MC Théâtre 19 2: 20

Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner

Texte Christine Citti Mise en scène et scénographie Jean-Louis Martinelli

05 - 07 novembre Texte Costumes Production Compagnie Allers/Retours, Christine Citti Elisabeth Tavernier MC93 - Maison de la Culture Mise en scène Lumière de Seine-Saint-Denis et scénographie Jean-Marc Skatchko Coproduction Jean-Louis Martinelli Son Châteauvallon Scène nationale Collaboration artistique Sylvain Jacques Avec le soutien de la Spedidam Thierry Thieû Niang Régie générale Avec la participation artistique Lionel Lecoeur du Jeune théâtre national Avec Régie lumière La compagnie Allers/Retours Christine Citti Laurent Prunier- est conventionnée par le Ministère Yoann Denaive Abbiatte de la Culture – DGCA. Loïc Djani Régie son Ce spectacle a été créé le 16 janvier Zakariya Gouram Mathias Szlamowicz 2019 à la MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis. Yasin Houicha Construction du décor Elisa Kane Ateliers de la MC93 Kenza Lagnaoui Administration, Margot Madani production François-Xavier Phan AlterMachine Mounia Raoui Elisabeth Le Coënt Samira Sedira Solène Livran Amina Zouiten

mar 05 nov 20h30 Salle Georges Lavaudant Pour les curieux durée 1h30 mer 06 nov 19h30 Projection du film "Divines" jeu 07 nov 19h30 de Houda Benyamina (2016, 1h45, suivie d’une rencontre avec un membre de l'équipe artistique. → lundi 04 novembre à 20h15 Cinéma Le Club Atelier théâtre pour les ados (Dès 14 ans) animé par un membre de l'équipe artistique. → mercredi 06 novembre 14h à 17h Rencontre avec l’équipe artistique → mercredi 06 novembre à l’issue de la représentation Notes d'intention

J’ai écouté, regardé des jeunes mineurs « Ils n’avaient pas prévu qu’on allait dans des foyers d’accueil d’urgence. gagner ». Ils racontaient ce qu’ils avaient subi, ce C’est une phrase d’une chanson qu’ils qu’ils subissaient. Quelques éclats. Une écoutaient en boucle sur leurs portables. violence sourde. Et beaucoup d’ennui. Cette phrase a longtemps résonné en Leurs cris, ils me les ont racontés en se moi. vantant, en dessinant, en mentant, en Depuis leurs naissances, quelqu’un a-t-il chantant. Jamais en pleurant. envisagé qu’ils puissent un jour gagner ? Puis, pour leur donner la parole, je me suis autorisée à écrire. Christine Citti Je me suis replongée dans leurs jeunesses janvier 2018 brisées, salies. Je me suis nourrie de leurs sourires, de mes larmes, de leurs regards.

Donner la parole à ceux que l’on n’entend Une écriture brute et poétique pour une pas assez, non pas aux invisibles, mais à jeunesse en manque d’attention. ceux qu’on ne veut pas voir, et aider à faire Un théâtre généreux et ouvert au monde. naître un répertoire contemporain, sont aujourd’hui, comme hier, mes priorités. Un théâtre nécessaire, fiévreux, en situation d’urgence. Christine Citti a su saisir les aspirations, les désirs enfouis, les épreuves de ces Jean-Louis Martinelli jeunes en situation de violences. janvier 2018 Elle a composé une œuvre chorale où les récits des uns font écho aux autres. Christine Citti Auteure et interprète

Élève de l’école de Patrice Chéreau au Elle a réalisé plusieurs courts métrages et Théâtre Nanterre-Amandiers, Christine un long métrage Rupture(s) en 1993, avec Citti débute au théâtre en jouant entre autres Michel Piccoli, Emmanuelle notamment avec les metteurs en scène Béart et Nada Strancar. Pierre Romans, Maurice Benichou, Elle écrit également des scénarios, Les Alfredo Arias, , Didier Long, Têtes en l’air co-écrit avec Jean-Louis Jean-Louis Martinelli, . Martinelli d’après Vivarium de Serge À la télévision, elle a de nombreux rôles Valletti, ou encore Qui perd sa maison, dans des téléfilms avec entre autres, actuellement en cours d’écriture. Édouard Molinaro, Luc Beraud, Au théâtre, elle participe en 1994 à la Arnaud Selignac, Nadine Trintignant, création collective de La Place de l’Étoile de Emmanuelle Bercot, Martineau et Robert Desnos, avec notamment Jacques Ducastel etc. ainsi que dans la série Les Vincey, Laurent Pelly et Robert Cantarella. Enquêtes d’Éloïse Rome où elle interprète Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner le rôle-titre. est sa première pièce en tant qu’auteure. Au cinéma, elle tourne avec Bertrand Tavernier, Camille de Casabianca, Denis Dercourt, Xavier Gianolli, Viviane Candas, Claude Lelouch, , Claude et Nathan Miller, , Patrick Mille. Pour son rôle dans Quand j’étais chanteur (de Xavier Gianolli), elle est nominée aux César 2007 du Meilleur second rôle féminin et remporte le Prix du Jury ainsi que le Prix du Public au festival Jean Carmet de Moulins. Jean-Louis Martinelli Metteur en scène

Jean-Louis Martinelli débute sa carrière Nanterre-Amandiers en décembre 2013 et à Lyon, notamment avec la création du crée sa propre compagnie Allers/Retours. Théâtre du Point du Jour, appelé alors Il met en scène en 2013 Je ne serai plus Théâtre de Lyon. Il y crée, entre autres, jamais vieille de Fabienne Périneau avec Quartett d’Heiner Müller, La Maman et Christine Citti ; en 2014, Anna Christie la putain de Jean Eustache et L’Église de d’Eugene O’Neill au Théâtre de l’Atelier ; Louis-Ferdinand Céline. en 2015, L’Avare de Molière avec Jacques Weber. En 1993, Jean-Louis Martinelli est nommé à la direction du Théâtre En juin 2016, il a signé la mise en scène de national de Strasbourg (TNS) qu’il l’opéra Lucia di Lammermoor à l’Opéra dirigera jusqu’en 2000. Il met en place national de Lorraine. dès son arrivée une troupe de comédiens Depuis l’automne 2016, Jean-Louis permanents, et associe des auteurs à Martinelli travaille à l’élaboration d’un l’activité de création. Il monte notamment projet intitulé Place Publique. De ce Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, chantier, plusieurs textes à destination L’Annee des treize lunes de Fassbinder, Le du plateau ont vu le jour : Mélangeur de Deuil sied à Electre d’Eugene O’Neill et Jacques Séréna, L’Entretien de Jean-Louis plusieurs pièces de l’auteur suédois Lars Martinelli, et Ils n’avaient pas prévu qu’on Norén. allait gagner de Christine Citti. En 2002, il est nommé à la direction du En novembre 2017, il met en scène Théâtre Nanterre-Amandiers. Au cours un texte de Laurent Gaudé, Et les de ces 12 années de direction, il monte colosses tomberont, au Conservatoire les auteurs classiques tout en continuant national supérieur d’art dramatique. à faire découvrir, à adapter et à mettre en En décembre 2017 à Maubeuge, Jean- scène des auteurs contemporains comme Louis Martinelli crée Nénesse de Aziz Laurent Gaudé, Aziz Chouaki et Alaa El Chouaki qui fait suite à une commande Aswany. d’écriture. C’est dans cet esprit d’ouverture que Jean-Louis Martinelli quitte le Théâtre Entretien Jean-Louis Martinelli et Christine Citti Comment est née l’idée d’immersion À quel moment vous est venue l’idée dans un foyer d’accueil d’urgence pour d’écrire une pièce de théâtre à partir de mineurs et en quoi a consisté votre cette expérience ? activité dans le foyer ? C.C : Pour moi l’envie est venue assez J-L.M : L’idée était d’aller chercher vite, d’abord parce que le théâtre est le dans les zones plus sombres, plus mode d’expression dont je suis le plus fermées. Nous avons eu contact avec des proche. Et, j’étais bouleversée par ce associations et visité plusieurs lieux. Au que je découvrais : ces jeunes sont tous départ, il n’y avait pas forcément l’idée dans des situations familiales et sociales d’une pièce. Il y a eu des rencontres, des terribles. Les filles ont presque toutes esquisses, on a essayé de faire des bouts vécu des épisodes de violences sexuelles d’images, on a réalisé un vague document ou de violences physiques au sein de image pendant une semaine. De son leur famille, dans leur quartier, dans les côté, Christine menait un travail plus différents endroits où elles sont passées. secret, je ne savais pas sur quoi cela allait Plusieurs ont fait des tentatives de suicide, déboucher. et le plus terrifiant c’est que pour elles, tout cela semble banal. Elles ne racontent C.C : Pendant tout le temps où on y a pas, mais évoquent ces épisodes comme été, très régulièrement - et c’est un peu ce un sujet anodin. (...) que je raconte dans la pièce - j’étais sans fonction. J’avais mon carnet et j’écrivais Pourquoi pas, ici en particulier, un des choses, parfois juste pour me donner théâtre documentaire constitué des une contenance et parfois je parlais avec témoignages « bruts » des jeunes ? l’un, avec l’autre. On s’est alors retrouvés Quelle est dans ce projet la fonction du dans une situation assez étrange où rien travail d’écriture entrepris par l’auteure n’était défini de ce qu’on faisait là. Dans Christine Citti ? ces lieux, il n’y a pas d’endroit pour une activité. Il y a une grande salle, c’est là J-L.M : (...) Parce que je crois, je qu’ils sont tous, où ils mangent, où il y a suis persuadé même, qu’une œuvre le baby-foot. Je pense qu’on peut réaliser relève de l’art de la composition et pas des choses dans des lieux comme ça mais simplement du reportage. C’est parce avec un encadrement, une préparation. qu’il y a recomposition du réel qu’on peut prétendre à une écriture et à - avec tous les guillemets d’usage - une œuvre d’art. C’est comme pour l’art de l’acteur. Ce tous cas, raconter cette histoire, donner à qui m’intéresse chez l’acteur c’est qu’à un entendre cette matière chorale, c’est aussi moment donné on ne sache pas qui parle, attirer l’attention sur ce qui est dans notre qu’on se dise « est-ce un personnage de société. fiction ou est-ce lui ? ». C’est la recherche C.C : J’ai choisi le titre de la pièce tout de de l’apparence d’une matière brute qui suite. Souvent, je n’arrive pas à écrire sans n’apparaît pas forcément recomposée un titre ! C’est le titre d’une chanson qu’ils alors qu’elle l’est ! L’écriture est un artifice, écoutaient en boucle. Quelle chance ont- c’est ce que dit Jean Eustache à propos du ils de gagner ? Je pense qu’effectivement, cinéma : « le faux c’est l’au-delà » et c’est depuis qu’ils sont nés, personne ne s’est un peu ce faux-là que je cherche. Cela jamais dit : « ils vont gagner », même peut paraître contradictoire puisqu’il si je ne sais pas exactement ce que y a un souci du réel, mais nécessité de veut dire « gagner ». Cette période de retranscription pour présenter ce faux l’adolescence est une période de grande comme vrai et vraisemblable ! C’est la demande affective et dans ce lieu, il n’y a démarche de toute œuvre d’art il me pas concrètement la place, pas de temps semble. pour les futilités, les fantaisies, pour Le titre de la pièce provient d’une les douceurs. Et puis l’écoute que les chanson du rappeur Lartiste plutôt éducateurs essayent vraiment d’avoir n’est triomphaliste. On ressent chez certains de fait qu’une écoute sur les problèmes. personnages un accablement, une Ils n’ont pas le temps. impuissance devant l’adversité quand Alors que vous vous gardez de tout d’autres témoignent d’une remarquable angélisme dans les portraits des combativité eu égard à leur vécu. protagonistes, le spectacle suscite une Quelles sont d’après vous leurs chances empathie évidente envers ces jeunes de « gagner » ? et témoigne de leur intelligence des J-L.M : Ah, j’aimerais bien que...! C’est mécanismes sociaux qu’ils subissent. difficile à dire mais - et je ne veux pas du tout accabler les gens qui s’en occupent - J-L.M : Il y a chez ces jeunes une énergie je trouve qu’il n’y a pas assez d’efforts qui considérable, une vitalité qui est piégée sont faits en direction de cette jeunesse- dans des ghettos. Il y a là un travail à là, et c’est pour ça qu’on a envie de monter mener sur l’éducation, sur le déplacement ce spectacle. La réalité est bien plus géographique. On a bien vu, quand on violente que ce que la pièce décrit. Il y a commence à leur montrer des films, à la déscolarisation, la violence du milieu susciter des discussions, le débat est vif familial, et une certaine liberté par rapport et riche. La question est comment on au milieu familial qui est parfois violent gère la sphère d’émotions chez ces jeunes mais plus contraignant pour l’adolescent. et comment on leur donne d’autres Les éléments les plus charismatiques sont ouvertures. souvent les plus « border line ». Alors Propos recueillis par Tony Abdo-Hanna quelles chances ont-ils, je ne sais pas. En les 22 et 27 février 2018 à Paris Prochainement THÉÂTRE L'Important Un Instant ©Luc Jennepi ©Luc D’après À la Recherche du c'est Temps perdu Marcel Proust La tempête Mise en scène Jean Bellorini Fabuleuse immersion dans le monde proustien que cet Instant. Création On ne sait plus si on vit ou si on à la MC2 rêve. Le théâtre est au plus proche de lui-même : un lieu d’apparition. Du souvenir, de la beauté. Jean D’après Les Dramuscules Bellorini dénude les mécanismes de Thomas Bernhard de la mémoire en adaptant l'oeuvre Mise en scène de Marcel Proust. Sur scène, les Dominique Léandri comédiens recomposent les grands duos proustiens : le narrateur et sa Dominique Léandri s'est inspirée mère autour d’un baiser tant désiré, des Dramuscules (La Trilogie et avec sa grand-mère dans leur Peyman/Match) de Thomas infinie tendresse, jusqu’à la mort de Bernhard pour cette pièce créée cette dernière. Le réel et la fiction à la MC2. L'écrivain autrichien, s’enlacent, les langages se délient avec sa drôlerie féroce, n’a eu de et se lient jusqu’à ce qu’on ne sache cesse de dénoncer le nazisme qui plus de qui viennent les mots pour demeurait latent chez nombre exprimer les instants retrouvés. de ses contemporains. À l’heure où les nationalismes émergent Théâtre de toutes parts en Europe, il est 13 - 16 novembre salutaire d’entendre à nouveau sa Création Les madeleines de Proust à La à la MC2 voix. « Le sujet, c’est la peur et les Cantine de la MC2 monstres qu’elle engendre» résume En lien avec le spectacle et la metteure en scène. en hommage à Proust, venez déguster les gourmandises Théâtre préparées pour l’occasion : un duo madeleine sucrée-thé pour 05 - 21 novembre le goûter, ou madeleine salée- Héritiers verre de vin pour l’apéro. → tous les soirs à partir de Texte et mise en scène Pour les curieux 18h Nasser Djemaï

Rencontre Mois de l'accessibilité 14 - 22 novembre avec l’équipe artistique Visite tactile du décor → jeudi 07 novembre Pour les personnes aveugles et à l’issue de la représentation malvoyantes → jeudi 14 novembre à 18h

v Exposition Représentation en audio description Bar "La Cantine" → jeudi 14 novembre à 19h30 SCÈNES Pour vous restaurer avec des soupes et tartes maison, salades Découvrez l'exposition et en-cas salés, desserts, boire un verre chaud ou frais, photographique de Stéphanie MC2 avec ou sans alcool, seul-e ou Nelson, inspirée du reportage 4 rue Paul Claudel à plusieurs, grandes tablées CS 92448 ou guéridons, rencontrer les réalisé autour de la création de 38034 Grenoble cedex 2 artistes… la pièce L’Important c’est la tem- Le bar "La Cantine" et son équipe pête par la Cie La Chaudière Accueil billetterie vous accueillent dès 18h* ou 04.76.00.79.00 après les spectacles : prenez Intime. Eté 2019. la passerelle vitrée, descendez mc2grenoble.fr l’escalier, vous y êtes ! du 5 au 21 nov. 2019 Hall du Petit Théâtre * le dimanche, une heure avant le spectacle