume-le-Pieux possédait Cluny du timer de sa mLre Ermengarite, qui en avait hérité de son père Guérin, coolie de Mâcon. -

6 NOTICE RISTORIQUE SUR flI,ESLE

gulèré des comtes de lAuvergne, quil gouverna (4) de 886 k 918. Cest oils le coup de la perte de ses deux fils alués, et problablement avant la naissance du troisième buErmengartle, en vue de son propre salut, de celui de sou époux et pour le repos d ses deux enfants décédés ûno sa lette ipsiies et comitis et pro ani- maints setorum fihioruni defunetorum., Fïarini scilicet et TVillcIrn,i, haut le monastère de Blesle rnonastc- riuni Blasiliai) dans ses domaines (in pr&diis suis). Le silence gardé (9) sur le troisième fils, Guillaume-le- Pieux, infère à supposer que cet acte précéda sa nais- sance, ce qui le placerait au début du gouvernTement de Bernard, vers 865, dans tous les cas avant la mort de son mari, car elle prie pour son salut en ce monde, comme pour le sien propre, en même temps que pour les âmes des deux fils trépassés; toutes ces circonstan- ces permettent, en définitive, de fixer avec certitude la fondation de Blesle dans la période écoulée entre lan 864 et lan 88, vers 865, problablement.

(I) cest répoque de la plus grande puissance de lAuvergne, dont Guillau,he était en quelque sorte souverain. Ce grau] feudataire tut in] umé dans léglise de Saint-Juljeiu le , dont il avait été le, bienfaiteur et labbé larque, au dire de Balute. Il y institua vingt-cinq chevaliers-moines pour sa défense, h lnistar des chevaliers de Malte, dont ils donnèrent peut être lidée. (l CO silence serait inexplicable, si lon nàirznettait pas lhypothèse que la charte relative h la fondation de Islesle est antérieure h la naissance de ce Ils si désiré et si chéri, dont une mère aussi pieuse neJt pas manqué dinvoquer le salut e3 même leuspa que le sien, celui de son époux et de ses ennuIs décédés. Dès lors il est vraisemblable que le monastère de Blesle fut institué au début de radmiuiatration de homard Il, vers tannée 86, comme lindique une pièce trou- vée dans 19 cassette de la dernière abbesse. ET LABBAYE DE SAINT-PIEItREDEI3LESLIt. T

Lexpression in prwdeis donne à penser quErmen- girde fit sa donation dans ses propres domaines, ce qui saccorde avec la tradition locale affirmant quelle était de la maison de Mercoeur, laquelle fournit effectivement à lAuvergne plusieurs comtes bénéficiaires (I), et lon sait (lue le territoire de Blesle était une dépendance de celui de Mercœur. Les origines des vieilles institutions offrent toujours quelques incertitudes, et (tonnent carrière à la contre- verse; cest ce qui sest produit à loccasion de labbaye de Blesle. Plusieurs dates sont énoncées à propos de sa fondation le Gallia ch)i.sliata la fait remonter k lannée 840. M. Barrès, dans sa courte Notice sur Blesle (1801 an lx), la place en 845. La France chevaleresque et chapitrale (4787) et le Nobiliaire dAuvergne, par M. Bouille L, assignent lannée 886. Le rapport de lin- tendant Billainvilliers et le calendrier de Martinon indi- quent ltaa 910. Une pièce latine, extraite des Arartoiies de Baluze, porte lannée 1009 , tandis que dautres, sur la foi de ta tradition ou de ceflains documents éma- nani des archives de labbaye, relatent la date de 805 et mèlne de 8010. 11 importe de se prononcer sur ces variantes.

(L) Ces comtes bénéficiaires élaienl des gouverneurs temporaires, parfois vi2- gers, d g délégués révocables institués par le roi do Franco, depuis la couquèta de lAuvergne par Pépin-le-Bref. A punir pilier, nommé pur Charlemagne b ce commandement, il y eut nu grand nonbre de ces comtes, dont il est é illicite de suivre la série, car souvent ils se combattirent et se succédèrent rapirlennent. Avec Gbillaume-le- pie ux, Ilis urzrmengarde et le Beriard, sinaugurla dynâétii régulière des c.oauatcs lAuvergne, alors très-puissants et naccordant au roi de France quune soumission plus nominale qtaeBeetive. -

8 NOTICE HISTORIQUE SUR BLEUE

Les dates de 800 et 805 paraissent légendnir; celle de 840 offre plus de probabilité; eIlea pour elle lavantage très-appréciable (lavoir été adoptée par les savants auteurs du Galtia christiana; Chabrol, dans le quatrième volume de la Coutume dAauerqne, et M. de Résie, dans son Histoire de lÉglise dAuvergne, lad- mettent. Toutefois, elle semble encore trop reculée, et même Celle (le 845 que le docteur Barrés avait inscrite daprès des documents de labba ye, par la raison que, Selon lacte dinstitution, 1-apporté pat le Gallia chri- itiana et confirmé par la lettre des religieuses de Blesle au pape Urbain Il (1096), cette fondation fut accomplie ions le gouvernement de Bernard II qui, suivant lArt de vérifier les dates, sétend de 864 à 886 (4). Or Ermengarde ne vivait ni en 800 iii en 805, et son époux nétait pas comte en 860 ni en 845, comme lindique la Charte précitée. Quant k la date de886 assez générale- ment adoptée, entre autres pal la France chevaleresque et chapitrale et le ivûbjijaire de Fouillet, elle se trouve également mentionnée dans un mé:noiie présenté à las- semblée par la dernière abbesse, Louise de Saint-Poney; à la rigueur elle est acceptable, puisque Bernard II nest décédé que cette année-là ,et peut dès lors se con- cilier avec le texte du diplôme latin rapporté par le Gallia christiana, Toutefois elle semble devoir être transportée à quelques années auparavdnt, attendu que, selon touteapparence, cette œuvre • a précédé la nais- sance de Guillaume-18--pieux, lequel devait bien avoir vingt ans, lorsquil succéda à son père. Lassertion de

il) Expiuy place la fondation de Saint-pierre de Blesle vers Van 870. 4

ET LABBAYE 5E SAINT-PIEÙRE-i)E-ÙLESLE. W

Ballainvilliers et de Mrwtinon relatant lannée 940, rie pouvant sadaptera la charte préitèe, est daillant moins admissible, quErmeugarde albrs était morte depuis vingt ans, car son décès surviaf en 890. A plus forte- raison la date de 1009 est en désaccord avec ce litre dune importance majeure celle dernière version repose sur une pièce (1) tirée des Armoires de Raluze, disant que le monastère de Blesle fut fondé vers lan 4009 (circ an» ion 1000), par la comtesse Ermengarde, qui le con- sacra à saintPierre Clan pape Sergius TV, lequel institua Émilde pour abbesseII y u la rreiirmaiiiÇeste, puisque Ermengarde était décédée depuis cent dix-neuf ans. A la vériLé Baluze tend à expliquer-celte contradiction dans ce passage duc autre charte (2), où il dit que !e monastère de Sainte-Natalène et (le Saint-Pierre de Blesle a fondé par Ermengarde, comtesse de Blesle, mais quil y n eu deux Ermengarde lune, fille de Guérin, comte dAuvergne, épouse de Bernard [[et mère de Guillaume- te-Pieux; lautre, 1111e de Guillaume, cornte dAiles, et femme d.Eudes, comte de Blois. Ce serait alors cette dernière qui aurait dédié à Sergius IV le monastère- blésilien, placé sous le double vocable de Sainte-Nata- lène et de Saint-Pierre, vers 4009, 1010 ou 1012. Mais.

(l) Cette piète, qui trace dans les Annorcs de fichue, et dont nous avons la copie prise à la Bibliothèque impériale, porte cc litre Àulheoticer probciotr pro pereden ope BlaséS. Elle provient du car/utofre de BlnIe. Dii reste, soit dans. le Charericrde Blesle déposé s ta bibliothèque de Clermont, soit. dans la cassette dé Id dernière abbesse, buse le Saint-Poney, dont nous possédons les papiers, il y u diverses pièces indiquant des dates différentes, soit colles de 800, 805, 840, 645, 865, 886, 901, 1000. Toutes les variantesY sont représentées. (9) cette autre charte tait légalement partie de la collection nommée le s 4r encire, de alause, 10 i NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

dans cette hypothèse, Érmengarde ne se trouve plus comtesse dAuvergne; or le point fondamental, admis par tous, est que la fondatrice de Blesle est une comtesse - dAuvergne ainsi nommée. Dès lors cette assertion est e erronée; elle provient, sans doute, de ce quen 1009 le pape Sergius IV prit sous sa protection plus immédiate labbaye de Blesle et institua pour abbesse Étnilde, en qui commence effectivement la séide régulière des ab- besses. Il se pourrait très-bien que celle date de 1009 sappliquftt, non pas k labbaye, mais k léglise de Saint- Pierre, et que ce temple, parihenon. Btasiliai selon lexpression de la charte, aiU été consacré cette année- là. Quoi quil en soit, il est avéré généralement que la fondatrice était Ermengarde, fille de Guérin, sans doute de la primitive maison de Mercœur, épouse du comte Bernard II, qui créa le monastère deBISe. La charte (I) relatant ce fait et disant quelle fit cette institution eu vue de son salut, de celui du comte soit et de ses deux enfants décédés, est la foaiclamenlale autorité sur cette matière (2). Voila un documentdécisif confirmé par le .Gallia chnstiana et méritant (le faire loi ; car, en dé- finitive, il concorde avec lensemble des pièces du Char- trier, avec les meilleures sources historiques, les con- sciencieux auteurs de lArt de vérifier les dates et du

() Celte charte latine se trouve dans les Mieee!lanies de Baluze., t. r,, p. 403, édition 168-171s, dans le chapitre Urbani Papoe ï! £pfa(oier. (2} La lettre de labbesse Florence h Urbain Il et le diplôme de ce pape qui en fol la réponse, sont des pièces aullienliqiies et qui lèvent tous les doutes en fiant au IX siècle la fondation de Jilesle par Ermengarde, épouse du comte Bernard il. - ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. U

Gallia christiarut (4), avec le lémbignage harmonique, touchant les points principaux, de Mabillon, Estienûbt, Juste!, l3aluze, Chabrol, Résie. Conséqueminènt, loi doit conclure que cette fondation est bien loeuvre de la comtesse Ermengarde, quelle eut lieu néccssairemnt dans lespace circonscrit entre lannée 861 et lannée :886. Maintenant, si lon désire lindication dune année plus précise, la date de 865, mentionnée dans une pièce de lacassette de Louise de Saint-Poncy, dernière abbesse, qui la donne dans un mémoire présenté à lAssemblée du Clergé, est la plus vraisemblable ; et, pour ces raisons, nous ladoptons pour marquer la fondation de Saint- Pierre de Blesle, et linscrivons à la première pâge de llnsoire de ce monastère, lie Après la mort son époux, Ermengarde parait sêtre plus exclusivement préoccupée de 5011 institution. Pen- dant que son Fils gouvernait sagement lAuvergne, cette pieuse princesse, malgré son âge avancé, fille voyage d6 Raine pour dédier son monaslèe tu Souverain Pontife lequel était, au dire de Mbillon, Sergius III (9O . 91 1)(12) Ce Pape accepta la dédicace du couvent de Blesle, le reçut sous la protection du Saint-Siège, le plaça séu ls le vocable de Saint-Pierre, et moyennant une rèdevanàé

(I) Le récit do Gallia christiana rappelle ce diplôme durbain ii et se trouve de tous points conforme avec c,e document. - coUic ehris(iasua, I. II p-148. (2) Nous acceptons le témoignage do savant Maillon. Toutefois si Errnenarule est morte en 830, il est impossible quelle soin allée à Borne sous le ponlucat de Sergius III (905 9111; ce doit être sous celui dEtienne V (885-SOI). Ii se peut encore que la date du décès dErnaeugurile soit erronée et quad lieu délrd en 890, il ait eu lieu en 910. Quoi qui I en soit, nous acceptons, sous cette réserve, la version de Mabillon. 12 NOTICE HISTORIQUE SUR BLEÏLE

annuelle de inq sols db monnaie de Poitlers quisïqzè solidos monetœ Pictaveusisï exemptà ladPe abbaye delajuridiclion de UOrdinàire. De ce privilée, eonrifrné par diverses bulles des successeurs de Sergius Itt sur lè trône pontifical, par Sergius IV, A!exàndre tir, Ur- bain II, Calixte II, Lucius III, labbave de fiesta jouit jusquà lannée 1633, quelle fut contrainte, comme o le verra uiLérieuren1eut désagrégor ît loiklre de - Cluny. La tradition raconte qdEihiengarde rapporta de Rome un autel de marbre, présent do pape Sergius III, et quelle le plaça (1) dans son abbaye. Nous pensons que cette pieuse relique existe encore dans léglise de Saint- - Pierre; en effet, lorsquen 4837 le maltre-autel fut trans- féré avec son retable dans la chapelle du Rosaire, on trouva sous la pierre saciÔe une large pierre de mar- bre noir, laquelle suivit lautel auquel elle atienait, et depuis lors resta déposée sous lautel même du Rosaire. Nous présumons,.nvec M. le chanoine PinIi, qui, étant curé de Blesie, a vu ce marbre, que cest là lautel dEr mengarde, On sait, en effet, quautrefois on donnait le nom dautel à ta piefre consacrée servant au sactifice. Léglise de Blesle doit être fière depossédei ce fragment ancien, qui précéda et consacra sa naissance; ce pré- cieux témoignage de la sollicitude dune princesse (2) et

b (1) M. de Résie, dans son Histoire de -lÉglise dAuvergne, parle do cet inteL (tome il, page 245). (2) lI est évident que ce nest pas un autel avec ses lourds accessoires, mais bien seulement une large pierre sacrée pour le saint ,aeriRcc, quelle dut appor- ter de Rouie. Selon lotte vr,,isemblnnre, ce fragment de marbre noir j chance - dêtre lautel dErffiengarde il n dii être employé d,bord comme autel, plais ET LABBAYE DE SAINT4IER1EDE-BLESLE. 13 de la munificence (lun Pape, contemporain des premiers jours de Blesle, mériterait, dêtre mis en relief et con- servé comme le palladium de la ville. Les abbayes dAuvergne, fondées par dès séculiers sous le vocable de Saint-Pierre, moyennant un cens au Saint-Siège, étaient placées sous la juridiction immé- diaie du Saint-Siège. Ce fait historique, qui a été relevé avec justesse (I), sappuie particulièrement sur la constitution des abbayes contemporaines de Saint-Gé- rand dAurillac et de Saint-Pierre de BiSe, la pre- mière par te comte &ératul, sous la redevance de douze. sous, et la seconde par la comtesse Ennengarde, sous celle de cinq sous de rente. Eu fondant le monastère de Saint-Pierre dans le vallon solitaire de Btesle, Ermengarde avait ajouté à cet em-. placement la concession de certains tènement, paroisses et hameaut circonvoisins (atque circa adjacentibus - campis et villis et ecc1esiis, dont tes nonnes furent mises en possession. Le primitif territoire de labbaye, comprit la campagne (le BISe proprement dite, la villa avec ses dépendances (villant ubi nionasterium situ»., est cum omnibus perlinentiis suis).. pins léglise et de Saint-Étienne de Saint-Saturnin avec tontes les ait.

comme pierre sacrée, euh,, oublié, mais finalement préservé à travers les vicissitudes que léglise du chapitre s subies. (I) Celte remarque s été (aile p r M me de Framond, chanoines des Chutes, dans une notice historique inanuscrile, et reproduite par M. Dominique Branche, dans ses M&nasidrcs (c lA ssrtrgse au moyen-dûs. - Ce mémoire sur Pabbaye mies Chines, dédié b M de Iluchebrune, grand-vicaire de Cl iny, (rit écrit par Mut de Fiamnnt. dame béuédictine des Chazes. Cest un petit livre in-(° de 86 pages appartenait au baron Aifrem] te Plaubul. - 11 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

partenances également (ecclesiarn Sancti Siephani et Sancti Satirnini cUtn omnibus pertinentiis suis» Cest ce qui ressort explicitement de la bulle adressé par le pape A lexandre lu àtabbesse Philippie. Ce passage du diplôme dAlexandre III révèle plu- sieurs points intéressants restés obscurs jusquici. Il apprend (1) quau temps dErrnengarde, Bleste était un domaine isolé, villa, appartenant it Cette princesse, et que le premier noyau des biens de labbaye fut formé du terroir de Blesle et des paroisses de Saint-Étienne- sur-Blesle et de Leyvaux (car cest Leyvaux qui est désigné sous le nom de Saint-Saturnin, patron de son église) (2). , cest-à-dire tIc cette région étroite et acci- dentée qui constitue le bassin de Voirèze. Ainsi sex- plique celte assertion locale que le couvent de Saint- Pierre résida à Saint-Étienne avant do, sétiiblir à Blesle; ce qui doit sentendre en ce sens que léglise de Saint-Étienne est antérieure à celle de Saint-Pierre, de même que celle de Saint-Saturnin; mais le domaine et la succursale que les chanoinesses blésitiennes possédèrent it Saint-Étienne peuvent avoir existé au temps dErmengarde, mais ne remontent certes pas au-delà. Saint-Étienne et Leyvaux sont donc les pre- mières annexes du convent blésilien, part/tenonis tel ccenobii Blesiliensis, selon lexpression des vieux diplômes. s -

t) Voir cette charte maties criÉe dans les Arracire., de Baheze. () Ii est patent quil sagit ilta églises cii paroisses tic Satui-Êsicnne-sdi--- Biesle et de saint- saturnin, cest--dire de Leyvaux. Les abbesses de Bles!e demeurèrent toujours décirnatrices de ces deux paroisses, et nominatrices à ces deux élites.

J ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE BLESLE. 15

Cette contrée dépendait alors, au point de vue tem- porel, du comte et de la comtesse dAuvergne et, sous le rapport spirituel, du diocèse de Clermont, gouverné par saint Sigon, quarantième évêque dAuvergne (862- 868) et ensuite par Agilmare, quarante-et-unième évê- que (868-891). Linstitution du couvent de Blesle était faite en vue de recuêillir les jeunes filles appartenant à la noblesse du pays. Le nombre des religieuses varia de soixante à vingt, selon les vicissitudes des temps. Aux époques prospères et rapprochées de la fondation il était de soixante, et de vingt-quatre ait de la dispersion (I). Des preuves de noblesse étaient re- quises pour ladmission au chapitre; il fittiait prouver quatre générations nobles. Il est probable quaprès le décès de son époux, Er- mengarde ne cessa de vivre dévotement dans cette re- trait, et quelle régit elle-même son moutier de Saint- Pierre. Quelques-uns môme la regardent comme la première abbesse de cette maison, quelle continua denrichir de ses dons et dédifier par ses vertus jusquà lheure do sa mort, survenue en 890, le jour de loctave de SaiM-Pierre2), patron du couvent (3). Son corps re-

(I) suivant Expilly, les (lames de Blesle étaient ordinairement au nombre de trente et vivaient séparément 0010mo d:s chanoines, (2. M. de Réie, HixlMrc de iÉgItv dAuvergne, t. t, p.Q4S. (3) Toutefois il est possible que le décès dErniengarde soit postérieur de quelques armées, comme nous lavons indiqué, si lon admet le récit de Maillon assurent quelle (al o Borne sous le Pontificat de Sergius III. Dans ce cas elle serait morte vers 010, mai pis plus lard car cesu dans celle année 910 que G uirauine-la-Pieux tondu le prieuré de Sauxillanges eh, lhonneur de la Sainte_ Trinité., de la Vierge Marie et pour le repos de sou père, Bernard, et de sa mère, Ermengarde. 46 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

çut la sépulture dans léglise quelle avait bâtie, et sa mémoire resta un objet de vénération parmi les reli- gieuses réunies par ses soins, qui la proclamèrent une biénheureuse dans le ciel; cest sous ce titre que cette sage princesse, pieuse et magnifique comme son fils, le grand comte dAuvergne, est qualifiée dans le testament de Guillemette de Taillac, dix-seØiàme abbesse, décé- dée vers 4322. Après Ermengarde, la chronologie du chapitre subit une lacune (1) de plus dun siècle, et ne recommence quen 4009 avec Émilde, Rinilda ou Ernildis, qui; instituée par, le pape Sergius W, dirigea ce couvent de 1009 n 1030. Avec elle commence la série des qua- rante -deux abbesses connues (2), inaugurée par Éinilde et Close par Louise de Molen de Saint-Poncy. Celte liste autlinhiq ne, inscrite dans le Gallia christiana, laisse entrevoir quelques vides, comme il apparaîtra en lisant cette nomenclature. Durant son existence de neuf siècles labbaye de Blesle parcourut des destinées bien diverses. Sa fortune marcha dabord dun pas rapide, et, soit par :acquisi_ tiens, oblations magnifiques, legs pieux,, deux cents ans

(1) Celte lacune lient.sans doute à labsence de documents émanent de ces temps anciens et peut-être b celle circonstance qua, dans le premier siècle de son existence, le convent de Biesle fut régi par une serte de conelitulion parti- culière, et un il ne reçut son organisation régulière, que sous le pontilicat de sergius n (t009-I0IQ) qui choisie Érn.lele pour gouverner ce cos,ent en qualité dabbesse. Une châtié des Armoire. de Duise;e énonce le regret que les liut. vieilles charles du couvent aient été détruites par incendie et autres casses Carte veinctios es incendia cosso"pte sont. (7) Indépendamment dErnsersgarde, qui nest pas comptée parmi les abbesses, bien quelle en ait exercé lautorité, en qualité te fondatrice et propriétaire. ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 17

après sa création, elle avait atteint k un haut degré de puissance, sous le pontificat dUrbain iL Ses possessions sétendirent tout autour dans la Haute et la BasseAuver- gue et franchirent même les limités, déjà fort reculées, de larchiprêtré de Btesle. Plusieurs rois de France, entre autres le pieux Robert, fils dHugues Capet, dau- tres princes, des ducs, dés comtes dAuvergne, les plus grands personnages de la. chrétienté soccupèrent avec sollicitude de cc couvent, et liii firent des libéralités. U est bien regrettable que ces vieilles chartes, détruites par lincendie et dautres accidents, naient pas porté jusquà nous les particularités de sa période initiale et les noms (le tous ses bienfaiteurs. Toutefois quelques- uns des principaux ont échappé à loubli (1), tels que les Mercœur, Brezons, Lastic, Pauliac, de la Roque, Canillac, dApchop, Chavagnac, de Besse,de Dienne. Ainsi léglise deDienne fut donnée en 1009 à labbesse Émilde par un site de Dienne. Mais laccroissement territorial nassura pas au mo- nastère de Saint-Pierre le repos quErînengarde avait rêvé pour ses paisibles recluses. Les inédilations de la vie claustrale furent parfois troublées par le tumulte du monde extérieur. fientât les rigueurs de lâge de fer assaillirent le pieux asile, que sa situation solitaire ne

(i) voici la charte de Ilaluze [Armoire.. de Eaheze, manuscrits de la Biblio- thèque impériale), Sur laquelle Sappuie notre asserlion el,.berfts item Franco- nom ccx, aliiçroe reg es ckri.çtiauiss mi, et cistes et esmiles Atrenlliee oie flac lita - siliœ coenabia ha,sd oluMê beM menti lacre ; cc carte, ,rtusliores incendia c-onniomploe seul. Je,ere item Neetoiogie,nr, Carlulaniane, Legeuutania et eut antiquitatis mo,,nmenla, etc...... Puis vient la citation des principaux bienfai- teurs de labbaye de Blesle, les Mercœur, Bretons, etc.

9 18 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLIt liuVdétober aux convoitises des méchants et aux entre- prises des iéhiéraiies. Spuvent menacées par dambi- lieux voisins, les dames de Blesle recherchèrent • des protecteurs. Trois siècles étaient à peine révolus que labbesse, nommée Maurine, céda au roi de France, Philippe-Auguste (1), la moitié du château et de lasei- gneurie de Coren (près Saint-Flour), pour jouir à per- pétuité de son patronage. Qttelqie temps après, labbaye, voulant se créer un protecteur plus immédiat, sadressa à son puissant voi- sin, le baron de Mercœur, et lui fit abandon dun em- placement dans la ville pour y bâtir un château. Cette concession fut effectuée sous la condition que ledit bai-on serait obligé de secourir le couvent, et tiendrait ce castel eu fief relevant de labbaye. Cest ainsi queut lieu le premier démembrement du domaine , originairement absolu, constitué par Etmengarde en faveur de son in- stitution (2). Le colinit le. plus ancien, ou lon trouve le couvent de BISe engagé, sagita entre cette maison et celle de la Chaise-Dieu. Les dames de Saint-Pierre eurent à se plaindre des envahissements de labbaye bénédictine fondée pat saint Robert., laquelle possédait (les biens dans son voisinage, entre autres la noire dAurouze. Sous je ne sais quel prétexte, les moines de ]-il Chaise- Dieu tentèrent de sapproprier léglise de Saint-Étienne ainsi que le corps de saint Léon, quils exhumèrent et

(I) Chartrier de .lJiesle, fisan( partie tics manuscrits de la bibliothèque de Clermont. - (c) charirier de .Diesle, extrait fait par Jean-Baptiste àu chebia. ET LABBAYE 0E SAINT-PIEUREDEBLESLE. 49 enlevèrent, à la grande désolation des nonnes de Blesle (I). Dans cette tentative les moines de la Chaise- Dieu étaient soutenus par leur ancien abbé Durand, évèqu,e de Clermont, qui ne cessa de favoriser sa pri- mitive demeure, et pai Étienne de Mercœur (2) qui leur prêta non-seulement son influence ecclésiastique, mais encore le bras séculier de sa famille et ses gens darmes. Graee k cet auxiliaire violent, ils semparèreni de Saiht- Étienne par la force et y tinrent une garnisén de Sept soldats per ,eptcm milites (citent,). Cest alors que Florence, abbesse de BISe, implora la justice dit invoquant sa protection comme le bouclier scutum in.ezpugnabile de labbaye.Dans • une lettre, quelle lui adressa k la Chaise-Dieu, elle lui exposait (3) que son abbaye, jadis instituée par Ermengarde, comtesse

de Résie rappctle cette con (t) Dans sots Risloire de l±gIre d1urerne, M. testation. Cest) tort que les auteurs du biciio,ueirc du Cou/ai article Mn&OiO& agrégé b ta tome Iv, p. 206), rapportent ce fuit au vill age de saint-Étienne paroisse de blassiac. La confusion net tins possible, attendu que te corps de saint Léon na jamais été ninos cette tonalité. II sagit indubilabtement de Saint- Ètiennae-sur-Blesle. Cest également par erreur quo ce aiênae ouvrage avance que le Pape fulmina en 1091 une bute attribuant Saint-Étienne b ta chaise- Dieu. cest incontestablement faux, conlruirc au texte fort clair du diplôme durbain Il qui menace de peines spirituelles ceux qui troubleraient dans ses droits lSbbave de Bleute, (2) Cet Étienne de hterceeur, lits de laéruuit av et frère de Béraud V, est pro babtenucat celui qui fut évêque du iuv en ion. son neveu, appelé égalnaent Étienne, était alors moine de la Chaise-Dieu, dont il devint abbé de alto b 1146, ce qui explique encore plus lalliance des Mercœur avec la clsaisc-Dieu coutre steste. (3) Voir ta lettre de Florence li Urbain Il. celte lettre, écrite en latin, et b laquelle nous empruntons quelques citations, est fort instructive au Point de vue des origines et de la constitution de labbaye de Bleste. Elle n été publiée dans les MisceI/nneo nie .Baluae. 20 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

dAuvergne, av-ait été mise par sa fondatrice sous la protection immédiate du Saint-Siège, moyennant un cens annuel de cinq sois, dans le voyage fait par elle à Borne; que léglise de Saint-Étienne faisait partie de la primitive dotation de ce monastère, et que le corps de saint Léon, auquel les Romains avaient crevé les yeux, y reposait, etc. - Ce démêlé prolongé était, dans tonte sa vivacité lors- que Urbain li arriva dans la capitale de lAuvergne pour présider le concile où fut prêchée la première croisade. La mort dé lévêque Durand survenue un peu avaht louverture du concile, qui sassembla le lB novembre 1095 dans la vaste place de Clermont, facilita la solution; car son successeur Guillaume de Baffle nhérita pas de sa partialité pour les moines dis-. ciples de saint Bobert. Touché des doléances des re- ligieuses de lileslè , Urbain H fit droit à leur juste réclamation, et leur adjugea gain de cause par une bulle datée de la Chaise-Dieu le 15 des calendes de septembre 1096. Par ce diplôme (1) adressé à labbesse Florence, le Saint-Père renouvelle le privilège dobé- dience immédiate et la Promesse de sa protection spé- ciale. Depuis dite sentence les dames de Blesle restè- rent en paisible possession de léglise (le Saint-ÉtiHnne. U nest pas impossible que-labbaye de Blesle ait été

(I) Le Gallia chri&Iiana dit à ce sujet fOnd diploPie ex anMenlïco descripsit nosift Dom Esiiennot, Vide ifubilftaium in Annelle, t. y , p. SuC, celle pièce eu- rieuse s donc reçu de ces savants consciencieux le sceau de lauthenticité. Elle fixe actes les incertitudes sur, fondation de Bleste er le Pape en admettant les ailégtions de abbesse Florence, les ravit dune autorité irréfragable. Voir cette charte dans des Armoires de Baluze. n

ET LABBAYE DE SAlNT .PIEnREDEBLESLE. 21 honorée de la visite du Souverain Pontife, quoiquil nen sbit fait mention dans aucun des documents par- venus jusqtttt nous. Ce nest quune conjecture assise sur des probabilités. En effet lon sait quurbain JE, dahs un séjour assez long eu Auvergne, lit de nombreuses - pérégrinations, visitant tous les lieux consacrés par des souvenirs ou des étahiisemenis pieux. Cest ainsi quil fut an Puy, k la Chaise-Dieu (1), Sauxillanges, Brioude, Saint-Flour, 31ural ,- Aurillac. Le voyage de Biiottde k Saint-Flour ou k Murat dut lamener si près de BISe quune halle dans ce monastère est un fait tout naturel et fort vraisemblable. Comment le successeur de saint Pierne aurait-il, dans une pareille tournée, négligé de recevoir lhomnage dun des rares couvents placés sous sou obédience immédiate et sous le vocable du Prince dès Apôtres? Souvent des difficultés surgirent entre labbaye- et son belliqueux vassal , le sire de Mercœur. Tel fut le différend qui, sous le règne de saint Louis, aboutit k un compromis entre Sybilie, abbesse de Blesle, et Béraud VIII, seigneur de Mercœul et connétable dAu- vergne. Ce compromis (2), qui se retrouve dans les

en r2ro,tt2ot Cet () M. de Ilésie (élis!. de ltg!ise dAuvergne,- L. ci, p. 409), incident, prétend que la bulle de protection est du 10 des c4ilcndes de septembre 1093 Mais le Guérie ehriutioae alllrnie, sur le témoignage fort autorisé de Mobil- ion et de Dom Estiennot. qui u Cu te diplôme sous les yeux, que ce diplôme est cette- versitil, de iau,iée suivante Anna Chrisii MICU. Nuits nous rangeons 4 comme lu plus probable, qui place la bulle poutitirale après te concile et linspec- tion, faite par Urbain LI, des mouastires de la contrée, sur cc point, le texte de la charte est précis. Araires eecliciasliques, MsS. de (2) Armoires de Baisse, cluapittt intitulé la Bibi. icuip. . - - r rc .rflq-tj, Çr fy. NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE Afinoires de Jialuzo, fut signé te vèndr%di 4t Toussaitt de lannée 1253 par les pailles contractantes et do présence de Guy, évêque de Clermnt, et clOditon, élu à lévêché de Mende. Cet acte, écrit en latin ,fuL scellé des trois sceaux de labbesse Sybille, du couvent et du baron de Meicoeur. Malgré le pacte de 1253, le monastère de SainIpjerre eut souvent maille à partir avec les seigneurs de Mer- coeur (1), quil avait pensé désarmer et gagner à sa cause par la concession gracieuse dun manoir sur ses terres. Ses espérances furent maintes fois suivies de déceptions. En se donnant un protedieur, les dames de Blesle sétaient préparé un maître, cl durent subir lépreuve de la loi du plus fort; carie jour viendra où, de vassal,

le siÇe de Mercœur se transformera en suzerain. Le monastèrefinira par être lésé par cet esprit dusurpa- tion, que le chtpitre de Bt1oude reproche à cette mai- son, justement k propos de Bteslè, dans dette lettre citée (2) par Juste[, où les comtes-moines (le • SaiUJu- ,Iien, exposant leuis grief coutre le baron de Mercoeur, lui lancent ce reproche Cons ztetudo est Alerco- ensium ut uhicunq tic pedcin /igerc pohtei totum, sibi vindicane, sicut /ecerunt de quadam abbatia

(I) La chMeiIenje de Meremur, située aux environs dA rdes, parait avoir été dans lorigine un franc-alita possédé en toute souveraineté par les sires de Mercœur. cest ce pli ressert du testament d lidrand de Mercoerir, 0000éta- bio de Champagne, mort en 1321, lequel déclare posséder sa trrc es toute pro- priété. Ensuite ému par les approches de la mort, il confessa, par un codicille, quil avait OUI dire que son domaine relevait du Pape, quil en était fermement persuadé et se rétr,iciait des assertions de snn testament, () Juste], Histoire de la Maison dAuvergne. . - ET LflDÀYE DE SAJNT-PIER.RED&BLE5LE. 23 quw . 4icitur BlasUia (telle est lhabitude des Mer- coeur, que partout où ils sont parvenus L mettre un pied, ils revendiquent le tout, comme ils ont procédé i légard de certaine abbaye qui sappelle Blesle). A la vérité, le noble chapitre de Brioude se trouvait alors (1) en querelle avec le baron de Mercoeur. Il bisait sans doute allusion aux démêlés qui éclatèrent p0), entre liérand VIE! et labbesse Alix Ico ( Ahélis et qui furent apaisés par le pacte de 4277, lequel trancha plusieurs pointslitïgieux. Bientôt une nouvelle querelle, qui mit aux prises le couvent de Blesle et la maison de Mercoeur, donna lieu la transaction du dimanche davant la Toussaint de lan 4309, puis à la convention passée le samedi avant la fête de saint Jean-Baptiste de lan 1314 (sous Philippe- le-Bel) entre Béraud X de Merccevr, connétable de Cham- pagne, etAlix J! (Ahêlislfl, abbesse de Saint-Pierre. CO dernier contrat se trouve dans le fonds dit Armoires de Balnze (2). Labbaye eut gain de couse dans cette contestation, puisque le sire de Mercur reco nnut tenir delle en fief la seigneurie deBlesle. Ce trait&de 4341, un des pins importants de ceux con- tractés par le couvent, réglait la position respective des

(1) Ce rait se passait sous te règne do Louis-le-JeWaO. Voir .Justel et Chabrol. - mdflis iidipiogis apud Bleue et alibi. (9) Partun, dit la charte de ttaluze, super Cette charte énonce ce pacte sous Ionciée 1309, tandis quo plusieurs circon- stances nous donnent b penser dcii est de 1977, et que la convention mdi- c1née en date de 1309 doit se rérérer b la transaction de 1301; cest celte de qui cite .0e traité avec cette 0311 qua dû avoir en vue te Gotha chrintiaua . simple variante Sape? ,nuttt controvetisiis. 24 - NOTICE HISTORIQUE. SUR -IJLESLE

deux parties cohtractantes; il sera souvent invoqué. Il nempèciia pas daunes contestations de sélever dans ce même siècle entre le baron de Mercœur et lahbese Guillemette de Tailhic. Ces con(]1S incessants aboutis- salent à des conventions constamment violées et renou- velées entre le château et le couvent, trop voisins pour être dinaltérables amis. Quèlqiïes années plus tard sur- 9t un nouveau litige, qui fut déféré ait sous Chartes V et aboutit à une tlansacl.ion dressée le 23 fé- vrier 1376 entre le dauphin dAuvergne, seigneur de Merc oeur, Buiaucl II dit le Grand, et Mauritia flelphine ou Dauphine, abbesse de Blesle (1). Cette affaire sagiLait entre proches parents; cai il est à noter que cette ab- besse nétait autre que Mauritia, ou Mai-ata, ou Matira Delphine, fille dudauphin Ilobert III et dÂlix de Mer- coeur, conséquemment tante de Béraud II le Grand; deu ressort ce double enseignement que les Mercoeur asirèrent à placer leurs filles sur le siège abbatial de Saint-Pierre, et que 6alles-ci, parvenues aux honneurs -de la crosse, faisaient,prévaldjr les prérogatives de leur couvent sur les couoitjses de leur flûjiille (2). Maurilia Delphine ou Dauphine, k qui ce second nom fut peut-être. donré à cause de son extraction, comme fille et soeur des dauphins dAuvergne, gouverna long- temps et sagement labbaye de Blesle (de 4353 à 4383), qui se trouva bien de sdn administration. Du reste les liens de parenté ne furent pas sans exercet une très-

(I) ce imité manuscrit se trouve dans les Arpuojree de Bolru. Il est scellé de trois sceaux en cire rouge, dont deux sont nssès.

() Cest lopinion de Juste[ et de 14.-t de r2uifler les dates ET LABBAYE DE SÀINT4IER3EDEIILESLE. 25 salutaire influence sur les relations du chapitre de Blese et de ta baronnie de Mercœur. A partir de ce moment t tante et le neveu vécurent en parfaite intelligence, et lalliance cimentée parle pacte de 4376 fut pins durable, soit à cause de la diversion opéréepar les graves ésé- nementsqui agitaient la France, soit que lesprit tracas- ser de la première maison de Meremur se soit amendé dans la nouvellé branche. En effet le fief de Mercœur, par suite dextinction masculine, était passé dabord dans la maison de Joigny (4) en 4321, et ensuite dans la maison dauphine eu 4339. A Bêraud ter , dauphin, éehut,1e sa mère Alix, ou Alixent de Mercœur, cette importante ba- ronnie recueillie avec tout son héritage en 1356, par son fils, Béraiid II, appelévulairement le comte Camus et ensuite le Grand, qui se distingua par dé faits daries à la bataille de Poitiers. Après le mouvement des croisades, dont les péripé- ties eurent à Bleslé leur écho, entrainant vers ces loin- tains parages quelques-uns des chevaliers du pays; après lesluttes dei comtes et dauphins dAuvergne ainsi que des évêques de Ciermont, qui y eurent aussi leur contre-

(1) La première maison de Mercœur commence h nier mort en 1045. Son fils, Béraud t", inaugure cette liste de barons qui portèrent tous le nom de Dénué, et dont le dersièr, Béraud X, connétable de Champagne, mourut en 1321. Il laissa son héritage h sa cousine, Jeanne de Joigny, qnt avant épousé, eu 1314, Chattes de Valets, totale dAlençon, jouit, conjointement avec son mari, de cette baronnie, et décéda en 1330. Leur ssrsession fut litigieuse. Cest aIdes que, par une sentence arbitrale du t9juin 1339, ce fief fut adjugé h Béraud t ., dauphin dAuvergne, qui Commente ta seconde maison de Mercœur, et inaugure une nouvelle liste le barons également appelés Dénuti. Lancienne maison de Mercoeur portait 4e gueule: 4 trois fasces de vair. NOETLCE-:HtSTQLtiQuL5Tia BbSIS

coup,survinr.ent linvasion anglaise et la guerre d Lent Ans, qui couvrirent la Fiance de ruines. On sait que les Anglais pénétrèrent eu Auvergne et y dominèrent long- temps. Blesle ne put échapper à leurs entrepris es, et tout porte à croire quils firent des établissements dans les environs. La trace de leur passage est marquée par les exploitations de mines dantimoine et de fer, quils créèrent aux liens de la Fige et de la Chirèze. Un peu plus loin, dans la paroisse de Leyvaux, ils exploitèrent pareillement clos gisements darsenic et. dantimoine. Jusquici leur occupation ne se manifeste que par des travaux utiles; car ce sont eux qui importèrent dans la contrée et dans toute la France lindustrie métallurgique oubliée depuis les Romains. Mais en même temps ils commirent de grands ravages. La ville deBlesle.fut-elle occupée par les Anglais? Le fait est probable et explique le nom attaché par la chronique locale k une vieille niai- son fort curieuse, de style ogival, qui se trouve dans la partie occidentale, désignéede nosjours sous lappellation de Maison des Anglais; cétait sans doute le logis dun chef insulaire. Elle est située dans un quartier très- ancien, au pied de la tour du Massadou et proche dune autre habitation daspect gothique, qui était la cure de Saint-Martin. Durant cette crise le couvent et Je chateau, qui étaient aux mains amies de la tante et du neveu, de Mauritia et de Béraud , oubliant leurs dissidences invé- térées, se prêtèrent assistance et subirent en commun tes diverses fortunes que le cours des événements imposa k la contrée. Lun et lautre eurent à souffrir des incur- ET LÀBBÀTE Dit èNiNT-iKRE. DhBLÊSLE. 27 sibus des Anglais. Le gentil dauphin (I) fut levigilant gardien du pays. Après avoir fait bravement son devoir de chevalier à Poitiers, cé prince, Fun des plus vaillants et des plus magnifiques de son temps, ayant appris que Rôbert Kaollés était entré dans lAuvergne et la rava geait, leva, pour le combattre, « sa bannière écartelée dAuvergne et de Mercœur. » Marchant à la tête de cinq mille hommes et assisté de la noblesse du pays, il se porta à sa rencontre avec un appareil si formidable, que le capitaine anglais, intimidé, nosa risquer la ba- taille et se retira pendant la nuit. Mais la captivité de Béraud Dauphin, qui, donné en étage au roi dAngleterre en 4360 pour garantie du traité de Brétigny, resta treize ans en Angleterre, € où il dépendit bien 52,000 Ii- ves » (2), fut une grande calamité pour la contrée qui demeura exposée aux dévastations des Anglais. Après la mort de Charles V et de Duguesclin lés horreurs d2 la guerre reprirent un redoublement de foIence. Ls environs de lilesle furent foulés par les hordes anglaises et les compagnies de routiers. Une ba- taille sanglante fut livrée le 25 février 1389 sur le ter- ritoire du Bru , dépendant de la justice de Blesle, bien que distant de 4 à 5 lieues, entre les Anglais et Jacques de Mercœur. Eu action de grâces pour cette journée mémorable, Jacques de Mercoeur et Amie de la Tàur dAuvergne (3) fondèrent une chapelle dans le ter-

(I) Béraud li, dit le Grand, eut trois lemmes 1° Jeanne de Ferez, morte au château de saint-Clrgues; 2 Jeanne dé la Touç dAuvergne; 3 Marguerite de Sancerre, de laquelle naquit Béraud III. (2) Froissart, Chroniques. (3) chabrol, Costume: dAuvergne, t. av. 28 , NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

ritoire du Bru. Labbesse de Blesle était Deiphine de Gilbertès depuis 1383, que Mourilia Deiphine dormait dans les caveaux de Saint-Pierre. Mais ce fut surtout un terrible routier, du nom dA- mérigot Marchez, qui désola les terres dauphines et la baronnie de Mercoeur. Profitant (le labsence du dauphin dAuvergne, Alnérigotdévasta ses domaines et sempara de sou chàteau de Mercoeur (1) réputé.imprenahle. La- venture en est singulière. Amérigot , qui sétait appro- prié plusieurs forteresses confrontant aux terres dau- phines, Carlat, Alleus, Vallon, partit un jour dAllcuse avec ses compagnons pour surprendre le fort de Mer- coeur quil escalada, pendant que le Châtelain, Giraudon Buffiel, soupait avec ses gens, sans défiance. Saperce- vant enfin de leur intrusion, Giraudon se réfugia dans le donjon; désappointé, le routier savisa dun strata- gème pour avoir la maîtresse tour, car sans cela len- treprise était réduite k néant. Savançant vers le donjon pour parlementer, il dit au châtelain « Donne-moi les

(1) Le chiteau de Mercœur, qui était situé près dArdes, était le cher-lien originaire de la baronnie, puis du duché de Mercœur, bien que des doutes se soient produits sur ce point car il -y n eu en Au vergne et sur le territoire de cette baronnie, dautres eméiteaux appelés M encreur. Ainsi quelques-uns ont peié que le cher-lieu était b un point plus rapproché du centre do ce grand - 9e!, à becreceur, près de Lavoùte-Cl,ilhac, dautres le pbrenl à Al con.- Tonne de Lubiihac, canton de Blesle. Le clrleau de Mcrcceur, dont on voit les débris près dArdes; (ut démoli en 1684, sous Louis XIII, par ordre de Riche- lieu. Du teste, la question est partuitemerut tranchée par ce fait qui le chef- lieu de la baronnie, et plus tard du duché de Mercœur, était la ville dArdes, Les seigneurs de Mercœur avaient b Andes un palais, ois ils taisaient leur résidence. Cest dans la mur dArdes quétaient renfermées les archives de la baronnie de Mercœur et du daupliiné dAuvergne, lorsque ces deux grands fiefs furent réu- nis dams la même maisou ET LABBAYE DE SAINT-PIENREDEBLESLE. 99 clés de la porte denti%e, et je te promets que nous en sortirons sans te faire dommage—Non, répdndit Girau- dan, car vous prendriez mes vaches, qui sont mon tré- sor. - Donne-moi ta main, reprit Amériot, je jure que vous naurez rien à souffrir. » Giraudon fut as- sez mal inspiré pour lui tendre à travers le guichet cette main, que le rusé compère saisit vivement, de- mandant son épée et jurant quil clouerait lhomme à la porte, sil ne lui livrait les clés. Linfortuné châtelain, persuadé que ce farouche condottiere exécuterait sa me- nace , remit les clés de son bras libre e Oh1 le bon tour que jai joué à ce pauvre sire l puissé-je eu rencon- trer bon nombre de pareils! » sécria le routier en faisant résonner le trousseau (le clés au oreilles de ses compa- gnons; semparant alors du donjon, il mit le sot châ- telain à la porte sans faire de mal ni à lui ni à ses -gens. La dauphine, Marguei1te de Sancerre, qui, e labsence de son époux, bataillant dans les Flandres, ré- sidait dans son palais dArdes. proche du castel de Mer- coeur, réclama lassistance de ses vassauK et voisins (I). Les gens de Blesle furent de ceux qui répondirent à lappel de la dauphine. Après un assaut de quinze jours, auquel Ainérigot opposa une vigoureuse résis- tance, ta dame de Mercœur se décida à composer avec le bandit, qui lui rendit son château moyennant la somme

(1) Voici le passage do Vroissoro sur ce point e La comtesse dauphine, sine moult vaillante dame et de grande prudence, qui se tenoit ii Ariles avec ses en- rune, nue fui pas bien aseurét, quand elle cuit dite qûAmérigot et sa route avait f0 lité le ehastel de la Roehe-Vendeix, Si envoya lattés à tous ses chfteaur et les lit pourvoir de gens durines deteusabte, lets quà Marquez, à Vodabie, Chiihac, à Bière (Biesle ) et partout-afin que nul nen Ht surpris. j

10 NOTICE, HISTORIQUE SUR .BLESLE

de 5,000:.11vres, quil emporta dans son repaire dAI- leuse. Ceci se passait vers 1380, alors que Seguin dé •Badefol occupait Brioude, et quune nuéè de routiers ra- vageait lAuvergne en tous sens.! Cest alors que Blesle se iii,t en état de défense et que, sur lordre de la dau- phine, la garnison du cliateau de Blesle fut renforcée par les gens darmes quelle y envoya pour le préserver dttÙ coup de main, eu même temps quelle ravitaillait pa- reillement Marquez, et Vodable, au dire de, Froissart. Marguerite de Sancerre noublia pas linjure dAmé- rigot; aussi, lorsquil fut traqué à la Roche-Vendeix, prélat-elle secours aux assaillants. Pehdant ce drame final de la iloche-Vendeix les bonnes villes (fi dAu- vergne, parmi lesquelles Blesle comptait, se cotisèrent pour fournir des hommes et de latgent. Quoiquune lettre de messire le Bouteillier (2) relatant la réparti- tion opérée entre les communautés auvergnates ne cite pas Blesle parmi celles qui envoyèrent des subsides, il esi. probable que les habitants de lilesle et des environs prirent, part au siége de cette place, qui fut emportée par le vicomte de Meaux. Arnérigot, qui en était déjà sorti pour recruter des renforts, erra quelque temps, et fut enfla trahi par tin de ses cousins, le sire de Tourne- mire, qui trouva loccasion bonne de faire sa paix avec Charles VI en lui livrant « le roi des pillards (3), »

(I) On donnait le nom de bonnes villes aux villes fermées, cest-à-dire celles qui avaient portes et remparts. (2) Ceile Ièttre a iIi imprimée tans les Tablette, iAuvergae. (3) Surnom demi, par Froissart s Anérigol-Marettêz. Les plus rameux fou- ET LAIjbAYE DE SAIT-PIERREflEBLRSLE. 31 lqueI fut amené à Paris par ordrç dtrdûc de! errT; fl et exécuté. Sous le règne suivant, au temps de labbesse Marie de Beauvoir, Utesle concourut à une action énergique dirigée contre des bandes de routiers qui infestaient et rançonnaient tout le voisinage. Dans ce commun péril, les villes de Saint-Flour, Brioude, Blesle et se coalisèrent pour détruire ce ramas de pillards. Moyen- nant une contribution de 300 livres, elles obtinrent du comte Ribaldo (1), capitaine dorigine espagnole, quil fit sortir ses gens de Ruines et tic Corbières, où il tenait garnison. Après lexpulsion des Anglais, lAuvergne respira. Mais, au XVJ° sièclé, un nouveau fléau vint lagiter la réforme suscita la guerre civile, qui y exerça ses rava- ges pendant quarante ans, de Franços II àllenri IV. Pendant cet intervalle de la guerre de Cent Ans aux guerres religieuses, la dynastie de Mereurcliangea en- core, et le château de l3lesle, dont lexistence est liée à celle de la baronnie de Mercœur, Ùàssa successivement en dantres mains. A Bèraud IL, décédé en 4400 avec Le renom dun des meilleurs hommes darmes de son temps, succéda son fils liôraud LII, qui , mort le 26 juillet 1426, ne laissa quune fille, Jeanne, laquelle épousa, le

tiers, après Amérigot etSéguiu de Badefol, sont GeolTroy-Tête-Noire, Perrot-le- Béarnais, Main et Pierre Roux, Baimband, Ohm Barbe, etc. (I) Hioloire manuscrite dAuvergne, par labbé Trituré. Dictionnaire etatisti- que du Cantal, article Ruines. Ce chier des Écorchieers, appelé Rodrigue!de Villaudrando, était venu dEspagne en Prauce vers 1415 nommé ramie de Ri- boldo, il por,init à un tort in degré de faveur vers 1432, même auprès du roi Charles Vii, et épousa une huile naturelle du due de Boorbod.. NOTICE HISTORIQUE SUR OLESLE-

8décembre suivant, au chastel dArdes, Louis de Bour- bon, comte de Montpensier. Jeanne, nayant pas de os- térité, laissa, en 4436, ses biens k son mari Cest ainsi que, moyennant quelques contestations (1), la baronnie de Mercœur passa sans retour à la maison de Bourbon, et que Le château de Blesle devint un fief de cette bran- checapétienne. De Louis Jcr, comte de Montpensier, que la douceur de son gouvernement fit surnommer le Bon, il échut; en 1484, aux mains de son fils Gilbert de Mont- pensier, décédé en 4496 ii Pouzzoles, dans le royaume de Naples, dont Charles VIII lavait nommé vice-roi. Il eut pour successeur son fils aîné, Louis If de Bourbon, mort à Naples, en 4501 ,de douleur, à-la vue du tombeau de son père, et ensuite le puîné, le grand connétable Charles il de Bourbon (2), qui rangea larmée française

(I) On a prétendu quaprès la mort de Jeanne, son testament fut attaqué, et quà la suite dun arrêt rendu etu 1450 et dune eransction de 1452, Aime, data- pt,ttaè, taille de Jetanne et u le de loéra ud-te-Gra,ed et de sa jnreuuière Tomme, Scanne de Forez, fut toise lui possession te ttiéritage de sa nièce et te transmit h ta postérité de Louis tt, duc le Bourbon, quelle avait épousé eec 370 et qui était mort en 1410- Lige dAnne, dauptiine, rend ta it,oseinvraisomhtabte. Aussi est-il pttts plausible dattribuer ta succession do Jean ne le Mereccur h ta bran- che des Bourbous-Montpeosior, (enviée par sou époux, quà la branche doute, but nentrait pu etc être investie que du clivE dAnne, dauphine; vraiseunbta- btement décédée avant sa iliéte, et même vers 1416- - Art etc rtriaer les datte. (2) Chartes 11 de Boorboo-ltontpensier, nié te t? février 1489, épousa,eu 1505, Suzanne, Otto unique et héritière de Pierre 11, duc de Bourbon et dAune de France. Cétait lapins opulent feudataire de Fiance, possédant, de son chef, tes comtés de Montpensier et de C ternuont, te Dauphiné dAte vergue, tes latomies de Mere;œor et de Cambrai] es. et, die chef de sa retenue, tes duchés de Bourbon- nais, eiAuvergeee et de Ctiitetterault, tes comtés de Forez; de Beaujolais et dota Marche, les vicomtés de Cattat et de Moral, ta seigneurie de Bourbon-Lancy et quelques autres terres. at se couvrit de gloire h Agnadet, -h Marignan, et regel ET LABBAYE DE SAINT-PIEIIItE-DE-BLESLE. 33

en bataille k Marignan, trahit i?rançois Icr en 4523, et fut tué en 457, au siège de Rome On sait que les biens du connétable furent confisqués et attribués it Louise de Savoie. Mais des réclamations sélevèrent et des transactions eurentiien en 459 avec les soeurs du connétable. Le roi abandonna à-1atnée Françoise, princesse de la Râche-sur-Yon, le comté de Montpensier (1), le dauphiné dAuvergne, les baronnies de Thierset de Combrailles, et k la cadette; Renée de Bourbon, la baronnie de Mercoeur. Renée, mariée k Antoine de Lorraine, porta dans la maison de Lorraine le chtl.teau de Jitesle avec la baronnie de Mercoeur (e)-, laquelle fut érigée en duché-pairie cii faveur de leur second fils, Nicolas de Lorraine (3), comte de Vaudémont, par lettres patentes de 1569, enregistrées en 1576 au parlement et en la chambre des comptes, en 1577. Cest

lépée tic connétable. cest lun des plus grands capitaines du Xvi siècle. Mal- heureusement sa gloire est ternie par sa trahison amenée par les vexations quil éprouva de Louise de Savoie, laquelle éleva des prétentions surin succession de Suzanne décédée • en •12I sans laisser denfant. Rompant avec François I", le connétable traita avec • Cliarles-Quint en 1523, se btttit contre la Franco à Pa-. vie et (ut tué b lassaut de Rome, le C mai 15-27. (1) Après la mort de sa mère, François In réunit en 1531 définitivement k la couronne le duché dAuvergne; puis, faisant une plus ample réparation aux héri- tiers du connétable, il érigea, est 1533, le comté de Moiitpensier en duché-pairie. (2) Par cotte transaction du 10juin 15-20, cession étnitfaile b Rénée de Bour- bon, de la baronnie de llercœnr, Fr,,sirntat et )slcs1c pour tous droits de sa part k la succession de son frère et sous la condition quo le roi le France pourrait rentrer en possession de ces terres, moyennant te prix de 300,000 livres. Mais, par lettres patentes tic 27 mai 1530, François 1er se désista de celle faculté. — Chabrol Coutumes dAuvergne. - (3) Nicolas de Lorraine hérita, en 0539, de sa mère, [.a do Mercœur, — . Fromentil et Blesle. Cest sous ce titre quest dénommée irons les actes du temps la puissante baronnie de Meremur. NôtièË ülSToUJ^et g h bLÈSLt

ainsi qué l dliâeMi de biesie passa dafik une nouvelle maison, celle de Lorraiflé, emnule dépendance de la bàronnie dabord, puls du duché de Mercœur. Le pFe- iîilef dué dé Meïcœtit le transmit k son fils, lé célèbre Pliillppe-tthmannei de LoPraIné, due de Merœin, tin dé Hi liàMie et (e dernier de généraut de la Ligué. Lés i;éiâtj o,,Ë du ëôtivêfit avec le chàiean tarent Bônlié soli la dynastie dé Bourbon. tes grands piLhc fr.. ne it pas difficùlté de te rcéniialtre les vassaux dé f abbaye, M de se Ëoüffiettrè ainsi b la Convention é 1S. Cette sôuhfis!bn te MŒrqdC par nu tait curieux i%tèlé p âV ffn éxtnit du Chattaier (U. Titi duc de 13e.rb6h rnhdit llbnlînagê b Pabbéssé de Saint-Pierre pôüf à dibtelleule dé fliésle. La eéréMôniè dhommage (Iii âtèhip11e dan Pèlisedê PÏeÏe, dérûnt le makre aûtel, pM le ffiinWré dun%éigïieïir de Lastic t); gentilhomme et (ondé de pouvoirs du clac. Or ce duc de Bourbon faisant acte de vasselage à légard de labbaye nièst àIItPÔ qùlé lMiref ébahêlahle, attendu quil et le séul dût de Bourbon ayant vossd la châtellenie do Blésle3 ses ancêtres nayant que le titre de comtes do Montpensier. La disgrâce et là ttàlilsbh du connétable eurent un grand retentissement dans tous ses .fiefs, qui,

fl)td eitnit ?ûL cèmjaèsh In duXVi1è MèeksorÏespfèen,àes auCar. JèhnnaptisI du éliôiflhprbriéIiiiè de Iafîar (le PouzoIs ptès Bkslc. Cette pièè manbsdHte, qui est ?ort intaiesaMe e se trouve coiaflrjnêe par )es docünneneî a0 chaèricr I?è nks/e encore exislant la bibliothèque de Clerniont,

(t donnée par le descendant de lautour, hl. du CbeMn; juge 11e paix.au Mal- aièu, à M. lalkiùs, Mors collé à )1eée,ti Iobigeance duquel nous la devons.

1(2) Ce site dé tistic éh lire iouii do Làstie, seigneur a0 Lastie, baron de Roebcgonde et de Mosttsuc ET LABBAYE DE SAiNT-PIEftRE-DE-DLtSlE. M

universellement compris dans la confiscation, furntèiÏ partie successivement rendus à sa famille. La tache dinfàmie (1) peinte en jaune sur la poterne du château fat bientôt effacée par le double écusson de Bourbon et de Lorraine. - Le titre de duché-pairie donné à la baronnie de Mer- coeur ne changea rien aux rapports de Jilesle avec Mer- coeur, mais aûgmenta les prétentions de cette seigneu- rie, qui tenait dès lors à saffranchir dé lallégeance du monastère, relativement à la chatellenie quelle pos- sédait dans la cité blésilienne. A travers les troubles de lépoque, les religieuses de Saint-Pierre et les seigneurs de Mercoeur continuèrent à cohabiter tantôt en bons %oisins, tantôt en se querellant; les unes hàbitaient le monastère atteùnt à léglise Saint-Pierre, les antrés. occupaïen( leur repaire bâÙ sur le bord du Voirèze. De la primitive abbaye il ny a plus de vestiges, ; toutefois elle était probablement construite sur lcmplâcement du couvent, tel quil existait au moment de la Révolniiôn. Quant au château, il a été détruit dans son ensemble à une époque indéterminée, mais déjà ancienne; toutefois il devait être situé contre la grosse tour à vingt pans, qui en formait le donjon, et qui u surmonté linjure des siècles. • Les guerres de religion troublèrent profondément labbaye de l3lesle, et finalement entrâlnèrent à son égard les conséquences les plus préjudiciables, !oit par

I) On sait -quo les habilitions apparienantoux criminels de haute trahison étaient, en signe dinrmie,.barbooillries de jaune; cest ce qiiiarrivajour JJiÔtel de Bourbon à Paris et pour les autres maisons do ce grand rebelle; - 36 NOTICE IILSTORIQUK SUR BLESLE les ennuis quelles lui suscitèrent et les déprédations dont les biens déglise étaient lobjet, soit par la dimi- nution dautorité qui en résulta, et surtout par le prix excessif que leurs protecteurs, comme les Mercœur, mi- rent â leur alliance dans les conjonctures difficiles. Cette époque marque le point de départ de la décadence du couvent (I) et la transformation opérée dans ses rap- ports avec le château, qui, se sentant nécessaire, fit payer cher ses services, saffranchit de la vassalité, et même, en retour de la défense commune dont il se charge, finit par accaparer la suzeraineté. Les Mercœur proté- gèrent labbaye k ses dépens, et lui enlevèrent succes- sivement les principales prérogatives de la seigneurie. Du reste, durant les gueries de la réforme, le couvent et le château sentendirent k merveille pour repousser les nouveautés: Grâce k cette double impulsion impri- mée dabord par les religieuses, ensuite par les ducs d Mercœur, zélés champions de la Ligue, Blesle resta fidèle à lorthodoxie romaine et figura parmi les villes attachées au parti de la Ligue. Un fait prouve les ten- dences de la population de Blesle cétait peu après la mort du duc de Guise, tuéh Blois le 22d6cembre 1589, alors que ce meurtre ralluma la guerre civile avec plus de fureur Randan était h la tête du parti de la Ligue avec Lastic et Canillac, tandis que Chavagnac, Saillans et du Bourg diicaient lés entreprises des huguenots.

(1)Dans tes rapports présentés par Louise de saint-Poney b lAssemblée (lu -, Clergé, celte dernière abbesse fait ressortir celle circonstance; et, parmi les causes de décadence fort multiples b cette époque, elle met en première ligne les Préjudices apportés par les guerres de religion et les exigences des Mercœur, ainsi que leur patronage fortonéœus et leurs usarpbtiaus. ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 37

Pendant que Cliavagnac opérait une diversion en atta- quant le castel de Lastic Louis du Bourg, emmenant quarante arquebusiers, enlevait les forts de Saint-Just et du Mas, près de Brioude. AlQrs les habitants du voisinage alarmés de ces incursions , sadressèrent au comte de Randan, à leffet dexpulser les huguenots à main armée de ces places. Profitant dune si belle occasion , le gou- verneur, dAuvergne (1) sempressa de convoquer les bànnes villes pour délibérer sur les moyens de chasser du Bout. Dans ce pressant besoin, les notables de Brioude Blesle, , Lângeac, Clianteuges et Pau]haguet or.irent davancer, sauf remboursement par le pays, les .vivres et les munitions nécessaires à lentretien des soldats du comte (2). Ces offres furenacceptées, les troupes réunies et lexpédition décidée. Après ces dis- positions préliminaires, le corps darmée se mit en marche dans la direction de Brioude et reprit les deux bicoques sur Louis du Bourg, lequel séchappa de nuit par une ouverture pratiquée dans les murs du château du Mas. Durant cette période agitée de 1.588 h 1593, Blesle déploya une fidélité inébranlable aux principes de la Ligue et obéit ail dirigé par Marguerite de Valois; Randan, Laslic, Canillac et le duc de Mercœur, ce dernier comhattantde la Sainte-Union, qui ne déposa les armes quen 1598, en fiançant sa fille à César de Yen-

(1) Le comte de Rammdnn 6tait alors gouverneur de toute lAuvergne. (9) Voir lHistoire des Gzierres religimUQS dAuvergne, par M.. Fuberdis, p. 339.

D 38 - NOTICE HISTORIQUE SUR DLItSLE

dôme. Aussi le président Vernyes (I), faisant la descrip- Lion des partis et de leurs forces, dans le mémoire pré- senté h Hcnrj IV au début de son règne, range-t-il fliesle parmi les villes affiliées à la Ligue. Mais, si Blesle résista aux nouveautés, celles-ci sln- filirèrent dans quelques maisons du pays; une des plus puissantes en fut atteinte et en prit la direction, Autoine de Chavagnac, qui possédait plusieurs fiefs aux en- virons, entre autres ceux de Chavagnac, C!sael1es, la Bessière, et avai t un logis dans la ville, se fit huguenot à la façon dHenri VIII, pour satisfaire un caprice. li- bertin.- Comme sa femme, lienriette de Bourbon ,lui déplaisait par sa laideur, et quil était épris duné jolie chanoinesse de la famille de Montgon, il ne trouva rien dê mieux que de lenlever de sen couvent de

Saint-Pierre et de la mener à Genève, où il se rit 1111- avec tous ses enfants. Ce rapt fit grand bruit et fut la de longues querelles dans W pays. Lab- besse, qui était Marguerite de la rage (2), se montra fort courroucée et se joignit aux familles de Biron et do Montgon pour punir cet ou(rage, qui eut le plus fàcheux éclat. Un de ses descendants, Gaspard de Cliavagnac, dans- ses curieut mémoires (3), attribue les malheurs de sa maison h ce scandale : « Ce fut lui (son bisaïeul),

(1) Msoirn dupr4s(,jgul Veroyn, p. 15 et 21: (9) MarguerIte de le F$gâ fut nbbcssê de Melle de lsss h 1578. (3 Ce Gaspard de Cliavagnac, 5k de Josué lie Clins- ci de Gilberte de Cenvisson, né h E leste ers 1694, mort au tuileau lu Bousquet en 1695, cmpoia des Mémoires rort irrléressants, qui ont dÉS imprimés pour ]il rois CI) 1699, r Bcsançon, on deux volumes, CL réimprimés h Amsterdam en 1701 Cest p6 livre curieux et devenu rare. ET LM31%A1E DE SMN-T-flFRREDEBLESLE. 39

dit-il, qui introduisit lhérésie chez nous, qui y a con- tinué jusques h la conversion de mon père, de mon frère et de moi.. Les affaires quil fallut soutenir con- tre les maisons de-Biron et de Monigon ruinèrent la.nê- tre., qui nen [lit pas mieux après sa .mort; car Christo- plie, mon .grand,père, ayant épousé Françoise-de Duras, lïugnenote comme Fui, se trouva-engagé dans le parti do .la religion,, soutint le siège 4Issoire (.4577 on Au- vergue avec tant •de, fermeté que .le duc ,d2lençon., .frère duroL, ayant forcé la brèche quil défend»it et oà il .étiit •fait porter en chaise,, h cause .d.un coup de .mousquet quil avait reçu auparavant .au travers du -corps, inc laissa,pas que de .Ini accorder une composi- tion honôralile pour lui et toute sa garnison. » - Ce Gaspard-de Chavagnac était né h.fllesIe, en .4624:, ah logis paternel, ce qui démontre que les Chavagnac y ont demeuré longtemps avant den avoir acqflis la seigneurie au commencement du XYJHC siècle; mais ils sont mêlés à son hitoire dès le xIII°.siècle. Plusieurs :autres familles nobles étaient établies à Biesle, .tellecelle 4e Montgontier, qui apparaît, au XIII siècle .dans une transaction : intervenue entre Guillaume de CbavagnaQ, damoiseau, Bernard dEffiat et Guillaume de Feydit, Également damoiseau, contre Matcibile, prieure de la mison de Chanet,pour lusage Pun.bois.ÇettO affaire fut soumise, en 4262, hlarbitrage (l)de Guillaume dAn-

(llCet arbitrage eut lieu le premier dinsale),e de cirême le lan i62 pour interpréter la transaction passde au mois ditjuin Ldriginal de cet acte est con- servé dansles archives de la maison • de Chavagnac. Cette Marcibile, ou Mar- orbille, ou Marie Sybille, qui stipule pôu labbaye éd illesle sous la:qualité do Friture de la maison le Chanel, nest évidemment , que la aèmt Sybill, 40-. NOTICE HISTORIQUE- SUR RLE5LE

refile, seigneur de Colombines, et de Jean de Mont- gon lier. - Lainé, dans son Nobiliaire dAuvergne, cite plu- sieurs familles qui vivaient k Blesle en 1450, et qui figurent dans lArmorial de Revel, telles que celles du Monteil, portant dargent à la bande dazur chargé de trois molettes déperon dor; de la Valette,- représentée en 4450 par Jean de la Valette, et portant dazur au-clic- non dargent; accompagné de- trois clohes dor; de Bosse, également domiciliée aBiesle en 1450, et portant dazur au lion dargent, à trois Ilanchis de gueules, avec une tête deloup pour cimier; deTorciac, habitant Blesle h la- même époque. Linventaire du Dauj/ti-n6 dAu- vergne (4) constate lexistence dun certain nombre de familles établies au moyen-âge dans la ville ou le voisi- nage de Blesle; outreceltes que nous venons dénumérer, onytrouve celles du Dos, de Montgou,-deMolen de-Serre et de Malepere, de Léotlioing, de Balzac dEntragues, dAureilJes de Paladines, de la Fage, de Charbonnier, de , de , de la Salle ,de Bussac, de Pracines, du Lac et autres La plupart sont éteintes, quelques-unes inconnues, comme celles de Pracines, de Pratner, de Foihos. Tous ces gentilshommes font la nommée de leurs fiefs au sire de Mercœur, à cause de - sa châtellenie deBlesle; mais labbesse sen garde bien,

ou Maria Sybilla, ulo,ut exisle,,ee nous est déuuo,ulrée, comme il s,,d tilt plus tard, lor dautres diartes, et que ion, ajoutons t la liste des abbesses le Blesle. Le litre de prieure yest donné à labbesse le l)lesie, ],:,,-ce quelle agissait co,,u,en prieure de Chaud; ce prieuré en ChIot, dépendait de labbaye do Saint--Pierre. - (1) Archives impériales. -

u ET LÀ}IBAYE DE 5AINT4IERIIEDEBLESLE. 44: car elle a la seigneurie pleine, et cest elle, au contraire, qui reçoit foi et hbmmage. Dans ces temps reculés, Blesle avait une population égale k celle daujourdhui, mais présentant plus de densité; au XVII siècle elle était même supérieure, puisque, selon dExpitly (1),.eIle comprenait trois cent quatre-vingts feux, ce qui constitue un total denviron - dix-huit cents habitants agglomérés. Le calme M la vie monastique ne -présrvait pas la localité des agitatidns intérieures. Quelques faits, que nous puisons dans lé Recueil des actes de rémission () , méritent dêtre nar- rés, k titre déchantillons, pour initier aux moeurs du temps. Deux do ces drames judiciaires qui émurent la Cité aux XV et XVI° siècles, doivent IrouVer place ici. Le premier, se reférant au XVe siècle, concerne un sire Pierre de Cliavagnac En voici lextrait succinct, > wl quil résulte de lacte •de rémission délivré en 14 16 par Charles VII. - Pierre de Cliavagnac, demeurant h Blesle,- sétait enamouré dune femme légère, quun certain clerc du nom de Guillaume Salzède, dit Chantelauze, tenait en charte privée dans la maison de Jehan Rosier, maréchal- ferrant. Pour la soustraire aux poursuites du galant, qui demandait k partager ses amours, Chanielauze résolut de

(I) flExpilly. Dictionnaire gtoqrapJ:iqzse, historique et politique des Gaules et de lie Fronce, C. i, p. 656. () Le ssee,seil des actes de rémission fait partie lit fonds des Archives sic lEmpire. Notre compatriote. M. Creuset, e dépouillé cos manuscrits, ainsi que rinventairc dis -Dauphin é dAurcrcnc. Cest Mn obligeance que nous devons lindication rie ces sources et même Plusieurs extraits Ou copies, dont nous lai- soirs usage dans cette Notice, 42 • NOTICE HISTORIQUE SUR -nLESL

faire sortir sa maitresse de-la ville. Mais au moment où il franchissait la poile, il fut assailli .ar Ghavagnac es- corté de six ou-septcompagnons, Une rixe S éleva, dans laquelle Chai agnac frappa lle derc din coup de bâton à la tête avec une telleviolence, qutaubout de trois jours lhomme trépassa. Le sire de Chavaguac se sauva,, mais fut condamné par contumace par la justice -du comte de Montpensier (I), Louis de .BourFbon. Pierre -do Ichava_ gnac, voulant rentrer au pays, obtint un acte de rémis- sion donné à Paris la veille de Pàques de Pan -4446 et statuant que ledit Ctavagnac serait détenu au Vain ettk leau pendant -deux mois-et paierait cont sons, à leffet de dire des messes pour 4e repos -de ;Iârne du trépassé, moyennant quoi il serait pleinement grâcié. Lors de ce drame, labbaye était régie par -Marie de Beauvoir, ab hessô de 1427 à 4447 (2.

(1) Cest Ili une nouvelle preuve que la clilellenie de tÙOEsle ptsa,ii XV sikie, h la bronche de Bourbon-Mornpensiôr, comme bonis laYdaas:énorneé. (2) Dans te Jlttucil tics actes cc rémission se trouvent trois autres actes de ré- inaissioni se référant h des personnages du canton de Bill, -Le premier, de 1478, concerne Antoine de Léotoing, évêque de Saint4lour, engagé avec les siens dans les cabales -du -duc de Bourbon contre Louis X-L Le second tînt détroyd en 1489 t Frannçois -de Malepevre, jeune compagnon le vingt-cinq ails, pour coups et blessures quil avait donnés li Ouyoanet Curabet, leqnndl lavait assailli dons Monde, et du reste en était mort, Le troisième fit -dnilinrdparfteldi ii, èn istr,, en faveur de Charles et Aubert de Léonoing, tous deux fils de François le Léonoing , seigneu# dit Puy-Francoo , qui prenait la dune de Massiae. Il sagissda-dunie rixe pal avait eu lieu h Massiac, de coups et-blessures qui sen élident suivis, Bref, les deux Léoloiaug, fort compromis dans la querelle, reçu - mat absolution par laime lanciné, où est mentionné Léger de téotoing, tha- noine de Brioud t?. Il y est parlé du Po y-Fraucon, qui payait la dîme au sire-de Léoloiog et de Veraièren, qui la devait au seigneur dApcbon. Les dAlnchon avaient alors la seigneurie de Massiac. Entre eux et les Lotoing,seigneurs de

Monlgon, existaient de fréquents «violents démêlés. 1 ET LABBAYE DE SAINT-PIERILE-DE-OLESLE. 43 Le second acte de rémission, délivré en 1538 par Fran& Gois I, alois que Marguerite de la était abbesse, na point trait à un noble, mais bien à un simple rotu- rier, un certain Louis Anion, habitant de Blesle, lequel était gardien et concierge du chftteau de Blesle. Il était advenu que, le samedi 7 décembre 1537, sur les neuf heures du soir, Sacques Baschon, dit Jacqnillon, taver- nier, accompagné dÉtienne Corrent, serviteur du sieur Pierre Pétiot, barbier de Blesle, vint heurter à sa porte et le fit lever de son lit pour préter main-forte au sei- gneur de la Vâlette, qui, pendant son absence , venait un dêtre volé par de ses domestiques nommé François,. lequel sétait enfui. li sagissait de le poursuivre. Anion se leva, saisit une épée et une fourche, et deihanda à Baschon où pouvait être François. Célui-ci répondit que la demoiselle de la Valette lavait fait chérclierparlout, excepté vers le lieu de Ségonzac, où il pouvait bien sê- fte retiré. Parvenus à Ségouzac ils entrèrent en lhô- tellerie du Iavetnier Carlat, de qui ils apprirent quen 1111e chambre de son aubcre se trouvait un compagnon avec un jeune gars, dont les signalements révélèrent le voleur et le jeune garçon de Baschon- embauché par François. Sur leur invitation le tavernier ouvrit sa porte. Mais à peine eurent-ils franchi lhuis, que Fran- çois sélança lépée nue sur Anion et lui déchargea un coup destoc en disant avec jurements « Je 4e tuerai, concierge. » Louis Anion se défendit, et une lutte sen- gagea dans les ténèbres. François chargea si vigoureu- sement quil blessa son adversaire à la gorge; mais à son tour en reçut une estocade t la tête. Après plusieurs coups échangés, le voleur prit la fuite, laissant Anion Il

44 N0TICEUIST0RIQUE SUR BLESLE

étendu sur le carreau, tandis que Baschon criait au se- cours. Mais Anion sétant relevé, les deux amis se mi- rent à la poursuite du malandrin pour lui faire rendre gorge. Alors le fugitif exaspéré se rua sus Anion,qui eut peine it esquiver ses coups fdrieux et parvint à k blesser au bras. Cest alors que, pour séchapper, Frau- côis, en sautaht un fossé, tomba, entraînant son antago- niste, qui lui répétait de restituer les objets déiobés. Pendant ce combat acharné Jacques Fasehon et Corrent accouraient à la rescousse, criant à leur camarade de no pas lâcher le drôle, quil serait pendu. Mais celui-ci sai- sit le concierge au collet; Anion se défendit eu désespé- ré et, dans la chaleur de laction, frappa son ennemi de plusieurs coups dépée qui tétendirent par terre. Alors Louis Anion et ses compagnons le fouillèrent et trouvè- rent dans ses poches deux bourses, lune vide et lattire garnie de cinq écus soleil, quinze testons, plus (le la menue monnaie; ils prirent ces objets ainsi que lépée dii vaincu pour les rapporter au seigneur de la Valette. Après cet exploit Anion, tout sanglant, voulut, avec ses complices, rentrer à lauberge àe Cariat pour se faire panser et vétir, ainsi que saisir les habillements de Françoi, afin de recouvrer le reste du larcin; mais sur le refus du- l.avernier de leur ouvrir, ils furent contraints daller au village de Brugeille, où Anion fut pânsé et habillé; puis ils se transportèrent à Laurie, auprès de la dame de la Valette, à laquelle ils restituèrent les objets volés à son mari, et qui leur répondit que ce misérable avait dérobé bien autre chose. Là ils apprirent quaprès la bagarre, François, malgré ses blessures, sétait tramé au hameau de Ségonzac, ET LABBAYE DE SAINT4IEBBE-DEBLESLE. 45 mais que personne nayant venIn -recevoir- ce malfai- teur, il avait été forcé.de passer la nuit i labelle étoile. Or le froid glacial dune nuit dhiver et le défaut de pansement achevèrent de tuer ce misérable qui, le lendemain matin, fut trouvé mort contre la porte dune maison. il portait un pourpoint do velours trainoisi appartenant itson maître et quil avait revêtu k.lenvers; dans une de ses chausses fut trouvée une clé des coffres du sire de la Valette. Poursuivi comme homicide pour sêtre constitué vengeur dans une querelle qui ie le concernait pas, Louis Anion encourait la peine capitale. Aussi se cacha-t-il quelque temps, pendant que plusieurs personnes, le sire de la Valette en tête, intervenaient en sa faveur. Condamné it mort par contumace, Louis Anion obtint peu après, en 1538, un acte de rémission., et, moyennant amende honorable, fuit réintégré clanssa liberté et son emploi de concierge de Blesle pour lori appartenant itilenée de Bourbon. Jusquau XYIIe siècle labbaye de Blesle eut une existence indépendante affranchie -de la juridiction de lordinaire, ressortissant au bailliage ds exempts. Elle no relevait que du Pape, nayant queSa Sainteté pour supérieure, et, comme signe de vasselage, lui payant nue redevance annuelle de cinq sous(4). Les abbesses avaient toujours déployé une grande fermeté dans la défense de leurs priviléges témoin Mauritia flelphine qui, au XiVe siècle, lutta avec avantage contre le

(t) Cest h tort que Chabrol tilt que la redevance était de sept sous. Le texte de lépttro des religieuses de Bleuie b Urbain Il est formel à cet égard Quinquc sotidos ,none&e Pictarensk saucÉe Para sema J,, sua, tari dccrsrit.

s 46 NOTICE InsTofiIQrJE SUR lILESLa

dauphin, son neveu; et -cette autre abbesse du siècle suivant, Aux dAureilje de Colombine, qui fat si zélée Peur les intérêts de labbaye, quelle obtint sentence contre -son propre frère Jean dAnreilk, damoiseau, écuyer, capitaine et gouverneur de la châtellenie (le Blesle (1), dans la seconde moitié du XYe siècle, pour le compte de Louis fer de BourhouLMonpensier, à raison dune rente de cinq sols pal lui due ait Cest pourquoi, dans une sage pensée de conservation et pour prévenir les uslirpations, en 4411, Jacoba Delphine 111 dresser un terrier en latin par lingues Liait dier peut suppléer lancien signé par Sybille en 42C0; au siècle suivant, en 1555, Marguerite de la Fage en fit rédiger un autre en français. Un quatrième fut relevé en 1630 par lordre de Suzanne de Villeneuve; enfin, sous le règne de Louis XVI, la dernière abbesse, Louise tIc Saint-Poncy, le fat renouveler. Il est bien dommage que ces divers documents (2) soient pérdus, car ils indique- raient les accroissements successifs du monastère, aux- quels chaque abbesse sattachait à contribuer. Au nombre des abbesses qui firent le plus de bien à labbaye, on distingue Florence, qui obtint le diplôme durbain JI; Plailippie, qui reçut la bulle dAlexandre Jil; Ahx Ire, à qui Lucius III adressa une autre bulle conte-

(1) A diverses tipoques, le ehttenu de Bleslo osaI pour capilaines-cliilelains des chevaliers appartousani aux maisons de tEspinasie de Rochefort clAurouze, tIc Laslic, de Melon de la Valette, etc. (2) Lesislence de ces cinq terriers est constatée soit par les actes du char! rie,, ou lextrait relevé à la On du XVJJe sÊMe par Jean-Baptiste du Chenin, alors rési- dant à Téré près Bleslo, ou IJar des pièces de la cassette de Mat do Saint- Poney, dernière abbesse, ET. LABBAYE DE SAINT-IIEflRE-flE-BLESLE. 47

riant le dénombrement de plusieurs églises soumises au chapitre de BlesIc; Sybille, Aux II et Alix 111, qui contractèrent des stipulations avantageuses avec les sires de Merémur ; Guillemette de Taillac envers qûi Béraud de -Mercœur, connétable de Champagne, con- tracta plusieurs inféodations; Mauritii Deiphine, qui défendit si - bien les intérêts temporels de labbaye Matie de Beauvoir et Blanche de Langeac, qui tirent des acquisitions importantes; Isabeau de Beauvais-le- Loup, qui traita comme prieure de Chastel-Marlhac (4), avec Louis yaliver, abbé de la Valette, effectua des réparations au monastère, y laissant gravé aux por- tes (2) le loup héraldique, armes -parlantes de sa maison;: Marguerite de la Fage, Radegonde de la Marche, •Gene- viève de Gourdon, qui administrèrent prudemment labbaye pendant les guerres religieuses; Louise de Précor et Suzanne de. Villeneuve, qui soutinrent de longues bittes avec lévêque de Saint-Flour touchant la juridiction et agrégèrent leur couvent à lordre de Cluny; Suzanne de la Roque, qui fit rédiger une courte notice dc labbaye de Saint-Pierre par Dom Estiennot; Christine de Mailles, qui, passant de Blesle à Saint- Saturnin de Rodez fut remplacée par Éléonore de la Q.ueuille; enfin Louise de .Molen de Saint-Poncy, qui négocia lannexion du prieuré de Sauxilianges, répara et sécularisa labbaye de Saint-Pierre. Le concordat de 4546 dpouiIla les chanoinesses de

(1) Abbaye cistercienne, diocèse de Rodez - () ces Mails sont fournis par la note extraite du charhr ci-dessus relati, et par dautres pièces du cha rifle,, on de la cassette de ta dernière abbesse. 48 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Blesle de la prérogative gallicane de nommer leur ab- besse, dont elles avaient joui jusqualors, sous réserve de la confirmafion par le Pape. Lexercice de ce droit est attesté par le Gallia c/iristiana (1) et par une vieille charte () sè référant k lélection dAgnès de Verdezun, nommée abbesse (le Blesle le jour • même de la mort (le sa devancière, Marguerite de Lorlanges. -Lélection eut lieu le lundi après la fête de saint André, cest-à- dire ,en décembre 1350 (3), dans le choeur de léglise de Saint-Pierre, où toutes les religieuses, réunies en as- semblée capitulaire, donnèrent, dun commun accord, pouvoir k Bompare de Saint-Jérôme, doyenfle du chapitre, dechoisir la plus digne. Celte-ci, (tans une aI- locution en idiome patois, fit ressortir les mérites dA- gnès de Verdezun, prévéte du couvent, et lindiqua aux suffrages de ses soeurs (4). Toutes les chanoinesses rati-

(I) Voicice passage Deiphina 4e çjjberteèio, ex nèbili /amitla pagi Sauta Flori pose oiitrs,n $fauriliœ Detphiue,, dette, est per derana,n et conrenturn via Saeeti Spirites asse arc, cette élection (ut confirmée parue bulle donnée en 1384, b Avignon, par le pape Clément VI. () Cette charte, écrite en latin, appartieat b notre compatriote, M. Pan! Le Blanc, et copie nous eu a été fournie par M. Augustin chassaing. Nous pro- fitons de cette occasion pour remercier de leurs obligeantes eommunicotions ces deux paléographes distingués. Cest une requête rédigée en latin et adressée par les religieuses de Saint-Pierre h lévêque de saint-Fluor pour obtenir la cunfir- nets matiou tic cette éleclion.Mais en cette virconsianr.e lévêque ne semble que remplir loffice dintermédiaire aupres du Saint-Skie, car lapprobation de ces élections canoniques appartenait au Pape seulement. • () Cest h tore que.la charte indique lannée 1852, attendu quAgnès de Vende- un remplaça Marguerite de Lorlanges en 130. t) Voici les termes mêmes do la cl,artt ...,Quam (Agnotena do Verduzu) dicta domina Bompara decana... junctis ma- nibnn et otutis ad celem tacrimose leva qis, vire sua et nostra, in nostro choro eleit se naunieus signe cruels, et in vulgari, proMor sumo et nostram simplici- ET LABBAYE DE SA!NT-PIE1BE-DE-13LESLE. 49

fièrent ce choix par une acclamation unanime, ,etaussi tôt la nouvelle titulaire fat conduite solennellement k lautel de Saint-Pierre, pendant que. les versets du Te Deunk résonnaient sous, ses voûtes.. Lors .de cette pro- se motion, le chapitre composait de trente-huit religieu- ses, indépendamment de lancienne abbesse et de la nouvelle, qui était prévôte; en somme, de quarante ti- tulaires au moins. Les présentes à lassemblée capitu- laire étaient Bompare deSaint-Jérôme , ,. doyenne; Mauriac de Saint-Quentin, Marie dAl!y, Agnès de Saint-Étienne, Blanche et Alix de Crest, Guigone de Marchastel, Béatrix deGelles, Catherine et Hélène de Civeyrac, Alazie de la Tour, Truche et Agnès de Saint- Haon, Marguerite de Serej, Marguerite de Léotoing, Angéline de Roquemanrel, Béatrix et Béraude de la Gniole, Blanche de Bansac, Aux de Besseyre, Catherine de Dore, Delphine de Montchamp, Béatrix de la Fa go, Ginomare de Loabartès, Agnès et Isabelle de Chr- inensac, Agnès de la Roche, Angélique de la Valette, ,Béatrix de Besse, Amphélise.de Lorlanges, Isabelle de Charbonnières, Bérengère de la Roche, Adèle et Mar- guerite de la , Bastide, Almodie de Garce, Léonie du Vergue, Philippe de IEspinasse et Marguerite de Garde. Ajoutez Marguerite de Lorlanges, avec la dignité abbatiale, et Agnès de Verdezun, exerçant la seconde fonction, celle de prévôte, tandis que celle de doyenne,

tatem et illileraturam, exprimens rallia sua Douas, et nons del Payre e de! Filin e del Saint Enperit e de là Virgina Maria e de niosseninor saint flirt apostat e du ,iwssenhor saint lscnc:cyt, per non, deme e de rotas vos attrss, per Ko poder que donc! uoaves, vos etege, e vos don e rente eu abadessa o vos e o nosire nwslesjr ma dona Agace de Verdn:n prebosta, et oquesta elcetto davant rotas publique... 4. 60 tôtïtfc )û ôA1itlli bn

teùuè par floriipare de SOEint-rÔffie, tst la if oislèine, M VOUS flre Iê thapitré tomplet dè,BbŒsle en Ô, &est- à-dite Vers lépoque de sort complet énouiseliis. Mais, après le coti gôrdat fie Léon X et François I, il ny ont plus dé1eb, et labbesse fût à lanôrninâ- lion du roi de Franco; labbaye de fllelé ilevhut otifr tùiitefois saùjahk1iistbÙib&P Pfi côiméûd6. Lit -dernière abbesse élue par la éohnunMè fut ÛlaÙbfié dé Laneac, et la jWeillièrô nofflîflée par le ioi fut S nièce, Isabelle dè Laflgeac. Le domaine de labbaye vaïla selon léslés épbqii; il atteignit sa plus grande étendue vers le XYà siècW Sa nr?ace éxCc4 dait léslimités dé VaïthiprêiM (I) de Blêsle. Rlln!g , avehiprétM et labbaye né eôniprenaietli pas moins dé dis prieUrés, quaPâfit tftré, M vingt S- pellenies (2). L dix piiêéré étalétit teûx de St1ttt- Pierîe,k l3lesle; aint .MaUrlêé,àfloniiae Saint-Jtafl, k Saint-MMyIe-Plain Saiiité-Foy, à Molampisé; Sainté- Madeleine, à ClaviMês de C haiiet, de hiel-1v1arlha, dé flôchêfort, dans ht paroissé dé Sainf-Pôncy de No- trè-Ùan, à tatn,ie, et de Iiiohdei, bn G&aiidah. tés quaiahtè curés Sent JêË suivante 5nint-PIerie ê-BtêsIé, qui donnait à sôn enrê la qualité dardhipr6-

(4) Cc ÙOIÏI flmliipe&K-i Miqdêl divérses siÛnifllioos eut ltté, attoe jiées, cM fort ancien clans lhistoire de lÉglise. Il désigne spécialement la circonscription ecclésiastique dévolue a un prttre ayant titre darchiprêtre, et toniiant une fraction la di, diocèse. Voéchipttib él, th gênera], lié paire placé Isar osi Mquo u Mué Vinio pàïiê de son dctgi. Loreliipiêire île iiiêste iitui le curé dè Saint-Pierre. (2) Cette êâuanrolion est dtdblié sur des(tièrôs éndses dii chafiHer, dé Pétiut ou de la cistetté pr< jé, et aussi sur ies pouilld8 des bâchés de Saint. Fleur et S Cleihioni. ET LÀÙBAYt DE SÀÏ$t-I4iI&1kflE-PÈflLESLE. 51

tPe, Stifit-MarUh-deiÇiesle, Saîni.4tienné-suû-Ble1e, Sain i-Barthcilehiy d, Notre-Dame-de-ia--!4ativiM de la Cliapel!b-Alla.gnon, NotreDame-de-IAssomptioi de Boiissehirgdes , Notre-Dafne-de-lAssoitiption de BrhgbiIIe, Notre-Dame dé Tordiac Saint-André de Masiae, Notreuame dEspalein Saint&Cathbfipe dû Léoflihing, Suiht-CIei (le Loriges,Saint-VictûP PPÙS !kàssiac, Saint-Saturnin et Saint-Biaise dé Leyvim, Sainte-Madeleihe dé tussand, Saint-Bonnet de Lftbi! lad, SaifttCirgues de Diehne, Saint-Cirnbs dé Char niénsab, SainLÉliennêde Saignes, SMnt-Rbeli et Sainte- Ae dé Peyruse,Saint-Pontien de Saint-Poney, Saint-Nicolas dAuriac, - aint-Antbihb de Yaljou2Ô Saiht-M?yleCtô, Nott&Dame dé la 1Chapéi1eLu_ tout , Saint-Grégoifé de Grenier, Saint-Étienne tIn Joùrsaô, Saiiit-Sulpite dû Vieil1eaEpèce, Saint-Étienne de Chavaginte, Saint-Jean-Ilaptiste de Vernols, Saint iulaire de Moissac, SainteÀnne de Lent-bal-set, Saint LôgértieMblèdes, saint-Julien de Clinnèt, Sainte-MaS iene dé Chastel-Marlilac, Sainte-Croix dé , plus les cures de Réntières près clÂrde, de hillian- ges eh Gévaudan, dÀnzat-le-Luguet et dé Sainte-- Anastasie près dA1lanlie. Les vingt chapellenies se coiposaient des ehè1Jes de SaintéCat1t&ine à fliésle, de Notre-Dame des Ar- ches, du Bru, de Vaue1air, du thaylat, dc Saint-Loup de Montgôn, Sainfe-Catheiine de Grenier, Saint-Biaise cVEspalem, Sainte-Madeleine de £lialès près Masiae, do Nubieux près Fournôls, Chasteloti à Sain4Iary4e- Cros, plus les nehf chapelles de Blesle. 52 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Tel était létat approximatif des dépendances soit de labbaye, soit de larcbipiètré, du moins dans leur en- semble, car i4rs compositiolis varièrent parfois selon les circonstances, qui les étendirent ou les diminuÔ- rent. Labbaye dépassait le périmètre de larchiprétré de BISe, dont une partie resta au diocèse de Cler- mont après son annexion, pour la majeure Portion, à celui de Saint-Flour. Labbesse de Blesle était ainsi dé- cimatrice et nominatrice non-seulement dans Parchi- prêtré de •Blesle, mais encore dans quelques églises dautres archiprêtrés. Celui de Bleslc était une des cir -conscriptions de lévêché de Clermont embrassant toute lAuvergne jusquau XIXe siècle. - Mais, en 1317, Jacques dEause, natif de Cahors, pro- clamé Pape en 4316, sous le nom de Jean XXII, Ma sollicitation du vicomte de Murat, des seigneurs de la Tour, de Dienne, et de la principale noblesse de la Haute-Auvergne, érigÇa lévêché de Saint-Flour cri distrayant du diocèse :d..C lermont les archiprêtrés dAurillac, Saint-FIour Brioude, Langeac et partie de celui de Blesle. Le nouveau diocèse, contenant deux cent quatre-vingi-quifizo paroisses, fut divisé on cinq archiprêtrés, savoir Saint-Flour, Aurillac, Brioude, Laigeac et Blesle. Au moment où Blesle passait du diocèse de Clermont dans celui de Saint-Flour, sous le règne de Philippe-le- Long et le pontificat de Jean XXII, une cruelle épidé- mie désolait la contrée. Cestalors quen 1318, pour détourner les ravages de cette horrible peste, Blesle fit le voeu solennel daller chaque année processionnelle

ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 53

ment kia chàpelle de Laurie (A), le lundi lendemain de là Pentecôte. Cet oratoire était révéré pour une image de la Vierge noire assise sur im trône portant le petit Jésus sur ses genoux, laquelle était plus anciennement honorée non loin de Laurie, au lieu de la-Coharde, et fut miraculeusement transportée successivement k la fontaine du Rouille et k celle de la Chaigne, puis la chapelle de Laurie (2). Il y avait k Laurie un château appartenant, an XI fie siècle, k lancienne famille de Laurie, dont luni- que héritière, fui XIiIO siècle, porta cette propriété au comte de Bourdeiltes. Précisément à lépoque de cette épidémie terrible, cétait une fille de cette noble- race qui régissait labbaye de Flesle; circonstance qui, sans doute, ne fut pas sans influence sur le pèlerinage de Blesle k Laurie. Lexistence de cette abbesse nest indi- quée ni dans le Gallia o/vristiana ni dans les autres re- cueils, qui tous, en publiant la liste des abbesses, inscri- vent le nom de Guillemette de Taillac de lan 4346 à lannée 1322. M-ïis la charte authentique, relatant le

() Primitivement léglise de Laurie relevait de lordre de Saint-icande 1ère. salera; ensuite elle appartint h [abbé do Cliantoin, qui la faisait desservir par un de ses moines. Lors de la suppression de celle abbaye, sous Louis XIII, elle fut donnée ail! Caroies-Deseleauxde Clermont établi, sur lemplacement de Chantoin, et qui, depuis cette époque jusquà la Révolution, ont nomméà la cure dé Laurie. La chapelle et le prieuré de Latrie dépendaient de Cliantoin; mais Laurie était do la justice et du mandement de BLesle, ainsi que de larchiprètré de Blesle. Lande, maintenant, est une commune du canton de blassiae (Cantal). (9) Cest du moins ce que raconte la P. Sacques Branche, ajoutant que le lieu, proche de la Col,arde, où était dabord cette sainte image, sappelait la lb- liêrc, doù elle fiaI transférée b la fontaine du Rouillé. Suivant la tradition, la Vierge aurait apparu e Laurie, le soir de la Pentecôte; ce qui mit ce sanctuaire en - - grand renom. iOTiCE InsTenIQ5E SUfl PLESLE yoeu de Biesle, mentionpe Aune deLiori, st-àTdire de Lapric.,il est donc patent que cette Aime de Laurie occupait le siège abbatial de Saint-Pierre en 4318 et quelFe fut remplacée peu aprè par Gaillemette de. Taillac, 49t j porp figaro dans un ,diplôme de léglise de Saint-Flour en date de 4322; Lçs ravages du fléau furent affreùx. Lé papé Jean XXII, de son siége dAvignon, avait ordonné des prières, en mie temps que le roi Philippe Y prescri- vait aix évêques la résicience . dans leur diocèse. Sous lirnpressipn de léppnapte, les habitants de Blesle, émus par les exhortations du clergé, cherchèrent dans la prière un secours surnaturel, et, pour obtenir linter- cession de la Sainte Vierge, se résolurent it un pèleri- nage yçrs un de ses saneliiaiies, les plus vénérés de la contrée. Une môme ferveur échauffait toutes les kmes. LœuvFe fut éminemment populaire; linitiative, émana de la congrégation établie par saint Louis en 1246 adoptée par; lassemblée de la congrégation ou Je corps commun (sorte 4e conseil municipal), apponvée par les deux ordres privilégiés, cest-k-dire par le chapi- tre de Saint,Pierre, lévêque 4e Saint-Flour et Ip baron 4e ieltœui, ensuite sanctionnée par labbesse et rdli- fiée par labbé de Chantoin. Ce fut un touchant spcptaclp;lorsqupnyit savancer les dozs nLablcs de la congrégation conduits par le sieur Michel, tabellion j secrétaire de Béraud de Mer- coeur, et, avec lautorisation préalable de lévêque de Saint-Flour, se présenter au vestibule de labbaye pour yfaire connaître la délibération de lassemblée, (lui fut reçue avec une grande bienveillance par labbesse, Anne ET LABBAYE DE SAINT-tIIERRE-DE-BLESLE. 55. de Laurie, assistée de François, curé do Saint-Pierre, dOdilon,, recteur de la sacristie, et des chapelains et, hebdornadiers de Sainte-Catherine. Les pieuses dist positions de lassemblée furent agréées et encouragées par labbesse ainsi que par le clergé de Saint-Pierre, et le voeu uivant fut délibéré et arrêté le. 24, avril 4318(1):

I

« Tous les, ans, et avec lassistance, alternativement, repétée chaque année, de deux prêtres de léglise. dc. Saint-Pierre, les habitants de Blesle se rendroht dévo-. tonnent à pied, et sans quaucun obstacle puisse en dis- penser, dans la chapelle de Laurie, la seconde férie de loctave do lit Ceux qui, pour cause de santé ou doccupations graves, nauront pu participer k ce.» lerinage, seront. tenus do sunir dintention, dassister autant que possible aux sacrés m3Stèresqui seront célé- brés dans la Cité, à la môme heure que dans la cha- pelle de. Laury, et denvoyer k cette chapelle, par len- tremise de leursparents, de leurs proches, ou de leurs amis, leurs offrandes çt leurs prières k .la Vierge Marie.

(1) Le voeu de la ville de Blesle il Notre-Darne de Laurie a été conservé, dans le Charlrirr de Basic. Plusieurs copies cri subsistent, soit h la biblio- thèque de Clermont, soit h la fabrique de filesleou dans les papiers de M. Bar -rès. Nous possédons le texte latin et la eéadvaction, que nous donnons telle, quelle a été faire ara XVIII siècle. Lacte constitutif de ce vreu comprend une première partie, où nous avons puisé des éléments pour notre récit, mais que sous croyons superflu (le repro- duire hs crieuse. Pour ne pas trop étendre ce travail, nous irons bornons à insérer ici la lin de lacte, qui en est en quelque sorte le dispositif; cest le voeu en quatre. points établi par la congrégation, rie Blésle. 56 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Que ceux (Dieu éloigne deux un semblable malheur!) qulauront négligé laccomplissement de ce voeu soient destinés aux malédictions de. notre postérité

II /

« Lassemblée générale de Blesle; par lentremise du seigneur Michel, secrétaire du duché de Mercoeur,se rendra sans retard auprès du révérend Odon (I), 6é- que de Saint-Flour, poui le prier dautoriser ce voeu et den permettre lexécution dans son diocèse, et le sei- gneur Michel, secrétaire, a offert son concours pour laccomplissement de cette mission.

11E

« Pareillement, et pouf la réalisation des mêmes voeux, le seigneur Michel ira se présenter auprès de labbé de Chantoin, pour lui communiquer ce même voeu, et lui demander la faculté de laccomplir dans son église de Laurie, den ouvrir h cet effet les portes au clergé et aux habitants de Blesle, de pourvoir à toutes les choses nécessaires b la célébration des saints ms- 1ères, et daccueillir ainsi, de concert avec sesmoines, nos prières. Iv

« Labbé de Chantoin, dans les dépendances duquel se trouve la chapelle (le Laurie,sera invité par le sei- gneur Michel, h assurer sans aucun obstacle, dans sa chapelle, laccomplissement de ce voeu.

(I) CCst. -dfre Raymond. ET LABBAYE DE SATNT-PIEfl1U-DE-13LE5LE. 57

e Ainsi. unanimement délibéré avec lassentiment et k la grande satisfaction de lassemblée genérale de la ville de Blesle, de labbesse et de ses chanoinesses, du curé, du clergé et de tous les habitants. « Donné au vestibule de labbaye, sous le seing de Saint-Pierre et du duc de Mercœur, le vingt-unième jour davril, lan de lIncarnation mil trois cent dix- huit. » I Au bas, avec les cachets et sceaux, sont les signa- turcs MICHEL, Aune DELIv1II; François CLEUC, et douze croixrouges. Cet acte de fondation du 24 avril 1318 fut signé par Anne de Laurie, qualifiée dans le texte de supérieure ou abbesse de Saint-Pie jrc, par le sieur Michel, label- lion, secrétaire du seigneur de Mercoeur, et douze croix rouges qui figurent les signatures des douze notables. Le notaire (i) Michel se rendit ii. Clermont, auprès (le labbé de Chantoin pour communiquer le voeu de BlesIc et obtenir lautorisation de laccomplir dans son église de Laurie. Ainsi le voeu perpétuel de la congrégation 4e Blesle reçut .1a double ratification de labbesse de Saint-Pierre, de qui relevaient léglise et la ville de Blesle, et de labbé de Chantoin, supérieur du prieuré de Laurie. Lévêque de Saint-Flour, Raymond dé Mostuejouls (2), le consacra pat son consentement.

(1)Dans linventaire du da,pliin,édAuverg,ie, le sieur Michel est mentionné comme notaire lilesle eu 1317 en nlêiiae temps fine J chas Agalbon. (2)Uaymo,id de Volions de Mosleojouls était prieur de Saint-Flour lots de la - - création dede ce diocèse. II tut le dernier prieur du Mont-lodiciat et le plemier évêque do Saint-Flour. Cest par suite, daltération on derreur de copiste quil est appelé Odon dans la charte du voeu de Larcin. - 5$. tOTICE. HISTORIQUE snlk BIJESLE

Telle est. lorigine de ce.-pieux pèlerinage, qui na cessé de saccomplir depuis près de six siècles, que le mauvais.. temps na jamais em pêché, et que nw pu inter- rompre !a tourmente révolutionnaire. Chaque, année,.à la seconde férie de la! Pentecôte, cest-à-dire.le.lendp- main lundi, , les habitants. de Blesle partaient proces- sionneliement en eliantpm, des cautiques et récitant des prières, sous la conduite de leurs pasteurs, précédés de la croix. Dc, leur côté, les habitants -de . . Laurie (1) allaient à leur rencontre. Les deux processions, après léchange dun salut, se confondaient et marchaient vers le sanctuaire de la Vierge noire (), où, le service divin était célébré avec pompe et des offrandes pré- sentées en foule. Dautres pèlerins arrivaient en- même temps de plusieurs. côtés, souvent de loi-a, mêqie de. Saint-Flour , -doù partait une confrérie également pieds nus et en chantant. Après les offices toutes Ces processions se! refr- ma.ient. Celle de Blesle, reconduite par les fidèles de Laurie jusquau point de rencontre du matin, repre- nait son chemin dans le même appareil et rentrait le. soir, au son des cantiques, dans. léglise Saint-Pierre. Au moment de la fondation, le pé1ernage était..conduit par deux prêtres. de Saint-Pierre;, mais lorsque lé- glise de Saint-Martin fut construite, vers Je milieu, du X[Vo siècle, il fut réglé quun hebdomadier de Saint-

(I) Laurie est à trois lieues environ de Illesle. () Les Vierges noires abondent en ce pays, où lon compte celles de Lande, de la Chaipie, de Vaitolair, sans parler de la c4lèhre Vierge noirc.du 1 Puy, qui dtait une statue de la Vierge rapportée dÉgypte par sai,,t Louis. Le culte tic la Vierge noire semble dont un souvenir des croisades. - - ET LABBAYE DE SkIN -PIERQE-DE-flLESLE. 59

Pierre et le vicaire de Saint-Martin feraient la céré- monie. Depuis que , sous la Révolution, léglise de Sint-Màrtin a été détruite, un prêtre seulement de la cure de Saint-Pierre préside k la procession qui, tout en perdant de ses austérités et de sa fervent primitives (I), sest perpétuée avec une touchante fidélité. Lacte authentique do ce voeu de 1318 ôtait con- servé au Chartrier (2) de labbaye. Une copie de cette charte subsiste; elle a été trouvée dans les manuscrits de M. Barrès, médecin, décédé en 1806, avec lannota lion suivante Copie de la délibération du corps commun de la ville de Nesle, extrait du Chartrier abbatial de cette ville en 1770, avec le secours -dd Philippe Basset, paysan, de Lugarde (Cantal), amené k Blesle par M. de Chava- gnac pour déchiffrer ses vieux titres, à quoi il excelle par du don propre de la nature plus que par des lu- mières acquises. Peu danciens titres, en effet, lui sont inaccessibles, pourvu quils soient en français ou en langue romane, car le latin pur est hors de sa portée. Mais, si peu quon laide, en lui expliquant ce quil dé- chiffre, il devine tout; cest ainsi quil a traduit la tran- saction célèbre de 1311. » Près dun siècle avant cette fondation pieuse, lag- glomération formée autour du couvent était assez con- sidérable pour foi-mer une ville et obtenir de saint

(1) Aini dons lorigine et rnèmo au emmoneement de ce sii,ele, beaucoup de fidèle jeûnaient et suivaient la procession pieds nus, ce qui test plus usité. (0) Une partie de ce G/tsrlric, a été salivée, et se trouve déposée parmi ks manuserils de la bibliothèque de Clermont. 60 NOTICE IIISTOMQUE Sua BLESLE

Louis une sorte dorganisation municipale. Les lettres paténtes par lesquelles Louis IX, de passage h Brioude, établit une congrégation, sont, pour Blesle, des litres de noblesse municipale. Ces congrégations étaient le privilège des villes, et donnaient aux communautés une vfe civile en leur permettant de tenir des assem- blées sous le nom de Corps commun. Ce diplôme de saint Louis est le plus ancien document propre h la cité blésilienne; qui est souvent mentionnée avec la qua- lité de ville aux XIIi°, XiYe et XVe siècles dans lin- ventaire du daupitind dAuvcrqtie. On y trouve les noms de plusieurs nobles, bourgeois et clercs possé- dant, aux environs, des terres dont ils font la nommée aux barons de Mercœur. En -4317 Blesle possédait deux notaires, les sieurs Jehan Agulbon et Pierre Mi- ciel. Ce dernier, cité dans une transaction de 1317, est certainement celui qui figure dans linstitution de la procession de Laurie comme tabellion, secrétaire de Béraud de Mercœur. Bien que peu populeuse, Blesle était rangée parmi les bonnes tilles, cest-à-dire les villes closes. Autre- fois le pays se divisait en bonnes villes et pays plat; lequel nétait pas représenté aux États provinciaux (I).

(1) Lorsque la division de la province eu deux parties, b0356 et /505(8, fut ton- sommée, ce pli est défi ,iitif à partir du XV siècle, chacune delles est des États distinels, se riunissa,,t b Clermont pour la Basse-Auvergue, le plus souvent b Saint-Flour pour la hutte, parfois h Aurillac et même h Mural. Cependant ilaus les affaires importantes, lorsquil sagissait de voler les subsides s la charge de toute la province, les deux parties se réi,uioçaient es une seule assemblée sié- geasl h clerinoot, capitale de lAuvergne. ihlesle était de la Basse-Auvergne. Limpôt était voté aux États par id deux premiers ordres et les bonnes villes. ET LABBAYE DE SAINT-PIERIIE-ln&-DLESLE. 61

Originairement il ny avait que treize villes ayant entrée aux États, et formant le tiers, qui siégeait à côté du clergé et de la noblesse. Un arrêt du conseil dÉtat du 28 novembre 1558 disposa quil en serait ajouté six aux treize anciennes ; ultérieurement il y en eut même un plus grand nombre, même jusquà vingt-deux; mais leur- convocation ne fut alors que successive. On en choisissait six poui chaque assemblée, ce qui faisait le chiffre dix-neuf. La ville de Blesle figure parmi les vingt- deux agrégées, ce qui valut h ses notables entrée aux États de la protiuce se tenant b Clermont pour la Basse- Auvergne. Durant les guerres de religion, il y eut des États à Billon pour la Ligue, parce que Clermont était royaliste; Blesle envoya ses députésà Bullom. Ainsi se développaient parallèlement trois établissements re- présentant la triple image des puissances sociales du temps labbaye, le château et la bourgeoisie munici- pale. Jl parait que, dans lorigine, le monastère fat sous le double vocable de Saint-Pierre et de Sainte-Natalène. Cest ce qui ressort dun document- précieux conservé dans les Armoires de Baluze. Ce sont les Preuves (I) au-

représentant seules le tiers état, h lexclusion du pays paÉ cest-h-dire des campagnes, bourgs et villages non clos. (i) Ces preuves authentiques dit de Blesle, rédigées en latin par BaIller, se trouvent dans la collection manuscrite intilulie Armoires dc Baiuzc. Elles portent ce titre Aibalia Sancia, Natales r, Larticle commence ainsi Sunclineonieli,cna ore7inie bc,eediaini coenobitne SOuC/a, Nct&/Csa, t! Sondé Petri etc .fllosilié in ipso ojjpieio Jilasiliensi situa, es?. Le a,iot nppidnrn est h remarquer; il montre que Islesle cassait pour taon vil le tortillée Dans tu 5,111-e cassage, calme dit )flasjlite inonasterinn; soucia, Na- rcatrna, dicalum fuit. - -- - 62 WohcE riÏstoItfQuÉ SUR JILESLÉ

• thùtiqud du bôUeui de saMtc-Natdlnc èt dé S4ift- Ptcr4e lesdeux ti[Èes sài dané le texte latin; niais lni de S t-PieiPé, qui prcéda, èst le seul qui ait urVcii; Il est piobàhie que Linvnèatleh dé Sitiifle-Nà- titlèfie Lût adjointe à celte (le SMht-Pierie, b. cause de la dWotiofi parikulièré dôiit dette BidilhScukd était lob- jeL tillis bs hélix, tbéâÏf de cette dùiièuse légende deSaitite-Natalèxic. - Oit raconte 4Ùè, eû tIahnécs après là fondàtion dé iMnnive de itint-Pioire, alois flé lé Nôrmands ik- tgbaient la Praùèi et qïiÀdalard gôùveriiait iÉglise iÏAiI\iiriic (97 p 42), deux &coliefs enlevùiènt k Paiiihis, dans le dômie dé Fois, le corps de saihve Nataliie, briginâfré de cetto elté. Cetté viergé tiûé- tieh;io •&Vali iïn père idolâtre, Possédé dune telle rage fie nitdlr pasdèbiànt huMe dé sàferiinie, qifi téjh lui hvàit donné huit filles, quil Java ses gràhds dieU dé faire noyer la neuvième; ce fut sa petite Natalène. Sa bière, càntristée de Paitêt hàrhàre dé ce père défléufré, méditait sir les inotehs dé auVer son enfant, lôrsqiiuh ïayoh cii forme dè croix apparat trois fais sur sou ieP tenu, eûvcloppaht lé IiI etûie lùïhière èblouissaiite, qui fut diversement expliquée par la mère et les sages-fem- mes: Mais le bruit de sa naissance, se répandant dans la maison, éveilla les fureurs parricides dit tyran, qui com maucla dé jètér lenfant dans lâ rivière avec une pieïie au cou. La servante chargée de la cruelle mission se disposait k lexécuter; loisque Di4u suscita un san- vèur en la perÈonne de saint Martin, lequel côtoyait la rivière au moment oùla pauvrette allait y être pré= cipitée Interpellée par lapôtre des Gaules la thaflÏ ET t2XÎ3bX\?E bE SAINT-IllÉuhÈ:Ù-filLESLE.

brière st ?raè dè on oii tbMaMe et liii hre la triste aventure. Le missiàhiiaire, là îàisant roîigit de piéter les mflin à un pareil forfait, là ersùadè dé lui &h(ièr cette ihitoééiilé, léPiorte et, âprèâ avéif fait toutél ut ôh front ledu du baptèmé, la place dans un éduvént, où bile rit déapides progrèsdans ta vertu et piit le voile. o, àadiùt quuh Joui quelle \isitait cles iïïalàdeg dans fih éhtehui, lé seignétir de hehdroit, un oerîàin Àlyran, p1bhg dan les Iébhfès db paga- nmé, stit de k \iêre chfétienbe aussi disUnguée λir 1é gMèe du Corps ille fÀi la candeM dé lftmé. Mais tousles hioyehse gMddfio oh difiuihiidatiôh dioUèritttonfre ViiIéÔinïpfible chàsleLé dé 1h cofl- gèùsé Natalèhe. Ekàspéri dè ès vàineè (Mmbfthes, -Alrafi passé dé làuibiif ci4minél h là haine sauvage, i, »ônf se véhcf, lui fait ttaiiclier la tété. On dit môme 411e le bàtlihre, la èàisissant de ses niàifis p& les che- veUx, lit sâtiter là tété de Nataléde t) àdb son propre glhiVe. Mais, hS jiSigi à péiné son afig.vilgiLia1 a-t-il imbib1esol,qué, stiF1enlplaéoSnmérnè (2),jaillitunc §ÔÎIf ce deUUvi½e, laquelle ûa cessé de couler depuis, à la gralitié admifatiéli des asistitifls. Dés qUe sondoips, ajouteni les ligiogiaihés, eut tonéhé h teh-e, là sainte martyre, se rédfesgahit stir sés pieds, jiPit sa tête entré sc mains et la transpoità à Pàiniers, ddù quatre siè- 113 plus tàid la CraInte desNbrbiuhd et dØ ldurs pro-

i3 irô serè chu pwIcitia ortiia és), dit le u!oùniei,l Ap. baunze.. (Q) ce point 4e I, ! OEendc indaità penser que le martyre eut lien u Diode mèiaè,sù le coteau sejuleairiôual, où 11dn voit cocote l ronlaine de Sainte-Na- talne. - 64 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE fanations la nt rapporter , pai des mains fidèles à len- drôit de sou glorieux martyre.

De pieux écoliers la portèrent sur leurs épaules jusquen Auvergne. A peine avaient-ils, en arrivant aux portes. de Blesle, déposé sur une. pierre, pour se reposer, le précieux coffret renfermant les reliques de la Sainte, quil devint si pesant quil y eut impossibi- lité de le soulever, lorsquils voulurent le recharger pour continuer, la roule, et quau même instant les cloches (le labbaye se mirent à sonner delles-mêmes, de telle sorte que la population accourant en foule fut émerveillée. On vit dans ces . signes lordre providentiel de laisser en ce lieu ces dépouilles vénérées, qui • furent processionnellement déposées dans léglise abbatiale, OÙ elles furent conservées avec honneur, couvertes dun taffetas fort délié de couleur jaune, qui parait neuf, quoiquil y soit de temps immémorial , dit lhagiographe, le tout fermé dans une châsse dargent sur le grand autel. Daprès cette version, les reliques de sainte Natalène auraient orné la basilique de Saint-Pierre. Lorsquau XIV e siècle on édifia léglise de Saint-Martin (I), elles furent reposées dans le sanc- tuaire du grand apôtre des Gaules, son père nourricier et spirituel, où depuis le corps de sainte Natalène resta, jusquà lépoque de leur commune profanation, en 1789, lobjet dune dévotion particulière consacrée par de

(I) Suivant inc tarianle également rapportée dat,, la Notice de Sacques Bmu- rho su, tes $aùi!s et Saintes tA u,e,gne, le corps de sainte Nataline semblerait avoirélé porté immédiatement dans léglise de Saint-Martin; cequi et impossi- ble, puisque cette église ne fui bâtie que quatre siùctes pitia tard. M

ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 65

nombreux miracles. Lavue de celte châsse avait la propriété darrêter les inondations, déteindre les in- cendies, de faire cesser la grêle, dappeler la pluie en temps dé sécheresse. Des malades ont recouvré la santé auprès de son tombeau ou de la source miracu- leuse qui porte Score son nom et qui jaillit au lieu de son martyre. La fête de sainte Natalène (4) se célèbre à Brioude et à Blesle le 5septembre de chaque année. Une sorte de poésie mystique plane sur cette pro- fonde et mystérieuse vallée. Dun côtécôté le pèlerinage de Laurie, de lautre sainte Natalène avec sa pathé- tique légende. Ici cest. Notre-Dame de la Chaigne 1k se dresse en promontoire sur lAllagnon lantique ermitage de Saint-Victor faisant face à celui de Sainte- Madeleine, et le pont aérien formé par les chapelets réunis des deux ermites ; ailleurs cest la fontaine mi- raculeuse de Saint-Léon. Blesle est bien donc le pays des légendes merveilleuses, selon lexpression de M. de Résie. Ces récits parénétiques amènent à parler de Notre- Dame de la Chaigne, qui vient dêtre citée. Cette chapelle, dont létroit clocher se profile au milieu des arbres du rivage, est lobjet dune dévotion plus ré- cento, attestée par un pèlerinage annuel, dont voici. - lorigine Au bas du faubourg de la ville où se trouvaient les tanneries, dans une petite plaine arrosée parla Voirèze et parfaitement plantée, éLût placé le cimetière des

(I) Lors de la I i-,insiatio,, des reliques de sainte Natatinc b BIeMe, Ermen- garde venait b peine de mourir, car on rapporte ]e fait a lépiscopat dAdalard.

o 66 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

pestiférés. Jadis, sur le portail de ce cimetière, ou voyait une image de Notre-Dame gravée dans la pierre, en façon de niche (1), portant lEnfant-Jésus; à côté étaient un bénitier, un aspersoir attaché à une chaîne, et une petite agrafe de fer contre la muraille pour recevoir - les cierges oerts de tout temps & la Vierge en priant pour les trépassés. Des guérisons miraculeuses augmen- tèrent encore le culte de Notre-Dame de la Chaigne (Pitié). Plusieurs personnes malades, sétant fait port-or devant la sainte image, recouvrèrent la santé. Ces pro- diges qui émuçent le pays et furent vérifiés par Pierre Aubert, curé de Saint-Martinet Jacques Planat, docteur prêtre, portèrent les habitants de BJesle -émerveillés à édifier au oratoire sur cet emplacement. Les offrandes furent si empressées quen peu de temps la chapelle sMeva. Lautel fut dressé à lendroit où se trouvait la porte surmontée de limage miraculeuse et attenante au cimetière des lépreux. La chapelle sétendit en dehors jusquà lespIaiade, théâtre des jeux et liberti- nage de la ville, de faon que Dieu fut honoré en la personne de sa Mère au lieu même où souvent il avait été offensé. Sur, le portail extérieur une niche fut garnie de la statue de la Vierge, qui continua de rece- voir en cet oratoire encore debout lhommage des fidèles, et de leur donner des marques de bonté. Le 2 juillet, jour de la Visitation, est la féle de celte chapelle, où se rend processionnellement la population pour y eriten- dre la messe et faire des offrandes appelées reinaçjes, et consignées sur un registre spécial. Ce gros registre

(1) Notice manuscrite ii0 la Fabrique sur Notre-Dame de la Chaigne. ET LABBAYE DE SAINT-PIEItRE-DE-DLESLE. 67

est curieux, car cest un index de la population do Elesle pendant trois siècles. Il souvre à lannée 1638, date de la fondation de Notre-Dame de la Chaigne; est terni année par année jusquà nos jours, sauf une interrup- tion pendant la Révolution lannée 4789 sy trouve, puis on saute à 1806. Certaines particularités de la Notice sur Notre-Dame de la Chaigne mettent sur la voie pour déteiminer lemplacement de la léproserie, nécessairement con- tiguë au cimetière des lépreux, lequel était placé der- rière le chevet de la chapelle. Cette ma1adrerie (1), qui existait fort anciennement à Elesle, aux alentours de Notre-Dame, à laspect du nord, près du ruisseau, était de fondation royale. Le roi en était nominateur, et son revenu sélevait à 300 livres. - - Un autre établissement charitable fort ancien, encore subsistant, cest lhospice, originairement placé dans cette masure de la rue de la Bonale portant le nom de Vieil-Hdspice, avec une madone sculptée au fronton. En 1622 il fut transféré dans le bâtiment fort délabré quon voit actuellement k langle de la même rue (2). A 1a base de la tourelle, dont la flèche aiguë se dessine dans lair, une porte basse est surmontée de lécusson

(t) Lexistence le cette maladrerie est constatée dans le Dictionnaire du Can- tal, t aTr, p. mi, h larticle de Saint-Flour, mentionnant lei treize analadro- ries de ce diocèse, avec lindication tics nominateurs et des revenus; et parmi celles-ci BleuIe figure. - (2) Cet hospice, fort délabré, ne fonctionne plus depuis une trentaine dannées. Linstitution sest transformée en burau de bienfaisance assez bien doté et rendant de grands services, Le bàtimunt i inoccupé, appartient au bureau de bien- (aisance. - 68 NOTICE HISTORIQUE SUR JSLESLE

des Vendôme, ducs de Mercœur, et du millésime (le 162. Cet hôtel- Dieu, institué par labbesse de Saint- Pierre, dépendait do labbaye; cétait labbesse (I) qui nommait , le vicaire desservant sa chapelle , laquelle était indubitablement Cette chapelle de Sainte -Cathe- rine citée dans le Voeu de Laurie et le Pouillé du dio- cèse de Saint-Flour. Pour achever la revue des ruines de Blesle, il reste à parler de la tour du Massadou dominant h louest la ville, qui; vue de cc point, dessine une croix latine ayant les bras courts. Cette tour ronde, qui servait de dé- fense, est évidemment un débris da vieux mas cité dans linventaire du dauphin e dAuvergne, lequel parle tour-k-tour de la châtellenie possédée par les Mercœur et du mas appartenant à labbesse. Quant à la com- • munication souterraine reliant ce mas fortifié -avec le monastère pour lui procurer une retraite en cas (le pé- ril, cest une tradition admissible, mais que rien ne confirme. Lédifice le plus cul-jeux de Btesle, encore debout dans son intégrité , est léglise abbatiale de Saint- Pierre. Cest tin beau monument darchitecture reli- gieuse, romane dans son ensemble, bien quil y ait mélange de gothique, car plusieurs époques y sont in- scrites; mais le roman fleuri prédomine, et marque les bâtisses primitives parfois détruites et iempIacées par des ouvrages gothiques Le sanctuaire , où Ermen- garde plaça lautel de Sergius III, que nous pensons

(I) Extrait du Chartrier defllesft.

J e

ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 69

avoir retrouvé sous lautel du Rosaire, n disparu de- puis des siècles. Il est même douteùx quil en soit resté des débris h travers les remaniements successifs de cette basilique, dont la date indéterminée ne doit pas remonter au-delà du XI° siècle pour la partie la plus ancienne, (lui est le transept sétendant du portail à lautel du Rosaire orné dun vieux retable et couronné dun cintre où sont finement sculptés les douze signes du zodiaque (t). - • Le- porche ouvrant sur cette travée est de pur ro- man et remarquable par un triple cercle de roses dé- coupées en relief sur la pierre. Lornementation extérieure mérite lâttention. Lintérieur offre aux regards de jolis modillons, de hardis pilastres et des colonnettes sveltes où les artistes anonymes du moyen-âge ont incrusté de capricieuses arabesques. - Labside est dune coupe charmante, la nef gracieuse et les chapiteaux du choeur dune sévère élégance. En face du maitre-autel, se trouve une longue galerie qui servait de choeur aux dames de labbaye; celles-ci pénétraient paf une communication directe de leur • couvent dans cette tribune, fermée alors par une grille, et entendaient les offices sur des stalles maintenant

(t) Entre cotte chapelle et le convent étaient de profonds caveaux servant ire sépulture aux abbesses et chanoinesses, et où lon pénétrait par une porte murée aujourdhui, et dehl la trace se distingue s côté du petitportail donnant sot le couvent. Les dalles de léglise recouvrent aussi des torchis. Saint-Pierre possSait aussi de hélIce orgues, la double croix de saint Pierre, patron de Labbaye, dont elle composait les armoiries on la retrouve encore à la balustrade de la communion. 70 NOTICE. HISTORIQUE SUR BLESI,E

transportées dans le choeur. Cet antique monument, dont la construction, interrompue ou plutôt renouvelée depuis le XP jusquau XV0 siècle, porte lempreinte do divers styles,: est demeuré incomplet. La dernière ab- besse se proposait de lachever, Bien que ses plans naient pu aboutir, en létat, ce temple chrétien attire ladmiration des étrangers et mériterait les muniri- cences du gouvernement. De léglise paroissiale de Saint-Marlin ne subsistent dautres vestiges que sou clocher servant encore h cet usage, car Saint-Pierre navait pas dé campanile. Bàlie OEU x J ve siècle, très-postérieurement h Saint-Pierre, elle était de genre gothique. Labbesse Marguerite de Lorlanges en posa la pre- mière pierre vers 1325. Une des suivantes, Mauritia Diphine, affirma les prérogatives du monastère tou- chant cette église, . dans un règlement passé avec le curé de Saint-Pierre, en présence de Pierre (le Chava- gnac, chevalier, le 23 décembre 1353. Cette conven- tion régla les dispositions qui depuis ont constitué ré- Lat ecclésiastique de Blesle jusquh la Révolution. La situation respective des deux cures, dont labbesse était également nominatrice, présente certaines singulari- tés. Ainsi léglise de Saint-Pierre navait pour terri- toire que lenclos de labbaye, et pour paroissiens que les gentilshommes de la localité; le personnel du cou- vent et de lhospice, et les officiers des deux jaslitcs ec- clésiastique et laïque, eu quelque endroit quils iés- dasient; si ces officiers perdaient leurs- fonctions, ils pasaient dans la paroisse Saint-Martin, qui était Cêfle c1e rotnriêùs. thacme dès deux églises avait aul,oui ET LABRAYE DE SA1NTPtEl4nEDEDLESLE. 74

delle son cimetière pour ses paroissiens. Il ne se fai- sait point de baptême à Saint-Pierre, et les enfants nés sur cette paroisse restreinte ôtaient présentés aux fonts baptismaux de Saint-Martin, paroisse communale. An curé de Saint-Pierre appartenait lenlèvement des corps des paroissiens privilégiés de Saint-Martin, à qui leurs charges conféraient la prérogative des funérailles dans la basilique abbatiale; mais, dans ce cas; le icuré de Saint-Martin percevait les droits. Ait de Saint- Pierre revenaient la préséance, le titre darchiprêtre inhérent à la cure, et la jouissance di, prieuré. Leservice de cette église comprenait, entre le curé, neuf hebdomadiers, dont le nombre répondait an chif- fre des chapelles indiquées dans le Pouilic de Saint- Flour, un sacristain prêtre chargé du soin des orne- ments, et un cloitrier, tous rétribués par labbesse, sans compter lorganiste, qui était une femme attachée nu couvent et prébendée comme une chanoinesse, bien quinférieure en rang. Léglise de Saint-Martin était desservie par le curé, qui était le recteur de la ville, et par un vicaire, également nommés par labbesse, de même que le vicaire desservant la chapelle de lhos- pice (1).. Un: mémoire de la dernière abbesse M°° de - Saint-Poney (8 mai 4776) fait connaître que labbesse était décimatrice pour un quart seulement de la dîme de Saint-Maïtin, dont les trois autres quarts revenaient an curé et au vicaire de cette église. Quant au clergé

(I) La plupart do ces détails sont puisés unis, lextrait du chartrier, 011 das- tres p Ilres de ].a de In deTnire abbesse. 12 NOTICE HISTORIQUE SUR PLESLE de Saint-Pierre, il était entièrement Èubventionné par labbaye. Mise sur la pente du déclin par les guerres religieu- ses, labbaye royale de Blesle marcha rapidement vers la décadence. Au point de vue temporel, les ducs de Mercœur firent tourner leur tutelle au détriment du couvent, (lui leur concéda beaucoup et auquel ces puis- sants voisins aspiraient h prendre le reste. Le temps né- tait plus où le duc de Bourbon rendait hommage aux abbesses de Blesle. Une série do tribulations diminua leur importance et plia leur fierté. Sous le rapport spi- rituel, elles ne furent pas plus favovisées; car les exi- gences de lordinaire furent un autre motif damoin- drissement; et une grande révolution sopéra dans leur institution sous le règne de Louis XIII. invoquant le privilège dobédience immédiate envers 1a cour de Rome, elles résistèrent aux prétentions des évéques de Saint-Flour, qui voulaient soumettre h leur juri- diction un monastère établi dans leur diocèse, et longtemps indépendant. Mais le mouvement de cen- tralisation inauguré par le Concordat tendait h vaincre sa résistance. La lutte devint plus vive sous lépiscopat de Charles de Noailles (t), contre qui Louise de Préeor et Suzanne de Villeneuve soutinrent un long procès ( e); ces abbes- ses De parvinrent à éviter sa juridiction uau moyen dun loud sacrifice; car, pour se faire accorder cet ar-

(1) Évêque de Saint-Flour d jojo laJO. (2) Extrait du Chr,rficr précité. ET LABBAYE DE SAINT-PIEltItE-DE-PLESLE. 73

rAt dexemption, biles neurent dautre expédient quo de sagréger à lordre de Cluny et de se dépouiller ainsi de leur indépendance (4). Cet acte, dont linitiative appar- tient à. Louise de Précor de Montjournai, fut suivi et consommé par Suzanne de Villeneuve de Berlière. Le contrat, effectué en 4633, mais précédé des préliminai- res cld 1628, fut confirmé par arrêt du grand Conseil 435 obtenu en par Suzanne de Berlièie. Pour conser- ver sa prérogative dexemption et se dérober h lOrdi- naire, le monastère de Saint-Pierre nabdiquait rien moins que son privilége dobédience immédiate, préfé- rant au joug des évêques la sujétion à une corporation plus éloignée et plus puissante, capable de la protéger coniro lautorité diocésaine. Nul doute que cette incor- poration à Cluny ne fût un signe de décadence. Désor- mais labbaye de Saint-Pierre, primitivement suzeraine et immédiate, reconnaît, en même temps quun suzerain laïque dans le duc de Mercœur, un supérieur ecclé- siastique dans labbé de Cluny. Dautres incidents vinrent successivement ajouter à son amoindrissement. Divers édits, entre autres, celui de 4768, qui augmentait les portions congrues (2), rédui-

(1) Labbaye de Bleuie relevait de la jurdiction des Exempts. (2) On appelait portion congrue lit payée à lin desservant pour adnni inistrer "ne cure, dont la dime revenait au bénéficiaire. Il y avait, sous la dépendance du couvera (le Bleuie, nombre de desservanlu comme n Le yvaux, par exemple, qui vivaient n portion congrue, tandis que la duale dtit perçue par labbesse, qui 5e trouvait aiominaLrice h beaucoup de cures, comme on la vu, et décimatrieo dans plosieum. Lei desservants dAutrar,, Saine-Étienne, Leyvaux, coren, la dia- 1ielle-Allagnon, le vicaire dit Clia ylat étaient b portion congrue, et la totalité de ces partions congrues raisait, en 1776, la somme de 9,91 livres, cette indication résulte du mémoire rédigé partabbve Louise de Saint-Pone y , le 8mai 3776. 74 NOTICE HISTORIQUE SUR BLEShE sirent ses revenus. Cette situation fut considérable- ment aggravée par la déplorable et malheureusement très-longue administration. dc Claire de Pons, qui gou- verna trenire-quatre ans (1742-1776) le cou yent.cic Saint- Pierre-ea quelque sorte de son lit, où la retenaient des infirmités continUelIes Affaibli par ses maux, la com- tesse de Poux laissa tout ptricliter, abandonnant -la ges- tion k des domestiques négligents et parfois infidùles; de 1k confusion, anarchie,. dilapidations. Aussi, lorsque Louise-Claudine de Molen de Saint- Poney lui succéda en janvier 1776, elle trouva labbaye dans un état pitoyable, quecoustatent minutieusement ses mémoires à lAssemblée du Clergé et sa correspon- dance avec labbé de Cluny, les évêques de Saint-Flour et de Clermont, et autres. Des hommes -de lart vérifiè- rent le mauvais entretien des batiments, et trouvèrent la maison abbatiale délabrée, les toits effondrés, les murs denceinte dégradés, léglise dépourvue dornements et de vases sacrés, la fontaine tarie faute dentretenir les canaux, la pélière du moulin emportée, les vignes né- gligées, les noyers coupés. On peut juger de cet appau- vrissement pal ce fragment de lettre où labbesse dit « Le voyagé de Paris entrepris (par elle) pour préparer lavantage de sa maison ta jette encore dans.un surcroit de gêne. Mais ce qui va mettre le comble à son embarras, cest que Mgr.de Saint-Flour se propose de faire inces- samment la visite clé son diocèse. Cet événSeùt seul est capable dabimér le couvent » Ladministration de la dernière abbesse, qui tranche ur celle de Sa devancière, fut uarne pat dès actes très-considérables, c!-près exposés, tels que lacqulsl- ET LABBAYE DE SÂIN9-PIEflIkE-DE-RLESLE. 75 lion du prieuré de Sauxillanges, de la collégiale de Saini- Louis dAigu.eperse, la sécularisation, et aussi par (les travaux importants entrepris dans les bâtiments et pro- priétés de labbaye. Elle effectua de grandes réparations constatées par les devis, plans, notes et mémoires lais- sés dans sa cassette (1). Le soin de drèsser le projet fut confié h M. Attiret de Manneville, inspecteur général du comte dArtois (2), qui, selon lhabitude des hommes de lart, lenfla un peu et le porta à 68,450 livres, 12 sous, 5 deniers. Louise de Saint-Poney, le trouvant exagéré, se proposa de le réduire; elle y parvint par lentremise dun entrepreneur de Langeac, nommé Coutaiel, lequel établit un second devis en date du 5 avril 4779, avec plans, coupes et dessins, et se chargea de lentreprise moyennant le pris de 31,004 livres. Pour subvenir à cette grosse dépense • labbesse sut se faire allouer par la commission du Clergé prési- déc par le cardinal de Luynes (4784-4785) () un sub- side de 10,000 écus, soit 30,000 francs; payables en dix annuités. Ces réparations détaillées dans plusieurs états descriptifs avaient surtout pour objet de reconstruire la - maison abbatiale et- de - restaurer léglise Saint-Pierre. - La Révolution a empêché leur complète exécution. A peine a-t-on pu rebâtir quelques parties du logis de

(i) Cdtte cassette, contenant des pièces inÉêressante sur rabbayé, péovical de ].a abbesse, 11-é désaiet-toiiôt-,et se trouu-een nôtre possession. - (2)Précisément le comte dArtois avait alors dans son :Ipaioage le ducliû tic Mercoeur, qui fit retour à la couronne- cette nouée même; car le devis de te. AI-- irtt (le M onneville est daté du I" avril 1778. (3) Use note do la cassette nonne que, mênoe dès 177G, laloh, do Ctci oy avait ohlcuu quelques premiers secours pour labbaye de fllesl e. 76 NOTICE JIISTORIQÔE SUR BLE5LE labbesse et ébaucher certaines restaurations h léglise. Les devis et plans donnent une bonie idée de la con- ception, et loeuvre achevée eût produit le meilleur efTet Toutefois, si les grands travaux furent malencontreu- sement interrompus, quelques réparations utiles eurent lieu dans léglise et labbaye qui, sous ladministration nouvelle; acquirent, à défaut de splendeur, nué appa- rence décente. La fontaine en pierre, qui jaillissait au milieu de la place du couvent, fut réparée ainsi que quel- ques salles de labbaye. Le pouillé et les terriers furent relevés avec exactitude, et nombre de documeùts dé- montrent le soin qui était apporté à la gestion tempo- relle du monastère, en même temps que son lustre re- paraissait, que ses revenus augmentaient, et que la noblesse dAuvergne témoignait de son empressement à faire admettre ses filles dans le couvent restauré. Mais, avant darriver h ce résultat, il avait fallu tra- verser des pliasps pénibles, et souvent adresser des sup- pliques à la commission spéciale pour le soulagement des communautés et à son président, le cardinal de Luy- nes (I), qui accordèrent une subvention provisoire de 1,000 livrespertée, en 1780, surlesinstances de labbesse, à 2,000 francs, ce qui lui avait permis de subsisterjus- quà la réunion du prieuré de Sauxillanges. Dans ces derniers temps, labbaye de Saint-Pierre.. avait tellement décliné, que de vingt-quatre chanoi- ftesses dont elle était composée lors de lagrégation à

(I) Les portions congrues ayant été augmentées de nouveau en 1781, labbesse demanda que le secours Ht accru dans la même proportion, soit 1,506 livres, ce qui lui tut accordé.

U ET LABBAYE DE SAINT-PIEBItE-DE-BLESLE. 77

Cluny (1), elle était tombée à dix-huit, qui ne tou- chaient chacune de leur prébende quo 250 livres, et que, tous frais déduits, la manse abbatiale ne rappor- tait plus à la titulaire que 100 pistoles (1,000 francs). au lieu des 3,000 livres faisant son revenu ordinaire. Pour obvier à cette pénurie, labbesse présenta un mémoire lit Luis xvi:, dans lequel elle expose les besoins,de cette maison conventuelle, la plus ancienne et la plus nombreuse de la province, quoique mainte- nant la plus pauvre, » ajoutant que celle-ci est essen- tielle â conserver à cause de ses services; quelle se re - commande tant par sa composition que par sa situation dans une petite ville offrant des ressources dont .sont dénués les couvents isolés; enfin que la noblesse du pays en désire beaucoup le maintien comme étant la- sile des filles de qualité. Elle termine en disant que le meilleur expédient pour assurer lexistence de cette utile institution serait daugmenter ses revenus par lannexion de la manse prieurale de Sauxillanges, et que le cardinal de La Rochefoucauld, collateur de ce. bénéfice en sa qualité dabbé de tluny, informé de la détresse de fllesle, est tout disposé à y remédier par cette combinaison, sur laquelle elle lavait pressenti, ainsi que les évêques (le Saint-Flour et de Clermont;

(1) Ce nombre avait été pond h traite par nue convention passée en 1070 entre Suzanne 11 de La linque et fleuri de Jeux çou Poux), prieur de sau rillanges, vicaire général de Cluny en la province dAuvdgne. Dans ce règlement, ladite abbesse sengage, cri retour de la quantité de grains or de vin quelle avait cou- tume de livrer h ses religieuses, b leur abandonnercertains droits et h loire payer

In 50111mo de 500 francs pour leur vin. cette transaction mit la ],six dans le eu"- sent. 78 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Leurs Grandeurs applaudissaient à cette mesure prépa- L:ée clés 1778, comme le prouve la lettre suivante de Mgr de Bonal, évêque de Clermont (4), en date du 9 février 4778

« Jai senti, Madame, tout lavantage qui devait résul- ter pour la noblesse dAuvergne, à laquelle je dois spé- cialement mintéresser, de la réunion du prieuré de Sauxillanges à votre abbaye, et jai cru lui devoir le sa- crifice que je fais pour mon diocèse; je suis flatté de contribuer par là au rétablissement dune maison aussi respectable quest la vôtre, et de faire quelque chose qui vous soit personnellement agréable. « Je mestimerai heureux si, dans dautres rencontres, je puis-vous marquer toute létendue du respect avec lequel jai lhonneur dêtre, Madame, votre très-hum- ble et très-obéissant serviteur. « A Clermont-Ferrand, le 9 février 1778.

«.t Fu.trçois, évêque de Clermont.

« A Madame de Saint-Poncy, abbesse de Blesle, par Brioude. »

Un peu plus tard Mme de Saint-Poncy se rendit à Paris pour préparer cette transaction et surveiller les intérêts de sa maison. Le roi accueillit favorablement la pétition, et, par brevet du 24 août 4782, autorisa t

(1) Lintervention do lévêque de Clermont était nécessaire, parce quo sauxil: é Juges tait 00 SOU diocèses ET LABBAYE DE SAINT-PIEÎkflEi)E-BLESLE. 79

procéder, selon les formes canoniques, « à la suppression dit • de la manse prieurale et du tiers lot de Sau- xillanges et à la réunion do tous leurs droits, revenus, • fruits et biens à la manse conventuelle , (lu dit prièuré, à la charge par les relig:ieux de payer à labbaye de Blesle, h perpétuité, savoir la somme de 6,000 li- 4r juillet de chaque année, et do vres en argent, au an 500 septiers de blé seigle, 1 1, janvier; • en outre, dacquitter toutes les ehares dûs dits biens de la manse prieurale et du tiers lot du prieuré. » Alors commença une instruction fort compliquée, et dont les volumineux détails (4) éclairent lorganisation de ces ordres monastiques. Voici, en résumé, la marche de cette affaire Le prieur claustral de Sauxillanges présenta requête à lévêque de Clermont, qui commit, pour procèdet à une enquête sur ce sujet, le chanoine Morin, cluùilie de la collégiale de Saint-Genès, avec lassistance du prêtre Bonarme, bachelier en Sorbonne, chanoine de la collégiale du Port, lequel fut nommé promoteur ad hoc. Pareille requête fui présentée à lévêque de Saint-Fleur, qui donna licence aux commissaires sus- nommés de poursuivre la procédure. Avis fut donné au cardinal de Rohan (2), grand-aumônier de France, en sa qualité de prieur coin inndataire de Sauxillanges.

(I) La cassette de M de saint-Poney renferme beaucoup de pièces relatives, cette atiaire, dont lions ne donnons quun es Irai L succinct. Elle contient aussi de nombreux documents sur leu autres actes de son admi- nistration, particulièrement sur la sécularisation.. u) Cétait le fameux prince Louis sic Ruban, cardinal, évèque de strasbotrg et grand-aumônier de France, qui fut compromis doits laffaire dit collier et exilé k 80 NOTICE HISTORIQUE SUR IILESLE

Ce cardinal donna sa procuration à dom Sicard et à labbé Souleyre pour le représenter dans cette in- - stance, k laquelle il voulut bien prêter les mains. Une double enquête de commodo tel ineomnw- (10 (4) eut lieu dabord k Sauxillanges, puis à Blesle. Le sieur Jean Prieur, avocat au parlement, btilli des darnes de Blesle, fut constitué leur procureut fondé par acte passé devant maître Aifeuille, notaire royal à Blesle, et les représenta dans lopération de Satixillan- ges. Ensuite labbé florin, commissaire enquêteur, le promoteur Bonarme, dom Bouvier, procureur-syndic de Sauxillanges, se rendirent à Blesle, et élurent domi- cile dans la maison de Jean-Baptiste Laporte, auher- gisie, où, le 47 juillet 1784, ils procédèrent à len- quête et reçurent les dépositions des personnes assignées à celte fin par Jean Voilquin, huissier à Blesle. Après avoir successivement entendu Jean-Baptiste Dulac curé de Saint-Pierre; Jean Bonfils, curé de Saint-Mar- tin; Gabriel Frelupt, desservant de la Chapelle-Alla- gnon; Noiil Gaspard, vicaire de Saint-Martin; Jean Prieur, avocat (bailli de labbesse); Étienne Roux, bailli du marquis de Chavagnac; Gabriel Segret-Lompré,

la Chaise-Dieu, dont il était abbé commendataire. il correspondit sur celte négo- ciation avec Mm. tic Saint-Poney. - (I) cette enquête lut précédée (lun inventaire des biens et charges de labbaye, dressé par M. MUret de Manncville, ingénieur de la yille de Riom, qui procéda h tille expertise conheadieloiro avec u" autre ingénieur, le sieur Legay, choisi par le prieuré de sanxillanges, tandis que Manueillle était lexpert de labbaye de Jilesle. - Des affiches annonçant renquélc furent apposées ii la grande porte de labbaye, ii celles de église conventuelle de Saint-Pierre et de Léglise paroissiale de Saint- Martin.

ET LABBAYE DE SAINT-PIEIIIIE-DE-BLESLE. SI -

maUre en chirurgie; Joseph Segret, marchand apothi- caire; Pierre de Chamberty, capitaine de cavalerie et Joseph de Mourgues, baron de Lafarge, procès-verbal futfidigé de leurs déclarations. Le lendemain, 19; ils reçurent, au parloir extérieur de labbaye, un état - - dressé sur timbre par labbesse , accusant, pour la manse abbatiale, un revenu évalué, déduction faite des charges, k 1,&33 livres et un second état, présenté éga- ,lement sur timbre par les chanoinesses, et constatant, pour la manse du couvent, un revenu net, de 5,909 li- vres,. 8 sous, 6 deniers.. Le procès-verbal de visite, opérée par le commissaire, établit quil ny a pas de lieux claustraux ni même de clôture, que les dames re- ligieuses habitent dans de petites maisons groupées autour de lhôtel abbatial, « car elles vivent séparé- ment, ainsi quon le pratiquait depuis plusieurs an- nées. » Lenquête, commencée le 47juillet,- fut clôturée le 91, et le commissaire Morin expédia son lapport le 94 août. Enfin, conformément aux conclusions du promoteur Bonarme, Mgr de Bonal, évêque de Clermont, rendit, le 9septemhre 4784, le décret portant suppression et in- corporation de la manse prieurale de Sauxillanges aux conditions ci-dessus mentionnées dans le brevet royal de 4782, en faveur de labbaye de Blesle, qui touche- rait annuellement 6,000 livres le 1 er juillet et 600 sep- tiers de blé seiglé le 1er janvier; un grenier spécial, â Sauxillanges, fut attribué au couvent de Blesle pour le service de sa renie. Réserve toutefois était énoncée que le cardinal de Rohan, prieur commendateur de SauxiLlanges, pourrait résigner ce bénéfice quand et

6 M

8e NOTICE IIISTORIQIJE Suit ULESLE

û. qui bon lui sembierâit, en sorte que lektiiiction de son titre et lannexion de ses revenus et droits ne pus- sent avoir lieu quaprès sa vie prieurale et celle de son résignataire, conformément à sa procuration du 10 mai 1783. 11 fut, on outre, stipulé que, pour indemniser Fabbâye et labbé de Cluny de la perte de la 1collation du dit prieuré supprimé, Mgr le cardinal de La Roche- foucauld et ses successeurs auraient la nomination de tons les bénéfices simples dépendant de ce prieuré, et la pleine collation des cures relevant de Saint-Pierre et Saint-iaul de Sauxillange. Ii fut encore statué quaussitôt que labbesse et les religieuses de Blesle eu- treront en jouissance de la réfusiôn qui doit leur être faite sur les biens et revenus du prieuré de Sauxillanges, le cardinal de La Rochefoucauld (t), en sa qualité dabbé de Cluny, et ses successeurs, auraient droit à perpétuité de nommer à quatre des vingt-quatre prébendes qui doivent exister dans cette abbaye; que ces chanoines- ses ne pourraient être choisies que dans la noblesse dAuvergne, ét seraient reçues gratuitement pour en- trer en noviciat et y faire profession, sous la réserve des preuves ordinaires, en sorte quil y ait toujours quatre filles novices ou professes à la nomination de labbé de Cluny (2).

(t) Le cardinal do La lloclietoneauld, ntiié de Cluny, émit el,ùuo do Rouen - Il avait pour vicairegénéml de Clan y labbé de floebebrune, nïtit de Saint-Flour, qui ,rit une part active I, t, négociation, comme le témoignent ses nombreuses lettres t, labbesse de Bléste, laquelle entretint aussi une correspondance suivie avec Mgr deBoutevillo et Mgr oie Rutb, successivement évêquês de Sniut-Flour. (2) Le cardinal-abbé de Cluny tÉ us,ge tic ce droit en nommant successi- vemeit MmIoieitte te chavaguae, Sozan,ie-t.ouise de Laval-sarrazin , Ma- n

ET LADIIÂYE DE SAINT-IIEIIIE-DE-BLEsLE. 83

Cc décret épiscopal fut suivi: 1Odpne.ordoùnanco approbative du roi, de mars 1185; 2° dun arrêt du parlement, du 31 janvier 1786, ordonnant me infor- mation; 3 0 dune supplique adressée k M. le sénéefial dAuvergne, par les moines de Sauxillanges et les re- ligieuses de Blesle, des 29 avril et 4 mai 1786; 4° do la délibération des religieux de Sauxillanges, du 4mai 1786; 5° de la délibération des habitants de la ville de l3lesle, du 6mai 1786; 60 de ladhésion du car- dinal de La Rôchefoucauld; 7o du consentement du car- dinal de Rohan; 8° 4e la déclaration de lévêque de Clermont, consentant à lenregistrement; 9° de lavis des supérieurs de lordre de Cluny, du 34 août 1786; 400 de létat des biens et revenus du prieuré de Sait- xillanges, en date du 22 juin 1786; 11 de létat des biens et revenus de labbaye de Blesle, dressé le 20 juin 4786. Enfin fut inauguré, par suite de larrêt du parlement du 34 janvier 4186, létat définitif de labbaye royale de Blesle (I) avant la fameuse mesure de la séculari- sation, qui suivit de près, et marque la dernière trans-

rie-Madeleine de Calotine, Claudine ute Trémout. Par brevet du 12 mars 1787, signé par Soi, Excellence le cardinal do La Rochefoucauld et par labbé do Iloelielirune, vicaire-général de lordre do Cluny, ces dames passèrent de pos- tulantes an titre de religieuses de choeur, cc qui se marquait par la collation du voile Mac, qui les admettait au noviciat.. (1) Pépiais le Concordat, Bleslo était une abbaye royale. Une lettre écrite do Compiègne parle roi, en date du 29 août, déclarait que Sa Majesté laissait à toits les monastères royaux loption entre la réception dune demoiselle de saint- Cyr en régale cest-ii-dire admise gratuitement, ou labonnement dune reile- asses annuelle payable h la maison de Saint-Cyr. Ducale admit tour-è-tour des demoiselles de Saint-Cyr, ou se redirait par la prestation en argent. u

84 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

formatidn de lantique monastère fondé SOUS la dynas- tic mirlovingienne. Létat intronisé par cette annexion fut bien 6pli& mèrej puisque dès lannée 1188 on vit poindre ontpro- jet.de sécularisation. Cette conception malencontreuse était loeuvre dun abbé (le beaucoup desprit et de manège, M. de Limon, contrôleur général des finances du duc dOrléans, et chargé de la feuille de ses béné- fices. Dans un voyage fait en Auvergne, le brillant abbé lavait insinuée à labbesse de Blesle, en lengageant h se mettre sous la protection de Son Altesse. Cet ici- (lent de limmixtion du duc Philippe-Ega té est un fait singulier, un signe du temps. Cest la Révolution qui savance, se marque par les entreprises dun prince anarchiste, et lempressement assez imprudent dune communauté h entrer dans la vie séculière. Lintervention (lu duc dOrléans, héritier des dan- phins dAuvergne, sexplique par sa position territo- riale en Auvergne, où il possédait le duché de Mont- pensier, dont dépendaient plusieurs terres des environs dc Blesic, entre autres Léotoing (1), dont il était sei- gneur. Après le retour à la couronne du duché de Mercoeur en 1778, Philippe dOrléans affecta de se poi- ter comme le représentant naturel de cette maison de Mcrcoeur, où il comptait des ancét.res, et chercha à étendre son patronage en Auvergne, et particulière- ment à continuer la tradition des Mercoeur par rap- port à labbaye de Blesle, dont il aspirait à se consti-

(I) Liotoiug et rorsiac avaient Lé éclipsés dii daupIiini et rattachés au baiIIiae du duché de M000peusier lors ile sa formation, on 1588. M

ET LAflhl&YE DE SAINT-PlEtiltE-DE-BLESLE. 85

tuer le bienfaiteur; il y fut très-aidé par son intendant Geoffroy de Limon (4), qui Iencomageait fort à placer sous sa tutelle un monastère de cette importance, qui lui prpcurerait de linfluence auprès de la noblesse du pays. En mémo temps lastucieux abbé sut persuader aux dames de Illosle quil était ofpbrtun pour elles da- voir pour patron un prince du sang, de passer de la • vie régulière à la vie séculière, et d !abandonner lé- troite observance de saint Benoit pour former un cha- pitre et insigne collégiale de chanoinesses nobles et sé- culières; Les mémoires rédigés par M. de Limon à ce sujet, sa correspondance aec labbesse de. Elesle, le cardinal de La Rochefoucauld, les évêques de Saint- Flour et de Clermont jettent de vives lumières sur cet événement. Ce système de sécularisation, adopté de- puis longtemps par les chanoines-comtes de Brioude, était un symptôme de la décadence religieuse et du re- lâchement des moeurs monastiques, un prodrome de la Révolution qui grondait déjà. Un couvent féminin dAu- vergne; celui de Laveine, en avait récemment donné lexemple; et avec son habileté émérite Limon exploita ce précédent pour entiainer les nonnes de Blesle. Il faisait principalement valoir les considérations suivan- tes quil devenait chaque jour plus difficile de recru- ter des filles de qualité disposées à sengager par des

(I) Geoffroy de Limon, prieur de saint-Bericit, étaitunecelésiastique délié dhabitudes niondaines, fort rompu h lintrigue. Ilioua un rôle fort actit dans les négociations de lémigialion, où il avait suivi les princes. Le marquis dEspin- citai, dans ses Mémoires inédits, qui sont à la bibliotliLque de Clermont, ra- conte quon attribuait à labbé de Limon la rédaction du fameux manifeste de BrunsWit, eu 1792. 86 .. NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE voeux perpétuels, alors quil existait ailleurs des chapi- tres séculiers; quil était malaisé de suivie les règles de létroite observance dans ce couvent, soit parce que lusage sétait depuis longtemps introduit que chaque religieuse, en. dépit de la règle de saint Benoit, avait sa maison séparée, soit parce que les revenus du mo- nastère se scindaient en deux parts, lune pour les usa- ges, offices, besoins de la communauté lautre it parta- loger entre labbesse et les religieuses. Par suite de ces dérogations successives, la maison de Blesle ne dif- férait plus essentiellement dun chapitre séculier. Puis- que ce couvent sécartait de la discipline primitive, et se rapprochait en fait des établissements séculiers nou- vellement mis en vogue, mieux valait, pour prévenir sa ruine, le transformer franchement en le sécularisant. Tels étaient les arguments déduits avec artifice par labbé de Limon, qui noubliait aucun moyeu de sé- duction, insistant sur les avantages matériels qui en découleraient pour labbaye; car, en se plaçant sous la protection du duc dOrléans, Son Altesse prenait lt sa charge toutes les démarches ainsi que les frais de la né- gociation. De plus elle récompenserait la bonne vo- lonté des dames de Blesle en réunissant à leur. institu- tion les biens du chapitre de Saint-Louis, autrement dit de la Sainte-Chapelle dAiguepese (I), et en leur pro- mettant ceux de la maison du Chambon. - Gagnée à ce dessein pendant un voyage de M. de Li- mon, qui, venu à Léothoing pour affaires, visita Blesle, la comtesse de Saint-Poney, abbesse, y prêta les mains. -

(i) Aigueperse était le cher-lieu lu duché de Montpensier. ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 87

Tout le couvent sengoua du projet et de son auteur;, en conséquence, le chapitre sassembla et, par acte ca- pitulaiie du 8 août 1788, adopta les proposil.ions de lémissaire de Son Altesse Sérénissime. Ce fut un tort assurément, mais atténué par le courant de lépoque et de limitation; la plus grande faute incombe aux mo- nastères qui avaient donné lexemple, comme Laveine. liiesle ne fit que suivre limpulsion et, en tombant dans le piége, ne soupçonna pas le signe précurseur dune ré- volution qui allait causer sa perte. Le duc dOrléans, qui aspirait à se créer une clien- tèle; poussa vivement linstruction de laffaire et obtint lapprobation du roi Louis XVI, qui accueillit favora- blement la demande de sécularisation, la regardant -- comme avantageuse pour une institution dont il appré- ciait les services. Lévêque de Sâint-Flour et labbé de Cluny entrèrent dans les mêmes vues. La négociation, menée avec une grande célérité, aboutit à la cour dede Rome; car au Pape seul appartenait de prononcer la sécularisation, ce que fit Pie VI par une bulle donnée à Saint-Pierre de Rome le 16 mai 4789. Cette bulle, dont nous ne donnons quune analyse succincte, porte en substance que les dames de Blesle sont relevées de leurs voeux perpétuels et obligations dobservance im- posées par la règle bénédictine ; que désormais elles ont le droit dacquérir, tester, disposer de leurs biens; que la communauté, supprimée comme monastère, est érigée en église séculière et noble collégiale de cha- noinesses séculières ; que ce chapitre noble gardera le même nom de Saint-Pierre faisant partie du diocèse de - Saint-Flour, immédiatement soumis à la juridiction de 88 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Cluny, avec tous les signes, honneurs, priviléges, pré- rogatives, concessions et faveurs acquis aux autres cha- pitres semblables. La bulle établissait, comme dignité principâle, une charge dabbesse, étant supérieure du chapitre et por- tant la crosse, plus vingt canonicas et autant de pré- bendes assignées à chaque canonicat, en outre vingt places de chanoinesses coadjutrices (ou nièces), chaque chanoinesse titulaire (levant avoir auprès delle une coadjutrice appelée à succéder à soitcanonicat; enfin il devait y avoir des chanoinesses honoraires, ayant droit de figurer dans le chapitre. Les abbesses et cha- noinesses seraient exemptes de tous voeux, mémo de chasteté, cest-à-dire quelles pourront résigner leurs cnonicaIs pour rentrer dans le monde et se marier. Un indult conférait h labbesse, qui conservait le droit de porter la crosse et son titre de comtesse, ainsi quaux chanoinesses, la prérogative davoir une croix dor émaillée, à huit pointes, ornée de quatre fleurs de lis et surmontée dune couronne comtale, présentant (lun côté limage de la Sainte Vierge avec cette légende Chanoinesses et comtesses de Bics le et, de lautre, cet exergue Virtutis et nobilitatis spes, laquelle croix, attachée par une agrafe dor, était suspendue à un large ruban bleu, torsé de ronge et liséré de blanc (1), qui était mis en sautoir de droite h gauche. La bulle proclamait lunion au nouveau chapitre des biens (le lancien monastère, sauf h eu supporter aussi

() vain Iapparitirn des couleurs tricolores. On sent ].a duc dOr- léans! - ET LABBAYE DE SÀINT-PIEBRE-DE-DLESLE. 89

les charges. Les propriétés du chapitre ne composaient plus quune séulc manse, dont les fruits étaient répartis entre labbesse et les chanoinesses, « comme auparavant et selon lusage de la maison et son pins grand bien temporel. »Pour ladministration temporelle, le chapi- tre était autorisé it faire , en assemblée capitulaire présidée par labbesse, des statuts, sous la réserve de lexamen et de lapprobation de labbé de CIun. Lés mêmes preuves de noblesse pour ladmission, cest-à- dire quatre générations, étaient maintenues. Le droit de nommer labbesse était réservé au roi (4), et la no- niinatiôn à tous les canonicats de chanoinesses titulai- res, coadjutrices ou honoraires dévolu au duc dOrléans et successeurs. Ces canonicats et prébendes rossaient dêtre des bénéfices ecclésiastiques pour devenir des biens viagers révocables pour des cas majeurs seule- ment, non susceptibles de permutation ru de résigna- tion. La bulle conférait k labbesse actuelle, Louise de l\Iolen de Saiut•Poncy, la dignité abbatiale du nouveau chàpitrc, de même quelle attribuait les vingt prében- les et canonicats aux vingt religieuses sécularisées. Pout assurer lexécution de cette sécularisation, Sa Sain- teté élisait pour son commissaire apostolique labbé de Limon, avec pouvoir de subdéléguer ses fonctions à tel promoteur quil jugerait k propos, parmi les person- nes constituées en dignité ecclésiastique. La bulle dé- claie formellement que ce changement de régulières en séculières ne peut apporter aucun préjudice aux privilèges, induits, exemptions, immunités, faveurs,

(I) car labbaye restait maison royale. 90 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

prtrogatives, actions quelconques, droits spirituels, temporels et mixtes, fruits, décimes et revenus, ni à aucune des choses appartenant aux dames dudit mo- nastère supprimé. La sécularisation plaçait labbaye sous le patronage du duc dOrléans (4), lequel, en retour, lui concédait les biens du chapitre de Saint-Louis (ou Sainte- Chapelle) dAïgueperse; mais la maison de Blesle né put eu jouir, attendu que les chanoines de Saint-Louis en avaient lu- sufruit viager jusquà leur extinction. Cest le duc dOr- léans lui-même qui fit rédiger les statuts du nouveau chapitre et les présenta au roi pour être approuvés par lettres patentes. En vertu de la bulle, il nomma Geoffroy de Limon commissaire perpétuel à leffet de veiller à leur observance, et à lexamen des titres de noblesse pour chaque récipiendaire, lesquels titres devaient en outre être vérifiés par labbesse, la prévOie et la doyenne. Les coadjutrices h une prébende étaient tenues, suivant lancien usage, de payer 3,000 livres de-dot (2), dont 2,000 à Mm0 labbesse et 4,000 au chapitre. Le droit de nomination, qui seffectuait

I) Dans este letlre au due dOrléans, les dames de Blette se déclarent ses vassales li cause de son duché de Montpensier. » Relativement au couvent de saiol-Pierre, le duc dOrléansjouail le rôle tIcs anciens dues sIc Mercoeur. (Q) Une instruction polir les communauté, religieuses, promulguée par las- semblée de 1705, disposait que toutes les donations (ailes en faveur des couvents pour cause de profession religieuse seront dressées par actes notariés.. Labbaye de ]3lesle avait pour armoiries la double clé de saint Pierre, dor sur champ dazur, ces armes, qui étaient apposées sur les actes du chapitre, con- jointement avec le cachet privé de labbesse cii exercice, se voient encore dans leur écusson egicé à la hune de rare-aile et dans quelques parties de lancienne abbaye et ile léglise conventuelle. -

ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE. 91,

pal brevet, appartenait, pour les chanoinesses, au duc (lOrléans en qualité de duc de Montpensier, sous la ré- serve quil resterait à laîné de sa famille à perpétuité, si ce duché sortait de sa maison. Son Altesse avait cii outre la faculté daccorder deux brevets de dispense de résidence habituelle à deux chanoinesses, et de donner des congés de six mois à telles quil lui plàirait, Lorsque des vacances se produiront, le duc y pourvoira, mais sera tenu, sur deux, den nommer au moins une de la province dAuvergne ou du Bourbonnais, afin quau moins la moitié des chanoinesses se trouve toujours native dAuvergne ou du Bourbonnais. Ainsi fut consommée cette oeuvre de sécularisation qui constitue la phase suprême de labbaye de BISe. Ce régime ne durR guère, car t peine fut-il intronisé,. jue la Révolution française, détruisant tout lédifice nobiliaire et ecclésiastique, supprima le chapitre de Saint-Pierre et en dispersa les membres. La nouvelle constitution du clergé abolissait couvents, collégiales; prébendes, dîmes et droits féodaux. Après la suppres- sion du chapitre, labbesse et les chanoinesses furent con- traintes de séloigner de la demeure qui abritait les dames de Saint-Pierre depuis neuf siècles, et se réfugié-t rent dans gletirs familles. La comtesse de Saint-Poney, dernière abbesse, se retira auprès de son frère, le clic- valier de Saint-Mary, an château de Bonnac, où elle mourut en 4796. La dispersion du couvent sopéra en 4792, après deux innées dangoisses. Une pièce de procédure, signi-, • fiée à M tm de Saint-Poncy, reléguée à Bounac, con- state que-lés bàtimeuts de sa résidence abbatiale furent A

p

92 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

vendus nailonalement et acquis, le 4ur septembre, par les sieurs Ratisse, Vigière, Berthuy et Juglion. Les au- Ires biens ruraux, ainsi que les maisons de chaque cha- -. noinesse, subirent môme sort. Lenceinte de labbaye est encore bien visible et forme un quartier contigu k léglise et appelé toujours le Couvent. A une des portes dentrée, sur le fronton de larcade apparaît lécusson portant les armes effacées de labbaye, la double clé dor de saint Pierre sur champ dazur. Lancienne fontaine, qui jaillissait au mi- lieu du couvent, a disparu avec maintes autres splen- deurs. Léglise de Saint-Pierre estdevenue léglise pa- roissiale lOi-s de la restauration du culte en 4802; car, pendant la Terreur, belle de Saint-Martin avait été saccagée de fond en comble. Voici létat du personnel de labbaye en 1789, au moment de la sécularisation dabord labbesse, Louise- dandine de Molen de Saint-Poncy; puis les vingt-qua- tre chanoinesses, savoir Anne de Vienne, prévôte Geneviève de Pons de Frugères, doyenne; Aune du San- - zet, secrétaire du chapitre;Anne de laRoche du I{onzet; Aune dAumalle; Marguerite de Chassiguoles; Cathe- rine de lEnferinat; Marie-Marthe dAntil de Ligonùs; Aune de la Refile; Thérèse du Chassan; Marie-Jeanne du Chassan tic Ponsonnaitles; Marie-Jeanne dAureille • de :Paladines; Lucie de Lafage; Madeleine de Caloune; Claudine de Trémont; Madeleine de Chavagnac; Su- zanne-Louise de Laval-Sarrazin ; Augustine de Beau- mont; Louise du Bos; Marie de la Borange de Pierre; Anne de Molen de la Vernède; Charlotte de Besse de la Richardie; Jeanne dEspiùchal; Claudine deSaint-Pol. ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-D&BLE5LE. .93

It y avait, en outré, lorganiste attachée au couvent, qui sappelait M ue Billiard. En 1189; le curé de Saint- Pierre était Jean Dulac, prêtre dun vrai mérite; labbé Marie était le curé de Saint-Martin, dont il fut le der- nier desservant. ! e pouillé de labbaye, qui offre de nombreuses variantes, accuse à cette époque une dé- croissance dans la fortune du monastère ; car le nom- bre des prieurés, cures et paroisses dépendant de- Saint- Pierre huit par tomber à quinze, et les prébendes, ainsi que les revenns,subirent une notable diminution. Ces revenus consistaient en redevances de plusieurs en sortes : grains, vins, fourrages, bois; de plus, une somme évaluée à 3,9941ivres (1).

Cest ici le lieu dinsérer la liste des abbesses qui régirent Saint-Pierre. Nous en comptons quarante-deux, indépendamment de la fondatrice et des supérieures qui lui succédèrent jusquà lavéneinent drnilde in- stituée par le pape Sergius IV. ra I . Émilde (Emilda, vel Emildis) gouverna labbaye de i009à 4030. 11°. Bompare (Boi)bpa.ra.l 4084. Cest sans doute la date de son décès; il est invraisemblable quelle ait été abbesse penant cinqnante-quatre ans; dès lors il y n une lacune entre Émilde et Bompare. 111e. Florence Florcntiai promue en 4084. Cette abbesse correspondit avec Urbain II relativement à la

(I) Celle ,haI,ialioj, est fournie par un 1nuIl[oire le la dernière abbesse énon- cant UI) i,rotl&t tIc ri ,991 livres et diiomérant, ci, nuire, toutes les re,lOva,leCS et dlmes.jiayées r les et paloisses dépSdant de labbaye. 94 - NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Contestation entre Elesle et la Chaise-Dieu ci reçut en réponse de ce Pape la charte de 1096. Lépoque de sa mort est ignorée. Là se produit une nouvelle lacune, car la suivante abbesse napparaît quen 4141. Jyn; Adelaïde (Adciaï) 1144. yo Phulippic (Philippia) qui entra en fonctions en 4470, et reçut la bulle du pape Alexandre III. Ce privi- lége n été inscrit dans ses tables par dom Estiennot. Vie.AUx Ire (Ahclis àu IIal&is), k qui le pape Lu- dus 1.11 expédia une bulle, où sont dénombréesplusieurs églises dépendantes de son monastère. Cest dom Boyer qui découvrit cette huile dans les archives de Clermont. Vile . Maurjne (Maurina) en lannée 1195. Ville. Laure (Laura), de 4220 à 4225, auprès de (lui Robert, évêque de Clermont, réclame lolje3dienèe, comme il appert de documents originaux des archives ecclésiastiques de Clermont. Encore une nouvelle la- cune. 1X0. Ameine (Anzclina.) de 4240 Lt 4243, X. Jauzionde ouLauzionde (Jausiwnda, mentionnée sous les années 1248, 1254 et même 4258, selon le Gal- lia. XI°. Sybille, abbesse au temps de saint Louis, lors du traité de 1259 et de larbitrage de 4262 , peut-être même plus tôt, car, daprès Baluze, cest elle qui aurait signé avec Béraud VIII le compromis de 4253 (4).

(t) Le nom de cette abbesse ne se trouve dans aucune des listes publiées des abbesses de plaste. Cependant son existence est attestée par unluce, qui np- porte, dans ses Armoires, les lettres de Sybitle cl de Béraud VIII du Met-coeur. Elle est encore constatée par lute charte fort curieuse et ancienne, trouvée par ET LABBAYE DE SAINT-PIEIUIE-DE-DLESLE. 95

XJI°. Bompare II, qui promit à Gay, évêque de Clermont, obéissance en 4266, le jour de la fétu de sainte Marie-Madeleine et qui est citée encore sous lannée 1208. 1111°. Aux Il, qui gouvernait le couvent en 4277, lorsque intervint le traité entre le monastère et Bé- raud VIII de Mercœur sur plusieurs points litigieux. XTV. Ermengarde en 492. Elle était de la maison de Verdezun, daprùs le Nobiliaire dAuvergne. XV. Aux iii, qui fit avec Béraud X le pacte de 1344, le samedi précédant la fête de saint Jean-Baptiste, ce qui ressort des archives de Baluze. - dans XVIO . Anne de Laurie (Anna de Liori) omise ie Gailia christiana et toutes les listes publiées, nais citée dans la fondation du vu de Laurie, en 1318. - Avec elle commence la série des abbesses connues par leurs noms de famille; car - jusquici elles ne figurent qbe par leurs prénoS. XVIIO . Guillemette ou Guillelmine de Taillac (Guil- teinta de Taillae) citée dans une charte de lÉglise de Saint-Flour, en date de 4322. XV.tIIe . Marguerite de. Lôrlanges (Margarita de Lurlangcs) mentionnée de 4329 à 1350. - XIXo. Agnès de Verd6zun (Agvesa de Vcrdezun) élue en 1350. nous dans les papiers de larmille de la fage eest la copie dan extrait dun vieux terrier, signé par labbesse S ybflle en 128. li y 0M parlé de larchiprêtre de Illesle, un certain Rapnald, curé dc Saint-Pierre et arrbiprôtre de illesle sous saint louis Jlsm,etdi do,uipi rie ifazerssrj et Souri Petri. Cette charte ,eous a fourni C alenacut quelques utrcO indication précieuses; elle provenait de labbesse itierglzorile de la Fage 96 NOTICE HISTORIQUE 51311 BLESLE

XX°. Mauritia ou Maurice Delphine, ou Dauphine (Alauritia, aut Morata, cet Maura Delphinaj de la mai- son daiiphine, fille de Robert, Comte de Clermont et dAuvergne, et dAlix de Mercœur, tante de Bérand-le- Grând, abbesse de 4353 k 1383. Elle termina plusieurs contestations avec le dauphin par des traités avanta- geux pour labbaye, et eut à se défendre contre les Anglais, ainsi que la suivante. XXJ. Deiphine de Gilbertès (Deiphina de Gilber- tesio) fut élue à lunanimité par linspiration du Saint- Espiit en 1383 .Etecta est per decanam et eotiventuni via Sancli Spiritus wno ore. Le pape Clément VI, de son palais dAvignon, confirma son élection. - XXIP. Jacquette Deiphiuc, ou Dauphine (Jacoba Dcl- phinu), de 1396 à 1415. Elle appartenait sans doute k la maison dauphine. - XX!lI°. Isabelle de Barbery (ftabeila de Barbcry) de 1413 à 1424. (En marge du Gailia eltristiana., on lit dit Fowrny..) XXIV . Marie de Beauvoir (de Belle visu), de 14V à 1447. XXVO . Isabelle de Beauoir, de 1448 à 1478 ou 1481, (lune famille illustre (1), dit le Gallia christiana, qui survit dans les seigneurs de Jonchères et dOradour. - XXVI. Aux IV dAureille de Colombine, de 1483 à- 1191.

(I) La notice relevée sur te c/,nréricr Irne j-u, du Chop in établit q,ielleap- parlenait à la famille Le Loup de Iseafloir, et ii lappui, rapporte quelle lit gra- vera-ix portes du monastère réparé par ses soins, ainsi qsaux greniers et eUe- mmdci, le loup passant dor.

ET LABBAYE DE SAINT-PIERBE-DE-DLILSLE. 97

XXYIIe. Marie dAubière de Banson, del494 à 1499. Cette abbesse, omise dans la plupart des recueils,.est indiquée à cette place par lextrait du Chartrier. XXYII]P. Blanche de Langeac (Blanca de Lan- yhcaco) promue en 1490. Cest cette abbesse, issue de lancienne et grande famille de Langeac, qui reçut lhommage du duc de Bourbon. XXIXe. Isabelle de Langeac, nièce de la précédente, fut la première abbesse nommée par le roi, en vertu du Concordat, au lieu dêtre élite comme ses devancières, et régit le couvent de 1530 à 1835. XXXC . Marguerite de la Page, abbesse de 1535 à 1572. Elle en faisait les fonctions en 1572 et les résigna cette année-là ou lannée daprès en faveur de la sui- vante. XXXI°. Jacqueline de Langeac lui succédade 1572 h 1514. XXXIIe. Radegonde do la Marche, abbesse dcl 574 à 4584, se démit en faveur de Geneviève de Gourdon ou de Geneviève de Bosredon (I), car il y. a deux versions sur ce point. XXXJ11O. Geneviève de Gourdon, dune noble famille du Limousin, dont parle Justel dans lHistoire de la maison dAuvergne, occupait le siège abbatial de 1584 à 4640. XXXIVO . Louise de Montjournal fut nommée abbesse en 4610 et siégea environ dix ans Ferè decennio rexit.

(i) Le Gotha chrishiaua dit, en mentionnant Geneviève de Gourdon AlU te- jrn,t de Itosredon. Cette ramille do Bo,redon était une des plat distinguées dAuvergne.

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-4 98 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

XXXV°. Suzanne de Villeneuve de Berlière tint la crosse abbatiale jusquen 1660, année de sa mort (1); mais dès 1657 elle futsuppléée dans ses fonctions par sa nièce et coadjutrice qui lui succéda. XXXVI. Suzanne II de la Roque dÂzenière suc- e céda à sa tante en 1660 et régissait ncore le couvent en 4676. Cest sous son gouvernement que dom Estien- flot composa une notice de celte abbaye daprès les anciennes archives, de laquelle se sont servis les au- teurs du Gallia christiana. XXXVII. Christine de Noailles de Verneuil, nom- mée en janvier 1684, passa, le 9 mars 4687, de lab- baye deBlesle à celle de Saint-Saturnin de Rodez; ICXXVI[I.. Éléoiiore de la Queuille de Chateaugai lui succéda en 4687. XXX IX. Diane de Chavagnac, citée dans lannée 1716, est la deinière abbesse mentionnée dans le Gctllia chri- stiana. Elle mourut en 1729. - XLO. Catherine du Bas, abbesse, de 1729 à 4744. XLI. Claire do Pons occupa labbaye de Blesle de 4742 à 4776. • XLII. Louise-Claudine de Molen de Saint-Poney, nommée on janvier 4776, fut abbesse de Saint-Pierre jusquà la dispersion du chapitre de Blesle, en 4792, et mourut au- château de Bonnac en 1796. - Pelle est la liste complète des abbesses (2) connues

(1) Sepelitor in sacelto B. K. de ÂrOUbWS, ajoute àson sujet le Otite do GoUle chStieoet. (Q) .Aussitôt aprhs sa aurai nation, chaque abbesse, conduite h lautel, prêtait, la main sur les Évangiles, un serment professionnel, promettant de veiller la ET L4ÀIIIIAYE DE SAINT-PIEIIE{È-DE-IILESLE. 99. de Blesle, car le nombre total est plus considérable. Le Gallia christiana nen mentionne que trente-six, et le Nobiliaire dAuvergne que trente-neuf. Mais ce recueil ajoute à sa nomenclature la note suivante « On trouve dans le nécrologe Sybille et Indulgente, abbes- ses, dont on ignorelépoque. » Quant à Indulgente, nous nayons trouvé aucune indication ni sur sa vie, ni sur sa famille, ni sur son siècle. Nous avons signalé plusieurs lacunes, où lon peut la placer sans avoir au- cune raison de la mettre plutôt à lune quà lautre. Nul indice napparaît sur elle. Relativement à Sybitie, ,abbesse du XII? siècle, nous avons été plus heureux. Les éléments de sa notice nous sont fournis par les Armoires de Éa&ze et par la vieille charte émanée - des papiers de ta Fage. Nous avons eu la bonne for- tune de découvrir la trace de deux autres abbesses Anne de Laure, au XIVe siècle, et Marie dAubièrc, au XVt siècle.

Dans les temps primitifs, les religieuses de Blesle étaient disséminées dans différents prieurés, dont le principal et le plus ancien parait être celui de Saint- Étienne (1). Ces priéurés constituaient la fortune de labbaye] et du chapitre. Toutes les- nonnes quittaient leurs prébendes pour se rendre à Blesle, aux fêtes se-

conservation tempdrelld et spirituelle du mtaoauseère, den respecter Jeu rbgles, etc. La cassette précitée contient le serinent de ta dernière abbesse, Mou de Saint- Poncy. Ce serment était transmis au Saint-Père. (U lin terroir voisin des ruines du rouirent, àSaint-Étienne, garde le nom de prieuré, ce couvent fut même habité jusquà la Révolution par des chanoinesses qui y faisaent des retraites. 100 NOTICE HISTORIQUE SUR CLESLE

lennelles, assister aux offices dans léglise abbatiale ou aux assemblées capitulaires. Plus tard, elles se rassem- blèrent autour de leur abbesse, menant la -viè conveti- tuelle et nayant plus dautre résidence. Toutefois, cha- que religieuse vivait séparément (tans sa maison (1). Tous ces logis groupés autour de léglise Saint-Pierre composaient une enceinte fermée, ayant deux portes, lune ait de larcade, lautre k lentrée du Vallat. Lhôtel de labbesse, où étaient les appartements de ré- ception, communiquait k léglise par une vaste galerie appelée le choeur des Dames. JL y avait un cloitrier at- taché k léglise conventuelle, car la clôture fut (le rè- gle dans lorigine; mais elle était tombée en désuétude et avait cessé dêtre prescrite depuis longtemps. Les biens da couvent se divisaient en deux manses, bien distinctes, celle du convent et celle de labbesse. La première se partageait en autant de prébendes quil y avait (le religieuses; hi manse abbatiale, dont le pro- (luit varia beaucoup, ainsi que lantre, selon la fortune des temps, était évaluée par Expilly, au milieu du XVIII siècle, k 3,000 livres de rente, quelle tou- chait « comme chef de labbaye de Saint-Pierre de Blesle. »

Maintenant il convient de revenir sur la châtellenie de Blesle, que nous avons laissée au pouvoir des ducs de Mercœur; leur héritière, Françoise de Mercœur, lapporta en dot à César de Vehftôrne. Les ducs de Yen-

(I) t Comme des ehinoines, dit Expilly il. 1e?, P. 1156. Dictio nnaire éogra. phiqisc hiioriqrze e! poti(iqee des Gaujes et de la France). —Édition de 1763. ET LABBAYE DE SAWT-PIERÏIE-DE-BLESLE. 104 dôme la possédèrSt jusquà lextinction de cette ciii- quièrne maison de Mercœur, survenue en 1712 par la mort de LodisJoseph, qui, nayant pas denfants, trans- porta par donation son duché h sa femme Marie-Ânn de Condé. Celle-ci le transmit à sa mère Anne, palatine de Bavière, princesse de Condé, qui le vendit -au marquis de Lassay en 1719. Mais le prince de Conti exerça le retrait dé cette terre, qui lui fut adjugée par arrêt du 21 juin 4720, et quil fit ériger de nouveau en duché-airie par lettres patentes de I 723. Lô piilice de Conti vendit, le 9 octobre 1770, cet apanage au roi Louis XV, qui, par édit de 1773, en forma lapanage du comte dArtois; mais Louis XVI, par un autre édit de 4778, le reprit, et, k partir de ce moment jusquà la Révolution, le fief de Mercœur fit partie du domaine royal. La châtellenie de Blesle ne fut possédée par ces dif- férents personnages que jusquen 1716; car alors la duchesse de Vendôme (Marie-Aune de Bourbon-Condé) la vendit à Louis-fleuri de Chavagnac. tannée sui- vante, 1747, le nouveau seigneur, en récompense de ses services militaires dans les armées de terre et de mer, obtiùt que ses fiefs fussent constitués en marquisat, avec BIesle pour chef-lieu, par lettres patentes enregis- trées en février 1720,et il transmit ce marquisat à sa postérité, qui en jouit jusquà la Révolution. Cette famille de Chavagùac (1), fort ancienne dans

(I) La famille tic Chavagnac, qui mériterait une notice détaillée,, compte plu- sieurs illustrations. Un des plus célèbres est Maurice de Chavagnac, gouvenleor du Limousin sous Charles vin, qui, dans sen expédition dItalie, lui confia le 402 NOTICE HISTOPiQur SUR I3LESlE le pays, où elle était établie avant le XIIIe, siècle, a, de tout temps, «é mêlée à lhistoire de Blesle; elle compte dix chanoines de Brioude cl figure clans les troisades, où Guillaume de Chavagnac accompagna saint Louis en 12". Ce Guillaume traita avec labbesse Syliille en 1259 et prit part à larbitrage de 1262, au sujet de Chanet, Pierre P fit hommage an sire de Mercœur, en 1291 ; son fils Pierre II, chevalier, est cité clans une transaction réglant les prérogatives du cha- pitre de Blesle en 1353. Hugues fit hommage à Ré- rand lr en 4338, et fut un des principaux officiers du dauphin Plusieurs siècles avant lacquisition du châ- teau, les Cliavagnac avaient une habitation à Bleslo. Cest là quavaient vécu cet Antoine de Chavagnac, qui avait enlevé la chanoinesse de Montgon, au début de la réforme, et ses deux fils Christophe et Aymard qui, dans les troubles religieux, suivirent deux voies diffé- rentes. Luft fut un des plus braves capitaines hugue- nots, défeuditea 4 57.7, Issoire contre le duc dAnjou, et fut honoré de plusieurs lettres très-flatteuses dHou- ri IV; lautie tint chanoine de Brioude, curé de Saint- Sulpiee et aumônier de la reine Marguerite. Il contri- bua h réconcilier avec lÉglise le roi Henri IV, et aussi

commandement du ch;ltcau de Naples; assiégé par les Espagnols, 1la&oique Chavagnac, pintAi que tic se rendre, sensevelit sous tes ruines dun bastion. La terre le Clmvagttac, située dans la paroisse dAuriac, émit un fief mouvant de Mercœur et comptait plusieurs arribee4et, tels quArtiges, Feydit, Védri- nes, etc. ii y avait b Citavagnac un château démoli sous LORIS X t II. Dans lin- ventaire die dauphine dÂuvrrgne se trouve une nommée faite et! 1902 par Pierre le Cliavagnac, chevalier, de la paraisse dAuriac, pour les mas de chaeeltes, Chitibon, LauKes, Lacialle, lrlisie, Baseusse, Logade, chanci, Feydit, Vice, alnt-Étieniiè, Achat. ET LABBAYE DE SAINT-PIERREDEnLE5LE. 403

à,convertir son neveu Josué, chambellan du duc dor- léans. Cest à Blesle, clans le manoir paternel, que naquit, en 162, ce fameux Gaspard de Chavagnac (1), lami du grand Condé, son partisan dans la Fronde, qui fut gé- néral et négociateur, prit du service à létranger, où il devint lieutenant-général de lempereur, et épousa Ma- rie-Thérèse dÉtampes de Valençay, nièce do la prin- cesse do Mecklembourg. Ces Chavagnac étaient des per- sonnages remuants, une vraie race féodale, hardie aux combats, prompte aux entreprises, fière et indiscipli- née- Les deux frères, Gaspard et Français, lequel prit part à la conspiration de Cinq-Mars, furent dobstinés frondeurs, et grâce à eux, Blesle connut les agitations de la Fronde, dont ia vive physionomie se reproduit dans les charmants mémoires de Gaspard, où quelques passages initient à la vie de province à cette époque; car Gaspard, qui venait y passer quelques quartiers, se plaît à peindre ledsteuce joyeuse, turbulente, agitée quon y menait, à parler des belles dames, de trois sur- tout qui enlevaient tous les suffrages, à savoir Mes- dames de Vienne, du Saillans et de Montgon, des que- relles des seigae,urs et de leurs exploits sanglhnts, dun

(I) Gaspard de Chavagnac, fils de Josué de Chavagatac et de Guberte de Cen- visson, tut tait maréchal-de-Camp le 30 octobre 1652, et suivit Condé lorsque ce prince passa au service ide lEspagne. Il y fut fait sergent de bataille. Entré au service de lempereur, il devint lieutanant-général et rut son ambassadeur en Vo- logne. IL rentra en France après ta paix de Nimègue, mais ny fut ptvs employé. Après une vie fort agitée, Gaspard mourut dans sa terre du Bousquet, Laissant (les mémoires fort curieux sur les événements politiques et militaires de son temps. -- - 404 NOTICE HISTORIQUE SUR IILESLE

duel éclatant, auquel il participa, et qui eut lion vers la fin de la Fronde, dans la plaine de Lorlanges, entre le trop fameux marquis Gaspard dEspinchal et le comte du Saitians du iochain. Cétait un vrai combat, de six contre six dun côté Saillans, Chavagnac, Authac, Sieugheac, Coteuge, Trèmond; de lautre, Espinchal, les deux Combhlibœuf, le fils de Sabar, Chandorat et Fauché. Cliavagnac avait affaire au jeune Combalibœuf, avec qui il échangea un coup de pistolet. « A peine, dit-il (4), meut-il manqué que non Brabançon, , que je montais et qui était k meilleur cheval que jaie jamais eu en na vie se mit dans une telle furie, quil alla à la charge sûr le cheval de mon ennemi quil prit par le col et terrassa; Comhalibœuf On fut porté à terre, si bien que, sans aucun danger, mon homme fut hors de combat; mais jeus bien de la peine h larracher des dents de mon cheval qui le faisait crier de toutes ses forces. Après que jen fus venu k bout, jallai séparer Saillans et dEspinchal, que je fis embrasser dans le moment. Le derùier fut dans un grand danger, car Trémond, qui avait tué les deux autres (Chandorat et Fauché), ne voulait faire aucun quartier, disant quon sétait battu à dépêche compagnon; mais nous len empêchâmes; huit jours après, il fit appeler Saillans (2) pour la se- conde fois, ce qui neut point de suite.....

(I) M,neires de Chavagnac. Les noms propres y sont souvent mal écrits. (2) Cliavagntie se brouilla lieu aprês avec ce même dit Sailla,is, quil secondait Pour quelque amourette à Clermont. La plaine de Lerlaage, lllêâtro du duel, est dans le canton de Blesle. ET LABBAYE DE SAlNT-PIERftE-DELESLE 405

Trois des héros de ct épisode jouèrent 11h rélere- tèntisant dans les Grands-Jours dAuvcrgne,savoir les deux Coinbalibceuf et le marquis dEspinchaLGas- pard de Chavagnac ne laissa pas de postérité. Le fils de son frère François, marié k Louise du Bos, Claude- Ferdinand de Chavagnac, eut de sa femme, Anne de Montboissfer-Canillac, Louis-Henri, chef descadre, qui acquit là seigneurie de Blesle. II épousa Julienne de Champmeslin, doù naquit Louis. de Cliavagnac, capi- taine du vaisseau le Jason. Cette famille (1) garda la seigneurie de Btesle jusquà la Révolution et fut ad- mise, en 1787, aux honneurs de la cour.• Comme, do lancien château de Blesle détruit k une époque indéterittinée, probablement dans les guerres de religion, il ne restait que la tour icosagone, le mar- quis do Chavagnac adossa à ce donjon une habitation appelée le château et devenue le couvent de Saint-Jo- sepli Sous lancien régime, Blesle formait le deuxième mandement du duché de Mercœur (2), qui, dans soit intégrité, en comprenait neuf. Au point de vue de la justice, Blesle présentait cer- taines singularités. Ainsi, la ville était régie par droit

(I) Les Cbavagnae portaient: de sable, à trois fasces dargent accompagnées de trois rossè dor e,, chef. () c Lorsque le duché de Mercœur était dans son entier, dit Chabmlil i divisait e, neuf mandements 1° Amies, Mercoeur et Fromental i no itIesle; 3 Allaneho et Maillargues 4 Chitine et saint-Cirgues; 50 Ruines et Corbires; 60 Tahaveile cl Tagenal 1 et Gri,ees; 80 Mataicu etVerdezin; 9 Lastie et Cisirièros. La plu- part de ces mandements rurent successivement aliénés par les divers titulaires do ce dUC11Ô duos le cours du XYIII° siècle. 10G, N6TICE HISTORIQUE SUR BLESLE

écrit, et la campagne par droit coutumier, cest-à-dire que la ville suivait le droit romain, comme lÉglise en général, et la campagne la coutume locale de Brioude. Au XYIIIe siècle, car anciennement labbesse était liante justicière et sétait vue successivement amoin- drie clans ses prérogatives, les droits de justice se ré- partissaient ainsi entre labbesse et le marquis de Cha- vagnac labbesse ne conservait la pleine justice,. cest-4-dire haute, moyenne et base, que dans lenclos du monastère, léglise et le cimetière. Le seigneur laïque lavait dans le surplus. Il était haut justicier dans la ville, où labbesse nexerQait que la basse justice, en raison des cens it elle appartenant, sauf eu un quartier où la moyenne lui était dévolue. La justice moyenne et basse de labbesse sétendait sur la partie du territoire urbain qui lui devait des cens, bien que la ville seule se régit par droit écrit. Le reste, cest-à-dire la campagne, suivait le droit coutumier. En général, le seigneur laïque possédait la haute justice, et néanmoins devait faire hommage à labbesse, en raison de certains objets quil détenait en la ville de Elesle. Des traités réservaient à Madame les actions person- nelles et réelles dans les villages de,sa mouvance, ainsi que le droit de pêche pour sa table. Elle possédait aussi la justice haute et basse sur divers villages du mande- ment de Blesle, qui lui payaient des cens, savoir Au- bérat et Terré, paroisse de Blesle; Brugeille, paroisse de ; Pressac et le Cheylat, paroisse de Saint- Étienne; Leyvaux-Haut et Bas et le Breuil, paroisse de Leyvaux; Gereuge, paroisse de Laurie;le Chausse et Servièie, paroisse de la Chapelle-Allagnon. ET LABBAYE DE SAINT-PIEItRE-DEBLESLE. 407

Indépendamment de la haute justice sur ces locali- tés (1), le marquis de Chavagnac avait la justice haute,. moyenne et basse sur les lieux suivants Prude!, Bues- sole, le Bos, Chamherty; les moulins du Bquchet, du Bos, de iodler, de la Chaud et de labbesse; Chassi- gnolle et les Plagnes, dans la paroisse de Blesle; Ter- siac, dans cette paroisse, dont le curé était k la no- mination dit de ce fief; Bousselargues et Chadecol, dans la paroisse de Bousselargues; Autrac, la Garde, Montmoirac, Lachaud et le moulin de Pierre, dans la paroisse dAutrac; la Chirèze, Brugeli, Bour- deilles, Forges et Besse , dans la paroisse de Saint- Étienne; Malezun et Cotirteuge, dans la paroisse de. Leyvaux; les hameaux dAilaguon, la Bastide, Lussar- gues et la Coharde-Haute, dans la paroisse de Molèdes; Laurie, Anlhac, Foulière, lu Couarde-Basse et Aube- pore, dans la paroisse de Laurie, hors la basse justice dans le village de Latine appartenant au seigneur de Laurie; la Casse, Menteire, Vaux, Roueix et le Pou- zut, paroisse de Charmensac (2), et le Bru, qui est en partie dans cette paroisse et en partie dans celle (le Peyrusse: Serre, Gironde, la Croze, la Bastide, Ville- neuve, la Rochette. la Poile, Chavagnac, Chazeltes et Riolz, dans la paroisse dAuriac; Chantegeal et Bas- bory, dans la paroisse de la ChapelieAtlagnon ; la Garde et Achat, dans celle d ; Angelane et

(1) voir Chabrol, Cout terne, dÂovesrree, t. iv, art. Bleuie.

() Chabrol, de même quo le Dictionnaire du cantal, dit que le village de gharniensac dépendait de Injustice de Bleuie, saut deux maisons appartenant ÎI la justice tin seigneur de Cliarmensac (de ta famille de Léotoing). Il convient dose dajouter ce village Ucettd nomenclature. - 108 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Védrines, paroisse de Lorlanges, sauf la basse justice dit seigneur de Védriucs (1). e Ainsi, (lit Chabrol, la justice de BlÔsle sétend dans quatorzè ou quinze pa- roisses. » Tous Ces fiefs relesaiei j t de la tour de Bo- flan (e), de qui mouvaient tous ceux de • la sénéchaus- ée dAuvergne. Le seigneur laïque exerçait son droit de justièier • par le ministère dun bailli, de même que labbaye. En 1789; le marquis de Chavagnac avait pour bailli )l° Étienne Roux, et labbesse M° Jean Prieur; avocat au parlement, qui fit partié de lassemblée des notables do Brioude (3), en 1788 et 1789. Tel était létat de la justice dans le XVIII siècle, &r, dans les temps primi- tifs, la justice entière appartenait à labbesse; Chabrol le reconnatt, sappuyant sur lautorité de Justel. En outre des cens perçus par labbaye dans les villages précités,, labbesse avait dautres prôpriétés disémi- née; par exemple, dans le territoire de Blesle elle pos-

(t) En outre, on doit ajouter une partie de la châtellenie de Bois-Parent, la- quelle relevait de la justice de Blesle, tandis que lautre était sujetto de celle de Brioude. Bois-Parent est dans la paroisse de Saiut-Beau,,ire. (2) Dans son rapport présenté en 1037, lintendant Mesgriguy dit quau palais de Riom il y a une grosse tour de laquelle relèvent tous les fiefs de la séné- chaussée dAuvergne. Cétait pour lAuvergne ce quétait pour la Franco la grosse tout du Louvre. (8) Avant le sieur Jean Prieur, td juge ou bailli de labbaye avaiïété le sieur 13cc, que cite M. du Chemin dans une lettre accompagnant lextrait du Clarhicr rédigé par 3.-13. du Chemin, lequel avait conservé nombre de pièces sur labbaye quil avait beaucoup fréquentée. Parmi con pièces se téouvaicnt des jugements rendus par M. Bec, juge de labbaye lequel eut pour 111$ Léon Dec du Treuil, avocat et membre de lasseinhldé des notables dAuvergne eu 1788, Ce Jean-Baptiste die , Chenih, décédé en 179, avait épousé rit 1699 Catlacrine de Boisset, qui lui avait apporté le fief de Pouzols. ET LABBAYE 0E SAINT-PIEBRE-DE-BLE5LE. 109 sédait cette grande prairie, qui a gardé le nom de pré Madame, la vigne dont une partie est restée à la fabri- que, le moulin dit de lAbbesse, en face de celui de la Chaud. De pins elle prélevait la . dlme dans beaucoup de paroisses, dont le nombre, variable selon les siècles, décrut graduellemènt. Originairement labbesse de Saint-Pierre était déci- matrice et souvent nominatrice dans la plupart des paroisses énumérées plus haut à loccasion de, létendue de larcbiprêtré et de labbaye (le Blesle. En 1789, elle ne nommait que dans dix. Chabrol sest trompé, lors- quil a fait remonter la répartition des droits justiciers entre labbesse et le seigneur laïque à la transaction passée en 1311 entre Alix HI et Béraud de. Mercœur, attendu que ce traité, rapporté par Baluze et analysé. par nous avec soin, est à lavantage de labbaye et consacra sa suzeraineté, puisquultérieurement les châ- telains deBlesle, méme le duc de Bourbon, ont rendu hommage à labbesse de Saint-Pierre. Cest donc bien plus tard, après les guerres religieuses sans doute, que les positions sintervertirent, et que la haute justice avec la suzeraineté passa aux ducs de Mercœur et à leur ayant drbit, le marquis de Chavagnac. Chabrol ne sest préoccupé que de létat de la juridiction au XVfflC siècle. Beaucoup de familles nobles avaient nù logis à Blesle; quelques-unes en étaient originaires, et nous en avons cité plusieurs qui y vivaient en 4450 et ont disparu; dautres y avaient été attirées par labbaye où se trouvaient leurs parentes; telles étaient, par exemple, les familles de 110 NOTICE HISTOIUQUE 51111 BLESLE

Montgon, de Vernassal, de Melon de Saint-Pohcy, de Retz, du Bos, de la Fage, de Torsiac. • Parmi ses enfants, Blesle nomme plusieurs ecclésias- tiques distingués, savoir : - 1 0 Labbé Jacques dePlanat, originaire de Blesle, qui fut prévôt de Notre-Dame de Saint-Elour et officiai de Pamiers. Aussi pieux quérudit, cet ecclésiastique donna des missions fréquentes et fut un bon sermonnaire. Il rédigea un Bréviaire, qui lui valut lhonneur dêtre

comparé it Gerson et it Thomas à-Kempis, et mourut vers la fin du XVIP siècle. 2° Charles-François du • Bos, théologien et grand-vi- caire de Luçon sous lévêque Mgr de Barillon, de 1690 ù 4724; époque de sa mort. Ce savant abbé composa des ouvrages estimés de piété et de théologie terminés par son neveu, le dernier abbé du Bas, chanoine de Rouen et syndic du clergé, décédé dans sa maison, sise sur la Place. Conférencier distingué, il est lauteur dun ou- trage considérable intitulé les Conférences de Luçon. 3° Labbé Liandier, professeur au collège de Saint- Flour, humaniste distingué. 40 Labbé Barrès, qui fut grand-vicaire k Bordeaux, après avoir été secrétaire général de la Préfecturé de la Haute-Loire, homme desprit et de savoir. Il était fils de M. le docteur Barrés, médecin, qui a publié, en lan IX (1802), une description topographique du canton de Blesle, contenant beaucoup dobservations pratiques et de notions techniques. Blesle a eu pour maire et membre du Conseil géné- ral le vicomté Thomas de Saint-Poncy, membre de lAèa ET LABBAYE DE SÀINT-PIERRE-DE-ULESLE. 444 démie et auteur de poésies estimées, dont un fragment a pris place dans le recueil des Fleurs du Velay (4). Cette ville a été habitée par la famille de Pradi, à laquelle appartenait ce spirituel abbé de Pradt, archevéqite de Matines, aumônier de Napoléon jet et ambassadeur h Varsovie, qui n édrit nombre douvrages très en vo- gue lors de leur apparition, parmi lesquels on distin- gue Les Quatre Concordats, lHistoire de lAmbas- sade dans le grand-duché de Varsovie, lEurope et PArnérique depuis le Congrès dAix-la-Chapelle, etc... Les familles de Chayagnac et du Bos ont donné k lÉtat plusieurs officiers supérieurs fort estimés dans 1135 armées de terre et de mer. Cest au château de Blesle, quest né (2), chez M de Chavagnac, le marquis dEs- pinchal, député suppléant aux États-Généraux et mù- réchal-de-camp, qui a laissé des Mémoires inédits fort curieux. Blesle n fourni un représentant k lassemblée des notables dAuvergne (4787-1790); M. Léon Bec du Treuil, avocat; un représentant h celle de Brioude, M. Jean Prieur, avocat et procureur de labbaye; de nos jours, un député h lAssemblée législative, M. le docteur Francisque Maigne. Avant la Révolution, Blesle était une des bonnes vil-

(I) Le Telop, Pleurs des mon(a(7ner, par M. Aimé Giron. ILe Puy, imp. M-1. Marcheuses, 1868; 1 vol. in-18, p. 087. - (Q) Cette particularité est puisée dans les mémoires manuscrits donnés àla bibliothèque de Clermont par le marquis Hippolyte dEapinehal, le dernier en cette rare. - M. le marquis dEspinehat fut élu député suppléant pour lordre de la noblesse aux Et,ts-Généraux de 1789, en même temps que le marquis de Saint-Poney, neveu de la dernière abbesse et propriétaire h Bleuie dune maison appartenant aujourdhui b M Lompré, et dune vigne appelée ta Muscadier. 142 NOTICE HISTORIQUE SUR 1)LESLE,

les agrégées de la Base LAuvergne ressortissant, pour la- justice, à la sénéchaussée de Rioin (parlement de Paris), et, pour le spirituel, dépendant du diocèse de Saint-Fleur. Au point de vue fiscal, Bleslo était de lélec- tion et subdivision de Brioude et avait un receveur des tailles. De plus cette cité possédait (4) un bureau de contrôle et deux études de notaires. Lorsquen 1790 intervint la nouvelle division territo- riale de la Prance, Blesle avec lélection de Brioude fit partie de cette fraction de lAuvergne annexée au Velay pour composer le département de la lTaftte-Loire, ayant le Puy pour chef-lieu, et forma le chef-lieu dun can- ton- dépendant de larrondissement de Brioude et du -diocèse du Puy (2. Ce canton comprit dabord douze communes réduites à dis par lannexion à la commune -de Blesle de celles de la Chapelle-Allagnon et de Bousselargues, supprimées lune en 1834, lautre en 1845; La première tirait son nom - dun hameau dont il reste à peine quelques vestiges, sans aucun habitant maintenant, assis sur le bord de lAllagnori, ne renfermant que la cure et léglise totalement en dé- combres. Quant à Bousselargues, cest un petit village - - assez pauvre, ayant conservé son église et son cimetière. Un souvenir illustre sy rattache, car cette modeste

(I) Calendriers dÀuvergne curieux et utiles, publiés lun en 1750, lautre en 1166, par M. labbé Martinon, curé dÀuson. - (P) Blesle, ileienuemeu,t, avait été du diocèse de Clermont, dont il (ut distrait en 1317, pour composer le diocèse de Saint-Flour, duquel il fit partie jusquen ISPO que (ut rétabli lévêché du Puy. En Jétat actuel, BleuIe dépend dede In cour -,dappel de Biom, de la province ecclésiastique de Farches-èclné de Bourges, de la division militaire et de lacadémie universitaire de Clermont. - Km

ET LABBAYE DE SAINT-PIERIIE-DE-DLESLE. 113

chapelle a été honorée de la visite de Masillou, alors évêque de Clermont (1), et, selon la tradition; a re- tenti de la voix de léloquent orateur, qui y aurait prô- ché et donné la conflrmatioit. Malheureusement le document constatant cette tournée pastorale a dis- parti; mais cette tradition sest pieusement conservée dans le pas. Le canton de Blesle, de forme triangulaire, est placé à 20°,40 de longitude et k 45°,18 de latitude (2), dès lors, presque k égale distance du pôle et de léquateur, ce qui, par parenthèse, devrait lui procurer une tom- pératiire fort éloignée des extrêmes, si sa proximité des montagnes ne sy opposait. Il compte 5,87 habitants et occupe une superficie de 14,280 hectares. LaI- tiude moyenne du canton est de 800 mètres au-des- sus du niveau de la hier; la plus Faute est à 1,000 mè- tres au sommet de la montagne dAutrac, et la plus basse au-dessous de Lanau, k 460 mètres; la gare Blesle est à 500 mètres 15 c., ce qui doit ramener lalti- tude de la ville à 495 mètres ou 500 mètres, et non ps k 481 mètres, comme porte le travail, du reste fort bien fait, de M. Malègue (3). Il comprend dix comifiù nos, savoir : Blesle, Autrac, Chambezon, Espalem, Gkè nier, Léotoing, Lorlanges, , Sain t-Étiniè Torsiac. . ÂIt.Jlh r;d fIt,u

(t) Housselargucs, quoique du mandement et de iarehiprètré de Blesle, dé- pendait alors du diocèse de Clermont (2) Ces données, et observations sont indiquées par M. Barrés dans sa goûlo Notice.°• "t - .. La mesure est prise sur le rnéridiei, delObservatoire de Paris •tL i (3) H. Mangue, Guide de lÉtranger dans la liarde-Loire. Cil 8 414 NOTICE IIISTOBIQIJE SUR HLF.SLE

40 BLEsI.E. - Bleste, chef-lieu de canton, possède une cure (I), une justice de paix une brigade de gen- darmerie h pied, un receveur denregistrement, un percepteur pour tout- le canton et un bureau de poste. Il y a deux éludes de notaire k Blesle, et une troi- sième k Lorlanges. La commune chef-lieu présente une superficie de 2,482 hectares et une population de 4,685 habitants, dont environ I ,400 agglomérés dans la ville. - Blesle possède - huit foires, dont six dorigine fort ancienne, qui sont mentionnées dans lÉtat de la pro- vince dAuvergne par M. de Bâtlainvilliers (2) en date (le -1765 et dans les Calendriers de M. Martinon. Les six anciennes sont la foire mobile du mercredi-saint et les foires fixes du 12 mai, des $9. et 30 juin, dite de Saint-Pierre, du 1er août, du-20 septembre, dite de Saint-Mathieu , et du 10 novembre, dite de la Saint-Mai-tin. - - -,Les deux plus récentes saut les foires mobiles de lyant-dernier jeudi -de Carnaval dite foire grasse, et du4eudi avant io1, dite dé la, loue, - parce quon Y. lope1 les domestiques. Il y a k Bleste n marché se -te- nant chaque jeudi, mais de peu dimportance. Cette cçlmmuJL1Jne est pourvue dune école communale de garçons tenue en gratuité, par suite dun legs de M. l- collé Bassier, par les Frères de Paradis du Puy, dune

0lD-t44de lilesie, recteur du canton, estaidé par deux vicaires. (2) M. do Baitainvitliers, intendant dAuvergne, adressa on 176 M. de Lavordy, contrôleur général, un rapport clétaiUé et intéressant, qui a été publié dans les Tablettes dAtwerpus, par M. Bouille(. - 8 ET LABBAYE DE SA!NT-PlEÙBE-])EBLESt1, 115

école de filles et dune salle dasile dirigées par les re- ligieuses de Saint-Joseph. Les hameaux dépendant de la commune chef-lieu sont Chadecol, Bousselargues, Pradel, Bressole, Terré, 8cr- vières, le Chausse, le Ranquet, Aubérat et Chantegeal. Presque tous, Cliadecol, Bousselargues, Prd1, Bres- sole, Terré, figurent dans l7nvenai#e dù dawphind dAuvergne, où ils sont désignés comme des mas, ar- rière-fiefs de Mercœur. - An-dessus de Blesle, au couchant, sur un plateau couvert de moissons, se trouve une tour appelée du Mégontier ou Monigontier, qui devait éfre- le fief de cette famille de Montgontier, a laqiille appartenait ce Jean de Montgontier, que nous avôns cité à . propos •de larbitrage le 1262 entre labbesse Sybille et Guil- laume de Chavagnac, damoiseau, -et autres. A droite de Montgontier est le castel ruiné de Chambeity, propriété de la famille de Mourgues de la Fagc, dont une bran- che avait pris le nom de Chamherty. A gauche on voit la vieille tour du Bos, auprès de laquelle sélève le pa- villon moderne. Cétait le fief de la famille Banc du Bos, alliée aux de Chavagnac, de Ni olen de Saint- Poney, de la Boulaie, et qui sest signalée dans la ma- rine. Celle-ci avait pour auteur •Gaspard Blanc du Bos, qui, pour de glorieux services militaires, avait été ano- bli par lettres patentes de novembre 1643, et pour il .luslration labbé du Bos; susmentionné. Il y avait eu une première famille du Bos, fort ancienne, dont était cet Armand du Bos qui, en 4334, fit hommage au sei- gneur de Mercœur pour son fief du Bos Une branche 116 NOTICE HISTORIQUE SUR I3LESLE

de la famille de la Roehelambert habite le Bos, parsuite de la vente faite au chevalier do la Rochelambert parle vicomte de Saint-Poncy. Linventaire du dauphine dAuvergne cite un seigneur de la Vaissière faisant .pa- reil hommage en 1334 pour son habitation , de la Vais- 51ère, cest, sans doute le lieu do la Bessiére, qui parait aVoir été un hameau à cette époque. Le ma- noir était: sans doute au fond de la vallée, sur le ruisseau de 1?errière, h lendroit où subsistent des dé- bris de tour. Dans • ce :curieux Inventaire il est fait mention des familles dAuteilles de Paladines, de Dienne, de Ta Salle, deMontgon, de Serre et de Male- peyre (cest-à-dire de ,Molen), de Cliavagnac, de la Fage, et dautres .éteintes de nos jours, telles que de Parcines, de Charbonnières, de Besse, de Vernassal, de Folhos, de Ségonzac, etc... Près de Biesle, sur la rive droite de IAllagnon, était le manoir du Babory, appartenant au marquis de Chava- gnae, ainsi que les trois métairies de Plagnesies tois Plagues, Cest au Babory, devenu une minoterie, que lon a construit la gare de Blesle, à 9 kilomètres du bourg. En facedu Babory ou traverse iAllagnon sur un vieux (1) pont parfaitement restauré; qui était autrefois daspect fort pittoresque, mais dun usage peu commode, à.cause de: son étroitesse. Plus loin, sur le versant op- poédu plateau argileux de Plagne, où se trouve une

(t) Dans son rapport sur LÉtat de éÀucergue en 176), liuton4ant Ballain- villiers mentionne ce pont étroit, qui a été élargi et flrni do trottoirs, mais dont oit a consoné les jolis;ava,io et arrière-becs.

D ET LABBAYE DE SAINT-PÏERRE-DEBI.ESLE. 447 tuilerie, est situé le hameau de Chantegeal, connu pûr sa fontaine minérâle. Cest une eau ferrugineuse, de goût agréable, assez semblable à leau de Seltz, mais Do décomposant le vin. reste, les eaux minérales abon- dent encette région fort tourmentée par les volcans, préselîlant maintes curiosités géologiques et renfer- mant des gisements de fer et dantimoine. Indépendam- ment de cette fontaine de Chantegeal dans lacommune de Blesle, on trouve, dans la commune voisine de Saint- Étienne, les sources minérales de Solignac etde Mage, an lieu dit (lu Rouillé.

° AUTRAC. - A louest de Blesle, sur un plâteau fertile bien quélevé, confinant à Anzat-le-Luguet (can- ton dAtdes), dans un terrain calcaire produisant de la chaux hydraulique, sétend la commune dAutrac. Antrac possède une succursale, une population de 170 habitants et une superficie de 846 hectares. La montagne qui domine Au trac est le point culminant du canton, 1,000 mètres au-dessus du niveau (le la mer; cest le mont Fauvat se rattachant à la chaîne du Cézallier; le village dAutrac est à825 mètres. Au-dessus est le hameau de Monttnoirac, qui a appartenu à la famille (le Laslic; h lest; est celui de la Garde, sur un plateau fértile en froment.

3° Ca lBFzor. - La commune de Chambezon, voi- sine de Lempdes et confrontant au canton dAuzon; possède de boni vignobles; elle a une succursale, une population de 258 habitants groupée dans uù seul vil- lage, et une superficie de 507 hectares. 418- NOTICE HISTORIQUE SUR IILRSLE

4° ESPALEM. - La commune dEspalem, située dans un terroir fertile eu céréales, possède mie succursale, une population de 473 habitants et une superficie de 4,462 hectares. Sous le règne dHenri IV, Espalem (I) fut visitée par Charles de Valois; comte dAuvergne, qui y passa une revue (montre) de ses partisans, en allant assiéger Saint-Flour (1604). Ses principaux ha- mean sont Achat, Boisseuge et la Pénide, entourée détangs aujourdhui desséchés. -

5° GRENIER-MOÇTC0N. - La commune de Grenier- Montgon possède une succursale, une population de 382 habitants et mie superficie de 409 hectares, Le chef- lieu, Grenier, qui est te lieu paroissial, est à, I kilomètre du hameau de Monton, an-dessus duquel on aperçoit Un vieux Fui-g démantelé, qui successivement n été possédé par deux grandes maisons féodales. Originairement ce fief, ayant ensuite titre de mar- quisat, appartenait à la famille de Léotoing et passa dans celle de Cordebœuf dé Beauverger (2), par le ma- riage de Louise de Léotoing, avec Bénigne de Corde- boeuf, célébré le 11 février 4550, duquel naquit François de Cordelsoeuf de Beauvèrger, lieutenant de la copapa- gaie du comte de Raudan, et dont le fils, Pierre de Cor- deboeuf, fut substitué -aux nom et armes de Moutgon par donation de son grand-oncle, Jacques de Léotoing-

- (I) Dans le .%»hhiaircdAuverjyuc on voit on Guillaume ile Torlia; Seigneur ulEspalem, marier saillie avec rrançois de Riom. - 2) Cette Famille du Cordebœu(, originaire du Bourbonnais, descendait de baroud de Cot&ibhi,t, écuyer, vivant en 14GO, sans doute tarent -de Guillaume- aluna cd de Cordelneuf, bailli cia munt,tcs dAtnergne en 1428. ET LABBAYE DE SAINT-PIERRF..DEBLESLE. 449

Montgotl, sous la date de mars 4518. Cc Pierre de Cordebœuf fut gentilhomme de la chambre des rois B.enri IV et Louis XIII, qui lestimaient pour ses servi- ces rendus en sa qualité de capitaine do chevau-légers. Louis XIII lui accorda une pension de 3,000 livres. Cette famille na cessé de fournir à lÉtat de bons offi- ciers, parmi lesquels on remarque Jean-François, comte de Mont-on , qui fit avec éclat presque toutes les cam- pagnes de Louis XIV, devint lieutenant-général et inspecteur général delà cavalerie française, et , mourut en 1730 laissant un fils prêtre, qui fut cet abbé Charles- Alexandre de Montgon, ministre de Philipe T, roi dEspagne, et habile négociateur (4), qui a laissé sur ses négociations des Mémoires imprimés en six volù- mes. Dautres membres de cette famille sont parvenus à de hauts grades. Elle compte plusieurs maréchaux-db- amp, deux chevaliers de Malte, trois comtes de le t3rioude. Son représentant actuel, marquis Adhémar de Mont-on, vient de racheter cette ruine. Tout près de Grenier, sur le bord delÂllagnon, est enfoui dans les arbres le petit castel de Florival dépen- dant jadis de la terre de Môntgofl, et appartenant, en 4789; k M. de la Chassignole. .

flo LOTOING. - Cette commune possède une suc- dorsale, une population de 590 habitants et une super-

Fiance, (1) Cest cet abbi de M6nÉOfl, dont Michelet a dit filistofra de . ivil Ce qdétablit MûliLgon, quon ne Iii pas assez - Les aOirieS ,h,,O sable, à ta lor- es Montgon sont tearieUns en aa,,ioi, I ue si de dure ,,00uire-êearttlie de mflnl& 120 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

haie de 4,957 hectares. Léotoing, aujourdhui chef-lieu (le commune, était, au moyen-âge, une chàtellenie puis- sante qui, aux XIIP et XIV siècles, formait un bailliage et un mandement spécial mouvant de Mercœur. Mais à partir du XVIe siècle, tout en restant chtLtellenic-et bail- liage dépendant de ce duché, Léotoirig fait partie du mandement de Blesle. Le vieux château, dont les ruines imposantes se dressent à pic en face du ?ail-way, était un formidable r(Taireappartenanti dès le XHIsiècle, au dauphin dAuvergne, Rebei-t 10F, qui lavait confisqué k cette époque sur Bertrand de Léotoing (1). Co mémo dauphin fit de cette terre en 4262 lapanage de son fils, Hugues, qui la transmit k sa postérité; de là provint la seconde famille de Léotoing,; car tout porte Li croire quaux XIII et XIV siècles les Lotoing formaient im rameau de la maison dauphine.Plus tard, ce fut la maison de Léotoing-Morjigon (2) et enfin celle de Léo- toing dAnjony, qui détinrent ce fief. Pendant plusieurs siècles lhistoire de Léotoing est mêlée à celle du dauphiné, dont il était nu des plus beaux fleurons et une des places les plus foi-tes. Les débris, qui ont surmonté les outrages du temps et les dévastations, souvent plus préjudiciables, des hommes,

(I) Ace Eerlrarid de [dotoing finit sans doute la primitive mai50,, d6 Léo-. toïng. Cest S cette première tige qaappiirte,ait un chanoine do Brioude nommé Léotoing et vivant en IPOO. Voir chabrol. (fi) La ramille de Beauverger_Montgon, entée sur celle do Léetoiiig, na jamais Cu la seigneurie de Léoloing passée aux Liiotoing dAujonv, et possédée quelque lemps par la maison dOrléans, comme on le verra. Les Léotoing portaient dor, à trois fasces de sable; les branches de Char- mousse et de la liane portaient les fasces da;nr. - 1T LABBAYE DE SAINT-PIERflE-DEBLESLE, 121 révèlent sa grandeur passée; Cétait une vaste citadelle aussi forte par lassiette que par laccumulation des ouvrages dart. Elle sélevait en promontoire sur un roc anfractucux au-dessus de lAllagnon, qui baigne sa hase, de granit; son enceinte spacieuse était flanquée de grosses tours, dont quelques-unes existent debout au milieu dénormes décombres, présentant à lhorizon un point de repère majestueux; on remarque encore la guette, doù la sentinelle surveillait le voisinage et signalait lapproche du danger. Suivant Audigier, les Léotoing, seigneurs de Léo- toing et de Montgon, constituaient une branche de la race des Mercoeur formée, au XIIP siècle, par le fils dHugues dauphin, Béraud, sire de Léotoing, et qui, depuis releva du dauphiné dÀùvergne (I). Cette maison présente unè longue liste de chevaliers illustres dans les fastes militaires, des comtes de Brioude, des abbés de la Chaise-Dieu et deux évêques (lui 50 succédèrent sur le siège épiscopal de Saint- Fleur, le premier de 1452 à 1462, le second de 1463 à 1482; ils terminèrent la cathédrale, où ils furent inhu- més,-dans le caveau construit pour leur maison, et fon- dèrent la messe de Notre-Dame, comme lindique une inscription gravée sur le portail de cette église en com- mémoration de sa consécration en lan 1466 (2). En 1284 il y eut une composition entre Hugues(3)

(1) A pirtir du moment et, te daupluné échut àla famille de Mercœur. () Archives de lEmpire; Inventaire du daupMriê dAurergne. M. crouzet en

relevé 0x10 copie fort précieuse pour lhistoire dAuvergne. () Robert I" exiL plusieurs enfants, entrenutrŒ Robert Il, qui tut le .lat,phiné, 122 NOTf43E. hISTORIQUE SUR BLESLE de dauphin, dune part, et lautre Béatrix de tempdes, veuve de feu Turc de Meyronne, par laquelle Béatrix rewritait tenir dudit seigneur dauphin; à cause cia thastel de Moloing, en foi et hommage, son hôtel et •forteresse, de Lempdes et appartenances; on retour le dauphin octroie, à cette dame toute juridiction sur sa terre de Lempdes. Quatre années après, en 128à, entre le sire de Léotoing, Béraud, et labbesse de Blesle, Alix II, fut opérée une transaction au-sujet des dEOILS de justice sur Lempdes;- doù ressort que la juridiction de Bls1e sétendait alors sur Lempdes. Sous lannée 1302, Pierre de Léotoing, chevalier, fit nommée h Béraud, dauphin, seigneur de Mercoeur, pour ses appartenances aux mas dé Bousselargues, Cha- decol, Pressac en la châtellenie de Blesle, au chàtean de Montgon, aux mas de Grenier, Charmensac, Lesetialin, et tout ce quil possède ès châtellenies de Mercœur et de Lastic, ainsi quau mas de la ville de Blesle, etc. Autre nominée fut faite, en 1317, à Jean, dauphin, - en sa qualité de -seigneur do Léotoing, par Pierre et Guillaume dAzcnières confessant tenir en fief de lui tout ce quils perçoivent ès localités de Lempdes Mauriac et Chambezon. Astorg de Léotoing fit, en Lan 1334, hommage, pour les mas de Féclial, Vernassal, Azenièies, Ségonzac, à Charles de Valois, comte dA- lençon et de Joigny (4).

et Hugues, auquel il donna pour Apanage Léotoing, Saint-lipize eh vaille- Brioude. (I) La clitteilenie sic LoIoing cornptenailj outre le lieu paroissial etcIi1Iu 4e ce isola, les lieux de Pidnzo!, Àmnusies Farreveolles, les Loyes, Vernassal, ET LABBAYE DE SAINTPlEflhlE-DE-BLESLE. 423

Ce fut un dauphin dAuvergne, Béraud, comte de Clermont, sire de iMèreccûr, qui, au XIV° siècle, établit le bac de Lanau au-dessous dû Léotoing, sur la ri- vière dAllagnon. Au siècle suivant, Louis de. Léo- toing, frère des évêques de Saint-Flour et lun des plus vaillants hom?nes darmes de son temps, fut armé chevalier au siège de Bayonne par le comte de Dunois Le chateau de Léotoing, lié à toutes les vicissitudes du dauphiné dAuvergne, en suivit les phases, parta- geant sa bonne et sa mauvaise fortune. Il fut associé à sa splendeur, à ses faits darmes glorieux, ses fêtes bril- lantes, ses hyménées joyeux, comme k ses revers, ses agressions, ses désastres; il subit bien des attaques, brava nombre dassauts, retentit du. bruit de maints combats et de maintes fêtes. Des dauphins Montpen- sier, cette châtellenie passa k Gaston dOrléans par son mariage avec lunique héritière des Montpensier; de k, à leur fille, la grande demoiselle, et enfin à la bran- che dOrléans, issue de Louis XIII. Léotoing fit partie du bailliage de Montpensier, lors de la fusion de ce duché avec la principauté dauphine. Cest donc en sa double qualité de duc de Montpensier et de représen- tant de la maison dauphine, que le duc dOrléans pos- sédait cette seigneurie en 1789. Cette année-là,. ce prince emphytéosa (I) ses deux châtellenies de Léo- toiiig et de Vieille-Brioude.

Becatilé, Lefort, la Garde, Augelaoe,.Votvige, Reste, Lanan, Bioisat, Gissac, le Chambon. Le seigneur de Léoloiiig avait encore les seigneuries de Manip,,, Corèn, Talisat et Menlires. (1)Dulaure. - Le due dOrléans avait déjà cédé par semblable bail emphtéo .tique Islam de VodaNe S M. de Fougère.. 1 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

En 4337, Guillaume de Balzac, chevalier, était capi- taine-cliâlelain de Léotoiug (I) pour Jehan, comte de CIermon, dauphin dAuvergne. Ce chevalier apparte- nait à cette branche des Balzac dEntragues habitant la terre deVernassal, qui dépendait de la châtellenie et aujourdhui (le la commune de Léotoing. Cette mai- son, très-ancienne (2), qui tire son nom dé la terre de Balzac sise dans la paroisse de Shint-Girons, à une lieue de Brioude, est mentionnée, dès le 1X0 siècle, dans le Cartulairede Brioude. Robert et Raoul firent hommage an dauphin, luien -1336, Iautreen 1363, pour le fief de Yernassal. Guillaume de Balzac, chevalier, as- sista, cul 364, an contrat de mariage de Marguerite, dau- phine, avec Godefroy dAuvergne et de Boulogne, sei- gneur de Monigascon. Un Balzac (Rnffec) fut sénéchal de Beaucaire et de Mines au XVO siècle; un autre (Ro- bert) sénéchal de Gascogne et favori de Louis Xi; un troisième (Pierre) lieutenant du roi en la province dAuvergne. Au XVJO siècle, cette famille brilla à la cour des Valois; lun deux (François) fut gouverneur dOrléans et lépoux de -Marie Touchet, maitresse (le Chailes IX, dont il eut la belle marquise de Verneuil, quHenri IV faillit épouser. Son frère (Charles) fut le bel Entraguet, favori du duc de Guise, qui tin Caylus dans ce duel mémorable de Charles dEntragues contre

(il. Cest ce qui ressort de lexploit signifié en Ian h Mgr khan Dauphin, comte de dorment, seigneur de Léoning, en In personne de noble Guillaume de flaira; chevalier, cl de Jean chogardon, sou procureur. ,Inventaire du leu- phinê.) (2) Les amies des Balzac sont :dazur, à trois flauchis dorgeat, ou chef do,, chargé de (roi,o panchts deau-.

ET LABBAYE DE SAINT-PIEBItE-DE-BLESLE. 125

les trois mignons dHenri III. Le mariage dune Balzac dEntragues fit passer la terre de Yernassal, en 1537, dans la, famille (le Chalvet de Rochemonteix, qui fournit plusieurs capitaines au château de Léotoing. Pauline de Rochemonteix, petite-fille du comte de lb- chemonteix, lieutenrtot-généial r capitaine des gardes- - françaises sous Louis XJV, porta Vernassal en dot it -

J.-B. Thomas de Domangeville; dont le descendant pé- rit à Lyon, sur léchafaud, en 1793. Ces derniers pro- priétaires de Vernassal, à la place du vieux castel, bâtirent une superbe demeure de style Louis XY . au- jourdhui délabrée. Il y avait à Farreyroles, hameau de la commune de Léotoing, une commanderie de Saint-Jean de Jérusa- lem {4). Dans cette même paroisse est le Chambon (2) appartenant jadis aux Templiers, ensuite b. lordre de Malte, et que la famille de la Vernède posséda en fief.

70 LORLANGE. - La commune de Lorlauge possède une succursale, une population de 560 habitants et une superficie de 4,449 hectares. Lorlange était autrefois un fief détenu par une-famille de ce nom, qui fournit, au XIY0 siècle, une abbesse au monastère de Saint-Pierre de Blesle, Marguerite de Lorlage ou Lurlange. Elle

• (i) Linventaire du daophiné-tAtivefl700e mentionne nue transaction .en1826 entre flolaert Dauphin et le commandeur le Farreyroles, lequel sappelait Pierre le Madie. - Farreyrolles sortit de lordre de Malte, car, eu 1666, François de Cliambeuil en (tait seigneur. (2) Le Chambon ét2it.00 arriLre4efmle Lôotoingqitti.bitait, en 1631, Pierre de Molon de la Verulde. - - - 12 NOTICE HISTORIQUE SUR 13LESLE

était fille de Ghillaume de Lare ou de Lorlange, écuyer, eoeigneur de Lorlange en. 4322. Celte mai- son, qui hortait indifféremment les noms de Lare ou de Lorlange, a subsisté jusquen 1400. Dans le territoire de Lorlange se trouvent 4° Le château de Védrines, jadis ariière-fief de Léo- bing; possédé successivement par cette maison, par celles de Montgon, de Douhet, et enfin de Pradt, dont la descendante, Mmc la comtesse de Boysseulh, y fait sa résidence. 20 Le château do Chabannes, autrefois la propriété de la, famille du Crocq de Chabannes, it laquelle appar- tenaient Philibert du Crocq, conseiller et maître-dhô- tel ordinaire de Charles IX, envoyé par ce prince cii Écosse comme ambassadeur auprès de Marie Stuart, et le marquis de Chabannes, fort habile écuyer, qui, sou la Restauration, organisa lécole de cavalerie de Sau- mur, M. Chassin est maintenant propriétaire de Cha- bannes. 3° Les hameaux de Clamont, dAngelane, Volviges et de Clamonet; ce dernier était un fief noble, po- s&lé, en 1675, par Jean de Melon de la Vernède. 4° La localité de Roche-Constant, que lautour du No- biliaire dAuvergne (1) croit être la même que celle au- trefois nommée la Roche-Vernassal, laquelle était une ancienne justice seigneuriale sétendant sur les parois- ses de Bournoncle, Lorlange et Beaumont.

(1) Ilouillet, Nobiliaire dÀorcrgne, art. La Roche- Verndseai. Il y a en 011e vieille famille de La lkoche-\ernassal, tirant son non de ce fief;- ET LABBAYE 1E SAINT-PIEflRE-DE-BLESLE. 1 21

8° LUBILUAC. - Cette commune possède une succur- sale, une population de 635 habitants et une superficie de 2,408 hectares. Le hameau de Sauvagny, qui confine au Cantal, est à 95 mètres au-dessus de la mer, 75 de moins que la montagne dAutrac. Tout près du village de Lubilhac sélève le vieux château de Vernières, dont les ruines entassées sur une étîlinence attirent les re- gards. Cétait une châtellenie (4) appartenant b la mai-, sou dApchon, et qui, par le mariage de Marie dAp- chon avec François dEspincbal en 1584., passa dâns celle dFspinchal, laquelle la vendit b Jacques Bolide, lieutenant des maréchaux de France. Celui-ci prit le nom de Vernières, et ses descendants transmirent ce domaine â M. de Chalagnat, qui le possède abtuelle- ment. • La justice de Vernières était fort éteildue et coin- prenait le lieu paroissial de Lubilhac, les pagésies de Vernières, Garnigonle, les Martrês, la Versane, Violette, la Page, Sauvagny, Rouge, Mercœur,, la Chaux, Tains, la Fayette, les Granges et Moutenège (dans la paroisse de Luhilhac), les hameaux de Vaze- rat, Chevaley, Brousse et la Vieilleville (dans la pa- roisse de Massiac), ceux du Minai et de la Bastide (dans celle de la Chapelle-Laurent) et te village des Bordes

(i) Il n eu plus aneienneme,,t une famille de versières, à Iluelle appatte- calent 1{ugues de Verrières, seigneur de Favarsen 1314, autre Hugues de Ver- nières, capilaine du dr tenu etc Mural en 1412, et Iran de Vernières, chanoine rie Brioude en 1401. Cest Jeune de la Clanssagrre, dame rie verrières, Massiac et Vereols, qui, en épousant Artaud, seigneur dApehon, è la lin du XV siècle, transporta la terre de Verarières dans la famille dApelmon.

M I

128 NOTICE }IISTORIQUC SUR JILESLE

(paroisse de Saint-l3auzire). Il y a aux environs de Ver- nières, dit Chabrol, des mines dantimoine. Malepeyre, village de cette commune, était un fief tenu depuis le XIVO siècle par une branche de la maison de Melon ayant son siège principal k Auriac; (le la famille de Melon, Malepeyre est passé par al- liance dans celle de Noyant, qui lhabite maintenant. Linventaire du dauphine dAuvergne mentionne des nômmées faites en 4302 pat Robert de Malepeyre, sei- gneur de Serre près dAuriac (I) et par ilugon de Ma- lepeyre, en 1322. Dans cette même paroisse se trouvait le fief do Cis- trières appartenant à une autre branche de la famille de Melon de laVernède. Il était possédé, au XVJP siè- cle, par Jean de la Veimède, qui épousa, le 6 jan- vier 1660, Gasparde de Vertamy, et ensuite par son fils, Pierre de la Vernède, cité par Decamp dans son Nobiliaire manuscrit (2), sous lannée 1675.

90 SAINT-ÉTIENNE-sUR-BLESLE. - Cette commune a une succursale, une population de 308 habitants et une superficie de 1,765 hectares. Dans le territoire de cette commune, aux lieux de la Clnrèze et de la Rage, existaient des mines dantimoine, jadis en exploitation, maintenant abandonnées; il y a aussi des gisements de fer k la J age. Saint-Étienne nest guère quune expression géogra-

(1) Cette coïncidence établit bien la preuve que ces seigneurs du M . siècle étaient de le famille de Mules. (2) Bibliothèque impériale. ET LABBAYE DE SAINT-PIERBE-DE-DLESLE. 429

phi que, car ce nom, indicatif dune commune, ne seré- fère à aucune localité habitée; il rappelle le souvenir dun monastère fort ancien, dont les ruines saperçoi- vent au sommet (lune montagne dominant le village du Chaylat, qui est le chef-lieu de la commune et de la paroisse. Lè Cliaylut est une pauvre bourgade (le phy- sionomie savoisienne, enfouie dans le vallon sétendant de Leyvaux à l3lcsle, le long du ruisseau (le Voirèze, n point dintersection de plusieurs gorges encaissées en- tre des roches granitiques. - Le lieu de Saint-Étienne na pas même conservé son église; il ne garde du passé que le • cimetière, épave bien appropriée à une ruine, doù la légende seule émerge. Saint-Étienne tire son origine dun ermitage qui abrila, au IX5 siècle, les austérités érémitiques de saint Léon. Le couvent de Saint-Pierre de Blesle y avait une succursale à peu près contemporaine de la fondation dErmengarde, puisque le territoire de Saint- Étienne et de Leyvaux fit partie de la dotation primi- tiè (1) de ce monastère. On n vu que, dans les temps anciens, les religieuses de Blesle étaient disséminéesdans diver ges prébendes, ne se 6unissant que pour, les solennités an siège abha tial. Saint-Étienne doiC être considérée comme la plus antique et une des plus importantes de ces annexes de Saint-Pierre, à en juger par les bâtiments assez vastes dont les débris jonchent le sol. Jusquau XVIIL C siècle,

(1) Voir plus haut ce qui u été dit à loccasion de la bulle dAlexandre III labbesse Pliilippie, concédant les églises de Saint-Etiennd et 5iot-5atumin au Leyvaux.

9 130 t4ÛTTtE HISTORIQUE suit • BLESLE ce moutier subsista, servant de retraité à un certain nombre de chanoinesses de ce chapitre, qui conserva jusquà la Révolutioh la manse de Saint-Étienne. il y vaiL des terres désignées encore sous le nom de Ma- darne labbesse. - - - En outre, il existait en ce lieu un prieuré, dont le prieur, â la nomination de labbesse de .Blesle, desser- vait cette église actuellement démantelée et adossée au ci metière resté celui de la paroisse, alors que le Chay- lat en est devenu le lieu paroissial; ce village possédait déjà une église sous le vocable de Saint-Étienne, ser- vie par un vicaire à portion congrue, dépendant du prieur de saint-Étienne, et, comme lai nommé par labbesse. Suivant une tradition immémoriale (I); le pape saint Léon (2), celui qui avait sacré Charlemàgne en lan 800, chassé de Rouie par la cabale hostile au grand empereur, après la mort de ce prince, se serait retiré dans une solitude dAuvergne, où il aurait bâti léglise de Saint-Étienne en lhonneur de ce martyr dont il possédait les reliques; il aurait fini ses jouis dans cet ermitage et y aurait été enseveli. Voici ce que rapporte, à ce sujet, le Martyrologe manuscrit de Brioude Kalendis maii, in pago Arvernensi, in terjïto,-io ubi rnon(ana vidons transitus sanctj Leo- nis papw, in ecolesia quant ipso condidit et couse-

(1) Cette tradition est oonsignle dans te Mtariyroge de saint Julie,, deBrioude et dans tes An,tates de Saint -Pierre-de-pjesie. (9) \oirj ce sujet Iliisfoire de /Ég/ise dAnrergne par M. de Este, t t,, P. 950 et suiv. - ET LABBAYE DE SAINT-PIEItRE-DE-BLESLE. 434 cravit. Une contestation sétant élevée entre labbaye de Elesle et celte de la Chaise-Dieu pour la possession de léglise de Saint-Étienne , dont les moines de la Chaise-Dieu semparèrent, les religieuses de Elesle pré- sentèrnL à Urbain Il une requête qui porte Insur- reiei-uut nionac/ti Casœ-Dei, et ecclesiain Sancti Ste- p/i.ani.... . et Sait Lconis papœ, qucin Romani, quia Carolus tnipesator cleqerat em, e.vsecaverunt, cor- pus ejits, ut vidi,n.u.s, ibi tequiescit, et nobis contra- dicentibus abstulerunt. Dè ces deux actes, dune antiquité assez voisine du décès de ce pontife, ressort quune tradition huit fois séculaire proclame que le pape saint Léon était enseveli dans la chapelle de Saint-Étienne, où lon a constamment célébré Sa fête le 28juin, jour où FEglise solennise celle de saint Léon-le- Grand. La confusion est donc flagrante entre ces,deux pontifes (I), et cest ce qui u produit lincertitude sur le point de savoir lequel des deux dans cet oratoire, ou même si lun deux la visité durant sa vie, ou consacré, après son décès, par ses dépouilles mor- telles. A ces circonstances vint, au bout de plusieurs siè-

(I) Léon l,r dit le Grand, fut pape de 44o ii 461, année dosa mort. Cest lui qui dissuada AtIila dentrer a Home. Il tut cannoise. - Quant Ii Léon iii, pape de 105 à816, année de sou décès, il mit la couronne impériale sur le front de Charlemagne le jour Uc Nol de lan 800. nais il la point été canonisé et lue ligure dans aucun calendrier. Dès lors les faits et les dates sopposent à ce que lun et tautre de ces papes soient le personnel (le la légende de saint Léon, qui sapplique, comme ou le verra, a un autre saint Léon, héque, mais nullement pape.

r 432 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Cles, sajouter un fait nouvèau, confirmatif de cette croyance, que M. de Résie (1) rapporte ainsi: « En 1721 , M. André, éiirâ de saint-Étienne, en faisant agrandir la Chapelle Saint-Léon, trouva, dans le irnir en face de lautel de cette chapelle, un vase de pierre renfermaht des ossements humains pliés dans un linge très-fin, très-blanc et fort bien conservé, quoique ( le linge touchât la pierre. Ce vase contenait également, euveiop$é clans une boule de cire, un parchemin sur lequel était écrit : In presenti vase lapidco sunt n- liquiœ beati sancti Leonis »opœ III, qui sedit Rama lem pore Caroli Magni irnperatoris, cujus antecessor fuit papa Adrianus, quidem successor Stephani .1V. Qui quidera Leo Jatiqatus a Romanis post morte»& prafati nnperatoris, exil Ronurm•, et coenobium Dia- siliai visitavit in honore7n b cati Petri aposta bruni principis. Deinde citain cupiens duccre .eremutieam) presen tein bocaïn. San cli Steplia wi adiit. lb iq ne moi- tuas est et sepuitas, ut satins in qaodani libro anti- quo hiçjas cccicsiw continetur, , ob Cujus merituni nvuiti hic occurrentes sanantur n tangori bus suis. » Il appert de ces informations, que la présence de saint Léon Ut à saint-Étienne ne repose que Sur une tradition purement locale, et en opposition manifeste avec les données historiques; tous les historiens, en ef- fet, rapportent que Léon Itt mourut h home en 816, après un pontificat de vingt ans, cinq mois et seize jouis. La date est des plus précises. Voici la source de cette lia-

(1) Malaire de lÉpine dAurerqne, t, u, p. 251. ET LABBAYE DE SAINT-PIEBER-DE-BLESLE. 133 dition, ce quelle contient derreur cl de vérité « Vers le milieu du Xe siècle, saint Léon, évêque de Gaète dans le royaume de Naples, continue M. de Résie, ayant appris les miracles et tes mérites de saint Uéraud dAn- tillac, abandonna son évêché et vint se faire religieux au monastère de cette ville, où il vécut quelque temps dans la plus austère retraite; mais, ne se. trouvant pas encore assez séparé du monde, il se retira dans une so- litude de la Haute-Auvèrgne, où il finit saintement sa vie le 46 octobre de lan 970. lI est parlé de ce saint évêque, de sa vie érémitique dans hi Chronologie des abbés dAurillac. Cest donc à cet évêque de Gaéte mort en Auvergne, où il u été mis au rang des saints, quil faut attribuer la fondation de léglise . de Saint- :Étienne, et tout ce que le Martyrologe de Brioude et les .1nnaies de flics le attribuent faussement k son ho- monyrne le pape Léon 11f, qui fut plutôt un pape poli-. tique quun saint pape, et dont la vie et la mort sont tellement connues des historiens, quil est difficile de comprendre comment une, semblable erreur a pu du- rer aussi longtemps, et que personne avant Obus nait trouvé la clef de cet imbroglio l,iistoriqie. » Tel est le véritable sens de la légende parènétique e saint Léon, dont le colle sest perpétué dans la pa- roisse de Saint-Étienne; et la fontaine de Saint-LéGn. est encore visitée par de fervents pèlerins; on vient partiulièrement y baigner , les jeunes enfants. -. En remontant te, ruisseau de Voirèze, on trouve la Chirèze avec ses vestiges dexploitations dantimoine; au-dessus est Solignab qui possède une sturce mi- nérale. Cétait un ancien mas tenu en franc-fief, 134 NOTICE HISTORIQUE SUR I3LESLE

lan 1302, par Robert Bonionlz, bourgeois de Blesle, qui en rend hommage au dauphin, seigneur de Mer- coeur. Plus loin, sur les confins du Puy-de-Dôme, est Brugeli. A la crête dun versant boisé faisant face à Saint- Étienne se découpe la silhouette dun vieux Caste!, au- quel la petite poterne dune tour servant encore des- calier assigne la date de 1306. Cest la Page, mentionné sous le nom de mas dans lInven2aire dit dauphin é, en lannée 1322, à propos dune nommée faite à Jehan, comte de Joigay, seigneur de Mercoeur, par noble Ar- mand du Bos (1) pour ses possessions au mas de la Fage. Cette terre, ayant titre de baronnie, devint le fief de la famille de Mourgues, qui en prit le nom et ]il posséda sans interruption depuis le XVC siècle jusquà nos jours, où lhéritière de cette maison la porta dans celle Je Saint-Poncy. De cette terre de la Fago dépendaient jadis les mas (2) de la Viulle, du Fraisse, de Bascusse, de Bourdeille, de la Chirèze, de Védrines, du Chaylat. Sur le territoire de lu Fag& se trouvent des gisements dantimoine autrefois exploités et du minerai de fer qui Pourrait lêtre utilement. Ces gisements de fer sont proches dune source minérale de nature ferrugineuse,

(I) cet Armand do Des appartenait à la première famille du Bus. Il y o au fond du bois de la Pare une pniriu portant le 110m (le prldu Be y, en souvenir de ces seigneurs possesseurs de quelques allais au tèuejue,,t de la Page. (2) Les trois premiers de ces mas sont ddnommés dans lInventaire du dort- phiné dÀiwergoe. Quant à celui de Bascosse et à celui de Bourdeille, ils ou pré- sentent mÉmo Plus de vestiges darnbilalions, àpeine un pan Or o,urjiIl Boordeille. ET cABIIÂYE DE SAINT-IIEIIRE-DE-BLESLE. 435 agréable à boire comme leau de Seltz; cest la /out dit Rouillé, probablement la même qui est désignée sous ce nom comme Lendroit où [ut momentanément trans- portée la statue miraculeuse de la Vierge de Lauric. La famille de Mourgues de la Page a donné aux X[1 et XV0 siècles deux comtes au chapitre de Saint- Julien de J3rioude, Odile (1161 ) et N. de Mour- gues (-4 &6S) elle fournit au chapitre (le Bleslo une religieuse, Béatrix de la Fage (1350); une abbesse, Mar- guerite de la Fage (1), qui gouverna le monastère de Saint-Pierre de 153.5 à 4572, et une chanoinesse, qui eu faisaii partie lors de la sécularisation, Lucie de la Fage. Cette famille, avec ses rameaux subsidiaires de Chamberty et de .Lussand, offre un nombreux con- tingent dofficiers aux armées royales. Dans létat de 1675 (2), où se trouve le ban convoqué parle mar- quis dAllègre, sénéchal dAuvergne, figurent quatre de Mourgues. Un César de la Page rendithommage à Cé- sar de Vendôme,, en 4640 (3), à cause de son duché de Mercœur; Jacques-Joseph de Mourgues de la Fage fit pareille nommée, le 29 août 4699, au duc de Vendôme, en raison de la basse justice des fiefs de Leyvaux,

(I) Labbesse Marguerite de la Page était fille de clalde de Mourgues (le la Page qui tesla en 1540 en faveur de son fis Jean. Celte famille a produit beaucoup dofficiers estimés, entre autres le chevalier Pierre de Chamherty, capitaine (le cuirassiers, et le chevalier Jacquet (le la tagt, chef d.seadromm, tous deux cheva- liers de saint-bonis. Elle sest éteinte eu 185e dans la personne de Jacques de Mourgues, baron lie la Page, dont la soeur Adélaïde de la Fuse, dicddée en acm, avait légué la ttre de la Faite k sa nièce, M m de Saint-Poney. (2) Fonds Decamps. (3) Papiers de la ramille de 12 balle. 136 NOTICE HISTORIQUE SUR I3LESLE -

Çhambert y, le Breuil, la Jarrige; car le baron de- la Page avait droit de basse justice sur ses propriétés. Un affar de la Page, sur lequel les Chavagnac avaient antérieurement des droits seigneuriaux, Vé- drines, en fut détaché par la vente consentie en 470, -par Jean, baron (le la Page, au profit de NI. Segret, Ho. taire à Blesle. De la famille Segret, Védrines a passé M. hurla des Roziers, propriétaire actuel de cc do- maine. Près de Védrines se trouvent : Io le hameau de Pres- sac, qui était un mas appartenant à labbesse de Blesle, qui, outre les dîmes; y prélevait les cens; 20 la pagé- sie de Besse, qui avait donné sou non à une très-an- cienne famille, mentionnée vingt-et-une fois dans le catalogue de Brioude, établie à Blesle pendant le moyen-age. Lainé, dans son ,Vobi1iare, parle de Pierre de Besse vivant dans cette ville en 1450. Plus ancien- nement, un Guillaume de Besse avait fait, en 1322, re- connaissance (b) à Jelian, comte de Joigny , seigneur de Mercœur. Cetle maison sest éteinte clans celle de la Richardie, qui en releva-le nom et les armes; elle por- tait: Écartelé aux I et 4 dazur, nu lion dargent; nu 2 et 3, à trois flanchis de gueules; pour cimier, une tête de loup, et pour cri, Montgont•ier (2). Jean de

(I) I,, veutaire du dauphioé dAscerguue. A ii même date, pareille nommée est faite par Jean, fils de Bertrand de Busse. - (2) Cc qui donne h penser que la maison de Montgontier sétait fondue dans celle de Busse, qui avait l,dri,é de sou manoir et pris son cri de guerre. Il y avait un autre fief et eli-iteau du nom de liesse situés aux environs de Blesle, au- dessous du Luguet, cette seigneurie échut par mariage à la famille lu Bon. Il est ET LABBAYE DE SAirT- pIEnnE-DE-BLEsLE. 137

Besse, né à Pressac (paroisse de Saint-Étienne), fut lan- leur dun Commentaire de la Coutume dAuvergne, Publié en 1548.

106 Tonsuc. - Cette commune a deux succursales, lune h Torsiac, lautre à Brugeilles, une population de 226 habitants et une superficie de 905 hectares. Le lieu de Torsiac, bien que chef lieu, necontient que le cliàteau de ce flOTUr léglise, le presbytère et ta maison décole. Cétait autrefois une propriété des Templiers. Toutefois, dom Colt cite Iller et HUgHeS (le Sarrasin comme seigneurs du lieu en 1271 et 1302. Ce fief ap- partint ensuite k une. mille qui en prit le nom, et dont deux membres, Faucon et Vital de Torsiac, figu- i-eut à lArmorial de 1450. Marie de Torsiac le porta en dot à François de Boisset de la Salle. Leurs successeurs ont conservé cette terre jusquà ces derniers temps quelle n été achetée par M. Detour, qui a réparé le vieux chateau. Le village de Brugeilles, désigné sous la qualification de mas dans lInventaire du dauphiné dAuvergne, et qui est la localité la plus populeuse de cette petite commune, en est distrait au point de vue spirituel, et forme une succursale distincte. Au-dessûs de Brugeil- les se trouve le hameau de Pouz&s. Cet affar, dépen- dant de la seigneurie de Torsiac, fut aporté, en 198, k J.-B. du Chenin par son épouse, Catherine de Bois- set; leur petit-fils, sous Louis XVI, le vendit -à M. de

probable que ces deux maisons de Besc habitant la même contrée étaient des branches issues de la même tige. - Voir le Nobiliaire dAuvergne. 138 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

Rozière, qui le possédait au moment de la Révolution. En 1334, Guillaume de la Salle, seigneur de. Pouzols, avait fait nommée -(4) à Charles de Valois, baron de Mercœur, pour sou mas de Marmessac et son mas de la ralette . Cc fait prouve que la famille (le l3oissct était fixée sur le territoire du mandement de Blesle avant sa fusion avec celle de Torsiac. Pouzols formait avec Mar- messac, Sanson et Torsiac, qui en était le chef-lieu, une baronnie possédée par la famille de Boisset de Tàrsiac. - - Torsiac, ait XVIll e siècle, ressortissait au bailliage de Montpensier, ainsi que Léotoing et Vodable. Pzohet et dOrmesson laffirment, et il faut croire à leur té- moignage, nonobstant la réfutation de Chabrol préleu: dant que cest une erreur, attendu quil est prouvé, par des faits de vassalité, que les tenanciers du fief de TorSiac rendaient hommage aux anciens seigneurs de Mercœur. Largument nest pas décisif, parce quoiï saccorde àplacer dans les tempsreculés ces fiefs sous la mouvance de Mercœur, et que cest seulement de- puis la transmission du dauphiné à la famille dOr- léan, que Torsiac,- Léotoirig, Vieille-Brioude et leurs dépendances ressortirent au bailliage de Montpen- sier (e). Quoi quil en soit, Torsiac, ainsi que Brugeilles

(I) Inventaire du dauphint d1,iverçne- (2) Cest lopinion formelle de Probe:, et celle aussi de lnlcndant dOrmcssou écrivant, dans son rapport au duc de Bourgogne sur la province dAuvergne (1697- 1698) • Vodable, Ldoloiog, vieille-tsrioude, et les lieux -en dépendant sont aujourdhui h Monsieur comme dauphin dAuvergne, et du ressort de soi, bailliage di Montpensier. » On n prétendit même que Léûtoing et TarMac étaient du duché de Monepen- Mer depuis sonéreotion, mais cest h tort, La dépendance de Montpensier d$e,du ET LABBAYE DE sAlrçT-PIERRE-DE-BLESLE. 139 et les autres mas de la commune, dépendaient de la justice de Mercoeur et du mandement de Blesle au point de vue de la juridiction, de même que de ]archi- prêlré de Blesle sous le rapport spirituel. Chabrol couL state que les officiers de BlesLe y remplissaient les jonc- tians judiciaires. Le canton de BISe, situé au point dintersection des trois départements de la liante-Loire, du Cantal et du Puy-de-Dôme, placé au pied des montagnes et au seuil de la Limagne, est une contrée de nature mixte, une sorte de marche, de pays contesté entre les Iliglands et les Lolwands, comme diraient les .écossais. Aussi participe-t-il du pays plat et du haut pays Tant par ses cultures, ses produits, que par ses moeurs el sa confi- guration géologique. Son aspect accidenté révèle les bouleversements causés par les éruptions volcaniques, qui ont jonché le sol de basaltes, de prismes et de sco- ries. Les traces dun cratère sont encore visibles au sommet du mont ignat, qui domine BISe au midi. Ce canton, confluant, au sud et au sud-ouest, avec celui de Massiac (Cantal), au nord -nord-ouest et ouest avec la commune de Lenipdes (Haute-Loire) et le canton dArdes (Puy-de-Dôme), à lest avec les can- tons dAuzou et de Brioude (Haute-Loire), a des aspects variés et des produits divers. Il présente une série de plateaux (1), de montagnes entrecoupées de gorges passage du daupliiné dAuvergne dans la maison damans; et Léoloing doit avoir constamment fait partie des terres dauphines; nous pensons que cette ch- tellenie et les autres précitées relevaient simpldù,ent (lu bailliage de Montpensier, b partir de la fusion do daophiné avec ce duché, au XVII siècle_ 1) On donne souvent, en Auvergne, le nom de CMsc à des plateaux élevés.

Ah. n

140 NÔTICE HISTORIQUE SUR OLESLE profondes, et quelques vallées fertiles. Le pays pro- duit toutes sortes de grains, du seigle, de lorge, de lavoine, du froment, des pommes de terre, des raves, du foin, de bons herbages, un peu de chanvre, du vin, des cultures maraîchères, beaucoup de fruits. bu nord au midi, il est traversé par la route im- périale N° 9 (de Paris à Perpignan), longeant lA1 lagnôn, et parallèlement par le chemin de fer dAr- vaut à Aurillac (ligne dOrléans), qui a une station dite de I3lesle, au lien du Liahory, distant denviron 9 ki- l6mtres de la ville, à laquelle il est relié par un che- min de grande communication (N- l 6). Le canton possède en outre la route départemen- tale de Brioude à Munit (N° 8) traversant la commune de Grenier, et deux chemins dintérêt commun (No 4) de Brioude â Ardes, et (N o 3) (le Brionde à Manche. Le réseau vicinal comprend cinquante-trois chemins, de petite vicinatité, ce qui rend accessible ce pays autré- fois dépourvu de voies de communications. Arès avoir Ôté longtemps négligée, la vicinalité a reçu dans cesderniers temps une vive impulsion; mais elle est encore incomplète et appelle (le nouveau-., efforts, pailiculiôrèment dans la direclion dAnzalie-Luguet. Le climat est tempéré, bien que sujet n de brusques variations; il diffère selon les altitudes, sans jamais al- ler jusquaux températures extrêmes. Lair est salubre, vif et tonique; les épidémies sont rares. Les eaux, qui ont courantes, limpides et dune saveur agréable, ra-, fratchissent sans occasionner de maladies. En général, le pays est très-sain, et la moyenne de la vie assez éle- vée; les cas de longévité sont fréquents.

AL f ET LABBAYE DE SAINT-FIER tE-DE-BLESLE. 141

k5 habitants de, cette contrée sont généralement honnêtes, laborieux, actifs, rangés et économes, ont des moeurs simples et honnêtes, des tendances religieu- ,ses, des habitudes dordre. Ils ne fournissent à la sta- tistique criminelle quun faible contingent, se montrent polis et faciles dans le commerce de la vie. Mais le pays nest pas riche, faute dindustrie, etaussi à cause de la nature du sol généralement ingrat, ex- posé aux intempéries, aux ravages de la grêle, à de violents orages qui dénudent les coteaux, et à des inon- dations qui désolent les vallées. De petits ruisseaux, en effet, que les chaleurs de lété dessèchent, deviennent, lors des crues, des torrents tapageurs et causent de pé- riodiques dommages. Pour lutter contre ces fléaux, les paysans déploient une activité prodigieuse, trop sou- vent mal récompensée, car leurs travaux infatigables sont fréquemment annihilés. - On ne saurait trot) admirer la patience industrieuse de ces cultivateurs qui travaillent les flancs abrupts des montagnes, étageant à tous leurs degrés (les vignes et des guérets, qui coûtent beaucoup de peine .et rap- portent peu de profit. Limpôt foncier est très-lourd (1); et ce pays, mal par- tagé dans lévaluation cadastrale, aurait à gagner à une révision du cadastre et k une péréquation de limpôt. Cest un de ses voeux les plus légitimes. Aussi les habitants de cette région, ne trouvant pas

(L) Le principal des contribulioâs pour tout le canton de litesle sélève, en 1859, h 31,244 francs, elle moulant des centimes sdditioonéls est dcl 215 (rafles. Limpôt, malgré sa lourdeur, rentre facilement. -w

142 NOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

dans le sol une rémunération suffisante, émi grent, ai- but principalement k Paris ou k Bordeaux, et sy li- vrent à diverses professions les enfants sont ramo- neurs; les adultes sadonnent au petit commerce; beaucoup sont brocanteurs, marchands de peaux (le la- oin pins, c mission Par leur aptitude au travtil et leur économie, ils gagnent un petitpécule, quils rappor- laient autrefois .au pays, ce qui était nu éltimènt de ri- chesse; tandis que maintenant ils tendent à le convertir en valeurs mobilières, ne reviennent plus passer pé- riodiquement six mois de lannée ail lieu natal, ny font que de courtes apparitions, et se fixent au loin ; de sorte que lémigration nest plus pour ce canton quune cause de dépeuplement et dappauvrissement. La popu- lation est en voie continue de décroissance; chaque re- • eenseinent accuse une diminution regrettable. - La propriété est très-morcelée; cette extrême divi- sion est favorable k la .production, mais amène lépiai- .sement des terres et le déboisement. Dans cette contrée, jadis très-boisée, les bois deviennent rares (I) et les , co- teaux sont excoriés par les eaux pluviales, qui, nétant • plus retenues par le gazon, entraînent le terrain dans les vallons.

Il y a beaucoup de bouquins darbres dans ce pars, mais fort peu de bois dune certaine étendue, et point de firêt. Sous le rapport forestier, le canton de Sieste dépend de la conservation dAurillac et etc litseetiosa du iuy, mais ne Présente aucun intérêt. - On retrouve dans ce canton presque tontes les essences quon remarque dans le centre de la Franco; les prineipeles sont: le chêne, le hêtre, le pin, te saule, le bouleau et te noyer, dont les fruits fournissent thuile usitée dans les cam- pagnes. Il y a, en outre, tan granit nombre darbres (rallieS. y -

ET LABBAYE DE SANT-PIEflQEDE-BLE5LE. 143

Ait point de vile militaire, le canton de Blésle est ré- puté un des meilleurs du département pour le recrute- ment. Les hommes y sont bien- constitués, de taille médiocre, mais vigoureux et aptes ii la fatigue. Sans vocation militaire, ils deviennent de bous soldats une fois acclimatés sous les drapeaux. Cest un (les meilleurs contingents de la Ilaute-Loirè. Comme il y n peu dindustrie, les femmes du peuple, qui sont dune bonne complexion physique et morale, se consacrent uniquement aux soins du ménage et aux travaux de la campagne. La population est un peu rou- tinière, réfractaire aux innovations; ainsi, malgré des efforts réitérés, lindustrie de la dentelle, si avantageuse pourles tilles, na pu sy implanter. Linstruction primaire progresse, mais a besoin dencouragements. Une critique, qui peut sappliquer à bien dautres le- caillés, trouve particulièrement sa place clans ce canton, dont la composition eût pu être opérée avec plus dintelli- gence. Les circonscriptions, en effet, devraient repro- tlnire les agglomérations consacrées par le temps et les habitudes; et cest bien k tort que les régimes nouveaux cherchent h briser les traditions par des assimilations arbitraires. Ainsi le canton de Blesle aurait été mieux constitué en prenant pour point de départ lancien man- dement de Blesle il aurait été par 1k augmenté des communes dAuriac, Laurie, Molèdes, Lussand et Ley- vaux, quon a rattachées, sans raison, au canton de Massiac (Cantal), bien quelles en soient séparées par des obstacles naturels et quelles soient plus voisines de Blesle. Les trois dernières particulièrement sont obligées de traverser la commune de Blesle, et même

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D —v

1 44 MOTICE HISTORIQUE SUR BLESLE

cette ville pour se rendre dans leur chef-lieu, distant dun myriamètre. Leyvaux est encore desservi par les agents de Blesle, sous le rapport postal. il paraît que des réclamations sétaient élevées dans ce sens dès Pori- gine. Les habitants de ces comrunes demandèrent leur réunion à Blesle, selon le témoignage de M. Bar- rés, qui dit (1) « Je présentai leur pétition, ajoute-t-il, au Comité de division, en 1793; jobtins un rapport favorable; le jour était pris pour le décret; mais un député du Cantal, en avouant la justice de la pétition, la fit ajourner. » Si ja- mais une nouvelle organisation, sollicitée par une foule de considérations, sélahorait,ùn jxtrcil voeu se repro- duirait certainement et mériteraitdétre réalisé. Le canton de Blesle, sillonné par une profusion de petits ruisseaux parfois k sec et se transformant en tor- rent lors des orages, est traversé par trois cours deau plus considérables, savoir la rivière dÂllagaon et ses deu, affluents de Sionne et de Yoirèze.LAllagnon, qui descend du massif du Cantal, est formé de trois sources distinctes, dont la principale est ait de Bataillouze, près du col du Lioran, à proximité de la percée. Creti- J saut son lit rapide k travers la forêt du Lioran, il ar- rose les vallées de Murat, Molompise, Massiac, Blesle, passe é Leuipdes, et a se perdre au-dessous de Char- bonnier (Puy-de-Dôme) au Saut-dit-Loup dans lAllier, dont lAllagnon, renommé pour ses truites exquises, est un des affluents importants.. Les deux autres rivières, qui baignent le vallon de

(I) Rarrès, Description topographique du cauton de loterie, isOt

_y"• 6, Et

ET LABBAYE DE SAINT-PIERRE-DE-BLESLE.. 145

Blesle et sy jettent dans lAllagnon, en aval du pont de Babory, saut: 1° laSionue, qui prend sa source dans tes montagnes du Cézallier, traverse Chanet, Âuriac, Terré et débouche à 1 kilomètre de Blesle; 20 la Yoi- rèze (1, qui sourd aussi dans le Cézallier, passe au Breuil, au Chaylat, et coule le long des murs de Blesle, dont elle arrose les jardins et les prairies. Le confluent dit des Trois-Ealtx est lendroit le plus agréable du bassin de Blesle, qui, vii de ce point, se découpe de la façon la plus pittoresque, avec son en- cadrement de coleaux basaltiques, les paliers étagés de - ses vignes, ses ergers riches de verdure, de fleurs et de fruits, ses sentiers ombragés de noyers, le ruban sinueux de la grande route bordée dacacias, et le die- min de fer surplombant , la rivière, que voilent les peu- pliers. svel tes et les oseraiestguffuee ..... -

(1) Dans la traversée de Blette la voirèie reçoit les calai tiibutaires du petit ruisseau de Labelan, qui traverse la ville du nord au sud.

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• - . . 10

o Ettnit des 4 nnalej de M Société académique dis P141, t. 11x1.

Le tuy, lyp. et [lux. Marchessou.